LA LETTRE CATHOLIQUE N° 41 DIFFUSION GRATUITE - FAITES LA CONNAÎTRE - MAI -
JUIN 2008 - mail:lalettrecatholique@free.fr |
" Est ce qui est ! Obéir à la Vérité pour mieux
servir la Charité "
Il appartient aux laïcs de défendre et d'expliquer
le Magistère avec une liberté renouvelée sans pour autant offenser la
charité. Nous sommes ici dans la continuité de la pensée de Jean Paul II le
Grand et dans celle de son successeur Benoît XVI après son discours magistral
de Ratisbonne. Le laïc est aux postes de garde ; il n'est plus question de se
taire devant des modes d'accusation injustifiés et sans rapport avec la
mission de l'Église. Le temps est fini où l'on pouvait à satiété soumettre
l'Église à une culpabilisation aussi injuste que fausse. Le catholique n'a
plus de complexe, il dit en conscience ce que lui commande le service de la
Charité alliée à la Vérité. Pierre Aubrit |
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LE MOIS DE MAI - MOIS
DE MARIE
" UN COEUR DE
MÈRE S'OUVRE "
Prier Marie,
la mère de Dieu et notre mère spirituelle, c'est entrer dans son amour maternel
et son esprit de Servante. C'est apprendre à aimer Marie comme son fils l'aima
sur cette Terre et c'est, à son école, apprendre à servir Jésus comme elle le
servit. C'est avancer dans la vie d'union à son fils, Jésus-Christ, vrai homme
et vrai Dieu.
" FAITES TOUT CE
QU'IL VOUS DIRA."
Tu es le Trône royal, ô Marie, près de qui se tiennent les anges ; leur
Maître et leur Créateur s'y trouvent assis : ils le contemplent. |
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" Ma Bien-Aimée, Je suis le Soleil qui te
découvre ta misère. Plus tu la vois grande, plus doivent s'accroître ta
tendresse et ton amour pour Moi. Ne crains rien, le Feu de mon Coeur consume
tes misères. Si ton âme est une terre viciée, incapable de produire aucun
fruit, Moi, Je suis le Jardinier qui la cultive, J'enverrai un rayon de
soleil pour la purifier... et ma main sèmera... Reste bien petite, très petite!
... Je suis assez grand, Je suis ton Dieu, Je suis ton Époux, et toi, la
misère de mon Coeur! " ( Message de Jésus confié à Sr. Joséfa Ménéndez,
le 15 août 1922 ) |
LE MOIS DE JUIN - MOIS
DU SACRE COEUR
" VOICI CE COEUR
QUI A TANT AIME LES HOMMES ! "
Le mois de
Marie est un temps privilégié où l'on devrait demander à la Maman Céleste de
nous accorder son aide pour mieux connaître et aimer son fils. C'est seulement
par son intercession que l'on peut approcher avec fruits le mystère du Sacré
Coeur de son Fils, de son Dieu.
Adorer le Coeur de Jésus-Christ, c'est contempler la chair d'amour de sa
Mère.
Entrer par l'humilité dans ce mystère abyssal, c'est entrer dans celui qui
lie d'amour le coeur d'une créature à son Dieu qui est aussi son fils.
Entrer dans le mystère du Sacré Coeur, c'est se laisser envahir par une
présence aimante, en acceptant de se laisser conformer à ce divin Coeur.
C'est collaborer à l'expansion de ce Foyer de Charité pour le Salut de
chacun et de tous : " Joséfa, ne crains rien,
Ne sais-tu pas ce qui arrive lorsque s'ouvre un volcan ? La puissance de ce feu
est si grande qu'elle est capable d'arracher les montagnes et de les détruire,
et l'on connaît qu'une force irrésistible a passé par là. Ainsi, mes paroles
auront une telle force et ma Grâce les accompagnera de telle manière, que les
âmes les plus obstinées seront vaincues par l'Amour. La société est pervertie,
lorsque ceux qui sont à sa tête n'agissent ni dans la vérité ni dans la
justice. Mais si son Chef sait la diriger, plusieurs sans doute suivront encore
les voies tortueuses, mais la majorité viendra en masse à la lumière et à la
vérité... Je le répète, ma Grâce accompagnera mes paroles et ceux qui les
feront connaître : la Vérité triomphera, la Paix gouvernera les âmes et le
monde... et mon Règne arrivera! " ( Message de Jésus confié à Joséfa
Ménéndez, le 19 juin 1923 ) ( Sr. Joséfa Ménéndez est une madrilène, née le 4 / 02
/ 90, orpheline de mère, elle fut confiée aux Pères des Écoles Chrétiennes à a
suite du remariage de son père. Il épouse, le 11/02/1888 Lucia del moral. Elle
reçut le sacrement de confirmation à l'âge de cinq ans, alors l'Esprit Saint la
saisit.Très vite elle eut besoin d'un directeur spirituel, à dix, elle fut
former à l'oraison. Après moult péripéties, elle quitta Madrid, le 4 février
1920, pour la vie religieuse, elle entra Aux Feuillants à Poitiers, tenu
par les filles du Sacré Coeur qui ouvrait un noviciat Elle mourut le 29
décembre 1923, un peu au-delà de 19 heures, alors que ses soeurs étaient
réunies au réfectoire.)
Soeur Joséfa Ménéndez
SOMMAIRE
ÊTRE
UN INTELLECTUEL CATHOLIQUE
UN
HOMME - SES DROITS - SA DIGNITÉ
BENOÎT
XVI - UNE VOIE POUR NOTRE SIÈCLE
AIME
CÉSAIRE EST MORT
MAI
1968 ET LE CUL !!! ET LE SIDA ...
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IL N'Y A PLUS D'ANCIEN COMBATTANT DE
LA GUERRE 14 - 18 Pierre-Charles Aubrit Saint Pol LAZARE PONTICELLI N'EST PLUS ! |
Le dernier
témoin de la « grande guerre » est mort. Pourquoi appeler 14-18 une
grande guerre ? Depuis quand, une guerre est-elle grande ? Est-ce à cause de
ses morts, alors 39-45 l’est davantage, à cause de la bravoure, la Seconde
Guerre l’est tout autant ? Une guerre qualifiée de grande peut l’être
assurément si elle se trouve justifiée, et si le but est noble. La Première
Guerre mondiale est loin de répondre à ces critères.
Une guerre n’est en fait grande que par la bravoure, le courage de ceux qui
l’affrontent et la subissent en faisant ce qu’ils croient être leur devoir ; ils
l’affrontent avec leurs vertus et leurs faiblesses. Il n’est pas très aisé
de définir le courage, il est certain qu’il ne peut être séparé du sens de
l’honneur et celui de l’humilité. Mais la bravoure existe en période de paix,
elle peut solliciter davantage du brave qu'en période de guerre, car la
bravoure dans un conflit armé peut obéir à un environnement mécanique,
entraînant, ce qui n'enlève rien au courage individuel.
La guerre 14-18 fut présentée de tous les côtés comme une guerre d’honneur des
nations ; côté Français, on la justifia par la nécessité de reconquérir
l’Alsace et la Lorraine ce dont, en définitif, on se moquait bien, du moins
dans les chancelleries qui voulaient la guerre ; la reconquête des territoires
n’était qu’un prétexte. Du point de vue de la Providence, dans la lumière des
Fins Dernières, Dieu semble avoir appelé dans le concert des nations le peuple
des États Unis d'Amérique en laissant ce conflit éclater. Sans doute
disposait-il déjà la sauvegarde de l'Occident de la dictature des soviets
communistes...
La guerre 14-18 est le résultat tragique de l’idéologie nationaliste née
dans les sillages aberrants de la culture révolutionnaire de 1789.
L’orgueil national fut dès plus sévèrement puni par le ciel, car après ce
conflit inhumain, les générations qui suivirent ne voulurent plus entendre
parler du nationalisme dans lequel l’idée noble de la patrie fut confondue et
dévalorisée.
On prétendit, qu’elle fut la dernière guerre chevaleresque ; où furent ces
valeurs : dans le gaz moutarde ? Dans la puissance industrielle ? Où
furent ces valeurs, alors que la plupart des batailles n’avaient aucun sens
stratégique et n’étaient habitées par aucun souci d’humanité ? Qu’on se
souvienne du général Nivelle, il fut la première des causes objectives des
mutineries. Il aurait mérité d’être jugé pour crime de guerre. Un imbécile
étoilé reste un imbécile.
Le maréchal Joffre ne fut pas un économiste de la vie humaine, en avait-il
seulement l’intelligence ? En fait, dirigeait par un gouvernement de gauche,
d’un anti-cléricalisme infantile et investi des sociétés occultes au pourvoir
corrupteur, la France fit appelle au Maréchal Foch, catholique pratiquant. Il
était pétri de la culture militaire forgée par la royauté française, ce grand
homme fut si grand qu’à Perpignan, on ne lui trouva qu’une rue. Il est vrai
qu’il n’était pas maçon, c’était simplement un français.
Où est-elle cette chevalerie quand il fallut réduire les mutineries ? Pétain
l’humain ! Elle est bien bonne. Lorsqu’on lui confia l’affaire, il avait
fait promettre à Point-Carré de ne pas exercer son droit de grâce. Un
pupille de la nation, âgé de 16 ans, fut condamné à mort par Pétain et
exécuté ; le Président se proposait de le gracier, Pétain s’y opposa. L’enfant
fut fusillé ! Où était l’humanité de cette guerre ? Cette affaire
révélait la nature profonde de Pétain, un individu qui avait besoin de
s’affirmer, qu’importe le prix de la vie de l’autre, pourvu que ce ne fut pas
la sienne. On sait ce qu’il nous en a coûté lors de la Seconde Guerre Mondiale.
L’intelligence qu’il avait de la nation restait chez lui orgueilleuse, son
propre orgueil y trouvait sa pitance.
Cette guerre fut le prétexte de la chute de la Maison des Hasbourg, la France
ne voulait plus de monarchie catholique, on le paya très cher et on continue
de le payer. La bêtise n’a pas de prix. Elle fut aussi le moyen de fomenter
la révolution bolchevique que finança secrètement et largement des
investisseurs occidentaux haineux des gouvernements trop chrétiens à leurs
yeux.
La guerre s’explique toujours par le péché des nations, des peuples. Dieu
veut une humanité humble.
On n’a toujours pas bien appris la leçon de ce conflit mais on a su l’utiliser
et ça continue…
L’hommage que la France rend à ses valeureux de la Première Guerre Mondiale est
justifié.
Les cérémonies d’hommages et de mémoire redonnent de la solennité à l’État et
aux institutions. Elles remettent le politique dans sa majesté qu’il ne devrait
pas quitter. Les peuples et particulièrement celui de France sont
conservateurs, car profondément de culture gréco-latine ; ils ne leur convient
pas de réduire la charge et la noblesse de l’État ni de l’engagement politique.
Ils ont besoin de sacralité. La modernité ne doit pas se confondre avec
la désacralisation, avec la banalité ni l’ordinaire, car la majesté du
politique et de ses institutions font partie des repères sociologiques
qui contribuent à l'identification du peuple et le rassurent. Le protocole aide
autant les responsables que le peuple à respecter la grandeur des charges
et la dignité du peuple. Cette nécessité maintient le sentiment légitime de la
patrie et rend plus difficile les manipulations extrémistes ; nous ne sommes
pas un peuple scandinave qui, après avoir été délavé par une conception
démocratique aberrante et dommageable pour l’identité d’un peuple se trouve au
bords d’une dépression de nationalité nourrissant des réactions de sauvegarde
qui peuvent être extrêmes.
Les peuples doivent assumer fièrement et sans complexe leur sentiment
d’affection envers leur pays et rejeter toute tentation de macération dans
d’abusifs sentiments de culpabilité trop souvent faux et injustifiés.
Il appartient donc aux responsables de la cité et du bien commun d’assumer leur
mission et mandat dans la grandeur de ceux-ci sans jamais en descendre pour
élever toujours plus haut un peuple qui, dans l’exigence spirituelle et
culturelle, y aspire dans son inconscient collectif comme un enfant y aspire
dans le regard paternel. Nous ne pouvons qu’approuver le fait que le Président
Sarkozy ait veillé à ce que ces cérémonies d’hommages soient situées dans le
cadres stricte de la patrie et du peuple ; les critiques entendues à ce sujet
par certains commentateurs de TFI sont très nulles et d’une indigence
intellectuelle à pleurer.
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LE SENS DU BIEN COMMUN Pierre-Charles Aubrit Saint Pol LE RESPECT DU MANDAT D'ELU |
Depuis le second tour des élections municipales, la ville de Perpignan est la
capitale de la République bananière, elle deviendra peut-être celle de la
production de… chaussettes.
Lors du dépouillement d’un bureau de vote, on surprit le président d'un des
bureaux en train de manipuler les bulletins. On lui en trouva dans les
chaussettes ! L’auteur de cette action déshonorante est le frère d’un colistier
du maire réélu. Ainsi que le dirait Gabin dans un dialogue d’Audiard : « ça
fait désordre ! »
De bonne guerre, l’Opposition qui a à sa tête une candidate honnête ne décolère
plus, après un recours administratif et des poursuites pénales contre le magouilleur
voici que se succèdent des manifestations dites : « de la chaussette » ; à cela
s’ajoute le cambriolage d’une candidate aux cantonales qui a déposé un recours.
On lui a volé son ordinateur, son carnet de notes et autres documents en lien
avec sa campagne. Des témoignages sous X en présence d’huissiers de justice
font état de corruption.
Nous n’ignorons pas que notre département souffre depuis plus d’un siècle d’une
« culture » de corruption ; nos amis Corses sont des enfants de chœur en
comparaison d'ici.
Mais dans cette affaire bananière, ce qu’il y a de lamentable est l’absence de
dignité de notre majorité reconduite et son non-respect du mandat électif. En
d’autre temps, ce genre d’évènement n’eût pas manqué d’amener la majorité à
démissionner et à se représenter à un nouveau jugement des urnes tant le
respect de la chose publique était grand.
Voici une dynastie qui administre notre cité depuis 1959 ; elle semble s’être
trompée de régime. Il est vrai qu’il n’est pas donné à tout le monde de savoir
naître chaque matin. On a beau occuper des postes prestigieux, rien y fait ; la
médiocrité finit toujours par forcer toutes les cuirasses même dorées.
Dans cette affaire ubuesque, c’est la réputation de la ville qui en cause ; cet
été on viendra à Perpignan dans l’espoir de ramasser des chaussettes bourrées
de bulletins de vote… au pied du Castillet ! On pourrait en faire une marque
déposée. Décidément, la République en France ne parviendra jamais à sortir tout
à fait du caniveau dans lequel elle est née !...
De tels évènements ne contribuent pas à susciter des éveils citoyens. La
situation de notre département mérite que le gouvernement suspende et annule
tous les mandats électifs, qu’il nomme un administrateur à la tête d’une
commission composée de hauts fonctionnaires avec leur spécialité pour la
gestion du quotidien ; durant cette période de quatre ans, ledit gouvernement
diligentera des enquêtes de fond à tous les niveaux départementaux, communaux
avec la liberté de saisir la justice si nécessaire. Cela redonnerait du crédit
au pouvoir en place et activerait un renouvellement de confiance envers l’État
et toutes ses administrations. C’est peut-être cela aussi la rupture ! On peut
toujours rêver !
Les ânes ne doivent pas cesser leur vigilance, s’ils ne veulent pas mourir d’un
fou-rire.
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LA VIE D'UNION AU CHRIST AVEC L'IMMACULÉE LA PÉDAGOGIE DE LA MAMAN CÉLESTE Pierre-Charles Aubrit Saint Pol |
AVERTISSEMENT DE L’AUTEUR
Entrer dans la vie d’union avec Jésus-Christ est le sens et le but de tout
chrétien sur cette Terre « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie, Jn. 14, 6 ».
C’est l’engagement que tout homme prend à la réception de son baptême et qui se
renouvellera avec tous les autres sacrements selon sa vocation.
Le but de la Révélation Chrétienne est le Salut de l’humanité et celui de
chacun d’entre les hommes et femmes. Elle en propose le chemin et dispose
universellement les moyens de ce cheminement. Elle répond à une aspiration de
transcendance qui se traduit différemment selon les cultures et les personnes.
Ce besoin est un appétit qui attire hors de soi, vers une réalisation de la
personne qui peut prendre de multiples expressions. La Révélation Chrétienne
est une proposition de vie qui permet un épanouissement sur cette terre et dans
ce temps en vue d’un accomplissement intégral dans l’éternité.
L’homme recherche un accomplissement, car de toutes les créatures, il est la
seule qui se construise une histoire puisque son acte est toujours le résultat
d’un choix. Ce besoin d’accomplissement, il le cherche dans la religion, la
philosophie, les arts de l’esprit, les arts du corps. C’est une recherche qui
réside dans ses reins, elle est la conséquence de sa nature profonde. Le
problème existentiel est de choisir la route de cette réalisation dont dépendra
la qualité de son éternité. Choisira-t-il une voie dans laquelle son moi
trouverait toutes satisfactions ? Choisira-t-il la voie du dépouillement, de la
générosité ? La voie de l’amour de charité ? Sa réponse ne peut être que
personnelle, elle procède de la liberté de son être assistée de la grâce de
Dieu.
L’homme n’a de l’animal que son corps et qu’une part de son psychisme, car pour
passer de l’animal à l’homme, il fallait que son Créateur lui insufflât une
âme, cause absolue de sa capacité à décider de la qualité de son acte.
Mais de tout ceci rien ne s’accomplit vraiment que dans le Ciel, dans une
transfiguration définitive qui se réalise en dehors du temps. Il ne suffit pas
de se contenter du simple respect, de la simple application de la loi morale
naturelle et du droit naturel. Nous le savons, l’ignorance ou le rejet de Dieu
ou de la transcendance fait retour de l’homme vers l’animalité. C’est pourquoi,
après la faute originelle, fatale, seule et réelle fracture cosmique, Dieu
s’obligea de s’offrir à la justice humaine et divine en victime expiatoire.
C’est tout le sens premier de la Révélation hébraïque, alors que la Révélation
chrétienne en est l’accomplissement et le dépôt des moyens pour parvenir à ce
Salut.
En effet, c’est Jésus-Christ qui, part sa divinité et sa totale humanité,
récapitule toute l’histoire de l’humanité et de chacun de ses membres. C’est en
recherchant l’union au Christ, une union vivante, que l’homme s’accomplit et
entre, sans perdre sa personnalité, dans la récapitulation qui est de la seule
mission du Christ Jésus vainqueur des ténèbres et l’unique transfigurateur de
la condition humaine. Il est le droit chemin pour voir Dieu, pour lui devenir
semblable. Le Verbe Incarné, Jésus-Christ, le Fils de l’Homme est l’unique et
absolue mesure de l’homme. Deux éléments de même nature l’un d’eux ne peut être
la mesure de l’autre ; l’homme n’est donc pas la mesure de lui-même.
Il ne suffit pas de vivre selon les Commandements, ce qui est bien et nécessaire,
ce qui est une transfiguration de la loi morale naturelle et du droit naturel.
Il faut aller plus loin : « aimer Dieu de tout son corps, de toute son âme et
son prochain comme soi-même. » Il faut s’aimer au-delà de soi. Il faut aimer
au-delà de l’autre. Aimer selon Dieu. Aimer son prochain, c’est admettre et
réaliser en soi une solidarité, une solidarité universelle dans le bien et dans
la peine ; dans la souffrance et dans le bonheur. C’est admettre la nécessité
de se garder de tout mal, du péché, car si l’homme ne se sauve jamais seul, il
y a une coresponsabilité à la damnation de ses frères et sœurs : « …aimer son
prochain comme soi même. » L’homme ne peut aimer en vérité qu’à la condition
qu’il s’aime lui-même d’abord. C’est une erreur grave que de se mépriser ; le
mépris est le contraire de l’oubli de soi, c’est un obstacle à l’amour de
charité.
Il y a plusieurs modes pour atteindre, pour parvenir à l’union transformante :
l’école des saints, les engagements religieux forts divers dans l’Église et
d’autres états de vie dont le sacerdoce et le mariage qui n’est pas une moindre
vocation ou appel. Mais au-dessus de toutes ces possibilités, il existe une
voie, sans doute la plus pauvre, mais parce qu’elle est la plus pauvre, elle
est la plus certaine ; c’est celle qui nous fait changer de peau le plus
sûrement. Il s’agit de « l’École de Marie ».
L’École de Marie, de l’Immaculée, est l’objet de ce livre. Cet ouvrage modeste
invite à y entrer, tout y est gratuit, car de toute éternité cette école est
riche de la seule pauvreté de Dieu, qu’illumine la pauvreté de Marie. Seule
cette pauvreté attire la grâce en surabondance.
Cette école fut longtemps cachée dans les reins secrets de la Révélation, mais
dès les trois premiers siècles de l’ère chrétienne, le peule de Dieu eut
l’intuition que Marie, la Théodokose, avait une place spéciale dans le mystère
de l’Économie du Salut. La grande Maîtresse est l’Immaculée ; une institutrice
charmante. Elle ne cesse pas de sourire tout en nous éduquant de virile manière.
C’est « la femme forte.»
Ce petit ouvrage ne prétend pas être un traité de science théologique. Il se
propose humblement de répondre à l’appel d’une Nouvelle Évangélisation. Elle
fut souhaitée ardemment par Jean-Paul II le Grand. Il est conforme à l’esprit
du Saint Concile Vatican II.
Sa rédaction s’inscrit dans la continuité des découvertes mariologiques de
l’Église anténicéenne et dans le courant initié par l’École Française de
Spiritualité : de saint Louis-Marie Grignion de Montfort au bienheureux Père
Chaminade fondateur des marianistes, de sainte Thérèse de Lisieux à Marthe
Robin.
Il apparut intéressant, à la suite d’Émile Neubert, l’inspirateur de cette
proposition, d’user d’un dialogue aussi vivant que possible et enraciné dans
notre réalité socioculturelle.
Trop souvent, les ouvrages de vulgarisation théologique ou de spiritualité sont
écrits dans une tradition socioculturelle du XIXe siècle qui éloigne l’homme et
sa cité de Dieu et de l’Église. Leur mode rédactionnel découragea les âmes bien
formées. Ce mode d’expression n’a guère changé ; trop de livres sont rédigés
sans souci pédagogique ou au contraire trop soucieux au point qu’ils tendent à
ne plus avoir de substance. Un vieux maître capucin, le père Édouard Castaing,
m’enseigna : « que lorsqu’on assumait la charge de lecteur, on devait se faire
entendre de celui qui était sourd et plaqué contre le mur du fond de l’église
sans élever la voix. » Il avait raison.
Il en est de même dans l’art de l’écriture qui est second dans les techniques
de l’expression - car l’oralité demeure la plus belle des expressions, elle
relie le mieux la créature au Créateur : Dieu le Père pensa la Création et Dieu
le Fils dit la pensée de son Père dans l’Esprit Saint et la Création fut. Il
faut rédiger avec le soucis d’atteindre le plus grand nombre : pour les affamés
de Dieu qui ne s’en doutent pas, pour susciter des appétits intellectuels et
spirituels. C’est une discipline difficile, exigeante. Elle demande une grande
ascèse que je ne crois pas avoir acquise, mais avec Marie, on parvient à
l’impossible !
Je me rappelais une confidence de Jésus à une âme privilégiée : « Je suis plus
près de toi que ta carotide est proche de ta tête… » C’est la raison pour
laquelle, je choisis un dialogue à la seconde personne du singulier, renouant
avec la Tradition biblique ainsi qu’avec toute la Tradition Patristique.
Tradition reprise par Jean-Paul II le Grand. Je renoue également, et très
imparfaitement, avec les dialogues socratiques selon le talentueux Platon.
J’incarne ce dialogue dans notre temps, car la grande puissance de la
Révélation Hébraïque et de la Révélation Chrétienne vient de ce qu’elles sont
toutes les deux d’une merveilleuse continuité et historiquement incarnées et ce
à l’opposé des autres religions mythologiques, y compris l’Islam qui n’est pas
une religion révélée, mais une religion monothéiste naturelle.
Dieu ne cesse pas de se révéler aux personnes dans leur temps et leur culture
comme le prophète Élisée qui fut saisi par Dieu de derrière sa charrue ou
Pierre dans sa barque ou ce paysan qui devint messager du Ciel ou bien encore
ces petits pastoureaux portugais qui se firent les chantres de Marie à Fatima.
Ce mode d’écriture peut dérouter, indisposer, il est néanmoins conforme au
souci pédagogique d’Émile Neubert qui l’initia ; l’une des grandes richesses de
la tradition marianiste et son souci pédagogique auprès des couches sociales
défavorisées suivant en cela l’intuition de leur fondateur, le bienheureux Père
Chaminade.
Il est impératif de rechercher pour la transmission de la foi, de sa doctrine
et de sa culture un renouvellement de l’art de l’écriture, comme je l’ai déjà
souligné. C’est pourquoi, la construction dialoguée me semble aujourd’hui
peut-être la mieux adaptée.
On ne peut ignorer l’affaissement de la vie intellectuelle, l’affaissement
phénoménal des niveaux scolaires.
Cette recherche prend en compte le renouveau pastoral libéré des idéologies,
l’état actuel de la vie intellectuelle et les réalités des difficultés de la
transmission du savoir.
Notre époque est très proche des ténèbres intellectuelles qui s’abattirent sur
l’Occident à la suite de la chute de l’Empire Romain et des invasions barbares,
avec quelques nuances tout de même. Cette situation contemporaine est masquée
en partie par la fulgurante évolution des techniques, surtout celles des
communications. Elle donne l’illusion d’une vie culturelle intense alors que
cette vie culturelle, intellectuelle connaît une décadence inégalée,
contradictoire avec l’étendue des connaissances techniques et scientifiques. Il
faut prendre en compte ces nouvelles évolutions de la communication, les
investir, en faire nos ateliers de copistes médiévaux, nos chemins forestiers
sur lesquels circulaient sans cesse nos maîtres préparant l’ère moderne. Nous
ne sommes plus avec les mêmes options, nous sommes dans l’urgence de l’éternité
: c’est le retour du Christ Jésus que nous devons préparer. Nous luttons contre
la culture de la mort, celle du non-sourire, contre ce besoin pathologique de
redouter ce qui pourrait déranger et cet appétit tragique de toujours se
rassurer… C’est en fait, une société de non-vie.
J’introduis l’usage de la majuscule pour le mot Terre quand il s’agit de la
planète, non seulement dans cet ouvrage mais dans tous mes articles et essais.
Ce mot, je le considère comme un nom propre. La majuscule du mot Terre a pour
sens de redonner à notre planète sa résonance, son originalité, sa vocation
cosmique singulière. Elle s’impose à moi par deux réflexions : elle est le lieu
qui recueille la manifestation de la vie dans ce qu’elle a de plus élaborée, de
plus glorieux : l’homme et la femme ; elle est le lieu où Dieu désira se
manifester à toute la création et sur la quelle, il s’incarna pour y prendre
tout de la condition humaine hormis le péché. Il est peut important de savoir
si la Terre est le centre de l’univers, - j’ai bien peur que sur ce point le
rire de l’âne le soit d’avantage -.
La Terre est digne de l’homme et de Dieu. Que l’homme veille à en rester digne
en l’aimant et la respectant !
Les dialogues se déroulent dans la Chapelle de la Médaille Miraculeuse, rue du
Bac à Paris. La Vierge Marie y est apparue à Sainte Catherine Labouré à la
veille de l’explosion révolutionnaire dans le monde et après la première
explosion qui se fit en France. L’Immaculée est la triomphatrice des hérésies ;
hors, sur les fondements pré-idéologiques de l’hérésie de la Réforme sont venus
se greffer les fondations de toutes les autres idéologies dans le creusé maudit
du siècle dit des lumières.
Et qu’importe si, pour certains esprits éminents forts chagrins, la référence
aux lieux d’apparitions ne soit pas de bon goût.
Pourquoi choisir délibérément la chapelle de la rue du Bac ?
L’apparition de Marie est grosse de toutes les autres mariophanies qui se sont
déroulées depuis et qu’importe si certaines d’entre elles ne sont pas encore
reconnues. Marie, en la rue du Bac, redonne la parole au ciel et à l’homme vers
le ciel. Elle est le point de départ d’une longue préparation au retour de son
fils, du Fils de l’Homme sur la nuée. L’importance de cette apparition n’a pas
été établie dans toutes ses mesures, car nous abordons l’étude des mariophanies
par le petit bout de la lorgnette : on cherche authenticité de ces apparitions,
on la cherche par élimination… C’est une effroyable erreur ! Il faut approcher
ces recherches en revenant à l’école des Pères de l’Église. Ils posèrent deux
questions pour étudier l’acte de Dieu : qu’est-ce que Dieu veut nous dire ?
Pourquoi veut-il nous le dire ? C’est une démarche autrement positive qui
induit inexorablement la mise en évidence de l’authenticité ou du contraire.
Elle a le mérite de nous obliger a rechercher l’établissement d’une
compréhension plus globale qui ne néglige aucun aspect de la vie de l’Église ;
elle est une étonnante école d’humilité.
L’apparition mariale authentique est toujours christologique. Elle est un fait
historique et sociologique indéniable dans l’Église et en dehors, qu’elle ait
été reconnue ou non pour le moment, le phénomène des apparitions existe. Il est
normal qu’il attire l’attention de toute âme pieuse sans préjuger du jugement
de l’Église. Il est légitime de s’en servir pour autant que rien ne s’oppose à
la Doctrine du Magistère. N’est-il pas vrai que l’élaboration de la dévotion
mariale et de la mariologie doit beaucoup à la foi populaire et aux apparitions
même hétérodoxes !
Entrons dans l’École de Marie et, avec sa bienveillance assistance et celle de
l’Esprit Saint, je m’efforcerai de vous faire découvrir son enseignement
maternel.
Bientôt, au très fond de votre âme et de votre cœur, l’entendrez-vous murmurer,
parlant de son fils Jésus-Christ : « Faites tout ce qu’il vous dira. »
Qui es-tu, ô Marie !
Qui es-tu, ô Marie ? La question paraît incongrue. Qui ne sait pas qui est Marie
!
C’est une interrogation d’actualité, quoique pour certains elle soit inutile.
Pour eux, le sujet est entendu : « on s’en passerait bien ! N’est-elle pas un
obstacle à l’œcuménisme !»
Si on prenait le risque de poser cette question dans tous les milieux de
l’Église Catholique, les réponses nous surprendraient. On en conclurait
rapidement que Marie est la Grande Inconnue.
Il arrive que des enfants, sortant de leur première communion, ne sachent pas
réciter leur « Je vous salue Marie » et ignorent tout de sa virginité.
Osez parler de virginité dans une culture de jouissance et de mort, en voilà un
scandale !
Pour certains, Marie est devenue une sorte d’extra-terrestre à la tête d’une
flotte interstellaire. C’est ce qui se disait dans les milieux de la gnose et
les courants du New-Age durant les années soixante-dix et quatre-vingt. Une
sorte de génitrice cosmique, grande initiée. Et, il nous faut compter
aujourd’hui avec le virtuel…
Il est arrivé, au cours de sessions mariales, d’entendre Marie décrite comme
une sorte de poupée Barbie en sucre d’orge et guimauve. On nous la présente
soit en une sorte de matrone impassible, figée dans la pierre ou bien en une
évanescente, un peu jeune fille d’Hamilton. Il arrive qu’on nous la dépeigne en
une vénérable Grand-Mère pain d’épices ou tartine beurrée.
Un docte prêtre, légèrement diplômé, affirma que Marie participerait au
jugement final, qu’elle serait associée au jugement que prononcera son Fils,
car leurs deux cœurs sont identiques et unis. Marie ne serait plus une mère,
mais une marchande des quatre saisons en sucreries et pères fouettards !
D’autres, d’un regard mystérieux et entendu, avec une intonation d’extrême
gravité enfantine répondront : « elle est la mère de Jésus. Elle est la
nouvelle Eve. Ce sera juste ! Ils seront convaincus d’avoir tout dit et
n’auront rien dit, car ils n’auront rien compris à Marie. L’Immaculée est bien
aude-là qu’un simple concept ; ne fit-elle pas savoir à Pie XII : « Je suis la
vivante. »
Dieu est humoriste, prenons garde ! Il suscitera un enfant qui vous dira
timidement : « Marie, c’est la maman du ciel ! » Et là, oui, on affirmera que
tout est dit, tout est résumé.
Marie est fille de l’humanité.
Elle fut conçue par son père Joachin et sa mère Anne selon la loi naturelle et,
non pas conçue par le baiser échangé à la Porte de la Rencontre. Anne se
désespérait de n’avoir point d’enfant, c’était une vraie juive. Qui avec son
époux vivaient leur foi dans le respect scrupuleux de la loi hébraïque. Joachin
était prêtre desservant au Temple. Ils n’imaginaient pas à la fin de leurs
jours qu’ils auraient une fille au destin si singulier, même s’ils espéraient,
du fait de leur lignage, être élus pour la venue du Messie de Gloire qu’ils
savaient être le Serviteur Souffrant.
Marie naquit selon les lois de la biologie et de la génétique, sa grâce
d’Immaculée n’imposait nullement que sa conception dérogeât des lois
naturelles. Cette tradition erronée, née dans des milieux exaltés à la
spiritualité du dimanche, accentua la charge culpabilisante sur les légitimes
rapports sexuels dans le couple. Une influence redoutable qui continue dans
certains milieux de perturber la vie des couples et influence de façon
destructrice l’éducation des enfants.
Marie est fille de l’humanité, fille d’Adam et Ève. Son héritage génétique est
celui de la lignée d’Aaron et de David, celle de tous les patriarches
antédiluviens et post-diluviens. Elle est bien la fille d’Ève.
Marie fut une femme véritablement femme sur cette Terre. Elle fut nourrie et
élevée comme tout un chacun. Certes, comme beaucoup de filles de sont époque,
elle fut élevée au Temple et en sortit pour recevoir Joseph comme époux.
Nous savons que Marie, et surtout Joseph, s’inscrivaient dans un courant
mystique qui remontait à la spiritualité du Carmel, - sans liens avec la secte
des esséniens - les enfants du prophète Élie et dont la caractéristique était
de consacrer leur virginité jusqu’à ce que la loi mosaïque leur fasse
obligation de se marier ; mais toutefois, à cette époque, certains refusaient
de s’engager dans l’union matrimoniale pour se consacrer à Dieu.
Aussi, la discipline de la chasteté, au sein du couple de Nazareth, n’avait
rien d’incompréhensible pour eux ; il existe de nos jours une intelligence
réaliste au sujet de la virginité de Marie dans des milieux religieux juifs,
elle est admise. Les recherches historiques et archéologiques de ces trente
dernières années révèlent qu’à l’époque de la naissance de Marie et jusqu’à la
chute de Jérusalem par Titus, on attendait la venue du Messie, mais bien peu
savaient qu’il prendrait sur lui nos péchés, bien peu admettaient qu’il pût
s’agir du Serviteur Souffrant. Leur esprit était aveuglé par un nationalisme
mystique qui produisit une guerre de plus de cent ans, orchestrée par les zélotes
et qui déboucha par la ruine de Jérusalem et la destruction méritée du temple.
Marie a un corps comme celui de tout mortel avec les cinq sens dont elle eut
une parfaite maîtrise sur cette Terre par la grâce de prédilection, prévenance
du Père Éternel. Ne devait-elle pas accueillir son Fils Unique, le Verbe,
Deuxième Personne de la Trinité ! Elle est l’Immaculée.
Il est dit que Jésus prit toute la condition humaine sauf le péché, ce qui est
de foi.
L’Église définit que Marie est vierge avant, pendant et après la naissance de
Jésus ; cela veut-il dire que Marie aurait mis au monde Jésus en dehors des
lois de la nature qui sont bonnes en elles-mêmes ?
Là aussi, diverses révélations privées laissent à penser que Jésus aurait pu
naître dans le déroulement d’une extase et ne serait pas passé par la voie
naturelle. On peut douter de cette affirmation, d’autant que l’Église, en
déclarant Marie toujours vierge, veut là enseigner que la mère de Jésus, du
Fils de Dieu, n’a jamais connu bibliquement d’homme, que Joseph et Marie
respectèrent leurs engagements de consacrés. En aucune façon, le Magistère ne
confirme la naissance extatique de Jésus. (Cette ‘tradition’ s’inscrit dans les
courants culturels qui chargent et chargent de culpabilités les relations sexuelles
légitimes dans le couple. On ne peut y apporter aucun crédit. Ce sont les mêmes
courants qui s’attachent à enseigner, contrairement à l’enseignement officiel
du Magistère, que la matière du péché originel porte sur l’acte sexuel. Cette
proposition radicalement fausse est tout simplement monstrueuse, causa bien des
ravages dans tous les milieux catholiques et protestants. Les relations
sexuelles dans le couple sont une source légitime de joie, il n’y a pas de
culpabilité à en jouir pour autant qu’on le fasse dans le respect de la loi
morale naturelle et spirituelle. Il est bon et recommandé pour un couple de
s’aimer physiquement, les autres options héroïques relèvent de l’entendement du
couple sous la direction spirituelle d’un prêtre prudent.)
Il faut également dénoncer, ce qui semble se pratiquer dans certaines
communautés mixtes qui s’inscrivent dans un renouveau spirituel : il
n’appartient à aucune autorité, fût-elle celle du supérieur ou du berger,
d’exercer le moindre pouvoir décisionnaire dans la décision que prend un couple
envers la conception d’un enfant.
S’il est un domaine légitimement réservé au couple, c’est bien celui-là, toute
intervention de ce type contrevient explicitement au droit naturel, à la
discipline ecclésiale ; elle révèle une dérive sectaire qui dément que la
fondation de telle communauté soit d’origine divine.
Il en est de même pour les courants liés à la régulation des naissances ainsi
que pour certaines dictatures. De telles interventions sont inacceptables et
monstrueuses. Elles sont attentatoires à la dignité de la personne, à sa
grandeur, rien ne peut excuser de telles pratiques.
Marie, par son Assomption, confirme que son corps chaste et pur est bien un
corps humain. La différence fondamentale entre Marie et le reste de l’humanité
vient de ce qu’elle jouit, par anticipation, de la grâce du Salut que nous
mérita son Fils Jésus par sa Passion et sa Résurrection.
Marie est immaculée. Elle est l’Immaculée.
Marie, après la chute d’Adam et Ève, est la première créature sur Terre à avoir
vécu dans l’état de grâce qui prévalait avant la faute.
Marie est notre Maman du Ciel ! : « Près de la croix de Jésus se tenait sa mère
et la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie la Magdaléenne. Jésus
donc, voyant sa mère et, près d’elle, le disciple qu’il préférait, dit à sa
mère : « Femme, voilà ton fils. « Ensuite il dit au disciple : « Voilà ta mère.
» Et, dès cette heure-là, le disciple la prit chez lui. » (Jn. 19, 25-27) Jésus
confirme ce que recelait la maternité divine de sa mère : être la mère de
l’humanité en route pour le Salut que son Jésus venait d’ouvrir. Certes Marie,
mère de l’humanité, a une maternité spirituelle universelle, mais on serait
dans l’erreur de croire que cette maternité s’arrête là.
Marie, en donnant sa chair et son sang à son fils, au Fils de Dieu, n’est pas
simplement la Mère de Dieu, mais comme sa chair fut crucifiée, que son sang fut
versé sur la Croix et qu’elle en eut le cœur transpercé, elle est
co-rédemptrice. Sa maternité s’étend non seulement à tout baptisé mais à toute
l’humanité : pleinement une mère, plus mère que la mère naturelle, car elle ne
connut point d’homme.
La maternité de Marie sur l’humanité est une maternité réelle, intense. C’est
en fils et fille qu’il faut s’adresser à elle avec autant de réalisme que si on
s’adressait à sa mère naturelle. La relation avec Marie, mère de Jésus, est une
relation qui, quoique spirituelle, n’en n’est pas moins réelle, réaliste,
concrète quasi physique.
Les paroles de Jésus sur sa Croix la désignant pour mère du genre humain,
répondent au « Fiat » de l’Annonciation et à l’invitation de Marie à Cana : «
Faites tout ce qu’il vous dira. »
La relation qu’établit un catholique avec Marie, doit être une relation plus
étroite qu’avec sa mère naturelle, plus intime qu’avec son épouse et époux.
Elle veut être présente en toutes choses mêmes les plus serviles, car elle
assuma pleinement sa nature humaine, sa condition de créature.
Co-Rédemptrice, elle veut que rien de l’activité de l’homme et de la femme
n’échappe à l’Économie du Salut. Jésus donne à sa Mère la mission d’aider
chacun d’entre nous à entrer dans la vie d’union avec Lui. Il veut faire de
notre âme et de notre corps sa demeure, une maison de consolation et de joie.
Jésus veut que l’on vienne à Lui par sa Mère.
Dans ce réalisme marial, si votre prière est vraiment celle d’un enfant à sa
mère, soyez certains que vous vous adresserez à Jésus comme à un frère
bien-aimé, un frère et une sœur cadet. Vous sentirez combien vous êtes un fils
et une fille pour le Père Éternel. Progressivement, vous entrerez dans le
mystère du Père. La Sainte Trinité fera de vous sa demeure, vous serez sa
complaisance.
Marie en donnant son corps et son sang pour constituer le corps du Verbe en la
personne de Jésus est devenue la Mère de Dieu. Elle est devenue également comme
le dit Jean-Paul II : « La Dame eucharistique. » Car lorsque que le prêtre
consacre l’hostie et le vin, ils deviennent chair et sang de Jésus et donc
chair et sang de Marie.
Quand vous allez communier au Corps et au sang de Jésus, prenez Marie avec
vous. Elle vous rendra plus enfant pour recevoir le don de son Fils Bien-aimé.
Elle vous murmura : « Faites tout ce qu’Il vous dira. » Vous deviendrez tel un
enfant, vous entrerez dans le royaume céleste. Dès ici bas vous en goûterez le
lait et le miel.
MARIE, L’IMMACULEE
L'IMMACULÉE
"... LA MÈRE QUE JE ME SUIS DONNÉE..."
"... LA MÈRE QUE JE VOUS AI
DONNÉE..."
1er chant
Jésus : « - Clovis, Clovis !
Clovis : - Qui m’appelle ?
J : - Ton frère, Jésus.
C : - Je n’ai pas de frère de ce nom.
J : - Vraiment ! Pourtant, c’est bien ma mère et la tienne que tu pries en ce
moment !
C : - Pourquoi poses-Tu ton regard sur moi ? Que T’ai-je fait ?
J : - Ne crains pas. Ne suis-Je pas ton Créateur et ton Sauveur ?
C : - C’est peut-être le démon qui me fait une farce !
C’est peut-être ma digestion !
Il n’y a pourtant personne près de moi, et la voix que j’entends est presque
dans mon oreille, tout à côté !
Ne t’es-Tu pas trompé de personne ?
J : - Clovis, Clovis, ne crains pas. Je suis ton frère en Marie, ma mère.
C : - Ma mère ne s’appelle pas Marie. Elle se prénomme Valentine. Et, je n’ai
pas de frère qui s’appelle Jésus, mais un Dieu qui s’appelle Jésus. Dieu ne
peut-être mon frère et mon Créateur et mon Sauveur à la fois !
J : - Je t’aime assez pour te susciter à la vie, pour avoir pris ta nature
humaine à l’exclusion du péché, pour mourir pour toi sur la Croix et
Ressusciter pour toi. Je t’aime assez pour te donner ma mère. Oui, tu es mon
frère et je suis le tiens.
C : - Pourquoi veux-Tu me parler ?
J : - N’es-tu pas ma créature, ne suis-Je pas mort pour toi !
C : - Oui, Jésus !
En fait, ceux que Tu appelles ne dorment plus. Ils ne pensent plus qu’à
T’aimer. Moi, je dois vivre pour ma famille et l’aimer. Je n’ai guère de temps
pour Toi. Et puis, Tu es exigeant, Tu réclames tout.
J : - Pourquoi pries-tu ma mère en ces lieux qui protégèrent ses apparitions
tandis que l’humanité entrait dans sa déshumanisation ?
C : - Pourquoi m’interroges-Tu sur ce point ?
J : - Tu ne Me verras pas avant d’avoir passé de ce monde à l’éternité.
Pourquoi pries-tu ma mère ?
C : - C’est une étrange question ! Parce qu’elle est Ta mère et que je l’aime.
Elle ne peut que me vouloir du bien.
J : - Tu dis l’aimer ! Tu ne l’aimes pourtant pas comme Je le veux.
C : - Je l’aime comme ma mère m’apprit à l’aimer, comme sa mère le lui a
appris.
J : - Tu es attiré par elle, car elle est un idéal inaccessible. Tu l’aimes
parce que tu vois en elle un secours sûr auprès de Moi et de mon Père.
Tu as le même amour pour ma mère que pour ta mère de la Terre.
C : - Jésus, j’aime ta mère comme je le peux.
J : - Clovis, c’est bien d’aimer ma mère. C’est mieux de l’aimer comme Je
l’aimais au milieu de vous.
Tu aimes ma mère comme tu aimes la tienne quand tu étais enfant. Tu lui faisais
de gros bisous et, tout de suite après, tu faisais une grosse bêtise. Tu te
souviens de ce jour où après l’avoir câlinée, tu envoyas ton ballon dans ses géraniums.
Tu ne sais rien de l’amour que tu dois à ma mère.
C : - Jésus, que fais-tu de ma vie privée ? Elle m’appartient et à ceux qui en
furent témoins en partie.
Qu’ai-je fait pour que Tu t’intéresses à moi ?
J : - Ne sais-tu pas que toute la Création est en ma présence ! Que tout de
l’homme est également en ma présence ! Je m’intéresse à tous, car Je les aime
tous d’un amour égal.
C : - Pourquoi moi ?
J : - Tu aimes ma mère.
C : - On ne peut pas dire que Tu sois rassurant ! Avec Toi, ce n’est pas
vraiment le confort.
J : - Je vois ! Tu crois que sur ma Croix, J’étais au confort ?
C : - Non, bien sûr !
Tu sais l’homme, surtout aujourd’hui, il aime dormir. Il n’aime pas penser. Il
aime oublier, s’étourdir, jouir des autres et de lui-même.
Je me demande si tu as toujours une bonne notion du temps.
J : - Oh ! Clovis, c’est vous qui à force de courir êtes pressés de tout.
C : - C’est bien vrai ! Nous sommes si pressés de vivre que nous nous hâtons de
mourir, si possible en cachette. Tu comprends, il faut être constamment
rassuré.
Nous aimons le mouvement, nous ne savons plus jouir de la solitude. Nous nous
lassons si facilement d’aimer ! Il y a là de quoi faire tourner le lait de mes
chèvres !
J : - C’est que vous avez fait le choix de la quantité au lieu de la qualité.
Clovis, que fais-tu avant de rendre visite à ta maman ?
C : - Tu me fais une blague ! Tu poses des questions d’avril !
Je me change. Je me fais propre et selon, je lui apporte des friandises ou des
fleurs.
J : - Qu’as-tu fais quand le maire accepta de te recevoir ?
C : - Je me fis propre. Je mis mon beau costume ; c’est qu’il n’est pas facile
à amadouer, il se prend pour Louis XIV. Pourquoi cette question ?
J : - Ici Clovis, n’y a-t-il pas plus grand que ta maman et ton maire ?
C : - Il y a Toi, Jésus.
J : - Ne crois-tu pas que Je mérite mieux qu’un beau costume ?
C : - Comment veux-Tu que je m’habille ? Je ne vais pas venir en queue de pie !
J : - Tu es très bien habillé.
C : - Que veux-Tu que je fasse ?
J : - Donne-Moi tes confiseries ?
C : - Tu es gourmand !
Il est vrai qu’en Palestine de ton temps, il n’y avait guère de sucreries pour
Toi. Pourquoi veux-Tu que je te donne mes confiseries ?
J : - Donne-moi tes péchés Clovis, tes péchés !
C : - O Jésus ! Il y a si longtemps, si longtemps…
J : - Ce n’est pas si loin.
C : - Tu agis en braconnier. Tes questions sont des pièges. Tu me connais, Tu
peux me pardonner là, à l’instant.
J : - Je ne le ferai pas.
C : - Pourquoi, ne le ferais-Tu pas ? Tu fais grève ! Tu n’es pas fonctionnaire
! Tu sais tout de moi.
Tu n’as pas besoin que je récite mes péchés comme on récite une litanie.
J : - Moi, Je n’en ai pas besoin, toi oui, tu en as besoin.
C : - Pourquoi veux-Tu que je passe devant un prêtre ?
J : - C’est à l’Église que j’ai remis tout pouvoir de pardonner, de lier et
délier.
C : - Ce n’est pas facile d’aller à confesse. Se confesser à un homme ! Tu
aurais pu nous proposer une autre façon de se faire pardonner. Tiens, un peu
comme à la mode des protestants ! Eux, ont réglé le problème.
J : - Ils n’ont rien réglé du tout. Et ils sont coupés de beaucoup de grâces.
Un prêtre c’est un homme, oui ! Mais c’est mon prêtre. Quand tu te confesses au
prêtre, c’est à Moi que tu te confesses. Les hommes ont besoin de se relier
entre eux et avec leur Créateur. Il faut que chacun puisse se reconnaître, et
faire reconnaître son visage !
C : - Ce n’est pas bien facile à voir !
J : - Regarde avec ta foi.
C : - Vraiment, que j’aille vers un prêtre !
J : - L’autorité que Je donnai à l’Église, je ne la reprends pas. C’est le
chemin que tout baptisé doit prendre, car mon chemin pour venir à vous tu le
connais et tu connais celui qui va à Moi et à mon Père.
C : - Je les connais, Jésus.
J : - Clovis, m’aimes-Tu ?
C : - Oui Jésus, je T’aime. Je crois T’aimer. Je veux T’aimer.
J : - Obéis à l’Esprit. Suis le chemin que Je traçais avec mon sourire et mon
sang et tu apprendras à M’aimer.
C : - Je le prendrai, Jésus. Tu m’aideras ?
J : - Je t’aiderai. Sur toi, ne laisse rien de sale. Tourne-toi vers Marie. Une
maman sait faire la toilette de son enfant.
A demain, sois en paix Clovis. » ( A SUIVRE)
|
L'HISTOIRE DE L'EGLISE Eusèbe de Césarée Les Églises d'Europe Occidentale |
Au sujet de
l’histoire de l’Église franque de 600 à 768. Certains savants de cette période
parlent d’une église mérovingienne puis d’une église franque ; cette division
qui veut distinguer deux périodes spécifiques est très arbitraire, car les rois
mérovingiens, c’est-à-dire issus de la succession de Clovis viennent d’une
tribu, la plus petite des tribus germaniques, originaire du nord de l’Europe,
les membres se nommaient les francs.
Il nous semble plus juste de désigner l’Église issue des francs et des autres
tribus ralliées à ce royaume comme étant bien l’Église franque, elle s’étend de
Clovis à Hugues Capet. L’Église franque peut même se réclamer des capétiens
jusqu’à l’extinction de la branche aînée de laquelle succédera sur le trône de
France la branche des Valois. S’il en faut une preuve, jusqu’à la dernière
croisade, les musulmans qui y furent confrontés, désignaient les armées
croisées comme celles des francs ; ce qui était très juste, en tenant compte
des mariages contractés avec les membres des Maisons Mérovingiennes,
carolingiennes et capétiennes dans toute l’Europe catholique. Les armées
chrétiennes en terre musulmane étaient pour eux les armées franques. Ce qui
rend hommage au rôle éminent que joua l'Église de France dans la chrétienté,
rôle qu'on aurait bien du mal à reconnaître aujourd'hui.
A la chute de l’Empire Chrétien d’Occident, les sociétés entrent dans une
sorte de nuit intellectuelle qui prépare, dans les monastères, un nouvel élan
qui surgira, explosera au Moyen-Âge. Les sociétés vont connaître des
épreuves très dangereuses qui menaceront d’extinction la culture chrétienne
embryonnaire et les vestiges des cultures antiques. Cette période n’est
compréhensible que si l’on associe les facteurs humains à la volonté divine.
Jusqu’à la fin de l’Empire Chrétien d’Occident, l’Église connut de grandes
tentations d’orgueil induites par la rapidité de l’évangélisation en Europe,
évangélisation qui n’aura jamais d’équivalent dans son histoire missionnaire. Cette
période d’effacement s’éclaire si l’on considère que le plus grand bien que
Dieu veut pour l’homme, et donc plus radicalement, pour son l’Église, est
l’humilité. On n’accède véritablement au Salut que par l’humilité, c’est
une exigence incontournable puisque nous sommes appelés à devenir semble à
Dieu. Or Dieu n’est qu’humilité, il vit dans sa Sainte Trinité une kénose
permanente. Nous devons donc ouvrer à l’humilité avec la grâce de Dieu…
Aussi douloureux que soit cette période de notre histoire, elle est une rude
leçon à méditer tant du point de vue spirituel qu’intellectuel et de celui de
la société civile. Car si on considère la puissance de la déferlante des
invasions germaniques, huns, wikins et enfin arabo-musulmanes, on se demande
comment la chrétienté a-t-elle pu résister ; qu’est-ce qui a fait qu’elle
n’ait pas disparu, car humainement rien ne la disposait à cette résistance et
ni, il faut bien en convenir, à cette victoire.
Sous la dynastie mérovingienne, le pouvoir politique des successeurs de Clovis
s’étiole au point de perdre la réalité du gouvernement, il s’en suit un
effacement de la vie institutionnelle de l’Église ce qui entraîne la
disparition de l’église gallo-romaine ; disparition qui sera suivie de nouveaux
foyers religieux :
(Au cours de
la première, (période) pendant que, l’un après l’autre, les rois mérovingiens
perdaient progressivement la direction de leur royaume, la forme ancienne de la
vie ecclésiale de la Gaule romaine disparut peu à peu ; çà et là apparurent de
nouveaux foyers religieux, tels que l’abbaye de Saint-Denis, proche de Paris.)
Il y eut un phénomène destructeur plus radical et accéléré comme un effet
collatéral au fur et à mesure que le pouvoir des maires du Palais.s’accroissait
On assiste étrangement à une sécularisation des diocèses, des abbayes, pas plus
qu’il ne se tint de synodes ni de conciles. Cette sécularisation s’accélère par
les spoliations effectuées par les maires du Palais pour fiancer les
expéditions militaires comme celle de Charles Martel contre les Arabes à
Poitiers. Cette crise et détérioration est généralisée dans toute l’Europe
catholique, parmi les explications objectives, il y a la multiplication des
États, l’absence de toute organisation fédérative, le Saint Siège n’a quasiment
plus d’autorité politique, il devient un outil d’influence entre les princes.
Il faut attendre la dynastie carolingienne pour que la société se stabilise et
permette un nouvel essor dans tous les domaines ; c’est avec Pépin, dit le
Bref, que démarrera ce renouveau :
(Au cours de
la troisième période, sous Carloman et Pépin, un authentique renouveau de la
discipline et une volonté de réforme se manifestèrent clairement. Pépin fut le
« véritable fondateur » du royaume franc. Il proposa le premier des objectifs,
les idéaux et les méthodes de gouvernement qu’il appartint à son fils Charles
de porter au plus haut degré de perfection.)
L’Église de Gaule, sous l’influence des deux dynasties va progressivement
devenir régionale, puis territoriale sous le gouvernement direct du roi.
La hiérarchie durant la période qui se situe entre Clovis et Pépin va connaître
une décadence morale, spirituelle impressionnante, ne pensant qu’à renforcer
son pouvoir, son statut, un clergé mal préparé à sa mission souvent pris, pour
des raisons de basse politique, dans les couches sociales les plus humbles et
pauvres. Beaucoup d’évêques acquirent par argent leur état, firent main basse
sur les monastères afin de maintenir leurs avantages financiers et politiques.
Des évêques se transformaient en forbans, en chefs prévaricateurs. Des laïcs
devenaient propriétaires d’églises, de monastères, de paroisses, des évêchés
tombaient dans leurs mains.
L’invasion Arabe fut le moteur sous Charles Martel d’une nouvelle structure
sociale : la naissance de la féodalité. Il faudra attendre que s’affirme la
très belle figure de saint Boniface pour que surgisse un embryon de réformes :
(Les fils de
Charles Martel opèrent un sauvetage partiel de l’Église dont Boniface fut
l’agent principal. Ce dernier, sous le patronage de Carloman, réunit une série
de synodes nationaux, en Gaule septentrionale et en Rhénanie (722, 744, 745 et
747). L’institution de l’archevêché fut restaurée, et l’on parvint à rendre
obligatoire la tenue de synodes diocésains annuels. )
Dans le début de la réforme dite carolingienne, Boniface imposa progressivement
la suprématie du Saint Siège, ce qui ne gênait nullement le pouvoir du roi.
Pépin eut assez de clairvoyance et de force morale pour rester l’ami du pape
sans pour autant être son serviteur. Il convoqua plusieurs synodes nationaux,
réduisit les propriétés des laïcs, redonna la suprématie aux évêques dans leur
diocèse. Toutefois, c’est à son fils Charlemagne que reviendra la mission des
grandes réformes, il s’appuiera sur les fondements de son père. On peut dire
dès maintenant que Pépin et Charlemagne furent les sauveteurs résolus et
intelligents de la Chrétienté occidentale :
(Cependant
il ne s’agit là que d’une réforme fragmentaire et partielle, comparée à celle
de Charlemagne. De 768 à 814, ce grand monarque consacra la majeure partie de
ses efforts à établir et gouverner une grande communauté chrétienne.)
Charlemagne se sentit investi pour restaurer et sauver la chrétienté, il
comprit qu’il en était le principal protecteur et c’est en cette réflexion
qu’il faut comprendre sa geste. Il renouait en cela avec les pratiques des
empereurs byzantins à cette différence qu’il reconnaissait au pape l’autorité
suprême en matière de doctrine théologique et morale tout en gardant un pouvoir
de fait quant à l’organisation humaine de l’Église et ses orientations
pastorales.Quel qu’ait pu être ses défauts et les faiblesses de son
gouvernement, il est évident que Charlemagne se comporta en un roi soucieux du
bien public, un roi chrétien conscient de l’importance sociale de l’Église qu’il
servit sans jamais permettre au pape d’intervenir dans la politique autrement
que sur le plan moral. On ne peut juger de l’action de ce roi sans remettre
le tout dans son contexte, en sachant que nous n’avons pas à condamner. Les
choix de Charlemagne justes ou injustes ne permettent pas de remettre en cause
la droiture de ses intentions :
(Dans les
mesures qu’il prit et les déclarations qu’il fit, il se comporta à la façon
d’un simple particulier dans sa vie privée ; il agit en chrétien qui fixe toute
son attention sur ce qu’il considère comme la loi de Dieu. Il reconnut la pape
comme source ultime de la doctrine et de l’enseignement moral, et aussi,
quoique moins nettement, comme arbitre suprême en matière de discipline. […]
Personne, ni avant ni après lui, ni de façon aussi constante, aussi intensive
et aussi étendue, ne put comme Charlemagne gouverner l’Église des territoires
francs et germaniques : la diriger sur le plan théorique et pratique, fixer
pour elle ses objectifs, exercer sur elle le pouvoir effectif.)
Il faut noter que ses réformes ne concernèrent pas, ou quasiment pas, les
structures administratives ; de manière générale, on peut dire qu’il se
comporta sur le plan de la cité en conformité de ses prédécesseurs peu soucieux
de l’intendance.
S’il veilla à l’organisation des diocèses au point de nommer lui-même les
évêques, il leur laissa toute liberté de les gouverner, il eut la sagesse de
s’appuyer sur les archevêques ou métropolites pour les assister et les
surveiller. La législation embryonnaire qu’il put mettre sur pied grâce aux
réformes ecclésiastiques constitua les fondations de toutes les réformes à
venir y compris celles de l’époque moderne. Charlemagne contribua, dans la
suite de Charles Martel, à l’institution de la féodalité, s’il veilla au
paiement de la dîme pour le clergé, il se déclara libre de saisir leurs biens
si la nécessité de l’État l’exigeait, c’est par cette pratique qu’il structura
les apanages. S’il s’affirma en défenseur de la doctrine, n’hésitant pas à
convoquer des conciles, il accepta toujours l’autorité du successeur de saint
Pierre, ne la discuta jamais.
Charlemagne devint une figure de légende, la plus grande en Occident avec
Jeanne D’Arc et saint Louis. Il était bien difficile de lui succéder ; avec ses
héritiers commence la désagrégation de l’Empire Carolingien :
(Cependant
la personne et le génie de Charlemagne, l’étendu de son Empire, la perfection
et la réussite relative de son œuvre, tous ces traits donnèrent à son règne un
éclat incomparable. Avec lui, non seulement une Église régionale devint
l’Église impériale, non seulement, pendant une courte période, ce fut un
individu qui gouverna la chrétienté occidentale, mais, par-dessus tout,
Charlemagne devint une figure de légende, un mythe, le lus influent peut-être
de l’histoire de l’Europe occidentale.)
Charlemagne permit à la hiérarchie de l’Église franque de reprendre son rôle et
sa charge ; elle maintiendra le cap malgré l’effondrement inévitable du pouvoir
royal. C’est dans le creusé des monastères que s’élaborera le Moyen Age et
l’une des plus belles périodes de la pensée et de la culture chrétienne.
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LA SCIENCE DE LA PRIERE CHAPITRE XI Explications nécessaires |
« Nous prononçons les mêmes mots, disait Me. Swetchine, mais nous ne parlons
pas la même langue. » Exemple : un domestique annonce à son maître qu’un jeune
homme veut lui parler. – « Qui est-il ? dit le maître, allez lui demander sa
carte. » - Le domestique revient en disant : « Ce jeune homme n’a pas de carte ;
mais il paraît qu’il sort des hospices. » - Ah ! eh bien ! faites-le venir. » -
Le jeune homme entre en disant : « Je me présente à vous sous les auspices de
votre ami… »
Si ce jeune homme avait remis un mot d’écrit au domestique, la différence
d’orthographe entre les mots hospices et auspices aurait empêché le malentendu.
Mais combien de mots conservent la même orthographe, tout en prenant des
significations différentes ! La chose est inévitable quand on les emploie en
même temps dans le langage ordinaire et dans la langue spéciale aux sciences,
aux arts et aux métiers. Ainsi cheville indique tantôt un os de la jambe,
tantôt un morceau de bois pour boucher un trou, tantôt un mot inutile dans un
vers ; etc. pour comprendre un auteur, il est donc indispensable de connaître
exactement la signification qu’il attache aux paroles dont il se sert. Sinon,
on risque de lui faire dire ce qu’il ne pense pas et on s’expose à ne pas
saisir ce qu’il pense.
Plus une science s’éloigne des connaissances vulgaires, plus elle a besoin
d’une terminologie qui fixe par les mots particuliers les divers éléments dont
elle se compose. On peut le voir par l’exemple de la médecine, de la chimie,
etc. Faute d’un vocabulaire spécial, il faudrait recourir perpétuellement à des
périphrases, à de longues descriptions, ce qui alourdirait le style et nuirait
même à la charité du discours.
Or, le mysticisme est dans ce cas. Ce n’est pas une science vulgaire. Il traite
d’actes humains peu communs et si ces actes n’étaient pas désignés par des
termes précis ayant une signification spéciale, on aurait la plus grande peine
à s’en faire une idée juste et vraie.
On s’en rendra compte en comparant les actes intérieurs de la contemplation
avec ceux que nous produisons dans les oraisons inférieures. Nous allons faire
cette comparaison ; mais auparavant analysons en peu de mots les opérations
ordinaires de ‘âme pour en bien comprendre la nature.
D’après un axiome de philosophie, toute volonté est précédée d’une
connaissance. Nil volitum nisi praecognitum. Or, plusieurs espèces de
connaissances exercent leur influence sur cette faculté. Les premières de
toutes et les moins nobles sont celles qui procèdent des sens.Avant l’usage de
la raison, les enfants n’en ont pas d’autres. Ils veulent prendre tout ce qui
charme les yeux ; ils veulent manger tout ce qui tente leur gourmandise. Cette
connaissance ne diffèrent pas beaucoup de celle des animaux. Les actes qu’elle
produit, manquant de raison, ne sont pas encore des actes humains. Nous en
parlerons cependant parce que les sens continuent à nous donner des
connaissances après le développement de la raison.Ils existent en nous des
appétits qui trop souvent entraînent la volonté, quoiqu’ils ne soient pas
raisonnables.
Entre les connaissances produites par les sens et les connaissances qui
viennent de l’imagination. Cette faculté tient à la fois du corps et de
l’esprit. Combinant les images et autres impressions sensibles de la nature,
elle s’efforce d’entraîner la volonté, en lui offrant mille représentations intérieures
faites pour la séduire. C’est une source inépuisable d’illusions et de péchés.
Au-dessus de l’imagination, nous avons la raison. Cette faculté examine les
idées, les approfondit, les coordonne, en tire des conclusions et forme des
discours. C’est elle qui devrait régler les actes de la volonté conformément à
la loi de Dieu. Malheureusement, elle se laisse sans cesse aveugler par des
passions criminelles et pousse la volonté à faire le mal.
La foi vient au secours de la raison, en lui apportant des lumières supérieures
révélées de Dieu qui rectifient ses jugements. Mais ces lumières quand elles
sont livrées d’une manière distincte à l’examen de la raison, peuvent être
altérées par des réflexions que suggèrent les désirs de la chair et les égarements
de l’imagination.
Enfin, au-dessus des sens, de l’imagination et de la raisons qui permettent à
l’âme de s’enrichir de connaissances particulières, il y a une intelligence
supérieure, appelée la cime de l’esprit. Celle-ci contemple les idées dans leur
simplicité et dans leur pureté sans les soumettre à l’analyse. Elle les
considère d’un seul regard et tout entières. Si elles sont bonnes, elle les
admire et elle excite la volonté à les aimer.
Tel est, pour ainsi dire, le mécanisme des actes humains. Telles sont les
relations de l’intelligence et de la volonté. Pour s’instruire, l’âme a trois
facultés intellectuelles qu’on peut appeler inférieures, et une faculté
supérieure ou cime de l’esprit qui est l’intelligence elle-même. La volonté
marche à la suite des lumières qui lui arrivent par une de ces quatre portes.
Ceci posé, revenons au mysticisme. Que fait Dieu pour nous attirer à lui ?
Un autre axiome de philosophie dit : « Quid-quid recipitur, ad modum
recipientis recipitur. » C’est-à-dire : L’eau versé dans un vase, si ce vase
est rond ou carré, prend l’une ou l’autre de ces deux formes. Or, parmi les
hommes qui correspondent à la grâce e la prière, beaucoup vivent par les sens.
Leur volonté est, pour ainsi dire, enchaînée aux émotions sensibles de leur
nature. Pour ceux-là, l’Eglise, conduite par l’Esprit saint, a établi les
pompes du culte extérieur. Elle multiplie les cérémonies, les chants, la
musique, les tableaux, toutes les merveilles de la sculpture et de
l’architecture, dont l’effet est d’élever vers Dieu les esprits et les cœurs
sensibles à ce genre d’impressions.
Voilà une première manière de prier. Quand des âmes y prennent goût et en
contractent l’habitude, Dieu les excite à une prière supérieure. Il s’est
incarné pour se rendre visible et devenir ainsi notre modèle. Nous avons le
devoir de le considérer, pour l’imiter, à l’exemple de saint Paul qui disait :
« Soyez mes imitateurs comme je le suis de Jésus-Christ ». (I Cor. IV, 16)Ici,
les sens cèdent la place à l’imagination. C’est elle qui, en reproduisant en
nous les exemples du Dieu fait homme, en le suivant depuis la Crèche jusqu’à
son Ascension, réussit à nous le faire admirer, à nous le faire aimer et à nous
attacher à son service.
Vient ensuite le tour de la raison. Jésus-Christ ne s’est pas contenté de nous
donner des exemples. Il y a joint des enseignements. L’Evangile est plein de
paroles sublimes proposées à nos réflexions. Il est nécessaire des les
approfondir pour arriver à les bien connaître. C’est Jésus-Christ lui-même qui
l’exige, quand il dit : « Si vous demeurez dans ma parole, vous connaîtrez la
vérité et la vérité vous rendra libres. » (JN. VIII,31-32) Quand les âmes se
montrent de plus en plus dociles aux appels de la grâce, elles arrivent à cette
troisième manière de prier. C’est la méditation proprement dite.
Elle est supérieure aux deus prières précédentes, en ce sens que l’âme s’élève
de plus en plus au-dessus des choses corporelles. Elle entre davantage dans le
domaine de la vérité pure, de la sagesse céleste qui doit la conduire jusqu’à
Dieu. Dans cette ascension vers le ciel, elle a monté le premier degré, en
s’appuyant sur les sens ; elle a franchi le deuxième, en usant de son
imagination. Maintenant, la raison la porte dans le sein des vérités qui
sortent de la bouche de Jésus-Christ comme autant de rayons lumineux. Mais la
raison ne saurait s’élever plus haut. Car, au-dessus de ces rayons, il y a Dieu
lui-même qui habite une lumière inaccessible. (I Tm. VI, 16)
L’âme devra-t-elle s’arrêter où s’arrête la raison ? Si ‘éclat de la gloire
divine aveugle notre esprit, ne pouvons-nous pas fermer les yeux, accepter par
la foi l’infini qui nous écrase, nous rapprocher ainsi de Dieu dans les
ténèbres, afin de sentir mieux sa présence et d’arriver à l’aimer de plus en
plus ?...
Ah ! si aucune grâce ne nous aide à faire cette ascension, nous en sommes
incapables. Sans la grâce, nous ne pouvons pas même avoir une bonne pensée,
formuler une bonne demande, prononcer utilement le nom de Jésus ( II Cor.III,3
; Rom. VIII, 26 ; I Cor. XII, 3). Mais puisque Dieu accorde si volontiers la
grâce de la prière, en attirant les âmes à lui, d’abord par les sens, puis par
l’imagination, ensuite par la raison, pourquoi n’accorderait-il pas cette grâce
à l’intelligence, en l’aveuglant par le sentiment de sa présence et de sa
grandeur infinie, et en nous pénétrant ainsi par la chaleur de son amour ?
Il le fait certainement, d’après le témoignage unanime des mystiques. Quand une
âme a cherché Dieu avec persévérance par la voie de la méditation, si, perdant
la possibilité de méditer, elle se sent néanmoins attirée de plus en plus à la
prière, cette ne tarde pas devenir contemplative. Elle se met à aimer Dieu dans
les ténèbres de la foi. Elle prie lors d’une façon secrète, mystérieuse ou mystique.
Telle est la contemplation obscure ou l’oraison de foi dont nous venons de
parler dans les deux chapitres précédents.
On le devine d’après cet exposé : les actes de l’oraison de foi ne ressemblent
nullement aux actes de la méditation ou de l’oraison affective. Comment en
faire connaître la nature, pour l’utilité des âmes que dieu attire à cette
manière de prier ? S’il fallait en croire certains auteurs, la chose serait
impossible, car ces auteurs regardent la contemplation comme une oraison tout à
fait extraordinaire, c’est une sorte de miracle dû à l’opération de Dieu seul.
L’homme n’y peut rien. Or, il serait insensé de vouloir décrire les opérations
miraculeuses de Dieu.
Ainsi Rodriguez, n’admettant pas de milieu entre la méditation ordinaire et la
contemplation miraculeuse, dit de cette dernière : « C’est une chose qui est
tellement au-dessus de la portée et de la conception de l’esprit humain, que
nus ne pourrons jamais ni l’enseigner, ni la comprendre. C’est pourquoi, ce
n’est pas sans raison qu’on a repris et même défendu certains auteurs, qui, se
figurant qu’il peut y avoir des règles pour rendre infailliblement
contemplatif, se sont voulu mêler d’enseigner ce que personne ne peut jamais
apprendre, et de réduire en art ce qui est entièrement au-dessus de l’art et de
la nature. » ( Traité de la perfection chrétienne. De l’oraison. Ch. VI.)
Certes, si toute contemplation avait le caractère du miracle, on pourrait
soutenir à la rigueur la thèse de Rodriguez pour ce qui regarde les simples
fidèles. On ne le pourrait pas pour les prêtres qui ne doivent rien ignorer de
la science sacrée, qui ont l’obligation de la défendre contre l’erreur et qui
ont des responsabilités, mêmes avec les extatiques. Mais il y a une
contemplation qui ne présente absolument rien de miraculeux. Nous le prouverons
longuement dans les chapitres XIII, XIV et XV. Un grand nombre de saints ont
donné à son sujet des enseignements très détaillés et très précis.
Nous les reproduisons dans notre livre. Aucun d’eux n’a prétendu qu’on pouvait
rendre les âmes infailliblement contemplatives. Mais ils ont cru faire un grand
acte de charité, en enseignant aux âmes les moyens de ne pas résister à la
grâce de la contemplation, quand il plaît à dieu de la leur accorder.
lls avaient appris en effet, par l’expérience, que souvent on résiste de bonne
foi aux inspirations du Saint-Esprit. Des âmes qui seraient devenues
contemplatives, en suivant les mouvements de la grâce, au lieu d’avancer ont
reculé, faute de savoir se conduire. Ils en ont eu compassion. Ils ont écrit
des livres pour les instruire. D’après eux, si on ne peut pas acquérir avec
certitude la faveur de a contemplation, on peut la désirer, se préparer à la
recevoir, en écartant les obstacles qui l’empêcheraient d’arriver jusqu’à nous
; on peut même la demander, sans aucun orgueil et sans aucune présomption.
Certes, si toute contemplation avait le caractère du miracle, les saints
auraient pensé et paré autrement. Ils auraient partagé le sentiment de
Rodriguez qui dit encore : « Non seulement on ne saurait bien exprimer ce que
c’est que l’oraison, ni l’enseigner aux autres, mais personne même ne doit
chercher à s’y élever si dieu lui-même ne l’y élève, parce qu’autrement ce
serait un sentiment d’orgueil et de présomption par lequel on mériterait d’être
privé de la grâce de l’oraison ordinaire et de demeurer entièrement à sec. » (
La perfection chrétienne. Loct. Cit.)
Évidemment Rodriguez se trompe, car un grand nombre de saints placés par
l’Église sur les autels, et quantité de savants personnages mort en odeur de
sainteté ont enseigné le mysticisme( Voir chapitre XXII). De tels auteurs étant
incapables de nous donner de mauvais conseils, nous pouvons étudier sans
crainte leurs enseignements. Nous le devons même par respect pour eux et par
respect pour dieu, sous le regard de qui ils ont composé leurs pieux ouvrages.
On peut en être certain, si ces livres étaient dangereux ou simplement
inutiles, jamais ils ne seraient sortis de la plume d’aucun saint.
Quelques mystiques ont pensé rendre leurs enseignements plus précis, en
cherchant dans le grec et le latin des termes savants qui fixeraient clairement
leurs pensées. C’est le procédé reçu en beaucoup de sciences. Mais la tentative
de ces mystiques a été tournée en ridicule et elle n’a pas réussi. Rodriguez se
moque de ces auteurs.
Écoutons-le :
« Après tout, dit-il, ces anagogies mystérieuses, ces transformations de l’âme,
ce silence de toutes les facultés, cet anéantissement , cette union immédiate,
cette profondeur de Thaulière et tous les autres termes de cette nature, que
veulent-ils dire ? Quelqu’un y comprend-il quelque chose ? pour Moi, j’avoue
franchement que je n’y comprends rien. Il y a même cette différence , disent
très bien quelques-uns, entre cette science divine et les autres sciences, que
dans les autres, avant de les acquérir, il faut en entendre les termes, au lieu
que dans celle-ci, on n’en entend point les termes, jusqu’à ce qu’on la possède
parfaitement. Dans les autres, la théorie précède la pratique. Dans celle-ci, la
pratique marche devant la théorie. » (ibidem)
Si Rodriguez n’a rien compris au langage des mystiques ; si d’autres lecteurs
n’ont pas réussi à le comprendre mieux que lui, est-ce bien la faute des
auteurs quiont enseigné cette science ? il y a sans doute, dans le mysticisme,
certains phénomènes dont l’expérience donne seule une intelligence parfaite,
nous en reparlerons plus tard. La connaissance de ces phénomènes ressemble aux
connaissances qui nous arrivent par le goût, part l’odorat et par les autres sens.
Si, avant d’avoir mangé un fruit, on ne peut pas connaître parfaitement la
saveur, on peut néanmoins en savoir quelque chose en croyant ce que disent ceux
qui l’ont mangé. Il suffit de bien comprendre le sens de leurs paroles.
Il en est de même à l’école des mystiques. Mais il est nécessaire de faire ici
une observation importante. En condamnant les auteurs mystiques à écarter les
termes savants empruntés au grec ou au latin, en les obligeant à se servir des
termes usités dans la langue vulgaire, on les a forcés à donner à ces termes
une signification spéciale qui réponde exactement à leur pensée. Il est donc
indispensable, quand on lit ces auteurs, de chercher d’abord le sens qu’ils
attachent à certains mots.
Ainsi saint jean de la Croix, tout le long de ses œuvres, ne cesse d’attribuer
l’union divine à la foi, à l’espérance et à la charité. Mais il ne parle pas de
la foi qui médite en détail les vérités de la révélation, il parle de la foi
générale et obscure qui contemple Dieu en lui-même. La charité à son tour
commence bien à nous unir à dieu chaque fois que nous conformons notre volonté
à la sienne par l’observation de ses commandements. Toutefois, l’union divine
complète exige un mouvement de notre cœur qui nous élève directement jusqu’à
dieu pour l’aimer et nous reposer dans son sein. C’est ainsi que nous trouvons
la paix intérieure avec une conformité parfaite de notre volonté à la volonté
divine.
Telle est la signification spéciale donnée par saint jean de la croix aux trois
vertus théologales. Si on oublie ce point capital, on expose à lire les œuvres
du saint sans y rien comprendre. Mais si, quand il parle de la foi, on entend
la foi générale et obscure qui contemple Dieu présent dans notre âme ; si on
attache la même signification générale aux mots espérance et charité, alors la
doctrine du saint devient très compréhensible. On ne peut l’admirer, la goûter
et la mettre en pratique.
Pour éviter à nos lecteurs des méprises regrettables, nous allons préciser le
sens de diverses expressions qui reviennent souvent sous notre plume.
Voici par exemple une de nos propositions : « Dans l’oraison de foi, Dieu ne
donne rien aux facultés intellectuelles et sensibles. Il offre uniquement la
grâce de la prière à la volonté. »
On se méprendrait gravement si, d’après cette proposition, on nous faisait dire
que la volonté, dans la contemplation, agit sans aucun secours de
l’intelligence. Elle est privée du concours des facultés intellectuelles
inférieures ; elle prie sans demander aucune connaissance aux sens, à
l’imagination, ni même à la raison. Mais elle conserve l’usage de
l’intelligence supérieure ou cime de l’esprit. C’est là que se produit l’acte
de foi obscure à la présence intime de Dieu, comme nous avons besoin de le
rappeler souvent, et c’est là aussi qu’aboutissent les connaissances
expérimentales des perfections divines produites par l’amour dont la volonté
est embrasée.
Expliquons ceci par une comparaison. Vous vous trouvez la nuit au milieu des
ténèbres les plus épaisses, dans un endroit où il vous est rigoureusement
interdit de parler. Tout à coup, un ami, se rapprochant de vous sans bruit,
vous embrasse tendrement et vous dit à l’oreille : « C’est moi. » - La caresse
de cet ami produit aussitôt dans votre esprit la certitude de sa présence, et elle
remplit votre cœur de sentiments d’affection. Mais c’est tout. Vous n’ouvrirez
pas les yeux pour le voir, puisque vous êtes dans les ténèbres. Vous
n’engagerez pas la conversation avec lui, puisque le silence vous est commandé.
Vous vous contenterez de lui rendre ses embrassements. Là se borneront les
actes de votre intelligence et de votre volonté.
Eh bien ! dans l’oraison de foi, Dieu fait sentir sa présence à notre âme de la
même manière. D’après saint Jean de la Croix, il le fait par un contact des
substances, sans images (voir ch. IX). Comme l’embrassement de cet ami, un
pareil contact donne à l’esprit la certitude de la présence divine et il
enflamme d’amour la volonté par la grâce de Dieu. Elles restent dans les
ténèbres et dans le vide. Ne recevant rien, elles ne coopèrent pas à la prière.
La volonté seule est existée directement à prier par l’attouchement divin.
L’activité de l’âme se concentre dans les hauteurs de l’esprit et de la
volonté. Pendant ce temps, les facultés inférieures de l’âme ne sont pas dans
un état passif, puisque la grâce de Dieu n’y met rien. Elles sont abandonnées à
leur état naturel. Si une âme a bien pratiqué la mortification intérieure, ces
facultés pourront rester calmes durant la contemplation qui deviendra alors très
facile et très douce. Si, au contraire, on s’est abandonné à diverses
immortifications, les facultés inférieures en auront ressenti une agitation qui
troublera l’oraison de foi, la rendant aride et pénible, surtout quand le démon
vient la agiter en peu plus.
Quand à l’intelligence supérieure et à la volonté, la grâce de la prière leur
est donnée avec modération, comme elle est donnée aux facultés intérieures
quand Dieu nous invite à méditer. Pour correspondre à cette grâce, durant la
contemplation obscure, la cime de l’esprit doit renouveler de temps en temps
l’acte de foi à la présence de Dieu, et la volonté doit se maintenir dans
l’amour par des actes tout spirituels dont nous parlerons plus tard. Il y a
donc là une activité spirituelle d’une extrême simplicité qui ne ressemble en
rien aux opérations des facultés intellectuelles et sensibles, telles qu’on les
fait dans la méditation et dans l’oraison affective.
Souvent, pour la rapidité du discours, les mystiques désignent d’un seul mot
les actes de la contemplation, les attribuant soit à la volonté, soit à
l’esprit. Mais, en se contentant de nommer une faculté, ils sous-entendent
toujours celle dont ils ne parlent pas. C’est au lecteur de s’en souvenir, s’il
ne veut pas se méprendre sur leurs enseignements.
Nous devons nous expliquer aussi sur le sens des mots naturel, commun,
ordinaire, que nous employons souvent, en parlant de l’oraison de foi.
Dans le langage théologien, le mot naturel . Il signifie tout ce qui ne dépasse
pas les forces de la nature. Les actes accomplis par esprit de foi, avec le
secours de la grâce, sont au contraire surnaturels. Comme nous sommes appelés à
mener une vie de foi, une vie surnaturelle, nous avons reçu à cet effet, avec
la grâce sanctifiante, les vertus infuses et les dons du Saint-Esprit. Dieu
nous donne encore la grâce actuelle qui nous aide , soit à prier, soit à faire
des actes de vertu. Mais nous l’avons dit au chapitre III, nous recevons les
vertus infuses et les dons du saint-Esprit à l’état de germes délicats. Ils ont
besoin d’être fortifiés et développés par ‘exercice. Quand une âme courageuse
pratique fréquemment des actes de vertus infuses, elle acquiert une grande
facilité à les produire ; Elle en prend l’habitude et finit par les accomplir
sans effort, sans avoir besoin de s’y préparer par la réflexion. L’habitude, on
le sait, est une seconde nature. Par conséquent, on peut dire de cette âme
qu’elle fait naturellement des actes surnaturels. Il n’y a aucune contradiction
dans cette manière de parler. Pourquoi ? Parce que le mot naturellement
signifie alors facilement, et pas autre chose.
Ainsi, nous le verrons plus bas, au chapitre XIV, d’après saint Jean de la
croix, quand une âme a pris l’habitude de la contemplation obscure, elle la
fait à son gré. Au commencement, il lui fallait de l’attention pour ne pas se
tromper sur la nature de ses impressions intérieures, afin de discerner avec
certitude celles qui venaient du Saint-Esprit. Elle avait aussi besoin de
courage pour suivre l’attrait d’une grâce toute nouvelle qui lui causait de
l’étonnement. Peu à peu, l’habitude a supprimé ces hésitations et ces efforts.
Puisque l’habitude est une seconde nature, quand on a contracté celle de la
contemplation, cette oraison devient pour ainsi dire naturelle. Arrivée à cet
ta, une âme contemple à son gré et sans effort, comme elle pratique
naturellement des actes d’humilité, de douceur et de toute autres vertu
surnaturelle.
Nous venons de prononcer le mot ordinaire. Quand nous disons de la
contemplation, considérée en elle-même, dans son essence, qu’elle est une
oraison ordinaire, c’est pour marquer sa différence des oraisons miraculeuses
qui seules sont vraiment extraordinaires.
Si, au lieu d’envisager la contemplation dans sa nature, nous considérons les
personnes qui la pratiquent, force est bien de reconnaître que le nombre des
contemplatifs est rare. Mais ici encore, la contemplation reste ordinaire et
commence du côté de Dieu qui accorde facilement cette grâce aux âmes de bonne
volonté. Si elle est, non pas une grâce extraordinaire, mais un fait
extraordinaire, cela vient uniquement du côté des hommes qui, hélas ! répondent
rarement aux appels de la bonté divine. Il en est alors de la contemplation
comme de l’eucharistie. Dans les régions où peu de personnes communient, ce
n’est pas la faute de Dieu qui ordonne à tout le monde de communier, c’est la
faute des chrétiens qui résistent à ses invitations et à ses ordres.
Ajoutons une dernière explication sur les mots « prière et oraison » prière est
le mot générique. Il signifie toute espèce d’élévation de l’âme à Dieu, qu’elle
soit intérieure ou extérieure, courte ou longue, orale ou mentale, privée ou
publique, etc. Oraison est pris pour indiquer seulement la prière mentale d’une
certaine longueur. Si l’oraison est très courte, si elle n’exprime qu’un
mouvement rapide de notre âme vers Dieu, on l’appelle oraison jaculatoire.
L’oraison est divisée en outre en plusieurs espèces qui prennent un nom
particulier. On a ainsi la méditation, l’oraison affective et la contemplation.
Nous avons donné pour titre à notre livre : Science de la Prière, parce que
nous exposons des règles générales qui s’appliquent à toutes les manières de
prier.
Nous rions le lecteur de faire grande attention à ce que nous venons de dire
dans ce chapitre. En gardant le souvenir du sens précis que nous attachons à
certains termes fréquemment employés dans notre livre, il n’aura aucune peine
pour comprendre les enseignements des Saints sur la prière. Nous allons
continuer à la exposer aussi clairement que possible. ( Sur la contemplation
acquise, ordinaire, souhaitable et ne sortant pas des voies communes de la
sainteté, et sur la contemplation infuse à la fois dans sa substance et dans
ses modes (visions, révélations, extases), il n’y a pas seulement une
différence de degré, mais une différence de nature. On lira avec profit sur ce
sujet le beau livre du P. Alexandrin de la Ciotat : Le parfait dénuement de
l’âme contemplative. […] La contemplation infuse, décrite ici par le P. Ludovic
demeure dans les voies ordinaires de la sainteté, car elle n’est infuse que
dans sa substance, et non dans ses modes.)
|
LUMEN GENSIUM LEONCE GRATTEPANCHE |
L’Église Corps Mystique du Christ
:
Les pères du Concile reprennent la théologie paulinienne et développent l’un
des thèmes majeurs de saint Paul à partir duquel il fondent les fondements
théologiques de l’Église en tant qu’institution :
(Le Fils de
Dieu, dans la nature humaine qu'il s'est unie, a racheté l'homme en triomphant
de la mort par sa mort et sa résurrection, et il l'a transformé en une créature
nouvelle ( Ainsi donc, si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création
: ce qui est ancien a passé, voici qu’a paru du nouveau.2Co 5,17). En effet, en
communiquant son Esprit à ses frères, qu'il rassemblait de toutes les nations,
il a fait d'eux, mystiquement, comme son Corps.)
Sacrement du Baptême qui fait de nous un corps nouveau, car il nous incorpore
par la foi et en efficience à la nature nouvelle du Corps du Christ. Nous
devenons membres de son Corps par l’Esprit, comme notre doigt est dans l’unité
de notre propre corps.
(Dans ce
corps, la vie du Christ se répand dans les croyants que les sacrements, d'une
manière mystérieuse et réelle, unissent au Christ souffrant et glorifié(6). Par
le baptême, en effet, nous sommes rendus semblables au Christ: "Car nous
avons tous été baptisés en un seul Esprit pour n'être qu'un seul corps"
(1Co 12,13). Par ce rite sacré est signifiée et réalisée l'union avec la mort
et la résurrection du Christ. "Nous avons été mis au tombeau avec lui par
le baptême qui nous plonge en sa mort", et "si nous sommes devenus
avec lui un même être par une mort semblable à la sienne, nous le serons aussi
par une semblable résurrection" (Rm 6,4-5). Participant réellement au
Corps du Seigneur dans la fraction du pain eucharistique, nous sommes élevés à
la communion avec lui et entre nous. Puisqu'il n'y a qu'un seul pain, à nous
tous nous ne formons qu'un corps, car tous nous avons part à ce pain
unique" (1Co 10,17) Nous devenons ainsi les membres de ce corps (cf. 1Co
12,27) "étant chacun pour sa part membres les uns des autres" (Rm
12,5).)
Le sacrement du baptême nous unit au Christ Sauveur par lequel nous constituons
son Corps mystique. (Le saint Baptême est le fondement de toute la vie
chrétienne, le porche de la vie dans l’esprit et la porte qui ouvre l’accès aux
autres sacrements. Par le Baptême nous sommes libérés du péché et régénérés
comme fils de Dieu, nous devenons membres du Christ et nous sommes incorporés à
l’Église et faits participants à sa mission : »Le Baptême est le sacrement de
la régénération par l’eau et dans la parole. »Cathé. De L’Eg.Catho. 1223)
Ce sacrement nous libère de l’emprise de Lucifer qui a un droit sur nous tant
que nous ne sommes pas renés dans la foi au Christ mais pas seulement, il nous
fait reconnaître comme fils par Dieu le Père à travers la mort et la
résurrection de son Fils Unique, Jésus-Christ ; c’est ce qui fait de nous les
membres de son Corps mystique. Toutefois, pour en demeurer un membre vivant et
continuer d’être reconnu comme fils adoptif par le Père des Cieux, il faut
recourir aux sacrements qui peuvent seuls nous maintenir vivants. ( Les
sacrements de la Loi nouvelle sont institués par le Christ et ils sont au nombre
de sept […] Les sept sacrements touchent touts les étapes et tous les moments
importants de la vie du chrétien : ils donnent naissance et croissance,
guérison et mission à la vie de foi des chrétiens. En cela il existe une
certaine ressemblance entre les étapes de la vie naturelle et les étapes de la
vie spirituelle. Ibidem : 1210)
(Mais comme
tous les membres du corps humain, malgré leur multiplicité, ne forment
cependant qu'un seul corps, ainsi les fidèles dans le Christ (cf. 1Co 12,12).
Dans le travail d'édification du Corps du Christ règne également une diversité
de membres et de fonctions. Unique est l'Esprit qui distribue ses dons variés
pour le bien de l'Église à la mesure de ses richesses et des exigences des
services (cf. 1Co 12,11). Parmi ces dons, la grâce accordée aux apôtres tient
la première place: l'Esprit lui-même soumet à leur autorité jusqu'aux
bénéficiaires des charismes (cf. 1Co 14). Le même Esprit qui est par lui-même
principe d'unité dans le corps où s'exerce sa vertu et où il réalise la
connexion intérieure des membres, produit et stimule entre les fidèles la
charité. Aussi un membre ne peut souffrir que tous les membres ne souffrent, un
membre ne peut être à l'honneur que tous les membres ne se réjouissent avec lui
(cf. 1Co 12,26).
Toute la diversité du genre humain qui est constitutive de l’humanité dans tous
les ensembles des peuples et nations, pour chacun de leurs membres baptisés,
constitue sans aucune exclusive le Corps mystique du Christ. Ainsi, le baptême
indifférent au faux concept de race, incorpore comme membre à part entière
chaque baptisé au Corps du Christ. Quelle que soit l’origine géographique,
culturelle du baptisé, celui-ci entre de plein droit comme membre du Corps
mystique du Christ, il est reconnu par Dieu le Père comme fils à travers son
Fils Unique. Le Corps mystique du Christ est comme un bijou très précieux
constitué de toutes les gemmes que la création recèle et maintenu dans leur
unité par l’amour de Charité.
Tout ce qui constitue sur Terre l’Église est le fruit de l’Esprit : la variété
des vocations, la variété des dons, tout procède de l’Esprit qui nous est
envoyé, communiqué par les sacrements dont le premier est le Baptême ; il ne
sert à rien de s’enorgueillir de tel ou tel don, tout nous est donné gratuitement.
Pour autant, Dieu peut envoyer l’Esprit - sans en demander l’autorisation aux
théologiens - où il veut et à qui il veut ; il l’adresse à des non-baptisés.
Les pères soulignent que le don des Apôtres est supérieur à tous les autres
dons dans l’ordre de la grâce, ce qui induit directement que les autres dons et
grâces lui sont soumis et sont ordonnés à la vie de l’Église. C’est donc au
discernement du Magistère d’authentifier le don spécifique de chacun, en
sachant que l’Esprit se moque bien des convenances sociales et sociologiques. [Il importe
de rappeler que ceux qui sont amenés à discerner doivent exercer cette délicate
charge dans un esprit ouvert avec les critères du Magistère tout en veillant à
ce que leur sensibilité ou leurs à priori parfois idéologiques ne viennent
troubler leur jugement.]
L’unité des membres dans la charité est telle que le corps tout entier souffre
de la souffrance d’un de ses membres et qu’il se réjouit de la joie de l’un
d’entre eux. [Ce passage
nous afflige beaucoup, car il nous faut témoigner que le plus grand des
scandales qui sévit dans l’Église actuellement est le manque récurant de
charité entre nous ; un manque abominable de charité, de solidarité qui est la
cause la plus criante de la désaffection de la pratique religieuse. Rien n’est
plus insupportable pour moi que de voir des pasteurs, des prêtres blesser la
charité du Corps du Christ pour des causes ou selon des principes douteux et
trop souvent illégitimes quand ils ne sont pas aberrants. Quelle justification certains
donneront lors de leur jugement pour certaines de leurs décisions touchant les
vocations, touchant les missions confiées à des laïcs, touchant de par et
d’autre les baptisés attachés à telle ou telle autre sensibilité liturgique ?
Je peux en témoigner,combien d’âmes massacrées à cause de décisions prises sur
des critères radicalement opposés à la Vérité, à la réalité des nécessités
pastorales, et dans des formes qui réclament justice au trône de Dieu.
J’entends encore la confidence de ce postulant au sacerdoce s’entendre
reprocher par le supérieur du séminaire : « … je vous reproche d’être !Elle fut
dite en présence de tiers à un postualnt qui résistait à un autoritarisme qui
bafouait les principes du fort interne et tout respect de la personne. »]
(De ce corps
le Christ est la tête. Il est l'image du Dieu invisible et en lui toutes choses
ont été crées. Il est antérieur à tous et l'univers subsiste en lui. Il est la
tête du corps qu'est l'Église. Il est Principe, premier-né d'entre les morts,
afin d'exercer en tout la primauté (cf. 1, 15-18). Sa grande puissance lui
donne domination sur les choses du ciel et celles de le terre et, par sa
perfection et son action souveraine, il comble des richesses de sa gloire le
corps tout entier (cf. Ep 1,18-23) (7).
Les pères du Saint Concile soulignent la place du Christ dans l’Église ; il en
est le fondateur et le Chef parce qu’il est antérieur à tout vivant, car tout
ce qui est créé, l’est en lui, il nous précède en tout. [ En effet,
on ne peut rejoindre quelqu’un ou quelque chose que si l’objet à rejoindre est
avant nous là où il est.] Il est la tête de l’Église, car l’Église est le don
que Dieu son Père lui fait en vue des mérites que son humanité s’est acquis
pour le Salut de tous. Il est facile de comprendre que chaque baptisé lui est
uni personnellement et de part la Charité, ce membre se trouve uni aux autres,
tous embarqués pour un unique voyage : contempler la Gloire Trinitaire et lui
devenir semblable.]
(Tous les
membres doivent se conformer à lui jusqu'à ce que le Christ soit formé en eux
(cf. Ga 4,19). C'est pourquoi nous sommes assumés dans les mystères de sa vie,
configurés à lui, associés à sa mort et à sa résurrection, en attendant de
l'être à son règne (cf. Ph 3,21 2Tm 2,11 Ep 2,6 Col 2,12 etc.). Encore en
pèlerinage sur la terre, mettant nos pas dans la trace des siens, à travers la
tribulation et la persécution, nous sommes associés à ses souffrances comme le
corps à la tête, unis à sa passion pour être unis à sa gloire (cf. Rm 8,17).
Nous devons être conformés au Christ ! C’est le programme de toute notre vie,
si nous voulons le rejoindre dans sa gloire. Ainsi, depuis l’origine, au
premier temps du temps, nous jouissons, à cause de l’appel qui nous fait être,
des fruits des mystères de sa vie divine et de sa vie humaine. De sa vie
divine, car avant qu’il ne prenne notre nature, nous vivions de son amour divin
qui est sis dans la Sainte Trinité et de sa vie humaine, car par une humilité
(kénose) vertigineuse, il s’est approprier notre nature humaine à l’exclusion
du péché. Dieu n’a jamais cessé de nous aimer et ne cessera jamais, car sa
nature est l’amour, hors l’amour est, il ne peut que se communiquer, il ne peut
qu’aimer et aimer toujours.
C’est pourquoi, nous ne craignons pas de lui être fidèles même si cette
fidélité apparaît inhumaine tant les épreuves que nous rencontrons peuvent nous
décourager, et le Malin s’en servir pour nous désespérer.
La nécessité de Salut qui nous amène à nous conformer au Christ produit des
nécessités spirituelles auxquelles certes, l’Église dans son Magistère répond,
mais il est évident que trop de ses membres sont peu soucieux d’aider les
fidèles à cette conformité indispensable pour vivre l’Union avec le Christ. [Cette
déficience prend parfois l’allure d’un abîme de désolations tant les appétits
spirituels sont ignorés quand ils ne sont pas combattus.]
(De lui
"le corps tout entier, par les ligaments et jointures, tire nourriture et
cohésion pour opérer sa croissance en Dieu" (Col 2,19). Dans son corps,
c'est-à-dire dans l'Eglise, il dispose continuellement les dons des ministères
par lesquels nous nous apportons mutuellement grâce à sa vertu, les services
nécessaires au salut, en sorte que, par la pratique d'une charité sincère nous
puissions grandir de toutes manières vers celui qui est notre tête (cf. Ep
4,11-16 grec).
Ce passage qui, sans entrer dans le détail de la vie spirituelle qui est ici
clairement référencée, confirme ce que j’en dis plus haut. Il importe que
l’Église réfléchisse à la nécessité de créer des centres de formation à la vie
d’union avec le Christ, soit sous la forme d’institutions nouvelles, soit en
s’appuyant sur la vie des communautés religieuses dont certains membres
pourraient à cette fin suivre une formation adaptée à cette demande en tenant
compte des bouleversements sociologiques et culturels. [On doit comprendre qu’il n’y a pas
d’opposition entre la vie spirituelle et la recherche de la grâce d’union et
les obligations pratiques dans la société ; on n’est pas d’un côté ou de l’autre
en terme d’opposition de vocation ou de don de l’Esprit. La vie contemplative
ou la vie apostolique dans ses divers aspects ne sont en aucune manière
antinomiques.] Il s’agit d’autre chose que de simples retraites où trop souvent on se
contente d’éclairer un aspect de la vie du Christ et de l’Église avec une
incitation à mettre sa vie dans la lumière de la Miséricorde non, il s’agit
d’autre chose qui peuvent s’insérer dans la retraite, il s’agit de former à la
prière, à la contemplation, à l’oraison ; c’est-à-dire à la recherche de la vie
d’Union avec Jésus qui est l’étape obligée pour tout baptisé en pèlerinage sur
cette Terre et dans ce temps. Cette formation contribuerait à faire revenir
dans le quotidien le plus élémentaire la Charité, l’Espérance et la Foi. C’est
dans cette perspective qui devrait être commune à tout catholique que source
l’élan d’une Nouvelle Évangélisation. [Il ne reste que celle- la puisque toutes les autres,
depuis le Concile, ont toutes été abusivement utilisées et dégradées avec les
fruits que l’on sait. Il nous faut des maîtres de spiritualité.]
(Pour que
nous puissions nous renouveler en lui sans cesse (cf. Ep 4,23 il nous fait part
de son Esprit qui, étant unique et le même dans la tête et dans les membres,
vivifie le corps entier, l'unifie et le meut, si bien que son action a pu être
comparée par les saints Pères à la fonction que remplit dans le corps humain le
principe de la vie, c'est-à-dire l'âme(8).)
Sans l’Esprit, l’Église ne pourrait survivre aux forces d’un monde dominé par
le péché et le mal. L’Esprit insuffle sans cesse la vie d’amour de la Sainte
Trinité ; c’est pourquoi nous devons veiller à ce que nos faiblesses ne nous
coupent jamais de l’unité vivifiante et salutaire du Corps du Christ. Il y a
deux fautes majeures dans la vie de l’âme : le refus de la Miséricorde et
produire des divisions, des ruptures dans le Corps du Christ. [ Les
relations entre membres d’un même corps doivent toujours être réfléchies dans
la lumière de la Charité, doivent toujours lui être ordonnées.]
(Le Christ
aime l'Église comme son épouse, se faisant le modèle de l'époux qui aime son
épouse comme son propre corps (cf. Ep 5,25-28). Quant à l'Église elle est
soumise à son chef (Ib. 23-24). "Puisqu'en lui habite corporellement toute
la plénitude de la divinité" (Col 2,9), il emplit de ses dons divins
l'Église qui est son corps et sa plénitude (cf. Ep 1,22-23) pour qu'elle tende
et parvienne à la plénitude totale de Dieu (cf. Ep 33,19).
Tous les schismatiques justifient leur séparation avec l’Église Catholique en
prétextant qu’elle-même a rompu avec le Christ Jésus, qu’elle ne fait donc plus
un avec lui. Pour peu qu’on étudie son histoire, on constate qu’il n’a jamais
manqué de volontés qui se soient vouées à sa destruction et, certains d’entre
eux le firent avec ingéniosité surtout parmi ses membres les plus éminents… Ils
ne sont parvenus qu’à ajouter de la souffrance, mais ils n’ont jamais atteint
leur but ; ô bien sûr ! ils l’ont affaiblie, ils lui ont rendu un grand
service, car au bout de ces épreuves, elle est toujours devenue plus humble.
Elle le deviendra totalement et dans un plus grand dépouillement. Sans doute
passera-t-elle par une perte totale d’influence sur la société, on en voit tous
les fondements et facteurs, ce sera alors l’heure de son intériorité. Les plus
belles pages de son livre sont à venir. Qu’importe la puissance de ce monde
contre elle, qu’importe les apostasies qui déjà sourdent en son sein, il y aura
toujours un petit reste qui maintiendra l’espérance dans le cœur des hommes.
Jésus Christ est l’époux de l’Église, il lui sera fidèle quelles que soient les
faiblesses de son humanité. L’Église sera présente à la consommation de toute
chose. Le baptisé n’a qu’une seule place aujourd’hui : gravir avec l’Église le
Golgotha pour se mettre avec elle au pied de la Croix tandis que d’autres de
leurs frères et sœurs seront appelés à se laisser fixer sur la Croix. [Il n’y a
aucune victoire pour l’Église, pour le Corps mystique du Christ Jésus qui ne
doivent obligatoirement passer par cette voie là… Délivrons-nous des honneurs
de ce monde, ils ne sont plus pour nous !]
ÊTRE UN INTELLECTUEL CATHOLIQUE
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UN ENTRETIENT IMAGINAIRE ENTRE PIERRE DESGRAUPES ET PIERRE-CHARLES AUBRIT SAINT POL |
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Desgraupes : « - Pourquoi Imaginaire, faites-vous allusion au Musée
Imaginaire de Malraux ?
Aubrit St Pol : - N’on pas à son merveilleux Musée mais à lui-même. Je
lui reconnais une grande intelligence et surtout, malgré ses erreurs, ses
choix, une honnêteté intellectuelle étonnante et une grande sincérité. C’est
homme ne cessa jamais d’être bouleversé par des intuitions si fortes qu’elles
pourraient bien être l’une des explications de tout ce qu’il fut. Ces
intuitions étaient des fulgurances brûlantes qui le consumaient. Il fait
parti de ces individus qui vécurent à côté de Dieu, ont eu le regard dans le
divin sans jamais s’en rendre compte.
Desgraupes : - Pourquoi cet intérêt pour lui ?
Aubrit St Pol : A cause de sa capacité à reconnaître ses erreurs et,
avec quel génie, il démontra l’illusion de la mystique révolutionnaire. Il
contribua radicalement à l’effondrement des idéologies. Nous lui en sommes
redevables. Il perçut, au-delà de ses misères, les grandeurs irréductibles de
l’homme ; il comprit que sa dignité valait tous les combats même si ses
engagements furent contestables. Sa résistance aux épreuves, sa maîtrise du
désespoir, sa capacité à rester debout, ont fait naître en moi un intérêt et
une affection sincère ; sa tragédie personnelle me le rendit proche. Il est
un authentique intellectuel et comme tout ceux de son espèce, il expérimenta
toute sa vie les abîmes des solitudes. Il fut une sorte de fiancé des
ténèbres de l’esprit mis au service de la vérité. Pour un intellectuel, la
vérité est une maîtresse dévorante qu’on ne peut que servir.
Et il y a un événement qui me le rend bien plus sympathique encore, c’est son
attitude envers Georges Bernanos. Ces deux esprits avaient une exigence
semblable : ils se sont laissés investir d’une rigueur intellectuelle admirable
; toutefois, je me demande s’il n’y avait pas plus d’affinités de tempérament
avec un Léon Blois. Bernanos et Malraux ont accepté de soumettre leur vie
intellectuelle à l’aune de la lumière naturelle pour André et à l’aune de la
lumière de la foi et de la doctrine catholique pour Georges. Ils témoignèrent
tous les deux d’une liberté intérieure sans équivalent. Je suis ému qu’André
Malraux fût l’un des rares intellectuels de sa génération à être présent aux
obsèques de Bernanos ; on n’y vit pas Mauriac !
Desgraupes : -Vous ne semblez guère avoir de sympathie pour Mauriac ?
Aubrit St Pol : J’admire son talent de romancier ; mais je déteste ce
qu’il fut en tant qu’intellectuel et son implication dans la politique mais
bien plus encore, son rôle malfaisant quant à son influence dans l’Église de
France. Il fut de ces esprits élitistes qui décidèrent de contrôler les
intellectuels catholiques, quittes à exclure ceux qui n’entraient pas dans leur
vision de l’Église. Il a contribué à réduire le champ d’action des
intellectuels catholiques de France dans les débats de la cité. Il est en
partie la cause que beaucoup d’entre eux, de grande qualité, se soient enfermés
dans des extrémismes ; il aura favorisé l’implantation des courants
idéologiques de la gauche en jouant abusivement sur son rôle dans la Résistance.
Il est aux antipodes de l’idée que je me fais de l’intellectuel en général et
surtout de l’intellectuel catholique. Il est vrai qu'il était membre du
courant libéral catholique, on sait où cela nous amenés. Certes, il quitta
le Sillon mais toute son action politique et intellectuelle montre que cette
obéissance ne fut pas suivie d’une remise en cause de sa vie intellectuelle, il
n’oeuvra pas à la conversion de son intelligence. Bernanos dans certains de ses
romans a parfaitement décrit ce genre de personnalité.
Desgraupes : - C’est une descente en flammes !
Aubrit St Pol : Qu’on me démontre mon erreur et je me corrigerai !
Desgraupes : - Parlons un peu de vous. Qui êtes-vous ? Quel est votre
parcours intellectuel ?
Aubrit St Pol : - Parlez de moi, c’est bizarre, ce n’est guère dans les
usages de la vie intellectuelle ! Je suis né à Lille, dans un milieu pauvre
quoique issue d’une famille réunissant toutes les classes sociales et les
niveaux de vie. Je descends d’un des plus anciens lignages de France. Mon
enfance fut très éprouvée, avec le temps et la grâce de Dieu ces souffrances me
furent une école terrible mais fructueuse. Dieu permet des épreuves à la
limite de la raison mais il me faut croire qu’il ne m’abandonna pas, car je
jouis étrangement d’un solide équilibre. C’est une grâce inexplicable. Je ne
comprends pas comment j’ai pu me sortir d’années d’enfance qui ne furent qu’une
longue période de tortures mentales, affectives et physiques ? Mes parents
divorcèrent. On m’a privé de mon enfance pour me plonger dans le monde
effrayant et noir des adultes dont je me méfie toujours.
Desgraupes : - Leur avez-vous pardonnés ?
Aubrit St Pol : - Cette grâce du pardon me fut donnée dans la grâce de
conversion. Le mariage de mes parents fut arrangé, alors qu’aucun d’eux n’était
fait pour cet engagement. On maria deux immatures, ce fut une erreur fatale
pour eux-mêmes et leurs enfants. Il n’est pas dans la nature blessée de l’homme
de pardonner, c’est une grâce qu’il faut demander, elle fait partie des
facteurs intérieurs qui tendent au dépouillement, à la pauvreté de l’esprit. La
grâce du pardon émane directement du rayonnement de la Croix de Jésus.
C’est une grâce qui transforme la souffrance en force de délivrance.
Desgraupes : - Vous semblez attacher de l’importance aux racines de la
génération de l’homme, pourquoi ?
Aubrit St Pol : - La société vit depuis l’après guerre une culpabilité
outrancière parce qu’injustifiée. Ma génération l’est davantage à cause des
évènements particulièrement médiocres de l’an 68 ! Une culpabilité qui poussa
ma génération à tourner le dos à tout ce qui la fit être, elle voulut être une
sorte de génération spontanée ; ce n’était pas là une libération mais bien une
aliénation tragique. La découverte de mes racines familiales fut parallèle
à la prise de conscience de mon identité de Français, d’Européen, de membre de
l’humanité. Ces racines se découvrirent à moi dans la progression de ma
conversion comme si Dieu m’aidait à une guérison intérieure autant par sa grâce
que par une connaissance objective de mon identité. La découverte de ses
racines ou leur prise en conscience constitue un apport important à
l’affirmation de son identité et à l’équilibre structurel de la personnalité. On
ne naît pas de rien ; on a un héritage moral, spirituel, historique, affectif,
physique qui imprègne notre potentiel génétique et contribue à l’élaboration de
la personnalité originale. Cette conscience historique de notre
personnalité est nécessaire pour survivre dans une société qui s’effondre sur
elle-même dans la simultanéité du grossissement de son orgueil. Il est
indispensable d’être le fils de son père !...
Desgraupes : - Quel est votre parcours intellectuel ?
Aubrit St Pol : - Je n’ai pour tout diplôme que le Certificat d’Études
Primaires. J’ai fait de très mauvaises études parce que je rejetais toute forme
d’autorité, car je la reliais au monde des adultes envers qui je ne parvenais
pas à faire confiance. A part des personnalités d’exception, les adultes ont
longtemps fait partie de mes terreurs, de mes angoisses, ils furent longtemps
associés aux peurs du lendemain. Rien de juste ne me semblait pouvoir venir
d’eux ; ce monde ne m’était d’aucune sécurité. Beaucoup de ceux qui eurent à
exercer une autorité sur moi, en dehors de ma parenté, ajoutèrent à la
souffrance quotidienne que je devais affronter. Les maîtres qui eurent la
mission de former mon esprit beaucoup d’entre eux pratiquèrent sur moi les
violences physiques ou morales même chez les prêtres. De Lille, après un séjour
à l’orphelinat d’Arnéke, je fus emmené à La Couture, village du Pas de Calais ;
je fus d’abord scolarisé au Touré puis au cœur du village et retour au Touré.
Dans ces deux écoles primaires publiques, je subis avec d’autres, nous les
pauvres, des brimades qui aujourd’hui enclencheraient des poursuites
judiciaires, surtout à l’école attenante à la mairie, en face de l’église. Elle
était sous la responsabilité d’un couple d’instituteurs, les Flamands, l’épouse
était un monstre de violence, d’humiliation ; pour obtenir sa bienveillance, il
fallait être riche ! Lui apporter des fleurs, des fruits, des victuailles que
nous ne pouvions fournir. J’ai en mémoire des scènes de violences contre moi ou
d’autres de mes camarades épouvantables et nous ne pouvions rien dire. Moi je
ne pouvais me plaindre ni auprès de ma mère ni mon beau-père, car c’était alors
une autre occasion de recevoir des coups après ceux reçus sans justification de
cette maîtresse. Il me faudra attendre d’être scolarisé à Douai, l’école
primaire de la rue du Kiosque, pour que je découvre des maîtres respectueux
de leurs élèves : je me souviens de M. Rousseau et M. Garnier je crois. Ce
dernier avait été interné dans les camps nazis, il se dégageait de ce maître un
amour, une bonté dont je ne connaissais pas l’expérience. M. Rousseau était de
cette même qualité, des maîtres soucieux de notre formation et d’un respect que
je ne recevais pas chez moi. Ils furent les détonateurs de ma vie
intellectuelle qui commença par la découverte du plaisir de la lecture. J’ai
découvert la lecture dans l’année de mes douze ans avec Alexandre Dumas et
Balzac puis Hugo. Je passais mon certificat à Lille, à l’école Monge. Après,
j’entrais dans la vie active, car je me sentais coupable de poursuivre des
études et je pensais gagner enfin le respect de mon entourage par une vie
professionnelle. J’y ai perdu ma santé. Alors que je venais de m’engager dans
la marine nationale, je fus précipité dans la maladie à Lourdes, ce fut le
début d’une très lente construction de mon être. C’est en soins, au Centre
Hélio Marin de Vallauris, que je repris goût aux études. J’entrepris des cours
par correspondance jusqu’au niveau bac. J’avais un appétit de connaissances que
je comblais dans un grand désordre. C’est lors de mon séjour au séminaire de
Paray le Moniale que j’appris à structurer ma vie intellectuelle, dans un temps
très court, grâce à l’influence du Père Henri Macé. La fréquentation d’un
saint chasse bien des ombres.
Desgraupes : - Ne regrettez-vous pas de ne posséder aucun diplôme
universitaire ?
Aubrit St Pol : - J’en ai souffert surtout au début de ma conversion,
car il ne manqua jamais un esprit bienveillant pour me le rappeler !... On se
fit un plaisir d’essayer de me culpabiliser, qui pouvait se douter de mon
parcours ? Cette attitude s’explique par les préjugés sociaux et le besoin de
certains milieux de se protéger de l’intrus qui ose franchir les limites
réservées à un complexe élitiste. Maintenant, je suis convaincu que ce fut une
des dispositions de la Providence et, je n’éprouve aucun complexe, surtout
quand je vois l’usage tragi-comique que certains hauts diplômés et
intellectuels font de leur formation. C’est une grâce, car je n’ai pas été
déformé, mon intelligence n’a pas été corrompue par des systèmes de pensée et
surtout par aucune idéologie. Quant aux lacunes de connaissances, elles me
balisent la voie de l’humilité et je les comble au fur et à mesure de mes
nécessités. C’est aussi la raison pour laquelle je me sens si proche de Malraux,
Bernanos, Léon Blois. Je m’amuse souvent des prétentions des esprits
bienfaits et surdiplômés, la plupart du temps ce sont des esprits contrefaits
tant leur vanité et leur orgueil les gonflent.
Desgraupes : - Qu’est-ce pour vous la vie intellectuelle ?
Aubrit St Pol : - Un intellectuel n’est pas exclusivement un amas de
connaissances livresques ni une succession de diplômes ; beaucoup de diplômés
actuellement ne sont guère de vrais intellectuels. Il y a de moins en moins
d’esprits capables de poser les bases d’un concept même dès plus simple. Si
la connaissance est nécessaire en terme de savoir, il y faut aussi l’expérience
d’un vécu pour y parvenir, il ne faut pas trop protéger un enfant ; la
souffrance est une nécessité à expérimenter. L’intellectuel est celui qui
apprend sur lui-même autant qu’il apprend du monde et sur le monde extérieur. Tous
les érudits ne sont pas des intellectuels, tous les intellectuels ne sont pas
nécessairement des diplômés de grandes écoles. J’aurai tendance à dire que pour
être un vrai intellectuel mieux vaut éviter les grandes écoles. L’université
est le lieu le plus approprié pour l’éclosion de la vie intellectuelle. Ma
grand-mère maternelle interrompit ses études à l’âge de 12 ans, je peux vous
dire qu’elle avait un esprit d’analyse et une souplesse de raisonnement qui
valait bien certains de nos intellectuels très en vue. Un intellectuel est
quelqu’un qui s’engage à témoigner d’abord de la vérité : la perception de la
vérité peut être de deux ordres, soit elle est naturelle, objective, soit elle
est surnaturelle, religieuse, cette dernière ne peut se séparer de la
précédente, alors que la première peut ignorer la vérité révélée. Mais une
chose est certaine, l’intellectuel témoigne autant qu’il le peut de la vérité,
c’est une obligation morale.
Desgraupes : - Que pensez-vous de la vie intellectuelle en France en
général et dans l’Église de France ?
Aubrit St Pol : Avant de vous répondre, je veux préciser ma pensée sur
la connaissance. J’ai une admiration certaine pour les savants et pour ceux qui
ne cessent de se cultiver pour enrichir le débat intellectuel. Je suis
admiratif des esprits qui sont des maîtres et se considérer comme des élèves ;
quel que puisse être par ailleurs leur engagement, leur conviction, ces
esprits là m’enchantent, me ravissent. Car l’homme de la quête sait que sa
vie sur Terre ne la conclura jamais, ce sont donc des esprits humbles, pauvres…
Des quêteurs de vérité ! Qu’importe pour moi qu’ils soient croyants ou pas, car
cette quête là rejoindra toujours Dieu. J’émets une réserve, c’est envers ceux
qui s’engagent dans une structure idéologique, s’y laissent enfermer ; c’est un
engagement de contre valeur et la preuve de leur immaturité, ils ont besoin de
se sentir à l’abri. Ils ne sont pas d’authentiques aventuriers de l’esprit.
Pour revenir à votre question, les tenants actuels du pouvoir intellectuel
en France, surtout ceux issus de la génération 68, sont d’une affligeante
médiocrité et d’une hypocrisie vertigineuse.
Je suis tenté de vous dire : j’arrête là ma réponse sur ce sujet, car la
médiocrité, l’indigence morale dans leur vie intellectuelle ne méritent aucun
commentaire ; que voulez-vous, j’aime à croire que l’indigence, l’absence de
vertu dans la vie intellectuelle produisent des inexistants, on ne commente pas
ce qui n’existe pas.
Le malheur est qu’ils veulent encore donner le la à la vie intellectuelle et,
ce faisant, ils contrôlent les éditions, la liberté universitaire et les
espaces médiatiques. On peut d’ailleurs observer à ce sujet, que plus un
intellectuel est réputé, plus il occupe le champ médiatique et moins sa qualité
intellectuelle est évidente. La France se donne plusieurs générations
d’intellectuels comme la monarchie se donnait des aristocrates ; nos
nouveaux aristocrates sont des intellectuels médiatiques pour la plupart
d’entre eux, ils n’ont que les espaces médiatiques pour apanages ! Ils
rassurent !
Desgraupes : - Vous êtes très sévères ! Pourquoi tant de sévérité ?
Iriez-vous sur un plateau ?
Aubrit St Pol : - Les besoins, les attentes d’un contenu intellectuel,
d’un discours intellectuel sont immenses dans nos sociétés en pleine décadence
de l’esprit ; et ces intellectuels là ne répondent pas à ces attentes ! Ils ne
veulent pas remettre en cause les repères, les normes qui les font vivre. Quand
ils parlent, c’est toujours dans le sens de l’émotion, dans le sens des
appétits bas. Ils agissent en prédateurs de l’esprit ; ils sont les Pétrone de
nos jours, le génie en moins. Observez comme leurs sourires sont tristes,
la vie leur fait peur ! Ils n’existent que dans l’émotion et l’affect du peuple
; ils ne prendront pas le risque de s’affronter à lui. Ils veulent rester
populaires ! Ils épousent des causes justes certes comme les droits de l’homme
ici ou ailleurs mais ce sont des portes ouvertes ; ils ne font que prendre le
fleuve en marche, ils ne créent pas un mouvement. Par contre, ils ont l’art de
créer des opinions ou de les surligner, car ils se sentent obligés d’entrer
dans l’opinion qu’ils suscitent pour que le peuple les regarde plus qu’il ne
les entend. Leur discours est davantage une image qu’un propos à moins que
le discours flatte leur image. Ils s’auto-régénèrent grâce aux médias et
ceux-ci se revivifient grâce à ceux-là.
Je crois qu’en l’état des médias, on ne m’invite jamais sur un plateau et ce
n’est guère la place d’un intellectuel ; ce sont aux médias de venir à lui. Si
toutefois j’étais invité, je demanderai d’être en présence des philosophes
modernes, Bernard Henry-Lévi entre autre et quelques autres représentants les «
intellos des variétés ». Ce me serait une gourmandise irrésistible, je ferai
sauter l’audimat et je m’amuserai bien ; j’ai une excellente mémoire et je me
sens complètement libre. Je pense à certains sentencieux qui sévissent sur
des plateaux d’amuseurs et qui ont construits leur carrière en « chiant » sur
les catholiques et l’Église, sur le Pape, leur zèle s’exprima à loisir sur
certaines radios nationales ; pour ceux-là, je leur réserve un sort
particulièrement gourmand.
Actuellement, l’intellectuel ne doit que très peu se produire sur les médias,
il doit se couler dans le silence pour attirer l’attention des esprits qui
recherchent un accompagnateur marginal ; ce n’est possible que si on accepte de
considérer le diplôme comme une nécessité pratique pas comme une fin en soi.
Une telle prise de conscience permet un dépassement pour entreprendre la quête…
Il n’y a pas d’âge pour une telle démarche.
L‘intellectuel est celui qui éclaire le pas de l’homme, il n’a pas à rechercher
le pouvoir, la seule autorité dont il doit user est celle en lien avec la
matière qu’il maîtrise le mieux. Il ne peut en être autrement, car il a aussi
la charge d’alerter les consciences. Le service de la vérité exige de servir
pas de commander.
Desgraupes : - Quel est pour vous le rôle de l’intellectuel dans la cité
?
Aubrit St Pol : - C’est une question délicate. Il doit savoir qu’il
entre dans une voie où il n’y a aucune assurance, aucune sécurité, car il n’est
pas là pour plaire ni pour être aimé mais pour témoigner de la vérité
indifférent aux qualités des personnes, à leur rang, il ne peut être un
flatteur. Il doit veiller jalousement à sa liberté de conscience aussi bien
qu’à celle de son mouvement, car il a plus souvent à dire non que oui ! Son
propos est de toujours éclairer l’acte et le pas de l’homme dans le respect de
celui qui veut bien l’écouter. Il ne doit appartenir à aucun parti
politique, il ne devrait pas s’aliéner à des idéologies. S’il veut aider à
l’accroissement de la liberté chez l’élève, il ne peut entrer dans un carcan
qui tend à restreindre cette liberté ou alors ce n’est pas vraiment un
intellectuel. Il n’est plus obéissant à la vérité quel qu’elle soit. Il est un
analyste et un contemplateur de l’acte de l’homme qu’il doit accueillir dans toute
sa vérité. Un intellectuel est un homme de solitude sans laquelle il ne peut
atteindre aucune maturité.
Desgraupes : - Que dites-vous des intellectuels catholiques ?
Aubrit St Pol : - Je vous ai défini ce que pour moi devrait être un
intellectuel, je le redis pour un intellectuel catholique avec la certitude que
c’est une obligation qui entre dans l’Économie du Salut. Elle est rédemptrice
pour lui et ses frères. Un intellectuel catholique doit servir deux fois la
vérité et doit lui obéir sans hésitation.
Desgraupes : - Vous êtes en accord avec le pape Benoît XVI qui disait
qu’obéir à la vérité c’est retrouver assurément la liberté ?
Aubrit St Pol : - Bien certainement, je suis d’accord. Je me suis réjoui
de cette parole et de tant d’autres ; elle a contribué à renforcer ma liberté.
Mon expérience de l’Église m’oblige à dire que plus j’avance dans son amour
maternel et paternel et plus je me sens libre. Je n’éprouve plus cette
pesanteur institutionnelle qui au début de ma conversion pesait lourdement en
moi. Un intellectuel catholique doit rechercher la vie d’union avec le
Christ qui est le seul moyen pour qu’il se sente consciemment membre du Corps
du Christ et que ce ne soit pas seulement une formule confortable.
La vie intellectuelle est une ascèse naturellement, elle l’est bien
davantage pour un chrétien. Elle doit devenir une aventure intérieure,
spirituelle et comme toutes les aventures, elle ne comporte aucune certitude,
ce n’est pas en elle qu’il faut chercher son confort ni y trouver de quoi se
rassurer… Si vous êtes dans cet état, alors allez rejoindre l’extérieur, ceux
du commun des diplômés de la médiocrité.
Il n’y a que très peu de vrais intellectuels catholique en l’Église de France
et bien peu d’entre eux ont le désir de prendre tous les risques y compris de
se fâcher avec la hiérarchie. Nous, les intellectuels catholiques souffrons
beaucoup de l’ambiance qui règne dans notre Église de France. Elle est
éprouvante, malsaine. On le ressent bien quand on fréquente les maisons
d’éditions, il y règne une dictature du conformisme soit de gauche, soit de
droite, on n’y trouve aucune liberté évangélique. C’est un milieu mal
élevé, sans charité, violent intérieurement et bien moins cultivé qu’on ne le
pense. Plus que partout ailleurs, on y sent la compromission avec l’esprit
du monde et une absence quasi-totale de courage intellectuel. Il ne s’y
trouve aucune liberté d’esprit. Ils veulent tous contrôler le pouvoir
intellectuel, ce n’est pas mieux que dans les autres mondes de la vie
culturelle, tout y bouclé avec des serrures rouillées, corrodées et corrosives.
En France, il ne faut se faire aucune illusion, nous subissons dans toutes les
institutions y compris religieuses, le triomphe et la dictature de la
médiocrité. La France glisse dans un effondrement qui sera proche du Ve au XIe
siècles. Les points de résistance se forgent dans la marginalité, ils ne
peuvent être qu’en dehors des institutions. Les intellectuels au cœur de la
cité des hommes sont des ermites du désert. (À suivre…)
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LA CIRCONCISION SIGNE DE L'ALLIANCE.. ANNONCE DE LA NAISSANCE D'ISAAC... DÉSIRE WASSON |
Ch. XVII
Ce passage
concerne l’histoire de la Seconde Alliance que Dieu contracte avec l’humanité.
1- La Première Alliance concernait Noé, le représentant d’un petit reste, à
partir duquel, Dieu essaimera une inquiétude métaphysique : « Dieu dit à Noé et
à ses fils : « Et moi,
voici que j’établis mon Alliance avec vous et avec votre descendance après
vous, et avec tous les êtres vivants qui sont avec vous : […], et il n’y aura
plus de déluge pour détruire la terre. » (Gen. 9, 8-11) ; la lignée
de Noé devient une communauté particulière par laquelle va se transmettre un
appétit du divin plus raisonné ainsi qu’une certaine remise en ordre de l’humanité
selon la loi morale naturelle. Nous l’avons méditée, la symbolique de cette
Alliance annonce déjà le Salut, l’Église. Elle était une promesse dans laquelle
pouvait se loger l’homme pour y maintenir une dignité dont il n’a pas encore la
pleine conscience. Il lui faut attendre Jésus : « Le Père éternel par la disposition
absolument libre et mystérieuse de sa sagesse et de sa bonté a créé l'univers ;
il a décidé d'élever les hommes à la communion de sa vie divine ; après leur
chute en Adam, il ne les a pas abandonnés, leur apportant sans cesse les
secours salutaires, en considération du Christ rédempteur, "qui est
l'image du Dieu invisible, premier-né de toute la création" (Col 1,15).
Tous ceux qu'il a choisis, le Père, avant tous les siècles, les "a distingués
et prédestinés à reproduire l'image de son Fils pour qu'il soit le premier-né
parmi une multitude de frères" (Rm 8,29). Et tous ceux qui croient au
Christ, il a voulu les appeler à former la sainte Église qui, annoncée en
figure dès l'origine du monde, merveilleusement préparée dans l'histoire du
peuple d'Israël et dans l'ancienne Alliance(1), établie enfin dans ces temps
qui sont les derniers, s'est manifestée grâce à l'effusion de l'Esprit-Saint
et, au terme des siècles, se consommera dans la gloire. Alors, comme on peut le
lire dans les saints Pères, tous les justes depuis Adam, "depuis Abel le
juste jusqu'au dernier élu"(2) se trouveront rassemblés auprès du Père
dans l'Église universelle. » (Lumen Gentium n°2)
2- La Seconde Alliance que Dieu contracte avec Abraham est d’abord la
confirmation de son élection et celle de sa postérité légitime à une vocation
spécifique qui est, par sa vie, de témoigner de sa foi en un Dieu unique. Elle
est également une obligation pour l’homme d’entrer dans une vie morale
perfectionnée sous le regard de Dieu, il lui est perpétuellement rattaché.
« Quand
Abram fut âgé de quatre-vingt-dix-neuf ans, Yahvé apparut à Abram et lui dit :
« Je suis El-Chaddaï ; marche devant moi et sois parfait. Je mettrai mon
alliance entre moi et toi, et je te multiplierai à l’extrême. » (Gn. 17, 1-2)
Ces versets sont répétitifs, ils marquent le choix de Dieu quant à l’élection
d’Abram et de sa descendance. Sa paternité universelle qu’éclaire l’Évangile
est également répétitive et l’on peut comprendre qu’il s’agit d’une paternité
spirituelle.
L’Alliance que Dieu s’apprête à contracter s’interpénètre avec la promesse
d’une descendance extrêmement nombreuse ce qui s’interprète non seulement comme
donnée matérielle mais aussi spirituelle ; cette alliance a une double nature
donc un double sens que n’avait pas celle contractée avec Noé même si elle
était grosse de la Promesse à venir que contient le prot-évangile : « Je mettrai
de l’inimitié entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance :
celle-ci te visera à la tête, et toi, tu la viseras au talon. » (Gen. 3, 15)
« Abram
tomba sur sa face, et Dieu lui parla en ces termes : « Voici que mon Alliance
est avec toi et tu deviendras père d’une multitude de nations. Et on ne
t’appellera plus du nom d’Abram ; ton nom sera Abraham, car je te fais père
d’une multitude de nations. Je te ferai fructifier à l’extrême ; je ferai de
toi des nations, et des rois sortiront de toi. J’établirai mon Alliance entre
moi et toi, et ta descendance après toi dans toutes ses générations, une
alliance perpétuelle, pour être ton Dieu et celui de ta descendance après toi.
Je te donnerai à toi et à ta descendance après toi le pas de tes
pérégrinations, tout le pays de Canaan, en propriété perpétuelle, et je serai
leur Dieu. »
(Gen. 17, 3-8)
Ce qui nous frappe de l’humanité d’Abraham, c’est sa profonde humilité mais
plus que cela, une humilité si humaine que c’est une soumission qui empêche
l’établissement d’une relation d’amitié avec Dieu qui établit pourtant une
relation d’une étonnante proximité. La qualité de cette relation est
prophétique, elle annonce la révolution spirituelle que produira l’Incarnation
du Verbe, cette prophétie se retrouvera dans la qualité intimiste de la
relation que Dieu établira avec Moïse au cours de laquelle, il révélera son NOM
béni soit-il !
Nous verrons plus loin que cette soumission pour admirable qu’elle soit a pour
nous chrétiens quelque chose d’incompatible avec notre sacrement baptismal.
Nous sommes à l’époque du bronze, époque où culturellement, on ne discute pas
avec les dieux, on s’y soumet. Le schéma d’éducation n’a rien à voir avec le
nôtre ; l’éducation morale est rudimentaire et Dieu, par cette Alliance,
commence celle de la descendance du patriarche, le chemin sera long.
Il ne faut pas s’y tromper, la foi d’Abraham pour aussi sincère qu’elle soit –
foi veut dire confiance – n’induit pas une pratique religieuse pure ni même une
culture ; et Abraham ne connaît pas la charité qui est une vertu théologale ce
qui explique donc son incapacité à établir une relation d’amitié avec Dieu que
Jésus commandera. Cette situation s’éclaire par le fait qu’Abraham ne connaît
pas l’écriture ou du moins, il ne sait pas écrire même si en Chaldée et en
Égypte, il en a vu la pratique : c’est un berger. Il est l’héritier d’une
tradition monothéiste très atténuée mais dont l’embryon demeure dans les gènes.
La tribu sémite dont il est issu est sans doute celle qui est la plus proche de
l’héritage spirituel des patriarches antédiluviens. (La preuve de cette fidélité à cet
héritage est dans le fait qu’il est nomade et qu’il le reste ; ce sera une
situation qui demeurera jusqu’à la sortie d’Égypte, seul Ésaü habitera comme et
chez les Cananéens ce qui le rejettera de la Promesse, car habiter dans la
cité, c’est obligatoirement croire et honorer ses dieux, Ésaü et sa descendance
deviendront païens.)
Cet héritage spirituel des patriarches est signifié par les récitatifs
généalogiques que l’on trouve dans l’Ancien Testament comme dans le Nouveau,
selon une tradition ancienne et très proche de celle des juifs religieux.(Certains
juifs religieux convertis au catholicisme garderont de leur tradition et
culture ce qui se rapporte le mieux à la pratique religieuse catholique, on a
eu tors de négliger leurs apports exégétiques et culturels religieux. Ils
contribuèrent au renouveau de la métaphysique chrétienne.) On peut
considérer la fidélité à cet héritage embryonnaire comme une grâce «
conservatoire » et dont Dieu se servira pour préparer le cœur et l’esprit
d’Abraham.
On comprend bien, grâce à la lumière de l’Évangile, que sa paternité dépasse
les lois de la génétique qu’il ne s’agit pas d’une simple descendance charnelle
et que la crispation raciale des juifs nés par la femme est une erreur d’interprétation,
on n’est moins fils d’Abraham par le sang que par la foi : « Je te
ferai fructifier à l’extrême ; je ferai de toi des nations, et des rois
sortiront de toi. »
La promesse de posséder perpétuellement la terre de Canaan est très troublante,
car nous savons bien que tout ce qui est dépendant de l’espace-temps est voué à
disparaître. Cette volonté de Dieu exprimait à Abraham, un engagement ferme,
explique sans doute pourquoi, aujourd’hui, il y a de nouveau un État Hébreu
qui, humainement est incompréhensible en terme de justice face aux
palestiniens. La mission d’Israël est accomplie avec l’Incarnation de Jésus, le
Messie attendu mais sa mission dans l’histoire de l’humanité n’est pas
totalement achevée ; ce peuple reste un instrument dans les mains de Dieu pour
le jugement des nations selon les lumières des Fins Dernières, les lumières de
l’eschatologie : ce peuple en tant que tel doit se convertir au Christ Jésus,
il doit se convertir en tant qu’État souverain. (On peut considérer à la lumière de
son histoire et celle des Fins Dernières que le peuple juif dans sa qualité
d’État d’Israël est le lieu où se réfléchit la conscience des nations ; en
effet, il semble bien qu’en son sein, et malgré la situation présente, la loi
morale naturelle pour elles, se réfléchisse au cœur du peuple juif.)
Le changement de nom d’Abram en Abraham et celui de Saraï en Sara scelle la
mission, l’appel – vocation – de ce couple hors du commun et marque de manière
définitive et historique l’entrée de Dieu dans l’agir de l’humanité ;
l’histoire humaine prend vraiment sens maintenant, dans ce pacte qui dépasse la
dimension du seul peuple de la Promesse. On peut considérer, toujours à la
lumière de l’Évangile, que ce pacte convoque l’humanité vers un lointain et si
proche rendez-vous, qu’elle y est convoquée dans toute sa longueur, hauteur et
largeur, une mesure qui la dépasse comme la dignité de l’homme dépasse au-delà
de toute mesure celle de son sujet.
« Dieu dit à
Abraham : « Et toi, tu observeras mon Alliance, toi et ta descendance après
toi, dans toutes ses générations. Et voici mon Alliance que vous observerez
entre moi et vous, et sa descendance après toi : tout mâle chez vous sera
circoncis. Vous serez circoncis dans la chair de votre prépuce, et ce sera le
signe de l’Alliance entre moi et vous. A l’âge de huit jours, tout mâle chez
vous sera circoncis, dans toutes vos générations. Qu’il soit né dans ta maison
ou acquis à prix d’argent de n’importe quel fils d’étranger qui n’est pas de ta
race, on devra circoncire le fils qui né dans ta maison et celui qui est acquis
de ton argent ; et mon Alliance dans votre chair sera une alliance perpétuelle.
L’incirconcis, le mâle qui n’aura pas été circoncis dans la chair de son
prépuce, cet homme-là sera retranché d’entre les siens : il a rompu mon
Alliance. (Gen. 17, 9-14)
Dieu pour la première fois donne un ordre à Abraham, il lui en avait déjà donné
un lors de sa sortie de la maison de son père Théra, qu’il aurait pu refuser ;
là, dans cette circonstance, cet ordre de Dieu est un aboutissement, il vient
après un développement presque intimiste entre Abraham et Lui, une bénédiction
pour une fidélité et une confiance déjà bien éprouvées. (La
circoncision était une pratique qui date d’avant Abraham, elle sanctionnait,
semble-t-il une initiation qui donnait droit au passage chez les adultes et
accès au mariage.)
Bizarrement, elle ne semble pas être pratiquée dans la tribu pastorale
d’Abraham, c’est une marque d’indépendance vis-à-vis de ce monde de l’âge de
bronze. C’est aussi ce qui rend le sens de cette demande si fort, si important,
ne fallait-il pas marquer spécifiquement un rite déjà pratiqué par d’autres
mais ici, il a un sens nouveau, une rupture. Il est à la fois solennel et
prophétique, ne donne-t-il pas sens à l’histoire et n’annonce-t-il pas les
sacrements à venir, celui du Baptême en particulier ? Il met à par la
descendance d’Abraham comme le baptême le fait pour le baptisé ; le baptisé est
à part dans le monde.
Tous les mâles qui habitent la maison de l’hébreu devront être circoncis quelle
que soit leur origine : esclave, étranger. S’il demeurent dans la maison, sous
la tente, ils devront être introduits dans l’Alliance donc reconnus comme
membres de la paternité d’Abraham. Ils seront eux aussi sa descendance. On
comprend bien alors, et toujours dans la lumière évangélique, que la
descendance d’Abraham s’étend à l’universel. L’élection du peuple hébreu est
éminemment de l’ordre du spirituel bien plus que de l’ordre de la chair, un
juif incroyant est aussi coupable de son incroyance que le baptisé athée. (Un juif qui
réduit son identité à la seule descendance charnelle d’Abraham a une
compréhension erronée de l’Alliance, ce n’est qu’un nationaliste sans âme.)
Il est dans la culture des juifs de considérer juif celui qui est né d’une mère
juive et qui est circoncis quand bien même le sujet serait athée. C’est une
vision raciale, voir raciste de l’Alliance, une compréhension hétérodoxe, elle
infeste la Révélation hébraïque par un présupposé idéologique et suscite des
intégrismes qui ont condamné Jésus à mort, qui ont produit les zélotes,
fanatiques politico-religieux au tant de l’occupation romaine. Il n’y a aucune
raison de s’affirmer juif si on a pas la foi, c’est un peu comme si un
unijambiste s’inscrit à une course à pieds.
Cet ordre de Dieu se conclut comme il a commencé, la perpétuation de l’Alliance
et de ses fruits, or le Christ en accomplissant la Promesse rend cette pratique
inutile. Le sens de perpétuelle chez Dieu n’est pas le même que chez l’homme à
moins qu’on considère le baptême comme la vraie circoncision et donc sa
perpétuation jusque dans le ciel de Dieu comme effet. Ainsi donc, l’Alliance
avec Dieu et Abraham ne se résume pas à une institution politico-sociale, elle
ne se résume pas du tout. En effet, une chose ne se résume que par elle-même et
en elle-même, alors que là, on le voit bien, la circoncision sanctionne un
pacte en vue de la réalisation de la Promesse, c’est donc la Promesse,
c’est-à-dire Jésus-Christ, le Verbe Incarné, le Fils de l’Homme qui accomplit
le sens profond de la circoncision, dans ce cas , la Promesse réalisée ne la
résume que parce qu’elle aboutit à la contemplation de Dieu sans voile : le
baptisé est promis à devenir semblable à Dieu. L’orgueil du peuple élu
l’aura aveuglé au point d’altérer gravement l’intelligence intérieure de
l’Alliance, Dieu peut le vouloir pour un bien supérieur qui est toujours
l’humilité si nécessaire pour aller au ciel. Le sein d’Abraham, dans la lumière
de l’accomplissement de la Promesse, est la contemplation de Dieu face à face.
« Dieu dit à
Abraham : « Saraï, ta femme, tu ne l’appelleras plus du nom de Saraï, mais son
nom est Sara. Je la bénirai, et même je te donnerai d’elle un fils. Je la
bénirai, et elle deviendra des nations ; des rois de peuples viendront d’elle.
» Abraham tomba sur sa face ; il rit, et il dit en son cœur : « Est-ce qu’à un
homme âgé de cent ans il peut naître un fils ? Sara, une femme âgée de
quatre-vingt-dix ans, peut-elle enfanter ? » Abraham dit à Dieu : « si
seulement Ismaël pouvait vivre devant ta face ! » Mais Dieu dit : Pas du tout !
c’est Sara, ta femme, qui t’enfantera un fils, et tu l’appelleras du nom
d’Isaac. J’établirai mon Alliance avec lui en alliance perpétuelle, pour être
son Dieu et celui de sa descendance après lui. Quant à Ismaël, je t’ai entendu.
Voici que je le bénis ; je le ferai fructifier et le multiplierai à l’extrême ;
il engendrera douze princes et je ferai de lui une grande nation. Mais mon
alliance, je l’établirai avec Isaac, que t’enfantera Sara, à cette époque l’an
prochain. » Ayant achevé de parler avec lui, Dieu remonta d’auprès d’Abraham. »
(Gen. 17, 15-22)
Ce qui nous frappe dans ce long entretien entre Dieu et Abraham c’est
l’intimité que Dieu établit avec son interlocuteur ; Dieu se laisse interroger comme
un proche, Abraham veut être rassuré : que veut ce Dieu qui n’a pas de Nom ?
Peut-on imaginer la scène, nous sommes à la fin du néolithique ! Situation
inouïe ! Une rupture culturelle, un choc psychologique ! On oublie
malheureusement trop souvent que le livre de la Genèse est le soubassement de
toute la Révélation Hébraïque et Chrétienne.
L’annonce d’un fils issu de sa chair est si déroutante qu’Abraham en rit :
comment cela se pourrait-il à son âge, ce Dieu est original ! Ce père aimant
semble avoir accepté de mourir sans descendance issue de lui et de Sara, il
propose à Dieu Ismaël, le fils issu de l’esclave de Sara et né sur ses genoux.
Cela prouve la soumission d’Abraham, Dieu corrige son erreur : ce n’est pas
Ismaël l’héritier de la Promesse ! La décision de Dieu est irrévocable et, déjà
se dessine l’histoire à venir et éclaire celle de notre époque. ( Un livre
paraîtra prochainement sur ce sujet de notre ami Arnaud Dumouch) La foi
d’Abraham méritera la bénédiction de Dieu sur Ismaël mais il n’est pas le fils
par qui la Promesse se fera. C’est Isaac, l’enfant du rire, qui hérite de
l’Alliance.)
« Abraham
prit Ismaël, son fils, tous ceux qui était nés dans sa maison, tous ceux qui
avaient été acquis de son argent – tous les mâles parmi les gens de la maison
d’ Abraham – et il circoncit la chair de leur prépuce, ce jour-là même, selon
ce que Dieu lui avait dit. Abraham était âgé de quatre-vingt-dix-neuf ans quand
il fut circoncis dans la chair de son prépuce. Ce jour-là même, furent
circoncis Abraham et Ismaël, son fils ; et tous les gens de sa maison, nés dans
la maison ou acquis à prix d’argent d’un fils d’étranger, furent circoncis avec
lui. » (Gen. 17, 23-27)
A cette époque là, il n’y avait pas d’anesthésiant, la souffrance s’est
ressentie, elle annonce celle de la Croix pour le Christ. L’Alliance était au
ciel avec Noé, avec Abraham, elle est dans la chair, elle est dans l’homme.
Dieu s’engage dans toute la réalité de l’humanité. Il la prend comme elle est
afin qu’elle devienne ce à quoi elle est appelée de toute éternité : devenir
semblable à Dieu, devenir son amie. La souffrance de la circoncision indique
qu’il faudra compter avec elle pour aller à ce rendez-vous céleste. On peut
dire qu’avec Abraham, le Salut devient une promesse active, introduite dans
l’histoire réelle, sanctionnée par la circoncision. C’est le début d’une
étonnante pédagogie divine qui ne cesse de nous émerveiller, sa contemplation
devrait aider bien des pédagogues, car la nature humaine n’a pas
fondamentalement changé… Ah ! si le bon sens et le courage pouvaient nous
étreindre aussi bien que l’exosmose produite par le rayonnement du ridicule…
UN HOMME - SES DROITS - SA DIGNITE
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POUR UN MONDE MEILLEUR Théodulfe Soplataris |
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DE LA CHINE - DES DROITS DE L'HOMME - DE L'ÉCONOMIE
La Chine est
un pays immense avec une population impressionnante qui n’a jamais connu un
mode démocratique de gouvernement. Il est évident qu’exiger des autorités
politiques chinoises l’établissement de la démocratie selon le schéma
occidental est un non-sens et une aberration intellectuelle qui pourrait faire
bouillonner la Mer de Chine. Gouverner un peuple aussi nombreux, composé
d'ethnies multiples avec des traditions religieuses aussi diverses que variées
exige, pour le bien commun, un principe d'autorité fort et stable. Imposer un
schéma occidental démocratique sans tenir compte des réalités multiples de ce
grand peuple est criminel, odieux, car c'est prendre le risque de provoquer des
conflits internes qui ne pourraient qu'être générateurs de drames sans fin et
affaiblir considérablement un pays pour lequel et dans l'intérêt du monde, il
faut de la stabilité.
Ce peuple n’a pas de culture démocratique, car depuis son unité et peut-être
même avant celle-ci, la notion de peuple est claquée sur celle de la famille.
Le peuple de l’Empire du Milieu est articulé selon la cellule de base : la
famille. Même si aujourd’hui, la famille chinoise en a pris un mauvais coup
avec les dispositions sur la natalité, le noyau psychologique et spirituel de
sa culture demeure la famille. Les concepts philosophiques de ce peuple sont
loin de nous ; le confucianisme, le bouddhisme et shintoïsme ne développent pas
à la façon occidentale les concepts de personne ni d'être.
Il n’est pas étonnant que les notions de personne et d’être soient ignorées
voire inconnue ; car chaque individu est membre de la grande famille, la
personne en tant qu’élément distinct et particulier n’est pas un concept
vraiment identifié. Cette situation s'est aggravée avec la dictature inhumaine du
communisme, exaspérant par ailleurs un nationalisme délicat à gérer et dont il
faut agréger à notre pensée quand nous avons à traiter avec ce peuple.
A cette situation se greffe un régime qui est aussi communiste que l’Avare
de Molières est généreux. Voici un pays officiellement communiste, en
plein essor économique qui est confronté à une recherche d'équilibre entre
l'expansion et les principes basiques de la justice sociale ; sa situation est
d'autant plus sensible que l'essor économique de la Chine est récent.
Le peuple chinois vit une situation bien connue en Occident, au XIXe siècle, le
triomphe délirant du capitalisme triomphant qui n’est pas libéral
officiellement mais qui en a toutes les perversités… Il nous a fallu 150 ans
pour réguler la complexité de l'économie et la justice sociale. Aujourd'hui,
l'Occident est à un carrefour du à la mondialisation, il est contraint de vivre
dans la réalité et non dans le rêve ou l'utopie d'une société égalitaire ce qui
est une perversion de la notion de justice.
On peut comprendre que l'on s'indigne pour les violations des droits de
l'homme, il y a sans doute des gens bien intentionnés et d'autres, certains
bien en vue qui sont de véritables farceurs tragiques. Ce qui se passe au
Tibet n'est guère acceptable du seul point de vue de la morale. Oui! mais
prenons le temps de nous regarder: De quel droit, donnons-nous des leçons de
morale, nous qui bafouons les fondements de la loi morale naturelle sur
laquelle s'est construite notre civilisation ? Nous ne manquons pas d'air !
Nous sommes des hypocrites et des immatures !
Certainement, il faut dénoncer les atteintes aux droits de l'homme à la dignité
de la personne, pour autant évitons de jouer les accusateurs publics. Nous
devons prendre et considérer la situation générale de ce grand peuple et les
particularismes pour ce qu'ils sont, dans leur réalité sans rien omettre de
l'histoire et de leur sociologie. Si nous cessions de les accuser, peut-être
serions-nous plus efficaces en les encourageant à réformer leur justice, pas
nécessairement en leur imposant de ne plus condamner à mort; il n'est pas
contraire au droit naturel ni à la loi morale naturelle de condamner et
d'exécuter un condamné qui s'est rendu coupable de faits passibles de cette
peine et dont la culpabilité est dûment établie. Le coupable est sensé
connaître la loi. Ce qui est en cause, c'est la nécessaire réforme de la
justice, et une liberté religieuse avec une articulation législative permettant
d'éviter et d'éradiquer les sectes. Prenons garde d'humilier la Chine et son
peuple. Ce n'est pas de sentences dont ils ont besoin non, ce dont ils leur
faut ce sont des amis qui sachent les convaincre que la modernisation
économique passe par la modernisation des moeurs en tenant compte de leur
culture.
Certainement le peuple Tibétain mérite un profond respect; il ne réclame pas
l'indépendance, il veut une vie religieuse libre et le respect de sa culture
propre; pourquoi ne pas lui accorder ? Et l'on pourrait aider le gouvernement
dans ce sens si on cessait de l'accuser.
Le peuple chinois doit retrouver les racines qui l'ont aidé à se faire, il lui
faut du temps après cinquante ans de pure dictature communiste.
Le Comité International Olympique est responsable de tout ce désordre. Il
ne devait pas retenir aussi rapidement la candidature de la Chine, il devait
attendre que la situation intérieure s'améliore. Il y a longtemps que ce
Comité a perdu tout crédibilité morale ; il devient une sorte de godillot
des ombres, incapable d'honneur ni de grandeur! Il dissimule ses
compromissions, ses lâchetés derrière le règlement ! Les membres de ce
Comité ne dérogent pas au poids écrasant de la médiocrité, il est vrai qu'on
aime en faire son confort.
Les États occidentaux sont pris eux aussi au piège de leur manque de courage et
de leur effondrement dans l'affectif, dans le torrent de dégueulis des bons
sentiments. Il est vrai, qu'ils ne sont guère aidés par les intellectuels, qui
s'en étonnerait !
Nous avons eu droit au renfort de M. Mélenchon qui est aussi franc et
tolérant que les maisons closes de jadis ! Ce monsieur a quelque chose de
navrant et de cocasse, il remplace avec un certain bonheur Georges Marchais, le
clown tragique de la Gauche, pour la droite c'est fait, on s'y bouscule, la
figure dominante est M. Bayrou qui s'en étonnerait ! Dans ce rôle,
Mélenchon va nous donner du spectacle, il paraît, qu'il y a beaucoup de
candidats, faisons confiance à madame Royal, M. Hollande qu'on aimerait voir
râpé ! L'avenir est riche de promesses !
Nos gouvernants sont confrontés à la réalité des impératifs économiques, la
Chine s'éveille, pourquoi devrions-nous nous endormir ? Faisons confiance au
pragmatisme du néo-libéralisme; il faut bien que les tapis se vendent.
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LA VIE DES MOTS Pierre-Charles Aubrit Saint Pol |
Le relativisme s’introduit dans la foi de l’Église par l’usage d’une
terminologie rassurante, si rassurante…
Sur le chemin qui nous menait ma femme et moi vers la liturgie dominicale qui
avait pour thème la résurrection de Lazare, l’un des tous derniers miracles de
Jésus avant sa propre Résurrection, je réfléchissais au thème de cette
chronique. Il me fut donné par le prêtre lors de son prêche qui est trop
souvent long ce qui lui fait perdre de sa force. Parlant de la résurrection de
Lazare, il nous dit préférer le terme « réanimation » à celui de résurrection
qui est pourtant d’une rigoureuse exactitude scientifique, théologique et
scripturaire. Je fus surpris et peiné d’entendre cela de ce prêtre de bonne
doctrine.
( Réanimation vient du mot âme issu de la racine indo-européenne : «
ane-» qui signifie « souffle vital » qui donna en grec : « anemos », « le vent
» et qui en latin se traduit par : « anima », « souffle vital » ; cette racine
donna en latin : « animus » qui signifie animal qui, au sens générique, indique
tout être animé d’où le mot animal.
« Anima » par extension donna « esprit » - « soupir » pour désigner le principe
pensant., ce qui n’existe que chez l’homme dans l’ordre animal et c’est ce qui
lui confère l’intelligence.
Le terme réanimation désigne le retour à l’animation du corps animal ;
c’est ainsi que l’usage médical désigne la « réanimation » comme un acte de
secours porté sur le corps physique de l’être vivant sans considération pour
l’âme. Il s’agit donc de faire repartir les fonctions vitales d’un corps
momentanément interrompues et qui n’est pas encore cliniquement reconnu ni
déclaré mort. )
La réanimation s’applique à la jeune fille dont le Christ dit : « Cette enfant
n’est pas morte, elle dort. »
Voyons maintenant le terme « résurrection ».
( Le mot « résurrection » vient de « citer » d’une racine indo-européenne
: « kei- ki- » qui signifie « mouvoir ». Cette racine donna en grec : « kineîn
» - mouvoir – « kinêma, -atos et kinêsis » - mouvement - « kinêtikos » - qui
agite - ; en latin le mot devient : « ciere, citus » - mettre en mouvement –
faire venir à soi ce qui donna « citer », « appeler hors de » et enfin : «
resuscitare » - réveiller, faire revivre.
Le mot « résurrection » s’apparente également à « sou » de la racine
indo-européenne : « sal-, sol-« qui signifie « entier, massif », il donna en
bas latin « sollicitudo » qui signifie : « déranger, troubler » )
Le mot résurrection a donc pour sens l’évènement qui dérange un corps mort dans
son entier qui le trouble dans son état.
« Il dit
cela, après quoi il leur dit : « Lazare, notre ami, repose ; mais je vais aller
le réveiller. » Les disciples lui dirent donc : « Seigneur, s’il repose, il
sera sauvé. » Jésus avait parlé de sa mort, mais ils pensèrent , eux, qu’il
parlait du repos du sommeil. Alors donc Jésus leur dit ouvertement : « Lazare
est mort, et je me réjouis pour vous de n’avoir pas été là, afin que vous
croyiez ; mais allons vers lui. » Thomas, appelé Didyme, dit donc aux autres
disciples : « Allons, nous aussi, pour mourir avec lui ! »
Étant donc venu, Jésus trouva [Lazare] depuis quatre jours déjà au tombeau. […]
Marthe, la sœur du trépassé, lui dit : « Seigneur, il sent déjà : c’est le
quatrième jour. » Jean, XI.
Nous sommes bien en présence d’une mort clinique, reconnue pour telle ; le
corps est sans vie, désigné comme cadavre, car voilà quatre jours qu’il est
enseveli dans le tombeau. Certain, qu’à l’époque de Jésus il n’existait pas de
tente à oxygène ; Marthe a raison de s’inquiéter de l’odeur du cadavre qui a du
se répandre dans la tombe. Il est donc tout à fait impossible de recourir à une
réanimation, technique médicale de premiers secours inconnue à cette époque.
Jésus, les apôtres et toute l’assistance devant le tombeau est bien en présence
d’un cadavre de quatre jours qui sent. Lazare est mort, il n’a plus le souffle
vital.
Le fait que Jésus rappelle, dérange ce corps mort pour lui redonner la vie,
pour faire revenir l’âme de Lazare dans son corps en putréfaction qualifie cet
évènement inimaginable de « résurrection » et non de réanimation.
La résurrection de Lazare reste une résurrection provisoire alors que celle de
Jésus est une résurrection dans laquelle le corps est glorieux, sa nature a
changé.
Dans l’épisode de la résurrection de Lazare, substituer le mot « résurrection
par celui de réanimation » est tout à la fois une erreur scientifique « il sent
», une erreur étymologique, une erreur scripturaire et exégétique enfin ; il
s’agit bel et bien d’une erreur théologique puisque la racine de « réanimation
» indique bien qu’il s’agit de faire repartir immédiatement un corps
momentanément sans vie – une crise cardiaque -, cette erreur peut rejaillir sur
la Résurrection définitive de Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme.
Les causes d’une terminologie corrompue nous les connaissons, elles ont pour
origine l’une des multiples conséquences de la crise moderniste, elles ont pour
objet l’altération de la foi par l’introduction d’un concept psycho-idéologique
que Benoît XVI qualifie avec précision de « RELATIVISME » :
Combien de
vents de la doctrine avons-nous connus au cours des dernières décennies,
combien de courants idéologiques, combien de modes de la pensée... La petite
barque de la pensée de nombreux chrétiens a été souvent ballottée par ces
vagues - jetée d'un extrême à l'autre: du marxisme au libéralisme , jusqu'au
libertinisme ; du collectivisme à l'individualisme radical ; de l'athéisme à un
vague mysticisme religieux; de l'agnosticisme au syncrétisme et ainsi de suite.
Chaque jour naissent de nouvelles sectes et se réalise ce que dit saint Paul à
propos de l'imposture des hommes, de l'astuce qui tend à les induire en erreur
(cf. Ep 4, 14). Posséder une foi claire, selon le Credo de l'Église, est souvent
défini comme du fondamentalisme . Tandis que le relativisme , c'est-à-dire se
laisser entraîner "à tout vent de la doctrine", apparaît comme
l'unique attitude à la hauteur de l'époque actuelle. L'on est en train de
mettre sur pied une dictature du relativisme qui ne reconnaît rien comme
définitif et qui donne comme mesure ultime uniquement son propre ego et ses
désirs. Tiré du site ami : Eucharistie Sacrement de Miséricorde. (extrait du
discours qu’il prononça à l’ouverture du conclave, le 18 avril 2005)
Je ne doute pas de la foi de ce prêtre en la Résurrection de Jésus-Christ et je
suis convaincu qu’il usa de ce terme sans vraiment réfléchir aux conséquences
possibles dans le domaine de la pédagogie de la foi. Le vœux d’obéissance dans
l’Église englobe également d’accepter la Doctrine dans son intégrité et de la
transmettre pareillement. Il faut se garder d’user d’une terminologie qui peut
porter préjudice au Corps du Christ et altérer l’intelligence du contenu de la
foi. La charité envers les fidèles commande de s’accoler à la doctrine comme
un couple s’accole l’un à l’autre. Si on peut, dans le domaine de la
recherche, revisiter les termes, les définitions, il est conforme aux
impératifs de la charité de ne point en user en dehors des spécialistes à moins
que le Magistère en ait confirmé l’orthodoxie. ( Il s’agit ici d’une controverse
étymologique aux résonances doctrinales.)
C’est par
des moyens parfaitement mis au point par d’éminents spécialistes de la
corruption que se distille le relativisme dans la foi ; il s’agit de techniques
séduisantes appareillées dans des discours très bien construits. Le lecteur
ingère des éléments disséminés dans le discours sans se douter qu’il se laisse
corrompre et ce faisant, contamine le Corps du Christ en toute bonne foi.
Il est bien entendu ici qu’il s’agit de mettre en évidence l’une des manières
dont se diffuse le relativisme dans l'Eglise, en aucune façon, il est question
d’une attaque contre ce prêtre que j’estime et affectionne.
Dans La
Lettre précédente, nous traitâmes du regard et de l’action de regarder et de
voir.
Nous abordons ici le sens de l’ouïe avec deux verbes : écouter et entendre.
( Le mot « oreille » provient d’une racine indo-européenne : « ous » ; en
grec « ôtos » et en latin « aus, auris, auricula » ce qui donna le verbe «
auscultare » : l’action d’écouter avec attention. La même racine latine donna
dans le sens d’action d’écouter les mots « espion et écouteur » ; en anglais
ces mots dérivent en « scout ou boy-scout : garçon éclaireur. » )
L’oreille désigne un élément du corps lié aux sens et dont la fonction est
d’écouter avec attention.
Le verbe entendre indique une disposition passive ; on subit préalablement le
bruit qui vient se loger dans l’oreille sans qu’on veuille l’écouter. C’est
dans un second temps que l’on décide d’apporter notre attention ou de la
refuser au bruit qui se répand jusqu’à notre oreille ; on décide alors
d’écouter ou de ne pas écouter.
Entendre n’est que le premier stade de la réception ordinaire de notre ouïe, ce
n’est qu’après réflexion sur ce bruit que l’on décide d’écouter, c’est-à-dire
que notre intelligence devient active, que notre oreille devient instrument
choisi pour comprendre ou d’essayer de comprendre le bruit que perçoit notre oreille.
Le caractère passif d’entendre est confirmé par l’usage que l’on fait avec
l’expression « ouï-dire » qui signifie que l’on a entendu sans plus d’attention
tel bruit sans certitude de la source, ni sur l’objet que l’on devine
toutefois…
Entendre est une action subie qui n’engage que superficiellement la
responsabilité morale, sauf si on décide de faire usage de ce que l’on aura
attendu sans le vouloir mais écouté avec attention. L’une des déviances du fait
passif d’entendre est la rumeur : la rumeur est souvent le fait d’une action
vraie déformée par la répétition et la distance dans le temps ; elle a pour les
propagateurs une valeur morale, la plupart du temps négative. Les politiques,
les économistes, les stratèges la manient avec facilité et raffinement… La
rumeur devient manipulation et désinformation, sa valeur morale s’accroît trop
souvent en mal.
Il en est tout autrement de l’action d’écouter, d’ouïr, c’est si vrai que de ce
verbe on en fera le verbe « obéir » ; on obéit à ce qu’on écoute ou on
désobéit. Ainsi, se trouve associée à l’action d’écouter celle d’obéir ou de
désobéir ; ouïr ou écouter, nous oblige à une attention morale et pour
nous chrétiens à une attention spirituelle.
« Et à
l’homme il dit : « Parce que tu as écouté la voix de ta femme et que tu as
mangé… » (Gn. 3, 17)
Écouter, fut
ici un acte de désobéissance d’une portée cosmique. Adam écouta et décida… Et
cela lui fut tenu pour injustice ! Car dans sa décision d’écouter, il s’engagea
en valeur morale et spirituelle…
« Yahvé dit
: « Qu’as-tu fait ? Écoute le sang de ton frère crier vers moi du sol ! » (Gn.
4, 10)
Dieu invite Caïn à écouter non à entendre ; il s’agit de porter attention sur
l’appel à la pitié de son frère Abel et de ses cris de douleurs physiques et
d’angoisse quant à entrer dans le royaume des ombres. Dieu contraint Caïn
d’écouter afin que le remords tenaille sa conscience morale concernant l’acte
définitif qu’il décida contre son frère. L’écoute de la conscience peut être
insupportable, elle désespère l’orgueilleux, mais excite la repentance de
l’humble… Écouter est alors une sanction de justice, le début de la réparation
de la faute…
En justice, on auditionne les témoins et les coupables, on apporte une
attention légale, l’écoute devient l’allier du bras de justice…
Dans la Sainte Bible, les rédacteurs utilisèrent 627 fois le verbe écouter au
présent de l’indicatif. On observe qu’il est utilisé dans trois directions :
l’ordre : « Moïse
convoqua tout Israël, et il leur dit : « Écoute, Israël, les décrets et les
règles que j’énonce à vos oreilles aujourd’hui ; … » (Dt. 5, 1) L’oreille
est bien ici sollicitée comme instrument d’écoute, instrument d’attention à ce
qu’on entend de Dieu. Le verbe écouter est ici ordre et enseignement !
La seconde direction est celle du rappel, ce n’est plus Dieu qui donne ses
ordres, mais ses serviteurs qui rappellent le peuple à l’ordre de Dieu : «
Écoutez-moi, judéens et habitants de Jérusalem, croyez en Yahvé, votre Dieu, et
vous subsisterez, croyez en ses prophètes, et vous réussirez. » (2 Ch. 20, 22)
; il s’agit
presque d’une rééducation de l’écoute, re-disposer l’oreille à l’écoute pour
obéir !
La troisième direction est celle de la supplication ; on demande à Dieu
d’écouter, de porter attention à la plainte qu’on élève vers lui : « Écoute,
Yahvé, ma juste cause, sois attentif à mon cri, prête l’oreille à ma prière qui
ne vient pas de lèvres trompeuses. » (Sp. 17, 1) Le suppliant interpelle Dieu ; Dieu
doit écouter, on lui demande son attention.
L’écoute demande de l’attention ; on écoute bien que dans le silence. Le
silence devient l’allié de celui qui parle ou de la source du bruit comme
de celui qui va au-delà d’entendre et écoute.
Mais le silence qu’est-il ?
( Silence n’a d’autre racine que latine « silere – se taire » qui donna
silentium puis, beaucoup plus tard « silentiosus – silencieux ». On ne lui
connaît pas de racine indo-européenne directe. Le mot silence apparaît au XIIe
siècle dans la catégorie des mots savants. )
Il semble que son concept soit lié étroitement à celui d’écouter, mais plus
encore à celui de la parole, du verbe. Il ne semble pas qu’il y ait quelque
chose approchant le concept du silence, du non-bruit ; peut-être parce
qu’instinctivement le silence en soit n’existe pas dans la réalité du monde créé
ni même dans les mondes de l’esprit : ciel ou enfer. Selon les lois physiques,
celles de la radio, des ondes, l’univers qui, à nos oreilles ordinaires
pourrait nous sembler silencieux, est rempli d’ondes radio qu’on ne perçoit
qu’avec des appareils très élaborés. L’homme ne semble avoir jamais conçu
l’idée du « non-bruit » et sa conception du silence n’est pas autonome, mais
liée étroitement à la parole, au verbe. Quand nous disons d’un endroit qu’il
est silencieux, nous disons qu’il est vide de bruits audibles, mais cela ne
signifie pas qu’il soit silencieux, sans bruit. Tout ce qui relève de la notion
d’espace, de temps et de volume est bruit que l’on perçoit plus ou moins. Pas
plus qu’il n’existe de note musicale absolue, pas plus il n’existe de silence
absolu, ni de bruit absolu.
Qu’est-ce qui fait que le silence soit si étroitement lié à la parole, au verbe
voire au bruit… Il est intéressant de savoir qu’on ne réclame le silence que
dans les lieux de vie et d’activités humaines ; il est impossible de commander
à la nature de se taire. On se promène en forêt, ce peut être silencieux,
silencieux par rapport au monde de l’homme mais pas au sens de « non-bruit ».
Le silence est donc bien lié à la parole, au verbe de l’homme, à son activité,
au Verbe de Dieu.
« Au
commencement la Parole était Dieu… » (Jn. I, 1) mais selon st Paul ce «
…mystère enveloppé de silence aux siècles éternels. » (Rom. XVI, 25) Il semble
que Dieu, dans le creusé de sa Sainte Trinité se soit réservé un temps de
secret, de maturation d’amour avant d’exprimer sa Parole alors que le Père
dévoilait ses pensées à Dieu le Fils, le Verbe. On peut donc relier le silence
à la Parole de Dieu et c’est peut être ce qui explique le concept de silence
sacral, de silence liturgique dans les temples ou quand un évènement majeur,
grave, survient. Le silence apparaît comme l’enveloppement de tout ce qui
débute, de tout ce qui commence, du commencement… La parole met en mouvement,
suscite, appelle… Mais tant qu’elle ne s’est pas exprimée, elle est comme dans
la chrysalide du silence qu’elle déchirera.
Nous voyons donc que l’écoute, la parole et le silence marchent de trinité.
La première expression de l’homme est la parole, c’est son premier moyen pour
s’exprimer ; on peut imaginer le tonnerre que fut la première parole que
l’homme et la femme prononcèrent dans le silence de la Création.
Le silence, la parole et l’écoute sont des puissances de l’esprit qui
favorisent le lien entre l’être de l’homme et l’Être de Dieu. Le silence
renferme, la parole, l'écoute dynamisent toute la Création…
BENOÎT - UNE VOIE POUR
NOTRE SIÈCLE
Benoît XVI Trois Années de Pontificat -
Une Voie Ouverte Pour Notre Siècle |
" Est ce qui est : obéir à la vérité pour
mieux servir la Charité."
|
Qui
pouvait succéder au Siège de Pierre après qu'il fut occupé par Jean-Paul II
le Grand ? Celui que l'Esprit Saint désignerait ! La réponse
était si simple que bien peu s'aventurèrent à la donner. Il désigna celui qui
avait tout fait pour ne pas l'être. |
Pierre-Charles Aubrit Saint Pol
" Tu es petrus "
Le pape est
chef de l'Église Catholique Apostolique parce qu'il est d'abord élu au
pontificat pour la ville de Rome ; c'est parce qu'il est évêque de Rome, qu'il
devient pape, qu'il succède à Pierre. Ainsi, qu'il soit prêtre ou non, les
cardinaux réunis en conclave élisent l'évêque de Rome. Ils élisent un
pasteur qui de ce fait devient le Pasteur universel. La charge pétrinienne
du pape est de "suivre" Jésus. Benoît XVI, en acceptant la
charge de Pasteur universel, accepte de suivre le Christ dans notre monde
actuel, dans les réalités de notre temps: " Enfin, ma pensée
– presque comme une onde qui se répand – va à tous les hommes de
notre temps, croyants et non croyants." ( ICI ) Le saint père poursuit en exposant
malgré lui l'obligation de salut pour tout baptisé et qu'il fait sienne: "Mon
véritable programme de gouvernement est de ne pas faire ma volonté, de ne pas
poursuivre mes idées, mais, avec toute l’Église, de me mettre à l’écoute de la
parole et de la volonté du Seigneur, et de me laisser guider par lui, de
manière que ce soit lui-même qui guide l’Église en cette heure de notre
histoire." (
ICI ) Le pape le sait, la voie de son
propre salut, quel que soit son état de vie, est celle de l'humilité, celle
d'une kénose en Jésus et en ses frères qu'il doit confirmer. Le Souverain
Pontife est le Serviteur des serviteurs du Christ Jésus. Faire la volonté de
Jésus, c'est accepter de reposer avec Lui au Mont des Oliviers, d'être giflé
dans le prétoire du monde, de gravir le Golgotha des incompréhensions, d'être
crucifié avec le doux Maître, car tout triomphe pour Dieu sur cette terre ne
peut être que dans le renoncement et dans le non-sens selon l'esprit du monde.
Depuis l'unité italienne, l'évêque de Rome a tout son temps pour n'être qu'au
service du Corps du Christ...
" Docteur universel de la foi "
Benoît XVI, dans son homélie durant la messe qui précède l'entrée en conclave,
révélait une lucidité sur l'état des esprits du monde qui tonne toujours,
aujourd'hui qu'il est notre pape, comme le tempo de son pontificat : " Nous ne devrions pas
rester des enfants dans la foi, dans un état de minorité. Et en quoi consiste
le fait d'être des enfants dans la foi? Saint Paul répond: " Ainsi
nous ne serons plus des enfants, nous ne nous laisserons plus ballotter et
emporter à tout vent de la doctrine " ( Ep 4, 14). Une description
très actuelle! " . Il était clair que Benoît XVI ne
tournerait pas le dos au cardinal qu'il fut, ce que ne manquèrent pas
souhaiter les médias qui rêvent d'un monde selon leurs images : l'art
d'enluminer le blasphème ! Il ne se départira pas de cette lucidité qui
s'accompagne d'une liberté intellectuelle plus forte sans aucun doute que celle
qui possédait son prédécesseur - l'urgence du pontificat précédent n'était pas
la même - : " Nous possédons, en revanche, une autre mesure:
le Fils de Dieu, l'homme véritable . C'est lui la mesure du véritable
humanisme. Une foi "adulte" ne suit pas les courants de la mode et
des dernières nouveautés; une foi adulte et mûre est une foi profondément
enracinée dans l'amitié avec le Christ . " Nous le savons maintenant,
Benoît XVI se veut le pape qui clôt définitivement les applications du Saint
Concile Vatican II. Il entend que l'esprit de ce Concile rayonne dans toute
l'Église de telle manière qu'on en termine avec les turbulences causées par des
importations de l'esprit du monde. Il commencera par le motu proprio.
" Docteur universel de la liturgie "
Benoît XVI veut corriger les abus nés de la réforme liturgique voulue par Paul
VI qui suivra pas à pas la rédaction du nouveau missel. Cette crise liturgique
conf. (ICI)
deviendra le lieu et l'enjeu d'une confrontation idéologique aux effets
dévastateurs, le regretté Paul VI décidera d'une application absolutiste de
cette réforme et, il faut bien le dire, sans prendre l'exacte mesure des
sensibilités et des souffrances de l'ensemble du Corps du Christ. Une
décision qui n'engagea pas l'infaillibilité ce qui permit à Jean Paul II de
commencer à corriger le tire avec un soucis évident de charité.
Benoît XVI réaffirme lors de son installation en tant qu'évêque de Rome son
principe légitime d'autorité: " «
Le pape n'est pas un souverain absolu, dont la pensée et la volonté font loi.
(…) La Chaire est (…) le symbole de l'autorité d'enseignement, qui est une
autorité d'obéissance et de service, afin que la Parole de Dieu — la vérité ! —
puisse resplendir parmi nous, en nous indiquant la route de la vie », affirmait
le pape Benoît XVI dans son homélie prononcée samedi dernier lors de son «
installation » comme évêque de Rome, à Saint-Jean-de-Latran."(ICI) La décision de libérer la dite
liturgie tridentine est prise dans la perspective de l'unité des chrétiens. Car comment
peut-on d'un côté tendre la main en vue de l'unité des chrétiens et négliger de
la tendre à nos frères catholiques attachés à une certaine tradition liturgique
et à une certaine culture traditionnelle. Comment pourrait-on continuer de
réclamer le respect des droits de l'homme et la liberté religieuse sans
l'appliquer au mieux dans sa maison ? Ceux qui s'opposèrent à cette décision
dont Mgr. Dagens et l'actuel archevêque de Toulouse firent preuve
d'insuffisance culturelle, d'ignorance historique sans précédent, d'infestation
idéologique ; ce qui révéla la nature encore très profonde de la crise en
l'Église de France, de son inféodation à des concepts sociaux culturels
hétérodoxes. Mais ce qui devait rendre cette polémique inacceptable c'était
: 1- le procès d'intention contre le pape ; 2- un prodigieux contre témoignage
de charité envers nos frères qui, à par une élite tout à fait insupportable,
souffrent toujours d'un sentiment objectif de rejet. L'application du motu
proprio reste très aléatoire où n'est pas absent une odeur légère d'hypocrisie.
L'introduction de ce document ne laisse aucun doute sur l'intention du pape: "
LES SOUVERAINS PONTIFES ont toujours veillé jusqu’à nos jours à ce que l’Église
du Christ offre à la divine Majesté un culte digne, « à la louange et à la
gloire de son nom » et « pour le bien de toute sa sainte Église ».
Depuis des temps immémoriaux et aussi à l’avenir, le principe à observer est
que «chaque Église particulière doit être en accord avec l’Église universelle,
non seulement quant à la doctrine de la foi et aux signes sacramentels, mais
aussi quant aux usages reçus universellement de la tradition apostolique
ininterrompue, qui sont à observer non seulement pour éviter des erreurs, mais
pour transmettre l’intégrité de la foi, parce que la lex orandi de
l’Église correspond à sa lex credendi » (1). Il est évident qu'en tendant cette
main aux traditionalistes et autres intégrismes, le pape veut non seulement
renforcer l'unité des catholiques intra muros mais également rassurer nos
frères orthodoxes sur l'attachement du Saint siège à la tradition vivante tant
que celle-ci n'offense pas la Charité. Dans une projection à moyen terme, le
pape prépare l'affirmation de l'autorité de Pierre dans le domaine de la
doctrine ce qui annonce des corrections doctrinales fortes.
" Principe visible d'unité "
L'unité de l'Église a toujours été une préoccupation pétrinienne depuis
l'origine de l'Église - elle est de son seul ressort -, chaque fois que
cette unité fut déchirée ce fut d'abord le fait initial de l'orgueil humain et
spirituel au sein même de l'Église. Les schismes majeurs ont toujours été la
réponse de Dieu à l'orgueil, car par-dessus tout Dieu veut son Corps du Christ
dans l'humilité, condition incontournable pour contempler sa Gloire dans
l'Éternité. La voie de l'unité est celle de l'humilité. Mais pour autant cette
voie-là ne saurait se distraire de l'exigence de la vérité alliée à la Charité.
Comme dans un second tonnerre, nous entendîmes ce que notre coeur et notre âme
désiraient entendre au-dessus de toutes les désharmonies du monde en
"verbiagé" sur le sujet de l'Oecuménisme.
Depuis l'inoubliable cérémonie de la repentance de l'an 2000 voulue et présidée
par Jean-Paul II le Grand, nous n'avions plus aucune raison de nourrir de
sentiments d'infériorité ni de culpabilité : être du Christ selon la foi
catholique nous libéré de toute humiliation illégitime, nous sommes des
humains debout et fiers de notre appartenance à l'Église.
Le pape libère une parole de vérité conforme à l'ecclésiologie : "les
courants nés de la Réforme ne sont pas des églises". L'affirmation de cette
vérité est le début d'une remise en ordre au sein même de certaines églises
nationales qui connaissent, envers les mouvements de la Réforme, des
situations hétérodoxes quand elles ne sont pas aberrantes et blessantes pour le
Corps du Christ. La confusion n'est pas le lieu où peut triompher la
Charité. Enfin, et malgré tous les efforts de son prédécesseur, le pape
reprenait la main sur ce sujet: : " Benoît XVI s’engageait solennellement en
disant: « Ici, justement, à Bari, cité qui conserve les reliques de saint
Nicolas, terre de rencontre et de dialogue avec nos frères chrétiens d’Orient,
je voudrais redire ma volonté d’assumer comme engagement fondamental de
travailler de toutes mes énergies à la reconstitution de l’unité pleine et
visible de tous les disciples du Christ. Je suis conscient que les
manifestations de bons sentiments ne suffisent pas. Il faut aujourd’hui des
gestes concrets qui entrent dans les âmes et bouleversent les consciences, en
appelant chacun à la conversion intérieure qui est le présupposé de tout
progrès sur le chemin de l’œcuménisme » (cf. Discours aux représentants des
Églises et communautés chrétiennes et d’autres religions non chrétiennes, 25
avril 2005). Je vous demande à tous de prendre avec décision la route de cet
œcuménisme spirituel qui, dans la prière, ouvre à l’Esprit Saint, qui peut seul
créer l’unité » " . Le souci
impérieux de l'unité introduit une exigence rarement soulignée par nos intellos
pris dans le vent du monde et de ses modes : la rigueur intellectuelle, une
exigence disciplinaire incontournable pour la service de la vérité dans la
Charité.
Benoît XVI, Maître es qualité intellectuelle...
Le pape rappelle la nécessité d'obéir à la vérité: "L’obéissance à la vérité
comporte une capacité de voir la réalité, une attitude réaliste envers le monde
et envers soi-même, et exige une discipline, c’est-à-dire être disciples,
suivre la réalité, qui ne s’improvise pas, mais qui est le fruit d’un travail authentique
et constant." Certes, cette parole fait partie d'un discours qui réunit le thème de la
vérité et celui de la pureté sexuelle, de la chasteté. Il n'en demeure pas
moins vrai que pour un intellectuel, un intellectuel catholique et, un simple
baptisé l'obéissance à la vérité, fut-elle matérielle en son sujet, est un
impératif lié à la dignité de l'homme et pour nous catholiques à notre salut.
Cette obéissance exclue toute inféodation à des idéologies quelles qu'elles
soient, car dans ses mécanismes, l'idéologie s'oppose par nature à l'accueil
réaliste de la vérité, elle lui dénie tout droit à moins qu'elle puisse
être un utilitaire dans le discours sans toutefois pouvoir le dominer.
Le pape dans son discours à l'université de Ratisbonne aura rendu toute sa
liberté à la vie intellectuelle face aux esprits du monde. Depuis les
avatars maudits des idéologies révolutionnaires, toutes les tendances
confondues, toutes les générations qui ont compté d'élites aspiraient à ce
genre de discours libératoire qui pouvait seul nous libérer, nous dégager
radicalement des enfermements dans lequel on engeola bien des intellectuels et
singulièrement dans les pays occidentaux et trop souvent avec la complicité
plus ou moins diffuse de gens comme François Mauriac, ces catholiques libéraux
!!!. Le discours de Ratisbonne ; " Nous n’avons pas à rougir de ce que nous
sommes. L’Évangile n’a qu’un cadre : l’amour envers Dieu et le prochain. Nous
n’avons à nous restreindre dans aucun autre cadre, ni politique, ni social, et
certainement pas idéologique." Le pape a agi dans la logique même de l'Église
éducatrice des peuples et enseignante, même si ce discours était de pure forme
intellectuelle ; en rappelant le retour aux incontournables catégories de la
pensée sur lesquelles s'est forgée la culture de l'Europe, il a exprimé et
redonné les orientations pour un renouveau de la civilisation de l'Europe
chrétienne. Il a défoncé les portes infernales de la culture chrétienne en
Occident; il a libéré les voies de la raison alliée objective de la foi. (ICI) Il
aura également remis l'Église là où elle n'aurait jamais du déchoir,
c'est-à-dire reprendre sa place, toute sa place dans les débats intellectuels
qui traversent toutes les sociétés face à la mondialisation et ses dérives
hédonistes, ses dérives si radicalement opposées à la loi morale
naturelle. L'Église est debout au rendez-vous de tous les
défis...
Conclusion ... !
Il n'est pas possible de conclure sur ces trois années d'un pontificat si dense
et dont l'éclat est tout intérieur. Nous avons choisi des thématiques qui nous
ont semblé majeures, il y en a d'autres certainement; il fallait faire un choix
et c'est toujours cruel. Nous voudrions toutefois terminer sur une note de
joie, de bonheur allègre et dans la lumière de l'Espérance. Ce pontificat
reprend là où le précédent fut arrêté : mettre l'Église sur la voie de
l'intériorité, spiritualiser ses propres institutions. Le triomphe de
l'Église n'est certainement pas celui qu'on imagine dans la lumière
orgueilleuse du Grand Siècle, non! Non, le triomphe de l'Église s'établira dans
une kénose aussi absolue que possible selon l'exemple de son Époux:
Jésus-Christ, vrai homme et vrai Dieu. L'Église ne sera belle que pour autant
qu'elle sera humble, vivant d'une pauvreté intérieure aussi fondée que celle
qui constitue la nature même du Dieu Trine. Prions pour que tous les membres
de l'Église Catholique Apostolique et Romaine réalisent et contribuent à
ce nouvel essor, car de leur engagement fidèle et sincère pourrait bien
dépendre leur salut.
Le pape Benoît XVI est le Père commun universel, aimons-le en fils et filles
amantes, défendons-le sans faiblesse et dans la charité, répandons ses
enseignements, défendons-le pour tout où c'est nécessaire. Nous sommes des
hommes et des femmes libres, libres de l'amour de Jésus et de Marie, libre de
cette liberté arrachée par le sang des martyrs qui ne cesse de couler... Fiers
d'être catholiques.
Nous rendons ici un hommage au dévouement, à la
générosité jamais prise en défaut de nos amis très chers, les Francart
fondateurs et animateurs du site: Eucharistie sacrement de la miséricorde.
Nous leur exprimons notre reconnaissance pour leur disponibilité à nous
accompagner dans l'amélioration de La Lettre Catholique, accompagnement
technique, spirituel et fraternel. Toujours disponibles avec une patience
admirable, ils sont d'authentiques nouveaux apôtres, serviteurs de
l'Espérance et de l'Église. Ils assument des journées de seize à dix-huit
heures pour servir dans une gratuité totale la communauté catholique
internationale de langue Française. Nous invitons nos lecteurs à ne pas
hésiter à se référer à leur site pour tout ce qui concerne la publication des
documents majeurs du Saint Siège et de toute l'Église Universelle. Ils font
un travail de traduction remarquable avec une ponctualité jamais défaillante.
La Rédaction leur renouvelle sa confiance et l'expression de sa
reconnaissance et de son affection. Puisse Dieu les combler de toute
bénédiction et puissent-ils avoir l'Immaculée pour avocat auprès du trône de
Gloire ! Pierre-Charles Aubrit Saint Pol, le rédacteur en chef. |
|
De La Colonisation à La Décolonisation de JEAN PHILIPPON MAÎTRE DE CONFÉRENCE A L'UNIVERSITÉ OCCIDENTALISTE
ET CHRÉTIENNE DE PATAGONIE |
Augustin : « - Scoty, quelle idée d’avoir composé un
menu fait que de fruits en sucré salé, déglacés au vinaigre balsamique ou au
vin blanc !
Scoty : -
C’est mon épouse. Elle a estimé qu’un petit régime serait le bien venu.
Thomas : - Ce
potage de fraises fut une trouvaille ! Et cette fricassée de blettes aux
raisins et poires poivrée aux noix, il fallait oser !
Jules : -
Bien ! Si on revenait sur le sujet de notre dernier entretien ! Nous
avions convenu que la colonisation ne comportait pas que des points négatifs.
Peut-on faire l’impasse sur l’esclavage et faut-il le relier à la
colonisation ? (ICI)
Henric : -
L’esclavage est aussi vieux que l’organisation de la société. Je ne pense pas
qu’en soi, on puisse le relier au colonialisme comme élément inhérent. Dans
toute l’Afrique, du Maghreb au Cap, l’esclavage était pratiqué. Ce qui
fut par contre abominable, c’est le commerce d’indigènes africains pour la main
d’œuvre aux Amériques, un trafic de conception industrielle, car il y avait
toute une organisation en amont et en aval.
Léon : - Le
drame, c’est qu’on associe logiquement ce trafic humain à la colonisation
puisqu’il ne fut possible qu’à partir des colonies. Il faut souligner que les
rois indigènes furent les meilleurs collaborateurs des trafiquants.
Dominique : - Nous
sommes en présence d’un crime contre l’humanité. A cette différence que bien
peu en avaient conscience, d’autant qu’ils étaient encouragés par des écrits du
Siècle des Lumières ; écrits qui nourriront les pires théories raciales du
XXe siècle. Ces trafiquants d'humains, s'ils en avaient eu la
possibilité n'eurent sous doute pas hésité à vendre leurs propres compatriotes
si la loi leur en avait donné le droit.
Scoty : -
Peut être ! Mais ce qui rend ces faits intolérables, c’est qu’ils furent
commis par les représentants d’une société chrétienne. Ceci étant, les colons
des Amériques se sont trouvés confrontés à des défis économiques, puisqu’ils ne
leur était pas permis de réduire les Amérindiens en esclavage. Dans certains
lieux, les Espagnols firent si bien, qu’ils vidèrent une région de sa
population autochtone, ce fut des génocides locaux ; il y en a eu peu
,mais c’était déjà trop.
Augustin : - Il
faut rappeler, que les plus grands génocidaires d’Amérindiens sont les
Anglo-Saxons ; les États catholiques furent plus retenus et très vite la
couronne de Castille déclara chaque Indien son sujet, ce ne fut pas du tout le
cas des Anglo-Saxons qui virent dans leur foi Reformée la justification de
leurs exactions en élaborant une interprétation de la Bible très pragmatique,
ils faisaient bien peu de cas des exigences évangéliques et ce sont eux qui
inventèrent le scalpe ; mais qui peut donner sur cette période la leçon à
l’autre ? Catholiques ou Réformés, en Amérique, ils se sont servis
de la Bible pour justifier les fondements de leur racisme que rien, non jamais
rien, ne pourra excuser.
Si nous
mettons ce drame à part ; on ne peut affirmer que la colonisation était
radicalement négative. Car, petit à petit, on introduisit des règles sociales
qui apportèrent plus d’humanité et permirent d’arrêter des pratiques aussi
monstrueuses que l’anthropophagie. On apporta une grande part de notre
civilisation : l’écriture, les soins, une organisation sociale plus
équilibrée, des notions de justices plus humaines.
Jules : - On leur
a donné la possibilité de s’organiser en nations et États. Les Africains
ont pris individuellement conscience qu’ils étaient des personnes dignes de
respect et ayant des droits.
Henric : - Il
ne faut pas oublier que la domination de l’Islam blanc sur les Noirs ne fut pas
tendre et, encore de nos jours, l’esclavage chez eux n’a pas disparu. La vente
d’indigènes noirs fut initiée par les Arabes bien avant les Européens. Il faut
retenir que la France, quelles qu’aient été ses fautes à ce sujet, fut la
première nation à interdire l’esclavage, ; il ne faut donc pas exagérer sa culpabilité.
Les Noirs qui vivent maintenant dans la République Française ne sont pas plus
malheureux que les Blancs. S’il y a des réactions racistes cela tient autant
des imbéciles sinistres d’une part que de ces intellectuels qui croient ne
pouvoir exister que dans une négritude rétroactive et agressive. Ils donnent à
croire qu’ils structurent un courant racial anti-Blanc. Cette situation est le
fait d’intellectuels gauchistes prêts à s’inventer des causes pour se persuader
qu’ils existent.
Thomas : - Il est vrai,
que c’est dans ces étranges milieux infantiles néo-fascisants,tant à gauche
qu’à droite, qu’on trouve les mécanismes de tous les racismes actuels. Chez les
gauchistes, il existe une sorte de miel néfaste auquel ils se sustentent, une
obsession de la culpabilité qu’ils tendent de projeter sur les autres et, ce
faisant, ils créent des mouvements racistes là où il n’y en avait pas. Ils sont
aidés par des médias qui ne filtrent plus rien et ne se donnent plus le temps
de l’analyse, ils deviennent leurs complices : la médiocrité s’allie
toujours avec la quantité, la complaisance des ombres !
Dominique : -
Dans quelle mesure la décolonisation nous pose un problème de conscience plus
grave que la colonisation ? Pour quelle raison avoir accordé
l’indépendance à ces colonies nous poserait un problème de morale ? C’est
une réflexion qui me semble bien singulière.
Léon : - C’est
très simple ! Nous avons eu besoin de 2000 ans pour en arriver où nous en
sommes. Nous leur avons donné une indépendance après, au plus 200 ans de
colonisation dont cent véritablement habités par un soucis de civilisation pour
une société qui ne connaissait pas l’écriture. Nous leur avons accordé une
indépendance si rapidement et en les laissant devant des appétits sans qu’ils
aient les moyens de les satisfaire.
Augustin : - La
manière dont nous leur avons accordé cette indépendance est en soi lâche,
égoïste et dès plus fâcheuse. Du point de vue de la morale, nous avons commis
une faute plus grave que celles commises durant la colonisation.
Scoty : - En
effet, nous pouvions leur imposer un accompagnement de cent autres années, dans
un organisme international garantissant un essor économique régulier, de
manière à ce qu’ils aient le temps de se forger des institutions publiques qui
tiennent compte de leur culture orale, de leurs traditions et des impératifs
internationaux. Nous aurions pu peut-être redessiner des frontières plus
équitables respectant les réalités tribales.
Jules : -
Non seulement, nous leur avons accordé une indépendance de lâches, mais nous
avons entretenu leurs tensions internes pour pouvoir mieux les exploiter. Bien
sur que la colonisation finissait par nous coûter beaucoup et, qu’il y avait
avantage à leur indépendance, mais pas de la façon que nous avons décidé.
Thomas : -
Les empires coloniaux devaient savoir qu’en permettant à ces sociétés de
s’organiser, elles finiraient par réclamer leur indépendance. C’était évident
que l’Algérie deviendrait indépendante et cela l’était bien plus pour les
protectorats. Les conflits liés à la décolonisation n’avaient aucune
justification sur le fond même si de tels évènements entraîneraient de grandes
souffrances pour les colons et les indigènes francophiles.
Augustin : - Il
n’était pas justifiable de verser le sang. L’orgueil des États coloniaux
aveugla tous les esprits. On reviendra sur la Guerre d’Algérie.
Scoty : - Je
reprendrai bien une bonne chope et une bonne pipe ! »
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AIME CÉSAIRE Le Fondateur du Concept de la Négritude où l'Ascendance Blessée Théodulfe Soplataris |
La mort d'un poète est toujours une désolation, une désolation indifférente des
convictions personnelles du poète, car le poète touche au mystère de l'homme
dans la fine pointe de son esprit, au dernier échelon de l'Échelle de Jacob
encore visible et au premier encore invisible. Il est l'intercesseur d'une
humanité qu'il tire de quelque manière vers une transcendance ; il est
l'entremetteur entre nos ombres noires et les éclats intemporels d'une lumière
toujours à saisir.
Aimé Césaire eut un parcours matérialiste, rejetant toute transcendance révélée
; son combat politique et idéologique peut être à juste titre contestable mais
pour qu'il en vienne à s'inscrire dans la filiation d'Homère, c'est qu'il
recherchait l'expression d'une immanence ; il ressentait sans doute, les
turbulences religieuses de son ascendance confrontées à sa recherche insatiable
de justice immédiate.
Aimé Césaire avec Léopold Sagar Sangore avait inventé la Négritude, concept de
recherche philosophique et d'expression poétique dans le but de relier le
présent de leur vie identitaire avec les racines blessées de leur ascendance,
de leur histoire. Ils en avaient le droit, ils en ont eu le courage. Une
démarche nécessaire et salutaire pour la civilisation européenne aux empires
coloniaux. Ils avaient raison d'affirmer une histoire qui légitimera le droit à
la mémoire collective. Il est regrettable qu'elle ne fut écoutée et obéie que
si tardivement et avec une discrétion étonnante. Certes, il y avait là quelque chose
de lassant, cette mémorisation collective venait se surajouter à celle de la
déportation des Juifs, des Arméniens et la tentative tronquée de la Guerre
d'Algérie ; le contexte était mal aisé, car dans un climat artificiel de
suspicion raciale, de racisme savamment entretenu par les eunuques de l'espoir
et de la vérité. Mais ils ont eu raison de faire découvrir une part
évidente de l'héritage inavouable de la société moderne.
Il est dommage que des énergumènes de la mémoire collective s'avancent dans la
laideur de sentiments haineux et infantiles du racisme anti-blanc. Ils
n'hésitent pas à se commettre dans des discours monstrueux, frappés d'un
effarant déshonneur. Certes la société française est loin d'être parfaite mais
ce n'est pas en tapant grossièrement sur elle que l'on parviendra à
l'amélioration, à la correction de comportements déplorables et justiciables.
Nos concitoyens afro-européens sont égaux en droit et dignes d'un identique
respect, d'une dignité égale à la nôtre. Ils sont engagés dans une histoire
commune, ils ont une place entière dans la construction de demain. Nous
souhaitons qu'ils ne se laissent pas tenter par des positions radicales,
infondées, car le combat de la justice, du respect et de la dignité est le
combat de tout homme qui refuse fermement tout autre position autre qu'être
debout.
Aimé Césaire comme tous les poètes, bien plus que les politiques, rejoint la
mémoire universelle des esprits qui chantèrent la grandeur de l'homme pour
mieux percer les carcans de leurs misères.
Aimé Césaire, je ne sais si aujourd'hui, tu es dans la présence glorieuse
de Dieu ! Il est une chose certaine, tu as vu sa Gloire ! Il en est une autre,
Cher Aimé, tu as rejoint l'éternité des poètes, tu as rejoint le foyer
d'Homère, de Platon, de Virgile, de Sangore et tant d'autres... Puisses-tu
connaître la paix, le bonheur et que tes oreilles s'emplissent de la musique
des mots. Un poète meurt-il jamais ! Un poète, jamais ne meurt !
MAI 1968 ET LE CUL
!!! ET LE SIDA ...
FÊTONS " MAI 68" et quarante
ans de Révolution sexuelle en France ! |
Jusqu’en 1960 a prévalu en France une certaine compréhension des rapports de
l’homme et de la femme fondée sur la parole de la Bible : « Dieu créa
l’homme à son image, à l’image de Dieu, il le créa, homme et femme, il les créa
» Genèse 1, 27 « Soyez féconds, multipliez-vous » 1, 28
Depuis deux mille ans, les baptisés et l’Église ont interprété ces paroles
comme fondatrices du couple humain et de la famille monogame. L’homme et le
femme sont appelés à s’unir dans une alliance d’amour irrévocable vécue dans la
fidélité et la fécondité. Cette alliance étant le signe vivant de
l’Alliance d’Amour conclue entre Dieu-Amour et les hommes, révélée au peuple
d’Israël, puis d’une manière universelle, pour tout homme, en Jésus-Christ.
En conséquence, les rapports entre l’homme et le femme étaient fondés sur le
respect mutuel et éclairés par la Loi divine, notamment ce qui subsistait de la
Loi donnée par Moïse (Exode 20, 1-17), l’Évangile (Mat 19, 1-9) rétablissant le
mariage dans toute sa dignité : cela excluait tout rapport sexuel hors mariage,
la polygamie, la répudiation et le divorce ainsi que la pratique des rapports
homosexuels. Elle dénonçait l’adultère et les autres déviations sexuelles comme
des péchés graves.
Certes, la faiblesse et le péché des hommes ont entraîné des transgressions de
cette Loi. Mais à tout homme et femme de bonne volonté, elle était proposée et
enseignée d’une manière claire et avec toute l’autorité de Dieu lui-même, non seulement
par l’Eglise catholique mais par l’ensemble des institutions civiles en France.
Quarante ans de « révolution sexuelle », de « culture de la transgression »,
de licence et de « permissivité », de démission coupable de la part des
responsables sociaux et politiques et parfois religieux, des campagnes de
presse habilement orchestrées, ont mis à mal ces conditions heureuses de
l’union conjugale. Au nom d’une liberté devenue folle, on a qualifié de «
tabous » toute règle pouvant informer et guider le comportement humain.
Citons pour mémoire, les multiples attaques contre la famille, un féminisme
radical et exacerbé, les attaques contre la vie naissante et finissante. Nous
recueillons aujourd’hui les fruits pourris de cette déliquescence des mœurs et
de ces législations injustes :
1/ Le nombre des mariages qui étaient de 450.000 en 1970 est tombé à peine à
240.000. Et il y a un divorce sur trois en moyenne, un sur deux en région
francilienne. La principale raison de la crise du logement en France…c’est le
divorce : chaque année, il faut trouver environ 100.000 logements
supplémentaires, suite à la rupture des couples !
2/ En 2006, il y a eu 76.000 pacs conclus entre personnes dont le sexe n’est
pas précisé. Rappelons que ce « contrat », à durée indéterminée, peut être
dénoncé unilatéralement par un des « partenaires ».
3/ La généralisation des unions de fait : cohabitation, concubinage, union «
libre »…quel que soit le nom qu’on lui donne, ces unions précaires sont
instables et soumises à tous les aléas des changements d’humeur et de crises
dans le couple, avec toutes les conséquences graves pour les enfants.
4/ Le sort malheureux des enfants nés dans ces contextes de couples à durée
aléatoire ou victimes du divorce de leurs parents : il est prouvé aujourd’hui
que les « enfants du divorce » sont plus souvent en échec scolaire et souffrent
de véritables dépressions à l’adolescence. Par ailleurs, 51 % des enfants qui
naissent aujourd’hui en France, naissent hors mariage : enfants ballottés d’une
famille « décomposée » à une famille « recomposée » ou élevés par un parent
seul. Il y a en France, deux millions de familles « monoparentales », dont 90 %
à charge d’une femme seule, avec un ou deux enfants. Avec des revenus de
l’ordre de 1.000 euros par mois, c’est à dire au « seuil de pauvreté », bon
courage !
5/ La démission des hommes et des « pères », père-copain ou père-absent : cinq
ans après un divorce,
50 % des enfants n’ont plus de rapport avec leur père géniteur. D’honnêtes ( !)
« pères de famille » passent des heures à regarder des films pornographiques
sur Internet et exigent de leur femme de se livrer à des pratiques sexuelles
déviantes et humiliantes.
6/ Les attaques contre la vie naissante : 220.000 avortements par an avec les
conséquences graves sur les femmes, car l’avortement fait deux victimes :
l’enfant et sa mère. En trente années de pratique de la loi banalisant
l’avortement, ce sont 4 à 5 millions de mères qui vivent le traumatisme de ce
geste mortifère. En 2006, un million de boites de Norlevo (pilule du lendemain)
ont été vendues en France…cela en dit long sur le niveau moral des Français !
La menace d’une loi qui autoriserait l’euthanasie des personnes en fin de vie
est sans cesse remise à l’ordre du jour (est-ce qu’on leur a demandé leur avis
à elles ?).
7/ Une soi-disant « information sexuelle », de type « vétérinaire », diffusée
obligatoirement dans les collèges et lycées par des cours et des brochures
officielles qui sont une incitation à « faire des expériences » de toutes les
manières possibles. Résultat : 89 % des jeunes filles de 15-20 ans utilisent
une contraception, ce qui n’a empêché pas 11.000 adolescentes d’avorter en 2007
(45 % d’entre elles auront un cancer du sein à 40 ans…).
8/ Le développement des violences en tous genres, mais surtout à connotation
sexuelle : un femme sur dix avoue être battue par son mari ou son « compagnon
». Le nombre des enfants violentés par leurs parents ne cesse d’augmenter,
ainsi que les cas de pédophilie et d’inceste. A Paris, en 2005, le nombre des
agressions sexuelles (ayant fait l’objet d’une plainte…) a augmenté de 37 %. A
titre d’exemple, en 2006, le Tribunal de Grande Instance de Bobigny (93) a
traité 10.500 plaintes pour agressions diverses : tentative de viol,
harcèlement, etc…
9 / Les violences en milieu scolaire atteignent une soixantaine de cas graves
chaque mois, avec dépôt de plainte pour injures et coups portés à des
enseignants.
10/ L’explosion de la pandémie du sida : en 2006, 6.300 nouveaux cas de
personnes infectées ont été recensés. Mais on continue à faire croire que le
préservatif est fiable à 100 % ce qui est faux à l’évidence : le « Quotidien du
Médecin » du 28 mars 2008, parlant du préservatif, avoue que « son efficacité
est bien moins importante que les méthodes hormonales ». On en conclut que le
préservatif est peu efficace pour arrêter un spermatozoïde…mais on continue à
affirmer qu’il est efficace à 100% pour arrêter le virus du Sida (qui est 400
fois plus petit qu’un spermatozoïde !).
11/ La télévision et le « haut débit » sur Internet qui ont développé dans des
proportions incalculables le voyeurisme pornographique : à 14 ans, 61 % des
garçons ont vu au moins un film pornographique dans l’année. Et 62 % des 14-18
ans, 80 % de garçons et 45 % des filles, ont regardé des images pornos durant
les douze derniers mois. De très jeunes filles ont fait des tentatives de
suicide après avoir regardé pour la première fois un film porno : « le porno,
c’est la théorie, le viol, c’est la pratique ».
Et l’on pourrait, hélas, continuer longtemps sur ce registre afin de
dénoncer la souffrance des enfants innocents, l’égoïsme et l’inconscience des
adultes pour lesquels l’hédonisme est devenue une religion, la démission des
élites et parfois des clercs qui ont renoncé à dénoncer ces désordres.
« Ne soyez
pas dans l’illusion : Dieu ne se laisse pas narguer. Car ce que l’homme sème,
il le récolte. Celui qui sème dans la chair récoltera du péché la corruption ;
celui qui sème dans l’Esprit récoltera ce que produit l’Esprit : la vie éternelle
» Galates 6, 7-8
« Le sort de l’homme est de mourir une seule fois, et après vient le Jugement »
Hébreux 9, 27
Nota : Tous les chiffres statistiques proviennent de sources officielles : AFP,
INED, INSERN, etc…
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Coeurs Unis de Jésus et Marie déversez
dans nos coeurs votre amour pour vous aimer et aimer notre frère comme vous
l'aimez. |
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http://lalettrecatholique.free.fr