LA LETTRE CATHOLIQUE N° 40

DIFFUSION GRATUITE - FAITES LA CONNAITRE : MARS - AVRIL 2008

 

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LA RESURRECTION DE LAZARE

 

 

« Je suis la résurrection et la vie qui croit en moi vivra éternellement. »

 

 

 

La conversion de notre regard va de paire avec celle du cœur et celle de notre intelligence. La contemplation du visage de Jésus dans la douleur comme dans sa gloire de Ressuscité est un bon moyen de conversion est de guérison du regard.

 

 

LE REGARD… UN OUTIL D’AMOUR. . . !. 4

DE LA REFORME DU SERVICE PUBLIC DE L’AUDIOVISUEL. 8

UN POLITIQUE DE CIVILISATION… ! ?. 12

HITOIRE DE L’EGLISE.. 17

Byzance et les Eglises d’Europe orientale. 17

CYRILLE ET METHODE : LA MISSION DE MORAVIE. 22

LA VIE DES MOTS. 27

DU PRINCE.. 32

DU MINI-TRAITE DE L’UNION EUROPEENNE.. 38

LE SAINT CONCILE VATICAN II. 46

Les images de l’Eglise : 46

MEDITATION DE LA BIBLE.. 54

L’HISTOIRE DE FRANCE. 59

Henri IV (1589-1610) : 60

Louis XIII le Juste (1610-1643) : 61

Louis XIV (1643-1715) : 61

Louis XV le Bien-Aimé (1715-1774): 63

Louis XVI (1774-1793) : 64

Louis XVII (1793-1795) : 66

Louis XVIII (1795- 1824) : 67

Charles X (1824-1830): 68

Louis XIX, duc d’Angoulême (1830): 68

HENRI V, Comte de Chambord (1830-1883) : 69

Extinction de la branche des BOURBONS : 69

La branche des ORLÉANS : 70

Louis-Philippe 1er (1830-1848): 71

LES SENATEURS. 72

De la Civilisation à la Colonisation. 72

 

 

 

Fêtes Sans Saisons

 

 

 

 

Verse ton vin sur le mordoré de la coupe des illusions, les sourires maigres et larmes grasses s’écoulent en chute caillouteuse. La main décharnée aux osselets rouillés, caresse la cuisse flétrie offerte aux dérives de la nuit des solitudes noires.

Sous la table des banquets défleuris, l’enfant joue aux dès. Il ne veut pas savoir, ces adultes sans âge enseignent les contraires dans les replis des sous-entendus et convenances purines.

A la dérobée des ombres nappées, il compte les pas sots des mouvements immobiles.

La coupe offre le jus bulleux de la vigne verte, s’assourdit les entrechocs des non-dits mensongers…

 

L’Hermite des temps nouveaux

 

 

 

 

 

 

 

EDITORIAUX

 

 

LE REGARD… UN OUTIL D’AMOUR. . . !

DESIRE WASSON

 

 

Le regard fait partie du visage, il exprime la vie. Il intègre l’identité de la personne.

 

 

L’homme possède deux regards pour appréhender la Création : celui de la contemplation et de la vie ; celui de concupiscence et de la mort :

1erLe regard de la contemplation et de la vie est admiratif. Il cherche à comprendre pour maîtriser et donner. C’est le  regard du cœur, de l’espérance, des sentiments nobles. Il permit à Socrate de pressentir l’existence d’un Dieu unique, aux harmonies qui sous-tendent la Création de l’émerveiller ; ce regard là est celui d’un pauvre, d’un humble. C’est le regard de l’esprit d’enfance. La perception réaliste de la Création est transfigurée, elle dévoile Dieu.  C’est une expérience intérieure qui reste enracinée dans le réel physique au cœur de laquelle se découvre une communion spirituelle organique qui peut favoriser l’illumination. On entrevoie l’unité de la Création dans la pensée du Créateur, une unité à laquelle l’homme est intégré non pas seulement subie mais participative, car c’est pour lui qu’elle est ordonnée. Il en est l’objet, il n’en est pas sujet, il est sujet de Dieu.

Cest le regard de la vie. On en perçoit toute la générosité et son unité. Le chemin de l’esprit de pauvreté par lequel l’homme découvre sa place, toute sa place.  C’est une kénose de l’amour dans la lumière d’un amour infini où l’on s’effondre pour se consumer dans la kénose divine qui vient en nous s’effondrer également, scandaleusement. On n’éprouve plus besoin de posséder, on a tout. C’est la richesse de la vraie pauvreté, celle d’un Dieu fait homme qui puise sa toute puissance dans une infinie pauvreté et faiblesse.

2eLe regard de concupiscence et de mort, c’est celui qui veut comprendre pour mieux dominer et posséder. C’est celui de la déduction et de l’analyse tourner vers soi-même qui ne comprend la réalité des lois dans la seule intention de maîtriser la vie pour la satisfaction des puissances basses. Il tend à se dresser au niveau du Créateur, il veut être celui qui proclamera : « voyez, je maîtrise la mort et la vie ; je vous l’avais bien dit, on a plus besoin de Dieu ! » L’âne ne rie plus, il pleure.

Cest le regard de la possession, de l’appropriation pour soi, dans lequel et par lequel le sujet veut et va jouir ; il affirmera que c’est pour le bien de l’humanité, il est  urgent d’en douter !

C’est un regard de mort, car qui possède introduit la mort. Il est celui de la science actuelle qui s’est aliénée de tous les vices d’orgueil. Elle est sur le point de saisir la vie, de la réduire à sa volonté, en même temps, dans un mouvement parallèle, elle ne cesse de tuer et de justifier cette constante de mort par sa volonté apparente de servir la vie. On n’est pas tenu de la croire.

Cest le même regard qui s’apprête à salir l’innocence parce que cette qualité morale et spirituelle n’est pas mesurable, n’est pas quantifiable. L’innocence comme la beauté dérange, fait peur. La qualité en ces temps ne procède plus que du principe faux et effrayant du confort que l’on désigne sous le terme mortifère de la qualité de vie ! Connaissons-nous un terme plus insidieux, plus toxique que celui-là ? Il porte la marque d’une société éprise d’elle-même, satisfaite de sa gloire. Elle met sa seule force dans la puissance de ses jarrets.

Aujourd’hui, la grande névrose qu’est l’obsession de l’environnement participe de cette culture de la concupiscence ; c’est si vrai que les plus enragés de l’environnement sont les plus déterminés à défendre la culture de mort. Ils sont les premiers à vouloir l’euthanasie, car à leurs yeux la souffrance et la mort sont laides, elles ne sont pas compatibles avec la qualité de la vie. Elle leur est un mal qu’il faudra parvenir à effacer scientifiquement. Ils aspirent à cette victoire physique sur la mort pour se convaincre de l’inutilité de Dieu, ils pourront se rassurer totalement : que pourrait-il se produire qui vienne remettre en cause cette « sainte qualité de la vie ? »

 

Dans cette période bénie de Carême comment rééduquer le regard ? Comment le convertir sans pour autant s’éloigner des souffrances et des joies de cette génération ?

Sil est une chose que nous devons nous réapproprier, c’est le droit et le devoir d’aucune complaisance pour le mal ; le mal doit ici se comprendre entant qu’il exprime la réalité du péché. Prenons garde à ne pas laisser le désordre des appétits dicter notre regard, car nous devenons toujours ce que nous contemplons.

Nous pouvons dire non et nous le devons quand on nous impose des scènes d’actualité avec obscénité, imposant un regard pornographique, un regard de salissures. Il y a de plus en plus un appétit infra-humain pour la morbidité, quelle nécessité ? Cette sorte d’imagerie pornographique, cette mauvaiseté photographique contribue à ne plus savoir regarder le réalisme de la souffrance et produit le rejet mortel de tout ce qui dérange : pourquoi visiter un handicapé, ne serait-il pas plus convenable de l’aider, de le soulager ! Est-on sûr que c’est par esprit d’humanité qu’on le fait ou pour satisfaire ce besoin luciférien de la qualité de vie ?

Nous catholiques nous avons un urgent besoin de contempler avec le regard d’amour de Jésus le paralysé, le lépreux, le pécheur ; nous avons un impératif besoin de nous regarder nous-même avec le regard du rédempteur. Nous ne pouvons y parvenir que si nous revenons à la contemplation de la Croix, ce Jésus crucifié qui se sera rendu laid de nos péchés pour que nous retrouvions non seulement la beauté de nous-mêmes, mais également que nous renouions avec la culture de la beauté. On ne peut recevoir un sourire que si on ne se repaît jamais de l’amour !

La conversion de notre regard va de paire avec celle du cœur et celle de notre intelligence.

La contemplation du visage de Jésus dans la douleur comme dans sa gloire de Ressuscité est un bon moyen de conversion est de guérison du regard.

 

Si un homme à la fin de sa vie n’est plus capable de s’émerveiller d’un caillou de rivière, s’il n’est plus capable de s’illuminer d’un brin d’herbe qu’agite la brise, s’il n’est plus capable d’entrer dans le silence enchanteur de la Création, il doit se faire du souci pour la qualité de son éternité.

 

Laissez-moi vous inviter à la Mère de Jésus, à l’Immaculée, elle seule peut nous aider à cette conversion du regard, elle seule peut nous aider à accepter les soins indispensables pour sa guérison.

Navez-vous pas entendu ?

Navez-vous pas compris ?

Navez-vous rien appris ?

Elle fut choisie à l’aurore de la pensée du Créateur pour être la beauté renouvelée de la création ! Elle-même l’a chanté :

 

« Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur.

Il s’est penché sur son humble servante, désormais tous les âges me diront bienheureuse.

Le Puissant fit pour moi des merveilles, Saint est son Nom… »

 

Qu’elle est la maman qui ne s’est pas réjouie du brin d’herbe que son enfant lui apporta avec jubilation ?

Qu’elle est la maman qui n’a reçu de son enfant la petite pâquerette pleine de fourmis de son enfant ?

Elle recueillit bien plus qu’elle ne donnera jamais : la fleur et la communion de l’enfant tout à son bonheur pour donner et donner toujours.

L’humanité crie famine de beauté, qui va lui répondre ?

Acceptons de convertir notre regard au bon, au beau, à la vérité et à l’amour…  Nous saurons alors regarder la souffrance et mépriser le mal.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

DE LA REFORME DU SERVICE PUBLIC DE L’AUDIOVISUEL

 

Pierre-Charles Aubrit Saint Pol

 

 

 

Le Président de la République nous a annoncé son intention de supprimer la publicité sur les chaînes du service public… Sur le fond de cette affaire, je ne saurais me prononcer n’étant pas un spécialiste des finances publiques.

On pressent que cette réforme, légitime et souhaitable, entraînera une réforme plus générale.  Il serait question que France 3 verrait ses antennes locales sous le contrôle des régions et qu’elles garderaient l’apport financier de la publicité. C’est un projet logique qui aurait dû être mené à bien dès la privatisation de TF, surtout depuis l’extension des chaînes avec la TNT.

France 3 est une chaîne nationale généraliste en trop, d’autant quelle n’est pas complémentaire à France 2, elle lui est concurrente, sa raison d’être, sur le plan national, à l’exemple de la 2, n’a aucun intérêt. Elle devrait être entièrement régionale. Elle répondrait ainsi à un besoin et une mission de proximité, elle aiderait à la redécouverte des cultures régionales et leur développement. Elle ouvrirait un espace d’expression aux corps intermédiaires associatifs ce qui pourrait faciliter les débats d’idées. Son parc publicitaire pourrait s’étendre au monde des artisans, sa contribution au développement économique et social serait déterminante.

Une telle réforme accompagnée par un cahier des charges équilibré contribuerait au développement de la démocratie et renforcerait la sociabilité de tous les citoyens.

Cette réforme du service public de l’audiovisuel est une chance pour une politique de civilisation. Elle doit être vigilante quant à la qualité des programmes, mais aussi et surtout, à la qualité des débats. Cet espace public doit être celui de la France, du peuple de France qui devra se sentir chez lui ; chacun des débatteurs aura la certitude d’être respecté quelle que soit la confrontation des idées et des sujets. Il faut retrouver le chemin d’une vie culturelle et intellectuelle plantée dans le quotidien du peuple, tremplin pour des débats plus élevés. Pourquoi ne pas reprendre de manière vivante avec des animateurs qui sachent rester à leur place, l’idée scolastique du vrai débat : la dispute des esprits, libérés des caciques du formatage ?

Ne pourrait-on pas reprendre l’idée si plaisante des dossiers de l’écran mais moins pontifiants ? Le service public de l’audiovisuel doit retrouver la confiance du peuple, pour cela il doit cesser d’apparaître pour tel ou tel autre camp politique.  L’espace public doit être un terrain neutre où la neutralité politique sera réelle et non pas selon ce qui se passe sur France- Inter, le sommet de l’indigence intellectuelle, de la malhonnêteté intellectuelle, de l’intolérance toujours sournoise et manipulatrice. Les espaces du service public ne doivent plus être la propriété, l’apanage de telle idéologie ou de tel  parti ; c’est inacceptable.

 

 

 

 

 

GERARD CHEUNG

CONSEIL

IMPORT – EXPORT – TRANSACTION [FRANCE – CHINE]

21, rue de Paris – 06000 NICE – France

Télé : Fr. [33]0698187888 – Chine. [86]13631115679 – Hoing Kong. [852]67362440

E.mail : cheunggerard@hotmail.com

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SANG DE FEU POLAIRE

 

Que vive la mémoire morte !

Nuits de la nuit, ténèbres des ténèbres, les robots d’acier s’avancent  sur leurs rails de feu glacé. Ils courent sur les déserts charniers. Nés d’eux-mêmes, ils ne sucèrent aucun sein. Leur palais noir n’à ni fenêtre ni reflet, il s’orne de cheminées.

Leur jardin désenchanté ne résonne ni le chant du rossignol ni l’envol de la bergeronnette. Les fleurs vêtent un deuil injuste, frimas des cœurs, frimas des âmes.

Plus de temps anciens. Est le temps farouche, immobile. Il se répète et se répète. Il forge la mesure.

Les seigneurs des apanages mortels, ombres sinistres de sang et de sang, dérivent sous les hadès de l’Hadès, antres tartares. Ils dérivent et dérivent tirés par les infâmes pensées. Ils s’abreuvent au vinaigre brûlant des glaciers rouges et noirs.

Chut ! un pas, un souffle. Enfant cherche humanité… sourire arrêté, larme suspendue…

Dans ce silence unique, coupables et innocents forgèrent le sanctuaire de la mesure humaine…

Les cieux des célestes divins pleurent et la terre s’en soulage d’horreurs contenues…

Visiteur du siècle neuf arrête-toi… Ne crains plus, la vallée reverdit, refleurit.

Comme haies de bouleaux, de cyprès, la pudeur naufragée en voile de crêpe chiné couvre ton âme…

En souffle saisonnier, la bise ou la brise murmure au brin d’herbe courbé : «  L’homme de lui-même pourra-t-il jamais guérir ? »

La rivière, en ondes épurées, s’écoule s’écoule… Ses berges inclinées et sacrales sont rubans d’espérance…

 

Visiteur du siècle neuf arrête-toi… Que ne s’efface la lumière des sanglots reposés…

L’Hermite des Temps Nouveau

 

 

 

 

 

« …Ses berges inclinées et sacrales sont rubans d’espérance… »

 

 

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UN POLITIQUE DE CIVILISATION… ! ?

 

Pierre-Charles Aubrit Saint Pol

 

Aujourd’hui, je ne peux pas mettre en doute la prise de conscience ni la sincérité du Président Sarkozy quand il annonce son intention d’inspirer et de mettre en œuvre une politique de civilisation. Je ne peux pas le faire, car je suis chrétien et ma qualité d’intellectuel m’en empêche également ; personnellement, j’ai l’habitude de donner une chance à celui qui entre dans ma vie, le Chef de l’Etat entre dans ma vie en raison de la politique qu’il décide.

Je suis solidaire de la destinée du peuple auquel j’appartiens.

 

 

 

Il ne me suffit pas d’accueillir avec attention une parole si grave, il me faut essayer de la comprendre.

Il convient de se rappeler que le mot politique a une étymologie grecque qui signifie polir, éduquer le peuple ; dans le mouvement continu du politique cela signifie que les pouvoirs publics travaillent à ce que le peuple se police toujours mieux, qu’il s’élève dans les vertus naturelles. Faire de la politique ce n’est donc pas s’enrichir indûment comme certains de ses prédécesseurs, mais œuvrer au bien commun du peuple, de la nation et tendre vers un mieux supérieur. 

Je concède que le mieux supérieur est difficile à définir selon les normes actuelles d’une société éprise d’elle-même.  A contrario, le terme qui s’oppose au sens de polir est barbare : un état de vie sociale éloigné de la civilisation.

La civilisation est la conscience individuelle et collective éclairée par la raison, le savoir, le respect de normes de sociabilité. On dit aussi de savoir-vivre, quel vilain mot pour de vilains esprits politiquement corrects, en voilà un autre de vilain mot ! Je m’efforce d’être correct dans mes relations avec autrui, pour autant mes lecteurs savent à quel point, je le suis peu dans ma vie intellectuelle et il m’est impossible de l’être si je veux que la charité alliée à la vérité demeure l’assise de ma vie. Dans la vie intellectuelle celle qui se met radicalement au service de l’homme en obéissant à la vérité, je ne puis en aucune manière me soucier de convenances, de conformismes. Je ne le peux puisqu’en servant la vérité, je sers tout autant la liberté. Mon oui est forcément dérangeant, car il est un oui ; mon non l’est tout aussi bien, car il est un non ! Je ne m’en excuse pas : est ce qui est !

Sur cette Terre chercher le confort de la conscience est un péché mortel ; je tends comme tout baptisé à la sainteté, donc je me sens plus proche des putains que des chastes qui promènent leur pudeur comme les demi-mondaines leur rivière de diamants.

Si aujourd’hui, on parle de politique de civilisation, c’est qu’il pré-existe un constat de non-civilisation, un constat de décadence, celui d’une société barbare !

Le mode de vie proposé depuis cinquante ans est en faillite. D’aucuns mettent en accusation les évènements de 1968, il est clair que ces évènements ont ouvert une immense fosse septique, celle-ci aurait pu être moins profonde si les politiques d’alors et autres décideurs avaient fait preuve de courage moral, et spirituel. Ce ne fut pas le cas. Bien au contraire, on assista à l’émergence de carrières politiques, culturelles greffées sur ces fâcheux évènements. Pour les expliquer, on affirma, qu’ils se résumaient à un seul désir : jouir ! Il me semble que ce ne soit là qu’une première cause, mais pas la cause primordiale.

On voulait jouir mais personne ne se posa la question de savoir pourquoi voulait-on jouir ?

Nous sommes au XXe siècle, un siècle de confrontations idéologiques, construit exclusivement sur les fondements inhumains de la Révolution de 1789. - Une révolution spécifiquement anti-chrétienne. - Les générations qui ont produit 68 sont celles qui furent conçues juste avant la Seconde Guerre Mondiale, pendant et juste après. Elles héritèrent des legs de souffrances de leurs grands-parents et parents ; elles ouvrirent leurs yeux sur les naufrages de l’infra-humain : les camps de la mort, la bombe atomique ; les conflits de civilisation : la guerre de Corée, celle d’Indochine-Vietnam, la guerre civile d’Algérie et ces autres luttes raciales.

On ne leur proposa que deux modes de vie : les idéologies socialo-communistes ou le capitalisme libéral de consommation[1] et, on fit en sorte qu’elles ne se tournent pas vers Dieu, vers la proposition de vie chrétienne.

La question que l’on doit se poser  est la suivante : ces générations pouvaient-elles regarder ailleurs que dans la séduction des plaisirs immédiats, dans la jouissance ?

Chacun était en droit de réclamer sa part de jouissance, on ne s’en contenta pas, il fallait à tous prix ce que l’autre possédait et qu’on ne puisse légitimement acquérir. Les évènements de 68 installèrent l’homme dans les appétits addictionnels. 

La culture révolutionnaire trouva un nouvel élan et en arriva à l’une de ses conclusions dramatiques qui sont aussi ses objectifs : elle retourna l’homme contre lui-même ! C’est ce qui explique la multiplication de lois opposées radicalement à la loi morale naturelle. C’est la même cause par laquelle, les tenants de ces lois fondamentalement attentatoires à la dignité de l’homme et à la Gloire de Dieu   procèdent à la mise en accusation systématique de tous ceux qui osent dire non à toutes ces dérives, ce qu’illustra parfaitement le mini-débat dans l’émission de Marc-Olivier Fogiel qui opposait un défenseur de l’IVG et une opposante, dans la suite de la manifestation pour la vie menée entre autres par « l’Association Trente Ans ça suffit ! »

De tous les intervenants sur le thème de la politique de civilisation, je n’en ai guère entendu développer l’analyse des causes primordiales de notre décadence.

Cette prise de conscience au plus haut niveau de l’Etat montre que les sociétés vont vers un rendez-vous douloureux, celui d’une mise à nu de la conscience par un examen qui s’avère urgent et inexorable. Si nos dirigeants politiques, intellectuels et religieux ne l’entreprennent pas, des évènements irrationnels se produiront et nous y contraindront. Cela se fera dans de grandes souffrances. C’est toujours douloureux d’être confronté à une vérité que l’on sait présente à soi et que l’on fuit.

La mise en place  d’une politique de civilisation ne se fera qu’en revenant aux fondamentaux naturels, revenir au respect de la loi morale naturelle[2]. Il est certain que cela induira une autre approche de la laïcité, une laïcité qui ne devra plus être opposée aux religions, mais simplement garante de la séparation des pouvoirs, une laïcité garante de la dignité de l’homme, du respect des droits de l’homme. Elle devra se libérer des carcans idéologiques, elle ne devra plus protéger ni justifier les haineux des religions, ces intégristes de la désespérance, de la même manière, elle s’opposera aux autres intégrismes qui sont tous attentatoires à la dignité de l’homme.  Cette nouvelle intelligence de la laïcité ne devra pas tendre à contrôler les religions de l’intérieur ; par contre les religions et églises s’engageront clairement au respect des lois de la cité sauf quand celles-ci entrent en conflit avec la loi morale naturelle, car quel que soit le rang hiérarchique d’un dignitaire d’une religion ou d’une Eglise, celui-ci est citoyen de son pays et doit être traité comme tel.

Une politique de civilisation ne s’élabore pas sans la prise en compte de l’homme intégral, dans toutes ses dimensions. Elle renouvellera la garantie de la liberté d’expression dans tous les genres pour autant que l’on soit respectueux des convictions profondes de chacun.

La situation actuelle de nos sociétés ne permettra pas hélas de soulager pour le moment les dispositifs de répression. On devrait assister à un accroissement des délits et crimes. Cette perspective peu réjouissante est le résultat du sentiment de plus en plus étendu de l’absence de légitimité dans la mission de  gouverner un peuple, le peuple français. Ce sentiment, je l’ai déjà écrit, provient des effets secondaires des lois opposées à la loi morale naturelle[3] ; on doit aujourd’hui étudier ces faits, voir l’importance de leur impacte sur la sociabilité des citoyens. La répression, si nécessaire malheureusement, doit s’accompagner d’un travail en amont de prévention, c’est une nécessité qui n’exclut aucun aspect réaliste de la société.

Je termine par l’appel de Benoît XVI, les sociétés doivent retrouver en elles-mêmes, avec la grâce de Dieu, les ferments de l’Espérance qui ne peut être confondue avec l’espoir. Elles ont besoin pour y parvenir que les pouvoirs leur redonnent des raisons d’espérer dans la lumière des vertus morales naturelles.

 

 

 

 

O ma divine Mère, il me semble que vous n’êtes qu’un avec jésus, tant il est en vous et vous consomme en Lui !

Admirable modèle de la communion des Chrétiens, plût à Dieu que votre souvenir pût remplir mon âme de sa sainte présence et de la plénitude de sa vie, ô divine Maîtresse !

O Jésus vivant en Marie,

Venez et vivez en vos serviteurs,

Dans votre esprit de sainteté,

Dans la plénitude de votre force,

Dans la vérité de vos vertus,

Dans la communion de vos Mystères.

Dominez sur tout pouvoir,

Par votre Esprit,

Pour la gloire de votre Père. Amen.

Jean-Jacques Olier (1608-1657)

 

 

 

 

 

HITOIRE DE L’EGLISE

 

EUSEBE DE CESAREE

 

Byzance et les Eglises d’Europe orientale

 

La période de l’histoire de l’Eglise d’Orient, si spécifique, marquera profondément la culture et la pastorale des pays d’Orient.  On comprend précisément de quelle manière elle soude son destin avec le pouvoir politique. Elle démontre le renforcement des facteurs d’un schisme annoncé par une bien étrange inféodation de celle-ci aux doctrines du pouvoir impérial de Byzance et des autres Etats à venir. Nous en percevons les conséquences jusqu’à notre époque. Nous le voyons dans la culture d’un nationalisme encore très vif et qui peut basculer à tout instant dans l’horreur.

Les missions d’évangélisation qui comprennent la Russie, la Crimée, les Balkans, à par de rares périodes intelligentes, seront trop souvent déterminées par la doctrine politique et ses intérêts stratégiques. Il semble que les enjeux politiques aient eu une  égale importance aux  préoccupations religieuses dans l’esprit des dirigeants et dans l’émergence d’une culture atypique.

 Nous la qualifions d’atypique, car nous ne comprenons pas vraiment comment cette partie de l’Europe marquée par la culture hellène a pu se laisser happer par le concept absurde de la théocratie. Comment comprendre une telle confusion des pouvoirs civils et sur une période historique si étendue ? Il n’y a pas de précédent similaire dans l’histoire de l’Eglise d’Occident. Certes, nous avons connu une période durant laquelle la hiérarchie prétendait parfois se substituer au pouvoir politique ou l’inverse, mais ces crises ne s’étendirent pas sur mille ans[4].

 

Directement ou indirectement, la plupart des communautés chrétiennes qui se formèrent, au début du Moyen Age, dans les zones de langue slave de la péninsule balkanique dans les pays situés en bordure  du moyen et du bas Danube et en Russie, doivent leur existence à des missionnaires byzantins. La conversion des peuples des peuples qui habitaient ces régions, au moins en ce qui concerne leurs classes dirigeantes, fut achevée à la fin du Xe siècle. En 1000, il s’était constituée en Europe orientale une communauté de nations dont les dirigeants et les classes cultivées étaient d’une certaine façon unis, puisqu’ils professaient le même christianisme oriental et acceptaient le même type de culture issu de Byzance. La conversion des nations d’Europe orientale, le développement de leur culture chrétienne, sont en grande partie imputables à l’effort missionnaire que l’Eglise d’Orient poursuivit depuis le VIe siècle en dépit de plusieurs reculs et interruptions. Les lignes directrices de cet effort apparurent clairement sous le règne de Justinien ( 527-567).[5]

 

 

Cette confusion du religieux avec le politique est si malsaine qu’à certains moments, il est difficile  de les distinguer dans l’initiative missionnaire, ce qui amalgamera un fondement hétéroclite et malheureux renforçant les socles primaires d’un schisme annoncé. Dès le VIe siècle, l’œuvre des missions sera très liée voire confondue avec les politiques impériales. Le pouvoir impérial de Byzance va, avec l’Eglise et dans une ambiance culturelle peu saine, enfermer trois grands principes issus de l’Antiquité et de la Révélation dans un carcan doctrinal détonnant pour l’avenir et très éloignés de la culture hellène :

 

a)    La conviction héritée de la Rome antique selon laquelle l’Empire était théoriquement universel et s’étendait pratiquement à tout le monde civilisé dont les nations devaient légalement obéissance à l’empereur de Constantinople ; b) l’idée issue de la conception du monde hellénistique selon laquelle les barbares restés à l’extérieur de l’Oikouméné civilisée étaient un jour ou l’autre destinés à avoir accès à la communauté culturelle des Rhomaioi ; c) la croyance héritée de la tradition judéo-chrétienne selon laquelle ces Rhomaioi, consacrés au service du Christ par l’empereur Constantin, était le nouveau peuple élu à qu’il appartenait d’apporter l’Evangile à toutes les nations de la Terre. Une équivalence était ainsi établie entre la Pax romana et la Pax christiana, les intérêts de l’empire et l’avancement de la foi.[6]

 

C’est une des clefs qui nous fait comprendre, en profondeur, le mécanisme culturel et religieux de toute une région qui ne parvint pas, à cause des rebonds de l’histoire, à se nourrir de la parole du Christ tout en appliquant les catégories de l’Antiquité hellénistique : « Rendez à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu. »

On ne peut pas juger, car on n’est pas là pour cela, mais on apprécie les effets pérennes des décisions historiques[7].

 

La force de l’Eglise d’Occident fut d’avoir su marquer la différence  entre nécessité et opportunité. Il n’y a eu vraiment que sous Charlemagne qu’une partie des conquêtes militaires dues aux velléités des Barbares s’unirent avec l’œuvre missionnaire en Europe ; c’est-à-dire où le politique décida de la mission d’évangélisation par les armes. La découverte du Nouveau Monde au XVe siècle ne fut pas le fait initial de l’Eglise, mais d’aventuriers épris d’une intelligence extraordinairement curieuse et d’une inhumaine et démesurée volonté d’enrichissement qui entraînèrent les missions à leur suite. Qu’il y eut ici ou là des connivences désagréables et abusives entre la hiérarchie et le politique, c’est vrai ; mais elles furent ponctuelles, très bien identifiées et souvent le fait d’individualités qui mirent Rome devant le fait accompli. Elles n’entraient pas dans l’optique du Magistère. On y reviendra.

 

Il y eut beaucoup d’empereurs qui prirent très au sérieux l’évangélisation, convaincus de leur devoir ; c’est ce qui explique aussi la confusion du religieux avec le politique. La culture des églises orientales fut très peu marquée par le concept de laïcité, et quoi qu’en disent les tenant laïcistes-fondamentalistes, tout aussi pervers et dangereux que les intégrismes religieux ; le concept de laïcité en Eglise d’Occident a toujours été inclus dans la culture religieuse même s’il ne fut mis en relief qu’à partir de l’hérésie de la Réforme et surtout avec le siècle maudit des Lumières.

 

 Dès lors le missionnaire byzantin apparaît dans son double rôle : en tant que personnage apostolique, envoyé pour élargir les frontières spirituelles du Royaume de Dieu, et en tant qu’ambassadeur  de l’impérialisme romain oriental, accompagné en ses  voyages chez les barbares de toute la pompe et la majesté de son souverain temporel.[8]

 

La confusion des rôles et des personnes ne rendit pas un bon service à la perception générale de l’Eglise ; il faudra attendre la domination ottomane en Europe Orientale pour que la séparation des pouvoirs soit plus distincte. La Russie devait échapper à cette mutation pour son plus grand malheur ce qui contribua plus facilement à l’explosion de la révolution bolchevique. Les historiens contemporains ont  le réflexe d’apprécier cette période à l’aune de notre époque, c’est une erreur.  Ils parlent alors d’idéologie du pouvoir, c’est là une terminologie abusive ; on ne peut parler que de doctrine de gouvernement ou de milieu culturel, car le concept d’idéologie est très moderne et ne surgit  que dans le siècle des Lumières. On ne peut qualifier une période historique avec une terminologie qui lui est anachronique. Nous n’avons pas à juger une période, nous ne sommes pas Dieu.

La confusion des pouvoirs rendit difficile l’évangélisation qui, selon les régions, était perçue comme une hégémonie politique et stratégique.

 

Le lien intime qui unissait l’Etat et l’Eglise dans leur tâche commune d’extension de la souveraineté impériale chrétienne fut parfois, pour l’un et l’autre, une source de faiblesse. Certains peuples barbares étaient trop attachés à leurs croyances païennes pour se soumettre volontairement à la puissance byzantine ; d’autres chérissaient trop leur indépendance politique pour risquer de la compromettre en acceptant la juridiction spirituelle de Constantinople. [9]

 

Il arriva que la mission apostolique d’initiative autonome reçoive le soutien du pouvoir impérial. Ce fut le cas pour l’évangélisation du Caucase par Kardutsat, évêque arménien vers 530. Il fit beaucoup de conversions et traduisit des livres de la Bible en langue hunnique. L’intervention du pouvoir impérial vint en appoint pour faciliter la sédentarisation des nomades.

 

L’empereur Héraclius fut confronté aux Avars ; il fit alors appel aux peuples Serbes et Croates pour s’en protéger vers 626. Il invita des missions romaines à évangéliser ces peuples, toutefois cette première évangélisation manquant d’enracinement fut à refaire au IXe siècle. Le danger de l’invasion avare et arabe contraint Byzance à multiplier les efforts d’évangélisation et de stratégie politique vers la Russie.  Les steppes méridionales furent converties au christianisme. Grâce au baptême du roi Onogours Kowrat dont le royaume s’étendait de la Bulgarie actuelle jusqu’au Dniepr comprenant le sud du Caucase et le Don cet empire dont le souverain était vassal de l’empereur de Byzance fut consolidé. De 650 à 850, l’Empire Chrétien d’Orient connut un recul dû  aux invasions de Slaves païens et  de la lutte désespérée contre l’Islam arabe ; il fut également éprouvé par la crise des iconoclastes, ce qui épuisa la vie spirituelle et paralysa la vie politique.

 

CYRILLE ET METHODE : LA MISSION DE MORAVIE

 

Cyrille et Méthode sont deux frères issus d’une famille de hauts fonctionnaires impériaux, originaires de Thessalonique. Méthode est l’aîné qui entra en religion, après une courte carrière de fonctionnaire, dans une maison contemplative en Bithynie. Cyrille montra très vite des dispositions intellectuelles ; il fit ses études à l’université de Constantinople et succédera au patriarche Photius sur le siège de la même ville. C’est à la demande de Ratislav, prince de Moravie, en visite diplomatique auprès de l’empereur Michel III à qui il offrit une alliance politique qu’il demanda de lui envoyer  un missionnaire  familier du dialecte slave de Moravie. Dans ces deux projets, ce prince qui régnait sur la Moravie et la Slovaquie, vit le moyen de résister aux pressions de Louis le Germanique, roi de Bavière et de réaliser le renforcement culturel de ses Etats.  L’empereur comprit l’avantage de cette alliance et lui envoya Cyrille et Méthode. Les deux frères connaissaient les dialectes slaves et, encore à Constantinople, ils mirent au point un alphabet à l’usage de leurs futurs fidèles. C’est un travail linguistique qui fut  introduit dans les siècles passés en Arménie et autres contrées. L’alphabet dit de Cyrille est en fait le glagolitique ; ce n’est que beaucoup plus tard que l’alphabet cyrillique fut créé pour la Russie, la Bulgarie et la Serbie. L’invention de Cyrille permit la traduction des livres sacrés. Cette langue, qu’on finit par appeler slavon, devint la troisième langue internationale en Europe. 

 

L’histoire de l’évangélisation de la Moravie rappelle un peu celle de l’Asie. Cyrille et Méthode vont être confrontés à une opposition du clergé franc venu de Salzbourg et de Passau ; il serait possible que cette région ait profité de l’influence des missionnaires irlandais basés en Bavière vers la fin du VIIIe siècle. Cyrille traduisit en slavon la liturgie de saint Jean Chrysostome et aussi le formulaire[10] de la messe latine qui avait été le fondement liturgique des Moraves au début de leur christianisation.

 

 La traduction de  la liturgie et des livres saints en langue vernaculaire va poser un problème, car Rome dont dépend la région de Moravie, préfère le latin, le grec ou l’hébreu qui sont considérées comme les langues légitimes pour la vie de l’Eglise. Ce problème posé est le témoin de la tentation d’uniformiser et d’imposer une volonté hégémonique de Rome selon les principes de l’antique et défunt Empire Romain d’Occident. Ce désir n’est guère conforme à l’esprit évangélique ; c’est une conception du gouvernement de l’Eglise bien trop humaine qui a en gestation un lot bien trop lourd d’erreurs que l’on constata dans l’application absolutiste de la réforme liturgique conciliaire. Cet absolutisme fut d’autant plus surprenant qu’il venait expressément d’un pape issu d’un milieu libéral, Paul VI ?

 

Pour les Byzantins, il était naturel et légitime que a liturgie des offices fût traduite en langue vernaculaire : nombreux étaient les peuples de la chrétienté orientale, tels que les Arméniens, les Géorgiens et les Coptes, qui utilisaient leur propre langue pour le culte chrétien. Mais dans l’Eglise d’Occident, le latin devait être pratiquement considéré comme la seule langue liturgique admise. Les évêques francs se méfiaient naturellement des expériences liturgiques de Cyrille ( nom de baptême : Constantin) et Méthode ; […] Durant leur séjour à Venise, Constantin soutint avec ardeur la défense des langues vernaculaires, au cours d’une controverse avec les clercs latins de l’endroit ; ceux-ci, d’après un biographe contemporain, exposèrent « l’hérésie trilingue » dont l’idée fondamentale était que seuls l’hébreu, le grec et le latin pouvaient être des langues liturgiques. Ce fut probablement à Venise que Cyrille et Méthode reçurent l’invitation du pape Nicolas Ier. Ils arrivèrent à Rome à l’hiver 867/868.

 

Nicolas Ier était mort, le pape Hadrien II venait de succéder à Pierre ; pour des raisons de stratégie d’équilibre face à la puissance du clergé franc, mais aussi et sans doute par bon sens, Hadrien donna raison à Cyrille et Méthode :

 

Il recommanda que leurs disciples fussent ordonnés, que la messe fût célébrée en slavon dans quatre églises romaines et que les livres liturgiques slavons fussent déposés à la basilique de Sainte-Marie-Majeure. Cyrille après toutes ces années de labeur tomba malade à Rome et mourut à l’âge de quarante-deux ans en 869. Il fut enterré à la basilique de Saint-Clément.

 

Mais cette affaire ne devait pas en rester là. Hadrien envoya Méthode en Pannonie avec une lettre dans laquelle il exprimait son accord pour l’usage de la langue vernaculaire, le slavon. Le travail pastoral de Méthode fut déstabilisé par le retrait des prêtres francs qui obtinrent du roi de Bavière l’arrestation de Méthode à l’occasion de la déposition du prince Ratislav en 869. Il fallut attendre 873 pour que le pape Jean VIII exige du roi et des évêques qu’il soit libéré ; toutefois, ce pape velléitaire, interdit à Méthode l’usage de la langue vernaculaire sur son siège de Pannonie. Méthode ne tint pas compte de cet interdit qui ne relevait pas de l’autorité dogmatique, mais d’un choix pastoral et sans  doute politique ; il pouvait donc être ignoré. Méthode poursuivit l’usage de cette langue et son travail de traduction.  Il fut dénoncé par le clergé franc auprès de ce pape et accusé d’hérésie. Méthode revint à Rome, prouva son orthodoxie et finalement sut convaincre le souverain pontife du bien fondé de l’usage vernaculaire. Jean VIII, par la bulle Industria Tuae, accorda un appui sans réserve ; plus tard, grâce à la réconciliation de Byzance avec Rome, Méthode aura d’autres appuis. Malheureusement, après la mort de Jean VIII, son successeur Etienne V qui ne semblait pas  jouir de la même sagesse humaine condamna l’usage du slavon à la mort de Méthode en 885 et ses successeurs furent chassés de Moravie par le clergé allemand. [11]

 

L’Eglise de Byzance se verra contrainte de racheter les prêtres de liturgie slavonne vendus comme esclaves à Venise.[12] La hiérarchie byzantine amassa les livres en slavon, les fit recopier, forma des prêtres dans cet usage linguistique en vue de l’évangélisation de la Russie. Le bon sens se ramasse partout là où il y a de l’humilité. 

 

En dépit de l’hostilité manifestée par le clergé franc et – après 885 – par Rome, il fallut plus de deux siècles pour que disparût complètement  ce qui était resté du travail de Cyrille et de Méthode en Europe centrale. La littérature slavonne et la liturgie slavonne fleurirent encore en Bohême et en Croatie jusqu’à la fin du XIe siècle. Elles furent alors détruites ou étouffées par la politique romaine de centralisation et d’uniformisation linguistique. Cependant ses derniers développements n’eurent qu’une importance secondaire. L’avenir du christianisme slave de langue vernaculaire était ailleurs. Expulsés de Moravie après la mort de leur maître, les disciples de Méthode trouvèrent refuge en Bulgarie ; ce pays était destiné à sauver la culture indigène slave et à la transmettre, développée et enrichie, aux autres Slaves qui étaient dans la mouvance de l’Eglise d’Orient, c’est-à-dire les Russes et les Serbes.

 

Ce fut une fâcheuse conclusion pour l’Eglise d’Occident Il est heureux que la liturgie se soit mise à l’intelligence populaire des peuples surtout avec l’effondrement du niveau scolaire et culturel ; elle se devait d’être comprise par tous, ce qui ne justifiera jamais les déviances insensées dont nous sommes toujours les témoins. Il serait inconcevable que sur ce point on revienne en arrière[13]. Il semble toutefois, tout à fait urgent et nécessaire que le latin soit à nouveau enseigné pour la formation des prêtres qui en ont les capacités ; le latin doit revenir à sa place, une langue savante. Il faut lui reconnaître la vertu de permettre une plus grande intelligibilité des langues romanes, il forge avec rigueur la pensée intellectuelle et  équilibre son expression. Il ne faut pas faire, il ne faut plus faire de complexe envers l’excellence, ni envers Rome.

S’il importe prioritairement d’être saint, la sainteté n’est pas incompatible avec une formation d’excellence et certainement pas avec une politique élitiste de service et non de domination.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LA VIE DES MOTS

 

Pierre-Charles Aubrit Saint Pol

 

Le temps du carême prend un relief particulier en notre époque de décadence vertigineuse qui entraîne un effondre métaphysique incitant le croyant à l’apostasie au désespoir. Il  porte notre attention vers les mots :  visage, sourire, regard. Ils ne reflètent pas tant une fonction qu’une réalité que l’on appelle personne. On pourrait dire qu’ils soulignent la spécificité de l’être humain dont ils précisent la qualité : c’est une personne[14].

D’un animal, on dit de son regard ’qu'il reflète la qualité d’élévation affective qu’il développe dans le rayonnement de l’humain mais on ne parlera pas de visage ni de sourire. Ces mots là ne peuvent et ne doivent désigner que l’homme et la femme[15].

 

L’identification de l’homme n’est pas dans sa seule position debout (erectus), par contre on s’attache à sa tête, car l’identification de l’homme est de l’ordre affectif, morale et spirituel : l’homme est esprit et matière, en ce sens, il se doit de dominer sa nature, exigence qui fonde la loi morale naturelle qui inspire le droit.

 

Le visage est ce qui s’observe instinctivement chez l’homme de la part de l’autre ce qui constitue le principe du vis à vis.

 

Le mot visage vient de la racine indo-européenne « weid » qui signifie « voir » ; le grec en tira le mot « idein », « voir et avoir vu » ; le latin en a fait « videre, visus qui donne le verbe « voir » ; visage en latin vient plus directement de « visus » qui donna en ancien français « vis » d’où « vis à vis » ; progressivement, on fera dériver de cette racine les verbes : dévisager « défigurer », envisager « réfléchir » pas seulement au sens de ce qui porte à la réflexion mais au sens du miroir : celui qui regarde l’autre sachant que c’est un autre lui-même dans l’ordre naturel.

Le mot latin donnera  aussi sens d’apparence, ce qui paraît. Le visage est ce qui révèle du semblable mis en vis à vis. C’est une révélation partielle, elle est indicatrice de la personne ; même s’il y a une science humaine qui s’y rattache : la morpho-psychologie, c’est ce qui amena les romains dans leur théâtre à faire usage du masque « persona » qui donna « personne » ; le mot personne fournira celui de « personnalité » : la personne cache ou révèle en partie l’être ce qui donne superficiellement une idée de l’être que l’on désigne par « personnalité ».

 

Le visage est constitutif de la personne dans lequel transfigure partiellement l’être qui l’habite au sein duquel se rencontre les affections et l’âme qui le construisent et constituent sa substance morale et spirituelle[16].

 

Dans le visage, on porte attention au regard. Le mot « regard » vient de « swer-var et de sert et wer, ce qui signifie faire « attention ». Il donna le mot germain « war » « être attentif » qui par extension donnera celui qui soigne, qui garde d’où le mot « esclave » du latin « servus », qui à l’origine désignait celui qui gardait  les troupeaux de bétail. Il désigna par la suite celui dont la charge était d’assumer les services serviles d’une maison d’où « servitude ».

 

Le mot « regard » vient d’une extension de « war » « wardon », il vint en usage au XIe siècle, il désignait celui qui avait en charge les économies qui faisait attention en regardant ; regardant désignait une fonction : l’économe d’une maison[17]. Cette racine donna également le mot « égard », le fait de veiller sur... son contraire donnera garnement, celui qui n’a pas d’égard.

 

Le regard désigne un état moral et spirituel qu’on reconnaît être dans la constitution de la personne ; celle-ci ne se contente pas de voir, elle regarde ! Elle porte attention au sujet qu’elle voit.

 

Le verbe « voir » désigne une situation que l’on subit qui s’impose à soi : on voit un paysage tout simplement parce qu’il est là comme on voit un passant. Il est un sujet qui participe au quotidien indifférencié de celui qui ne peut que voir ; on voit plus facilement un spectacle qu’on ne le regarde ; on regarde une peinture plutôt qu’on ne la voit. Un visage, on le voit d’abord puis après, on le regarde si on prend le temps de le poser sur l’objet vu.

Le regard a une qualité morale et spirituelle, il a une charge émotionnelle. Le « voir » est indifférent, tandis que le « regarder » est de l’ordre de la qualité, il a une substance. On regarde avec tout ce qu’on est et n’est pas ; c’est pourquoi le regard peccamineux n’est jamais que le reflet d’un coeur perverti habité par les vices. Il n’est pas péché si ce n’est qu’il réfléchit le péché qui est dans le coeur, dans la volonté. Le regard est la qualité morale, affective et spirituelle de l’homme.

 

Que serait le visage d’homme sans sourire ? Ca ne serait pas celui d’un homme ! Seul l’homme, seul l’humain sourit. L’humanoïde ne sourit pas, seul l’homo-sapien et l’homo-sapien-sapien sourient, il est l’homme.

 

Le mot « sourire » provient de la racine latine «  ridere, risus, d’où ridiculus celui qui est cause de rire » ; le mot « sourire » vient du mot latin « subridere » qui donna « souriant, risée, risette, rogoler, rire ».

De même qu’il ne peut y avoir de sourire sans visage, de même il n’y a  pas de visage sans sourire. Le sourie est l’homme.

Le visage de l’homme se singularise par la faculté de regarder, de sourire pas d’entendre ni de manger qui sont des fonctions utilitaires (propre à tout vivant animal) ; alors que le regard et le sourire sont de l’ordre de la qualité, de la grâce.

Le petit d’homme se reçoit dans l’identification de son visage qui contribue à l’affirmer comme semblable au genre humain, il est reconnu membre de la communauté des hommes, on lui impose un nom.

 

Un homme condamné à mort est exécuté sous le regard de ses semblables qui, au moment du trépas, lui redonnent son identité d’homme puisqu’il se trouve dans un vis à vis ultime : on est le vis à vis que d’un semblable. Un condamné meurt en se sachant reconnu pour un homme non pas seulement par le jugement qui le rétablit dans sa vérité, dans la vérité de son acte mais aussi dans sa dignité, malgré la gravité de sa faute.

 

L’une des monstruosités des camps de concentration est que l’homme ne se trouve plus identifié que par son ethnie, sa religion[18]. Il ne peut pas même regarder ses tortionnaires. Dans les camps nazis, on mourrait sans un regard sur le visage, on était oublié avant même de mourir. Il n’y avait plus de vis à vis social, il n’y avait plus de regard... Lors de la libération des camps, le survivant recherchait  à poser son regard sur le visage qu’il voyait à seule fin de se retrouver dans la certitude d’être un homme, de revenir à ses semblables.

 

Ici, posons-nous sur ce verset : « il n’avait plus visage humain... » Chant du  serviteur souffrant.  

 

Nous sommes là dans la contemplation du Visage de l’Innocent qui accepte de se revêtir de la condition humaine la plus abominable, le péché ! Car la souffrance que ce visage recevait, n’était rien d’autre que les couches successives de nos péchés. Son regard n’était plus perceptible ; car prendre sur soi le péché de l’homme, c’est descendre dans une kénose si abyssale qu’on y touche l’infra-humain.

Ce que nous qualifions de beau, « la beauté » est l’innocence ; la beauté formelle n’est qu’accidentellement le reflet d’une beauté plus secrète qui touche à  la fine pointe de l’être, beauté formelle qui n’est que trop souvent trompeuse[19].

La beauté relève éminemment de la qualité, qualité qui concerne chez l’homme les parties affectives, morales et spirituelles.

Le visage dans ses ensembles,  sourire et regard, réfléchit cette beauté qui couronne les qualités de l’homme ( il y a là comme les prémices de la transfiguration et la glorification du corps ).

 

Que dire de l’enfant ? Que dire de celui qui est en promesse mais déjà de l’homme et une personne ? Lui sera tué !

La société s’offre de renoncer au reflet de la beauté tant elle est l’aide et sans Espérance. Elle n’est plus que le réceptacle de l’homme tourné, dressé contre lui-même puisqu’il tue son fils à venir, ce petit d’homme ! Il se prive du vis à vis le plus intime, le plus « kénosien de la condition humaine» et il prive cette âme donnée à l’être qui en fait une personne, la grâce de s’offrir en ses qualités les plus hautes à l’autre immédiat son père et sa mère et à toute la société !

 

O nom de qui et de quoi peut-on empêcher la promesse d’un sourire d’éclore dans une société opposée à la peine de mort et, dans le sein de laquelle, toute beauté innocente se trouve de plus en plus offerte aux immondes appétits d’une humanité désappropriée d’innocence ? La voici qui tremble à toute beauté et qui s’adore en recherche de sa beauté apparente.

 

Mais dites-nous sages mendiants des chemins de vérité ?

Dites-nous qu’est-ce une société défigurée, automutilée et qui ne peut se réparer que dans l’accueil renouvelé de l’innocence offerte en beauté salvatrice?

 

Donnez-nous Ô Seigneur la gourmandise de votre Résurrection ! Vous, le Visage du Père de toute innocence et gloire !

 

 

 

 

« L’Amour n’est pas aimé ! L’Amour n’est pas reçu ! L’Amour mendie l’amour !»

 

 

 

DU PRINCE

MEROVE

 

CLOVIS

 

Nous l’avons développé au début de notre réflexion, le  prince puise sa légitimité soit par sa vaillance personnelle qu’il met au service de sa communauté ce qui l’engage à offrir sa vie pour elle, soit par héritage, mais il assume la même offrande de sa personne. Cela ne saurait suffire ; le pince est le garant du respect de la loi morale naturelle, car s’il peut, en tant que chef, user d’une autorité spécifique, l’exercice de son pouvoir est fondu à son autorité morale, elle l’est substantiellement. L’exercice du pourvoir procède du même principe que celui du chef de famille ; il ne s’agit  pas seulement du commandement guerrier mais du gouvernement ordonné au bien commun d’une communauté. Le bien commun se définit en partant de la nécessité et de l’intelligence de la loi morale naturelle qui demeure universellement basée sur :

1er – le respect de la vie, toute mort d’homme doit être justifiée.

2e – la génération, perpétue la lignée.

3e – pourvoir à la vie : la nourriture, la sécurité.

4e – honorer les dieux sans lesquels rien n’est possible.

 

Ce qui revient à dire qu’il est interdit de tuer son semblable en dehors de la loi commune ; de porter atteinte à la génération, l’enfant est une bénédiction ; de voler le bien commun ou le bien d’autrui reconnu ; ne rien faire contre les dieux.

Ces fondamentaux  sont les principes universels sur lesquels s’organise la société fusse-t-elle familiale, c’est par extension les fondations de la communauté élargie au peuple à la nation.

 

Le prince est tenu, s’il veut conserver sa légitimité, de respecter et de faire respecter ces principes non négociables. Le prince chrétien a la même obligation, il ne peut s’en distraire ; son baptême le sanctifie, surélève sa nature par les Dix Commandements qui se trouvent résumés par un seul : « Tu aimeras ton Dieu de tout tes forces et ton prochain comme toi-même. » Cette même obligation devient incontournable pour le Salut du peuple et de chacun des membres. 

 

Si cette obligation touche tout prince chrétien, quelle est la spécificité du roi de France puisque de ce point de vue là, il n’est pas différent des autres souverains chrétiens ?

On peut en déduire que l’élection spécifique, singulière, du prince français à la tête du peuple signifiée par le baptême et le sacre de Clovis, n’est pas le sujet ni l’objet de cette extraordinaire élection. Elle se porte sur le peuple, la nation qu’il constitue. Dieu ne singularise le prince français que parce qu’il appelle à une vocation spécifique l’ensemble du peuple, l’ensemble du royaume et tout ce qui s’y rapporte.

L’élection particulière de la nation française est visiblement signifiée par l’onction de l’huile sainte accordée miraculeusement au roi en la personne de Clovis et à ses successeurs pour rappeler la vocation de la France. Le roi est la tête du peuple, il lui revient de l’accorder à sa mission.

Il faut ici, avant d’aller plus loin, revenir sur ce que nous avions abordé superficiellement en amont : le statut hypertrophié que les Bourbons vont progressivement s’accorder quant à l’exercice de leur souveraineté sur le peuple est une perversion de la conception de leur charge, et de leur personne ; c’est Louis XIV qui  inaugurera le culte de la personnalité ce coupant conséquemment des nobles et produisant au sein de la noblesse une élite courtisane éminemment exposée et donc corruptible .

Louis XIV sera pour la France et l’Eglise le Salomon du peuple hébreu. Rien ne peut justifier cette déviance pas même les évènements de la Fronde.  L’orgueil du pouvoir est comme toutes les autres manifestations de l’orgueil, sans excuses, sans justifications aucunes, générateur de souffrances de toute nature.

Dieu donnera sa leçon à la face de toutes les nations, en permettant l’explosion de la Révolution de 1789. Une leçon d’humilité pour tous les autres peuples qui ne le comprirent guère ce qui les amènera aux deux  guerres mondiales. Les orgueils nationaux entraînent l’orgueil individuel.

Sous les Bourbons ont peut parler d’un détournement de gloire ; un système de gouvernement s’est satisfait de lui-même au point qu’il oublia Dieu et ses leçons antérieures, et le peuple lui-même   s’enorgueillit de la gloire de son roi.

En ces temps là, en ce royaume de France, co-existèrent deux orgueils aux conséquences effrayantes : l’orgueil religieux : la hiérarchie, malgré la période de l’Ecole Française de Spiritualité, reste anormalement accolée au pouvoir et s’aveugle d’une situation politco-sociale qui n’a plus aucune raison d’être et le jansénisme qu’illustre l’affaire de Port-Royal et enfin, l’institution politique, la royauté qui se dresse sous le ciel chrétien comme la tour de Babel. Tous les deux devaient subir la colère de Dieu. Le courtisant ne devait-il pas saluer le lit d’apparat à chaque fois qu’il passait devant ! Louis XIV n’est-il pas allé jusqu’à favoriser le gallicanisme, n’a-t-il pas pris seul de décider de la révocation de l’Edit de Nantes contre l’avis du Saint Siège ![20]

Louis XIV annonce les pouvoirs post-révolutionnaires : Napoléon, les dictatures idéologiques. On peut dire sans trop exagérer le trait, que ce roi fut plus bourgeois que prince et  le premier chef d’Etat de Gauche.  C’est si vrai, que très peu d’hommes politiques républicains s’en prendront à lui ; son pouvoir autoritaire les fascine, la Cinquième République s’en est beaucoup inspirée.   Elle réunit tous les vices d’orgueil de tous les modes de gouvernement depuis l’accession de la Maison de Bourbon. A cause de cela, elle ouvrira les voies d’accès  à tous les terreaux  de perversions morales pour atteindre des abîmes de l’infra-humain par la multiplication de lois opposées à la loi morale naturelle. Elle n’est plus qu’un effroyable blasphème qui crie justice au trône de Dieu.

Le peuple n’est pas au bout de ses souffrances ; ce n’est qu’au fond de son effondrement, de sa désolation matérielle, morale et spirituelle qu’il reviendra de ses égarements. Il apprendra qu’il n’est qu’une seule nourriture pour la gloire : l’humilité.

A quelle singulière vocation la France est-elle appelée depuis le baptême de Clovis ?

C’est être au service des peuples au Nom du Christ Jésus pour le développement de la paix au moyen de la justice et de son rayonnement culturel en alliance avec l’Eglise.

Le prince d’aujourd’hui, quelle  que soit sa légitimité ou son principe d’accession, est tenu aux  mêmes obligations quant au respect de la loi morale naturelle, la légitimité de son pouvoir et des institutions du moment en dépend. Nul homme ne peut, ni ne doit contrevenir à la loi morale naturelle sous quelque justification trop humaine que ce soit. Nul n’a mandat de déroger à la loi morale naturelle.

Cette situation quasi-généralisée ne fut possible que par un long travail de corruption morale, intellectuelle et spirituelle, dans lequel l’homme s’affirme comme sa propre mesure ; il renouvelle la faute luciférienne : être le maître de sa destinée en dehors de toute référence à une autorité divine. En présence d’un tel orgueil, Dieu n’a d’autre possibilité, à la lumière de sa miséricorde, que d’aveugler cette société, lui retirer l’assistance de son Esprit afin, qu’allant jusqu’au bout de son blasphème, elle n’ait plus d’autre solution que de crier vers son Créateur qu’elle avait si résolument exclu de sa destinée.

 

Cette série sur le thème du prince se terminera avec un dernier article qui portera sur le concept de la loi et de la justice ; plus tard elle fera l’objet d’un livre qui approfondira la réflexion de la légitimité des pouvoirs et du gouvernement des peuples.

 

 

 

GERARD CHEUNG

CONSEIL

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DU MINI-TRAITE DE L’UNION EUROPEENNE

 

Théodulfe Soplataris

Le mini-traité de Lisbonne peut-il devenir le porte voix de la justice divine ?

Dieu veut-il de ce traité ?

Tout le laisse croire puisque nos responsables nous répètent que la construction de l’Union Européenne est la garantie de la paix pour mille ans. C’est bien possible si nous nous référons aux intentions très nobles des pères fondateurs.

Leur aspiration à cet idéal de paix se nourrissait dans les champs détrempés par le sang des combattants de deux conflits mondiaux. Ils savaient que s’ils favorisaient les échanges commerciaux et qu’ils parvenaient à fonder des pôles économiques européens, les aspérités du passé finiraient par se dissoudre dans la nécessité de l’enrichissement commun que renforceraient peut-être les transmigrations des citoyens européens.   Ils avaient à cœur que tant de sacrifices accumulés dans une succession quasi-fantasmagorique de conflits n’auraient une réelle valeur, un réel sens historique, que s’ils aboutissaient concrètement dans l’instauration durable de la paix. Même si certains protagonistes étaient communistes, toute cette génération était pétrie de culture chrétienne.  Elle tablaient sur le maintien des fondamentaux des valeurs exaltées par cette culture et n’envisageaient pas l’effondrement de la loi morale naturelle, certainement pas après les carnages de ces deux Guerres Mondiales, ni après l’effarante réalité d’une descente vertigineuse de l’homme dans l’infra humain. Ils croyaient que la valeur de la vie, d’un sourire, des larmes deviendrait un sacré infranchissable à la vue de l’histoire tragique de ces 100 dernières années. Ils avaient tort, car il semble que l’homme ait beaucoup de mal de se désapproprier  du goût de la bête quand il tombe dans l’animalité.

De toute évidence, ils eurent tort de trop espérer dans l’homme  et dans le courage moral des personnels politiques qui leur succéderaient. Ils ne considérèrent pas suffisamment la profonde blessure de la nature humaine. Mais bien plus gravement, ils ne perçurent pas les résonances tragiques de la culture révolutionnaire. Il est toujours dangereux de manquer de réalisme et d’espérance tout à la fois. Ils intégrèrent l’immense grandeur de l’homme mais ils ne comprirent pas que celui-ci n’est pas l’Atlas qu’ils espérèrent pour qu’il puisse la porter seul…

Ils portèrent cet idéal dans l’humilité de leurs blessures d’homme, leurs héritiers ne surent que se remplir de la gloire de leurs pères et leur ombre écrase aujourd’hui leur peuple de honte, de déshonneur désespérant, blessant le sourire des plus humbles.  

Modifions la question : Dieu a-t-il béni l’intention des pères fondateurs de l’Union Européenne ? Sans aucun doute possible, car les serviteurs de la paix sont ses amis.

Qui a-t-il de commun entre le traité de Rome qui fonda le Marché Commun et celui de Maastricht ? Un divorce d’idéal.

Maastricht fonda l’Union Européenne en tourna le dos au projet initial  qui n’est référencé que pour pratiquer une sorte de chantage moral « attention si vous vous opposez à ce projet vous risquez le retour des guerres intercontinentales ! » et un sage clown de répondre : « et ta sœur ! »

On ajoutera que l’Europe est prise au piège d’une paix interne actuellement très aliénante. Une paix de misère.

Qu’est-ce qui relie le traité de Maastricht à celui de Lisbonne ? Un abîme dans lequel tombe en lambeaux l’honneur, la grandeur et toutes les valeurs qui font son inconcevable et inégalable rayonnement.

L’Europe de Lisbonne est celle de toutes les fétidités, de toutes les compromissions à la petite semaine, de toutes les lâchetés confortables ; c’est le triomphe de la médiocrité politique qui, en une sorte de jeu de l’oie, fera tomber tout son monde en une prison trois étoiles… Car cette Europe là, braves gens qui dormaient en toute quiétude, c’est celle des soixante-huitards rhumatisants et hargneux, sans autre espoir que les graffitis de la Sorbonne et les maladies vénériennes des campus universitaires : tout est dans le caleçon, et c’est pas sûr !

 

Analyse de Monseigneur Dominique Rey sur le traité de Lisbonne :

Le vote du Parlement français rassemblé solennellement à Versailles le 4 février, puis celui des deux chambres séparément le 7 février, va autoriser la ratification du traité modificatif européen, dit de Lisbonne. Il est destiné à remplacer le projet de Constitution, que Français et Hollandais ont rejeté par voix référendaire en 2005.

L’incorporation dans le nouveau texte soumis aux élus de la nation de la Charte européenne des droits fondamentaux accordera de fait à ce “mini-traité” une valeur juridique contraignante pour les Etats signataires.

Cette Charte représente sur plusieurs points une rupture intellectuelle et morale avec les autres grandes formulations juridiques internationales, en présentant une vision relativiste et évolutive des droits de l’homme qui met en cause les principes du droit naturel.

Tout d’abord, la Charte stipule avec raison que “le droit de se marier et de fonder une famille est garanti”. Mais elle se garde de spécifier le sexe des conjoints. Elle dissocie explicitement la notion de mariage, de celle de famille. Ceci constitue une rupture avec la Déclaration universelle des droits de l’homme, adoptée à l’ONU en 1948, laquelle définissait la famille comme l’union d’un homme et d’une femme, et faisait d’elle le socle anthropologique de la société.

De même, le texte proposé, qui consacre le principe de non-discrimination pour orientation sexuelle, ouvre ainsi la porte à la jurisprudence européenne pour reconnaître l’équivalence de tous les types de mariage, tant en ce qui concerne l’adoption d’enfants que la procréation médicalement assistée (cf. la récente condamnation de la France par la Chambre haute européenne des droits de l’homme, parce qu’elle avait refusé l’adoption d’un enfant par une femme célibataire homosexuelle). Progressivement, le droit à l’enfant prévaut sur le droit de l’enfant, en particulier celui de naître ou celui d’avoir un père et une mère.

Par ailleurs, la Charte restreint considérablement le domaine de la protection de la vie humaine. S’il est rappelé que seule la personne humaine a droit à la vie, la protection de l’enfant à naître est mise en cause, puisque, selon l’un des derniers avis rendus par le Tribunal européen, “l’enfant à naître n’est pas considéré comme une personne”. L’embryon humain, notamment in vitro, ne bénéficie plus d’une protection pénale. C’est ainsi que la Charte interdit seulement le clonage à but reproductif sans jamais mentionner le clonage embryonnaire à des fins thérapeutiques. Il s’agit, là encore, d’un net recul par rapport aux précédents instruments juridiques européens, en particulier par rapport à la Convention de biomédecine du Conseil de l’Europe adopté en 1997, qui précisait “qu’est interdite toute intervention ayant pour but de créer un être humain génétiquement identique à un autre être humain, vivant ou mort... ”. La recherche sur les embryons surnuméraires, le diagnostic préimplantatoire, la fabrication d’embryons hybrides..., risque de ne plus être encadrée sur le plan juridique.

Enfin, la disparition de “l’interdiction d’infliger à quiconque la mort intentionnellement”, comme le reconnaissait la Convention européenne des droits de l’homme de 1950, ouvre-t-elle le champ à une dépénalisation de l’euthanasie et du suicide médicalement assisté ?

Dans sa première encyclique Dieu est amour, Benoît XVI souligne que “L’Eglise veut servir la formation des consciences dans le domaine politique et contribuer à faire grandir les perceptions des véritables exigences de la justice” [1]. Au moment où nos parlementaires vont se prononcer sur le processus d’unification européenne, puissent-ils ne pas oublier les fondements éthiques qui garantissent le respect de la personne humaine, depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle, et qui sont constitutifs d’une humanité respectueuse du droit des plus faibles.

+ Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon

Une Europe qui encourage et développe la culture de mort, le rejet des valeurs chrétiennes ce qui a pour conséquences entre autre l’inintelligence, comment peut-elle prétendre se présenter aux peuples comme le vecteur du bonheur et de la prospérité ?

Que l’on veuille bien expliquer qu’un Président français puisse signer ce traité après avoir dit ce qu’il a dit de la culture chrétienne lors d’un entretien à Radio Vatican ?

Quelle cohérence y a-t-il entre le discours d’Alliot-Marie lors de la remise de la barrette à Monseigneur Vingt-Trois et ce traité de Lisbonne ? En fait, elle est plus certaine qu’il n’y paraît si on relie le compliment  qu’elle adressa au cardinal  Ricard !

Un catholique a le droit de se poser ces questions et d’exprimer sa consternation, s’en est même un devoir.

On peut tout admettre de la faiblesse des hommes et toujours la leur pardonner ; on peut toujours croire que M. Sarkozy n’a pas pris connaissance de l’intégralité des textes de ce traité. Mais alors à quoi nous sert un Président et ses conseils ?

Un singe en son  royaume serait assurément un  serviteur sincère de la vérité.

 

Que l’on passe par-dessus le peuple pour faire ratifier ce traité, on peut le comprendre puisque le peuple élut l’homme qui le lui promit – la  majorité a parlé -.[21] Il s’avère que ce traité est plus éloigné encore de l’éthique  que le précédent, on peut comprendre qu’il valait mieux ne pas le soumettre au référendum, non qu’une majorité sur ce point l’eût combattu. Non, il fallait éviter qu’un débat public ne s’ouvrît sur l’éthique quand bien même il eût été initié par une minorité. On retrouve là le black-out de la campagne présidentielle sur ces problèmes majeurs ; les grands médiats sont bons serviteurs des puissants. On ne peut plus les prendre au sérieux.

Il y a lieu de craindre, que derrière la politique européenne de notre Président, qu’il n’y est d’autre préoccupations quasi obsessionnelles que les impératifs économiques certes nécessaires ; leur dramaturgie actuelle est le pendant exacte du rejet de Dieu.

Jusqu’où irons-nous dans les obsessions économiques, qui aura le courage de considérer les conseils issus de la Doctrine sociale de l’Eglise.

Voici maintenant ce maudit traité ratifié, sauf accident venant de l’Irlande, une close permet de faire fi du résultat du référendum irlandais, ce qui en dit long du respect de souveraineté et de l’intelligence de la démocratie ; et on a le culot de donner des leçons autres !

Vient le problème du Kosovo. Le Président Sarkozy vient de reconnaître son indépendance ; soyons en sûr, dans cette affaire lamentable qui nous déshonore, il aura été un bon serviteur et amis des intérêts des Etats Unis.  Ils ont besoin de cet « état » pour surveiller le transite intestinal du pétrole en provenance du Caucase. Et ne leur faut-il pas donner des signes d’amitiés convenables envers les puissances arabiques ? Dans cette affaire, l’Europe perd le peu d’honneur qui lui reste et la France tout son crédit moral à moyen terme.  C’est à se demander si nos politiques connaissent quelque chose de notre histoire d’Europe, s’ils en n’ont encore l’intelligence !

Cette reconnaissance nous couvre de honte, car malgré la tragédie récente qui est l’une des causes des lâches accords de Rabat et de Yalta, il faut rappeler l’occupation inhumaine de l’Empire Ottoman. On ne peut oublier le rôle éminent de la Serbie dans les deux conflits mondiaux. Il faut souhaiter que la République de Russie ne cédera en rien, qu’elle empêchera une telle infamie, qu’elle manifestera son sens de l’honneur et de justice qu’elle doit en réparation au peuple serbe.

Les églises chrétiennes doivent condamner cette situation ; il va à l’encontre des principes basiques de la morale des nations et des peuples.

Que la Russie sauve l’Europe d’un tel déshonneur !

 Ce traité engage la destinée des peuples dans une marche funèbre au rythme des tambours de la danse macabre. Car dans ces conditions, même si aujourd’hui les peuples sont fous d’eux-mêmes et satisfaits de danser sur les abîmes du blasphème, ils risquent de ne plus avoir de bienveillance pour ceux qui les auront égarés dans les zones les plus viles de leurs appétits. Ils n’auront pas eu le courage moral de leur dire non parce que, une fois de plus, les gens de bien auront été trop peu à parler, tant il est vrai qu’on ne prend aucun risque à cultiver son confort.

Cette Europe là ressemble à s’y m’éprendre à l’Empire Romain. Dieu s’en servit pour répandre son Evangile. Dieu se servira de cette mauvaise Europe pour amener sa Justice. Elle devient un blasphème tranquillisant : dormez braves gens les bateleurs s’occupent de vous. 

 

Dieu retire son Esprit d’une civilisation qui ne veut plus de lui, qui justifie son acte par le bien qu’elle prétend se donner. Dans l’aveuglement de leur révolte, Dieu amène nos responsables là où assurément ils ne souhaitent pas aller. L’Apocalypse viendra par l’effondrement moral et spirituel de l’Europe et des actuelles grandes puissances qui sacrifient, jusqu’à leur génération, au dieu Moloch.

LE DIEU MOLOCH

 

« Je donnerai à ta descendance cette terre, pas maintenant, car son péché n’est pas à son comble ! »

 

 

 

 

LE SAINT CONCILE VATICAN II

 

LUMEN GENTIUM

 

 

Les images de l’Eglise :

 

Tout comme dans l’Ancien Testament la révélation du royaume est souvent présentée sous des figures, de même maintenant c’est sous des images variées que la nature intime de l’Eglise nous est montrée, images tirées soit de la vie pastorale ou de la vie des champs, soit du travail de construction ou encore de la famille et des épousailles, et qui se trouvent ébauchées déjà dans les livres des prophètes.

 

Les pères du Concile rappellent que l’Eglise se laisse approcher dans le quotidien de la vie de l’homme par la contemplation de la Création. L’institution humaine de l’Eglise se comprend par une approche familière, un exemple abouti de la hiérarchie naturelle ; cette familiarité sociale est introduite par la vie quotidienne : l’amour d’un couple uni, l’assemblage unifié d’une maison, les travaux des champs qui vont des semailles à la moisson, les variations climatiques et les saisons qui enluminent encore le livre des heures du Duc de Berry.  De même que Dieu s’incarna en la nature humaine pour la rapprocher de la divinité, pour l’établir dans son amitié au point qu’elle deviendra semblable à Lui, de même l’Eglise est incarnée dans la société des hommes pour se proposer dans l’intimité de leur vie afin de les aider à rencontrer ce Dieu de tendresse au moyen d’une relation d’affection filiale et d’amitié.

 

 L’Eglise, en effet, est le bercail dont le Christ est l’entrée unique et nécessaire (Jean 10, 10-10). Elle est aussi le troupeau dont Dieu a proclamé lui-même à l’avance qu’il serait le pasteur (cf. Isaïe 40, 11 ; Ez. 34, 11 s.), et dont les brebis, quoiqu’elles aient à leur tête des pasteurs humains, sont cependant continuellement conduites et nourries par le Christ même, Bon Pasteur et prince des pasteurs qui a donné sa vie pour ses brebis.

 

Les pères conciliaires développent deux images essentielles pour comprendre la mission, la raison d’être de l’Eglise qui est le don de Dieu le Père fait à son Fils en vue des mérites que son humanité s’est acquise pour le Salut de tous les hommes. L’idée de bercail est la symbolique réaliste du lieu dans lequel tous ceux qui veulent être sauvés se retrouvent pour aller vers le Seigneur ensemble parmi les chants d’allégresse.[22] Le bercail donne ici l’idée de maison dans laquelle on trouve soutien et protection, que réchauffe en permanence le feu de la charité. Cette symbolique se concrétise par l’édification d’un bâtiment dans lequel se célèbre l’Action de Grâces où sont convoqués les membres du Corps du Christ, le Peuple de baptisés. L’Eglise n’est pas seulement un lieu, elle est aussi un troupeau, une assemblée de femmes et d’hommes qui marchent à la rencontre de leur Dieu et Sauveur. Le Père Henri Macé+, eudiste, aimait à enseigner que l’Eglise est une procession de tordus qui ont besoin du Christ et du prochain comme béquilles pour aller à la rencontre du Père des Cieux. Les images comparables et symétriques, du Pasteur pour le Christ et des Brebis pour les baptisés, sont tirées de l’observation de la vie des campagnes : l’éleveur. Le Christ est ce Bon Pasteur qui demande d’être rétribué par la confiance et l’esprit d’abandon de chacun d’entre nous comme le font les brebis avec leur berger.

Ici nous posons une question : quand retrouverons-nous des pasteurs à l’image d’un Jean-Paul II le Grand ou d’un Benoît XVI ? Nous aspirons à des pasteurs qui nous conduisent à la source rafraîchissante de la prière afin d’entrer dans la vie d’union à Dieu. Qui nous formera ? 

 

L’Eglise est le terrain de culture, le champ de Dieu[23]. Dans ce champ croît l’antique olivier dont les patriarches furent la racine sainte et en lequel s’opère et s’opéra la réconciliation entre Juifs et Gentils[24]. Elle fut plantée par le Vigneron céleste comme une vigne choisie[25]. La Vigne véritable c’est le Christ : c’est lui qui donne vie et fécondité aux rameaux que nous sommes : par l’Eglise nous demeurons en lui, sans qui nous ne pouvons rien faire.[26]

 

Les pères conciliaires configurent l’Eglise à un champ de cultures. Ils rappellent qu’en raison de  sa mission, elle est obligée de témoigner de la Vérité ; elle se doit de l’enseigner. Elle a l’obligation que la nécessité exige de former les esprits et les consciences. L’Eglise est éducatrice des peuples comme le rappela le bienheureux Jean XXIII dans son encyclique Mater et magistra. La nécessité de fonder des écoles, de créer des langues est le résultat de l’annonce de l’Evangile. Une obligation spirituelle et morale ; il n’y a aucun précédent qu’une religion ait fourni un tel effort d’éducation pour la formation de l’homme en lien de conséquence avec sa grandeur.

 

L’image de l’olivier est ici remarquable ; cet arbre est le symbole de la vie d’abondance et généreuse qu’on associe à juste titre à la vie de la grâce dont l’huile qu’il donne est le signe sacramental. La mémoire faite aux patriarches est un fantastique raccourci historique ; il nous redit que la Révélation est intimement liée à l’histoire de l’homme en tant qu’individu et à l’ensemble de toute l’humanité. Dès l’instant tragique du NON mortel par lequel s’ouvre l’histoire commence la Révélation. L’olivier est la matérialisation figurée des mérites que nous acquirent les patriarches pour la venue de Salut.

A l’ombre de cet olivier béni fut planté par le Christ lui-même, fils de Noé, lui-même vigneron, la Vigne sainte qui accomplit la réconciliation de l’homme avec lui-même et celle de toute l’humanité entre ses membres et avec elle-même, car nous le savons, le péché divise non seulement les hommes entre eux, mais l’homme en lui-même, ( cf l’histoire récente de l’emprise révolutionnaire[27]. ) La Vigne est identifiée au Christ qui donne la vie de la grâce à tous ceux qui l’accueillent en esprit de vérité. En fondant l’Eglise, il se donne et nous donnent les moyens de vivre intégralement et authentiquement l’amitié qu’il nous propose, qu’il nous offre.

 

Bien souvent aussi, l’Eglise est dite la construction de Dieu[28]. Le Seigneur lui-même s’est comparé à la pierre rejetée par les bâtisseurs et devenue pierre angulaire[29]. Sur ce fondement, l’Eglise est construite par les apôtres[30], et de ce fondement elle reçoit fermeté et cohésion. Cette construction est décorée d’appellations diverses : la maison de Dieu[31], dans laquelle habite sa famille, l’habitation de Dieu dans l’Esprit[32], la demeure de Dieu chez les hommes[33], et surtout le Temple Saint, lequel, représenté par les sanctuaires de pierres, est l’objet de la louange des saints Pères et comparé à juste titre dans la liturgie à la Cité Sainte, la nouvelle Jérusalem. En effet, nous sommes en elle sur la Terre comme les pierres vivantes qui entrent dans la construction[34]. Cette Cité Sainte, Jean la contemple descendant du ciel d’auprès de Dieu à l’heure où se renouvellera le monde, prête comme une fiancée parée pour son époux[35].

 

 

Les pères du Saint Concile partent d’images en lien avec la mission - la pastorale - pour continuer vers une symbolique plus intérieure, plus mystique, non moins réelle ; par celles-ci, ils s’efforcent de nous faire entrer dans l’intimité d’un mystère d’amour bienveillant qui doit nous amener à l’union mystique. Il s’agit là d’une étape obligée pour accéder un jour au face à face ; tout baptisé se doit de rechercher cette étape, sans cet effort nous risquons de vivre une foi plus végétative qu’active.

 

L’image de la construction de la demeure de Dieu est le rappel qu’il se construit un temple avec notre collaboration même s’il est le seul Temple, car nous ne formerons qu’un seul corps parfait qu’unira l’amour parfait. Cette construction est en œuvre permanente sur la Terre ; elle impose que son unité, que ses joints soient exclusivement faits par la charité, ce qui implique une solidarité réelle et réaliste dans tous les champs de la vie d’homme. 

Les sanctuaires faits de mains d’hommes sont des reflets multiples du Temple unique que nous aurons tous rejoint à la fin du monde. La diversité de ces constructions faites de la main de l’homme de foi se retrouvera au ciel, diversité dans laquelle le Créateur trouve sa complaisance pour deux raisons probantes : la première, c’est que la diversité ethnique de l’humanité ajoute à la beauté de la gloire divine ; la seconde est que cette diversité, malgré les cahots de l’histoire, forcera les hommes à surmonter leurs préjugés faisant ainsi triompher la charité par l’humilité. De cette victoire Dieu en tirera une gloire plus grande pour l’humanité glorifiée, car très méritoire.

Les sanctuaires construits par les hommes surtout ceux qui sont le fruit de la foi plus que d’argent et d’orgueil[36], invitent à l’adoration, à l’élaboration du carmel intérieur. Au-delà de la nécessité d’être en un lieu voué qu’à la prière, ceux-ci donnent une idée lointaine de ce que sera notre relation une fois dans la Présence définitive de la Sainte Trinité. Ces sanctuaires de mains d’hommes et de femmes sont un peu comme des plats d’une vaisselle précieuse dans lesquels il nous est donné un avant goût du Paradis.

 

L’Eglise s’appelle encore « la Jérusalem d’en haut » et « notre mère »[37] ; elle est décrite comme l’épouse immaculée de l’Agneau immaculé[38] que le Christ « a aimée, pour laquelle il s’est livré afin de la sanctifier »[39], qu’il est associé par un pacte indissoluble, qu’il ne cesse de « nourrir et d’entourer de soins »[40] ; l’ayant purifiée, il a voulu qu’elle lui soit unie et qu’elle lui soit soumise dans l’amour et la fidélité[41], la comblant enfin et pour l’éternité des biens célestes, pour que nous puissions comprendre l’amour envers nous de Dieu et du Christ, amour qui défie toute connaissance[42]. Tant qu’elle chemine sur cette Terre, loin du Seigneur[43], l’Eglise se considère comme exilée, en sorte qu’elle est en quête des choses d’en haut dont elle garde le goût, tournée là où le Christ se trouve, assis à la droite de Dieu, là où la vie de l’Eglise est cachée avec le Christ en Dieu, attendant l’heure où,  avec son Epoux, elle apparaîtra dans la gloire[44].

 

L’Eglise est ici projetée dans une réalité de la foi et de l’espérance ; la Jérusalem céleste est la cité spirituelle après le triomphe de l’Eglise. Cette Eglise glorifiée ne passera pas en dehors de la voie que lui traça son Epoux ; sociologiquement l’Eglise connaîtra le même sort que son Divin Maître ; elle aura sa déréliction, elle passera  auparavant par le Calvaire et connaîtra l’engloutissement.  Son triomphe commencera par la danse de ses ennemis qui croiront enfin saisir leur victoire sur elle, alors Dieu l’appellera dans toute sa gloire. Elle sortira du tombeau pour la confusion de tous ses ennemis, tous les actes de chacun se réfléchiront dans la lumière qui la revêtira…[45]

La Jérusalem céleste est ici l’image d’un lieu spirituel si grand qu’elle est comparée à une cité dont le pâle reflet n’est autre que la Jérusalem terrestre, la cité de David. Elle se constitue déjà par les sauvés, ceux qui accueillent le Christ comme le Sauveur ; quand les temps seront accomplis, la Cité Sainte se composera de tous les sauvés. Le Corps du Christ l’illuminera de sa charité triomphante, en profiteront tous les autres sauvés qui, quoique non baptisés, auront su reconnaître et accueillir le Fils de l’Homme durant leur séjour au shéol à cause de leur humilité.

 

L’Eglise est le don de Dieu le Père qu’il fait à son Fils, le Verbe Incarné, le Fils de l’Homme au regard des mérites qu’il s’acquit dans son humanité sainte. En même temps, le Fils la sanctifie et ne cesse de la prévenir de sa grâce. Quoi qu’il puisse lui arriver sociologiquement, aucun pouvoir, aucune force terrestre ou des enfers ne pourra rien contre elle, car sa fondation, comme son aliment est l’amour et rien que l’amour.

 

L’Eglise est une mère, depuis l’aube de l’humanité ; elle frémit pour les enfants qui lui sont confiés et qu’elle doit mener au Salut. Elle ne cesse de leur donner la vie de l’Esprit, elle ne se lasse pas de pleurer avec les affligés, de rire avec les joyeux, d’éponger les sueurs des labeurs par son amour. Tout baptisé doit prier le doux Jésus de lui obtenir la grâce d’expérimenter sa maternité, ce n’est que par elle qu’on peut atteindre la grâce de la paternité. On ne connaît bien l’Eglise, don de Dieu, que par une confiante et virile dévotion envers l’Immaculée Conception. Elle est la mère par excellence ; elle est le chemin obligé pour entrer dans le mystère de l’Eglise afin d’entrer dans celui du Père. Marie de Nazareth est l’image parfaite de l’Eglise.

 

 

 

Eglise Notre dame de Douai, bombardée pendant la Seconde Guerre Mondiale.

 

 

MEDITATION DE LA BIBLE

 

DESIRE WASSON

 

 

Abraham

 

 

Naissance d’Ismaël

 

Saraï, la  femme d’Abram, ne lui avait pas donné d’enfant. Or elle avait une esclave égyptienne, qui s’appelait Agar. Saraï dit à Abram : « Vois, Yahvé m’a empêché d’enfanter. Va donc vers mon esclave ; peut-être, par elle, aurai-je un enfant. » Abram écouta l’appel de Saraï , et dix ans après qu’Abram s’était établi au pays de Canaan, Saraï, femme d’Abram, prit Agar l’égyptienne, son esclave, et la donna pour femme à Abram, son mari. Celui-ci alla vers Agar, qui devint enceinte.

(Gen. 16, 1- 4)

 

 

Nous sommes devant la relation d’un épisode de l’histoire universelle et de la Révélation qui déterminera le sort de toute l’humanité. Un épisode qu’on approche dans toute sa vérité qu’illuminent les faits historiques à venir et singulièrement notre temps.

Saraï se désespère de ne pas avoir donné une descendance à Abram ; la voici âgée, aigrie, elle accuse Yahvé d’être la cause de sa stérilité. Elle a perdu tout espoir d’être mère, elle juge Dieu : puisqu’il ne m’a permise d’être mère, je le serai malgré lui, j’utiliserai Agar mon esclave selon la loi de mon temps, nous sommes au néolithique. Agar va, en quelque sorte, devenir une mère porteuse ; plus grave, Agar sera la victoire de sa maîtresse contre Dieu : Abram aura son enfant !

 

Saraï n’a pas une personnalité facile, c’est un caractère bien trempé, rude. Elle se dresse en face de Dieu, audacieuse, altière, c’est la femme forte. Elle contraindra le destin. Agar n’est pas l’esclave d’Abram, c’est celle de Saraï, un objet dont on dispose, elle ‘la refile’ à son époux ! Saraï a-t-elle conscience de fauter contre Dieu par son manque de foi ? Peut-être que oui ! Une chose est certaine, son désir d’être mère ou celui de donner une descendance à son époux la déborde, se veut-elle plus mère qu’épouse ? Nul ne peut y répondre ; son geste, son impatience ouvriront une bien étrange et tragique page historique.

 

Abram serait-il sans faute ? N’est-ce pas lui le récipiendaire de la Promesse. C’est à son oreille que Dieu lui fit cette Promesse ! Alors quoi ? Pourquoi accepte-t-il la proposition de sa femme ? Est-ce parce que c’est dans les mœurs de son époque ?  Où a-t-il lui aussi un grand désir de descendance ? Ce désir est-il à ce point qu’il le rend aveugle et sourd quant à la Promesse ?  Ne voit-il pas dans l’attitude de son épouse une tentation à surmonter ?  Qu’en  est-il à cette époque du mariage ?  Abram fait exception, une seule épouse,  c’est extraordinaire ! Personne ne s’offusque de le voir aller vers l’esclave de son épouse, ni de la proposition de sa femme ! Aujourd’hui, on fait encore plus monstrueux : la mère d’un enfant peut devenir la génitrice de l’enfant de son enfant, la génitrice de son propre petit-enfant. Voilà comment une humanité orgueilleuse dérive !

Cette scène tragique a quelque chose de déjà vu ! Ne dirait-on pas Eve qui invite Adam à commettre la faute après qu’elle a discuté avec le mal !  Saraï discute avec elle-même sur sa stérilité, elle a convoqué son tribunal, Dieu est coupable. Car ici, le besoin de satisfaire au désir de descendance va se réaliser sans Dieu, en ce sens que Dieu promet à Abram une descendance issue du sein de Saraï même si la précision n’est pas faite, elle va de soi. Il fait cette Promesse dans la lumière de l’amour qui unit le couple. A cette époque là, la Révélation n’est pas accomplie.

Abram vient d’être l’acteur de l’Alliance avec Dieu ; a-t-il perdu la foi ? Non, mais il aime Saraï, il connaît sa douleur, son désarrois, il n’a pas la force de lui refuser la joie de lui faire plaisir. Dieu pouvait empêcher Agar d’avoir un enfant d’Abram, mais il vit l’amour de son serviteur pour son épouse, il a vu son désir de lui donner cette joie, il bénit la couche d’Agar. Peut-on fauter par amour ? Oui, s’il s’agit d’une perversion ou d’un manquement majeur à la morale, ce n’est pas le cas. 

Saraï et Abram ont une intention droite liée à leur amour mutuel, le péché originel est passé par là, l’amour en subit sa loi, il est blessé, ce qui suit l’illustre une fois de plus.

La situation d’Agar n’est guère enviable : être esclave, c’est ne pas s’appartenir. Le sein d’Agar appartient à sa maîtresse ainsi que son fruit : le fruit que tu donneras à mon époux, il sera de moi ; et pour bien le signifier, tu accoucheras sur mes genoux et nul ne pourra dire qu’il est de toi. 

Situation ahurissante de nos jours ! L’est-elle vraiment ? La loi, de nos jours, permet de se désapproprier du fruit de son sein, sans que le mari ait son mot à dire, - le père de l’enfant à naître - ou encore il fera pression sur la future maman pour qu’elle avorte. La société, par cette perversion, désapproprie l’enfant de ses parents sans pour autant qu’il soit prit en charge par elle et elle le souhaite le moins possible, pas de charges. En viendrons-nous à la négation parentale ?

L’enfant d’Agar et d’Abram à qui appartiendra-t-il, à Saraï, à la tribu, à personne ?  Il naît d’une esclave non affranchie, sa situation variera en fonction d’autres événements ; s’il est bien le fils d’Abram, il l’est davantage à Saraï et n’appartient pas du  tout  Agar, du moins jusqu’à la naissance d’Isaac. Il naît d’une égyptienne, un peuple aux dieux multiples ; Agar est-elle devenue une monothéiste ? S’est-elle défaite des pratiques ancestrales ? C’est  peu probable ; Rébecca en témoignera, sa foi ne sera pas toujours pure, il en sera de même pur les épouses de Jacob.

 

Quand elle se vit enceinte, sa maîtresse ne compta plus à ses yeux. Saraï dit à Abram : « Que l’injure qui m’est faite retombe sur toi ! C’est moi qui ai mis mon esclave dans ton sein et, depuis qu’elle s’est vue enceinte, je ne compte plus à ses yeux. Que Yahvé juge entre moi et toi ! » Abram dit à Saraï : « Voici ton esclave entre tes mains ; fais-lui ce que bon te semblera. » Alors Saraï l’humilia et Agar s’enfuit loin d’elle.

(Gen. 16, 4b. – 6)

 

Agar a un enfant d’Abram ou plutôt elle lui donne l’enfant qu’il espère ; comment dans ce contexte ne verrait-elle pas son statut modifié, n’est-elle pas la mère de l’enfant de Saraï ! Il était évident que cette maternité agacerait Saraï. Agar, enceinte, c’est souligner un peu plus la stérilité de Saraï ; elle en éprouve du ressentiment et voici que son esclave à la prétention de s’élever de son statut ; prendra-t-elle la place au cœur de son mari ? C’est insupportable pour Saraï.

Abram n’a pas un beau rôle dans ce conflit ; pressent-il que cette situation a sa solution en Dieu ? Il ne défend pas Agar ; elle est l’esclave de son épouse, on n’aime pas une esclave ! Il remet ces deux femmes dans la lumière de la loi ; Saraï voyant qu’Abram la laisse libre, celle-ci lui fera payer son audace et expier sa stérilité que la maternité d’Agar dénonce.

Quelle sera l’évolution des relations entre une grand-mère qui aura porté l’enfant de sa fille ? Sa fille verra-t-elle toujours sa mère avec un regard de bienveillance et de respect ? Une telle situation si amorale fait le lit de tant d’orgueil qu’il ne peut rien sortir de bon. Elle deviendra le siège de toutes les perversions possibles, elles s’attaqueront à la relation mère et fille ; qu’en sera-t-il de l’enfant ?

 

L’ange de Yahvé la rencontra près d’une source d’eau dans le désert, la source qui est sur le chemin de Chour. Il dit : « Agar, esclave de Saraï, d’où viens-tu et où vas-tu ? » Elle dit : «  Je fuis loin de Saraï ma maîtresse. » L’Ange de Dieu lui dit : «  Retourne chez ta maîtresse et humilie-toi sous ses mains. «  L’Ange de Yahvé lui dit : « Je multiplierai ta descendance au point qu’on ne pourra la compter, tant elle sera nombreuse. » L’Ange  de Yahvé lui dit : «  Voici que tu es enceinte et tu enfanteras un fils, et tu l’appelleras du nom d’Ismaël, car Yahvé a entendu le cri de ta misère. Celui-ci sera un onagre d’homme, sa main sera contre tous et la main de tous contre lui, et il demeurera en face de tous ses frères. » (Gen : 16, 7 – 12)

 

La fuite d’Agar est sa réponse au comportement peu charitable de Saraï, c’est la réaction basique de tout esclave qui veut échapper à sa condition, elle est juste.  L’interpellation de l’Ange ne comporte aucun reproche, il lui demande pourtant de s’humilier, d’accepter son état, de ne pas défier  sa maîtresse. Il y a à cet ordre une raison de bon sens : qu’adviendra-t-il d’elle et de son enfant si elle poursuit sa fuite ? Mourra-t-elle ? Sera-t-elle prise en esclavage pour une autre tribu ? Dieu ne veut pas la mort du pécheur, il est bon ; ce qu’il y a de plus important, c’est que l’ange, au nom de Dieu, la reconnaît elle comme une personne égale en dignité à tout autre personne.  Il lui parle et prophétise sur elle et son enfant.  La demande de l’Ange est étrange, déroutante, il la renvoie dans une condition difficile. Son retour sera pour Saraï une leçon, ne revient-elle pas avec la bienveillance de Dieu, sa bénédiction ! Elle est la preuve que Dieu ne retient aucune faute contre Saraï ni contre Abram, ils auront cet enfant et ce sera un garçon.

La prophétie de l’Ange sur Ismaël ne cesse d’être troublante ; elle décrit assez bien les Arabes et l’Islam qui reconnaissent en Ismaël leur filiation soit génétique soit spirituelle. La religion musulmane est une religion d’esclave de Dieu, elle fait référence à Agar l’égyptienne ; il faut souligner que le plus haut centre de théologie musulmane se trouve au Caire en Egypte pour le courant sunnite qui est majoritaire dans l’Islam. Les musulmans rejettent le concept de lien personnel et d’amitié avec Dieu, ils rejettent le dogme de la Sainte Trinité. Tout musulman est radicalement opposé à  tout ce qui n’est pas musulman, c’est dans la nature de la religion qui est non révélée ; elle est monothéiste, elle est et reste une religion naturelle. Le musulman est béni par Dieu à cause de la foi d’Abraham ; toutefois en aucune manière Dieu ne la reconnaît comme religion révélée, ni faisant partie de la Révélation. Il l’a permise à cause de notre orgueil, car plus qu’autre chose Dieu veut l’humilité dans le cœur de l’homme. Cette religion si radicalement opposée aux judaïsme et christianisme ne se comprend bien qu’à la lumière des fins dernières dans laquelle s’épanouit la compréhension de cette exigence incontournable : l’humilité. [46]  Il y a chez le musulman un sentiment de frustration sociale dans le sens que, culturellement, il s’identifie au rejet de Saraï, la mère des hébreux ; n’a-t-elle pas toujours refusé de voir autrement qu’en Agar et Ismaël des esclaves qu’il fallait éloigner de la Promesse faite à Abram et à sa descendance, la descendance de son sein. ?  Cette frustration culturelle et sociologique demeure importante et se trouve renforcée par les exigences coraniques. La culture de l’esclave de Dieu, alors que c’est là un concept social étranger à Dieu lui-même qui veut faire de chacun d’entre les hommes son ami, doit être pris en compte pour comprendre le radicalisme voire les intégrismes musulmans.

 

Il est clair que le comportement de Saraï va l’amener à poser un acte qui continue d’avoir des répercutions fantastiques sur l’humanité ; nous sommes en présence d’un formidable effet papillon. Nous savons par l’histoire, en général, ce qu’un petit quelque chose peut avoir de répercutions sur l’avenir. Il faut toujours faire attention à la qualité  du geste que l’on pose ; il doit être rafraîchit constamment par l’onde de la Charité. 

Nous découvrirons ce que peut produire l’intransigeance dans la confusion des affections[47]. 

 

 

 

 

 

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L’HISTOIRE DE FRANCE

 

MICHEL WATTEL

 

 

La branche des BOURBONS :

 

Il est intéressant de noter que du sacre d’Henri IV à la prise de la Bastille, il y a exactement 200 ans (1589-1789).

 

Henri IV (1589-1610) :

 

Fils d’Antoine de Bourbon et de Jeanne d’Albret, reine de Navarre, il fut élevé dans le calvinisme par sa mère. Sous la tutelle de Coligny, il devint le chef du parti huguenot. Lors de la 3ème guerre de religion, il se distingua particulièrement à la bataille d’Arnay-le–duc, en Bourgogne en 1570. Il était exécré des catholiques, mais Henri III l’aimait bien et se réconcilia avec lui pour venir faire le siège de Paris en 1589. Après des batailles sans fin entre ligueurs et protestants, c’est l’unité qui prévalut au royaume. Enfin, il abjura le calvinisme le 25 juillet 1593 à St Denis et se fit sacrer à Chartres le 25 février 1594. Il fit la paix avec l’Espagne, proche des Ligueurs. Les français n’en pouvaient plus, la guerre civile avait duré 30 ans. La pacification religieuse fut assurée par l’Edit de Nantes (13 avril 1598). Henri IV fut adoré des français pour sa bravoure, sa simplicité et ses aventures galantes. Il ne chercha pas à se venger. Il rétablit l’absolutisme et l’autorité de l’état avec fermeté et dureté parfois. Secondé par Sully, il redressa l’économie et les finances. Il fit annuler en 1599 son premier mariage avec Marguerite de Valois et se remaria avec Marie de Médicis. Il fut assassiné à Paris, par Ravaillac, un illuminé, en 1610.

Il laissa quatre enfants légitimes : Louis XIII, Élisabeth (qui épousa Philippe IV d’Espagne), Gaston d’Orléans et Henriette (mariée à Charles 1er d’Angleterre).   

 

Louis XIII le Juste (1610-1643) :

 

Né en 1601, majeur dés 1614, il dut se débarrasser en 1617 du favori de sa mère, Concini, pour pouvoir réellement gouverner.

En 1624, commença la réelle collaboration de Richelieu et de Louis XIII. De nombreuses intrigues se nouèrent autour du roi. De tempérament militaire, il avait le goût des armes.

Il était cependant très religieux et se sentait responsable devant Dieu de ses actes. De grands complots agitèrent son règne. Il soutint Richelieu contre vents et marées.

Marié à Anne d’Autriche en 1615, il devait attendre  23 ans pour voir naître  en 1638 son premier fils Louis Dieudonné, le futur Louis XIV. Le 10 février 1638, le roi publia un Edit pour mettre l’Etat, sa couronne et ses sujets sous la protection de la Très Sainte Vierge. Cet édit  de consécration de la France à la Vierge fut mis à exécution le 15 août 1638, lors de la fête de l’Assomption.

 

 

 

Louis XIV (1643-1715) :

 

Fils du précédent, roi à cinq ans, sous la régence de sa mère, il ne commença son règne qu’à la mort de Mazarin en 1661.

Il s’appuya sur la théorie de droit divin pour établir un absolutisme rigoureux. Il gouverna seul.

En septembre 1661, il s’affirme en brisant Fouquet et s’entoure de bourgeois, comme Colbert, Louvois, Le Tellier). La noblesse s’amuse dans les fêtes et est considérée par le roi, mais ne participe pas à la politique du royaume. Les grands corps de l’État sont humiliés. Les États généraux ne furent point convoqué de tout le règne. La police fut envahissante dés 1667.

Dés 1682, la Cour se transporte à Versailles, ou le roi devient le « Roi-Soleil ».

Louis XIV adopte une attitude agressive face à l’étranger, non seulement par la guerre, mais aussi par l’économie. Louis XIV bâtit un véritable impérialisme en Europe et partit dans des guerres de conquête avec une très puissante armée :

- Guerre de Dévolution en 1667-1668 avec la conquête de Lille et de la Flandres. 

- Guerre de Hollande en 1672-1678 avec obtention de la Franche-Comté.

Pendant dix ans (1678-1688) Louis XIV annexa de nombreux territoires à son royaume : Strasbourg (1681), Luxembourg, etc., cette politique de « réunions » fit peur à toute l’Europe.

La révocation de l’Edit de Nantes en 1685, détacha ses alliés allemands, alors que la révolution anglaise de 1688, renforçait la puissance du roi d’Angleterre, Guillaume d’Orange, adversaire redoutable de Louis XIV.

La guerre de la Ligue d’Ausbourg (1688-1697) rassembla toute l’Europe contre Louis XIV. À la paix de Ryswick en 1697, le roi dut abandonner toutes ses « réunions » sauf Strasbourg.

Pour finir et achever son prestige universel, le roi entra dans la guerre de la Succession d’Espagne (1701-1714) avec sa morgue habituelle et sa folie des grandeurs.

En face de la Grande Alliance de La Haye, formée par Guillaume III (Angleterre, Hollande, Empire, Portugal, Savoie) Louis XIV n’eut comme alliés que l’Espagne et la Bavière. Après une longue guerre d’usure désastreuse pour la France, une paix honorable fut signée en 1713 à Utrecht et en 1714 à Rastadt.

A sa mort en 1715, Louis XIV laissait un Trésor vide, une industrie décimée, les campagnes appauvries, une noblesse ruinée et avilie par la vie de Cour.

Le roi laissait aussi de nombreux bâtards, dont le duc du Maine, fils de Mme de Montespan.

Quand la mort lui eut enlevé son fils, le Grand Dauphin en 1711,  puis son petit-fils, le duc de Bourgogne en 1712; le roi, qui n’avait plus que comme héritier un arrière-petit-fils, le futur Louis XV, essaya de privilégier son bâtard, le duc du Maine, au conseil de Régence.

Immédiatement après la mort du roi, son neveu Philippe d’Orléans, fit casser son testament par le Parlement de Paris et devint Régent de France durant la minorité de Louis XV.   

En fait, on peut dater le déclin de la France à partir de la fin du règne de Louis XIV, tant dans le pays même que dans ses colonies d’Amérique du Nord.

 

Louis XV le Bien-Aimé (1715-1774):

 

Arrière-petit-fils de Louis XIV, âgé de 5 ans à son avènement, il était de santé fragile. Philippe d’Orléans exerça la Régence jusqu’en 1723. Il attendit encore 20 ans pour exercer le pouvoir. Il laissa la direction des affaires au duc de Bourbon. Il épousa en 1725, Marie Leszczynska, fille du roi détrôné de Pologne, Stanislas.

En 1726, le roi disgraçia le duc de Bourbon et le remplaça par le cardinal de Fleury (1726/1743) qui redressa l’économie. Le Parlement harcela le gouvernement pendant tout le règne, sur la question religieuse, sur la question financière.

Fleury dut apporter le soutien de la France au beau-père de Louis XV, dans sa guerre de la Succession de Pologne. Stanislas perdit de nouveau son trône, mais reçut la Lorraine en dédommagement (traité de Vienne,1738).

À la mort de Fleury en 1743, Louis XV fit mine de prendre les affaires de l’État en main. Il était de tempérament indécis et travaillait par ministres interposés. Il établit le « Service du Roi «, services secrets,  dirigés par Tercier et de Broglie, dotés de fonds considérables déposés à l’étranger en Hollande et en Angleterre, qui existent encore aujourd’hui….et dont se sert la République française. Le « Service du Roi » eut un rôle considérable dans le renversement des alliances en 1756, lors de la succession de Pologne.

L’influence des maitresses du Roi eut son importance, en particulier, celle de Madame de Pompadour.

La guerre de la Succession d’Autriche (1740-1748) coûta cher à la France, elle n’en tira aucun avantage, elle avait travaillé pour le roi de Prusse…

Louis XV créa un impôt, le 20ème sur tous les revenus, ce qui était peu, mais ne plut pas à la Noblesse, ni au Clergé. La parution de l’Encyclopédie de Diderot à partir de 1751 instilla le lent poison de l’anti-cléricalisme et de l’anti-tradition dans toutes les couches de la société. Les valeurs religieuses et morales  de la société royale millénaire se mirent à s’effondrer. La Maçonnerie anglaise commençait à pénétrer le royaume tranquillement.

Pendant ce temps, le roi reculait sur tous les fronts de ses réformes, sociale, militaire, fiscale. Son alliance  dans la guerre de Sept Ans (1756/1763) avec l’Autriche contre la Prusse et l’Angleterre fut désastreuse pour la France.

Au traité de Paris (1763), la France perdit tout son empire colonial et l’Angleterre devint la première puissance maritime du monde.

Le Parlement  ne pouvait attaquer directement le roi, alors il s’en prit aux Jésuites, entre autres, que Choiseul sacrifia en vain en 1764.  N’ayant aucune autorité sur le pays, le roi le démit de ses fonctions.

Après une tentative de rétablissement de l’absolutisme royal manquée, le pays s’enfonça dans la désobéissance du parlement, qui fut dissous et reformé, mais trop tard. La glissade vers la Révolution commençait….

 

 Louis XV qui ne vivait que pour ses plaisirs frivoles, mourut détesté par le peuple, qui était fatigué de voir les fastes de la Cour de Versailles  d’un côté et  ses misères quotidiennes de l’autre.

 

 

 

Louis XVI (1774-1793) :

 

Il était le petit-fils de Louis XV, 3 ème fils du dauphin Louis, mort en 1765. Vertueux, paisible, en un mot bon et honnête, il était intelligent et cultivé. Il voulut passionnément le bonheur de son peuple. Il se maria en 1770 à Marie-Antoinette, fille de l’empereur François 1er, mais ne fut père qu’en 1778.

Il commit l’erreur de rappeler les Parlements en 1774, qui combattirent toute réforme. Il parvint à en imposer quelques unes : liberté du commerce des grains (1774), suppression des corporations et de la corvée royale (1776), suppression de la torture (1780), mais la situation des finances de la France empirait. La guerre d’Amérique coûtait cher au Trésor public. Mais surtout le paiement des rentes et des emprunts. Il fallut convoquer les États Généraux en août 1788. C’était le début de la fin.

Louis XVI trop mou, indécis ne sut pas prendre les rênes de la Révolution qui grondait. 

Il perdit pied et son attitude devint de plus en plus incohérente: après avoir cédé au Tiers-État sur sa représentation du droit de vote par tête, il assembla des régiments étrangers autour de Paris.

La prise de la Bastille, le 14 juillet 1789, démarra le cycle mortifère de la Révolution, qui aboutit à la chute de la Monarchie, le 10 août 1792.

Le roi et sa famille, partis de Versailles pour Paris le 6 octobre 1789, s’enfuirent secrètement des Tuileries dans la nuit du 20 au 21 juin 1791 pour Montmédy, dans l’est de la France et furent arrêtés à Varennes, visiblement trahi par le marquis de Bouillé.

Louis XVI perdit alors ses titres à son retour à Paris et devint le « roi des Français » de facto. Il réussit  cependant à se maintenir courageusement face à l’émeute populaire du 20 juin 1792, mais le manifeste du duc de Brunswick du 23 juillet 1792, mit le feu aux poudres. Il menaçait  Paris d’ « exécution militaire ».

La journée du 10 août 1792 fut celle de la chute de Monarchie, la Commune de Paris, apuyée par 500 Marseillais avinés attaquèrent le château des Tuileries et tuèrent 700 Gardes Suisses, qui avaient reçu du roi l’interdiction de se battre…une véritable boucherie!…

Le roi et sa famille se réfugièrent à l’Assemblée toute proche, qui le suspendit et demanda la convocation d’une « Convention Nationale ». Il fut décidé que la famille royale serait emprisonnée au Temple. Le lendemain de la victorieuse bataille de Valmy, la Convention proclama la République (21 Septembre 1792).

 

La Convention décida de jeter un défi à l’Europe et  fit condamner Louis XVI à mort, à une voix de majorité, après un procès inique. Il fut guillotiné le 21 janvier 1793 à 10heures 40 du matin sur la place de la Révolution (actuelle place de la Concorde).    

Louis XVI fut un roi admirable de courage et d’honnêté. Il était bon et le paya de sa vie. Il sera un jour sur les autels, car un signe vivant nous le montre sur le cœur du Christ (une tache de sang à son effigie se trouve sur le suaire de Turin à l’emplacement du cœur de Jésus).

Il faut rappeler qu’il est le premier roi  de France à avoir consacré (dans sa prison du Temple) le royaume de France au  Sacré-Cœur de Jésus (demande faite par le Christ à  Sœur Marguerite-Marie Allacoque, visitandine de Paray le Monial, en 1689).

 

Louis XVII (1793-1795) :

 

Second fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette, il fut roi à la mort de son père le 21 janvier 1793. Enfant gracieux, très beau, il faisait la joie de sa mère, qui l’appelait son « Chou d’Amour ». Il fut séparé d’elle dans des conditions atroces en juillet 1793.

La Commune de Paris lui donna le cordonnier Simon pour gardien jusqu’à son déménagement du Temple, le 19 janvier 1794. Simon était brutal et le frappait souvent.

Officiellement, après le départ du couple Simon, on l’emmura dans une pièce immonde de février à juillet 1794.

À partir de là, on s’enfonce dans le brouillard le plus total, il y a des substitutions en cascade.

Enfermé dans la prison du Temple en août 1792, il y mourut officiellement le 8 juin 1795, âgé de 10 ans, deux mois et douze jours.  Mais est-il mort dans sa prison?

De nombreux essayistes et historiens s’affrontent encore depuis de 2 siècles pour savoir s’il a été exfiltré et par qui? Comment départager les  deux « faux dauphins », Charles Naundorff et le baron de Richemont, qui jusqu’à leur mort, se battront pour leur reconnaissance d’état-civil, comme fils de Louis XVI?

Cette énigme touche  évidemment au secret d’état….

Le duc Decazes ne disait-il pas déjà en 1817 :  « L’affaire Louis XVII, c’est celle du Masque de Fer!…».     

À ce sujet, un livre passionnant, qui semble apporter  la clef de l’énigme, vient de paraître à la signature de Michel Wartelle : Louis XVII ou le secret du roi, Louise Courteau, Éditrice, Québec, Canada, 2007 (Distribué par DG Diffusion livres en France et par Transat au Bénélux).

 

Louis XVIII (1795- 1824) :

 

Frère du roi Louis XVI, il fut un personnage aux agissements assez troubles (il correspondit avec Robespierre) durant la révolution française et quitta la France pour Bruxelles la nuit ou fut arrêté Louis XVII et sa famille à Varennes. Le trahit-t-il? Cela n’a jamais été prouvé!…

Il fut fort content d’apprendre la mort de son frère le 21 janvier 1793, car il devenait régent d’un petit-roi, son neveu, Louis-Charles de France, âgé de 8 ans et prisonnier de surcroît. La route était libre pour le pouvoir!…

On peut penser que Louis XVII fut exfiltré de sa prison du Temple en 1794 ou 1795 et qu’il partit vers la Vendée, mais sa mort officielle en juin 1795, mis un terme à son court règne. Louis XVIII se réfugia à Vérone en 1794 d ou il fut expulsé en 1796. Il reçut l’hospitalité en 1797 du duc de Brunswick, puis celle du tsar de Russie, Paul 1er. Il vécut à Varsovie de 1801 à 1804. Il s’installa en Angleterre de 1807 à 1814. Années sombres d’exil.

Il essaya de rentrer en France en avril 1814. Mais le retour de Napoléon pendant les cent-jours, le fit fuir à Gand en mars 1815.

Louis XVIII ne reconnaîtra jamais son neveu  vivant et assiéra  définitivement son pouvoir en 1815 après le départ de Napoléon Bonaparte pour l’île de Ste Hélène.

Il conserva sagement la noblesse d’Empire et l’épuration de la seconde restauration fut très légère. Il fut un fin politique durant son court règne. Il dissout la Chambre Introuvable composée d’Ultra-royalistes en septembre 1816 et soutint la politique modérée de Decazes.

Une tache (de sang) cependant vint assombrir son règne, ce fut l’assassinat du duc de Berry (fils du futur Charles X) en février 1820 par Louvel, dans des conditions restées  assez mystérieuses. 

On peut penser que le duc de Berry, sachant Louis XVII vivant et  donc roi de France de droit, prit son oncle à partie, concernant les droits à la couronne de France usurpés à son neveu, Louis-Charles, duc de Normandie.

Louis XVIII mourut le 16 septembre 1824 à Paris. Le pouvoir passa à son frère Charles X.

 

Charles X (1824-1830):

 

Charles X naquit à Versailles le 9 septembre 1757, il était le frère cadet de Louis XVI et de Louis XVIII. Il était de tempérament faible et indécis. Il porta le titre de comte d’Artois jusqu’à son avènement. Il émigra dés la prise de la Bastille en 1789. Il passa une grande partie de son exil en Angleterre jusqu’en 1814.

Comme Lieutenant Général du Royaume, il signa une convention militaire avec les Alliés, le 23 avril 1814.

À la mort de son frère, il devint roi et fut sacré à Reims le 29 mai 1825. Ultra-royaliste, il ne se fit pas aimé du peuple par des mesures réactionnaires qui avantageaient l’aristocratie et les royalistes (milliard des émigrés, loi du sacrilège, licenciement de la Garde Nationale).

Les ordonnances du 25 juillet 1830 contribuèrent à la révolution de juillet 1830. Le 2 août, Charles X abdique en faveur de son petit-fils le duc de Bordeaux. Le souverain déchu s’établit alors en Angleterre, puis à partir de 1832 en Autriche.

La politique extérieure de Charles X fut marquée, d’une part, par la libération de la Grèce (1830) et  d’autre part, par la prise d’Alger (6 juillet 1830) ouvrant la grande ère coloniale française.

Charles X marié à Marie-Thérèse de Savoie eut deux fils, le duc d’Angoulême et le duc de Berry. Il meurt à Gorizia en Vénétie le 6 novembre 1836.

 

Louis XIX, duc d’Angoulême (1830):

 

Fils aîné de Charles X, Louis-Antoine de Bourbon, naquit  à Versailles le 6 août 1775.

Il fut emmené par son père en émigration dés 1789 et fit ses études militaires à Turin. Il commanda une petite troupe d’émigrés en 1792 dans l’armée de Condé. En 1799 à Mittau, il épousa sa cousine Marie-Thérèse, fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette.

Rentré en France en 1814, il fut acclamé par les royalistes de Bordeaux. En 1815, il fut fait prisonnier 6 jours  à Pont Saint-Esprit par le général Grouchy qui le relâcha sur ordre de l’Empereur Napoléon.

Durant la révolution de juillet 1830, il fut roi 45 minutes avant d’abdiquer ses droits au trône en faveur de son neveu, le duc de Bordeaux, futur Henri V. Il eut  le règne le plus court de l’histoire de France. Il mourut sans descendance le 3 juin 1844 à Gorizia en Vénétie.

 

HENRI V, Comte de Chambord (1830-1883) :

 

Né le 29 septembre 1820 à Paris, Henri, était le fils posthume du Duc de Berry, second fils de Charles X. On se souvient que son père avait été assassiné par Louvel à la sortie de l’Opéra en février 1820. Sa mère était alors enceinte. On l’appellera l’  « enfant du miracle ».

À la suite de la révolution de 1830, de l’abdication de son grand-père Charles X et de la renonciation du duc d’Angoulême, il devint l’héritier légitime au trône de France.

Exilé en Autriche, il suivit la politique de la France. Dés la chute du Second Empire, il manifesta ses prétentions au trône de France (manifestes de 1870 et de 1871). Les royalistes étant majoritaires à l’Assemblée Nationale et les Orléans s’étant ralliés à Henri V, on pensait que la France retrouverait rapidement un roi.

Henri V fit savoir au dernier moment qu’il ne renoncerait jamais au drapeau blanc (lettre du 23 octobre 1873).  La restauration ainsi s’écroulait « pour une serviette », dira le pape de l’époque. Pourquoi?…

Certains pensent que son refus diplomatique vient du fait qu’il aurait appris que Louis XVII  n’était pas mort au Temple en 1795, avait eu des enfants et qu’il n’était donc plus l’aîné des Bourbons. Terrible erreur politique de sa part, lourde de conséquences pour la France…

Marié à Marie-Thérèse Béatrice de Habsbourg-Este, fille aînée du duc de Modène, François IV, Henri V mourut sans descendance le 24 août 1883 à Frohsdorff en Autriche.

 

Extinction de la branche des BOURBONS :

 

La branche royale des Bourbons devint stérile et sans postérité à partir de la mort supposée de Louis XVII. Ce n’est pas la place ici de débattre de cette affaire qui a fait couler des flots d’encre depuis plus de 2 siècles.

Louis XVII est-il mort au Temple le 8 juin 1795? …Si non, qu’est-il devenu?…Pour ma part, je crois que Louis XVII fut exfiltré de sa prison du Temple le 19 janvier 1794 par Chaumette et Hébert payés par les royalistes et  qu’il partit vers la Vendée, puis dans l’armée du prince de Condé en Allemagne.

De faux dauphins apparurent pendant 50 ans: Hervagault, Charles de Navarre, Charles Naundorff, le baron de Richemont. Seuls, Naundorff et Richemont  peuvent être considérés comme des candidats sérieux  pour être Louis XVII, le petit roi perdu.

Personnellement, je considère que le baron de Richemont était bien le duc de Normandie, fils de Louis XVI (Lire mon livre :

LOUIS XVII OU LE SECRET DU ROI, Louise COURTEAU Éditrice, Québec, Canada, 2007).

Un laboureur Martin de Gaillardon vint dire en 1816 à Louis XVIII, qu’il avait pris une place qui ne lui appartenait pas.

Je pense que Dieu a puni la France à cause d’un crime de lèse-majesté : la non-reconnaissance de son roi légitime, Louis-Charles de France, duc de Normandie, 2 ème fils de Louis XVI et Marie-Antoinette.

Il est remarquable de voir que Louis XVIII ne fut jamais sacré à Reims et qu’il ne demanda jamais de service funéraire pour la mort officielle de son neveu Louis XVII.  

Il n’eut pas d’enfant : son frère le comte d’Artois eut un fils impuissant, le duc d’Angoulême.

 

Le duc de Berry, fut assassiné en 1820 par Louvel et eut un fils posthume, le duc de Bordeaux ou comte de Chambord, qui n’eut pas de descendance. La branche  aînée des Bourbons s’éteignit. Enfin, elle fut chassée du pouvoir par la révolution de Juillet 1830.

 

La branche des ORLÉANS :

 

Suite à la révolution de Juillet 1830 et à la fuite de Charles X, Louis-Philippe d’Orléans prit le pouvoir sans difficulté.

 

Louis-Philippe 1er (1830-1848):

 

Né à Paris, le 6 octobre 1773, il était le fils aîné de Louis-Philippe Joseph d’Orléans (Philippe-Égalité) et de Louise-Marie Adélaïde de Bourbon-Penthièvre. Il porta successivement les titres de duc de Valois, de duc de Chartres et de duc d’Orléans. Il accueillit avec enthousiasme la révolution et entra au club des Jacobins.

Il se réfugiera en Suisse après les batailles de Jemmapes et de Valmy. Il fut professeur de géographie et de mathématiques. Il passa à Hambourg en 1795, voyagea en Scandinavie, puis partit aux Etats-Unis  trois ans de 1797 à 1799.

À son retour, il s’établit en Angleterre. Marié en novembre 1809 à la fille du roi Ferdinand IV de Naples, il vint vivre en Sicile. Il partit ensuite pour l’Angleterre. À la restauration, il recouvre une part immense de sa fortune, mais Louis XVIII ne lui permet de rentrer en France qu’en 1817. 

Il vit au Palais-Royal, éloigné de la Cour, qui lui bat froid. Âpre au gain, il s’allie avec la baronne de Feuchères pour récupérer l’héritage du dernier prince de Condé en faveur de l’un de ses fils.

Très bourgeois anglophile, il appartient à la Franc-Maçonnerie et s’entoure d’hommes puissants (Lafitte, Casimir Perier, Guizot, Thiers, Béranger, Lafayette).

Il ne rencontre aucune résistance dans les journées de juillet 1830, il ramasse le pouvoir laissé à terre par la branche aînée des Bourbons. 

Au soir du 30 juillet 1830, il rentre au Palais-Royal, il adhère au drapeau tricolore, se laisse proclamer Lieutenant-Général du Royaume,  le 31 juillet, puis « roi des Français », le 7 août.

Son règne fut celui de la grande bourgeoisie des affaires, qui facilita le libéralisme. Le peuple fut peu défendu dans ses droits élémentaires et réagit. Les insurrections de Lyon (1831) et de Paris (1832 et 1834) en furent l’illustration.

Le roi Louis-Philippe fut la cible de sept attentats contre sa personne. Il réprima le socialisme naissant et voulut la paix. Il refusa de remettre en question les traités de 1815.

 

En 1842, la mort de son fils, le duc d’Orléans, héritier du trône porta un coup à la dynastie.

Mais c’est la politique conservatrice de Guizot, qui prépara la révolution, qui éclata le 22 février 1848. Le 24v février, il signa son abdication en faveur de son petit-fils, le comte de Paris, mais il était trop tard pour sauver le trône.

La duchesse d’Orléans essaya vainement de faire reconnaître son fils par la Chambre des députés.

Le roi détrôné partit pour l’Angleterre ou il mourut le 26 août 1850, dans la  résidence  de Claremont, prêtée par la reine Victoria.

Louis-Philippe eut huit enfants :

Cinq fils : Le duc d’Orléans, le duc de Nemours, le prince de Joinville, le duc d’Aumale et le duc de Monpensier.

  Trois filles : Louise, Marie et Clémentine.

 

FIN

 

 

En raison d’évènements privés, il ne m’a pas été permis de rédiger sur la Science de la Prière ni sur l’étude comparative entre l’Islam et la foi Catholique; sur la science de la prière, les deux chapitres paraîtront en supplément aussi vite que je maîtriserai le scanner.

Le rédacteur.

 

LES SENATEURS

 

De la Civilisation à la Colonisation

 

 

Augustin : « - Mes amis quel repas ! Une langue de bœuf sauce piquante, ce n’est pas catalan, mais quel délice ! Accompagnée de cette bière de garde, ce nord là vous réchauffe de tous les frimas.

 

Jules : - J’ai bien apprécié ce vieux-lille macéré dans la bière et ces pommes en pâte caramélisées. Je veux bien être colonisé de cette manière.

 

Henric : - Ce que j’ai surtout aimé, c’est ce genièvre comme pousse-café ;  j’ai cru mettre le feu à ma pipe. C’est un repas légitime de veille de Carême.

 

Dominique : - Ma femme tient cette recette de sa tante lilloise qui n’a pas son pareil pour vous dégoûter d’entreprendre un régime.

 

Scoty : - Dominique, je sais que par cette tante tu as dans ta tabatière un émincé de tabac des Flandres, tu attends qu’il sèche pour nous le proposer !

 

Léon : - Revois- là le nez de Scoty ! Et dire qu’avec ce nez là tu n’attrapes jamais de rhum ! Tu dois avoir quelques recettes écossaises ; il faudra que tu en nous fasses connaître la cuisine, la panse de mouton farcie !

 

Scoty : - Tu veux  mourir ! Il faut avoir fait brouter l’herbe aux anglais pour survivre à cette recette ; ce serait à proposer à nos intellectuels médiatiques...

 

  Thomas : - Fais passer la tabatière, Scoty et commençons le sujet de ce soir. Nous avions convenu de discuter de la colonisation.

 

Augustin : - Colonie vient de la racine indo-européenne : kwel qui signifie tourner en rond et qui a donné quenouille. ; ce qui en grec donna  kuklos – cercle – et kukliko – circulaire - ; cette racine grecque donna cylindre. En latin colus donne aussi quenouille ce qui donnera colon, colonie ; cette racine latine donnera également le mot culture, l’art de cultiver la terre ; le colon désigne celui qui cultive la terre nouvellement découverte. C’est à tort que l’on qualifie l’implantation de cités juives de colonies en terre palestinienne ; car il ne s’agit pas là de colonisation mais d’occupation en vue d’accaparement, de captage de terres. On ne peut donc plus parler, pour le temps présent et futur, de colonies, car il n’y a plus de terres à découvrir, sauf à parler de coloniser les planètes de notre système solaire.  Voilà pour la définition.

 

Dominique : - Il me semble qu’il n’y a que deux facteurs majeurs qui expliquent le principe de la colonisation :

 

1er, l’expansion pour raisons économiques.

 

2e, le besoin de répandre sa culture, sa civilisation ; et un sous-facteur obéissant à un impératif stratégique et de défense, ce qu’illustra l’Empire Romain, occupation militaire d’un espace en vue de la sécurité.

 

Thomas : - Oui, mais il y a un facteur humain qui est peut-être encore plus puissant et qui touche à l’être profond : celui de communiquer, de transmettre tout ce que l’on  est comme si l’on était poussé par tout ce qu’on a acquis.

 

Léon : - Tu veux dire que l’homme peut être poussé par une exigence plus forte que lui-même à seule fin de communiquer ce qu’il sait et ce qu’il a. C’est de la métaphysique ! 

 

Jules : - La générosité comme l’avarice sont constitutifs de la nature humaine : l’un tend à tout retenir, l’autre à tout partager. C’est le choix de l’être. D’autre part, on ne peut nier qu’il soit dans la nature de l’homme d’entrer en contact avec un autre semblable surtout si ce semblable est différent.

 

Scoty : - Les empires mésopotamiens semblent avoir été portés à l’expansion par le désir de civiliser les régions qu’ils considéraient barbares. On peut dire la même chose de la République Romaine, ceci l’est beaucoup moins pour les grecs qui sortirent de chez eux par la nécessité économique. On peut aussi introduire la problématique des invasions barbares qui furent poussées par l’envie des richesses de leurs voisins, ainsi que par la nécessité de fuir d’autres tributs conquérantes. On doit considérer que l’expansion géographique de l’homme fut, à l’origine, liée à la nécessité de survivre. On traversait la rivière pour poursuivre le gibier.

 

Henric : - Nous oublions un autre facteur qui est lié davantage à l’individu ; je veux parler de la personne éminemment curieuse. L’esprit de curiosité qui se rapproche de celui de l’aventure qui est l’appétit de la connaissance. Christophe Colomb réunit ces trois qualités ; on peut le dire également de Marco Polo[48]avec un prix d’excellence.

 

Léon : - Oui, ce qui me surprend qu’à moitié, car je le pressentais sans me l’expliquer. Tous ces mouvements et causes que nous venons d’inventorier me laissent soupçonner une volonté qui meut tout cela. Ne dirait-on pas que Dieu semble en être le grand instigateur. Il nous enseigne que toute la terre appartient à tout homme, qu’il est naturellement libre de circuler où il veut pour autant que sa transhumance réponde à sa mission initiale qui est de dominer la Création et non les hommes. 

 

Augustin : - N’oublions pas que l’homme est l’animal social par excellence. Ainsi donc, d’après toi Léon, il y a une sorte de mission naturelle inhérente à sa nature qui justifie le mouvement de colonisation ?

 

Léon : - Je ne sais pas si le concept de colonisation trouve dans mon exposé sa justification telle que nous le concevons à l’aune de notre histoire moderne.  Il me semble, pour autant, trouver là l’explication de ce que certains appellent le mouvement de civilisation : concept à manier avec des pincettes. Peut-être devrions-nous user du mot de civilisation ; il est plus juste en certains cas.

 

Henric : -  Le fait d’avoir apporté des règles d’hygiène élémentaire à des peuplades qui n’en avaient guère, répond à l’énumération faites par Scoty et Léon.

 

 Jules : - Il y a un autre principe, défini assez récemment du point de vue juridique, qui est l’assistance à personne en danger. On oublie souvent cet aspect des choses ; sans omettre les appétits qui peuvent s’insinuer dans cette démarche. Là nous abordons le problème des intérêts particuliers, qu’il s’agisse de ceux d’un Etat, d’une entreprise ou d’un individu. On ne peut nier que d’avoir rendu impossible les sacrifices humains soit une avancée de civilisation, c’est vrai pour l’Islam vers les pays noirs d’Afrique qui pratiquaient le canibalisme, ça l’est également pour les Etats Amérindiens.[49]

 

Dominique : - Il me semble certain que Dieu inspira ces mouvements de civilisation en s’aidant des appétits particuliers et des générosités individuelles. Il y a derrière cela, le désir d’amour de Dieu de vouloir que chaque homme, chaque femme connaissent son Nom qui est Salut.

 

Léon : - Tout peut-il se justifier par cette volonté divine ? Je ne le crois pas. Pour autant, on peut, semble-t-il, dire que le mouvement de colonisation a une justification morale, spirituelle et même affective ; ne devons-nous pas aimer notre prochain comme nous-même ?  Encore que la notion de prochain doive être définie ; il peut s’agir d’abord du prochain proche ; si ce prochain proche, je ne sais pas l’aimer alors, l’aide que je porte à mon prochain lointain  peut se transformer en mesure  pour ma condamnation, car quelque part je mens. On donne pour le lointain prochain alors que pour le plus proche, on se comporte en vrai salaud.

 

Henric : - Il faut admettre que fondamentalement le mouvement de colonisation est moralement admissible, même ci on s’avance sur des terres qui ont une culture, une civilisation. Car si le mot de civilisation a pour sens de désigner une culture où l’homme développe une conscience morale, il est évident que le pygmée a lui aussi une civilisation puisqu’il possède une culture même si elle est extrêmement primaire ; ce qui qualifie une civilisation dominante sur une autre, c’est le degré de connaissance de l’homme  qu’a l’une sur l’autre ; c’est pourquoi avoir détruit la civilisation inca est moralement légitime puisqu’elle pratiquait le sacrifice humain.

 

Jules : - Si aujourd’hui entreprendre une campagne de colonisation est moralement inacceptable, il y a deux siècles et plus haut, elle était légitime et s’imposait comme une nécessité morale et spirituelle. Il semble difficile de juger aujourd’hui des événements du passé, le regard a changé, la lumière également par l’évolution des connaissances. Il est pourtant un progrès évident que celui d’avoir empêcher le sacrifice humain pour arrêter une épidémie, en formant ces peuples à des règles d’hygiène, en formant des médecins, en créant des écoles, en procurant de l’eau potable.[50]

 

Augustin : - Bon, il semble que nous ayons fait le tour du problème quant à l’origine et aux causes des mouvements de colonisation ; il nous reste à aborder la méthode, les comportements et la décolonisation, ce sera le sujet pour la prochaine réunion.

 

Scoty : - On ne peut pas se quitter comme cela, sers-nous donc de cette bonne bière de garde avec une rincette de genièvre, le temps d’une bonne pipe.

 

Jules : - Après un tel effort intellectuel, une consolation est moralement légitime et si délicieusement gourmande… »

 

 

                                                       

 



[1] Le célèbre psychanalyste Erich Fromm (1900-1980) démontre que la peur de la mort dans nos sociétés joue un rôle déterminant, une peur artificielle qui contribue aux comportements addictionnels. Cacher la réalité de la mort participe de la négation de la vie, de sa relativité et contribue à la perte du sens du sacré. Cette maladie de l’âme influe sur les comportements économiques. Nos sociétés manquent de vies de prière, elles reçoivent malheureusement de moins en moins de formation pour cela.

[2] Nous en sommes bien loin, si nous nous en tenons au mini-traité de l’Union Européenne : "Le vote du Parlement français rassemblé solennellement à Versailles le 4 février, puis celui des deux chambres séparément le 7 février, va autoriser la ratification du traité modificatif européen, dit de Lisbonne. Il est destiné à remplacer le projet de Constitution, que Français et Hollandais ont rejeté par voix référendaire en 2005.
L’incorporation dans le nouveau texte soumis aux élus de la nation de la Charte européenne des droits fondamentaux accordera de fait à ce “mini-traité” une valeur juridique contraignante pour les Etats signataires. Cette Charte représente sur plusieurs points une rupture intellectuelle et morale avec les autres grandes formulations juridiques internationales, en présentant une vision relativiste et évolutive des droits de l’homme qui met en cause les principes du droit naturel. Tout d’abord, la Charte stipule avec raison que “le droit de se marier et de fonder une famille est garanti”. Mais elle se garde de spécifier le sexe des conjoints. Elle dissocie explicitement la notion de mariage, de celle de famille. Ceci constitue une rupture avec la Déclaration universelle des droits de l’homme, adoptée à l’ONU en 1948, laquelle définissait la famille comme l’union d’un homme et d’une femme, et faisait d’elle le socle anthropologique de la société. De même, le texte proposé, qui consacre le principe de non-discrimination pour orientation sexuelle, ouvre ainsi la porte à la jurisprudence européenne pour reconnaître l’équivalence de tous les types de mariage, tant en ce qui concerne l’adoption d’enfants que la procréation médicalement assistée (cf. la récente condamnation de la France par la Chambre haute européenne des droits de l’homme, parce qu’elle avait refusé l’adoption d’un enfant par une femme célibataire homosexuelle). Progressivement, le droit à l’enfant prévaut sur le droit de l’enfant, en particulier celui de naître ou celui d’avoir un père et une mère. Par ailleurs, la Charte restreint considérablement le domaine de la protection de la vie humaine. S’il est rappelé que seule la personne humaine a droit à la vie, la protection de l’enfant à naître est mise en cause, puisque, selon l’un des derniers avis rendus par le Tribunal européen, “l’enfant à naître n’est pas considéré comme une personne”. L’embryon humain, notamment in vitro, ne bénéficie plus d’une protection pénale. C’est ainsi que la Charte interdit seulement le clonage à but reproductif sans jamais mentionner le clonage embryonnaire à des fins thérapeutiques. Il s’agit, là encore, d’un net recul par rapport aux précédents instruments juridiques européens, en particulier par rapport à la Convention de bio-médecine du Conseil de l’Europe adopté en 1997, qui précisait “qu’est interdite toute intervention ayant pour but de créer un être humain génétiquement identique à un autre être humain, vivant ou mort... ”. La recherche sur les embryons surnuméraires, le diagnostic préimplantatoire, la fabrication d’embryons hybrides..., risque de ne plus être encadrée sur le plan juridique. Enfin, la disparition de “l’interdiction d’infliger à quiconque la mort intentionnellement”, comme le reconnaissait la Convention européenne des droits de l’homme de 1950, ouvre-t-elle le champ à une dépénalisation de l’euthanasie et du suicide médicalement assisté ?Dans sa première encyclique Dieu est amour, Benoît XVI souligne que  “L’Eglise veut servir la formation des consciences dans le domaine politique et contribuer à faire grandir les perceptions des véritables exigences de la justice” [1]. Au moment où nos parlementaires vont se prononcer sur le processus d’unification européenne, puissent-ils ne pas oublier les fondements éthiques qui garantissent le respect de la personne humaine, depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle, et qui sont constitutifs d’une humanité respectueuse du droit des plus faibles". Texte de monseigneur Rey évêque de Fréjus-Saint Raphaël

 

[3] Toute politique de civilisation passera obligatoirement par une politique de la vie ; on ne peut certes pas aujourd’hui retirer la loi Veil, mais on peut et l’on doit initier une politique qui favorise la vie sans laquelle une politique familiale n’a aucun sens.

[4] On peut considérer un retour théocratique chez les Réformés surtout chez les Anglicans ainsi que dans certains Etats allemands luthériens.

[5] Extraits tirés de La Nouvelle Histoire de l’Eglise tm. 2  éditions du Seuil.

[6] Ibidem

[7] Les Lumières, pour autant qu’on puisse les nommer ainsi, auront rendu un singulier service à l’Eglise Catholique en séparant radicalement les pouvoirs même si l’intention évidente était de combattre et détruire l’Eglise. Surtout qu’on ne change rien à la laïcité.

[8] Ibidem

[9] ibidem

[10] Ce formulaire et dit, la liturgie de saint Pierre, version grecque de la messe romaine avec des ajouts byzantins.

[11] Cette affaire dans laquelle se mêla l’ambition humaine et une bonne dose d’orgueil ainsi que ce besoin maladif d’uniformiser la liturgie par l’usage quasi exclusif du latin en référence à l’universalité de l’ancien Empire Romain contribua à nourrir la rupture avec Byzance. Cette doctrine maniaque nous coûtera aussi l’expansion en Asie, surtout en Chine. Il y a toujours eu en notre Eglise des fixismes et des intégrismes ravageurs tout autant qu’enfantins.  II faudra peut être un jour écrire un livre dont le titre serait celui-ci : La Bêtise et le Saint.

[12] On comprend facilement le ressentiment de la hiérarchie orientale face à de telles exactions si radicalement contraires à la charité. Elles contribuèrent à la formation d’une culture qui fut résolument anti-romaine. 

[13] Ceci étant, le Motu proprio est un acte heureux pour l’unité des catholiques et le règne de la charité qui signifie également unité. Il est tout à fait regrettable qu’on ait décidé la suppression des liturgies particulières comme celle de Lyon, de Coutances ou celles des ordres religieux antiques. La richesse liturgique avec ses diversités participait à l’affirmation des cultures régionales et ne portait nullement atteinte à la Réforme nécessaire du Concile Vatican II. Cette uniformisation est le fruit antique d’une vision romaine désuète et qui reste dommageable à l’Eglise Catholique.

[14] Tous les vivants sont des êtres, seul l’être humain est une personne qui transcende l’être animal.

[15] Seuls l’homme et la femme sourient, il n’est aucun vivant connu de la Création qui en est la capacité.

[16] Il est aussi le réflecteur des ascendances.

[17]  Le terme regardant est encore en usage dans les régions du nord de la Loire : « il n’est pas regardant, c’est un regardant, il peut prendre sens d’avar.

[18]  Lorsque Maximilien Kolbe prit la place du père de famille, faisant un pas vers l’officier tortionnaire et que celui-ci recula d’autant, on ne peut douter qu’il le fit en regardant son bourreau, sa peur devant le sacrifice offert de Maximilien fut produit entre autre par la découverte de la personne en ce prêtre.

[19] La beauté peut être laide et la laideur être belle.

[20] La révocation de l’Edit de Nantes fut une faute politique, morale et spirituelle, rien ne pouvait la justifier si ce n’est une conscience troublée par un orgueil triomphant.

[21] On a appris que ce fut une exigence des autres Etats membres, ils acceptaient la modification du traité à la condition de ne pas ratifier par référendum

[22] Paroles tirées d’un chant populaire liturgique :  « allez vers le Seigneur parmi les chants d’allégresse… »

[23] 1. Cor. 3,9

[24] Rom. 11, 13-26

[25] Mat. 21, 33-43 par. ; cf. Isaïe 5, 1 s.

[26] Jean. 15, 1-5

[27] La révolution dressa l’homme contre son prochain mais le désespéra au point qu’il se dressa et se dresse toujours contre lui-même.

[28] 1 Cor.3, 9

[29] Mat. 21,42 par. ; Act. 4,11 ; 1Pierre 2,7 : Ps. 117, 22

[30] 1. Cor. 3,11

[31] 1 Tim. 3,15

[32] Eph. 2, 19-22

[33] Apoc. 21, 3

[34] 1 Pierre 2, 5

[35] Apoc. 21, 1 s.

[36] Il est évident que des constructions de cathédrales ou d’églises paroissiales ne fut pas tout le seul résultat de la foi, du pèlerinage ; nous le savons, telle la cathédrale de Béziers fut voulue pour manifester bien plus la supériorité de la commune que le résultat de la foi. Il en est de même avec la Basilique Saint Pierre de Rome même si elle témoigne du génie de l’homme, elle reste un scandale et l’une des causes qui décida Dieu de permettre le schisme de la Réforme. En cette époque désastreuse, la majorité de la hiérarchie subissait la conséquence de son orgueil, de sa vanité. La basilique de Saint Pierre de Rome est le témoignage de ce qu’il ne faut plus que l’Eglise soit à jamais.

[37] Gal. 4, 26 ; cf. Apoc. 12, 17

[38] Apoc. 19,7 ; 21,2 et 9 ; 22,17

[39] Eph. 5,26

[40] Eph. 5, 29

[41] Eph. 5, 24

[42] 3, 19

[43] 2. Cor. 5,6

[44] Col. 3,1-4

[45]  C’est l’un des sens aboutis de la résurrection de Lazare, l’ami de Jésus. Les intégristes et autres traditionalistes qui restent accrochés à une Eglise triomphante dans son humanité prouvent l’inintelligence des Ecritures et celle bien plus grave des fins dernières ; ils s’imaginent une Eglise selon le mode pervers du Grand Siècle à l’image d’un roi soleil. Quand comprendrons-nous que rien n’est possible sans l’humilité que la gloire de l’Eglise est celle que Jésus voudra ben lui donner ?

[46] Cf.les travaux très développés d’Arnaud Dumouch, Forum Docteur Angélique.

[47] La confusion des affections procède généralement d’un puissant orgueil qui pervertit en introduisant et développant de multiples formes de concupiscences, cet avoir tragique.

[48] - Il fut mandaté par la République de Venise pour marcher sur la route de la soie mais son esprit de curiosité, sa soif de connaissance jouèrent un rôle de motivation supérieur.

[49] On sait maintenant que les religieux ne furent pas à l’origine de la conquête des Amériques, ils ne firent que suivre les armées, accompagner les hommes.

[50] Un ancien ministre prétendit que Jean-Paul II le grand lui aurait dit que les puissances occidentales souffriraient d’avoir été des colonisateurs ; je ne pense pas que ce pape ait pu parler comme cela ; sans doute faisait-il allusion davantage aux comportements pendant et surtout à la manière dont  on pratiqua la décolonisation...