DIFFUSION GRATUITE - FAITES LA CONNAITRE : MARS - AVRIL 2008
LA RESURRECTION
DE LAZARE
« Je suis
la résurrection et la vie qui croit en moi vivra éternellement. »
La conversion de notre regard va de paire avec celle du cœur et
celle de notre intelligence. La contemplation du visage de Jésus dans la
douleur comme dans sa gloire de Ressuscité est un bon moyen de conversion est
de guérison du regard.
LE REGARD… UN OUTIL D’AMOUR. . . !
DE LA REFORME DU SERVICE PUBLIC DE L’AUDIOVISUEL
UN POLITIQUE
DE CIVILISATION… ! ?
Byzance et les Eglises d’Europe orientale
CYRILLE ET METHODE : LA MISSION DE MORAVIE
DU
MINI-TRAITE DE L’UNION EUROPEENNE
Louis XIII le Juste (1610-1643) :
Louis XV le Bien-Aimé (1715-1774):
Louis XIX, duc d’Angoulême (1830):
HENRI V, Comte de Chambord (1830-1883) :
Extinction de la branche des BOURBONS :
Louis-Philippe 1er (1830-1848):
De la Civilisation à la Colonisation
Verse ton vin sur le mordoré de la coupe des illusions, les sourires maigres et larmes grasses s’écoulent en chute caillouteuse. La main décharnée aux osselets rouillés, caresse la cuisse flétrie offerte aux dérives de la nuit des solitudes noires.
Sous la table des banquets défleuris, l’enfant joue aux dès. Il ne veut pas savoir, ces adultes sans âge enseignent les contraires dans les replis des sous-entendus et convenances purines.
A la dérobée des ombres nappées, il compte les pas sots des mouvements immobiles.
La coupe offre le jus bulleux de la vigne verte, s’assourdit les entrechocs des non-dits mensongers…
L’Hermite des temps nouveaux
DESIRE WASSON
Le regard fait partie du visage,
il exprime la vie. Il intègre l’identité de la personne.
L’homme possède deux regards pour
appréhender la Création : celui de la contemplation et de la vie ;
celui de concupiscence et de la mort :
1er – Le
regard de la contemplation et de la vie est admiratif. Il cherche à comprendre
pour maîtriser et donner. C’est le
regard du cœur, de l’espérance, des sentiments nobles. Il permit à
Socrate de pressentir l’existence d’un Dieu unique, aux harmonies qui
sous-tendent la Création de l’émerveiller ; ce regard là est celui
d’un pauvre, d’un humble. C’est le regard de l’esprit d’enfance. La perception
réaliste de la Création est transfigurée, elle dévoile Dieu. C’est une expérience intérieure qui reste
enracinée dans le réel physique au cœur de laquelle se découvre une communion
spirituelle organique qui peut favoriser l’illumination. On entrevoie l’unité
de la Création dans la pensée du Créateur, une unité à laquelle l’homme est
intégré non pas seulement subie mais participative, car c’est pour lui qu’elle
est ordonnée. Il en est l’objet, il n’en est pas sujet, il est sujet de Dieu.
C’est
le regard de la vie. On en perçoit toute la générosité et son unité. Le chemin
de l’esprit de pauvreté par lequel l’homme découvre sa place, toute sa
place. C’est une kénose de l’amour dans
la lumière d’un amour infini où l’on s’effondre pour se consumer dans la kénose
divine qui vient en nous s’effondrer également, scandaleusement. On n’éprouve
plus besoin de posséder, on a tout. C’est la richesse de la vraie pauvreté,
celle d’un Dieu fait homme qui puise sa toute puissance dans une infinie
pauvreté et faiblesse.
2e – Le
regard de concupiscence et de mort, c’est celui qui veut comprendre pour mieux
dominer et posséder. C’est celui de la déduction et de l’analyse tourner vers
soi-même qui ne comprend la réalité des lois dans la seule intention de
maîtriser la vie pour la satisfaction des puissances basses. Il tend à se
dresser au niveau du Créateur, il veut être celui qui proclamera :
« voyez, je maîtrise la mort et la vie ; je vous l’avais bien dit, on
a plus besoin de Dieu ! » L’âne ne rie plus, il pleure.
C’est
le regard de la possession, de l’appropriation pour soi, dans lequel et par
lequel le sujet veut et va jouir ; il affirmera que c’est pour le bien de
l’humanité, il est urgent d’en
douter !
C’est
un regard de mort, car qui possède introduit la mort. Il est celui de la
science actuelle qui s’est aliénée de tous les vices d’orgueil. Elle est sur le
point de saisir la vie, de la réduire à sa volonté, en même temps, dans un
mouvement parallèle, elle ne cesse de tuer et de justifier cette constante de
mort par sa volonté apparente de servir la vie. On n’est pas tenu de la croire.
C’est
le même regard qui s’apprête à salir l’innocence parce que cette qualité morale
et spirituelle n’est pas mesurable, n’est pas quantifiable. L’innocence comme
la beauté dérange, fait peur. La qualité en ces temps ne procède plus que du
principe faux et effrayant du confort que l’on désigne sous le terme mortifère
de la qualité de vie ! Connaissons-nous un terme plus insidieux, plus
toxique que celui-là ? Il porte la marque d’une société éprise
d’elle-même, satisfaite de sa gloire. Elle met sa seule force dans la puissance
de ses jarrets.
Aujourd’hui,
la grande névrose qu’est l’obsession de l’environnement participe de cette
culture de la concupiscence ; c’est si vrai que les plus enragés de
l’environnement sont les plus déterminés à défendre la culture de mort. Ils
sont les premiers à vouloir l’euthanasie, car à leurs yeux la souffrance et la
mort sont laides, elles ne sont pas compatibles avec la qualité de la vie. Elle
leur est un mal qu’il faudra parvenir à effacer scientifiquement. Ils aspirent
à cette victoire physique sur la mort pour se convaincre de l’inutilité de
Dieu, ils pourront se rassurer totalement : que pourrait-il se produire
qui vienne remettre en cause cette « sainte qualité de la
vie ? »
Dans
cette période bénie de Carême comment rééduquer le regard ? Comment le
convertir sans pour autant s’éloigner des souffrances et des joies de cette
génération ?
S’il
est une chose que nous devons nous réapproprier, c’est le droit et le devoir
d’aucune complaisance pour le mal ; le mal doit ici se comprendre entant
qu’il exprime la réalité du péché. Prenons garde à ne pas laisser le désordre
des appétits dicter notre regard, car nous devenons toujours ce que nous
contemplons.
Nous
pouvons dire non et nous le devons quand on nous impose des scènes d’actualité
avec obscénité, imposant un regard pornographique, un regard de salissures. Il
y a de plus en plus un appétit infra-humain pour la morbidité, quelle
nécessité ? Cette sorte d’imagerie pornographique, cette mauvaiseté
photographique contribue à ne plus savoir regarder le réalisme de la souffrance
et produit le rejet mortel de tout ce qui dérange : pourquoi visiter un
handicapé, ne serait-il pas plus convenable de l’aider, de le soulager !
Est-on sûr que c’est par esprit d’humanité qu’on le fait ou pour satisfaire ce
besoin luciférien de la qualité de vie ?
Nous
catholiques nous avons un urgent besoin de contempler avec le regard d’amour de
Jésus le paralysé, le lépreux, le pécheur ; nous avons un impératif besoin
de nous regarder nous-même avec le regard du rédempteur. Nous ne pouvons y
parvenir que si nous revenons à la contemplation de la Croix, ce Jésus crucifié
qui se sera rendu laid de nos péchés pour que nous retrouvions non seulement la
beauté de nous-mêmes, mais également que nous renouions avec la culture de la
beauté. On ne peut recevoir un sourire que si on ne se repaît jamais de
l’amour !
La
conversion de notre regard va de paire avec celle du cœur et celle de notre
intelligence.
La
contemplation du visage de Jésus dans la douleur comme dans sa gloire de
Ressuscité est un bon moyen de conversion est de guérison du regard.
Si
un homme à la fin de sa vie n’est plus capable de s’émerveiller d’un caillou de
rivière, s’il n’est plus capable de s’illuminer d’un brin d’herbe qu’agite la
brise, s’il n’est plus capable d’entrer dans le silence enchanteur de la
Création, il doit se faire du souci pour la qualité de son éternité.
Laissez-moi
vous inviter à la Mère de Jésus, à l’Immaculée, elle seule peut nous aider à
cette conversion du regard, elle seule peut nous aider à accepter les soins
indispensables pour sa guérison.
N’avez-vous
pas entendu ?
N’avez-vous
pas compris ?
N’avez-vous
rien appris ?
Elle
fut choisie à l’aurore de la pensée du Créateur pour être la beauté renouvelée
de la création ! Elle-même l’a chanté :
« Mon
âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur.
Il
s’est penché sur son humble servante, désormais tous les âges me diront
bienheureuse.
Le
Puissant fit pour moi des merveilles, Saint est son Nom… »
Qu’elle
est la maman qui ne s’est pas réjouie du brin d’herbe que son enfant lui
apporta avec jubilation ?
Qu’elle
est la maman qui n’a reçu de son enfant la petite pâquerette pleine de fourmis
de son enfant ?
Elle
recueillit bien plus qu’elle ne donnera jamais : la fleur et la communion
de l’enfant tout à son bonheur pour donner et donner toujours.
L’humanité
crie famine de beauté, qui va lui répondre ?
Acceptons
de convertir notre regard au bon, au beau, à la vérité et à l’amour… Nous saurons alors regarder la souffrance et
mépriser le mal.
Pierre-Charles
Aubrit Saint Pol
Le Président
de la République nous a annoncé son intention de supprimer la publicité sur les
chaînes du service public… Sur le fond de cette affaire, je ne saurais me
prononcer n’étant pas un spécialiste des finances publiques.
On pressent que cette réforme, légitime
et souhaitable, entraînera une réforme plus générale. Il serait question
que France 3 verrait ses antennes locales sous le contrôle des régions et
qu’elles garderaient l’apport financier de la publicité. C’est un projet
logique qui aurait dû être mené à bien dès la privatisation de TF, surtout
depuis l’extension des chaînes avec la TNT.
France 3 est une chaîne nationale
généraliste en trop, d’autant quelle n’est pas complémentaire à France 2, elle
lui est concurrente, sa raison d’être, sur le plan national, à l’exemple de la
2, n’a aucun intérêt. Elle devrait être entièrement régionale. Elle répondrait
ainsi à un besoin et une mission de proximité, elle aiderait à la redécouverte
des cultures régionales et leur développement. Elle ouvrirait un espace
d’expression aux corps intermédiaires associatifs ce qui pourrait faciliter les
débats d’idées. Son parc publicitaire pourrait s’étendre au monde des artisans,
sa contribution au développement économique et social serait déterminante.
Une telle réforme accompagnée par un
cahier des charges équilibré contribuerait au développement de la démocratie et
renforcerait la sociabilité de tous les citoyens.
Cette réforme du service public de
l’audiovisuel est une chance pour une politique de civilisation. Elle doit être
vigilante quant à la qualité des programmes, mais aussi et surtout, à la
qualité des débats. Cet espace public doit être celui de la France, du peuple
de France qui devra se sentir chez lui ; chacun des débatteurs aura la
certitude d’être respecté quelle que soit la confrontation des idées et des
sujets. Il faut retrouver le chemin d’une vie culturelle et intellectuelle
plantée dans le quotidien du peuple, tremplin pour des débats plus élevés.
Pourquoi ne pas reprendre de manière vivante avec des animateurs qui sachent
rester à leur place, l’idée scolastique du vrai débat : la dispute des
esprits, libérés des caciques du formatage ?
Ne pourrait-on pas reprendre l’idée si
plaisante des dossiers de l’écran mais moins pontifiants ? Le service
public de l’audiovisuel doit retrouver la confiance du peuple, pour cela il
doit cesser d’apparaître pour tel ou tel autre camp politique. L’espace public doit être un terrain neutre
où la neutralité politique sera réelle et non pas selon ce qui se passe sur
France- Inter, le sommet de l’indigence intellectuelle, de la malhonnêteté
intellectuelle, de l’intolérance toujours sournoise et manipulatrice. Les
espaces du service public ne doivent plus être la propriété, l’apanage de telle
idéologie ou de tel parti ; c’est inacceptable.
GERARD
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Que vive la mémoire morte !
Nuits de la nuit, ténèbres des
ténèbres, les robots d’acier s’avancent
sur leurs rails de feu glacé. Ils courent sur les déserts charniers. Nés
d’eux-mêmes, ils ne sucèrent aucun sein. Leur palais noir n’à ni fenêtre ni
reflet, il s’orne de cheminées.
Leur jardin désenchanté ne
résonne ni le chant du rossignol ni l’envol de la bergeronnette. Les fleurs
vêtent un deuil injuste, frimas des cœurs, frimas des âmes.
Plus de temps anciens. Est le
temps farouche, immobile. Il se répète et se répète. Il forge la mesure.
Les seigneurs des apanages
mortels, ombres sinistres de sang et de sang, dérivent sous les hadès de
l’Hadès, antres tartares. Ils dérivent et dérivent tirés par les infâmes
pensées. Ils s’abreuvent au vinaigre brûlant des glaciers rouges et noirs.
Chut ! un pas, un souffle. Enfant cherche
humanité… sourire arrêté, larme suspendue…
Dans ce silence unique, coupables et innocents
forgèrent le sanctuaire de la mesure humaine…
Les cieux des célestes divins pleurent et la terre
s’en soulage d’horreurs contenues…
Visiteur du siècle neuf arrête-toi… Ne crains plus, la
vallée reverdit, refleurit.
Comme haies de bouleaux, de cyprès, la pudeur
naufragée en voile de crêpe chiné couvre ton âme…
En souffle saisonnier, la bise ou la brise murmure au
brin d’herbe courbé : « L’homme de lui-même pourra-t-il jamais
guérir ? »
La rivière, en ondes épurées, s’écoule… s’écoule… Ses berges inclinées et sacrales sont
rubans d’espérance…
Visiteur du siècle neuf arrête-toi… Que ne s’efface la
lumière des sanglots reposés…
L’Hermite des Temps Nouveau
« …Ses
berges inclinées et sacrales sont rubans d’espérance… »
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Pierre-Charles Aubrit
Saint Pol
Aujourd’hui,
je ne peux pas mettre en doute la prise de conscience ni la sincérité du
Président Sarkozy quand il annonce son intention d’inspirer et de mettre en
œuvre une politique de civilisation. Je ne peux pas le faire, car je suis
chrétien et ma qualité d’intellectuel m’en empêche également ;
personnellement, j’ai l’habitude de donner une chance à celui qui entre dans ma
vie, le Chef de l’Etat entre dans ma vie en raison de la politique qu’il
décide.
Je suis
solidaire de la destinée du peuple auquel j’appartiens.
Il ne me suffit pas d’accueillir avec attention une parole si grave, il
me faut essayer de la comprendre.
Il convient de se rappeler que le mot politique a une étymologie grecque
qui signifie polir, éduquer le
peuple ; dans le mouvement continu du politique cela signifie que les
pouvoirs publics travaillent à ce que le peuple se police toujours
mieux, qu’il s’élève dans les vertus naturelles. Faire de la politique ce n’est
donc pas s’enrichir indûment comme certains de ses prédécesseurs, mais œuvrer
au bien commun du peuple, de la nation et tendre vers un mieux supérieur.
Je concède que le mieux supérieur est difficile à définir selon les
normes actuelles d’une société éprise d’elle-même. A contrario, le terme qui s’oppose au sens de
polir est barbare : un état de vie sociale éloigné de la
civilisation.
La civilisation est la conscience individuelle et collective éclairée
par la raison, le savoir, le respect de normes de sociabilité. On dit aussi de
savoir-vivre, quel vilain mot pour de vilains esprits politiquement
corrects, en voilà un autre de vilain mot ! Je m’efforce d’être correct
dans mes relations avec autrui, pour autant mes lecteurs savent à quel point,
je le suis peu dans ma vie intellectuelle et il m’est impossible de l’être si
je veux que la charité alliée à la vérité demeure l’assise de ma vie. Dans la
vie intellectuelle celle qui se met radicalement au service de l’homme en
obéissant à la vérité, je ne puis en aucune manière me soucier de convenances,
de conformismes. Je ne le peux puisqu’en servant la vérité, je sers tout autant
la liberté. Mon oui est forcément dérangeant, car il est un oui ; mon non
l’est tout aussi bien, car il est un non ! Je ne m’en excuse pas :
est ce qui est !
Sur cette Terre chercher le confort de la conscience est un péché
mortel ; je tends comme tout baptisé à la sainteté, donc je me sens plus
proche des putains que des chastes qui promènent leur pudeur comme les
demi-mondaines leur rivière de diamants.
Si aujourd’hui, on parle de politique de civilisation, c’est qu’il
pré-existe un constat de non-civilisation, un constat de décadence, celui d’une
société barbare !
Le mode de vie proposé depuis cinquante ans est en faillite. D’aucuns
mettent en accusation les évènements de 1968, il est clair que ces évènements
ont ouvert une immense fosse septique, celle-ci aurait pu être moins profonde
si les politiques d’alors et autres décideurs avaient fait preuve de courage
moral, et spirituel. Ce ne fut pas le cas. Bien au contraire, on assista à
l’émergence de carrières politiques, culturelles greffées sur ces fâcheux
évènements. Pour les expliquer, on affirma, qu’ils se résumaient à un seul
désir : jouir ! Il me semble que ce ne soit là qu’une première cause,
mais pas la cause primordiale.
On voulait jouir mais personne ne se posa la question de savoir pourquoi
voulait-on jouir ?
Nous sommes au XXe siècle, un siècle de confrontations
idéologiques, construit exclusivement sur les fondements inhumains de la
Révolution de 1789. - Une révolution spécifiquement anti-chrétienne. - Les
générations qui ont produit 68 sont celles qui furent conçues juste avant la
Seconde Guerre Mondiale, pendant et juste après. Elles héritèrent des legs de
souffrances de leurs grands-parents et parents ; elles ouvrirent leurs
yeux sur les naufrages de l’infra-humain : les camps de la mort, la bombe
atomique ; les conflits de civilisation : la guerre de Corée, celle
d’Indochine-Vietnam, la guerre civile d’Algérie et ces autres luttes raciales.
On ne leur proposa que deux modes de vie : les idéologies
socialo-communistes ou le capitalisme libéral de consommation[1]
et, on fit en sorte qu’elles ne se tournent pas vers Dieu, vers la proposition
de vie chrétienne.
La question que l’on doit se poser est la suivante : ces
générations pouvaient-elles regarder ailleurs que dans la séduction des
plaisirs immédiats, dans la jouissance ?
Chacun était en droit de réclamer sa part de jouissance, on ne s’en
contenta pas, il fallait à tous prix ce que l’autre possédait et qu’on ne puisse
légitimement acquérir. Les évènements de 68 installèrent l’homme dans les
appétits addictionnels.
La culture révolutionnaire trouva un nouvel élan et en arriva à l’une de
ses conclusions dramatiques qui sont aussi ses objectifs : elle retourna
l’homme contre lui-même ! C’est ce qui explique la multiplication de lois
opposées radicalement à la loi morale naturelle. C’est la même cause par
laquelle, les tenants de ces lois fondamentalement attentatoires à la dignité
de l’homme et à la Gloire de Dieu
procèdent à la mise en accusation systématique de tous ceux qui osent
dire non à toutes ces dérives, ce qu’illustra parfaitement le mini-débat dans
l’émission de Marc-Olivier Fogiel qui opposait un défenseur de l’IVG et une
opposante, dans la suite de la manifestation pour la vie menée entre autres par
« l’Association Trente Ans ça suffit ! »
De tous les intervenants sur le thème de la politique de civilisation,
je n’en ai guère entendu développer l’analyse des causes primordiales de notre
décadence.
Cette prise de conscience au plus haut niveau de l’Etat montre que les
sociétés vont vers un rendez-vous douloureux, celui d’une mise à nu de la
conscience par un examen qui s’avère urgent et inexorable. Si nos dirigeants
politiques, intellectuels et religieux ne l’entreprennent pas, des évènements
irrationnels se produiront et nous y contraindront. Cela se fera dans de
grandes souffrances. C’est toujours douloureux d’être confronté à une vérité
que l’on sait présente à soi et que l’on fuit.
La mise en place d’une politique
de civilisation ne se fera qu’en revenant aux fondamentaux naturels, revenir au
respect de la loi morale naturelle[2].
Il est certain que cela induira une autre approche de la laïcité, une laïcité
qui ne devra plus être opposée aux religions, mais simplement garante de la
séparation des pouvoirs, une laïcité garante de la dignité de l’homme, du
respect des droits de l’homme. Elle devra se libérer des carcans idéologiques,
elle ne devra plus protéger ni justifier les haineux des religions, ces
intégristes de la désespérance, de la même manière, elle s’opposera aux autres
intégrismes qui sont tous attentatoires à la dignité de l’homme. Cette nouvelle intelligence de la laïcité ne
devra pas tendre à contrôler les religions de l’intérieur ; par contre les
religions et églises s’engageront clairement au respect des lois de la cité
sauf quand celles-ci entrent en conflit avec la loi morale naturelle, car quel
que soit le rang hiérarchique d’un dignitaire d’une religion ou d’une Eglise, celui-ci
est citoyen de son pays et doit être traité comme tel.
Une politique de civilisation ne s’élabore pas sans la prise en compte
de l’homme intégral, dans toutes ses dimensions. Elle renouvellera la garantie
de la liberté d’expression dans tous les genres pour autant que l’on soit
respectueux des convictions profondes de chacun.
La situation actuelle de nos sociétés ne permettra pas hélas de soulager
pour le moment les dispositifs de répression. On devrait assister à un
accroissement des délits et crimes. Cette perspective peu réjouissante est le
résultat du sentiment de plus en plus étendu de l’absence de légitimité dans la
mission de gouverner un peuple, le
peuple français. Ce sentiment, je l’ai déjà écrit, provient des effets
secondaires des lois opposées à la loi morale naturelle[3] ;
on doit aujourd’hui étudier ces faits, voir l’importance de leur impacte sur la
sociabilité des citoyens. La répression, si nécessaire malheureusement, doit
s’accompagner d’un travail en amont de prévention, c’est une nécessité qui
n’exclut aucun aspect réaliste de la société.
Je termine par l’appel de Benoît XVI, les sociétés doivent retrouver en
elles-mêmes, avec la grâce de Dieu, les ferments de l’Espérance qui ne peut
être confondue avec l’espoir. Elles ont besoin pour y parvenir que les pouvoirs
leur redonnent des raisons d’espérer dans la lumière des vertus morales
naturelles.
O ma divine Mère, il me
semble que vous n’êtes qu’un avec jésus, tant il est en vous et vous consomme
en Lui !
Admirable modèle de la communion
des Chrétiens, plût à Dieu que votre souvenir pût remplir mon âme de sa sainte
présence et de la plénitude de sa vie, ô divine Maîtresse !
O Jésus vivant en Marie,
Venez et vivez en vos
serviteurs,
Dans votre esprit de
sainteté,
Dans la plénitude de votre
force,
Dans la vérité de vos
vertus,
Dans la communion de vos
Mystères.
Dominez sur tout pouvoir,
Par votre Esprit,
Pour la gloire de votre
Père. Amen.
Jean-Jacques Olier
(1608-1657)
EUSEBE
DE CESAREE
La période de l’histoire de l’Eglise d’Orient, si spécifique, marquera profondément la culture et la pastorale des pays d’Orient. On comprend précisément de quelle manière elle soude son destin avec le pouvoir politique. Elle démontre le renforcement des facteurs d’un schisme annoncé par une bien étrange inféodation de celle-ci aux doctrines du pouvoir impérial de Byzance et des autres Etats à venir. Nous en percevons les conséquences jusqu’à notre époque. Nous le voyons dans la culture d’un nationalisme encore très vif et qui peut basculer à tout instant dans l’horreur.
Les missions
d’évangélisation qui comprennent la Russie, la Crimée, les Balkans, à par de
rares périodes intelligentes, seront trop souvent déterminées par la doctrine
politique et ses intérêts stratégiques. Il semble que les enjeux politiques
aient eu une égale importance aux préoccupations religieuses dans l’esprit des
dirigeants et dans l’émergence d’une culture atypique.
Nous la
qualifions d’atypique, car nous ne comprenons pas vraiment comment cette partie
de l’Europe marquée par la culture hellène a pu se laisser happer par le
concept absurde de la théocratie. Comment comprendre une telle confusion des
pouvoirs civils et sur une période historique si étendue ? Il n’y a pas de
précédent similaire dans l’histoire de l’Eglise d’Occident. Certes, nous avons connu une période durant laquelle la
hiérarchie prétendait parfois se substituer au pouvoir politique ou l’inverse,
mais ces crises ne s’étendirent pas sur mille ans[4].
Directement ou indirectement, la plupart des communautés
chrétiennes qui se formèrent, au début du Moyen Age, dans les zones de
langue slave de la péninsule balkanique dans les pays situés en bordure du moyen et du bas Danube et en Russie, doivent
leur existence à des missionnaires byzantins. La conversion des peuples des
peuples qui habitaient ces régions, au moins en ce qui concerne leurs classes
dirigeantes, fut achevée à la fin du Xe siècle. En 1000, il s’était
constituée en Europe orientale une communauté de nations dont les dirigeants et
les classes cultivées étaient d’une certaine façon unis, puisqu’ils
professaient le même christianisme oriental et acceptaient le même type
de culture issu de Byzance. La conversion des nations d’Europe orientale, le
développement de leur culture chrétienne, sont en grande partie imputables à
l’effort missionnaire que l’Eglise d’Orient poursuivit depuis le VIe
siècle en dépit de plusieurs reculs et interruptions. Les lignes directrices de
cet effort apparurent clairement sous le règne de Justinien ( 527-567).[5]
Cette
confusion du religieux avec le politique est si malsaine qu’à certains moments,
il est difficile de les distinguer dans
l’initiative missionnaire, ce qui amalgamera un fondement hétéroclite et
malheureux renforçant les socles primaires d’un schisme annoncé. Dès le VIe
siècle, l’œuvre des missions sera très liée voire confondue avec les politiques
impériales. Le pouvoir impérial de Byzance va, avec l’Eglise et dans une
ambiance culturelle peu saine, enfermer trois grands principes issus de
l’Antiquité et de la Révélation dans un carcan doctrinal détonnant pour
l’avenir et très éloignés de la culture hellène :
a)
La
conviction héritée de la Rome antique selon laquelle l’Empire était
théoriquement universel et s’étendait pratiquement à tout le monde civilisé
dont les nations devaient légalement obéissance à l’empereur de
Constantinople ; b) l’idée issue de la conception du monde hellénistique
selon laquelle les barbares restés à l’extérieur de l’Oikouméné civilisée
étaient un jour ou l’autre destinés à avoir accès à la communauté culturelle
des Rhomaioi ; c) la croyance héritée de la tradition judéo-chrétienne
selon laquelle ces Rhomaioi, consacrés au service du Christ par l’empereur
Constantin, était le nouveau peuple élu à qu’il appartenait d’apporter
l’Evangile à toutes les nations de la Terre. Une équivalence était ainsi
établie entre la Pax romana et la Pax christiana, les intérêts de l’empire et
l’avancement de la foi.[6]
C’est
une des clefs qui nous fait comprendre, en profondeur, le mécanisme culturel et
religieux de toute une région qui ne parvint pas, à cause des rebonds de
l’histoire, à se nourrir de la parole du Christ tout en appliquant les
catégories de l’Antiquité hellénistique : « Rendez à César ce qui
appartient à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu. »
On
ne peut pas juger, car on n’est pas là pour cela, mais on apprécie les effets
pérennes des décisions historiques[7].
La
force de l’Eglise d’Occident fut d’avoir su marquer la différence entre nécessité et opportunité. Il n’y a eu
vraiment que sous Charlemagne qu’une partie des conquêtes militaires dues aux
velléités des Barbares s’unirent avec l’œuvre missionnaire en Europe ;
c’est-à-dire où le politique décida de la mission d’évangélisation par les
armes. La découverte du Nouveau Monde au XVe siècle ne fut pas le
fait initial de l’Eglise, mais d’aventuriers épris d’une intelligence
extraordinairement curieuse et d’une inhumaine et démesurée volonté
d’enrichissement qui entraînèrent les missions à leur suite. Qu’il y eut ici ou
là des connivences désagréables et abusives entre la hiérarchie et le
politique, c’est vrai ; mais elles furent ponctuelles, très bien
identifiées et souvent le fait d’individualités qui mirent Rome devant le fait
accompli. Elles n’entraient pas dans l’optique du Magistère. On y reviendra.
Il y eut beaucoup d’empereurs qui prirent très au
sérieux l’évangélisation, convaincus de leur devoir ; c’est ce qui
explique aussi la confusion du religieux avec le politique. La culture des
églises orientales fut très peu marquée par le concept de laïcité, et quoi
qu’en disent les tenant laïcistes-fondamentalistes, tout aussi pervers et
dangereux que les intégrismes religieux ; le concept de laïcité en Eglise
d’Occident a toujours été inclus dans la culture religieuse même s’il ne fut
mis en relief qu’à partir de l’hérésie de la Réforme et surtout avec le siècle
maudit des Lumières.
Dès lors le missionnaire byzantin apparaît dans son
double rôle : en tant que personnage apostolique, envoyé pour élargir les
frontières spirituelles du Royaume de Dieu, et en tant qu’ambassadeur de l’impérialisme romain oriental, accompagné
en ses voyages chez les barbares de
toute la pompe et la majesté de son souverain temporel.[8]
La
confusion des rôles et des personnes ne rendit pas un bon service à la
perception générale de l’Eglise ; il faudra attendre la domination
ottomane en Europe Orientale pour que la séparation des pouvoirs soit plus
distincte. La Russie devait échapper à cette mutation pour son plus grand
malheur ce qui contribua plus facilement à l’explosion de la révolution
bolchevique. Les historiens contemporains ont
le réflexe d’apprécier cette période à l’aune de notre époque, c’est une
erreur. Ils parlent alors d’idéologie du
pouvoir, c’est là une terminologie abusive ; on ne peut parler que de
doctrine de gouvernement ou de milieu culturel, car le concept d’idéologie est
très moderne et ne surgit que dans le
siècle des Lumières. On ne peut qualifier une période historique avec une
terminologie qui lui est anachronique. Nous n’avons pas à juger une période,
nous ne sommes pas Dieu.
La
confusion des pouvoirs rendit difficile l’évangélisation qui, selon les
régions, était perçue comme une hégémonie politique et stratégique.
Le lien intime qui unissait l’Etat et l’Eglise dans leur
tâche commune d’extension de la souveraineté impériale chrétienne fut parfois,
pour l’un et l’autre, une source de faiblesse. Certains peuples barbares
étaient trop attachés à leurs croyances païennes pour se soumettre
volontairement à la puissance byzantine ; d’autres chérissaient trop leur
indépendance politique pour risquer de la compromettre en acceptant la
juridiction spirituelle de Constantinople. [9]
Il
arriva que la mission apostolique d’initiative autonome reçoive le soutien du
pouvoir impérial. Ce fut le cas pour l’évangélisation du Caucase par Kardutsat,
évêque arménien vers 530. Il fit beaucoup de conversions et traduisit des
livres de la Bible en langue hunnique. L’intervention du pouvoir impérial vint
en appoint pour faciliter la sédentarisation des nomades.
L’empereur
Héraclius fut confronté aux Avars ; il fit alors appel aux peuples Serbes
et Croates pour s’en protéger vers 626. Il invita des missions romaines à
évangéliser ces peuples, toutefois cette première évangélisation manquant
d’enracinement fut à refaire au IXe siècle. Le danger de l’invasion
avare et arabe contraint Byzance à multiplier les efforts d’évangélisation et
de stratégie politique vers la Russie.
Les steppes méridionales furent converties au christianisme. Grâce au
baptême du roi Onogours Kowrat dont le royaume s’étendait de la Bulgarie
actuelle jusqu’au Dniepr comprenant le sud du Caucase et le Don cet empire dont
le souverain était vassal de l’empereur de Byzance fut consolidé. De 650 à 850,
l’Empire Chrétien d’Orient connut un recul dû
aux invasions de Slaves païens et
de la lutte désespérée contre l’Islam arabe ; il fut également éprouvé
par la crise des iconoclastes, ce qui épuisa la vie spirituelle et paralysa la
vie politique.
Cyrille
et Méthode sont deux frères issus d’une famille de hauts fonctionnaires
impériaux, originaires de Thessalonique. Méthode est l’aîné qui entra en
religion, après une courte carrière de fonctionnaire, dans une maison
contemplative en Bithynie. Cyrille montra très vite des dispositions intellectuelles
; il fit ses études à l’université de Constantinople et succédera au patriarche
Photius sur le siège de la même ville. C’est à la demande de Ratislav, prince
de Moravie, en visite diplomatique auprès de l’empereur Michel III à qui il
offrit une alliance politique qu’il demanda de lui envoyer un missionnaire familier du dialecte slave de Moravie. Dans
ces deux projets, ce prince qui régnait sur la Moravie et la Slovaquie, vit le
moyen de résister aux pressions de Louis le Germanique, roi de Bavière et de
réaliser le renforcement culturel de ses Etats.
L’empereur comprit l’avantage de cette alliance et lui envoya Cyrille et
Méthode. Les deux frères connaissaient les dialectes slaves et, encore à
Constantinople, ils mirent au point un alphabet à l’usage de leurs futurs
fidèles. C’est un travail linguistique qui fut
introduit dans les siècles passés en Arménie et autres contrées.
L’alphabet dit de Cyrille est en fait le glagolitique ; ce n’est que
beaucoup plus tard que l’alphabet cyrillique fut créé pour la Russie, la
Bulgarie et la Serbie. L’invention de Cyrille permit la traduction des livres
sacrés. Cette langue, qu’on finit par appeler slavon, devint la troisième
langue internationale en Europe.
L’histoire
de l’évangélisation de la Moravie rappelle un peu celle de l’Asie. Cyrille et
Méthode vont être confrontés à une opposition du clergé franc venu de Salzbourg
et de Passau ; il serait possible que cette région ait profité de
l’influence des missionnaires irlandais basés en Bavière vers la fin du VIIIe
siècle. Cyrille traduisit en slavon la liturgie de saint Jean Chrysostome et
aussi le formulaire[10]
de la messe latine qui avait été le fondement liturgique des Moraves au début
de leur christianisation.
La traduction de la liturgie et des livres saints en langue
vernaculaire va poser un problème, car Rome dont dépend la région de Moravie,
préfère le latin, le grec ou l’hébreu qui sont considérées comme les langues
légitimes pour la vie de l’Eglise. Ce problème posé est le témoin de la
tentation d’uniformiser et d’imposer une volonté hégémonique de Rome selon les
principes de l’antique et défunt Empire Romain d’Occident. Ce désir n’est guère
conforme à l’esprit évangélique ; c’est une conception du gouvernement de
l’Eglise bien trop humaine qui a en gestation un lot bien trop lourd d’erreurs
que l’on constata dans l’application absolutiste de la réforme liturgique
conciliaire. Cet absolutisme fut d’autant plus surprenant qu’il venait
expressément d’un pape issu d’un milieu libéral, Paul VI ?
Pour les Byzantins, il était naturel et légitime que a
liturgie des offices fût traduite en langue vernaculaire : nombreux
étaient les peuples de la chrétienté orientale, tels que les Arméniens, les
Géorgiens et les Coptes, qui utilisaient leur propre langue pour le culte
chrétien. Mais dans l’Eglise d’Occident, le latin devait être pratiquement
considéré comme la seule langue liturgique admise. Les évêques francs se
méfiaient naturellement des expériences liturgiques de Cyrille ( nom de
baptême : Constantin) et Méthode ; […] Durant leur séjour à Venise,
Constantin soutint avec ardeur la défense des langues vernaculaires, au cours
d’une controverse avec les clercs latins de l’endroit ; ceux-ci, d’après
un biographe contemporain, exposèrent « l’hérésie trilingue » dont
l’idée fondamentale était que seuls l’hébreu, le grec et le latin pouvaient
être des langues liturgiques. Ce fut probablement à Venise que Cyrille et
Méthode reçurent l’invitation du pape Nicolas Ier. Ils arrivèrent à
Rome à l’hiver 867/868.
Nicolas
Ier était mort, le pape Hadrien II venait de succéder à
Pierre ; pour des raisons de stratégie d’équilibre face à la puissance du
clergé franc, mais aussi et sans doute par bon sens, Hadrien donna raison à
Cyrille et Méthode :
Il recommanda que leurs disciples fussent ordonnés, que
la messe fût célébrée en slavon dans quatre églises romaines et que les livres
liturgiques slavons fussent déposés à la basilique de Sainte-Marie-Majeure.
Cyrille après toutes ces années de labeur tomba malade à Rome et mourut à l’âge
de quarante-deux ans en 869. Il fut enterré à la basilique de Saint-Clément.
Mais
cette affaire ne devait pas en rester là. Hadrien envoya Méthode en Pannonie avec une lettre
dans laquelle il exprimait son accord pour l’usage de la langue vernaculaire,
le slavon. Le travail pastoral de Méthode fut déstabilisé par le retrait des
prêtres francs qui obtinrent du roi de Bavière l’arrestation de Méthode à
l’occasion de la déposition du prince Ratislav en 869. Il fallut attendre 873
pour que le pape Jean VIII exige du roi et des évêques qu’il soit libéré ;
toutefois, ce pape velléitaire, interdit à Méthode l’usage de la langue
vernaculaire sur son siège de Pannonie. Méthode ne tint pas compte de cet
interdit qui ne relevait pas de l’autorité dogmatique, mais d’un choix pastoral
et sans doute politique ; il
pouvait donc être ignoré. Méthode poursuivit l’usage de cette langue et son
travail de traduction. Il fut dénoncé
par le clergé franc auprès de ce pape et accusé d’hérésie. Méthode revint à
Rome, prouva son orthodoxie et finalement sut convaincre le souverain pontife
du bien fondé de l’usage vernaculaire. Jean VIII, par la bulle Industria
Tuae, accorda un appui sans réserve ; plus tard, grâce à la
réconciliation de Byzance avec Rome, Méthode aura d’autres appuis.
Malheureusement, après la mort de Jean VIII, son successeur Etienne V qui ne
semblait pas jouir de la même sagesse
humaine condamna l’usage du slavon à la mort de Méthode en 885 et ses
successeurs furent chassés de Moravie par le clergé allemand. [11]
L’Eglise
de Byzance se verra contrainte de racheter les prêtres de liturgie slavonne
vendus comme esclaves à Venise.[12] La
hiérarchie byzantine amassa les livres en slavon, les fit recopier, forma des
prêtres dans cet usage linguistique en vue de l’évangélisation de la Russie. Le
bon sens se ramasse partout là où il y a de l’humilité.
En dépit de l’hostilité manifestée par le clergé franc et
– après 885 – par Rome, il fallut plus de deux siècles pour que disparût
complètement ce qui était resté du
travail de Cyrille et de Méthode en Europe centrale. La littérature slavonne et
la liturgie slavonne fleurirent encore en Bohême et en Croatie jusqu’à la fin
du XIe siècle. Elles furent alors détruites ou étouffées par la
politique romaine de centralisation et d’uniformisation linguistique. Cependant
ses derniers développements n’eurent qu’une importance secondaire. L’avenir du
christianisme slave de langue vernaculaire était ailleurs. Expulsés de Moravie
après la mort de leur maître, les disciples de Méthode trouvèrent refuge en
Bulgarie ; ce pays était destiné à sauver la culture indigène slave et à
la transmettre, développée et enrichie, aux autres Slaves qui étaient dans la
mouvance de l’Eglise d’Orient, c’est-à-dire les Russes et les Serbes.
Ce fut
une fâcheuse conclusion pour l’Eglise d’Occident Il est heureux que la liturgie
se soit mise à l’intelligence populaire des peuples surtout avec l’effondrement
du niveau scolaire et culturel ; elle se devait d’être comprise par tous, ce
qui ne justifiera jamais les déviances insensées dont nous sommes toujours les
témoins. Il serait inconcevable que sur ce point on revienne en arrière[13]. Il
semble toutefois, tout à fait urgent et nécessaire que le latin soit à nouveau
enseigné pour la formation des prêtres qui en ont les capacités ; le latin
doit revenir à sa place, une langue savante. Il faut lui reconnaître la vertu
de permettre une plus grande intelligibilité des langues romanes, il forge avec
rigueur la pensée intellectuelle et
équilibre son expression. Il ne faut pas faire, il ne faut plus faire de
complexe envers l’excellence, ni envers Rome.
S’il
importe prioritairement d’être saint, la sainteté n’est pas incompatible avec
une formation d’excellence et certainement pas avec une politique élitiste de
service et non de domination.
Pierre-Charles
Aubrit Saint Pol
Le
temps du carême prend un relief particulier en notre époque de décadence
vertigineuse qui entraîne un effondre métaphysique incitant le croyant à
l’apostasie au désespoir. Il porte notre
attention vers les mots : visage,
sourire, regard. Ils ne reflètent pas tant une fonction qu’une réalité que l’on
appelle personne. On pourrait dire qu’ils soulignent la spécificité de l’être
humain dont ils précisent la qualité : c’est une personne[14].
D’un
animal, on dit de son regard ’qu'il reflète la qualité d’élévation affective
qu’il développe dans le rayonnement de l’humain mais on ne parlera pas de
visage ni de sourire. Ces mots là ne peuvent et ne doivent désigner que l’homme
et la femme[15].
L’identification
de l’homme n’est pas dans sa seule position debout (erectus), par contre on
s’attache à sa tête, car l’identification de l’homme est de l’ordre affectif,
morale et spirituel : l’homme est esprit et matière, en ce sens, il se
doit de dominer sa nature, exigence qui fonde la loi morale naturelle qui
inspire le droit.
Le
visage est ce qui s’observe instinctivement chez l’homme de la part de l’autre
ce qui constitue le principe du vis à vis.
Le
mot visage vient de la racine indo-européenne « weid » qui signifie
« voir » ; le grec en tira le mot « idein »,
« voir et avoir vu » ; le latin en a fait « videre, visus
qui donne le verbe « voir » ; visage en latin vient plus
directement de « visus » qui donna en ancien français
« vis » d’où « vis à vis » ; progressivement, on fera
dériver de cette racine les verbes : dévisager « défigurer »,
envisager « réfléchir » pas seulement au sens de ce qui porte à la
réflexion mais au sens du miroir : celui qui regarde l’autre sachant que
c’est un autre lui-même dans l’ordre naturel.
Le
mot latin donnera aussi sens
d’apparence, ce qui paraît. Le visage est ce qui révèle du semblable mis en vis
à vis. C’est une révélation partielle, elle est indicatrice de la
personne ; même s’il y a une science humaine qui s’y rattache : la
morpho-psychologie, c’est ce qui amena les romains dans leur théâtre à faire
usage du masque « persona » qui donna « personne » ;
le mot personne fournira celui de « personnalité » : la personne
cache ou révèle en partie l’être ce qui donne superficiellement une idée de
l’être que l’on désigne par « personnalité ».
Le
visage est constitutif de la personne dans lequel transfigure partiellement
l’être qui l’habite au sein duquel se rencontre les affections et l’âme qui le
construisent et constituent sa substance morale et spirituelle[16].
Dans
le visage, on porte attention au regard. Le mot « regard » vient de
« swer-var et de sert et wer, ce qui signifie faire
« attention ». Il donna le mot germain « war » « être
attentif » qui par extension donnera celui qui soigne, qui garde d’où le
mot « esclave » du latin « servus », qui à l’origine
désignait celui qui gardait les
troupeaux de bétail. Il désigna par la suite celui dont la charge était
d’assumer les services serviles d’une maison d’où « servitude ».
Le
mot « regard » vient d’une extension de « war »
« wardon », il vint en usage au XIe siècle, il désignait
celui qui avait en charge les économies qui faisait attention en
regardant ; regardant désignait une fonction : l’économe d’une maison[17].
Cette racine donna également le mot « égard », le fait de veiller
sur... son contraire donnera garnement, celui qui n’a pas d’égard.
Le
regard désigne un état moral et spirituel qu’on reconnaît être dans la
constitution de la personne ; celle-ci ne se contente pas de voir, elle
regarde ! Elle porte attention au sujet qu’elle voit.
Le
verbe « voir » désigne une situation que l’on subit qui s’impose à
soi : on voit un paysage tout simplement parce qu’il est là comme on
voit un passant. Il est un sujet qui participe au quotidien indifférencié de
celui qui ne peut que voir ; on voit plus facilement un spectacle qu’on ne
le regarde ; on regarde une peinture plutôt qu’on ne la voit. Un visage,
on le voit d’abord puis après, on le regarde si on prend le temps de le poser
sur l’objet vu.
Le
regard a une qualité morale et spirituelle, il a une charge émotionnelle. Le
« voir » est indifférent, tandis que le « regarder » est de
l’ordre de la qualité, il a une substance. On regarde avec tout ce qu’on est et
n’est pas ; c’est pourquoi le regard peccamineux n’est jamais que le
reflet d’un coeur perverti habité par les vices. Il n’est pas péché si ce n’est
qu’il réfléchit le péché qui est dans le coeur, dans la volonté. Le regard est
la qualité morale, affective et spirituelle de l’homme.
Que
serait le visage d’homme sans sourire ? Ca ne serait pas celui d’un
homme ! Seul l’homme, seul l’humain sourit. L’humanoïde ne sourit pas,
seul l’homo-sapien et l’homo-sapien-sapien sourient, il est l’homme.
Le
mot « sourire » provient de la racine latine « ridere,
risus, d’où ridiculus celui qui est cause de rire » ; le mot
« sourire » vient du mot latin « subridere » qui donna
« souriant, risée, risette, rogoler, rire ».
De
même qu’il ne peut y avoir de sourire sans visage, de même il n’y a pas de visage sans sourire. Le sourie est
l’homme.
Le
visage de l’homme se singularise par la faculté de regarder, de sourire pas
d’entendre ni de manger qui sont des fonctions utilitaires (propre à tout
vivant animal) ; alors que le regard et le sourire sont de l’ordre de la
qualité, de la grâce.
Le
petit d’homme se reçoit dans l’identification de son visage qui contribue à
l’affirmer comme semblable au genre humain, il est reconnu membre de la
communauté des hommes, on lui impose un nom.
Un
homme condamné à mort est exécuté sous le regard de ses semblables qui, au
moment du trépas, lui redonnent son identité d’homme puisqu’il se trouve dans
un vis à vis ultime : on est le vis à vis que d’un semblable. Un condamné
meurt en se sachant reconnu pour un homme non pas seulement par le jugement qui
le rétablit dans sa vérité, dans la vérité de son acte mais aussi dans sa
dignité, malgré la gravité de sa faute.
L’une
des monstruosités des camps de concentration est que l’homme ne se trouve plus
identifié que par son ethnie, sa religion[18].
Il ne peut pas même regarder ses tortionnaires. Dans les camps nazis, on mourrait
sans un regard sur le visage, on était oublié avant même de mourir. Il n’y
avait plus de vis à vis social, il n’y avait plus de regard... Lors de la
libération des camps, le survivant recherchait
à poser son regard sur le visage qu’il voyait à seule fin de se
retrouver dans la certitude d’être un homme, de revenir à ses semblables.
Ici,
posons-nous sur ce verset : « il n’avait plus visage humain... »
Chant du serviteur souffrant.
Nous
sommes là dans la contemplation du Visage de l’Innocent qui accepte de se
revêtir de la condition humaine la plus abominable, le péché ! Car la
souffrance que ce visage recevait, n’était rien d’autre que les couches
successives de nos péchés. Son regard n’était plus perceptible ; car
prendre sur soi le péché de l’homme, c’est descendre dans une kénose si
abyssale qu’on y touche l’infra-humain.
Ce
que nous qualifions de beau, « la beauté » est l’innocence ; la
beauté formelle n’est qu’accidentellement le reflet d’une beauté plus secrète
qui touche à la fine pointe de l’être,
beauté formelle qui n’est que trop souvent trompeuse[19].
La
beauté relève éminemment de la qualité, qualité qui concerne chez l’homme les
parties affectives, morales et spirituelles.
Le
visage dans ses ensembles, sourire et regard, réfléchit cette beauté qui
couronne les qualités de l’homme ( il y a là comme les prémices de la
transfiguration et la glorification du corps ).
Que
dire de l’enfant ? Que dire de celui qui est en promesse mais déjà de
l’homme et une personne ? Lui sera tué !
La
société s’offre de renoncer au reflet de la beauté tant elle est l’aide et sans
Espérance. Elle n’est plus que le réceptacle de l’homme tourné, dressé contre
lui-même puisqu’il tue son fils à venir, ce petit d’homme ! Il se prive du
vis à vis le plus intime, le plus « kénosien de la condition humaine» et il prive cette âme donnée
à l’être qui en fait une personne, la grâce de s’offrir en ses qualités les
plus hautes à l’autre immédiat son père et sa mère et à toute la société !
O
nom de qui et de quoi peut-on empêcher la promesse d’un sourire d’éclore dans
une société opposée à la peine de mort et, dans le sein de laquelle, toute
beauté innocente se trouve de plus en plus offerte aux immondes appétits d’une
humanité désappropriée d’innocence ? La
voici qui tremble à toute beauté et qui s’adore en recherche de sa beauté
apparente.
Mais
dites-nous sages mendiants des chemins de vérité ?
Dites-nous
qu’est-ce une société défigurée, automutilée et qui ne peut se réparer que dans
l’accueil renouvelé de l’innocence offerte en beauté salvatrice?
Donnez-nous
Ô Seigneur la gourmandise de votre Résurrection ! Vous, le Visage du
Père de toute innocence et gloire !
« L’Amour n’est pas aimé !
L’Amour n’est pas reçu ! L’Amour mendie l’amour !»
MEROVE
CLOVIS
Nous l’avons développé au début de notre réflexion, le prince puise sa légitimité soit par sa
vaillance personnelle qu’il met au service de sa communauté ce qui l’engage à
offrir sa vie pour elle, soit par héritage, mais il assume la même offrande de
sa personne. Cela ne saurait suffire ; le pince est le garant du respect
de la loi morale naturelle, car s’il peut, en tant que chef, user d’une
autorité spécifique, l’exercice de son pouvoir est fondu à son autorité morale,
elle l’est substantiellement. L’exercice du pourvoir procède du même principe
que celui du chef de famille ; il ne s’agit pas seulement du commandement guerrier mais
du gouvernement ordonné au bien commun d’une communauté. Le bien commun se
définit en partant de la nécessité et de l’intelligence de la loi morale
naturelle qui demeure universellement basée sur :
1er – le respect de la vie, toute
mort d’homme doit être justifiée.
2e – la génération, perpétue la
lignée.
3e – pourvoir à la vie : la
nourriture, la sécurité.
4e – honorer les dieux sans
lesquels rien n’est possible.
Ce qui revient à dire qu’il est interdit de
tuer son semblable en dehors de la loi commune ; de porter atteinte à la
génération, l’enfant est une bénédiction ; de voler le bien commun ou le
bien d’autrui reconnu ; ne rien faire contre les dieux.
Ces fondamentaux sont les principes universels sur lesquels
s’organise la société fusse-t-elle familiale, c’est par extension les
fondations de la communauté élargie au peuple à la nation.
Le prince est tenu, s’il veut conserver sa
légitimité, de respecter et de faire respecter ces principes non négociables.
Le prince chrétien a la même obligation, il ne peut s’en distraire ; son
baptême le sanctifie, surélève sa nature par les Dix Commandements qui se
trouvent résumés par un seul : « Tu aimeras ton Dieu de tout tes
forces et ton prochain comme toi-même. » Cette même obligation devient
incontournable pour le Salut du peuple et de chacun des membres.
Si cette obligation touche tout prince
chrétien, quelle est la spécificité du roi de France puisque de ce point
de vue là, il n’est pas différent des autres souverains chrétiens ?
On peut en déduire que l’élection spécifique,
singulière, du prince français à la tête du peuple signifiée par le baptême et
le sacre de Clovis, n’est pas le sujet ni l’objet de cette extraordinaire
élection. Elle se porte sur le peuple, la nation qu’il constitue. Dieu ne
singularise le prince français que parce qu’il appelle à une vocation
spécifique l’ensemble du peuple, l’ensemble du royaume et tout ce qui s’y
rapporte.
L’élection particulière de la nation
française est visiblement signifiée par l’onction de l’huile sainte accordée
miraculeusement au roi en la personne de Clovis et à ses successeurs pour
rappeler la vocation de la France. Le roi est la tête du peuple, il lui revient
de l’accorder à sa mission.
Il faut ici, avant d’aller plus loin, revenir
sur ce que nous avions abordé superficiellement en amont : le statut
hypertrophié que les Bourbons vont progressivement s’accorder quant à l’exercice
de leur souveraineté sur le peuple est une perversion de la conception de leur
charge, et de leur personne ; c’est Louis XIV qui inaugurera le culte de la personnalité ce
coupant conséquemment des nobles et produisant au sein de la noblesse une élite
courtisane éminemment exposée et donc corruptible .
Louis XIV sera pour la France et l’Eglise le
Salomon du peuple hébreu. Rien ne peut justifier cette déviance pas même les
évènements de la Fronde. L’orgueil du
pouvoir est comme toutes les autres manifestations de l’orgueil, sans excuses,
sans justifications aucunes, générateur de souffrances de toute nature.
Dieu donnera sa leçon à la face de toutes les
nations, en permettant l’explosion de la Révolution de 1789. Une leçon
d’humilité pour tous les autres peuples qui ne le comprirent guère ce qui les
amènera aux deux guerres mondiales. Les
orgueils nationaux entraînent l’orgueil individuel.
Sous les Bourbons ont peut parler d’un
détournement de gloire ; un système de gouvernement s’est satisfait de lui-même
au point qu’il oublia Dieu et ses leçons antérieures, et le peuple
lui-même s’enorgueillit de la gloire de
son roi.
En ces temps là, en ce royaume de France,
co-existèrent deux orgueils aux conséquences effrayantes : l’orgueil
religieux : la hiérarchie, malgré la période de l’Ecole Française de
Spiritualité, reste anormalement accolée au pouvoir et s’aveugle d’une
situation politco-sociale qui n’a plus aucune raison d’être et le jansénisme
qu’illustre l’affaire de Port-Royal et enfin, l’institution politique, la
royauté qui se dresse sous le ciel chrétien comme la tour de Babel. Tous les
deux devaient subir la colère de Dieu. Le courtisant ne devait-il pas saluer le
lit d’apparat à chaque fois qu’il passait devant ! Louis XIV n’est-il pas
allé jusqu’à favoriser le gallicanisme, n’a-t-il pas pris seul de décider de la
révocation de l’Edit de Nantes contre l’avis du Saint Siège ![20]
Louis XIV annonce les pouvoirs
post-révolutionnaires : Napoléon, les dictatures idéologiques. On peut dire
sans trop exagérer le trait, que ce roi fut plus bourgeois que prince et le premier chef d’Etat de Gauche. C’est si vrai, que très peu d’hommes
politiques républicains s’en prendront à lui ; son pouvoir autoritaire les
fascine, la Cinquième République s’en est beaucoup inspirée. Elle réunit tous les vices d’orgueil de tous
les modes de gouvernement depuis l’accession de la Maison de Bourbon. A cause
de cela, elle ouvrira les voies d’accès
à tous les terreaux de
perversions morales pour atteindre des abîmes de l’infra-humain par la
multiplication de lois opposées à la loi morale naturelle. Elle n’est plus
qu’un effroyable blasphème qui crie justice au trône de Dieu.
Le peuple n’est pas au bout de ses
souffrances ; ce n’est qu’au fond de son effondrement, de sa désolation
matérielle, morale et spirituelle qu’il reviendra de ses égarements. Il
apprendra qu’il n’est qu’une seule nourriture pour la gloire : l’humilité.
A quelle singulière vocation la France
est-elle appelée depuis le baptême de Clovis ?
C’est être au service des peuples au Nom du
Christ Jésus pour le développement de la paix au moyen de la justice et de son
rayonnement culturel en alliance avec l’Eglise.
Le prince d’aujourd’hui, quelle que soit sa légitimité ou son principe
d’accession, est tenu aux mêmes
obligations quant au respect de la loi morale naturelle, la légitimité de son
pouvoir et des institutions du moment en dépend. Nul homme ne peut, ni ne doit
contrevenir à la loi morale naturelle sous quelque justification trop humaine
que ce soit. Nul n’a mandat de déroger à la loi morale naturelle.
Cette situation quasi-généralisée ne fut
possible que par un long travail de corruption morale, intellectuelle et
spirituelle, dans lequel l’homme s’affirme comme sa propre mesure ; il
renouvelle la faute luciférienne : être le maître de sa destinée en dehors
de toute référence à une autorité divine. En présence d’un tel orgueil, Dieu
n’a d’autre possibilité, à la lumière de sa miséricorde, que d’aveugler cette
société, lui retirer l’assistance de son Esprit afin, qu’allant jusqu’au bout
de son blasphème, elle n’ait plus d’autre solution que de crier vers son
Créateur qu’elle avait si résolument exclu de sa destinée.
Cette série sur le thème du prince se
terminera avec un dernier article qui portera sur le concept de la loi et de la
justice ; plus tard elle fera l’objet d’un livre qui approfondira la
réflexion de la légitimité des pouvoirs et du gouvernement des peuples.
GERARD
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Théodulfe
Soplataris
Le
mini-traité de Lisbonne peut-il devenir le porte voix de la justice
divine ?
Dieu
veut-il de ce traité ?
Tout le laisse croire
puisque nos responsables nous répètent que la construction de l’Union
Européenne est la garantie de la paix pour mille ans. C’est bien possible si
nous nous référons aux intentions très nobles des pères fondateurs.
Leur aspiration à cet
idéal de paix se nourrissait dans les champs détrempés par le sang des
combattants de deux conflits mondiaux. Ils savaient que s’ils favorisaient les
échanges commerciaux et qu’ils parvenaient à fonder des pôles économiques
européens, les aspérités du passé finiraient par se dissoudre dans la nécessité
de l’enrichissement commun que renforceraient peut-être les transmigrations des
citoyens européens. Ils avaient à cœur
que tant de sacrifices accumulés dans une succession quasi-fantasmagorique de
conflits n’auraient une réelle valeur, un réel sens historique, que s’ils
aboutissaient concrètement dans l’instauration durable de la paix. Même si
certains protagonistes étaient communistes, toute cette génération était pétrie
de culture chrétienne. Elle tablaient
sur le maintien des fondamentaux des valeurs exaltées par cette culture et
n’envisageaient pas l’effondrement de la loi morale naturelle, certainement pas
après les carnages de ces deux Guerres Mondiales, ni après l’effarante réalité
d’une descente vertigineuse de l’homme dans l’infra humain. Ils croyaient que
la valeur de la vie, d’un sourire, des larmes deviendrait un sacré infranchissable
à la vue de l’histoire tragique de ces 100 dernières années. Ils avaient tort,
car il semble que l’homme ait beaucoup de mal de se désapproprier du goût de la bête quand il tombe dans
l’animalité.
De toute évidence, ils
eurent tort de trop espérer dans l’homme
et dans le courage moral des personnels politiques qui leur
succéderaient. Ils ne considérèrent pas suffisamment la profonde blessure de la
nature humaine. Mais bien plus gravement, ils ne perçurent pas les résonances
tragiques de la culture révolutionnaire. Il est toujours dangereux de manquer
de réalisme et d’espérance tout à la fois. Ils intégrèrent l’immense grandeur
de l’homme mais ils ne comprirent pas que celui-ci n’est pas l’Atlas qu’ils
espérèrent pour qu’il puisse la porter seul…
Ils portèrent cet idéal
dans l’humilité de leurs blessures d’homme, leurs héritiers ne surent que se
remplir de la gloire de leurs pères et leur ombre écrase aujourd’hui leur
peuple de honte, de déshonneur désespérant, blessant le sourire des plus
humbles.
Modifions la
question : Dieu a-t-il béni l’intention des pères fondateurs de l’Union
Européenne ? Sans aucun doute possible, car les serviteurs de la paix sont
ses amis.
Qui a-t-il de commun
entre le traité de Rome qui fonda le Marché Commun et celui de
Maastricht ? Un divorce d’idéal.
Maastricht fonda l’Union
Européenne en tourna le dos au projet initial
qui n’est référencé que pour pratiquer une sorte de chantage moral
« attention si vous vous opposez à ce projet vous risquez le retour des guerres
intercontinentales ! » et un sage clown de répondre : « et
ta sœur ! »
On ajoutera que l’Europe
est prise au piège d’une paix interne actuellement très aliénante. Une paix de
misère.
Qu’est-ce qui relie le
traité de Maastricht à celui de Lisbonne ? Un abîme dans lequel tombe en
lambeaux l’honneur, la grandeur et toutes les valeurs qui font son inconcevable
et inégalable rayonnement.
L’Europe de Lisbonne est
celle de toutes les fétidités, de toutes les compromissions à la petite
semaine, de toutes les lâchetés confortables ; c’est le triomphe de la
médiocrité politique qui, en une sorte de jeu de l’oie, fera tomber tout son
monde en une prison trois étoiles… Car cette Europe là, braves gens qui
dormaient en toute quiétude, c’est celle des soixante-huitards rhumatisants et
hargneux, sans autre espoir que les graffitis de la Sorbonne et les maladies
vénériennes des campus universitaires : tout est dans le caleçon, et c’est
pas sûr !
Analyse de
Monseigneur Dominique Rey sur le traité de Lisbonne :
Le vote du Parlement français rassemblé solennellement à Versailles le 4 février, puis celui des deux chambres séparément le 7 février, va autoriser la ratification du traité modificatif européen, dit de Lisbonne. Il est destiné à remplacer le projet de Constitution, que Français et Hollandais ont rejeté par voix référendaire en 2005.
L’incorporation dans le nouveau texte soumis aux élus de la nation de la Charte européenne des droits fondamentaux accordera de fait à ce “mini-traité” une valeur juridique contraignante pour les Etats signataires.
Cette Charte représente sur plusieurs points une rupture intellectuelle et morale avec les autres grandes formulations juridiques internationales, en présentant une vision relativiste et évolutive des droits de l’homme qui met en cause les principes du droit naturel.
Tout d’abord, la Charte stipule avec raison que “le droit de se marier et de fonder une famille est garanti”. Mais elle se garde de spécifier le sexe des conjoints. Elle dissocie explicitement la notion de mariage, de celle de famille. Ceci constitue une rupture avec la Déclaration universelle des droits de l’homme, adoptée à l’ONU en 1948, laquelle définissait la famille comme l’union d’un homme et d’une femme, et faisait d’elle le socle anthropologique de la société.
De même, le texte proposé, qui consacre le principe de non-discrimination pour orientation sexuelle, ouvre ainsi la porte à la jurisprudence européenne pour reconnaître l’équivalence de tous les types de mariage, tant en ce qui concerne l’adoption d’enfants que la procréation médicalement assistée (cf. la récente condamnation de la France par la Chambre haute européenne des droits de l’homme, parce qu’elle avait refusé l’adoption d’un enfant par une femme célibataire homosexuelle). Progressivement, le droit à l’enfant prévaut sur le droit de l’enfant, en particulier celui de naître ou celui d’avoir un père et une mère.
Par ailleurs, la Charte restreint considérablement le domaine de la protection de la vie humaine. S’il est rappelé que seule la personne humaine a droit à la vie, la protection de l’enfant à naître est mise en cause, puisque, selon l’un des derniers avis rendus par le Tribunal européen, “l’enfant à naître n’est pas considéré comme une personne”. L’embryon humain, notamment in vitro, ne bénéficie plus d’une protection pénale. C’est ainsi que la Charte interdit seulement le clonage à but reproductif sans jamais mentionner le clonage embryonnaire à des fins thérapeutiques. Il s’agit, là encore, d’un net recul par rapport aux précédents instruments juridiques européens, en particulier par rapport à la Convention de biomédecine du Conseil de l’Europe adopté en 1997, qui précisait “qu’est interdite toute intervention ayant pour but de créer un être humain génétiquement identique à un autre être humain, vivant ou mort... ”. La recherche sur les embryons surnuméraires, le diagnostic préimplantatoire, la fabrication d’embryons hybrides..., risque de ne plus être encadrée sur le plan juridique.
Enfin, la disparition de “l’interdiction d’infliger à quiconque la mort intentionnellement”, comme le reconnaissait la Convention européenne des droits de l’homme de 1950, ouvre-t-elle le champ à une dépénalisation de l’euthanasie et du suicide médicalement assisté ?
Dans sa première encyclique Dieu est amour, Benoît XVI souligne que “L’Eglise veut servir la formation des consciences dans le domaine politique et contribuer à faire grandir les perceptions des véritables exigences de la justice” [1]. Au moment où nos parlementaires vont se prononcer sur le processus d’unification européenne, puissent-ils ne pas oublier les fondements éthiques qui garantissent le respect de la personne humaine, depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle, et qui sont constitutifs d’une humanité respectueuse du droit des plus faibles.
+ Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon
Une Europe qui encourage
et développe la culture de mort, le rejet des valeurs chrétiennes ce qui a pour
conséquences entre autre l’inintelligence, comment peut-elle prétendre se
présenter aux peuples comme le vecteur du bonheur et de la prospérité ?
Que l’on veuille bien
expliquer qu’un Président français puisse signer ce traité après avoir dit ce
qu’il a dit de la culture chrétienne lors d’un entretien à Radio Vatican ?
Quelle cohérence y a-t-il
entre le discours d’Alliot-Marie lors de la remise de la barrette à Monseigneur
Vingt-Trois et ce traité de Lisbonne ? En fait, elle est plus certaine
qu’il n’y paraît si on relie le compliment
qu’elle adressa au cardinal
Ricard !
Un catholique a le droit
de se poser ces questions et d’exprimer sa consternation, s’en est même un
devoir.
On peut tout admettre de
la faiblesse des hommes et toujours la leur pardonner ; on peut toujours
croire que M. Sarkozy n’a pas pris connaissance de l’intégralité des textes de
ce traité. Mais alors à quoi nous sert un Président et ses conseils ?
Un singe en son royaume serait assurément un serviteur sincère de la vérité.
Que l’on passe par-dessus
le peuple pour faire ratifier ce traité, on peut le comprendre puisque le
peuple élut l’homme qui le lui promit – la
majorité a parlé -.[21]
Il s’avère que ce traité est plus éloigné encore de l’éthique que le précédent, on peut comprendre qu’il
valait mieux ne pas le soumettre au référendum, non qu’une majorité sur ce
point l’eût combattu. Non, il fallait éviter qu’un débat public ne s’ouvrît sur
l’éthique quand bien même il eût été initié par une minorité. On retrouve là le
black-out de la campagne présidentielle sur ces problèmes majeurs ; les
grands médiats sont bons serviteurs des puissants. On ne peut plus les prendre
au sérieux.
Il y a lieu de craindre,
que derrière la politique européenne de notre Président, qu’il n’y est d’autre
préoccupations quasi obsessionnelles que les impératifs économiques certes
nécessaires ; leur dramaturgie actuelle est le pendant exacte du rejet de
Dieu.
Jusqu’où irons-nous dans les
obsessions économiques, qui aura le courage de considérer les conseils issus de
la Doctrine sociale de l’Eglise.
Voici maintenant ce
maudit traité ratifié, sauf accident venant de l’Irlande, une close permet de
faire fi du résultat du référendum irlandais, ce qui en dit long du respect de
souveraineté et de l’intelligence de la démocratie ; et on a le culot de
donner des leçons autres !
Vient le problème du
Kosovo. Le Président Sarkozy vient de reconnaître son indépendance ;
soyons en sûr, dans cette affaire lamentable qui nous déshonore, il aura été un
bon serviteur et amis des intérêts des Etats Unis. Ils ont besoin de cet « état » pour
surveiller le transite intestinal du pétrole en provenance du Caucase. Et ne
leur faut-il pas donner des signes d’amitiés convenables envers les puissances
arabiques ? Dans cette affaire, l’Europe perd le peu d’honneur qui lui
reste et la France tout son crédit moral à moyen terme. C’est à se demander si nos politiques
connaissent quelque chose de notre histoire d’Europe, s’ils en n’ont encore
l’intelligence !
Cette reconnaissance nous
couvre de honte, car malgré la tragédie récente qui est l’une des causes des
lâches accords de Rabat et de Yalta, il faut rappeler l’occupation inhumaine de
l’Empire Ottoman. On ne peut oublier le rôle éminent de la Serbie dans les deux
conflits mondiaux. Il faut souhaiter que la République de Russie ne cédera en
rien, qu’elle empêchera une telle infamie, qu’elle manifestera son sens de
l’honneur et de justice qu’elle doit en réparation au peuple serbe.
Les églises chrétiennes
doivent condamner cette situation ; il va à l’encontre des principes basiques
de la morale des nations et des peuples.
Que la Russie sauve
l’Europe d’un tel déshonneur !
Ce
traité engage la destinée des peuples dans une marche funèbre au rythme des tambours
de la danse macabre. Car dans ces conditions, même si aujourd’hui les peuples
sont fous d’eux-mêmes et satisfaits de danser sur les abîmes du blasphème, ils
risquent de ne plus avoir de bienveillance pour ceux qui les auront égarés dans
les zones les plus viles de leurs appétits. Ils n’auront pas eu le courage
moral de leur dire non parce que, une fois de plus, les gens de bien auront été
trop peu à parler, tant il est vrai qu’on ne prend aucun risque à cultiver son
confort.
Cette Europe là ressemble à s’y m’éprendre à
l’Empire Romain. Dieu s’en servit pour répandre son Evangile. Dieu se servira
de cette mauvaise Europe pour amener sa Justice. Elle devient un blasphème
tranquillisant : dormez braves gens les bateleurs s’occupent de vous.
Dieu retire son Esprit
d’une civilisation qui ne veut plus de lui, qui justifie son acte par le bien
qu’elle prétend se donner. Dans l’aveuglement de leur révolte, Dieu amène nos
responsables là où assurément ils ne souhaitent pas aller. L’Apocalypse
viendra par l’effondrement moral et spirituel de l’Europe et des actuelles
grandes puissances qui sacrifient, jusqu’à leur génération, au dieu Moloch.
LE DIEU MOLOCH
« Je donnerai à
ta descendance cette terre, pas maintenant, car son péché n’est pas à son
comble ! »
LUMEN
GENTIUM
Tout comme dans l’Ancien Testament la révélation du
royaume est souvent présentée sous des figures, de même maintenant c’est sous
des images variées que la nature intime de l’Eglise nous est montrée, images
tirées soit de la vie pastorale ou de la vie des champs, soit du travail de
construction ou encore de la famille et des épousailles, et qui se trouvent
ébauchées déjà dans les livres des prophètes.
Les pères du Concile rappellent que l’Eglise se laisse approcher
dans le quotidien de la vie de l’homme par la contemplation de la Création.
L’institution humaine de l’Eglise se comprend par une approche familière, un
exemple abouti de la hiérarchie naturelle ; cette familiarité sociale est
introduite par la vie quotidienne : l’amour d’un couple uni, l’assemblage
unifié d’une maison, les travaux des champs qui vont des semailles à la
moisson, les variations climatiques et les saisons qui enluminent encore le
livre des heures du Duc de Berry. De
même que Dieu s’incarna en la nature humaine pour la rapprocher de la divinité,
pour l’établir dans son amitié au point qu’elle deviendra semblable à Lui, de
même l’Eglise est incarnée dans la société des hommes pour se proposer dans
l’intimité de leur vie afin de les aider à rencontrer ce Dieu de tendresse au
moyen d’une relation d’affection filiale et d’amitié.
L’Eglise, en effet, est le bercail
dont le Christ est l’entrée unique et nécessaire (Jean 10, 10-10). Elle est
aussi le troupeau dont Dieu a proclamé lui-même à l’avance qu’il serait le
pasteur (cf. Isaïe 40, 11 ; Ez. 34, 11 s.), et dont les brebis,
quoiqu’elles aient à leur tête des pasteurs humains, sont cependant
continuellement conduites et nourries par le Christ même, Bon Pasteur et prince
des pasteurs qui a donné sa vie pour ses brebis.
Les pères conciliaires développent deux images essentielles pour
comprendre la mission, la raison d’être de l’Eglise qui est le don de Dieu le
Père fait à son Fils en vue des mérites que son humanité s’est acquise pour le
Salut de tous les hommes. L’idée de bercail est la symbolique réaliste du lieu
dans lequel tous ceux qui veulent être sauvés se retrouvent pour aller vers le
Seigneur ensemble parmi les chants d’allégresse.[22]
Le bercail donne ici l’idée de maison dans laquelle on trouve soutien et
protection, que réchauffe en permanence le feu de la charité. Cette symbolique
se concrétise par l’édification d’un bâtiment dans lequel se célèbre l’Action
de Grâces où sont convoqués les membres du Corps du Christ, le Peuple de
baptisés. L’Eglise n’est pas seulement un lieu, elle est aussi un troupeau, une
assemblée de femmes et d’hommes qui marchent à la rencontre de leur Dieu et
Sauveur. Le Père Henri Macé+, eudiste, aimait à enseigner que
l’Eglise est une procession de tordus qui ont besoin du Christ et du prochain
comme béquilles pour aller à la rencontre du Père des Cieux. Les images
comparables et symétriques, du Pasteur pour le Christ et des Brebis pour les
baptisés, sont tirées de l’observation de la vie des campagnes :
l’éleveur. Le Christ est ce Bon Pasteur qui demande d’être rétribué par la
confiance et l’esprit d’abandon de chacun d’entre nous comme le font les brebis
avec leur berger.
Ici nous posons une question : quand retrouverons-nous des pasteurs
à l’image d’un Jean-Paul II le Grand ou d’un Benoît XVI ? Nous aspirons à
des pasteurs qui nous conduisent à la source rafraîchissante de la prière afin
d’entrer dans la vie d’union à Dieu. Qui nous formera ?
L’Eglise
est le terrain de culture, le champ de Dieu[23].
Dans ce champ croît l’antique olivier dont les patriarches furent la racine
sainte et en lequel s’opère et s’opéra la réconciliation entre Juifs et Gentils[24].
Elle fut plantée par le Vigneron céleste comme une vigne choisie[25].
La Vigne véritable c’est le Christ : c’est lui qui donne vie et fécondité
aux rameaux que nous sommes : par l’Eglise nous demeurons en lui, sans qui
nous ne pouvons rien faire.[26]
Les pères conciliaires configurent l’Eglise à un champ de cultures.
Ils rappellent qu’en raison de sa
mission, elle est obligée de témoigner de la Vérité ; elle se doit de
l’enseigner. Elle a l’obligation que la nécessité exige de former les esprits
et les consciences. L’Eglise est éducatrice des peuples comme le rappela le
bienheureux Jean XXIII dans son encyclique Mater et magistra. La
nécessité de fonder des écoles, de créer des langues est le résultat de
l’annonce de l’Evangile. Une obligation spirituelle et morale ; il n’y a
aucun précédent qu’une religion ait fourni un tel effort d’éducation pour la
formation de l’homme en lien de conséquence avec sa grandeur.
L’image de l’olivier est ici
remarquable ; cet arbre est le symbole de la vie d’abondance et généreuse
qu’on associe à juste titre à la vie de la grâce dont l’huile qu’il donne est
le signe sacramental. La mémoire faite aux patriarches est un fantastique
raccourci historique ; il nous redit que la Révélation est intimement liée
à l’histoire de l’homme en tant qu’individu et à l’ensemble de toute
l’humanité. Dès l’instant tragique du NON mortel par lequel s’ouvre
l’histoire commence la Révélation. L’olivier est la matérialisation figurée des
mérites que nous acquirent les patriarches pour la venue de Salut.
A l’ombre de cet olivier béni fut planté
par le Christ lui-même, fils de Noé, lui-même vigneron, la Vigne sainte qui
accomplit la réconciliation de l’homme avec lui-même et celle de toute
l’humanité entre ses membres et avec elle-même, car nous le savons, le péché
divise non seulement les hommes entre eux, mais l’homme en lui-même, ( cf
l’histoire récente de l’emprise révolutionnaire[27].
) La Vigne est identifiée au Christ qui donne la vie de la grâce à tous ceux
qui l’accueillent en esprit de vérité. En fondant l’Eglise, il se donne et nous
donnent les moyens de vivre intégralement et authentiquement l’amitié qu’il
nous propose, qu’il nous offre.
Bien
souvent aussi, l’Eglise est dite la construction de Dieu[28].
Le Seigneur lui-même s’est comparé à la pierre rejetée par les bâtisseurs et
devenue pierre angulaire[29].
Sur ce fondement, l’Eglise est construite par les apôtres[30],
et de ce fondement elle reçoit fermeté et cohésion. Cette construction est
décorée d’appellations diverses : la maison de Dieu[31],
dans laquelle habite sa famille, l’habitation de Dieu dans l’Esprit[32],
la demeure de Dieu chez les hommes[33],
et surtout le Temple Saint, lequel, représenté par les sanctuaires de
pierres, est l’objet de la louange des saints Pères et comparé à juste titre
dans la liturgie à la Cité Sainte, la nouvelle Jérusalem. En effet, nous sommes
en elle sur la Terre comme les pierres vivantes qui entrent dans la
construction[34].
Cette Cité Sainte, Jean la contemple descendant du ciel d’auprès de Dieu à
l’heure où se renouvellera le monde, prête comme une fiancée parée pour son
époux[35].
Les pères du Saint Concile partent d’images en lien avec la mission
- la pastorale - pour continuer vers une symbolique plus intérieure, plus
mystique, non moins réelle ; par celles-ci, ils s’efforcent de nous faire
entrer dans l’intimité d’un mystère d’amour bienveillant qui doit nous amener à
l’union mystique. Il s’agit là d’une étape obligée pour accéder un jour au face
à face ; tout baptisé se doit de rechercher cette étape, sans cet effort
nous risquons de vivre une foi plus végétative qu’active.
L’image de la construction de la demeure de Dieu est le rappel qu’il
se construit un temple avec notre collaboration même s’il est le seul Temple,
car nous ne formerons qu’un seul corps parfait qu’unira l’amour parfait. Cette
construction est en œuvre permanente sur la Terre ; elle impose que son unité,
que ses joints soient exclusivement faits par la charité, ce qui implique une
solidarité réelle et réaliste dans tous les champs de la vie d’homme.
Les sanctuaires faits de mains d’hommes sont des reflets multiples
du Temple unique que nous aurons tous rejoint à la fin du monde. La diversité
de ces constructions faites de la main de l’homme de foi se retrouvera au ciel,
diversité dans laquelle le Créateur trouve sa complaisance pour deux raisons
probantes : la première, c’est que la diversité ethnique de l’humanité
ajoute à la beauté de la gloire divine ; la seconde est que cette
diversité, malgré les cahots de l’histoire, forcera les hommes à surmonter
leurs préjugés faisant ainsi triompher la charité par l’humilité. De cette victoire
Dieu en tirera une gloire plus grande pour l’humanité glorifiée, car très
méritoire.
Les sanctuaires construits par les hommes surtout ceux qui sont le
fruit de la foi plus que d’argent et d’orgueil[36],
invitent à l’adoration, à l’élaboration du carmel intérieur. Au-delà de la
nécessité d’être en un lieu voué qu’à la prière, ceux-ci donnent une idée
lointaine de ce que sera notre relation une fois dans la Présence définitive de
la Sainte Trinité. Ces sanctuaires de mains d’hommes et de femmes sont un peu
comme des plats d’une vaisselle précieuse dans lesquels il nous est donné un
avant goût du Paradis.
L’Eglise
s’appelle encore « la Jérusalem d’en haut » et « notre
mère »[37] ;
elle est décrite comme l’épouse immaculée de l’Agneau immaculé[38]
que le Christ « a aimée, pour laquelle il s’est livré afin de la
sanctifier »[39],
qu’il est associé par un pacte indissoluble, qu’il ne cesse de « nourrir
et d’entourer de soins »[40] ;
l’ayant purifiée, il a voulu qu’elle lui soit unie et qu’elle lui soit soumise
dans l’amour et la fidélité[41],
la comblant enfin et pour l’éternité des biens célestes, pour que nous
puissions comprendre l’amour envers nous de Dieu et du Christ, amour qui défie
toute connaissance[42].
Tant qu’elle chemine sur cette Terre, loin du Seigneur[43],
l’Eglise se considère comme exilée, en sorte qu’elle est en quête des choses
d’en haut dont elle garde le goût, tournée là où le Christ se trouve, assis à
la droite de Dieu, là où la vie de l’Eglise est cachée avec le Christ en Dieu,
attendant l’heure où, avec son Epoux,
elle apparaîtra dans la gloire[44].
L’Eglise est ici projetée dans une réalité de la foi et de
l’espérance ; la Jérusalem céleste est la cité spirituelle après le
triomphe de l’Eglise. Cette Eglise glorifiée ne passera pas en dehors de la
voie que lui traça son Epoux ; sociologiquement l’Eglise connaîtra le même
sort que son Divin Maître ; elle aura sa déréliction, elle passera auparavant par le Calvaire et connaîtra
l’engloutissement. Son triomphe
commencera par la danse de ses ennemis qui croiront enfin saisir leur victoire
sur elle, alors Dieu l’appellera dans toute sa gloire. Elle sortira du tombeau
pour la confusion de tous ses ennemis, tous les actes de chacun se réfléchiront
dans la lumière qui la revêtira…[45]
La Jérusalem céleste est ici l’image d’un lieu spirituel si grand
qu’elle est comparée à une cité dont le pâle reflet n’est autre que la
Jérusalem terrestre, la cité de David. Elle se constitue déjà par les sauvés,
ceux qui accueillent le Christ comme le Sauveur ; quand les temps seront accomplis,
la Cité Sainte se composera de tous les sauvés. Le Corps du Christ l’illuminera
de sa charité triomphante, en profiteront tous les autres sauvés qui, quoique
non baptisés, auront su reconnaître et accueillir le Fils de l’Homme durant
leur séjour au shéol à cause de leur humilité.
L’Eglise est le don de Dieu le Père qu’il fait à son Fils, le Verbe
Incarné, le Fils de l’Homme au regard des mérites qu’il s’acquit dans son
humanité sainte. En même temps, le Fils la sanctifie et ne cesse de la prévenir
de sa grâce. Quoi qu’il puisse lui arriver sociologiquement, aucun pouvoir,
aucune force terrestre ou des enfers ne pourra rien contre elle, car sa
fondation, comme son aliment est l’amour et rien que l’amour.
L’Eglise est une mère, depuis l’aube de l’humanité ; elle
frémit pour les enfants qui lui sont confiés et qu’elle doit mener au Salut.
Elle ne cesse de leur donner la vie de l’Esprit, elle ne se lasse pas de
pleurer avec les affligés, de rire avec les joyeux, d’éponger les sueurs des
labeurs par son amour. Tout baptisé doit prier le doux Jésus de lui obtenir la
grâce d’expérimenter sa maternité, ce n’est que par elle qu’on peut atteindre
la grâce de la paternité. On ne connaît bien l’Eglise, don de Dieu, que par une
confiante et virile dévotion envers l’Immaculée Conception. Elle est la mère
par excellence ; elle est le chemin obligé pour entrer dans le mystère de
l’Eglise afin d’entrer dans celui du Père. Marie de Nazareth est l’image
parfaite de l’Eglise.
Eglise Notre dame de Douai, bombardée
pendant la Seconde Guerre Mondiale.
DESIRE WASSON
Abraham
Naissance d’Ismaël
Saraï, la
femme d’Abram, ne lui avait pas donné d’enfant. Or elle avait une
esclave égyptienne, qui s’appelait Agar. Saraï dit à
Abram : « Vois, Yahvé m’a empêché d’enfanter. Va donc vers mon
esclave ; peut-être, par elle, aurai-je un enfant. » Abram écouta
l’appel de Saraï , et dix ans après qu’Abram s’était établi au pays de Canaan,
Saraï, femme d’Abram, prit Agar l’égyptienne, son esclave, et la donna pour
femme à Abram, son mari. Celui-ci alla vers Agar, qui devint enceinte.
(Gen. 16, 1- 4)
Nous sommes
devant la relation d’un épisode de l’histoire universelle et de la Révélation
qui déterminera le sort de toute l’humanité. Un épisode qu’on approche dans
toute sa vérité qu’illuminent les faits historiques à venir et singulièrement
notre temps.
Saraï se
désespère de ne pas avoir donné une descendance à Abram ; la voici âgée,
aigrie, elle accuse Yahvé d’être la cause de sa stérilité. Elle a perdu tout
espoir d’être mère, elle juge Dieu : puisqu’il ne m’a permise d’être mère,
je le serai malgré lui, j’utiliserai Agar mon esclave selon la loi de mon
temps, nous sommes au néolithique. Agar va, en quelque sorte, devenir une mère
porteuse ; plus grave, Agar sera la victoire de sa maîtresse contre
Dieu : Abram aura son enfant !
Saraï n’a pas
une personnalité facile, c’est un caractère bien trempé, rude. Elle se dresse
en face de Dieu, audacieuse, altière, c’est la femme forte. Elle contraindra le
destin. Agar n’est pas l’esclave d’Abram, c’est celle de Saraï, un objet dont
on dispose, elle ‘la refile’ à son époux ! Saraï a-t-elle conscience de
fauter contre Dieu par son manque de foi ? Peut-être que oui ! Une
chose est certaine, son désir d’être mère ou celui de donner une descendance à
son époux la déborde, se veut-elle plus mère qu’épouse ? Nul ne peut y
répondre ; son geste, son impatience ouvriront une bien étrange et
tragique page historique.
Abram
serait-il sans faute ? N’est-ce pas lui le récipiendaire de la Promesse.
C’est à son oreille que Dieu lui fit cette Promesse ! Alors quoi ?
Pourquoi accepte-t-il la proposition de sa femme ? Est-ce parce que c’est
dans les mœurs de son époque ? Où
a-t-il lui aussi un grand désir de descendance ? Ce désir est-il à ce
point qu’il le rend aveugle et sourd quant à la Promesse ? Ne voit-il pas dans l’attitude de son épouse
une tentation à surmonter ? Qu’en est-il à cette époque du mariage ? Abram fait exception, une seule épouse, c’est extraordinaire ! Personne ne
s’offusque de le voir aller vers l’esclave de son épouse, ni de la proposition
de sa femme ! Aujourd’hui, on fait encore plus monstrueux : la mère
d’un enfant peut devenir la génitrice de l’enfant de son enfant, la génitrice
de son propre petit-enfant. Voilà comment une humanité orgueilleuse dérive !
Cette scène
tragique a quelque chose de déjà vu ! Ne dirait-on pas Eve qui invite Adam
à commettre la faute après qu’elle a discuté avec le mal ! Saraï discute avec elle-même sur sa
stérilité, elle a convoqué son tribunal, Dieu est coupable. Car ici, le besoin
de satisfaire au désir de descendance va se réaliser sans Dieu, en ce sens que
Dieu promet à Abram une descendance issue du sein de Saraï même si la précision
n’est pas faite, elle va de soi. Il fait cette Promesse dans la lumière de
l’amour qui unit le couple. A cette époque là, la Révélation n’est pas
accomplie.
Abram vient
d’être l’acteur de l’Alliance avec Dieu ; a-t-il perdu la foi ? Non,
mais il aime Saraï, il connaît sa douleur, son désarrois, il n’a pas la force
de lui refuser la joie de lui faire plaisir. Dieu pouvait empêcher Agar d’avoir
un enfant d’Abram, mais il vit l’amour de son serviteur pour son épouse, il a
vu son désir de lui donner cette joie, il bénit la couche d’Agar. Peut-on
fauter par amour ? Oui, s’il s’agit d’une perversion ou d’un manquement
majeur à la morale, ce n’est pas le cas.
Saraï et Abram
ont une intention droite liée à leur amour mutuel, le péché originel est passé
par là, l’amour en subit sa loi, il est blessé, ce qui suit l’illustre une fois
de plus.
La situation
d’Agar n’est guère enviable : être esclave, c’est ne pas s’appartenir. Le
sein d’Agar appartient à sa maîtresse ainsi que son fruit : le fruit que
tu donneras à mon époux, il sera de moi ; et pour bien le signifier, tu
accoucheras sur mes genoux et nul ne pourra dire qu’il est de toi.
Situation
ahurissante de nos jours ! L’est-elle vraiment ? La loi, de nos
jours, permet de se désapproprier du fruit de son sein, sans que le mari ait
son mot à dire, - le père de l’enfant à naître - ou encore il fera pression sur
la future maman pour qu’elle avorte. La société, par cette perversion,
désapproprie l’enfant de ses parents sans pour autant qu’il soit prit en charge
par elle et elle le souhaite le moins possible, pas de charges. En
viendrons-nous à la négation parentale ?
L’enfant
d’Agar et d’Abram à qui appartiendra-t-il, à Saraï, à la tribu, à
personne ? Il naît d’une esclave
non affranchie, sa situation variera en fonction d’autres événements ;
s’il est bien le fils d’Abram, il l’est davantage à Saraï et n’appartient pas
du tout
Agar, du moins jusqu’à la naissance d’Isaac. Il naît d’une égyptienne,
un peuple aux dieux multiples ; Agar est-elle devenue une
monothéiste ? S’est-elle défaite des pratiques ancestrales ?
C’est peu probable ; Rébecca en
témoignera, sa foi ne sera pas toujours pure, il en sera de même pur les
épouses de Jacob.
Quand elle se vit enceinte, sa maîtresse ne
compta plus à ses yeux. Saraï dit à Abram : « Que l’injure qui m’est
faite retombe sur toi ! C’est moi qui ai mis mon esclave dans ton sein et,
depuis qu’elle s’est vue enceinte, je ne compte plus à ses yeux. Que Yahvé juge
entre moi et toi ! » Abram dit à Saraï : « Voici ton
esclave entre tes mains ; fais-lui ce que bon te semblera. » Alors
Saraï l’humilia et Agar s’enfuit loin d’elle.
(Gen. 16, 4b. – 6)
Agar a un
enfant d’Abram ou plutôt elle lui donne l’enfant qu’il espère ; comment
dans ce contexte ne verrait-elle pas son statut modifié, n’est-elle pas la mère
de l’enfant de Saraï ! Il était évident que cette maternité agacerait
Saraï. Agar, enceinte, c’est souligner un peu plus la stérilité de Saraï ;
elle en éprouve du ressentiment et voici que son esclave à la prétention de
s’élever de son statut ; prendra-t-elle la place au cœur de son
mari ? C’est insupportable pour Saraï.
Abram n’a pas un beau rôle dans ce conflit ; pressent-il que
cette situation a sa solution en Dieu ? Il ne défend pas Agar ; elle
est l’esclave de son épouse, on n’aime pas une esclave ! Il remet ces deux
femmes dans la lumière de la loi ; Saraï voyant qu’Abram la laisse libre,
celle-ci lui fera payer son audace et expier sa stérilité que la maternité
d’Agar dénonce.
Quelle sera
l’évolution des relations entre une grand-mère qui aura porté l’enfant de sa
fille ? Sa fille verra-t-elle toujours sa mère avec un regard de
bienveillance et de respect ? Une telle situation si amorale fait le lit
de tant d’orgueil qu’il ne peut rien sortir de bon. Elle deviendra le siège de
toutes les perversions possibles, elles s’attaqueront à la relation mère et
fille ; qu’en sera-t-il de l’enfant ?
L’ange de Yahvé la rencontra près d’une source
d’eau dans le désert, la source qui est sur le chemin de Chour. Il dit :
« Agar, esclave de Saraï, d’où viens-tu et où vas-tu ? » Elle
dit : « Je fuis loin de Saraï ma maîtresse. » L’Ange de Dieu
lui dit : « Retourne chez ta maîtresse et humilie-toi sous ses
mains. « L’Ange de Yahvé lui dit : « Je multiplierai ta
descendance au point qu’on ne pourra la compter, tant elle sera nombreuse. »
L’Ange de Yahvé lui dit : «
Voici que tu es enceinte et tu enfanteras un fils, et tu l’appelleras du nom
d’Ismaël, car Yahvé a entendu le cri de ta misère. Celui-ci sera un onagre
d’homme, sa main sera contre tous et la main de tous contre lui, et il
demeurera en face de tous ses frères. » (Gen : 16, 7 – 12)
La fuite d’Agar est sa réponse au comportement peu charitable de
Saraï, c’est la réaction basique de tout esclave qui veut échapper à sa
condition, elle est juste.
L’interpellation de l’Ange ne comporte aucun reproche, il lui demande
pourtant de s’humilier, d’accepter son état, de ne pas défier sa maîtresse. Il y a à cet ordre une raison
de bon sens : qu’adviendra-t-il d’elle et de son enfant si elle poursuit
sa fuite ? Mourra-t-elle ? Sera-t-elle prise en esclavage pour une
autre tribu ? Dieu ne veut pas la mort du pécheur, il est bon ; ce
qu’il y a de plus important, c’est que l’ange, au nom de Dieu, la reconnaît
elle comme une personne égale en dignité à tout autre personne. Il lui parle et prophétise sur elle et son
enfant. La demande de l’Ange est
étrange, déroutante, il la renvoie dans une condition difficile. Son retour
sera pour Saraï une leçon, ne revient-elle pas avec la bienveillance de Dieu,
sa bénédiction ! Elle est la preuve que Dieu ne retient aucune faute
contre Saraï ni contre Abram, ils auront cet enfant et ce sera un garçon.
La prophétie de l’Ange sur Ismaël ne cesse d’être troublante ;
elle décrit assez bien les Arabes et l’Islam qui reconnaissent en Ismaël leur
filiation soit génétique soit spirituelle. La religion musulmane est une
religion d’esclave de Dieu, elle fait référence à Agar l’égyptienne ; il
faut souligner que le plus haut centre de théologie musulmane se trouve au
Caire en Egypte pour le courant sunnite qui est majoritaire dans l’Islam. Les
musulmans rejettent le concept de lien personnel et d’amitié avec Dieu, ils
rejettent le dogme de la Sainte Trinité. Tout musulman est radicalement opposé
à tout ce qui n’est pas musulman, c’est
dans la nature de la religion qui est non révélée ; elle est monothéiste,
elle est et reste une religion naturelle. Le musulman est béni par Dieu à cause
de la foi d’Abraham ; toutefois en aucune manière Dieu ne la reconnaît
comme religion révélée, ni faisant partie de la Révélation. Il l’a permise à
cause de notre orgueil, car plus qu’autre chose Dieu veut l’humilité dans le
cœur de l’homme. Cette religion si radicalement opposée aux judaïsme et
christianisme ne se comprend bien qu’à la lumière des fins dernières dans
laquelle s’épanouit la compréhension de cette exigence incontournable :
l’humilité. [46] Il y a chez le musulman un sentiment de
frustration sociale dans le sens que, culturellement, il s’identifie au rejet
de Saraï, la mère des hébreux ; n’a-t-elle pas toujours refusé de voir
autrement qu’en Agar et Ismaël des esclaves qu’il fallait éloigner de la
Promesse faite à Abram et à sa descendance, la descendance de son
sein. ? Cette frustration
culturelle et sociologique demeure importante et se trouve renforcée par les exigences
coraniques. La culture de l’esclave de Dieu, alors que c’est là un concept
social étranger à Dieu lui-même qui veut faire de chacun d’entre les hommes son
ami, doit être pris en compte pour comprendre le radicalisme voire les
intégrismes musulmans.
Il est clair que le comportement de Saraï va l’amener à poser un acte
qui continue d’avoir des répercutions fantastiques sur l’humanité ; nous
sommes en présence d’un formidable effet papillon. Nous savons par l’histoire,
en général, ce qu’un petit quelque chose peut avoir de répercutions sur
l’avenir. Il faut toujours faire attention à la qualité du geste que l’on pose ; il doit être
rafraîchit constamment par l’onde de la Charité.
Nous découvrirons ce que peut produire l’intransigeance dans la
confusion des affections[47].
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La branche des BOURBONS :
Il
est intéressant de noter que du sacre d’Henri IV à la prise de la Bastille, il
y a exactement 200 ans (1589-1789).
Fils d’Antoine de Bourbon et de Jeanne
d’Albret, reine de Navarre, il fut élevé dans le calvinisme par sa mère. Sous
la tutelle de Coligny, il devint le chef du parti huguenot. Lors de la 3ème
guerre de religion, il se distingua particulièrement à la bataille d’Arnay-le–duc,
en Bourgogne en 1570. Il était exécré des catholiques, mais Henri III l’aimait
bien et se réconcilia avec lui pour venir faire le siège de Paris en 1589. Après
des batailles sans fin entre ligueurs et protestants, c’est l’unité qui
prévalut au royaume. Enfin, il abjura le calvinisme le 25 juillet 1593 à St
Denis et se fit sacrer à Chartres le 25 février 1594. Il fit la paix avec
l’Espagne, proche des Ligueurs. Les français n’en pouvaient plus, la guerre
civile avait duré 30 ans. La pacification religieuse fut assurée par l’Edit de
Nantes (13 avril 1598). Henri IV fut adoré des français pour sa bravoure, sa simplicité
et ses aventures galantes. Il ne chercha pas à se venger. Il rétablit
l’absolutisme et l’autorité de l’état avec fermeté et dureté parfois. Secondé
par Sully, il redressa l’économie et les finances. Il fit annuler en 1599 son
premier mariage avec Marguerite de Valois et se remaria avec Marie de Médicis.
Il fut assassiné à Paris, par Ravaillac, un illuminé, en 1610.
Il laissa quatre enfants légitimes :
Louis XIII, Élisabeth (qui épousa Philippe IV d’Espagne), Gaston d’Orléans et
Henriette (mariée à Charles 1er d’Angleterre).
Né en 1601, majeur dés 1614, il dut se débarrasser
en 1617 du favori de sa mère, Concini, pour pouvoir réellement gouverner.
En 1624, commença la réelle collaboration de
Richelieu et de Louis XIII. De nombreuses intrigues se nouèrent autour du roi.
De tempérament militaire, il avait le goût des armes.
Il était cependant très religieux et se
sentait responsable devant Dieu de ses actes. De grands complots agitèrent son
règne. Il soutint Richelieu contre vents et marées.
Marié à Anne d’Autriche en 1615, il devait
attendre 23 ans pour voir naître en 1638 son premier fils Louis Dieudonné, le
futur Louis XIV. Le 10 février 1638, le roi publia un Edit pour mettre l’Etat,
sa couronne et ses sujets sous la protection de la Très Sainte Vierge. Cet
édit de consécration de la France à la
Vierge fut mis à exécution le 15 août 1638, lors de la fête de l’Assomption.
Fils du précédent, roi à cinq ans, sous la
régence de sa mère, il ne commença son règne qu’à la mort de Mazarin en 1661.
Il s’appuya sur la théorie de droit divin
pour établir un absolutisme rigoureux. Il gouverna seul.
En septembre 1661, il s’affirme en brisant
Fouquet et s’entoure de bourgeois, comme Colbert, Louvois, Le Tellier). La
noblesse s’amuse dans les fêtes et est considérée par le roi, mais ne participe
pas à la politique du royaume. Les grands corps de l’État sont humiliés. Les
États généraux ne furent point convoqué de tout le règne. La police fut envahissante
dés 1667.
Dés 1682, la Cour se transporte à
Versailles, ou le roi devient le « Roi-Soleil ».
Louis XIV adopte une attitude agressive face
à l’étranger, non seulement par la guerre, mais aussi par l’économie. Louis XIV
bâtit un véritable impérialisme en Europe et partit dans des guerres de
conquête avec une très puissante armée :
- Guerre de
Dévolution en 1667-1668 avec la conquête de Lille et de la Flandres.
- Guerre de Hollande
en 1672-1678 avec obtention de la Franche-Comté.
Pendant dix ans (1678-1688) Louis XIV annexa
de nombreux territoires à son royaume : Strasbourg (1681), Luxembourg,
etc., cette politique de « réunions » fit peur à toute l’Europe.
La révocation de l’Edit de Nantes en 1685,
détacha ses alliés allemands, alors que la révolution anglaise de 1688,
renforçait la puissance du roi d’Angleterre, Guillaume d’Orange, adversaire
redoutable de Louis XIV.
La guerre de la Ligue d’Ausbourg (1688-1697)
rassembla toute l’Europe contre Louis XIV. À la paix de Ryswick en 1697, le roi
dut abandonner toutes ses « réunions » sauf Strasbourg.
Pour finir et achever son prestige
universel, le roi entra dans la guerre de la Succession d’Espagne (1701-1714)
avec sa morgue habituelle et sa folie des grandeurs.
En face de la Grande Alliance de La Haye,
formée par Guillaume III (Angleterre, Hollande, Empire, Portugal, Savoie) Louis
XIV n’eut comme alliés que l’Espagne et la Bavière. Après une longue guerre
d’usure désastreuse pour la France, une paix honorable fut signée en 1713 à
Utrecht et en 1714 à Rastadt.
A sa mort en 1715, Louis XIV laissait un
Trésor vide, une industrie décimée, les campagnes appauvries, une noblesse
ruinée et avilie par la vie de Cour.
Le roi laissait aussi de nombreux bâtards,
dont le duc du Maine, fils de Mme de Montespan.
Quand la mort lui eut enlevé son fils, le
Grand Dauphin en 1711, puis son
petit-fils, le duc de Bourgogne en 1712; le roi, qui n’avait plus que comme
héritier un arrière-petit-fils, le futur Louis XV, essaya de privilégier son
bâtard, le duc du Maine, au conseil de Régence.
Immédiatement après la mort du roi, son
neveu Philippe d’Orléans, fit casser son testament par le Parlement de Paris et
devint Régent de France durant la minorité de Louis XV.
En fait, on peut dater le déclin de la
France à partir de la fin du règne de Louis XIV, tant dans le pays même que
dans ses colonies d’Amérique du Nord.
Arrière-petit-fils de
Louis XIV, âgé de 5 ans à son avènement, il était de santé fragile. Philippe
d’Orléans exerça la Régence jusqu’en 1723. Il attendit encore 20 ans pour
exercer le pouvoir. Il laissa la direction des affaires au duc de Bourbon. Il
épousa en 1725, Marie Leszczynska, fille du roi détrôné de Pologne, Stanislas.
En 1726, le roi
disgraçia le duc de Bourbon et le remplaça par le cardinal de Fleury
(1726/1743) qui redressa l’économie. Le Parlement harcela le gouvernement
pendant tout le règne, sur la question religieuse, sur la question financière.
Fleury dut apporter
le soutien de la France au beau-père de Louis XV, dans sa guerre de la
Succession de Pologne. Stanislas perdit de nouveau son trône, mais reçut la
Lorraine en dédommagement (traité de Vienne,1738).
À la mort de Fleury
en 1743, Louis XV fit mine de prendre les affaires de l’État en main. Il était
de tempérament indécis et travaillait par ministres interposés. Il établit le
« Service du Roi «, services secrets,
dirigés par Tercier et de Broglie, dotés de fonds considérables déposés
à l’étranger en Hollande et en Angleterre, qui existent encore aujourd’hui….et
dont se sert la République française. Le « Service du Roi » eut un
rôle considérable dans le renversement des alliances en 1756, lors de la
succession de Pologne.
L’influence des
maitresses du Roi eut son importance, en particulier, celle de Madame de
Pompadour.
La guerre de la
Succession d’Autriche (1740-1748) coûta cher à la France, elle n’en tira aucun
avantage, elle avait travaillé pour le roi de Prusse…
Louis XV créa un
impôt, le 20ème sur tous les revenus, ce qui était peu, mais ne plut
pas à la Noblesse, ni au Clergé. La parution de l’Encyclopédie de Diderot à
partir de 1751 instilla le lent poison de l’anti-cléricalisme et de
l’anti-tradition dans toutes les couches de la société. Les valeurs religieuses
et morales de la société royale millénaire
se mirent à s’effondrer. La Maçonnerie anglaise commençait à pénétrer le
royaume tranquillement.
Pendant ce temps, le
roi reculait sur tous les fronts de ses réformes, sociale, militaire, fiscale.
Son alliance dans la guerre de Sept Ans
(1756/1763) avec l’Autriche contre la Prusse et l’Angleterre fut désastreuse
pour la France.
Au traité de Paris
(1763), la France perdit tout son empire colonial et l’Angleterre devint la
première puissance maritime du monde.
Le Parlement ne pouvait attaquer directement le roi, alors
il s’en prit aux Jésuites, entre autres, que Choiseul sacrifia en vain en
1764. N’ayant aucune autorité sur le
pays, le roi le démit de ses fonctions.
Après une tentative
de rétablissement de l’absolutisme royal manquée, le pays s’enfonça dans la désobéissance
du parlement, qui fut dissous et reformé, mais trop tard. La glissade vers la
Révolution commençait….
Louis XV qui ne
vivait que pour ses plaisirs frivoles, mourut détesté par le peuple, qui était
fatigué de voir les fastes de la Cour de Versailles d’un côté et
ses misères quotidiennes de l’autre.
Il était le
petit-fils de Louis XV, 3 ème fils du dauphin Louis, mort en 1765. Vertueux,
paisible, en un mot bon et honnête, il était intelligent et cultivé. Il voulut
passionnément le bonheur de son peuple. Il se maria en 1770 à Marie-Antoinette,
fille de l’empereur François 1er, mais ne fut père qu’en 1778.
Il commit l’erreur de
rappeler les Parlements en 1774, qui combattirent toute réforme. Il parvint à
en imposer quelques unes : liberté du commerce des grains (1774),
suppression des corporations et de la corvée royale (1776), suppression de la torture
(1780), mais la situation des finances de la France empirait. La guerre
d’Amérique coûtait cher au Trésor public. Mais surtout le paiement des rentes
et des emprunts. Il fallut convoquer les États Généraux en août 1788. C’était
le début de la fin.
Louis XVI trop mou,
indécis ne sut pas prendre les rênes de la Révolution qui grondait.
Il perdit pied et son
attitude devint de plus en plus incohérente: après avoir cédé au Tiers-État sur
sa représentation du droit de vote par tête, il assembla des régiments
étrangers autour de Paris.
La prise de la
Bastille, le 14 juillet 1789, démarra le cycle mortifère de la Révolution, qui
aboutit à la chute de la Monarchie, le 10 août 1792.
Le roi et sa famille,
partis de Versailles pour Paris le 6 octobre 1789, s’enfuirent secrètement des
Tuileries dans la nuit du 20 au 21 juin 1791 pour Montmédy, dans l’est de la
France et furent arrêtés à Varennes, visiblement trahi par le marquis de
Bouillé.
Louis XVI perdit
alors ses titres à son retour à Paris et devint le « roi des
Français » de facto. Il réussit
cependant à se maintenir courageusement face à l’émeute populaire du 20
juin 1792, mais le manifeste du duc de Brunswick du 23 juillet 1792, mit le feu
aux poudres. Il menaçait Paris
d’ « exécution militaire ».
La journée du 10 août
1792 fut celle de la chute de Monarchie, la Commune de Paris, apuyée par 500
Marseillais avinés attaquèrent le château des Tuileries et tuèrent 700 Gardes
Suisses, qui avaient reçu du roi l’interdiction de se battre…une véritable
boucherie!…
Le roi et sa famille
se réfugièrent à l’Assemblée toute proche, qui le suspendit et demanda la
convocation d’une « Convention Nationale ». Il fut décidé que la
famille royale serait emprisonnée au Temple. Le lendemain de la victorieuse
bataille de Valmy, la Convention proclama la République (21 Septembre 1792).
La Convention décida
de jeter un défi à l’Europe et fit
condamner Louis XVI à mort, à une voix de majorité, après un procès inique. Il
fut guillotiné le 21 janvier 1793 à 10heures 40 du matin sur la place de la
Révolution (actuelle place de la Concorde).
Louis XVI fut un roi
admirable de courage et d’honnêté. Il était bon et le paya de sa vie. Il sera
un jour sur les autels, car un signe vivant nous le montre sur le cœur du
Christ (une tache de sang à son effigie se trouve sur le suaire de Turin à
l’emplacement du cœur de Jésus).
Il faut rappeler
qu’il est le premier roi de France à
avoir consacré (dans sa prison du Temple) le royaume de France au Sacré-Cœur de Jésus (demande faite par le
Christ à Sœur Marguerite-Marie
Allacoque, visitandine de Paray le Monial, en 1689).
Second fils de Louis
XVI et de Marie-Antoinette, il fut roi à la mort de son père le 21 janvier
1793. Enfant gracieux, très beau, il faisait la joie de sa mère, qui l’appelait
son « Chou d’Amour ». Il fut séparé d’elle dans des conditions atroces
en juillet 1793.
La Commune de Paris
lui donna le cordonnier Simon pour gardien jusqu’à son déménagement du Temple,
le 19 janvier 1794. Simon était brutal et le frappait souvent.
Officiellement, après
le départ du couple Simon, on l’emmura dans une pièce immonde de février à
juillet 1794.
À partir de là, on
s’enfonce dans le brouillard le plus total, il y a des substitutions en
cascade.
Enfermé dans la
prison du Temple en août 1792, il y mourut officiellement le 8 juin 1795, âgé
de 10 ans, deux mois et douze jours.
Mais est-il mort dans sa prison?
De nombreux
essayistes et historiens s’affrontent encore depuis de 2 siècles pour savoir
s’il a été exfiltré et par qui? Comment départager les deux « faux dauphins », Charles
Naundorff et le baron de Richemont, qui jusqu’à leur mort, se battront pour
leur reconnaissance d’état-civil, comme fils de Louis XVI?
Cette énigme
touche évidemment au secret d’état….
Le duc Decazes ne
disait-il pas déjà en 1817 : « L’affaire Louis XVII, c’est
celle du Masque de Fer!…».
À ce sujet, un livre
passionnant, qui semble apporter la clef
de l’énigme, vient de paraître à la signature de Michel Wartelle : Louis
XVII ou le secret du roi, Louise Courteau, Éditrice, Québec, Canada, 2007 (Distribué
par DG Diffusion livres en France et par Transat au Bénélux).
Frère du roi Louis
XVI, il fut un personnage aux agissements assez troubles (il correspondit avec
Robespierre) durant la révolution française et quitta la France pour Bruxelles
la nuit ou fut arrêté Louis XVII et sa famille à Varennes. Le trahit-t-il? Cela
n’a jamais été prouvé!…
Il fut fort content
d’apprendre la mort de son frère le 21 janvier 1793, car il devenait régent
d’un petit-roi, son neveu, Louis-Charles de France, âgé de 8 ans et prisonnier
de surcroît. La route était libre pour le pouvoir!…
On peut penser que
Louis XVII fut exfiltré de sa prison du Temple en 1794 ou 1795 et qu’il partit
vers la Vendée, mais sa mort officielle en juin 1795, mis un terme à son court
règne. Louis XVIII se réfugia à Vérone en 1794 d ou il fut expulsé en 1796. Il
reçut l’hospitalité en 1797 du duc de Brunswick, puis celle du tsar de Russie,
Paul 1er. Il vécut à Varsovie de 1801 à 1804. Il s’installa en
Angleterre de 1807 à 1814. Années sombres d’exil.
Il essaya de rentrer
en France en avril 1814. Mais le retour de Napoléon pendant les cent-jours, le
fit fuir à Gand en mars 1815.
Louis XVIII ne
reconnaîtra jamais son neveu vivant et
assiéra définitivement son pouvoir en
1815 après le départ de Napoléon Bonaparte pour l’île de Ste Hélène.
Il conserva sagement
la noblesse d’Empire et l’épuration de la seconde restauration fut très légère.
Il fut un fin politique durant son court règne. Il dissout la Chambre
Introuvable composée d’Ultra-royalistes en septembre 1816 et soutint la
politique modérée de Decazes.
Une tache (de sang)
cependant vint assombrir son règne, ce fut l’assassinat du duc de Berry (fils
du futur Charles X) en février 1820 par Louvel, dans des conditions
restées assez mystérieuses.
On peut penser que le
duc de Berry, sachant Louis XVII vivant et
donc roi de France de droit, prit son oncle à partie, concernant les
droits à la couronne de France usurpés à son neveu, Louis-Charles, duc de
Normandie.
Louis XVIII mourut le
16 septembre 1824 à Paris. Le pouvoir passa à son frère Charles X.
Charles X naquit à
Versailles le 9 septembre 1757, il était le frère cadet de Louis XVI et de
Louis XVIII. Il était de tempérament faible et indécis. Il porta le titre de
comte d’Artois jusqu’à son avènement. Il émigra dés la prise de la Bastille en
1789. Il passa une grande partie de son exil en Angleterre jusqu’en 1814.
Comme Lieutenant
Général du Royaume, il signa une convention militaire avec les Alliés, le 23
avril 1814.
À la mort de son
frère, il devint roi et fut sacré à Reims le 29 mai 1825. Ultra-royaliste, il
ne se fit pas aimé du peuple par des mesures réactionnaires qui avantageaient
l’aristocratie et les royalistes (milliard des émigrés, loi du sacrilège,
licenciement de la Garde Nationale).
Les ordonnances du 25
juillet 1830 contribuèrent à la révolution de juillet 1830. Le 2 août, Charles
X abdique en faveur de son petit-fils le duc de Bordeaux. Le souverain déchu
s’établit alors en Angleterre, puis à partir de 1832 en Autriche.
La politique
extérieure de Charles X fut marquée, d’une part, par la libération de la Grèce
(1830) et d’autre part, par la prise
d’Alger (6 juillet 1830) ouvrant la grande ère coloniale française.
Charles X marié à
Marie-Thérèse de Savoie eut deux fils, le duc d’Angoulême et le duc de Berry.
Il meurt à Gorizia en Vénétie le 6 novembre 1836.
Fils aîné de Charles
X, Louis-Antoine de Bourbon, naquit à
Versailles le 6 août 1775.
Il fut emmené par son
père en émigration dés 1789 et fit ses études militaires à Turin. Il commanda
une petite troupe d’émigrés en 1792 dans l’armée de Condé. En 1799 à Mittau, il
épousa sa cousine Marie-Thérèse, fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette.
Rentré en France en
1814, il fut acclamé par les royalistes de Bordeaux. En 1815, il fut fait
prisonnier 6 jours à Pont Saint-Esprit
par le général Grouchy qui le relâcha sur ordre de l’Empereur Napoléon.
Durant la révolution
de juillet 1830, il fut roi 45 minutes avant d’abdiquer ses droits au trône en
faveur de son neveu, le duc de Bordeaux, futur Henri V. Il eut le règne le plus court de l’histoire de
France. Il mourut sans descendance le 3 juin 1844 à Gorizia en Vénétie.
Né le 29 septembre
1820 à Paris, Henri, était le fils posthume du Duc de Berry, second fils de
Charles X. On se souvient que son père avait été assassiné par Louvel à la
sortie de l’Opéra en février 1820. Sa mère était alors enceinte. On l’appellera
l’ « enfant du miracle ».
À la suite de la
révolution de 1830, de l’abdication de son grand-père Charles X et de la
renonciation du duc d’Angoulême, il devint l’héritier légitime au trône de
France.
Exilé en Autriche, il
suivit la politique de la France. Dés la chute du Second Empire, il manifesta
ses prétentions au trône de France (manifestes de 1870 et de 1871). Les
royalistes étant majoritaires à l’Assemblée Nationale et les Orléans s’étant ralliés
à Henri V, on pensait que la France retrouverait rapidement un roi.
Henri V fit savoir au
dernier moment qu’il ne renoncerait jamais au drapeau blanc (lettre du 23
octobre 1873). La restauration ainsi
s’écroulait « pour une serviette », dira le pape de l’époque.
Pourquoi?…
Certains pensent que
son refus diplomatique vient du fait qu’il aurait appris que Louis XVII n’était pas mort au Temple en 1795, avait eu
des enfants et qu’il n’était donc plus l’aîné des Bourbons. Terrible erreur
politique de sa part, lourde de conséquences pour la France…
Marié à Marie-Thérèse
Béatrice de Habsbourg-Este, fille aînée du duc de Modène, François IV, Henri V
mourut sans descendance le 24 août 1883 à Frohsdorff en Autriche.
La branche royale des
Bourbons devint stérile et sans postérité à partir de la mort supposée de Louis
XVII. Ce n’est pas la place ici de débattre de cette affaire qui a fait couler
des flots d’encre depuis plus de 2 siècles.
Louis XVII est-il
mort au Temple le 8 juin 1795? …Si non, qu’est-il devenu?…Pour ma part, je
crois que Louis XVII fut exfiltré de sa prison du Temple le 19 janvier 1794 par
Chaumette et Hébert payés par les royalistes et
qu’il partit vers la Vendée, puis dans l’armée du prince de Condé en
Allemagne.
De faux dauphins
apparurent pendant 50 ans: Hervagault, Charles de Navarre, Charles
Naundorff, le baron de Richemont. Seuls, Naundorff et Richemont peuvent être considérés comme des candidats
sérieux pour être Louis XVII, le petit
roi perdu.
Personnellement, je
considère que le baron de Richemont était bien le duc de Normandie, fils de
Louis XVI (Lire mon livre :
LOUIS XVII OU LE
SECRET DU ROI, Louise COURTEAU Éditrice, Québec, Canada, 2007).
Un laboureur Martin
de Gaillardon vint dire en 1816 à Louis XVIII, qu’il avait pris une place qui
ne lui appartenait pas.
Je pense que Dieu a
puni la France à cause d’un crime de lèse-majesté : la non-reconnaissance
de son roi légitime, Louis-Charles de France, duc de Normandie, 2 ème fils de
Louis XVI et Marie-Antoinette.
Il est remarquable de
voir que Louis XVIII ne fut jamais sacré à Reims et qu’il ne demanda jamais de
service funéraire pour la mort officielle de son neveu Louis XVII.
Il n’eut pas
d’enfant : son frère le comte d’Artois eut un fils impuissant, le duc
d’Angoulême.
Le duc de Berry, fut
assassiné en 1820 par Louvel et eut un fils posthume, le duc de Bordeaux ou
comte de Chambord, qui n’eut pas de descendance. La branche aînée des Bourbons s’éteignit. Enfin, elle
fut chassée du pouvoir par la révolution de Juillet 1830.
Suite à la révolution
de Juillet 1830 et à la fuite de Charles X, Louis-Philippe d’Orléans prit le
pouvoir sans difficulté.
Né à Paris, le 6
octobre 1773, il était le fils aîné de Louis-Philippe Joseph d’Orléans
(Philippe-Égalité) et de Louise-Marie Adélaïde de Bourbon-Penthièvre. Il porta
successivement les titres de duc de Valois, de duc de Chartres et de duc
d’Orléans. Il accueillit avec enthousiasme la révolution et entra au club des
Jacobins.
Il se réfugiera en
Suisse après les batailles de Jemmapes et de Valmy. Il fut professeur de
géographie et de mathématiques. Il passa à Hambourg en 1795, voyagea en
Scandinavie, puis partit aux Etats-Unis
trois ans de 1797 à 1799.
À son retour, il
s’établit en Angleterre. Marié en novembre 1809 à la fille du roi Ferdinand IV
de Naples, il vint vivre en Sicile. Il partit ensuite pour l’Angleterre. À la
restauration, il recouvre une part immense de sa fortune, mais Louis XVIII ne
lui permet de rentrer en France qu’en 1817.
Il vit au Palais-Royal,
éloigné de la Cour, qui lui bat froid. Âpre au gain, il s’allie avec la baronne
de Feuchères pour récupérer l’héritage du dernier prince de Condé en faveur de
l’un de ses fils.
Très bourgeois
anglophile, il appartient à la Franc-Maçonnerie et s’entoure d’hommes puissants
(Lafitte, Casimir Perier, Guizot, Thiers, Béranger, Lafayette).
Il ne rencontre
aucune résistance dans les journées de juillet 1830, il ramasse le pouvoir
laissé à terre par la branche aînée des Bourbons.
Au soir du 30 juillet
1830, il rentre au Palais-Royal, il adhère au drapeau tricolore, se laisse
proclamer Lieutenant-Général du Royaume,
le 31 juillet, puis « roi des Français », le 7 août.
Son règne fut celui
de la grande bourgeoisie des affaires, qui facilita le libéralisme. Le peuple
fut peu défendu dans ses droits élémentaires et réagit. Les insurrections de Lyon
(1831) et de Paris (1832 et 1834) en furent l’illustration.
Le roi Louis-Philippe
fut la cible de sept attentats contre sa personne. Il réprima le socialisme
naissant et voulut la paix. Il refusa de remettre en question les traités de
1815.
En 1842, la mort de
son fils, le duc d’Orléans, héritier du trône porta un coup à la dynastie.
Mais c’est la
politique conservatrice de Guizot, qui prépara la révolution, qui éclata le 22
février 1848. Le 24v février, il signa son abdication en faveur de son
petit-fils, le comte de Paris, mais il était trop tard pour sauver le trône.
La duchesse d’Orléans
essaya vainement de faire reconnaître son fils par la Chambre des députés.
Le roi détrôné partit
pour l’Angleterre ou il mourut le 26 août 1850, dans la résidence
de Claremont, prêtée par la reine Victoria.
Louis-Philippe eut
huit enfants :
Cinq fils : Le
duc d’Orléans, le duc de Nemours, le prince de Joinville, le duc d’Aumale et le
duc de Monpensier.
Trois filles : Louise, Marie et
Clémentine.
FIN
En
raison d’évènements privés, il ne m’a pas été permis de rédiger sur la Science
de la Prière ni sur l’étude comparative entre l’Islam et la foi Catholique; sur
la science de la prière, les deux chapitres paraîtront en supplément aussi vite
que je maîtriserai le scanner.
Le
rédacteur.
Augustin : « - Mes amis quel
repas ! Une langue de bœuf sauce piquante, ce n’est pas catalan, mais quel
délice ! Accompagnée de cette bière de garde, ce nord là vous
réchauffe de tous les frimas.
Jules :
- J’ai bien apprécié ce vieux-lille macéré dans la bière et
ces pommes en pâte caramélisées. Je veux bien être colonisé de cette manière.
Henric :
- Ce que j’ai surtout aimé, c’est ce genièvre comme
pousse-café ; j’ai cru mettre le
feu à ma pipe. C’est un repas légitime de veille de Carême.
Dominique :
- Ma femme tient cette recette de sa tante lilloise qui n’a
pas son pareil pour vous dégoûter d’entreprendre un régime.
Scoty :
- Dominique, je sais que par cette tante tu as dans ta
tabatière un émincé de tabac des Flandres, tu attends qu’il sèche pour nous le
proposer !
Léon :
- Revois- là le nez de Scoty ! Et dire qu’avec ce nez là
tu n’attrapes jamais de rhum ! Tu dois avoir quelques recettes
écossaises ; il faudra que tu en nous fasses connaître la cuisine, la
panse de mouton farcie !
Scoty :
- Tu veux
mourir ! Il faut avoir fait brouter l’herbe aux anglais pour
survivre à cette recette ; ce serait à proposer à nos intellectuels
médiatiques...
Thomas : - Fais
passer la tabatière, Scoty et commençons le sujet de ce soir. Nous avions
convenu de discuter de la colonisation.
Augustin :
- Colonie vient de la racine indo-européenne : kwel
qui signifie tourner en rond et qui a donné quenouille. ; ce qui en grec
donna kuklos – cercle – et kukliko –
circulaire - ; cette racine grecque donna cylindre. En latin colus donne
aussi quenouille ce qui donnera colon, colonie ; cette racine latine donnera
également le mot culture, l’art de cultiver la terre ; le colon désigne
celui qui cultive la terre nouvellement découverte. C’est à tort que l’on
qualifie l’implantation de cités juives de colonies en terre
palestinienne ; car il ne s’agit pas là de colonisation mais d’occupation
en vue d’accaparement, de captage de terres. On ne peut donc plus parler, pour
le temps présent et futur, de colonies, car il n’y a plus de terres à
découvrir, sauf à parler de coloniser les planètes de notre système
solaire. Voilà pour la définition.
Dominique :
- Il me semble qu’il n’y a que deux facteurs majeurs qui
expliquent le principe de la colonisation :
1er,
l’expansion pour raisons économiques.
2e, le
besoin de répandre sa culture, sa civilisation ; et un sous-facteur
obéissant à un impératif stratégique et de défense, ce qu’illustra l’Empire
Romain, occupation militaire d’un espace en vue de la sécurité.
Thomas :
- Oui, mais il y a un facteur humain qui est peut-être encore
plus puissant et qui touche à l’être profond : celui de communiquer, de
transmettre tout ce que l’on est comme
si l’on était poussé par tout ce qu’on a acquis.
Léon :
- Tu veux dire que l’homme peut être poussé par une exigence
plus forte que lui-même à seule fin de communiquer ce qu’il sait et ce qu’il a.
C’est de la métaphysique !
Jules :
- La générosité comme l’avarice sont constitutifs de la
nature humaine : l’un tend à tout retenir, l’autre à tout partager. C’est
le choix de l’être. D’autre part, on ne peut nier qu’il soit dans la nature de
l’homme d’entrer en contact avec un autre semblable surtout si ce semblable est
différent.
Scoty :
- Les empires mésopotamiens semblent avoir été portés à
l’expansion par le désir de civiliser les régions qu’ils considéraient
barbares. On peut dire la même chose de la République Romaine, ceci l’est
beaucoup moins pour les grecs qui sortirent de chez eux par la nécessité
économique. On peut aussi introduire la problématique des invasions barbares
qui furent poussées par l’envie des richesses de leurs voisins, ainsi que par
la nécessité de fuir d’autres tributs conquérantes. On doit considérer que
l’expansion géographique de l’homme fut, à l’origine, liée à la nécessité de
survivre. On traversait la rivière pour poursuivre le gibier.
Henric :
- Nous oublions un autre facteur qui est lié davantage à
l’individu ; je veux parler de la personne éminemment curieuse. L’esprit
de curiosité qui se rapproche de celui de l’aventure qui est l’appétit de la
connaissance. Christophe Colomb réunit ces trois qualités ; on peut le
dire également de Marco Polo[48]avec un prix d’excellence.
Léon :
- Oui, ce qui me surprend qu’à moitié, car je le pressentais
sans me l’expliquer. Tous ces mouvements et causes que nous venons
d’inventorier me laissent soupçonner une volonté qui meut tout cela. Ne
dirait-on pas que Dieu semble en être le grand instigateur. Il nous enseigne
que toute la terre appartient à tout homme, qu’il est naturellement libre de
circuler où il veut pour autant que sa transhumance réponde à sa mission initiale
qui est de dominer la Création et non les hommes.
Augustin :
- N’oublions pas que l’homme est l’animal social par
excellence. Ainsi donc, d’après toi Léon, il y a une sorte de mission naturelle
inhérente à sa nature qui justifie le mouvement de colonisation ?
Léon :
- Je ne sais pas si le concept de colonisation trouve dans
mon exposé sa justification telle que nous le concevons à l’aune de notre
histoire moderne. Il me semble, pour autant, trouver là l’explication de
ce que certains appellent le mouvement de civilisation : concept à manier
avec des pincettes. Peut-être devrions-nous user du mot de civilisation ;
il est plus juste en certains cas.
Henric :
- Le fait d’avoir
apporté des règles d’hygiène élémentaire à des peuplades qui n’en avaient
guère, répond à l’énumération faites par Scoty et Léon.
Jules : - Il
y a un autre principe, défini assez récemment du point de vue juridique, qui
est l’assistance à personne en danger. On oublie souvent cet aspect des
choses ; sans omettre les appétits qui peuvent s’insinuer dans cette
démarche. Là nous abordons le problème des intérêts particuliers, qu’il
s’agisse de ceux d’un Etat, d’une entreprise ou d’un individu. On ne peut nier
que d’avoir rendu impossible les sacrifices humains soit une avancée de
civilisation, c’est vrai pour l’Islam vers les pays noirs d’Afrique qui
pratiquaient le canibalisme, ça l’est également pour les Etats Amérindiens.[49]
Dominique :
- Il me semble certain que Dieu inspira ces mouvements de
civilisation en s’aidant des appétits particuliers et des générosités
individuelles. Il y a derrière cela, le désir d’amour de Dieu de vouloir que
chaque homme, chaque femme connaissent son Nom qui est Salut.
Léon :
- Tout peut-il se justifier par cette volonté divine ?
Je ne le crois pas. Pour autant, on peut, semble-t-il, dire que le mouvement de
colonisation a une justification morale, spirituelle et même affective ;
ne devons-nous pas aimer notre prochain comme nous-même ? Encore que la notion de prochain doive être
définie ; il peut s’agir d’abord du prochain proche ; si ce prochain
proche, je ne sais pas l’aimer alors, l’aide que je porte à mon prochain
lointain peut se transformer en
mesure pour ma condamnation, car quelque
part je mens. On donne pour le lointain prochain alors que pour le plus proche,
on se comporte en vrai salaud.
Henric :
- Il faut admettre que fondamentalement le mouvement de
colonisation est moralement admissible, même ci on s’avance sur des terres qui
ont une culture, une civilisation. Car si le mot de civilisation a pour sens de
désigner une culture où l’homme développe une conscience morale, il est évident
que le pygmée a lui aussi une civilisation puisqu’il possède une culture même
si elle est extrêmement primaire ; ce qui qualifie une civilisation dominante
sur une autre, c’est le degré de connaissance de l’homme qu’a l’une sur
l’autre ; c’est pourquoi avoir détruit la civilisation inca est moralement
légitime puisqu’elle pratiquait le sacrifice humain.
Jules :
- Si aujourd’hui entreprendre une campagne de colonisation
est moralement inacceptable, il y a deux siècles et plus haut, elle était
légitime et s’imposait comme une nécessité morale et spirituelle. Il semble
difficile de juger aujourd’hui des événements du passé, le regard a changé, la
lumière également par l’évolution des connaissances. Il est pourtant un progrès
évident que celui d’avoir empêcher le sacrifice humain pour arrêter une
épidémie, en formant ces peuples à des règles d’hygiène, en formant des
médecins, en créant des écoles, en procurant de l’eau potable.[50]
Augustin :
- Bon, il semble que nous ayons fait le tour du problème
quant à l’origine et aux causes des mouvements de colonisation ; il nous
reste à aborder la méthode, les comportements et la décolonisation, ce sera le
sujet pour la prochaine réunion.
Scoty :
- On ne peut pas se quitter comme cela, sers-nous donc de
cette bonne bière de garde avec une rincette de genièvre, le temps d’une bonne
pipe.
Jules :
- Après un tel effort intellectuel, une consolation est
moralement légitime et si délicieusement gourmande… »
[1] Le célèbre psychanalyste Erich Fromm (1900-1980) démontre que la peur de la mort dans nos sociétés joue un rôle déterminant, une peur artificielle qui contribue aux comportements addictionnels. Cacher la réalité de la mort participe de la négation de la vie, de sa relativité et contribue à la perte du sens du sacré. Cette maladie de l’âme influe sur les comportements économiques. Nos sociétés manquent de vies de prière, elles reçoivent malheureusement de moins en moins de formation pour cela.
[2] Nous en sommes bien loin,
si nous nous en tenons au mini-traité de l’Union Européenne : "Le
vote du Parlement français rassemblé solennellement à Versailles le 4 février,
puis celui des deux chambres séparément le 7 février, va autoriser la
ratification du traité modificatif européen, dit de Lisbonne. Il est destiné à
remplacer le projet de Constitution, que Français et Hollandais ont rejeté par
voix référendaire en 2005.
L’incorporation dans le nouveau texte soumis aux élus de la nation de la Charte
européenne des droits fondamentaux accordera de fait à ce “mini-traité” une valeur juridique contraignante
pour les Etats signataires. Cette Charte représente sur plusieurs points une
rupture intellectuelle et morale avec les autres grandes formulations
juridiques internationales, en présentant une vision relativiste et évolutive
des droits de l’homme qui met en cause les principes du droit naturel.
Tout d’abord, la Charte stipule avec raison que “le droit de se marier
et de fonder une famille est garanti”. Mais elle se garde de spécifier le
sexe des conjoints. Elle dissocie
explicitement la notion de mariage, de celle de famille. Ceci
constitue une rupture avec la Déclaration universelle des droits de l’homme,
adoptée à l’ONU en 1948, laquelle définissait la famille comme l’union d’un
homme et d’une femme, et faisait d’elle le socle anthropologique de la société.
De même, le texte proposé, qui
consacre le principe de non-discrimination pour orientation sexuelle, ouvre
ainsi la porte à la jurisprudence européenne pour reconnaître l’équivalence de
tous les types de mariage, tant en ce qui concerne l’adoption
d’enfants que la procréation médicalement assistée (cf. la récente condamnation
de la France par la Chambre haute européenne des droits de l’homme, parce
qu’elle avait refusé l’adoption d’un enfant par une femme célibataire
homosexuelle). Progressivement, le
droit à
l’enfant prévaut sur le droit de l’enfant, en particulier celui de naître ou celui
d’avoir un père et une mère. Par ailleurs, la Charte restreint considérablement
le domaine de la protection de la vie humaine. S’il est
rappelé que seule la personne humaine a droit à la vie, la protection de
l’enfant à naître est mise en cause, puisque, selon l’un des derniers avis
rendus par le Tribunal européen, “l’enfant à naître n’est pas considéré
comme une personne”. L’embryon
humain, notamment in vitro, ne bénéficie plus d’une protection pénale. C’est
ainsi que la Charte interdit seulement le clonage à but reproductif sans jamais
mentionner le clonage embryonnaire à des fins thérapeutiques. Il s’agit, là
encore, d’un net recul par rapport aux précédents instruments juridiques
européens, en particulier par rapport à la Convention de bio-médecine du
Conseil de l’Europe adopté en 1997, qui précisait “qu’est interdite toute
intervention ayant pour but de créer un être humain génétiquement identique à
un autre être humain, vivant ou mort... ”. La recherche sur les embryons surnuméraires, le diagnostic
préimplantatoire, la fabrication d’embryons hybrides..., risque de ne plus être
encadrée sur le plan juridique. Enfin, la disparition de “l’interdiction
d’infliger à quiconque la mort intentionnellement”, comme le reconnaissait
la Convention européenne des droits de l’homme de 1950, ouvre-t-elle le champ à
une dépénalisation de l’euthanasie et du suicide médicalement assisté ?Dans sa
première encyclique Dieu est amour, Benoît XVI souligne que “L’Eglise
veut servir la formation des consciences dans le domaine politique et
contribuer à faire grandir les perceptions des véritables exigences de la
justice” [1]. Au moment où nos parlementaires vont se prononcer
sur le processus d’unification européenne, puissent-ils ne pas oublier les
fondements éthiques qui garantissent le respect de la personne humaine, depuis
sa conception jusqu’à sa mort naturelle, et qui sont
constitutifs d’une humanité respectueuse du droit des plus faibles". Texte
de monseigneur Rey évêque de Fréjus-Saint Raphaël
[3] Toute politique de civilisation passera obligatoirement par une politique de la vie ; on ne peut certes pas aujourd’hui retirer la loi Veil, mais on peut et l’on doit initier une politique qui favorise la vie sans laquelle une politique familiale n’a aucun sens.
[4] On peut considérer un retour théocratique chez les Réformés surtout chez les Anglicans ainsi que dans certains Etats allemands luthériens.
[5] Extraits tirés de La Nouvelle Histoire de l’Eglise tm. 2 éditions du Seuil.
[6] Ibidem
[7] Les Lumières, pour autant qu’on puisse les nommer ainsi, auront rendu un singulier service à l’Eglise Catholique en séparant radicalement les pouvoirs même si l’intention évidente était de combattre et détruire l’Eglise. Surtout qu’on ne change rien à la laïcité.
[8] Ibidem
[9] ibidem
[10] Ce formulaire et dit, la liturgie de saint Pierre, version grecque de la messe romaine avec des ajouts byzantins.
[11] Cette affaire dans laquelle se mêla l’ambition humaine et une bonne dose d’orgueil ainsi que ce besoin maladif d’uniformiser la liturgie par l’usage quasi exclusif du latin en référence à l’universalité de l’ancien Empire Romain contribua à nourrir la rupture avec Byzance. Cette doctrine maniaque nous coûtera aussi l’expansion en Asie, surtout en Chine. Il y a toujours eu en notre Eglise des fixismes et des intégrismes ravageurs tout autant qu’enfantins. II faudra peut être un jour écrire un livre dont le titre serait celui-ci : La Bêtise et le Saint.
[12] On comprend facilement le ressentiment de la hiérarchie orientale face à de telles exactions si radicalement contraires à la charité. Elles contribuèrent à la formation d’une culture qui fut résolument anti-romaine.
[13] Ceci étant, le Motu proprio est un acte heureux pour l’unité des catholiques et le règne de la charité qui signifie également unité. Il est tout à fait regrettable qu’on ait décidé la suppression des liturgies particulières comme celle de Lyon, de Coutances ou celles des ordres religieux antiques. La richesse liturgique avec ses diversités participait à l’affirmation des cultures régionales et ne portait nullement atteinte à la Réforme nécessaire du Concile Vatican II. Cette uniformisation est le fruit antique d’une vision romaine désuète et qui reste dommageable à l’Eglise Catholique.
[14] Tous les vivants sont des êtres, seul l’être humain est une personne qui transcende l’être animal.
[15] Seuls l’homme et la femme sourient, il n’est aucun vivant connu de la Création qui en est la capacité.
[16] Il est aussi le réflecteur des ascendances.
[17] Le terme regardant est encore en usage dans les régions du nord de la Loire : « il n’est pas regardant, c’est un regardant, il peut prendre sens d’avar.
[18] Lorsque Maximilien Kolbe prit la place du père de famille, faisant un pas vers l’officier tortionnaire et que celui-ci recula d’autant, on ne peut douter qu’il le fit en regardant son bourreau, sa peur devant le sacrifice offert de Maximilien fut produit entre autre par la découverte de la personne en ce prêtre.
[19] La beauté peut être laide et la laideur être belle.
[20] La révocation de l’Edit de Nantes fut une faute politique, morale et spirituelle, rien ne pouvait la justifier si ce n’est une conscience troublée par un orgueil triomphant.
[21] On a appris que ce fut une exigence des autres Etats membres, ils acceptaient la modification du traité à la condition de ne pas ratifier par référendum
[22] Paroles tirées d’un chant populaire liturgique : « allez vers le Seigneur parmi les chants d’allégresse… »
[23] 1. Cor. 3,9
[24] Rom. 11, 13-26
[25] Mat. 21, 33-43 par. ; cf. Isaïe 5, 1 s.
[26] Jean. 15, 1-5
[27] La révolution dressa l’homme contre son prochain mais le désespéra au point qu’il se dressa et se dresse toujours contre lui-même.
[28] 1 Cor.3, 9
[29] Mat. 21,42 par. ; Act. 4,11 ; 1Pierre 2,7 : Ps. 117, 22
[30] 1. Cor. 3,11
[31] 1 Tim. 3,15
[32] Eph. 2, 19-22
[33] Apoc. 21, 3
[34] 1 Pierre 2, 5
[35] Apoc. 21, 1 s.
[36] Il est évident que des constructions de cathédrales ou d’églises paroissiales ne fut pas tout le seul résultat de la foi, du pèlerinage ; nous le savons, telle la cathédrale de Béziers fut voulue pour manifester bien plus la supériorité de la commune que le résultat de la foi. Il en est de même avec la Basilique Saint Pierre de Rome même si elle témoigne du génie de l’homme, elle reste un scandale et l’une des causes qui décida Dieu de permettre le schisme de la Réforme. En cette époque désastreuse, la majorité de la hiérarchie subissait la conséquence de son orgueil, de sa vanité. La basilique de Saint Pierre de Rome est le témoignage de ce qu’il ne faut plus que l’Eglise soit à jamais.
[37] Gal. 4, 26 ; cf. Apoc. 12, 17
[38] Apoc. 19,7 ; 21,2 et 9 ; 22,17
[39] Eph. 5,26
[40] Eph. 5, 29
[41] Eph. 5, 24
[42] 3, 19
[43] 2. Cor. 5,6
[44] Col. 3,1-4
[45] C’est l’un des sens aboutis de la résurrection de Lazare, l’ami de Jésus. Les intégristes et autres traditionalistes qui restent accrochés à une Eglise triomphante dans son humanité prouvent l’inintelligence des Ecritures et celle bien plus grave des fins dernières ; ils s’imaginent une Eglise selon le mode pervers du Grand Siècle à l’image d’un roi soleil. Quand comprendrons-nous que rien n’est possible sans l’humilité que la gloire de l’Eglise est celle que Jésus voudra ben lui donner ?
[46] Cf.les travaux très développés d’Arnaud Dumouch, Forum Docteur Angélique.
[47] La confusion des affections procède généralement d’un puissant orgueil qui pervertit en introduisant et développant de multiples formes de concupiscences, cet avoir tragique.
[48] - Il fut mandaté par la République de Venise pour marcher sur la route de la soie mais son esprit de curiosité, sa soif de connaissance jouèrent un rôle de motivation supérieur.
[49] On sait maintenant que les religieux ne furent pas à l’origine de la conquête des Amériques, ils ne firent que suivre les armées, accompagner les hommes.
[50] Un ancien ministre prétendit que Jean-Paul II le grand lui aurait dit que les puissances occidentales souffriraient d’avoir été des colonisateurs ; je ne pense pas que ce pape ait pu parler comme cela ; sans doute faisait-il allusion davantage aux comportements pendant et surtout à la manière dont on pratiqua la décolonisation...