DE LA CITE DES HOMMES PHILEMON
RICHELIEUX |
LA LETTRE
CATHOLIQUE N°58 DIFFUSION GRATUITE - FAITES LA CONNAÎTRE – 4 décembre 2008 - " Est ce qui est ! Obéir à la Vérité pour mieux servir la Charité
" |
DU CONTENU POUR UNE DROITE SANS REPERES DEFINIS
La Droite ne s’est jamais
totalement remise des conséquences de la Seconde Guerre Mondiale ; en
effet, dans le contexte de l’après guerre et du conflit idéologique dit
« de la guerre froide », les tenants intellectuels des Gauches ont
sans cesse cherché à la culpabiliser, l’accusant de fascisme dès l’hors qu’elle
essayait de se faire entendre. On a, avec une malice démoniaque, tout fait pour
que la droite se confonde avec la collaboration soit de Vichy, soit du nazisme,
alors qu’il a été démontré que quatre-vingt-cinq pour cent des traitres
venaient de la Gauche[1].
Cette situation s’est
prolongée avec la mainmise de la Gauche sur le pouvoir culturel, dominant
l’édition, les médiats au point que France-Inter ait osé, en toute impunité,
déclarer son soutien à la Gauche lors de la dernière campagne
présidentielle. Cette station du Service
Public sévit depuis trop longtemps, déroulant sans vergogne une vertigineuse
malhonnêteté intellectuelle et culturelle.
La Cinquième République
aura aggravé le délitement intellectuel de la droite par une succession
législative anticipant les souhaits de la Gauche avec une étonnante lâcheté et
trahissant fondamentalement la majorité qui la portait au pouvoir.
La Gauche, aujourd’hui,
ne s’est toujours pas remise de l’effondrement idéologique et ne sait plus rien
proposer en remplacement si ce n’est que d’attiser les appétits les plus bas du
peuple envers lequel elle n’a de toute évidence que mépris.
Ce double constat amène
une conclusion d’évidence : il y a de fait un glissement de la grande
Gauche et de la grande Droite vers un point de convergence au rabais, car ne
nous laissons pas berner, le néolibéralisme est un covoiturage de la droite
vers la gauche. C’est l’affinage d’une sorte de rétro-sociale-démocratie, une
espèce de cyclone de la médiocrité intellectuelle, morale et spirituelle avec
un affaissement objectif des acquis sociaux et de toute la structure soutenant
jusqu’à présent la société. Un camembert riche de légionellose !
Le président Sarkozy veut
redéfinir les valeurs de la Droite ; pour cela, il faudrait tout d’abord
qu’il les identifie, mais y parviendra-t-il ? Autant, on peut comprendre
la nécessité du pragmatisme pour régler des situations d’urgence ou pour
réformer des institutions par trop embourbées ; autant, il convient
d’avertir que le tout pragmatisme se révèlera très vite insuffisant, car le
peuple a un urgent besoin de substance que nos politiques semblent bien en
peine de fournir. Et on ne peut indéfiniment faire illusion !
« Le problème, c’est qu’on a l’impression
qu’il s’agit davantage d’être dans l’air du temps que de se doter d’une
doctrine. Au fond, on a le sentiment que le président de la République a peur d’incarner un pouvoir qui passerait à
côté de la modernité. A force de vouloir brouiller les frontières. Le risque
est de ne plus les reconnaître et de perdre des électeurs au passage. »
(Hervé Martinon)
La prise de conscience de la nécessité de retrouver des repères, des valeurs propres à la « culture de Droite [2]» permet un faible espoir, encore faudra-t-il veiller à ce qu’elle ne devienne pas un autre artifice dans les mains de géniaux bateleurs…
« La Droite a cessé d’être conservatrice. La Gauche,
qui a perdu son leadership culturel, est absente sur le plan des idées. Ce qui
laisse à la Droite une grande marge de manœuvre pour redéfinir son champ et ses
valeurs. C’est l’occasion pour elle de remettre en question beaucoup de ses
fondements, d’opérer un vrai travail de rénovation idéologique. » (P.
Devedjian)
La Droite n’a pas besoin d’une rénovation idéologique, mais de fonder une
véritable doctrine dans laquelle triompherait le bon sens et le courage moral.
La Droite, mais aussi une
certaine Gauche, ne pourra retrouver certains repères substantiels sans revenir
aux fondamentaux des sociétés occidentales qui se trouvent dans l’humus de la
civilisation chrétienne.
Elle ne pourra échapper à
la nécessité de revenir sur le concept de la famille en la reprenant pour
fondement de la société ; elle doit la considérer comme le référent absolu
pour toutes les réformes qui touchent à la société et à son économie.
Le fait de ne pouvoir
actuellement revenir sur les lois qui sont attentatoires à la loi morale
naturelle ne saurait empêcher l’émergence d’une politique pro-vie afin de
marginaliser le plus possible les pratiques contre nature qu’elles induisent.
La Droite doit aussi
réfléchir sur le concept de modernité
qui, jusqu’à présent, entre dans les discours comme élément despotique de la
pensée dominante pour autant qu’il y ait aujourd’hui une pensée dominante[3] !
Car la vie politique européenne apparait de plus en plus comme suspendue aux
enchères, car c’est aujourd’hui à celui qui offrira le plus à la médiocrité.
En définitive, ce n’est
pas aux partis politiques de redéfinir et d’identifier de nouveaux repères,
mais c’est aux intellectuels d’y pouvoir ; encore faudrait-il que ceux-ci
s’affirment explicitement et que ceux-là les laissent s’exprimer et les
entendent. Question : quels sont les liens effectifs du pouvoir actuel
avec les intellectuels ? Un encéphalogramme plat !
On ne comprend plus les
raisons qui poussent l’UMP à accepter un élargissement à Gauche au nom d’un
principe d’ouverture que justifierait le pragmatisme du président
Sarkozy ? Aima-t-elle à ce point se faire botter le cul ! La majorité
n’est-elle pas le garant des voix qui la portent ? N’a-t-elle pas la
lucidité d’observer qu’elle devient un outil minoré dans le jeu politicien de
ce gouvernement ? Comment ses élus et ses adhérents peuvent-il à ce point
faire preuve de si peu de respect d’eux-mêmes ?
Il semble peu probable
que des élus de droite parviennent à remonter la situation, certainement pas en
restant dans le cadre de l’UMP, et parce que la situation atteint une telle
profondeur de décadence et de médiocrité que l’urgence n’est sans doute plus
dans une refondation de la Droite ou des Droites. La solution se trouve dans
une prise de conscience morale où la seule urgence est la nécessité de
s’opposer en affirmant son attachement au respect de la loi morale naturelle ;
ce qui ferait se rejoindre des hommes et des femmes aux idéologies différentes,
mais unissant leurs qualités sur une unique plate-forme composée de valeurs non
négociables.
Les responsables d’un tel
mouvement doivent avoir préalablement identifié les causes de cette
décadence : l’humanisme sans Dieu…