DIFFUSION GRATUITE - FAITES LA
CONNAÎTRE – 5 OCTOBRE 2008 - " Est ce qui est ! Obéir à
la Vérité pour mieux servir la Charité "
VISITE PASTORALE DE
BENOIT XVI EN FRANCE suite…
ETUDE ET COMMENTAIRES DES DISCOURS Pierre-Charles Aubrit Saint
Pol |
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Sommaire
VISITE PASTORALE DE BENOIT XVI
EN FRANCE suite…
Discours de Benoît XVI aux évêques de
France
NOTRE JEUNESSE – SOURIRE DE L’AVENIR
Messieurs
les Cardinaux,
Très chers Frères dans l'Épiscopat (Ici)
« Cette
salle est située à un endroit privilégié près de la grotte et des basiliques
mariales. Certes, les visites ad limina vous font rencontrer régulièrement le
Successeur de Pierre à Rome, mais ce moment, que nous vivons, nous est donné
comme une grâce pour réaffirmer les liens étroits qui nous unissent dans le
partage du même sacerdoce directement issu de celui du Christ rédempteur. Je
vous encourage à continuer à travailler dans l'unité et la confiance, en pleine
communion avec Pierre qui est venu pour raffermir votre foi. Bien nombreuses
sont actuellement vos préoccupations ! Je sais que vous avez à cœur de
travailler dans le nouveau cadre défini par la réorganisation de la carte des
provinces ecclésiastiques, et je m'en réjouis vivement. Je voudrais profiter de
cette occasion pour réfléchir avec vous sur quelques thèmes que je sais être au
centre de votre attention. »
Benoît XVI réaffirme qu’il est l’unique
successeur de Pierre. Il s’adresse à ses frères dans l’épiscopat en cette
qualité, rappelant qu’il est le lien visible de l’unité, unité par laquelle
tous ses frères évêques partagent directement le sacerdoce du Christ. C’est un
rappel à l’ordre.
Cette unité n’est pas de pure
convention disciplinaire, ni une vue de l’esprit, elle procède d’un principe
d’autorité que le successeur de Pierre incarne et assume visiblement. Les
pasteurs ne peuvent se distraire de ce principe d’unité sans prendre le risque
de la distendre et donc d’affaiblir l’Eglise qui est voulue par Jésus-Christ [1].
Si l’évêque est indubitablement
le patron de son diocèse, son autorité n’est légitime que par sa communion
réaliste, concrète au pape qui est le garant du Magistère. L’ordinaire doit se
soumettre, en sa qualité de baptisé et de successeur des apôtres, à l’autorité
du Magistère qui est assumée et garantie visiblement par l’Evêque de Rome en sa
qualité de successeur de Pierre en communion avec l’ensemble de ses frères
évêques qui lui sont subordonnés.
Il poursuit en assurant les
évêques de sa sollicitude quant aux préoccupations qui les occupent et dont il
fait siennes.
Il prend acte de leur adhésion à
la nouvelle réorganisation des provinces ecclésiastiques qui sont plus
conformes aux réalités sociologiques de notre temps ; ce qui permet une
unité d’action pastorale, instrument nécessaire pour affronter les défis
auxquels l’Eglise de France est confrontée.
Benoît XVI entre de plein-pieds
dans le champ pastoral de notre Eglise :
« L'Église
- Une, Sainte, Catholique et Apostolique - vous a enfantés par le Baptême. Elle
vous a appelés à son service ; vous lui avez donné votre vie, d'abord comme
diacres et prêtres, puis comme évêques. Je vous exprime toute mon estime pour
ce don de vos personnes : malgré l'ampleur de la tâche, que ne vient pas
diminuer l'honneur qu'elle comporte – honor, onus ! – vous accomplissez
avec fidélité et humilité la triple tâche qui est la vôtre : enseigner,
gouverner, sanctifier suivant la Constitution Lumen Gentium (nn.
25-28) et le décret Christus
Dominus. Successeurs des Apôtres, vous représentez le Christ à la tête des
diocèses qui vous ont été confiés, et vous vous efforcez d’y réaliser le
portrait de l'Évêque tracé par saint Paul ; vous avez à grandir sans cesse dans
cette voie, afin d'être toujours plus « hospitaliers, amis du bien,
pondérés, justes, pieux, maîtres de vous, attachés à l'enseignement sûr,
conformes à la doctrine » (cf. Tt 1, 8-9).
Le
pape revient sur l’enracinement sacramentel de la consécration
épiscopale : la mention du baptême, leur rappelle qu’ils ne doivent pas
oublier que, quoiqu’évêques, ils n’en sont pas moins invités à se sanctifier, à
devenir saints comme notre Père des Cieux « Soyez saints comme mon
Père. [2]» La
tentation est grande, dès qu’on exerce une autorité, d’oublier cette exigence.
En poursuivant dans la réception descriptive des ordres, il souligne que la
consécration épiscopale est un appel spécifique au sein même de leur vocation,
mais aussi de leur baptême.
Le
pape rend hommage au don qu’ils ont fait de leur personne pour le service de la
Charité par laquelle toute gloire est rendue à Dieu. Il revient sur les
exigences induites à cet appel spécifique : « vous
accomplissez avec fidélité et humilité la triple tâche qui est la vôtre :
enseigner, gouverner, sanctifier suivant la Constitution Lumen Gentium (nn.
25-28) et le décret Christus
Dominus. » Il associe la fidélité à l’humilité, ici le concept de fidélité est celui
d’un lien particulier qui rejoint le cœur même du mystère de la Rédemption, une
fidélité qui communie à l’intention originelle du Christ : « le Salut
annoncé au monde. » Il rappelle la nécessité de suivre et d’appliquer les
enseignements du Saint Concile Vatican II. La suite de ce passage souligne la
grandeur de leur mission : « Successeurs
des Apôtres, vous représentez le Christ à la tête des diocèses qui vous ont été
confiés, et vous vous efforcez d’y réaliser le portrait de l'Évêque tracé par
saint Paul ; vous avez à grandir sans cesse dans cette voie, afin d'être
toujours plus « hospitaliers, amis du bien, pondérés, justes, pieux, maîtres
de vous, attachés à l'enseignement sûr, conformes à la doctrine » (cf. Tt
1, 8-9). » Ce
passage magistral sera-t-il entendu par nos évêques ? Pourront-ils
échapper, retarder encore longtemps un nécessaire examen de conscience[3] ?
«Le peuple
chrétien doit vous considérer avec affection et respect. Dès les origines, la
tradition chrétienne a insisté sur ce point : « Tous ceux qui sont à Dieu et
à Jésus-Christ, ceux-là sont avec l'Évêque », disait saint Ignace
d'Antioche (Aux Philad. 3, 2), qui
ajoutait encore : « celui que le maître de maison envoie pour administrer sa
maison, il faut que nous le recevions comme celui-là même qui l'a envoyé » (Aux
Eph. 6, 1). »
L’image
de l’évêque est très male perçue, elle l’est depuis le Concile Vatican II.
Au
fon de lui, le peuple ne demande qu’à aimer son pasteur et, par un mouvement
spontané, il est porté à lui faire confiance, à s’attacher à lui, à l’aimer… Le
peuple de Dieu a besoin d’un pasteur aux positions claires, il a besoin de
sentir en lui le prêtre réellement soucieux de l’amener au Salut par une
pastorale qui réponde aux alertes de son âme. Si l’évêque doit défendre la
Doctrine fermement, il doit le faire dans la charité ; de même que le
peuple n’a que faire de la bonhomie de son pasteur. Il veut se sentir chez lui
avec son évêque, dans une communion qui ne soit pas simplement une vue
intellectuelle, ni banalement affective. Il veut la ressentir comme une réalité,
il en a besoin ; c’est la raison qui exige que l’évêque d’un diocèse soit
uni et obéissant au siège de Pierre et au Magistère. Le peuple doit voir le
Père en son pasteur et la mère en son Eglise, sa paroisse. « Mon Dieu,
Seigneur comme nous en sommes loin ! »
Il
y a de cela quelques 12 ans, un père jésuite avec qui je m’entretenais du
retour à l’unité d’une partie des intégristes, me fit cette réflexion :
« s’agit-il d’un retour à Rome incluant l’évêque du lieu ou un retour à
Rome par opposition à l’évêque du lieu ?
Je
n’ai pas osé dire le fond de ma pensée qui me paraissait une évidence ;
c’est bien parce que l’image de l’évêque est plus que brouillée que nos regards
se tournent vers le Saint Siège qui, de part la qualité de ses successeurs,
donne une garantie d’authenticité, de fiabilité. Le pape est sincère ! Le
pape est notre Père commun universel ! C’est un concept qui est
parfaitement intégré pour un petit nombre de catholiques vivant humblement et
dans un réel esprit de communion avec le Christ ; ce même sentiment se
trouve plus diffus mais non moins réel chez les autres. Bien des difficultés
seraient réglées si ce concept se rapprochait de la généralité des baptisés[4].
« Votre
mission, spirituelle surtout, consiste donc à créer les conditions nécessaires
pour que les fidèles puissent « chanter d'une seule voix par Jésus-Christ un
hymne au Père » (Ibid.
4, 2) et faire
ainsi de leur vie une offrande à Dieu. Vous êtes à juste titre convaincus que,
pour faire grandir en chaque baptisé le goût de Dieu et la compréhension du
sens de la vie, la catéchèse est
d’une importance fondamentale. Les deux instruments principaux dont vous
disposez, le Catéchisme de
l'Église catholique et le Catéchisme des Évêques de France
constituent de précieux atouts. Ils donnent de la foi catholique une synthèse
harmonieuse et permettent d'annoncer l'Évangile dans une fidélité réelle à sa
richesse. La catéchèse n'est pas d'abord affaire de méthode, mais de contenu,
comme l'indique son nom même : il s'agit d'une saisie organique (kat-echein) de l'ensemble de la révélation chrétienne, apte à
mettre à la disposition des intelligences et des cœurs la Parole de Celui qui a
donné sa vie pour nous. De cette manière, la catéchèse fait retentir au cœur de
chaque être humain un unique appel sans cesse renouvelé : « Suis-moi » (Mt 9, 9). Une soigneuse préparation des catéchistes permettra la
transmission intégrale de la foi, à l’exemple de saint Paul, le plus grand
catéchiste de tous les temps, vers lequel nous regardons avec une admiration
particulière en ce bimillénaire de sa naissance. »
Le
problème de la catéchèse est, dans bien des diocèses, un scandale, un problème
récurent. Son état est si douloureux, qu’il nourrit notre honte et illustre
dramatiquement la profondeur de la crise dont notre Eglise de France
peine tant à se remettre. Il y a en ce domaine, des pouvoirs malsains qui ne
cessent d’œuvrer au maintien d’options décidées, il y a de cela 40 ans. C’est
l’un des domaines de notre Eglise qui soit le plus aliéné par des choix
idéologiques persistants. Dans ce domaine, on peut qualifier certains aspects
de cette crise de véritable apostasie.
Il
y a des établissements scolaires religieux qui sont quasiment des zone de refus
de toute catéchèse, à moins d’en passer par des quartons indignes, véritables
fossoyeurs de l’espérance. Il n’est pas rare que la décision de ne pas prendre
de décision sur ce problème vienne des membres du Conseil pour la gestion
financière des établissements scolaires, et l’on voit de vieilles ombres
accrochées aux ruines soixante-huitardes imposer encore leur dictat en présence
de l’évêque qui bien sûr se tait…
Trop
de bénévoles, pour son enseignement, sont choisies dans des optiques qui n’ont
rarement affaire avec l’intérêt du diocèse. Il faut être du sérail !
Rassurer, ne pas déranger ! Et notre jeunesse vit une vertigineuse
indigence doctrinale ! Certes, des diocèses se réveillent et bien des
jeunes prêtres reprennent leur autorité là où leurs prédécesseurs l’avaient
abandonnée. Mais quel gâchis ! Il nous faut des catéchumènes qui se
soumettent à l’autorité du Magistère et des évêques qui les soutiennent.
Le
Saint Père fait preuve d’un réalisme et d’un humour féroce !
« L'Évêque et
les communautés de fidèles doivent, pour ce qui les concerne, favoriser et
accueillir les vocations sacerdotales et religieuses, en s'appuyant sur la
grâce que donne l'Esprit Saint pour opérer le discernement nécessaire. Oui,
très chers Frères dans l'épiscopat, continuez à appeler au sacerdoce et à la
vie religieuse, tout comme Pierre a lancé ses filets sur l'ordre du Maître,
alors qu'il avait passé la nuit à pêcher sans rien prendre (cf. Lc 5, 5). »
Le
problème des vocations est, en autre chose, la conséquence du délitement de la
catéchèse. Dans certains diocèse dont le mien, il n’est guère évident de
comprendre sur quels critères l’évêque et son conseil s’appuient pour le discernement
des vocations. Dans mon diocèse, c’est de nouveau hélas, en fonction de
sensibilités qui n’ont rien avoir avec la charité et la prudence évangélique
que sont rejetés les postulants.
Les maux de la catéchèse se transportent, avec
une dramatique accrue, dans l’appel aux vocations. Certains pasteurs
privilégiant l’excroissance du diaconat permanent plutôt que l’éveil de
vocations sacerdotales, souvent par choix idéologiques. On a vu des communautés
paroissiales habituées des liturgies
sans prêtres, redouter le retour de celui-ci par crainte de perdre leur petit
et excessif pouvoir.
Comment
espérer des vocations sur un terreau si blessé, désertifié par la connaissance
doctrinale et si dramatiquement déserté par la pratique de la prière et
des sacrements ?
Eglise
de France, tu as toujours aussi mal à ton âme !
« On ne dira
jamais assez que le sacerdoce est indispensable à l'Église, dans l'intérêt même
du laïcat. Les prêtres sont un don de Dieu pour l'Église. Les prêtres ne
peuvent déléguer leurs fonctions aux fidèles en ce qui concerne leurs missions
propres. Chers Frères dans l'épiscopat, je vous invite à rester soucieux
d'aider vos prêtres à vivre dans une union intime
avec le Christ. Leur vie spirituelle est le fondement de leur vie apostolique.
Vous les exhorterez avec douceur à la prière quotidienne et à la célébration
digne des Sacrements, surtout de l'Eucharistie et de la Réconciliation, comme
le faisait saint François de Sales pour ses prêtres. Tout prêtre doit pouvoir
se sentir heureux de servir l'Église. A l'école du curé d'Ars, fils de votre
terre et patron de tous les curés du monde, ne cessez pas de redire qu'un homme
ne peut rien faire de plus grand que de donner aux fidèles le corps et le sang
du Christ, et de pardonner les péchés. Cherchez à être attentifs à leur
formation humaine, intellectuelle et spirituelle et à leurs moyens d'existence.
Essayez, malgré le poids de vos lourdes occupations, de les rencontrer
régulièrement et sachez les recevoir comme des frères et des amis (cf. LG 28 et CPE 16). Les prêtres ont besoin de
votre affection, de votre encouragement et de votre sollicitude. Soyez proches
d'eux et ayez une attention particulière pour ceux qui sont en difficulté,
malades ou âgés (cf. CPE
16). N'oubliez
pas qu'ils sont comme le dit le Concile Vatican II, reprenant la superbe
expression utilisée par saint Ignace d'Antioche aux Magnésiens, « la
couronne spirituelle de l'Évêque » (LG 41). »
Oui,
le prêtre est un don de Dieu pour l’Eglise, mais combien de catholiques, de nos
jours, le perçoivent de cette juste façon ?
Les
abus liturgiques, le non-respect du canon et des directives contribuent non
seulement à la désacralisation des sacrements et donc celle de la charge
sacerdotale, mais nourrissent aussi une confusion d’identification du prêtre et
du laïcat.
Il
importe que le célébrant respecte à la lettre la discipline liturgique, c’est
l’une des conditions pour qu’il retrouve, en relief, son identité, ce qui
aidera les laïcs à retrouver la leur et leur place. Ni la communion dans la
charité, ni l’union ne justifient la confusion des vocations ni des identités
sacramentelles.
On
peut encore voir des prêtres refuser de confesser sous prétexte d’un manque de
temps ; décourager des pénitents à la réconciliation. Mais quel sera le
devenir de ces prêtres qui ne savent plus se laisser déranger pour le service
de la Miséricorde divine ?
Enfin,
il importe beaucoup que les prêtres se sentent aimés et soutenus dans leur dur
labeur par leur évêque, que celui-ci soit plus souvent dans son diocèse que
dans des déplacements improbables. Sa solidarité ecclésiale est plus que jamais
une exigence : Sacerdotii – Nostri Primordia http://lescatholiques.free.fr/
« […]
c’est la situation de la famille.
Nous savons que le couple et la famille affrontent aujourd'hui de vraies
bourrasques. Les paroles de l’évangéliste à propos de la barque dans la tempête
au milieu du lac peuvent s’appliquer à la famille : « Les vagues se jetaient
sur la barque, si bien que déjà elle se remplissait » (Mc 4, 37). Les facteurs qui ont amené
cette crise sont bien connus, et je ne m'attarderai donc pas à les énumérer.
Depuis plusieurs décennies, des lois ont relativisé en différents pays sa
nature de cellule primordiale de la société. Souvent, elles cherchent plus à
s'adapter aux moeurs et aux revendications de personnes ou de groupes
particuliers, qu'à promouvoir le bien commun de la société. L'union stable d'un
homme et d'une femme, ordonnée à la construction d'un bonheur terrestre grâce à
la naissance d'enfants donnés par Dieu, n'est plus, dans l'esprit de certains,
le modèle auquel l’engagement conjugal se réfère. Cependant l’expérience
enseigne que la famille est le socle sur lequel repose toute la société. De
plus, le chrétien sait que la famille est aussi la cellule vivante de l'Église.
Plus la famille sera imprégnée de l'esprit et des valeurs de l'Évangile, plus
l'Église elle-même en sera enrichie et répondra mieux à sa vocation. D’ailleurs
je connais et j’encourage vivement les efforts que vous faites afin d'apporter
votre soutien aux différentes associations qui oeuvrent pour aider les familles.
Vous avez raison de maintenir, même à contre-courant, les principes qui font la
force et la grandeur du Sacrement de mariage. »
Le problème
de la pastorale familiale vient de ce qu’elle ne prend pas en compte dans une
communion réaliste l’ensemble des espaces dans lesquels la famille se trouve
engagée.
Les parents
catholiques qui persévèrent à mettre leurs enfants dans des établissements
religieux ne se sentent nullement soutenus[5].
La pastorale familiale doit renouveler son regard et englober l’ensemble de ces
espaces dans lesquels la cellule familiale se trouve naturellement partie
prenante.
Le problème
de la discipline sacramentelle du mariage n’est certes pas mince, mais il est
peu de chose par rapport à celui de la solitude dans laquelle les parents se
trouvent trop souvent confrontés et subissent une profonde désolation. Il y a
le sentiment douloureux que la hiérarchie n’est absolument pas préparée à
investir ce champ d’action par manque de connaissances objectives.
Il règne
encore dans notre Eglise de France, un sentiment prétentieux de considérer la
vocation sacerdotale comme la seule vocation, que tous les autres états de vie,
surtout vis-à-vis des laïcs, ne sont que secondaires, une sorte d’accident.
Alors que justement, la vocation sacerdotale ne se comprend bien qu’en partant
de la famille, que les vœux religieux ne s’illuminent vraiment qu’à partir du
sacrement du mariage.
Si ce
sentiment est si persistant, c’est que son origine se trouve dans la problématique
de l’identification de la vocation sacerdotale et des laïcs qui se traduit par
une hypertrophie identitaire du sacerdoce - vrai dans les milieux
traditionnalistes et conservateurs - vrai dans les milieux progressistes avec
un effondrement.
La
perception du sacerdoce, à la lumière de l’Evangile, est la vocation ordinaire
de l’homme tirée dans l’extraordinaire par le Christ lui-même ; mais cette
vocation spécifique n’est pourtant pas supérieure ni inférieure aux autres
appels dans le Corps du Christ. Sa nature est extraordinaire, oui et doit être
identifiée comme telle, mais elle n’est pas supérieure dans l’ordre du corps
mystique du Christ. Toutes les vocations, toutes, œuvrent, à leur place, au
Salut du monde, car tout baptisé, quelle que soit sa vocation et à travers elle,
est appelé à la même exigence : devenir saint comme notre Père dans les
cieux.
Lors de la confirmation de notre dernière
enfant, ma femme et moi fûmes invités avec d’autres parents à rencontrer
l’évêque. La réunion dura plus d’une heure : notre pasteur passa celle-ci à
solliciter le témoignage des enfants sur leur parcours spirituel. Il sollicita
celui des parents sur le même thème. On termina la réunion sans qu’on ait reçu
la moindre parole d’encouragement, sans qu’il ait été fait la moindre allusion
à nos difficultés. Nous avons quitté cette réunion déçus et profondément
découragés, précipités dans un sentiment de solitude parfaitement inimaginable
et profondément injuste. Nous trouvions là, la confirmation du manque de
formation et d’intérêts de nos pasteurs pour nous parents à qui régulièrement
on demande tout, qu’on ose accuser d’abandon, sans jamais recevoir le moindre
témoignage de sollicitude. Il y a actuellement, dans la réalité de la
pastorale, le constat objectif d’une « désinculturation » de l’Eglise
pour la famille. La cause en est également due à la désagrégation de la
communauté paroissiale, souvent désassemblée par des clivages inadmissibles
quand ceux-ci offensent la charité la plus élémentaire, le refus d’accepter
l’autorité du Magistère a là aussi son influence.
« Les jeunes,
je le sais bien, chers Frères, sont au centre de vos préoccupations. Vous leur
consacrez beaucoup de temps, et vous avez raison. Ainsi que vous avez pu le
constater, je viens d'en rencontrer une multitude à Sydney,
au cours de la Journée Mondiale de la Jeunesse. J'ai apprécié leur enthousiasme
et leur capacité de se consacrer à la prière. » Je reviendrai
sur l’étude de ce sujet à la fin du document en le joignant à l’adresse du pape
faite aux jeunes à Paris.
« A l'Élysée,
j'ai évoqué l'autre jour l'originalité
de la situation française que le Saint-Siège désire respecter. Je suis
convaincu, en effet, que les Nations ne doivent jamais accepter de voir
disparaître ce qui fait leur identité propre. Dans une famille, les différents
membres ont beau avoir le même père et la même mère, ils ne sont pas des
individus indifférenciés, mais bien des personnes avec leur propre singularité.
Il en va de même pour les pays, qui doivent veiller à préserver et développer
leur culture propre, sans jamais la laisser absorber par d'autres ou se noyer
dans une terne uniformité. « La Nation est en effet, pour reprendre les
termes du Pape Jean-Paul II, la grande communauté des hommes qui sont unis
par des liens divers, mais surtout, précisément, par la culture. La Nation
existe "par" la culture et "pour" la culture, et elle est
donc la grande éducatrice des hommes pour qu'ils puissent "être davantage"
dans la communauté » (Discours à l'UNESCO, 2 juin 1980, n.
14). Dans cette perspective, la mise
en évidence des racines chrétiennes de la France
permettra à chacun des habitants de ce Pays de mieux comprendre d'où il vient et où il va. Par conséquent, dans le
cadre institutionnel existant et dans le plus grand respect des lois en
vigueur, il faudrait trouver une voie nouvelle pour
interpréter et vivre au quotidien les valeurs fondamentales sur lesquelles
s’est construite l’identité de la Nation. Votre Président en a évoqué la
possibilité. »
Le Saint
Père encourage nos évêques à s’affranchir définitivement des oppressions
culturelles découlant des drames des deux guerres mondiales et surtout des
courants pervertis de 68.
L’Eglise de
France a son propre héritage, une identité spécifique qu’elle ne doit pas
ignorer et envers laquelle, il ne convient pas non plus de nourrir un
quelconque sentiment de gêne, de culpabilité. Il ne faut pas hésiter à affirmer
notre culture dans notre témoignage. Il y a des liens particuliers entre la
Nation Française et l’Eglise, des liens qui lui ont permise de se construire.
Rien ne justifie la négation de nos racines. Ce conseil de Benoît XVI vaut d’autant
que nous sommes confrontés à une forte émigration, l’Eglise a donc un rôle
éminent à assumer en découvrant sa richesse culturelle née sur notre sol, née
dans la Nation qui les accueille.
« Les présupposés
sociopolitiques d’une antique méfiance, ou même d’hostilité, s'évanouissent peu
à peu. L'Église ne revendique pas la place de l'État. Elle ne veut pas se
substituer à lui. Elle est une société basée sur des convictions, qui se sait
responsable du tout et ne peut se limiter à elle-même. Elle parle avec liberté,
et dialogue avec autant de liberté dans le seul désir d'arriver à la
construction de la liberté commune. Une saine collaboration entre la Communauté
politique et l’Église, réalisée dans la conscience et le respect de
l’indépendance et l’autonomie de chacune dans son propre domaine, est un
service rendu à l’homme, ordonné à son épanouissement personnel et social. De
nombreux points, prémices d'autres qui s'y ajouteront selon les nécessités, ont
déjà été examinés et résolus au sein de l’ « Instance de Dialogue entre
l’Église et l’État ». En vertu de sa mission propre et au nom du Saint-Siège,
le Nonce Apostolique y siège naturellement, lui qui est appelé à suivre
activement la vie de l’Église et sa situation dans la société. »
Le
Saint Père encourage tous les catholiques à s’engager dans la vie de la cité y
compris dans le combat politique. Le dialogue avec les instances dirigeantes
est nécessaire et permet de renforcer l’unité nationale puisqu’on en est plus à
l’exclusion ; toutefois, il semble qu’il faille être attentif à ce que ce
dialogue ne brouille pas l’exigence évangélique. Mais il est tout à fait
certain que l’Eglise n’a pas à revendiquer la place de l’Etat et que celui-ci n’a
pas à intervenir dans le fonctionnement de celle-ci.
« Comme
vous le savez, mes prédécesseurs, le bienheureux Jean XXIII, ancien Nonce à
Paris, et le Pape Paul VI, ont voulu des Secrétariats qui sont devenus, en
1988, le Conseil Pontifical pour la promotion de l'Unité des Chrétiens et le Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux. S'y
ajoutèrent très vite la Commission pour les Rapports Religieux avec le Judaïsme et la Commission pour les
Rapports Religieux avec les Musulmans.
Ces structures sont en quelque sorte la reconnaissance institutionnelle et
conciliaire des innombrables initiatives et réalisations antérieures. Des
commissions ou conseils similaires se trouvent d'ailleurs dans votre Conférence
Épiscopale et dans vos Diocèses. Leur existence et leur fonctionnement
démontrent la volonté de l'Église d'aller de l'avant dans le dialogue bilatéral. La récente
Assemblée plénière du Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux a mis
en évidence que le dialogue authentique demande comme conditions fondamentales
une bonne formation pour ceux qui le promeuvent, et un discernement éclairé
pour avancer peu à peu dans la découverte de la Vérité. L'objectif des
dialogues œcuménique et interreligieux, différents naturellement dans leur
nature et leur finalité respective, est la recherche et l’approfondissement de
la Vérité. Il s'agit donc d'une tâche noble et obligatoire pour tout homme de
foi, car le Christ lui-même est la Vérité. La construction des ponts entre les
grandes traditions ecclésiales chrétiennes et le dialogue avec les autres
traditions religieuses, exigent un réel effort de connaissance réciproque, car
l'ignorance détruit plus qu'elle ne construit. Par ailleurs, il n'y a que la
Vérité qui permette de vivre authentiquement le double Commandement de l'Amour
que nous a laissé Notre Sauveur. Certes, il faut suivre avec attention les
différentes initiatives entreprises et discerner celles qui favorisent la
connaissance et le respect réciproques, ainsi que la promotion du dialogue, et
éviter celles qui conduisent à des impasses. La bonne volonté ne suffit pas. Je
crois qu'il est bon de commencer par l'écoute, puis de passer à la discussion
théologique pour arriver enfin au témoignage et à l'annonce de la foi elle-même
(cf.
Note
doctrinale sur certains aspects de l'évangélisation, n. 12, 3
décembre 2007). Puisse l'Esprit Saint vous
donner le discernement qui doit caractériser tout Pasteur ! Saint Paul
recommande : « Discernez la valeur de toute chose. Ce qui est bien, gardez-le
! »
(1 Th 5, 21). La société globalisée,
pluriculturelle et pluri-religieuse dans laquelle nous vivons, est une
opportunité que nous donne le Seigneur de proclamer la Vérité et d'exercer
l'Amour afin d'atteindre tout être humain sans distinction, même au-delà des
limites de l'Église visible. »
Les
recommandations de Benoît XVI sur l’œcuménisme sont une reprise d’autres
interventions sur le même sujet, elles vont toutes dans le même sens, « être
prudent ». Trop souvent, dans les années passées, on eut le sentiment que
l’œcuménisme se faisait aux dépends des catholiques. Des discours qui
développaient des sentiments confus d’humiliation, de fausse culpabilité dus à
une ignorance crasse en matière d’histoire et également par des infestations
idéologiques qui n’ont pas leur place dans un dialogue interreligieux.
Il faudrait
peut-être envisager des rencontres festives entre laïcs à l’initiative des
hiérarchies respectives. Je crois que, dans le respect mutuel, sans rien renier
de ce que l’on est, on devrait activer des rencontres festives et culturelles
pour faire rempart aux fondamentalismes
et autres intégrismes qui sont autant d’atteintes contre la paix et la
dignité de l’homme et l’unité de la Nation. Peut-être pourrions-nous également,
au niveau d’un diocèse, se concerter dans le cadre des relations
interreligieuses en vue d’actions communes face aux dérives de lois qui
combattent la loi morale naturelle.
Le plus
grand défi actuellement est celui d’une apostasie générale de croyants à cause
de ces lois contre natures qui sont autant de facteurs œuvrant à l’effacement
dans la mémoire collective de l’humanité de l’idée même de Dieu[6].
« L'année
qui a précédé mon élection au Siège de Pierre, j'ai eu la joie de venir dans
votre pays pour y présider les cérémonies commémoratives du soixantième
anniversaire du débarquement en Normandie. Rarement comme alors, j'ai senti
l'attachement des fils et des filles de France à la terre de leurs aïeux. La
France célébrait alors sa libération temporelle, au terme d'une guerre cruelle
qui avait fait de nombreuses victimes. Aujourd’hui, c'est surtout en vue d’une
véritable libération spirituelle qu'il convient d'œuvrer. L'homme a toujours
besoin d'être libéré de ses peurs et de ses péchés. »
Les
nations ont le plus grand besoin d’une libération du péché, d’une libération
spirituelle ; le sens de la visite pastorale de Benoît XVI est ici
donné : il est venu nous ouvrir à la part spirituelle qui nous manque.
Qu’allons-nous faire ?
« L'homme
doit sans cesse apprendre ou réapprendre que Dieu n'est pas son ennemi, mais
son Créateur plein de bonté. L'homme a besoin de savoir que sa vie a un sens et
qu'il est attendu, au terme de son séjour sur la terre, pour partager à jamais
la gloire du Christ dans les cieux. Votre mission est d'amener la portion du
Peuple de Dieu confiée à vos soins à la reconnaissance de ce terme glorieux.
Veuillez trouver ici l'expression de mon admiration et de ma gratitude pour
tout ce que vous faites afin d'aller en ce sens. Veuillez être assurés de ma prière
quotidienne pour chacun de vous. Veuillez croire que je ne cesse de demander au
Seigneur et à sa Mère de vous guider sur votre route. »
Comment
éduquer le regard intérieur d’abord des baptisés puis des autres hommes et
femmes pour qu’ils découvrent que Dieu n’est en rien leur ennemi, mais qu’il
est leur fin surnaturelle et glorieuse ?
-
Ne faudrait-il pas commencer par enseigner le Nom même de Dieu ?
-
Ne faudrait-il également enseigner sur ce qu’est Dieu et son plan
d’amour ?
-
Quand allons-nous avoir une catéchèse et une prédication qui nous mène à
l’union transformante, clef nécessaire à toute sanctification ?
« Soyez saints comme votre Père des Cieux ! »
Benoît XVI rencontre les jeunes sur le
parvis de Notre-Dame de Paris
« Le premier se rapporte au thème choisi pour
Sydney. Il est aussi celui de votre veillée de prière qui va débuter dans
quelques instants. Il s'agit d'un passage tiré des Actes des Apôtres, livre que
certains appellent fort justement l'Évangile de l'Esprit Saint : « Vous
allez recevoir une force, celle du Saint-Esprit qui viendra sur vous. Alors
vous serez mes témoins » (Ac 1, 8). Sydney a
fait redécouvrir à de nombreux jeunes l'importance
de l'Esprit Saint dans la vie du chrétien. L'Esprit nous met intimement en
rapport avec Dieu, chez qui se trouve la source de toute richesse humaine
authentique. Tous, vous cherchez à aimer et à être aimés ! C'est vers Dieu que vous devez vous tourner pour apprendre
à aimer et pour avoir la force d'aimer. L'Esprit, qui est Amour, peut ouvrir
vos cœurs pour recevoir le don de l'amour authentique. Tous, vous
cherchez la vérité et vous voulez en vivre ! Cette
vérité, c’est le Christ. Il est le seul Chemin, l'unique Vérité et la vraie
Vie. Suivre le Christ signifie véritablement « prendre le large », comme
le disent à plusieurs reprises les Psaumes.
La route de la Vérité est en même temps une et
multiple, selon les divers charismes de chacun, tout comme la Vérité est une et
à la fois d’une richesse inépuisable. Confiez-vous à l'Esprit Saint pour
découvrir le Christ. L'Esprit est le guide
nécessaire de la prière, l'âme de notre espérance et la source de la vraie joie.
Pour approfondir ces vérités de foi, je vous encourage à méditer la grandeur du
sacrement de la Confirmation que vous avez reçu et qui vous introduit dans une
vie de foi adulte. Il est urgent de mieux comprendre ce sacrement pour vérifier
la qualité et la profondeur de votre foi et pour l'affermir. L'Esprit Saint
vous fait approcher du Mystère de Dieu et vous fait comprendre qui est Dieu. Il
vous invite à voir dans votre prochain, le frère que Dieu vous a donné pour
vivre avec lui en communion, humainement et spirituellement, pour vivre en
Église, donc. En vous révélant qui est le Christ, mort et ressuscité pour nous,
Il vous pousse à témoigner. Vous êtes à l'âge de la générosité. Il est urgent
de parler du Christ autour de vous, à vos familles et à vos amis, sur vos lieux
d'études, de travail ou de loisirs. N'ayez pas peur
! »
Parmi
tous les jeunes qui se trouvaient sur le Parvis Notre de Paris combien étaient
nourris à une bonne et sainte doctrine ?
Que
leur disons-nous de La Vérité ?
Combien
savent-ils qu’elle est le Christ lui-même ?
Que
la Vérité n’est pas seulement un concept, mais une personne !
Nous
avons envers nos jeunes une responsabilité immense, prendrons-nous le risque
d’être accusé d’avoir donné à nos enfants des scorpions au lieu de poissons,
des pierres au lieu de pain ?
Quel
est ce malheur qui endeuille leur sourire [7]?
La
jeunesse est notre premier défi, car elle porte en elle-même toutes les
espérances auxquelles elle a droit et qui, pour nous parents et anciens, nous
aide à aller sereinement vers notre terme. Mais ne témoigne-t-elle pas aussi de
tous les maux de notre société et ceux de notre Eglise Nationale.
Oui,
il est urgent de leur parler du Christ pour qu’ils en parlent autour d’eux ;
comment pourraient-ils en parler, sans une bonne et vigoureuse doctrine, sans
une véritable éducation à la prière ?
Allons-nous
continuer de les noyer dans un activisme social béatifiant et qui nous
sert d’alibi pour surtout de rien changer, sans doute parce que ceux qui, en leur jeunesse, rêvaient d’un
monde illusoire, espèrent leur transmettre cette errance, cette lumière
ténébreuse chargée de tous nos abandons, lâchetés… ? Ne cherchent-ils pas, par
ce moyen, à voir la réalisation de ces rêves malgré le triomphe évident du bon
sens et la dictature d’une société mortifère ?
« Ayez « le courage de vivre l'évangile et
l'audace de le proclamer » (Message
aux jeunes a du Monde, 20 juillet 2007). Pour
cela, je vous encourage à avoir les mots qu'il faut pour annoncer Dieu autour
de vous, appuyant votre témoignage sur la force de l'Esprit demandé dans la
prière. Portez la Bonne Nouvelle aux jeunes de votre âge et aussi aux autres.
Ils connaissent les turbulences des affections, le souci et l'incertitude face
au travail et aux études. Ils affrontent des souffrances et ils font
l'expérience de joies uniques. Témoignez de Dieu, car, en tant que jeunes, vous
faites pleinement partie de la communauté catholique en vertu de votre baptême
et en raison de la commune profession de foi (cf. Eph 4, 5).
L'Église vous fait confiance, je tiens à vous le
dire ! »
Le
Saint Père fait preuve d’audace : « Témoignez
de Dieu, car, en tant que jeunes, vous faites pleinement partie de la
communauté catholique en vertu de votre baptême et en raison de la commune
profession de foi (cf. Eph 4, 5).
L'Église vous fait confiance, je tiens à vous le
dire ! » N’est-ce pas rappeler-là que leur baptême donne la
légitimité à leur témoignage et qu’ils peuvent, à ce titre, chercher par
eux-mêmes à se former et évangéliser sans devoir demander d’autorisation.
Ne
devrions-nous pas attiser leur appétit de la vraie connaissance, développer
chez eux une gourmandise insatisfaisante, à l’exemple de Thomas d’Aquin ou de
Thérèse d’Avila : « qui est Dieu », se demandait Thomas ? « Je
veux voir Dieu », exigeait Thérèse ?
On
ne saurait trop encourager ces jeunes à rechercher de bons maîtres et pas
nécessairement ceux qui s’imposent ou ceux qu’on veut leur imposer dans tel ou
tel couloir obligé. Notre jeunesse sent, au fond de ses angoisses, la sincérité
de la personne ; le temps où il suffisait d’avoir des diplômes pour
s’imposer aux jeunes est heureusement révolu. Ils veulent instinctivement de
hautes qualités morales chez leurs éducateurs et enseignants. Il suffit
d’écouter ceux qu’ils nous disent ou nous taisent de leurs professeurs. Ils
sont sans pitié et ils ont raison de l’être, sinon ce ne seraient plus des
jeunes, mais un cimetière d’ombres !
« En
cette année dédiée à Saint Paul je voudrais vous confier un
second trésor, qui était au centre de la vie de cet Apôtre fascinant. Il s'agit
du mystère de la Croix. Dimanche, à Lourdes, je célèbrerai la fête de la Croix
Glorieuse en me joignant à d'innombrables pèlerins. Beaucoup d'entre vous
portent autour de leur cou une chaîne avec une croix. Moi aussi, j'en porte
une, comme tous les Évêques d'ailleurs. Ce n'est pas un ornement, ni un bijou.
C'est le symbole précieux de notre foi, le signe visible et matériel du
ralliement au Christ. Saint Paul parle clairement de la croix au début de sa
première Lettre aux Corinthiens. A Corinthe, vivait une communauté agitée et
turbulente qui était exposée aux dangers de la corruption de la vie ambiante.
Ces dangers sont semblables à ceux que nous connaissons aujourd'hui. Je ne
citerais que les suivants : les querelles et les luttes au sein de la
communauté des croyants, la séduction offerte par de pseudo sagesses
religieuses ou philosophiques, la superficialité de la foi et la morale
dissolue. Saint Paul débute sa Lettre en écrivant : « Le langage de la croix
est folie pour ceux qui vont vers leur perte, mais pour ceux qui vont vers le
salut, pour nous, il est puissance de Dieu » (1 Cor 1,18).
Puis l'Apôtre montre l'opposition singulière qui existe entre la sagesse et la
folie, selon Dieu et selon les hommes. Il en parle lorsqu'il évoque la
fondation de l'Église à Corinthe et au sujet de sa propre prédication. Il
conclut en insistant sur la beauté de la sagesse de Dieu que le Christ et, à sa
suite, ses Apôtres sont venus enseigner au monde et aux chrétiens. Cette
sagesse, mystérieuse et demeurée cachée (Cf. 1 Cor 2, 7),
nous a été révélée par l'Esprit car « l’homme qui n’a que ses forces d’homme ne
peut pas saisir ce qui vient de l’Esprit de Dieu ; pour lui ce n’est que folie,
et il ne peut pas comprendre, car c'est par l’Esprit qu'on en juge » (1 Cor
2, 14). L'Esprit ouvre l’intelligence
humaine à de nouveaux horizons qui la dépassent et lui fait comprendre que
l'unique vraie sagesse réside dans la grandeur du Christ. Pour les chrétiens,
la Croix symbolise la sagesse de Dieu et son amour infini révélé dans le don
salvifique du Christ mort et ressuscité pour la vie du monde, pour la vie de
chacun et de chacune d'entre vous en particulier. Puisse cette découverte
bouleversante vous inviter à respecter et à vénérer la Croix ! Elle est non
seulement le signe de votre vie en Dieu et de votre salut, mais elle est aussi
- vous le comprenez - le témoin muet des douleurs des hommes et, en même temps,
l'expression unique et précieuse de toutes leurs espérances. Chers jeunes, je
sais que vénérer la Croix attire aussi parfois la raillerie et même la
persécution. La Croix compromet en quelque sorte la sécurité humaine, mais elle
affermit, aussi et surtout, la grâce de Dieu et confirme notre salut. Ce soir,
je vous confie la Croix du Christ. »
La
courte méditation de Benoît XVI sur la Croix en reprenant l’enseignement de
saint Paul est une invitation à entraîner le plus tôt possible la jeunesse dans
l’intelligence intérieure des mystères de la foi chrétienne selon notre
Magistère et toutes nos traditions mystiques. Il n’est pas vrai qu’il faille
attendre une certaine maturité pour entrer dans la vie spirituelle, c’est
plutôt l’inverse ; la vie mystique contribue au développement de la
maturité. Il suffit de lire la vie de jeunes saints parfois des enfants pour
s’en convaincre et cela sans dommages pour l’épanouissement normal de la
personnalité.
Il
faut refondre la pédagogie de la catéchèse et ne pas craindre d’ouvrir des
appétits aux mystères chrétiens chez nos enfants. Le mystère de la Croix est le
fil nécessaire pour entrer dans les mystères. La Croix n’est pas à redouter,
elle est salut et libération.
« L'Esprit Saint vous en fera comprendre les
mystères d'amour et vous crierez alors avec Saint Paul : « Pour moi, que la
croix de notre Seigneur Jésus Christ reste mon seul orgueil. Par elle, le monde
est à jamais crucifié pour moi, comme moi pour le monde » (Gal 6,
14). Paul avait compris la parole de
Jésus – apparemment paradoxale – selon laquelle c’est seulement en donnant («en
perdant ») sa propre vie qu’on peut la trouver (cf. Mc 8,35 ;
Jn 12,24) et il en avait conclu que la
Croix exprime la loi fondamentale de l’amour et est la formulation parfaite de
la vraie vie. Puisse l'approfondissement du mystère de la Croix faire découvrir
à certains d'entre vous l'appel à servir le Christ de manière plus totale dans
la vie sacerdotale ou religieuse !
Il est temps maintenant de commencer la veillée de prière pour laquelle vous
vous êtes rassemblés ce soir, conclut Benoît XVI. N'oubliez pas les deux
trésors que le Pape vous a présentés ce soir : l'Esprit Saint et la Croix ! Je
voudrais, pour conclure vous dire encore une fois que je vous fais confiance,
chers jeunes, et je voudrais que vous éprouviez aujourd'hui et demain l'estime
et l'affection de l'Église ! Que Dieu vous accompagne chaque jour et qu'Il vous
bénisse ainsi que vos familles et vos amis.
Bien volontiers, je vous donne la Bénédiction Apostolique ainsi qu'à tous les
jeunes de France. »
Le successeur
de Pierre est vraiment venu confirmer ses frères dans la foi. Il l’a fait avec
un réalisme qui est une leçon de rigueur intellectuelle et avec une
bienveillance encourageante tout aussi profonde et réaliste. Tous les problèmes
furent par lui abordés, mettant à chaque fois notre hiérarchie devant ses
responsabilités.
Il faut
souhaiter que nos évêques saisissent l’opportunité de la visite de Benoît XVI
pour correspondre à ses demandes, pour corriger des orientations pastorales
malheureuses. Voyons si cette visite pastorale sera un rendez-vous réussi. Il y
faudra beaucoup d’humilité, un réel souci de conversion.
Il
appartient à chaque catholique de prier dans ce sens…
Evêques
ne craignez pas l’esprit du monde que
peut-il contre les pauvres de Dieu !
[1] Qu’on se souvienne de l’ordination d’évêques par Mgr. Lefebvre sans l’accord du successeur de Pierre, il fut excommunié.
[2] Ce n’est pas parce que vous êtes évêques que votre salut est garanti ; vous devez sans cesse vous conformer à votre engagement baptismal.
[3] Il existe un courant qui rejette l’idée d’un tel examen de conscience, d’autres le souhaiteraient mais n’osent pas l’affirmer, et pense qu’avec la disparition des générations impliquées, le problème se réglera de lui-même et l’histoire fera son œuvre. Je ne partage pas cette analyse, car la vérité est une exigence nécessaire pour se corriger, pour s’amender ; notre Eglise nationale est suffisamment mature pour supporter cet examen de conscience. C’est le seul passage obligé pour nous délivrer de tous les maux internes et affronter fermement, dans l’humilité les défis soulignés par le Saint Père.
[4] Rien n’est plus fâcheux que de semer le trouble au sujet du pape ; la liberté de critique induit une rigueur d’analyse objective, sans parti-pris et dans un souci de grande charité, je ne voudrais pas être à la place de certains journalistes, ni théologiens.
[5] Trop souvent, il y a une dichotomie entre les parents qui mettent leurs enfants en des établissements religieux et la dicrection de ces établissements qui semble plus soucieuse de maintenir le nombre d’élèves que de correspondre à la mission essentielle de ce genre d’établissement. Ils se défendent en se réfugiant devant les exigences du contrat passé avec l’Etat ; c’est un grox mensonge et d’une médiocrité abyssale.
[6] Il viendra un temps ou on nous reprochera d’être de telle et telle autre religion, on prétextera que la religion est cause voir source de conflit, ce qui est actuellement faux pour les chrétiens… Il faudra en passer par là afin que la société qui s’élabore contre Dieu et donc contre l’homme lui-même, en arrive enfin à vomir son blasphème, à s’étouffer de son implacable désespoir.
[7] On ne peut ignorer l’impact de lois comme l’IVG et d’autres tout aussi opposées à la loi morale naturelle, notre jeunesse est ombrée par les cimetières des INNOCENTS par l’orgueil des sciences immorales, par le triomphalisme d’une société déshumanisée.