LUMEN GENTIUM – TEXTES COMMENTES –
Le peuple de Dieu
11-17 – Léonce Grattepanche |
LA LETTRE CATHOLIQUE N°46 DIFFUSION GRATUITE - FAITES LA CONNAÎTRE - SEPTEMBRE 2008 " Est ce qui est
! Obéir à la Vérité pour mieux servir la Charité " |
La rédaction annonce la publication
prochaine d’un dossier traitant exclusivement du voyage pastorale de Benoît
XVI avec commentaire. |
DU SAINT CONCILE VATICAN II
LE PEUPLE DE DIEU (11-17)
L’exercice du
sacerdoce commun dans les sacrements :
La
réflexion des pères conciliaires porte sur les sacrements comme dons de Dieu
disposés dans l’Eglise pour le Salut du monde. Ces dons permettent de
distinguer l’institution incarnée de l’Eglise dans le corps social tel qu’il
aura été préparé et annoncé tout au long de l’histoire atypique du peuple
hébreu ; nous ne pouvons rejeter au nom de je ne sais quelle mode du monde
ou quel confort intellectuel que l’institution de l’Eglise, telle que nous la
connaissons aujourd’hui, soit de la seule volonté de Dieu. Elle fut prophétisée
dans toute la Révélation hébraïque, prophétie que l’Eglise accomplit et qui est
aussi rupture radicale avec la Loi mosaïque, car si l’Ancien Testament suscita
un sacerdoce dévolu exclusivement à la Loi, le sacerdoce du Christ est lui
strictement ordonné et dévolu à la liberté de l’amour, à la liberté de l’amour
de charité, à l’établissement de
l’amitié entre le baptisé et son Dieu Créateur et Sauveur :
Le caractère sacré et
organique de la communauté sacerdotale entre en action par les sacrements et les
vertus. Les fidèles incorporés à l’Eglise par le baptême ont reçu un caractère
qui les délègue pour le culte religieux chrétien ; devenus fils de Dieu
par une régénération, ils sont tenus de professer devant les hommes la foi que
par l’Eglise ils ont reçue de Dieu. Par le sacrement de confirmation, leur lien
avec l’Eglise est rendu plus parfait, ils sont enrichis d’une force spéciale de
l’Esprit-Saint et obligés ainsi plus strictement tout à la fois à répandre et à
défendre la foi par la parole et par l’action en vrais témoins du Christ. […]
Pourvus de moyens salutaires d’une telle abondance et d’une telle
grandeur, tous ceux qui croient au
Christ, quels que soient leur condition et leur états de vie, sont appelés par
Dieu, chacun dans sa route, à une sainteté dont la perfection est celle même du
Père.
La
précision de l’exposé des pères met en relief l’identification des deux
concepts du sacerdoce : l’ordonné et le commun. On ne peut les
confondre ; leur distinction, leur identification sont nettes. Elles ne
portent pas à une approche confuse qui laisserait entendre qu’il n’y aurait
qu’un seul sacerdoce. Ce courant qui naquit dans les mouvances du modernisme
agressif tenta de s’imposer dans l’après concile faisant aboutir sa réflexion
toujours au détriment du sacerdoce ordonné (ce
qui n’est qu’une resucée grossière des courants de la Réforme). Cette
hérésie, de fait, influença beaucoup dans l’accueil des vocations naissantes et
aura été la cause de véritables ravages particulièrement destructeurs jusqu’à
atteindre l’équilibre psychologiques et nerveux des postulants, sans compter
les pertes majeures pour l’ensemble de l’Eglise[1].
Le sacerdoce ordonné et le sacerdoce commun marchent certes de concert pour
l’œuvre du Salut, mais leur distinction naturelle et surnaturelle n’autorise
pas à la confusion ni à l’effondrement de l’un dans l’autre.
Le sens de la
foi et des charismes dans le peuple chrétien :
Dans
les tumultes de l’après concile, des courants dits de « renouveau »
jaillirent en provenance des nations majoritairement protestantes et d’un
courant particulier le « pentecôtisme ». Ces courants prétendent
apporter un renouveau dans l’Eglise et se distinguent par deux aspects
anachroniques : ils demandent à Dieu le retour des charismes des premiers temps
de l’Eglise et s’organisent en communautés selon une hiérarchie bien peu
soucieuse de l’institution incarnée voulue par le Christ, et dans laquelle le
berger, souvent très inculte, n’est pas un prêtre et ne semble pas toujours
connaître bien sa place sauf pour exercer un pouvoir quasi absolu et sans grand
discernement.
Ces
« renouveaux » se distinguent, encore aujourd’hui, par une dictature
de l’affect ou la sensibilité s’hypertrophie en sensiblerie et donne une place
de choix, sans précédant, au despotisme du bon sentiment. Cette désastreuse
dérive eut pour effet de faire reculer la primauté de la raison au service de
la foi, d’où un rejet plus ou moins marqué du Magistère sacré avec ses cortèges
de dérives douloureuses voir tragiques. Ils donnent l’image d’une capacité séduisante
à recevoir les âmes les plus fragiles et blessées puis les abandonnent produisant
des ravages que le bon sens et la charité vraie ne peuvent que condamner.
Certaines
de ces communautés sous-tendent une vision idéologique de la perfection,
imaginant qu’il y eut un point zéro de l’Eglise où les communautés étaient
parfaites selon l’exigence de la charité[2].
Cette aberration conceptuelle de l’Eglise peut expliquer la tendance sectaire
et autoritariste de certaines d’entre elles. C’est ainsi, qu’on apprend que
certains bergers exigent que le couple qui désire un enfant[3]
en fasse la demande préalable au berger et à la bergère (Louis XV sans
doute !). Ce sont autant de dérives qui illustrent une intelligence de
l’homme atrophiée de laquelle émergent des notions réductrices touchant à sa
dignité, à sa grandeur, à sa liberté de conscience.
La
recherche de charismes dans de telles conditions produit des comportements bien
étranges, bien trop spectaculaires et, sans révéler un sens et une portée précise
dans l’Eglise et sa pastorale parfois touchant à des zones très dangereuses
comme le repos dans l’esprit qui est, au dire des spécialistes, une ouverture
virale dans les mondes du préternaturel[4] :
Le peuple saint de Dieu
participe aussi de la fonction prophétique du Christ : il répand son
vivant témoignage avant tout par une vie
de foi et de charité, il offre à Dieu un sacrifice de louange, le fruit
des lèvres qui célèbrent son Nom (cf Heb. 13, 15). La collectivité des fidèles
ayant l’onction qui vient du Saint (cf. 1 Jean 2, 20 et 27), ne peut se tromper
dans la foi ; ce don particulier qu’elle possède, elle le manifeste par le
moyen du sens surnaturel de foi qui est celui du peuple entier, lorsque,
« des évêques jusqu’aux derniers des fidèles laïcs », elle apporte
aux vérités concernant la foi et les mœurs un consentement universel. […]
« C’est toujours pour le bien commun que le don de l’Esprit se manifeste
dans un homme » (1 Cor. 12, 7). […] Mais les dons extraordinaires ne
doivent pas être témérairement recherchés ; ce n’est pas de ce côté qu’il
faut espérer présomptueusement le fruit des œuvres apostoliques ; c’est à
ceux qui ont la charge de l’Eglise de porter un jugement sur l’authenticité de
ces dons et sur leur usage bien entendu. C’est à eux qu’il convient
spécialement, non pas d’éteindre l’Esprit,
mais de tout éprouver pour retenir ce qui est bon. (cf. 1 Thess. 5, 12.
19-21).
Il
ne faut pas rechercher des dons spéciaux ou ordinaires, ils nous sont donnés à
notre baptême et à notre confirmation ; dans une vie de foi fidèle et
selon la vocation, Dieu développe tel ou tel autre don par l’action de sa
grâce. Le développement de dons pour eux-mêmes est une cause objective
d’orgueil et d’éloignement de Dieu. C’est en assumant son devoir d’état, une
vie de prière qui cherche la vie d’union que les dons reçus se développent. Il
n’est pas utile de rechercher tel don particulier. Dieu donne selon la mission,
l’appel qu’il adresse à chacun d’entre nous. Souvent certains dons apparaissent
dans la vie d’une âme à un âge très avancé et ils portent des fruits au
centuple. Dieu peut permettre qu’une âme ait le sentiment de n’avoir aucune
grâce sensible particulière ni aucun don, alors qu’il n’en est rien ; on
découvre que Dieu le fait pour maintenir l’âme dans l’humilité.[5]
Il
appartient au confesseur, au directeur spirituel voir à l’évêque selon le cas
de discerner l’identité du don et sa raison d’être pour l’intérêt commun de
l’Eglise ; il arrive que l’on se heurte à une incompréhension, à une
inintelligence, il faut alors consulter ailleurs. Le don apparaît
naturellement dans la vie du sujet. Il peut arriver que le sujet ne puisse
jamais sans servir de tout son séjour sur la terre, c’est alors une sorte de
sacrifice permanent qui trouvera sa récompense au ciel. C’est une voie aride,
sanctifiante qui peut être ressentie comme un feu qui ne cesse pas de purifier
l’âme, de la conformer ici bas pour un dessein qui se dévoilera que dans la gloire. Ne jamais oublier que la vie spirituelle
authentique sur terre est à l’image de Jésus…
L’universalité
ou « catholicité » de l’unique peule de Dieu :
La
catholicité de l’Eglise se définit par sa mission : « Faites des
disciples de toutes les nations. » Elle le révèle par la diversité de ses
membres qui en constituent le Corps mystique du Christ. Le principe de
catholicité n’est donc pas une sorte de zone informe dans laquelle toute
l’humanité, dans toutes ses composantes y compris religieuses, la
constituerait. Etre catholique, c’est naître du Christ, adhérer au Magistère,
reconnaître le successeur légitime de Pierre comme principe actif de l’unité,
accepter son autorité magistérielle et pastorale en communion avec nos évêques
successeurs des apôtres.
A faire partie du
peuple de Dieu, tous les hommes sont appelés. C’est pourquoi ce peuple,
demeurant un et unique, est destiné à se dilater aux dimensions de l’univers
entier et à toute la suite des siècles pour que s’accomplisse ce que s’est
proposé la volonté de Dieu créant à l’origine la nature humaine dans l’unité,
et décidant de rassembler enfin dans l’unité ses fils dispersés (cf. Jean
11,52). C’est dans ce but que Dieu envoya son Fils dont il fit l’héritier de
l’univers (cf. Heb. 1,2), pour être à l’égard de tous Maître, Roi et Prêtre,
chef du nouveau peuple des fils de Dieu étendu à l’univers. […] Ainsi, l’unique
peuple de Dieu est présent à tous les peuples de la terre, empruntant à tous
les peuples ses propres citoyens, citoyens d’un royaume dont le caractère n’est
pas terrestre mais céleste. Tous les fidèles, en effet, dispersés à travers le
monde, sont, dans l’Esprit-Saint, en communion avec les autres, et, de la sorte
« celui qui réside à Rome sait que ceux des Indes sont pour lui un
membre ».
Le
principe d’unité dans la diversité des cultures est le fondement même de la
constitution de l’universalité de l’Eglise et de la foi catholique. Cette unité
n’efface en rien les identités spécifiques et condamne les tentatives d’uniformité
forcée. Il est donc bien établi que ce
qui fait cette unité, c’est l’adhésion à une foi unique, une même espérance et
l’œuvre d’une même charité. C’est donc une faute grave que d’introduire des
divisions dans cette communion universelle qu’incarne le successeur de Pierre[6].
Ainsi donc, à cette
unité catholique du peuple de Dieu qui préfigure et promeut la paix
universelle, tous les hommes sont appelés ; à cette unité appartiennent
sous diverses formes ou sont ordonnés, et les fidèles catholiques et ceux qui,
par ailleurs, ont foi dans le Christ, et finalement tous les hommes sans exception
que la grâce de Dieu appelle au salut.
Ce
passage renforce le caractère prophétique de l’universalité de la foi
chrétienne et donc de l’Eglise. Ainsi, tous les hommes qui sont appelés au
Salut sur cette terre expriment de fait cette universalité active de la grâce,
celle-ci se réalisera définitivement au ciel dans l’Eglise triomphante. On peut
croire, que tous les hommes et femmes, même non-chrétiens, acceptant le
Christ-Jésus comme leur Sauveur pendant le passage de la mort qui peut durer
des siècles, deviendront membres de cette universalité[7].
Les fidèles
catholiques :
Les
pères conciliaires précisent ce qu’est être un fidèle catholique ; ils le
mettent avec un éminent souci pédagogique dans sa responsabilité de baptisé en
la présence de Dieu et de toute la communauté. Etre un fidèle catholique n’est
pas un banal article de grandes surfaces commerciales.
C’est vers les fidèles
catholiques que le saint Concile tourne en premier lieu sa pensée. Appuyé sur
la Sainte Ecriture et sur la Tradition, il enseigne que cette Eglise en marche
sur la terre est nécessaire au salut.
Seul, en effet, le Christ est médiateur et voie de salut : or, il
nous devient présent en son Corps qui est l’Eglise ; et en nous enseignant
expressément la nécessité de la foi et du baptême (cf. Marc 16, 16 ; Jean
3, 5), c’est la nécessité de l’Eglise elle-même, dans laquelle les hommes
entrent par la porte du baptême, qu’il nous a confirmée en même temps. C’est pourquoi ceux qui refuseraient soit d’entrer dans l’Eglise catholique, soit
d’y persévérer, alors qu’ils la sauraient fondée de Dieu par Jésus-Christ comme
nécessaire, ceux-là ne pourraient pas être sauvés.
Ce
texte est ici très clair, pour un homme qui, en toute conscience, après avoir
reconnu que la proposition de vie chrétienne est bien de Dieu, refuse d’entrer
dans l’Eglise, s’interdit au Salut. Il en est de même pour le fidèle qui décide
de quitter l’Eglise en conscience.
Certains
fidèles se trouvent engagés dans des sociétés dont le caractère et les buts
sont radicalement opposés aux intentions de l’Eglise qui sont celles du Christ
Jésus. Ceux-là sont de fait, en dehors de la communion, ils font parti de
l’ivraie ; il y a mensonge à se dire catholique et appartenir en même
temps à ces sociétés blasphématrices, ces « fidèles » sont en réalité
des apostats. Ils rendent à Lucifer son droit de joug sur eux-mêmes, car on ne
peut être d’une chose et en même temps appartenir et servir son contraire.
Sont incorporés
pleinement à la société qu’est l’Eglise ceux qui, ayant l’Esprit du Christ,
acceptent intégralement son organisation et tous les moyens de salut institués
en elle, et qui, en outre, grâce aux liens constitués par la profession de foi,
les sacrements, le gouvernement ecclésiastique et la communion, sont uni, dans
l’ensemble visible de l’Eglise, avec le Christ qui la dirige par le Souverain
Pontife et les évêques. L’incorporation à l’Eglise, cependant, n’assure pas le
salut pour celui qui, faute de persévérer dans la charité, reste
bien « de corps » au sein de l’Eglise, mais non « de
cœur ». Tous les fils de l’Eglise doivent d’ailleurs se souvenir que la
grandeur de leur condition doit être
rapportée non à leurs mérites, mais à une grâce spéciale du Christ ; s’ils
n’y correspondent pas par la pensée, la parole et l’action, ce n’est pas le
salut qu’elle leur vaudra, mais un plus sévère jugement.
Il
est évident, qu’être du Christ est une élection en soi, puisque par le baptême
nous devenons collaborateurs à l’œuvre rédemptrice du Sauveur ainsi que, par
adoption, enfants de Dieu, ses fils et filles de prédilection. Etre de l’Eglise, c’est également une
élection, une prédilection filiale, car même si nous n’avons pas les moyens
intellectuels d’appréhender toute la vérité contenue dans la Révélation, nous y
adhérons par la foi et nous y sommes incorporés par le baptême et le désir
d’être dans la grâce de la fidélité.
Un chrétien catholique est un serviteur
d’élite, une élection au service de la vérité et de l’amour. Il ne nous est pas
possible de nous comporter comme le commun des mortels parce que ce qui nous
habite est plus grand que mous et nous avons la mission de le communiquer à
l’autre. L’humilité n’interdit ni la dignité ni la noblesse par respect pour le
Christ qui est en nous. Le catholique est une élite qui sert qui ne domine pas
l’autre, qui reste ferme et sans concession face à l’esprit du monde. Nous ne
lui sommes plus assimilables, nous sommes en lui sans en être. Nous n’avons pas
à rougir de notre foi, de notre identité de catholique. La fierté d’être du
Christ ne peut se diluer dans l’ordinaire !
Quant aux catéchumènes
qui, sous l’action de l’Esprit-Saint, demandent par un acte explicite de leur
volonté à être incorporés à l’Eglise, par le fait même de ce vœu, ils lui sont
unis, et l’Eglise, maternelle, les enveloppe déjà comme siens dans son amour en
prenant soin d’eux.
Le
baptême donné au nouveau-né[8]
ou à l’adulte n’enlève rien à la responsabilité de l’engagement. Les parents
qui le demandent au nom de l’enfant doivent bien se convaincre qu’ils
s’engagent devant Dieu à veiller à la formation du baptisé afin qu’il devienne
un authentique fidèle, ami de Dieu. Bien des parents aujourd’hui se mettent
dans une situation délicate, du moins ceux qui ne font la démarche que par
tradition et ne se sentent aucunement engagés à la suite du Christ. Leur faute
est lourde[9].
Les liens de
l’Eglise avec les chrétiens non catholiques :
Le
texte qui suit exprime les liens parfois très affaiblis qui relient constamment
les chrétiens entre eux même si ceux-ci ne partagent pas la plénitude de la
Révélation et rejettent l’autorité magistérielle du l’Eglise Catholique
Romaine.
Avec ceux qui, étant
baptisés, portent le beau nom de chrétiens sans professer pourtant
intégralement la foi ou sans garder l’unité de la communion sous le Successeur
de Pierre, l’Eglise se sait unie pour de multiples raisons. […] Plusieurs
d’entre eux jouissent même d’un épiscopat, célèbrent la sainte Eucharistie et
entourent de leur piété la Vierge Mère de Dieu. […] Ainsi, l’Esprit suscite en tous les disciples
du Christ le désir et l’action qui tendent à l’union paisible de tous, suivant
la manière que le Christ a voulue, en un troupeau unique sous l’unique Pasteur.
A cette fin, l’Eglise notre Mère ne cesse de prier, d’espérer et d’agir,
exhortant ses fils à se purifier et à se renouveler pour que, sur le visage de
l’Eglise, le signe du Christ brille plus clair.
L’absence
d’union, de communion entre les chrétiens a pour cause l’orgueil des membres de
l’Eglise renforcé par des situations historiques objectives que nous pouvons
comprendre en remontant aux premiers siècles de l’histoire chrétienne. Plus
récemment, l’histoire schismatique de la Réforme est le produit de l’orgueil et
d’une réelle perversion au sein de l’Eglise Catholique avec le scandale des
indulgences. L’abus de l’usage des indulgences amena des âmes défuntes à se
retrouver au ciel sans aucune préparation sans aucune purification. Dieu y mit
un terme. Pour autant, le schisme de la Réforme ne saurait se résumer à cela[10].
L’Eglise
ne doit pas se lasser d’œuvrer pour l’unité effective des chrétiens, mais la
clef de cet ouvrage c’est l’humilité de tous avec pour seul souci la Charité
dans l’Humilité et la Vérité… Dieu préférera le maintien de la division plutôt
qu’une unité retrouvée sur les bases autres que celle de l’humilité et l’esprit
de pauvreté ce qui n’empêche pas qu’il soit possible d’unir nos efforts pour
des œuvres de charité au plus grand bénéfice de la Gloire de Dieu qui est
l’homme vivant[11].
Les
non-chrétiens :
Les
Pères conciliaires, soucieux de l’affirmation que l’Eglise fut inventée par
Dieu et proposée aux hommes comme unique chemin de Salut, rappellent que tous
les hommes sans conditions géographiques ni de cultures ni sociales sont tous
appelés au Salut qui est le Christ Jésus.
Enfin, quant à ceux qui
n’ont pas encore reçu l’Evangile, sous des formes diverses, eux aussi sont
ordonnés au peuple de Dieu.
Cette
affirmation n’induit pas que le peuple de Dieu englobe l’ensemble de l’humanité
comme le laissèrent à croire certains courants théologiques très hétérodoxes.
Le baptême est le sceau exclusif qui marque chacun de son appartenance au Peuple
de Dieu, ce concept ne peut en aucune manière se confondre avec celui du Corps
mystique du Christ qui englobe exclusivement les baptisés jouissant de la
plénitude de la Révélation par leur obéissance au Magistère sans en rien
exclure[12].
En effet, ceux qui,
sans qu’il y ait de leur faute, ignorent l’Evangile du Christ et son Eglise,
mais cherchent pourtant Dieu d’un cœur sincère et s’efforcent, sous l’influence
de sa grâce, d’agir de façon à accomplir sa volonté telle que leur conscience
la leur révèle et la leur dicte, ceux-là peuvent arriver au salut éternel.
Ce
passage et certains autres des Pères bouleversent la théologie des fins
dernières en ouvrant des perspectives plus conformes à la théologie de
l’Alliance – à ce sujet nous vous invitons à suivre les travaux d’Arnaud
Dumouch « Les Fins Dernières [13]»
-, il est évident que le Salut sera proposé à chaque âme qui passant de terre
dans l’au-delà entre dans le Shéol. Il faut rappeler que les Pères ont, par
leur réflexion, rendu caduc une part importante des propositions thomistes. (Nous rappelons que l’œuvre de saint Thomas n’est en rien
achevée d’autant qu’à son époque bien des données n’étaient pas connues de
lui.)
A
ceux–là mêmes qui, sans faute de leur part, ne sont pas encore parvenus à une
connaissance expresse de Dieu, mais travaillent, non sans la grâce divine, à
avoir une vie droite, la divine Providence ne refuse pas les secours nécessaires
à leur salut. En effet, tout ce qui, chez eux, peut se trouver de bon et de
vrai, l’Eglise le considère comme une préparation évangélique et comme un don
du Celui qui illumine tout homme pour que, finalement, il ait la vie.
Nous devons donc
considérer que toute personne, non-baptisée, vivant dans le respect la loi
morale naturelle et répondant, selon ses moyens, aux inspirations de la grâce
divine se prépare à recevoir sur terre ou dans l’au-delà la Révélation du Christ comme unique Salut.
Le caractère
missionnaire de l’Eglise :
Les
Pères conciliaires réaffirment la mission essentielle de l’Eglise annoncer
l’Evangile jusqu’aux confins de la terre.
Tout comme il a été
envoyé par le Père, le Fils lui-même a envoyé ses apôtres (cf. Jean 20, 21) en
disant : « Allez donc, enseignez toutes les nations, les
baptisant au nom du père et du Fils et
du Saint-Esprit, leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et
moi, je suis avec vous tous les jours
jusqu’à la consommation des temps » [….] C’est pourquoi elle fait siennes
les paroles de l’Apôtre : « Malheur à moi si je ne prêchais pas
l’Evangile » (1.Cor. 9,16)elle continue donc inlassablement à envoyer les
hérauts de l’Evangile jusqu’à ce que les jeunes Eglises soient pleinement
établies et en état de poursuivre par elles-mêmes l’œuvre d’évangélisation. […]
Atout disciple du Christ incombe pour sa part la charge de l’expansion de la
foi. […] Ainsi, l’Eglise unit prière et
travail pour que le monde entier dans tout son être soit transformé en peuple
de Dieu, en Corps du Seigneur et temple du Saint-Esprit, et que soient rendus dans le Christ, chef de tous, au
Créateur et Père de l’univers, tout honneur et toute gloire.
Aucun
baptisé ne peut se désolidariser de l’exigence de la mission d’évangélisation
qui n’est pas seulement d’aller à la rencontre des non-chrétiens, mais tenant
compte de la réalité présente, il convient également d’orienter le souci
d’évangélisation vers nos frères qui se sont éloignés de l’Eglise.
[1] Ce fut surtout vrai pour l’Eglise de France ; on alla jusqu’à soumettre les candidats au sacerdoce à des équipes de laïcs très éloignés du Magistère et infestés d’idéologies et de présupposés du monde.
[2] C’est une des plus dangereuses hérésies, car elle est l’aboutissement de la dictature de l’affect sur la raison, elle initie toutes les dérives sectaires les plus dangereuses au sein même de l’Eglise.
[3] Nous avons eu à sujet des témoignages directs, et il semble que dans l’ensemble, les enfants échappent plus ou moins gravement à l’autorité légitime des parents quand ils ne sont coupés d’eux au sein même de la communauté.
[4] Lae cardinal Suenens pro-charismatique, recommandait l’arrêt de cette pratique, la trouva suspecte et dangereuse.
[5] Elle n’en porte pas moins de remarquables fruits qu’elle peut ne découvrir que dans l’éternité.
[6] Tous ceux qui voulurent réformer l’Eglise en dehors de la charité se sont exclus de la communion, le dernier en date est Mgr Lefebvre et ceux des évêques qui l’ont suivi dans l’ordination épiscopale contre la volonté du successeur de Pierre. Le plus grave est que Mgr Lefebvre mourut sans aucune repentance.
[7] Tous les hommes et les femmes qui passent dans l’éternité, qu’elle que soit leur religion et leur culture sur la terre, deviennent des chrétiens, car le Christ est l’unique porte.
[8] Le baptême des nouveaux-nés n’est pas à remettre en cause, mais on ne pourra pas échapper à de plus hautes exigences vis-à-vis des parents et des parrains.
[9] Le prêtre ne peut être tenu responsable de l’intention fausse, car il ne lui revient pas de juger à fort-interne les parents, sauf si, de notoriété publique ceux-ci sont un contre-témoignage.
[10] Mais il est clair que Dieu suscita cette rupture pour en finir avec d’une part les pratiques de Simonie, d’autre part avec l’inacceptable pratiques mercantile des indulgences, cette pratiques déviée fut le résultat de la Renaissance avec des éveils d’orgueil qu’illustre la basilique Saint Pierre de Rome entre autre.
[11] L’Eglise a raison de ne pas se lasser à la réunification de tous les chrétiens ; cette œuvre est une des plus belles pages de notre époque moderne.
[12] Il est important en la matière de coller au Magistère qui use là d’un langage réaliste et précis qui ne laisse aucune possibilité au délire du rêve ni à aucune idéologie…