LA LETTRE CATHOLIQUE N°43 DIFFUSION GRATUITE - FAITES LA CONNAÎTRE - SEPTEMBRE
2008 " Est ce qui est ! Obéir à la Vérité pour mieux
servir la Charité " |
Sommaire
BENOIT
XVI DANS LE PAS DE SAINT PAUL
Soljenitsyne, un exemple pour les intellectuels
De
la Création à l'Environnement
Le Pèlerin :
La célébration de l'anniversaire de Paul de Tarse nous rappelle que selon la
parole de Jésus : "Tout péché sera pardonné, sauf celui contre
l'Esprit." Le péché contre l'Esprit n'est rien de plus tragique que le
refus ultime de l'amour de Dieu dans son expression la plus humble, la plus
pauvre, la plus mendiante : l'accueil de son pardon !
Saül de Tarse fut un zélateur du Temple alors dirigé par les pharisiens et les
lévites parmi lesquels se trouvaient des justes dont Gamaliel, le maître de
Saül, que la tradition orale dit s'être converti à Jésus vers la fin de sa vie,
plusieurs années après l'Ascension. Saül exerçait son zèle avec la conviction
d'accomplir son devoir envers la foi de ses pères et pour la sauvegarde du
Temple selon la Loi. Dans cette droiture de conscience et d'intention, Saül
s'en alla vers Damas avec mission de mettre au pas les juifs convertis au
Christ et , si nécessaire de les mettre à mort.
A y regarder de plus près, on peut dire que la conversion de Paul, qui est
traditionnellement attribuée à la prière de Marie, peut être considérée comme
le fruit directe du martyr du diacre Etienne auquel Saül assista et approuva,
portant les vêtements d'Etienne dont il avait été dépouillé pour sa lapidation.
Le récit de la conversion de Saül illustre l'intégrité de son caractère moral :
"Comme il faisait route, il approchait de Damas, quand soudain resplendit
autour de lui une lumière venant du ciel..." (Act. 9, 3) La conversion de
Saül sur le route de Damas enseigne que Dieu adapte sa grâce à la personnalité
de chacun et que l'impossible de l'homme est le naturel de Dieu.
Les voyages pastoraux de Benoît XVI doivent être posés dans la lumière de cette
année paulinienne.
Le Pasteur des pasteurs nous redit inlassablement que le pécheur ne doit pas
désespérer de lui-même, que l'homme est amendable, car il n'est pas sa propre
mesure. Quelle que soit sa vie de pécheur, un homme, une femme, un enfant peut
en appeler au secours de Dieu, surtout en appeler au secours de l'Immaculée
dont le Cœur est le lieu des pécheurs qui, encore dans la nuit de leurs péchés,
encore esclaves de leurs passions désordonnées en appellent malgré tout au ciel
parfois, dans un souffle ténu entre deux vagues d'angoisses mortelles comme le
Bon Larron. Benoît XVI, au cœur de la tourmente de certaines églises
nationales, avec sa fermeté devant ces scandales, appelle à la conversion, le
seul moyen radical vers une authentique guérison de l'âme et de l'esprit. (
Il est désolant de constater avec quelle indigence, quelle médiocrité
intellectuelle, les médiats insistent sur les déplorables déviances sexuelles
de certains prêtres. Ils se repaissant inlassablement de ce qui est vil, sale,
de ce qui permet d'humilier l'Eglise et tous ses membres. Ne faut-il pas se
vendre ! Quelle différence y a-t-il entre une péripatéticienne et les médiats ?
une feuille de papier translucide... pour la culotte sans doute.)
Saül fut foudroyé par la Miséricorde divine sur le chemin de Damas ; Pierre
crut que Jésus est le Sauveur, le Messie et, revenant sur les lieux de sa
profession de foi, dans l'espérance du Temps Pascal, il reçut de son Jésus le
pardon et fut confirmé dans sa mission à trois reprises (conf. Jean 21, 15-17)
: "c’est la rencontre avec le Christ qui sauve et non la seule observance
scrupuleuse des commandements"
Benoît XVI s'engage dans un double pèlerinage celui de Pierre et de Paul ; tous
les deux firent l'expérience de leur propre misère, de leur humanité blessée
mise dans cette lumière d'amour. A l'évidence, le Saint Père marque son
pontificat par ce souci éminemment intérieur et au centre de toute la pastorale
: Jésus source du pardon, de la réconciliation avec Dieu mais aussi avec soi
même et entre les hommes. Benoît XVI se fait, dans le souffle de Paul et
Pierre, le témoin du Pèlerin de la Miséricorde, ce Jésus Miséricordieux
insatiable de l'amour de l'homme. Tout péché est pardonnable sauf celui qui
consiste au refus du pardon que Dieu propose ultimement dans le lieu appelé
Shéol ou encore Hadès.
La conversion de Saül qui prendra nom de Paul comme celle de Simon qui
deviendra Pierre découvre une lumière intérieure étonnante :
1- Il s'agit d'abord d'une rencontre avec Jésus, une personne ayant la
condition humaine à partir de laquelle, on découvre la divinité, Dieu. Il faut
prendre garde du danger que représente la manière dont ont posera le regard sur
ce Jésus Sauveur : il ne faut pas que l'une des deux natures prédomine dans notre
rencontre avec Lui. Le risque serait de se raidir, car on ne comprendrait pas
le réalisme de la kénose (l'humilité et l'amour en acte) qui unit ses deux
natures dans le mystère de l'union hypostatique (mystère vivant qui unit la
double nature de Jésus Christ). Ce danger est bien réel, il peut subtilement
alimenter un dangereux orgueil. Voilà l'une des graves raisons d'établir une
dévotion réaliste et profonde envers Marie, envers l'Immaculée. C'est dans
cette intention que Jésus offre sa mère à l'humanité sur sa Croix.
2- On prend la mesure de la radicalité de ces conversions. L'expérience de la
kénose vivante en Jésus est la lumière éclairant la pauvreté intérieure des
deux apôtres, elle contribue à brûler les vaisseaux du passé. Il n'y aura pas
de retour en arrière malgré les épreuves. Cette radicalité demeure un exemple
pour nous aujourd'hui, qui devons résister aux multiples sollicitations que
l'esprit du monde nous présente ; quoi de plus mortel que l'adhésion à ces
petits riens qui sont autant de chaînes aliénantes... Méfions-nous de confondre
la charité avec le désordre des sensibilités et des affections. La compassion
n'est pas complicité.
Pasteur réaliste :
Paul devient l'Apôtre des Gentils, le prédicateur des nations : "Chers
frères, pour Paul, annoncer Jésus-Christ était une nécessité qui jaillissait de
son amour pour Lui. Cela veut dire que celui qui rencontre le Christ ne peut
s’empêcher de l’annoncer, tant par sa vie que par ses paroles." Il ne se
lassera pas d'annoncer Jésus, il ne concédera aucun compromis : " Paul a
perçu toute la difficulté d’annoncer le Christ Dieu-homme qui nous sauve par
son incarnation, sa mort en croix et sa résurrection...Cela reste encore
aujourd’hui la vraie porte étroite dont parle l’Evangile. La porte étroite, ce
n’est donc pas le fait d’admettre les préceptes de morale de l’Eglise ni le
poids humain de ses structures, mais c’est ce scandale de la croix qui,
aujourd’hui encore, est aux yeux des non chrétiens “folie et stupidité”, mais
que Paul annonce comme l’élément essentiel et impossible à retrancher de la foi
chrétienne, et même, comme l’expression de la puissance de Dieu (1 Cor.
1,8)".(Ici) On imagine mal saint Paul acceptant de se commettre avec les
pouvoirs des princes et recevoir de leurs mains ensanglantées du sang des
enfants à naître une médaille ; il n'eut pas même envisagé de compromettre la
gloire de la Croix de son Jésus avec l'ombre d'un monde de toute manière
condamné et vaincu. Dans la succession apostolique Benoît XVI, pas plus que ses
prédécesseurs, ne fait et ne fera de compromis quant au respect de la loi
morale naturelle qui va de paire avec le respect de la personne et sa grandeur.
Ces points là ne sont pas négociables. (Paul est présenté par de nombreuses
personnes comme un homme combatif qui sait manier l'épée de la parole. De fait,
sur son parcours d'apôtre les disputes n'ont pas manqué. Il n'a pas recherché
une harmonie superficielle. Dans la première de ses Lettres, celle qui
s'adresse aux Thessaloniciens, il dit: "Nous avons cependant trouvé
l'assurance qu'il fallait pour vous annoncer, au prix de grandes luttes,
l'Evangile de Dieu... Jamais, vous le savez, nous n'avons eu un mot de
flatterie" (1 Th 2, 2.5). Il considérait que la vérité était trop grande
pour être disposé à la sacrifier en vue d'un succès extérieur. La vérité dont
il avait fait l'expérience dans la rencontre avec le Ressuscité méritait pour
lui la lutte, la persécution, la souffrance." (Benoît XVI, extrait de son
homélie inaugurale)
Son action de pasteur ne s'arrête pas là, arrimé à l'or de la Révélation, saint
Paul fera preuve d'une étonnante modernité mais surtout, il comprendra dans une
fulgurance divine et incendiaire que l'Incarnation du Verbe rompait
radicalement avec l'Ancien Testament et que le Nouveau Testament l'accomplissait
sans pour autant faire du chrétien un héritier des Fils de la Loi matérielle.
Le chrétien est l'héritier des Promesses accomplies ou en voie
d'accomplissement, il n'a rien à voir avec les charges physiques, matérielles
de la Loi mosaïque. La foi chrétienne est chrétienne, elle n'est pas
judéo-chrétienne. Si on est du Christ, on n'est plus de Moïse, on n'est pas du
Temple. On ne peut revêtir le Christ et se rattacher à une judaïté qui
n'existe, pour un chrétien, que dans un prisme tronqué, pour autant il faut
regarder avec une affection privilégiée nos frères aînés dans la foi, dans la
foi au Dieu unique. Le chrétien est le fils accompli d'Abraham.
Paul s'opposera aux exigences des judéo-chrétiens qui voudront imposer la
circoncision aux nouveaux baptisés venus du monde des Gentils, de même qu'il
s'opposera à Pierre quand celui-ci, sous l'influence de radicaux, sera tenté de
s'isoler de la communauté pour signifier sa primauté. (conf. les Actes) Paul
fera preuve de réalisme, il annoncera Jésus dans la vérité et le respect des
communautés qu'il rencontrera ; cette attitude réaliste et pleine de respect
marquera à jamais l'Eglise qui, malgré des accidents regrettables dus davantage
à des zélateurs imbéciles qu'à l'Eglise elle-même, fera toujours preuve de
réalisme et saura toujours accueillir l'homme dans sa vérité, dans sa réalité
culturelle quitte à en corriger les aberrations ou les excès.
Paul sera l'initiateur de la pédagogie de la Vérité. Depuis l'origine
l'Eglise, non sans soubresauts, ne cesse de rechercher les meilleures
adaptations pour l'évangélisation. Cette recherche quelque peu abandonnée à
cause des désordres post-conciliaires, doit maintenant reprendre. Il faut urger
la recherche du renouvèlement du mode de diffusion compréhensible et sans
concession de la Vérité, de la Révélation... C'est le souci majeur du Saint
Père et de ses collaborateurs. Il est donc nécessaire de mettre un terme aux
soubresauts de vieilles filles liées, aliénées aux courants risibles et
finalement enfantins des progressismes néo-plouf et des rhumatisants
conservateurs de tout poil ainsi que des intégrismes de dentelières du Grand
Siècle...
La pastorale a pour but de permettre aux hommes d'accéder au Salut par une
bonne connaissance de la doctrine, une disponibilité aux appétits sacramentaux
et par une formation solide à la vie de prière qui tend à la vie d'union avec
Jésus. A partir de cette exigence non négociable, toutes les autres activités
indirectement liées à la pastorale comme l'aumône lui sont ordonnées et ne
peuvent en aucune manière prendre le dessus, car tout ce qui est de l'ordre de
l'esprit est supérieur. En effet, cette éminente qualité ordonne tout le reste,
elle active en permanence la charité, elle lui donne sens ici sur terre et dans
ce temps. Il ne faut pas oublier que le but de la foi chrétienne est que chaque
baptisé s'accomplisse en Dieu en lui devenant semblable.
La mission pétrinienne de Benoît XVI est en permanence de réunir toutes les
bonnes volontés dans la charité pour une nouvelle évangélisation, pour
renouveler l'invitation au Salut. Il y a urgence ...
Acteur de l'unité, le Théologien :
"Paul veut parler avec nous - aujourd'hui. C'est pourquoi, j'ai voulu
promulguer cette "Année paulinienne" spéciale: pour écouter et pour
apprendre à présent de lui, qui est notre maître, "la foi et la
vérité", dans lesquelles sont enracinées les raisons de l'unité parmi les
disciples du Christ. " Benoît XVI - Homélie inaugurale de l'année
paulinienne.
Le souci de l'unité de l'Eglise chez saint Paul semble être dans sa mission
même comme apôtre des Gentils, car à l'inquiétude d'Ananie Jésus répond: "
Va, car cet homme m'est un instrument de choix pour porter mon Nom devant les
nations, et les rois et les fils d'Israël ; car moi je lui montrerai tout ce
qu'il doit souffrir pour mon Nom." (Act. 9, 15-16) La mission de Paul dans
un premier temps sera d'aller vers les juifs de la diaspora et c'est avec les
premières conversions sorties de leur communauté qu'il fondera les premières
Eglises locales. Dans un premier temps, il semble que Paul construise les
fondations des communautés avec des judéo-chrétiens mais très vite, il sera au
contacte du monde païen avec qui il va devoir dialoguer comme l'épisode
d'Athènes : "Paul a perçu toute la difficulté d’annoncer le Christ
Dieu-homme qui nous sauve par son incarnation, sa mort en croix et sa
résurrection...Cela reste encore aujourd’hui la vraie porte étroite dont parle
l’Evangile.La porte étroite, ce n’est donc pas le fait d’admettre les préceptes
de morale de l’Eglise ni le poids humain de ses structures, mais c’est ce
scandale de la croix qui, aujourd’hui encore, est aux yeux des non chrétiens
“folie et stupidité”, mais que Paul annonce comme l’élément essentiel et
impossible à retrancher de la foi chrétienne, et même, comme l’expression de la
puissance de Dieu (1 Cor. 1,8)"( Lettre pastorale de la Conférence
épiscopale de Turquie).
Saint Paul aura le génie d'instituer le dialogue interculturel sans jamais
dissoudre dans la facilité l'exigence de l'évangélisation ni l'intégrité de sa
foi. Son tempérament de force ne le disposait pas à des concessions honteuses
qui ont souvent sévi dans l'Eglise de France face aux courants culturels ou
idéologiques ou face aux pouvoirs politiques qui se sont servi de cette ouverture
pour tromper, en essayant soit de la maîtriser soit de l'amoindrir. Etre sans
concession n'induit pas d'être ennemi, induit d'être soi selon l'ordre voulu
par Dieu et selon la loi morale naturelle. Saint Paul prenant conscience avec
un étonnant réalisme de la diversité des cultures et constatant les inévitables
frictions produites par les judéo-chrétiens et les gentils baptisés développa
le premier une éducation de l'unité et surtout jeta les bases théologiques
jamais démenties de l'unité des chrétiens par le moyen du Corps du Christ, du
Corps mystique du Christ. Benoît XVI vient de préciser dans son discours à
l'assemblée œcuménique le fondement de l'unité et les raison théologique de
l'œcuménisme : "Benoît XVI a alors fait référence au bimillénaire de la
naissance de saint Paul qui est fêté par l'Eglise cette année et a rappelé que
l'apôtre des gentils affirmait que par le baptême nous sommes membres du corps
du Christ. "Ce sacrement - a-t-il expliqué - qui est la porte d'entrée
dans l'Eglise et le lien d'unité, est le point de départ de tout le mouvement
œcuménique. Cependant, il n'en est pas la finalité. Le chemin de l'œcuménisme
vise, en définitive, à une célébration commune de l'Eucharistie que le Christ a
confié à ses apôtres comme le sacrement par excellence de l'unité de
l'Eglise". Pour cette raison "un dialogue sincère concernant la place
de l'Eucharistie, stimulé par une étude renouvelée et attentive de l'Ecriture,
des écrits patristiques et des documents des deux millénaires de l'histoire chrétienne,
conduira indubitablement à faire avancer le mouvement œcuménique et à unifier
notre témoignage face au monde".
Saint Paul est l'initiateur solide de tous les principes théologiques de la foi
chrétienne, de même qu'il sera le formateur de la pastorale mettant en relief
les axes sur lesquels toute pastorale doit nécessairement se poser et se
nourrir de bon sens et de courage. Dans les premières années post-conciliaires,
on entendait souvent de bons prêtres recommander la lecture des Pères de l'Eglise
oui, ce conseil vaut toujours et plus que jamais, car quoique puissent être les
adaptations nécessaires face à un monde néo-païen les sources patristiques
restent indémodables. Elles demeurent l'humus nécessaire à la vie de l'Eglise
et, elles ont une fortune qui ne sera jamais assez exploitée : le bon sens
évangélique !
Benoît XVI s'inscrit profondément dans la lumière apostolique et dans la
continuité des Pères de l'Eglise ; rien ne se comprend de son pontificat si on
se contente d'avoir le nez dans le guidon d'un Concile Vatican II qui est trop
souvent un alibi pour beaucoup. Benoît XVI veut en terminer avec les
applications de Saint Concile Vatican II, car il faut ramener de l'ordre dans
la maison pour s'attaquer avec forces aux graves problèmes de notre génération
qui sont autant de défis. Le pape veut remettre la pastorale dans l'axe majeur
de l'Eglise qui justifie sa raison d'être : permettre à tout homme de trouver
sur cette terre ou dans le Shéol appelé aussi l'Hadès ou encore Galilée des
nations le chemin du Salut. Pour nous catholiques, il nous faut avoir accès aux
voies qui doivent nous aider à la vie d'union avec Jésus. La question qui
se pose est de savoir quand nos évêques de France se décideront-ils à mettre
tout en œuvre pour aider le Saint Père dans cet objectif ?
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SOLJENITSYNE La Mort d'un des plus grands
intellectuels chrétiens de l'après-guerre. " Il aura été un immense
témoin de l'acte humain, il s'efforça de maintenir en éveille les consciences
celles de son peuple, celles du monde. Ne craignons pas de l'invoquer pour
obtenir son intercession pour nous autres intellectuels qui avons la lourde
charge de maintenir en alerte la conscience des hommes et des femmes à
l'intention droite. " Théodulfe Soplataris |
Soljenitsyne, un
exemple pour les intellectuels
(entretien publié à Courrier International)
Les intellectuels chrétiens sont en deuils ainsi que tous ceux de mes
collègues qui, non-croyants, ont à cœur de témoigner de la vérité. Soljenitsyne
fut connu en Occident pour sa résistance au communisme. Il fut interné par
ordre de Staline pour avoir osé le critiquer en termes voilés.
Son combat fut d'abord moral : la suppression de la liberté quand elle n'est
pas légitime est immorale, elle relève du crime comme tout ce qui porte
atteinte à la dignité de l'homme, la faim en fait partie. Il lutta
également pour que cesse le développement dans son pays des armes de
destruction massive ce qui lui valut d'être maintenu interné puis en liberté
surveillé. C'est dans ces lieux de désolations et d'abominations qu'il se
confrontera à la maladie, un cancer qui l'amènera à la conversion religieuse (sous réserve de vérification).
Son emprisonnement dans un centre de détention spécial lui inspirera la
rédaction de son livre : " Le premier cercle ". Il
écrira : " Un jour dans la vie d'Ivan Denisovich " . Cette
œuvre majeure lui apportera une renommée internationale, confirmée par son
autre livre : "Le Goulag. Brejnev l'expulsera et le privera de sa
nationalité.
Son combat à l'intérieur de l'empire soviétique portera avec Andreï Sakharov
sur la défense des droits de l'homme. Durant son exile, il fera preuve d'une
grande pudeur vis à vis de sa nation mais ne cessera pas de dénoncer les
perversions du communisme. Il contribua avec d'autres, chacun selon sa
personnalité, à l'effondrement du communisme, son talent propre, son intelligence
aiguë fera qu'il démystifiera l'idéologie dans le domaine intellectuel. On peut
se risquer de dire que, sur ce point, il rejoint André Malraux ; ainsi que le
dira l'ancien ministre de l'intérieur : Michel Poniatowski : "Toutes les
dictatures d'où qu'elles viennent sont fascisantes." (Soljenitsyne)
Soljenitsyne aura une analyse très juste des sociétés occidentales: cfr. ses
discours aux américains et ses déclarations de ces dernières années. Il faisait
parti de ces intelligences qui sont habitées par de brûlantes intuitions
activées par une perception intérieure de l'acte humain. Il marque son temps et
pour d'autres générations, car sa vie intellectuelle, celle de
"l'artiste-écrivain" et riche de vertus, il rejoint le ciel des très
grands écrivains chrétiens comme Bernanos. Nos générations auront besoins de
ces esprits pour se reconstruire une authentique vie intellectuelle, faites de rigueurs,
de générosité, d'espérance et dans la joie et les larmes. Convainquons-nous que
le diplôme ne suffit pas à faire un intellectuel. Il aura été un
immense témoin de l'acte humain, il s'efforça de maintenir en éveille les
consciences celles de son peuple, celles du monde. Ne craignons pas de
l'invoquer pour obtenir son intercession pour nous autres intellectuels qui
avons la lourde charge de maintenir en alerte la conscience des hommes et des
femmes.
C'est avec une grande tristesse, j'en ressens une grande honte, d'apprendre
qu'aucun membre du gouvernement ne soit venu représenter la France à ses
obsèques. Tous les occidentaux devraient assister à celles de tous les citoyens
qui ont lutté avec leur coeur et leurs mains nues contre le communisme, leurs
souffrances, leurs sacrifices nous auront permis à notre âme de respirer...(ici) Si ma patrie, la France reste belle,
qu'avons-nous fait pour mérité la dictature de la médiocrité chez nos hommes
publics et dans notre personnel politique ?
|
"
On ne peut nier les faits quant aux dégradations objectives que produit
l'activité de l'homme sur la nature ; le problème vient de ce que les médias
comme les mouvements écologiques focalisent l'attention du public sur des
faits circonstanciés sans donner le temps du recul. [...] Les chrétiens sont
appelés à une action précédée par une profonde réflexion s'appuyant sur l'enseignement
du Magistère et les opinions contradictoires de personnes compétentes.
[...]La lutte pour la sauvegarde de la nature et de la santé du vivant
demande la conversion des esprits et des cœurs. L'homme doit reprendre le
chemin abandonné de l'humilité et de l'amour de charité. " Pierre-Charles Aubrit Saint Pol |
Introduction : Du vert au rouge !
C'est dans la moitié du dernier
tiers des "Trente Glorieuses", (1975) période d'essor économique
époustouflante due au Plan Marshal, accordé par les États Unis d'Amérique,
après la seconde Guerre Mondiale, que commença le questionnement sur les effets
de l'industrialisation sur la nature. Très vite, on utilisera le terme
d'environnement ou d'écologie pour signifier le milieu vivant qui entoure
l'homme et sa cité. Malheureusement, ces dénominations furent corrompues quant
à leur signification par les discours idéologiques. Ils creuseront, par
d'habiles matraquages et manipulations une ouverture politique pour les "soixante-huitard"
qui ne s'étaient pas établis dans une carrière politique. Ces mouvements ou
courants, dits de l'environnement ou Verts, se caractérisent, encore
maintenant, par toutes les idéologies trouvées sur le marché de
l'humanisme athée, avec des outrances qui rappellent les années 30. Il n'y
manque pas les options anti-religieuses si étrangement primaires et leur train
vindicatif voir haineux - il se dit que les ânes se réfugient près des
incinérateurs pour éviter de mourir d'un fou rire - ce n'est qu'un bruit ! Ils
ne ménageront aucun effort pour faire voter les lois allant de l'avortement au
mariage civile gay et, proposent aujourd'hui une loi cadre autorisant
l'euthanasie et l'homo-parentalité, il paraît que cela enrichir les engrais
naturels.
Si je me réfère à l'ensemble de leurs discours, je constate une profonde
régression quant à l'intelligence qu'ils ont de l'homme, on peut parler d'une
approche réductrice. Il est mis sujet de la nature, parfois perçu inférieur à
l'ordre animal. C'est ainsi, on assiste à une sorte d'inversion des mondes de
l'affection, un renversement des catégories comme l'illustreront les films :
l'Ours, le Grand Bleu et Dian Fossey ethnologue des
gorilles. Dans
ces courants, on signale la Société Protectrice des Animaux qui, quoique
apolitique, contribue au développement de cette étonnante "sous
culture" toutefois, cette association est exemplaire en bien des points.
Elle s'est toujours placée dans un axe moral conforme à la loi morale
naturelle. En effet, ses actions sont toujours mises dans la perspective de la
dignité de l'homme et de la création. Nous pouvons, de ce point de vue,
souligner l'action de Madame Brigitte Bardot et de sa fondation qui se gardent
des interférences politiques et idéologiques.
En conclusion de cette introduction, je constate et déplore la pauvreté
intellectuelle de ces courants prétendant défendre l'environnement, sans pour
autant nier leurs résultats positifs quant à la défense de la nature et
sur les problèmes de santé publique. La difficulté vient de leurs choix
idéologiques : la nature serait-elle de gauche ou de droite ? Je penche qu'elle
un écrin et que l'homme est en son centre, un centre tout simple de bon sens.
L'homme et la création :
Nul lecteur de ce site ne
s'étonnera de me référencer au Livre de la Genèse, que voulez-vous braves gens
ici on est chrétiens.
La création, d'un certain point de vue, met l'homme en son centre, il n'en
demeure pas moins qu'il en est l'achèvement parfait selon les dispositions de
la Divine Providence. C'est un fait, l'homme est le couronnement de la
création. Les trois ordres lui sont ordonnés : le minéral, le végétal et
l'animal, en lui ils se trouvent parachevés. C'est l'une des raisons pour
lesquelles, Dieu lui intime l'ordre et la mission d'achever son oeuvre par son
travail et son action de grâces et de la dominer. Ainsi donc, s'il est vrai que
l'homme, de par les lois de nature, en est le sujet, il en est supérieurement
le maître de part l'ordre hiérarchique et selon les catégories universellement
établies. S'il est vrai que l'ensemble de la création soit intégralement
ordonnée au Christ, c'est par l'homme que Dieu la reçoit et l'assume en
Jésus-Christ. C'est là l'un des sens du mystère de son Incarnation.
"L'homme vivant est la Gloire de Dieu" (st. Irénée).
S'il est sur la terre, il est en communion avec toute la création, il est dans
son état naturel d'ouvrier de Dieu. " En méditant sur les huit oeuvres
accomplies par Dieu dans la séquence des six jours dans le commentaire de la
Genèse, Chrysostome veut reconduire les fidèles de la création au Créateur :
"C'est un grand bien ", dit-il, "de connaître ce qu'est la
créature et ce qu'est le Créateur". Il nous montre la beauté de la
création et la transparence de Dieu, pour le connaître" (ici).
L'homme est le gardien de la beauté de la création qui se réfléchit en lui. Il
en est aussi le récipiendaire quant à ses fruits même si ceux-ci viennent par
son travail. Il lui importe donc d'entretenir et de parfaire cette oeuvre de
Dieu, car cette responsabilité fait partie de sa dignité vivante. Bien que
maître de la création qu'il doit soumettre par délégation de pouvoir, il reste
et demeure à jamais un serviteur de la Gloire de Dieu, car il doit de ne pas
déchoir de sa propre dignité. Il est le gérant d'un bien appartenant à un
propriétaire qui le dépasse... En abusant de son autorité de gérant, il ne sert
plus mais s'approprie une autorité et une charge parce qu'il ne veut en rendre
compte à personne, il exclut Dieu. Son travail n'est plus au service de la
Gloire divine mais à la sienne. Dieu que fait-il devant cette situation
gravement peccamineuse ? Pour le comprendre, il faut sans cesse avoir à
l'esprit et au coeur que Dieu est humble et qu'on ne pourra le rejoindre que si
on l'est également. Aussi, et c'est une attitude constante du Créateur, il nous
livre à nous-mêmes, il nous laissent monter notre enferment : la pire prison
pour un homme est celle qu'il se construit, content et satisfait. Il est
alors entraîné par son propre mouvement sur l'avenue de toutes les errances et
de tous les vices (cfr. St. Paul). Et, il arrive assez souvent, qu'au bout de
cette errance, il retrouve une certaine humilité et rencontre Dieu.
Le
péché de l'homme et les désordres de la nature :
On ne peut nier les faits quant aux dégradations objectives que produit
l'activité de l'homme sur la nature. La difficulté de compréhension et d'y
croire vient de ce que les médias, les mouvements écologiques focalisent
l'attention du public sur des faits circonstanciés sans jamais donner le temps
du recul (voir les
incidents des centrales nucléaires).
Ils développent, avec malignité, une sorte de dictature férocement
culpabilisante, un peu comme si tous étaient responsables du choix actuel de
société, alors que bien peu envisage de s'interroger sur ce mode de vie,
surtout parmi les aboyeurs. D'autre part, il n'y a pas de débat contradictoire,
dès qu'une personne autorisée met des nuances sur tel point ou s'oppose à telle
autre conclusion de ces ténors, on use alors de la dérision, on procède à
la marginalisation. Ces acteurs sont dans le déni de la rigueur intellectuelle.
Ils agissent dans le mépris de la culture démocratique, ce sont là
d'authentiques intolérants. Pour nous chrétiens, ce comportement est très
douloureux, nous l'expliquons par leur refus de s'arrêter sur l'acte de l'homme
en considérant sa personne dans son intégralité.
L'exemple le plus frappant est le problème des changements climatiques vu comme
directement dépendant de l'acte de l'homme alors, qu'à ce jour nous manquons
singulièrement de mesures, de distances et, qu'à l'évidence, d'autres
facteurs doivent être pris en compte comme le phénomène des phases. On nous
assommes de certitudes alors que nous sommes en classe primaire.
On peut analyser autant que l'on voudra les causes physiques des dommages
causés à la nature, on peut multiplier les dispositions réglementaires et les
lois ainsi que les chartres et tout autre accord international, de tout ceci
rien ne sera réellement efficace dans le temps si on continue de refuser
d'admettre la notion de péché comme partie intégrante et d'évidence chez
l'homme. Bien sûr, il y a l'aspect économique mais la
multiplication artificielle des appétits, des besoins est le moteur de
l'enchaînement des causes secondes qui influencent l'environnement. Il faut
s'attarder sur l'intention réelle qui sous-tend l'acte humain, il faut examiner
sa conscience individuelle et collective.
Il importe pour trouver des solutions pérennes de suivre les enseignements de
Benoît XVI : "Avant qu'il ne soit trop tard, nous devons faire des choix
courageux qui recréeront une alliance forte entre l'homme et la
Terre"….Nous avons besoin d'un oui décisif pour s'occuper de la création,
et d'un engagement fort pour renverser ces tendances qui risquent de rendre
irréversible la situation de décomposition." (ici). Cette action demande d'agir en urgence par des
moyens techniques et juridiques mais elle induit l'exigence d'une réflexion
approfondie en amont. Il faut poser les questions portant sur la société dans
le cadre du développement de la mondialisation ce qui implique un mécanisme
régulateur des richesses naturelles et des facteurs d'enrichissement collectif
et individuel. Les gouvernants doivent affronter avec courage, lucidité et sans
aucune grille idéologique ces problèmes, les expliquer et décider dans un seul
souci: le bien commun universel.
De
la solution et de la conversion:
Les chrétiens sont appelés à une action précédée par une profonde réflexion
s'appuyant sur l'enseignement du Magistère et les opinions contradictoires de
personnes compétentes. Mais le chrétien ne peut en rester là, il importe que sa
réflexion se pose sur la nécessaire conversion des intelligences afin qu'elles
acceptent de se soumettre à la lumière de la Révélation et de la Miséricorde.
La lutte pour la sauvegarde de la nature et de la santé du vivants demande la
conversion des esprit et des coeurs. L'homme doit reprendre le chemin abandonné
de l'humilité et de l'amour de charité, il ne doit pas craindre de s'abaisser
en lui-même, de se créer l'appétit de l'esprit de pauvreté.