LA LETTRE CATHOLIQUE N°42 DIFFUSION GRATUITE - FAITES LA CONNAÎTRE - JUILLET -
AOÛT 2008 - mail:lalettrecatholique@free.f " Est ce qui est ! Obéir à la Vérité pour mieux
servir la Charité " |
Il appartient aux
laïcs de défendre et d'expliquer le Magistère avec une liberté renouvelée
sans offenser la charité. Nous devons nous mettre dans la continuité de la
pensée de Jean Paul II le Grand et dans celle de son successeur Benoît XVI.
C'est-à-dire, nous laisser imbiber de l'esprit du Saint Concile Vatican II.
Le laïc, quels que soient ses dons, sa vocation, est aux postes de garde et
de combat surtout après le discours magistral que prononça le pape Benoît XVI
à Ratisbonne. Il se doit de dire là où la hiérarchie ne peut parler ou n'ose
plus parler. Il doit défendre l'honneur et la sainteté de l'Église face à ses
accusateurs et détracteurs. Il n'a pas à craindre et doit se défendre de tout
sentiment de culpabilité. Le catholique n'a plus de complexe, il dit en
conscience ce que lui commande le service de la Charité alliée à la
Vérité. "FIER D'ÊTRE DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE APOSTOLIQUE ET ROMAINE"
Pierre Aubrit |
Table des matières
ETRE UN INTELLECTUEL CATHOLIQUE DANS LA CITE
LA VIE
D’UNION AU CHRIST AVEC L’IMMACULEE
LA PEDAGOGIE
DE LA MAMAN CELESTE
LA PROFANATION DES CIMETIERES !!!
EGLISE DE FRANCE ACCUEILLE TON PASTEUR
Tous les Voyages du Pape sont des Visites Pastorales
|
UN BIEN ÉTRANGE ANNIVERSAIRE ! IL Y A QUARANTE ANS : MAI 1968 ! ON NE S'EN REMET TOUJOURS PAS ! Pierre-Charles Aubrit Saint Pol |
Mai 68 n'aurait-il été que l'expression du simple et animal désir de jouir
d'une société en expansion économique ?
Résumés en ces termes, ces événements expliqueraient-ils, à eux seuls, la cause
du déclin moral, culturel et spirituel de l'Europe et du monde
occidental ? Il est bien certain que non !
La Révolte
de l'an 1968, envisagée sous cette explication exclusive, reviendrait à la
mettre en accusation et aboutirait à lui faire porter une fatale responsabilité
dans le but de décharger la conscience des acteurs face à l'histoire et surtout
aux deux générations précédentes, c'est-à-dire les géniteurs.
Si on prend le temps de la réflexion, que l'on fasse abstraction des médias
toujours prêts à sacraliser les désastres pour peu qu'ils en tirent un
avantage, on aperçoit dans leur fond ténébreux des éclats de lumière argent ;
ils nous invitent à sortir du prisme soixante-huitard, à quitter nos
conforts intellectuels. Prenons le risque d’entrer désarmés dans
l'apparent désordre et peu rassurante explosion de colère et de désespoir que
fut 1968. Nous essayerons de démontrer les causes profondes de ces événements
irrationnels en apparence. Acceptons de suspendre nos certitudes et de sortir
d'une logique cartésienne. Ne craignons de nous laisser aspirer par les
couloirs obscurs qui se logent entre les cris de souffrance, là où il n'y a
plus que silence douloureux. Et si nous acceptions l'évidence : nous n'avons
rien compris à cette Révolte parce que nous ne voulions pour rien au monde
remettre en cause nos certitudes confortables, nos boucliers de lâcheté. Ne
serait-elle pas après tout qu'une grosse crise de fin d'adolescence ?
Les générations actrices de ces événements furent conçues entre 39 et
50. Elles auront été bercées par les récits de la Seconde Guerre mondiale et de
la Première. Ceux qui naîtront entre 39-45 se confrontèrent à
la guerre civile d'Algérie et aux récits des guerres de Corée, d'Indochine pour
ce qui est de la France ; pour l'ensemble du monde libre, selon le schéma de
cette époque, se greffera la Guerre du Vietnam, l'oppression de la Guerre
Froide, la course aux armements avec l'effroi des bombardements d'Hiroshima et
Nagasaki et l'accès à l'indépendance des colonies. La décolonisation posera les
problèmes des famines, de justice économique mondiale. Le souci de la justice
économique entre les nations sera urgé par le boum économique des Trente
Glorieuses. A cet ensemble de bouleversements, s'ajoutent les événements de
Hongrie et l'humiliant et désastreux Printemps de Prague. Il faut y joindre les
débuts des témoignages sur les camps d'internement nazis dès les années 59, 60.
Et que fallait-il faire des bouleversements technologiques, de la recherche
fondamentale, des moyens de communication, dans quel terreau s'enracinaient-ils
? Où étaient nos intellectuels ? Quelle contribution ont-ils
apportée ?
Ces générations n'ont eu d'autre berceau que la violence, une authentique
angoisse existentielle, une perspective aléatoire de paix, le sentiment diffus
d'un effroyable mensonge :
Ces générations sont éduquées dans une logique de survie ; moi-même, je fus
contraint de faire des choses répugnantes pour moi parce qu'il fallait devenir
un homme : je dus manger de tout ! On m'obligea à manger le gras des viandes et
surtout le gras de porc issu des soupes au lard, ce qui était atroce. Cela peut
aujourd'hui sembler dérisoire, je fus pourtant élevé dans une logique de survie
en prévention d'une guerre qui semblait toujours imminente. L'enfant de
ma génération se préparait à faire face à tout, nos parents n'avaient-ils pas
été exposés à de terribles dangers d'extermination du genre humain ! Un
sentiment permanent d'insécurité polluait leur vie et empoisonnait la nôtre.
Personne ne croyait à la paix.
Mes parents et mes grands-parents vivaient dans le souvenir de la Grande
Récession conséquence de la crise financière de 1929 : on nous inculquait
que nous devions faire des études non pas tant pour avoir une belle
situation que pour être assurés de ne manquer de rien.
On recevait une éducation de survie ! Nous n'étions pas élevés dans une perspective
d'espoir moins encore d'espérance, pas plus qu'on nous formait à l'idée juste
de collaborer à l'émergence d'une cité nouvelle ! On n'a pas cessé de
présenter l'avenir dans une logique de hauts risques, car de cette inquiétude
pathologique, s'ourdissait un sentiment diffus que la vie n'avait en fait rien
de sacré.
Dans les milieux de la Résistance, j'écoutais du haut de mes dix ans des
récits sur les camps d'internement nazis, on en parlait parce qu'on commençait
à être informé plus largement sur les camps d'internement du bloc
communiste. On murmurait ce qui c'était passé pour les juifs et les déportés
pour fait de résistance. On nous parlait du bombardement atomique du Japon
parce que les médias vantaient les essais nucléaires de la France
et d'ailleurs. L'envoi d'engins spatiaux renforçait cette sourde inquiétude.
Nul n'osait à haute voix poser la question : à quand la prochaine guerre ?
Mais tous les parents se la murmuraient dans toute leur attitude. Ces
générations ont vécu dans des maisons dont le toit était fait d'une chape
composée d'événements écrasant que rien ne semblait pouvoir soulever. Il
n'apparaissait pas de forces morales ou intellectuelles qui puissent les
secourir...
La charge était si écrasante que les propositions religieuses,
spirituelles nous étaient irréelles, impalpables, désuètes, leurs institutions
humaines étaient inconsciemment regardées comme complices de cette situation
que nos générations ne parvenaient pas à s'expliquer, elles en étaient
aliénées. Vers qui se tourner ?
Si on devait illustrer, éclairer le contenu intellectuel susceptible de
faire face aux conséquences de la Seconde Guerre mondiale, nous dessinerions un
puits noir sans fond ; il n'y a eu aucun discours intellectuel, une terrible
absence, si inimaginable qu'elle est aujourd'hui perçue par ma génération comme
une invraisemblable dérision de l'absurde. Il ne sait trouver aucun penseur,
aucun auteur pour s'arrêter sur la charge morale, psychologique et spirituelle
de cette inhumaine guerre de 1939-1945.
On a beaucoup écrit sur l'exaltation de la Résistance, sur le contexte
historique, sur les faits de courage militaire ou civile. Mais personne, non
personne des élites n'aura posé les questions sur les conséquences morales et
diverses de ce conflit, pas plus qu'on s'est demandé qu'elles furent les causes
autres que politiques qui avaient amené une seconde guerre mondiale. On a
laissé notre génération s'en débrouiller... Nos aînés avaient une excuse, il
fallait reconstruire, établir son confort, se rassurer matériellement pour
échapper à l'angoisse qui tel un serpent constrictor enserre doucement sa
proie.
Ce sont nos générations qui supporteront les premières ondes de choc de ces
conflits et de l'insécurité en général. L'expansion économique, sociale, scientifique
a reposé sur de solides rouages mais ceux-ci, en définitif, ne reposaient sur
rien de solide. L'appétit d'enrichissement et de puissance ne pouvait combler
les sourdes interrogations, ni nous consoler des assauts des angoisses
existentielles. Nos générations furent abandonnées aux carrefours des ombres
désespérantes, héritage tragique du laisser pour compte de tout solde. On
nous a éteint nos regards, on nous a endeuillé nos sourires. Générations de
blousons noirs, blousons dorés... Générations d'enfance en berne !
C'est cet état d'effondrement psychologique qui, après 68, donnera la
possibilité de voter des lois qui s'opposeront radicalement à la dignité de la
personne, aux principes les plus nobles de la vie et des fondements naturels de
toute société.
On nous demanda d'obéir ! Pourquoi faire ? Mais pourquoi faire ?
Nos générations ont-elles appris à aimer ? Rien n'est moins sûr ! Notre
éducation fut davantage un capital d'interdits à porter sans qu'on n'ait jamais
pris le temps de nous expliquer comment respecter ces interdits ni pourquoi.
Nous reçûmes une éducation selon les formes sociales en cours dans le seul but
de se construire une situation, d'être un homme convenable. On nous envoyait au
catéchisme ou dans les jeunesses communistes dans le même esprit, cela faisait
partie des formes sociales convenues.
Notre enfance ne fut pas ménagée, elle fut en prise directe avec la charge
parentale ténébreuse d'une société qui s'effondrait en elle-même. Nous nous
sentions abandonnés dans l'effroi d'un monde qui ne semblait pas nous avoir
désirés, nous étions l'une des conséquences convenues de la société, de ses
codes.
L'autorité s'exerçait quasi sans aucune limite, qui eut osé la remettre en
cause tant dans sa forme que dans sa légitimité ? L'autorité des parents était
sacrée, celle des enseignants, celle du prêtre, celle du gendarme et après ?
Parce
qu'obéir formait l'homme de demain mais de quel homme s'agissait-il ? Et quel
était ce demain ? La perception de notre avenir n'était rien de moins qu'un
mur.
Il n'y avait pas de sens à notre vie, il n'y en avait pas non plus pour ce
demain que nos parents nous voulaient comme des forcenés du désespoir. On
nous proposait de faire choix entre deux idéologies matérialistes. Il fallait
choisir, il fallait que l'on choisisse pour nous ; car il convenait que nous
ayons une forme de vie sociale reconnaissable, identifiable et bien
rassurante. On ne pouvait déroger à la norme. Mais où donc était l'Église
? Où se trouvaient-ils nos intellectuels catholiques, voyaient-ils ce qui
s'annonçait ?
Société communiste ? Société libérale ? Société chrétienne ?
Notre génération se retrouvait devant un dilemme, le même principe de dualité
que celles qui se confrontèrent dans cette Seconde Guerre : choisir entre la
peste et le choléra ! Choisir entre la jouissance consumériste avec ses codes
individualistes et le matérialisme ordonné avec sa négation de la personne ! L'Église
Catholique n'était déjà plus audible dans de larges pans des différentes
couches sociales.
Certains optèrent, dans un élan pseudo mystique, pour la justice et
s'engagèrent derrière les aboyeurs marxistes-léninistes puis, plus tard,
derrière l'invraisemblable maoïsme. D'autres optèrent pour l'individualisme
libéral et urgèrent une société de consommation sans âme, sans morale, sans
honneur. En présence de ce dilemme, il n'y avait que peu de moyens de s'en
arracher. Les espoirs qu'on nous présentait étaient si fortement coiffés
d'ombres qu'on ne parvenait pas à déceler l'espérance. Les prêtres eux-mêmes ne
nous faisaient pas entrevoir l'amitié possible avec ce Dieu Sauveur ! Ils nous
bombardaient d'interdits, de codes, ils n'étaient plus les témoins de la
libération évangélique mais des collabos d'une société perdue, déjà moribonde,
ensevelie... Les enfants de divorcés étaient montrés du doigt, il n'est pas
certain que ce reproche fût la conséquence de la faute par rapport à Dieu
plutôt que par rapport aux convenances sociales.
Qu'il s'agisse des droites ou des gauches, on nous aliénait de convenances, de
codes, d'espoirs ternes... On nous éduquait à l'ombre des cimetières
défleuris...
La colère, la révolte : un cri d'amour bien plus qu'une exorbitante
exigence de jouissance !
Lors d'une des émissions commémoratives sur le général de Gaulle, l'un de ses
petits-fils, fils de l'amiral, a dit au sujet de mai 68 : "nous voulions
jouir des biens de consommation, nous voulions tout simplement jouir !"
Plus je réfléchis sur ce propos et plus j'ai une forte envie d'aller botter le
cul de ce de Gaulle, tant résonne le conformisme, le besoin anecdotique de se
rassurer de l'irrationalité de ces événements. Ce petit-fils est la copie
conforme de tous les non-dits mensongers de notre société moribonde, elle ne
sait plus vivre ! Son grand-père n'eut pas manqué de le renvoyer au sommet
des crêtes.
Les mouvements d'humeur qui amenèrent ces événements et qui se cherchaient des
supports objectifs pour les légitimer étaient poussés par une inquiétude de
l'existence dans laquelle se dissimulait une angoisse bien plus dramatique,
forgée par l'accumulation de tout ce que je viens de décrire plus haut. Une
angoisse métaphysique que personne n'a voulue entendre. Réduire ces événements,
aussi désastreux qu'ils aient été, à cette seule jouissance, est une injure
imbécile pour bourgeois à la lente digestion d’ortolans.
La première chose que nous voulions était d'être considérés et aimés pour
nous-mêmes. Nous demandions à ne plus porter des ombres qui ne nous étaient pas
destinées. Nous voulions qu'on nous rende la grâce et la liberté de sourire,
tout ce qui suivit à la suite fut la conséquence de la surdité des aînés
quelles que soient par ailleurs leurs convictions. La gauche ne fut pas plus
clairvoyante que la droite. On s'est joué de nous ! On nous a menti de nouveau
! Nous avons été profanés dans l'essence spirituelle et intellectuelle de notre
jeunesse.
De la manipulation à l'activisme révolutionnaire !
Le tournant révolutionnaire fut activité dans les violences de Nanterre
et de la Sorbonne, on peut parler d'agitateurs révolutionnaires venant des
courants trotskistes et des internationales des jeunesses communistes. Il faut
ajouter les agents du bloc communiste d'URSS et rappeler les
contre-révolutionnaires de tous les extrêmes de la droite et les agents
libéraux financés par les États Unis.
La révolte fut d'abord estudiantine en quoi cela devait-elle étonner ? Les
étudiants étaient au front de toutes nos angoisses, les connaissances qu'ils
accumulaient les rendaient sensibles à toutes ces interrogations qu'ils n'osaient
pas publier. Les conditions sociales de leurs études dues aux réformes
scolaires et à l'explosion de la natalité contribuèrent comme supports
objectifs parce qu'il fallait bien un support évident pour exploser. Les
violences qui s'en suivirent restent inexcusables mais elles sont toutes
pardonnables. C'est alors qu'à celles-ci, on opposa toutes les peurs, car après
quelques hésitations, tous les renforts idéologiques revinrent à la surface et
les syndicats entrèrent dans la dense comme des prédateurs ténébreux.
On a dit et écrit, qu'en son début, la Révolte était celle des enfants
financièrement favorisés pourquoi s'en étonner ; on les surprotégeait, on les
gavait. Ils ne devaient pas penser mais se laisser vivre dans le pas de papa et
maman. Je sais par témoignage que cette élite était la plus malheureuse. On la
poussa dans une succession de fuites en avant, on l'enferma dans tous les
conformismes.
Dans une émission sur la chaîne parlementaire, au sujet du gaullisme, on
prétendit que la question sociale n'était pas aussi bien abordée que l'aurait
souhaitée de Gaulle ! De qui se moque-t-on ? Où alors, c'est que les syndicats
ne faisaient pas leur boulot ! De Gaulle initia une politique sociale
d'équilibre en collant toujours à la réalité, beaucoup du patronat voyaient en
lui le plus grand des dangers pour leurs intérêts. Sous sa Présidence, la
France fit des avancées sociales qui ne se reproduisirent plus. Elles furent
fructueuses, car elles collaient à la réalité économique et culturelle. On me
rétorquera mais que faites-vous du gouvernement de la Gauche, rien, car il n'y
a rien à en faire ! Elle ne sait pas coller aux réalités objectives du peuple
dont elle ignore jusqu'à son visage réel et son âme.
Les partis de gauche et certains de leurs syndicats virent là la possibilité de
régler des comptes réels ou imaginaires qu'ils n'avaient pu régler lors de la Libération.
On souhaitait reprendre l’épuration là où elle s’était interrompue. La
révolte fut détournée, habitée par des petitesses, des médiocrités avec leur
traîneau de haine ; des familles se virent menacées dans leur vie par ces
agents : "on vous a ratés à la Libération maintenant, on va vous avoir
!". Ils furent et restent incapables de construire l'avenir, à
l'époque comme maintenant - particularisme français - ils sont crispés sur des
options idéologiques dépassées et des rancunes de personne à la petite semaine.
Ils ne savent pas être grands.
La Révolte de mai 68 devint le lieu dans lequel se projetaient tous les projets
de vengeance, de sentiments malpropres. Souvenons-nous du rassemblement au
stade Charléty où se pavanèrent tous les politiques qui furent incapables de
dessiner l'avenir de l'après guerre mais ils s'y voyaient à l'Élysée : qu'on se
souvienne de la pose du paon qu'avait prise sans vergogne François Mitterrand !
La vanité est le ridicule des prévaricateurs d'espoir et des enfantins.
Pour l'anecdote, Mitterrand aura l'impudeur de demander à l'archevêché de
Paris de pouvoir garer sa voiture à l'intérieur de leur cour afin de la protéger
des émeutiers. Qu'il y ait eu des ajustements sociaux et économiques à
faire, c'était évident. Pour autant, de quelle initiative pouvait prétendre la
CGT après le désastre des grèves minières de 1963 qui désespérèrent les mineurs
tant la déconvenue fut grande après des promesses mensongères[1].
Les violences furent telles qu'on ne vit plus que cela et l'inconfort que
produisaient les grèves. Il fallait donc de l'ordre ! Même toute la gauche,
après avoir satisfait ses gourmandises pas toujours avouables, en vint à
demander de l'ordre. Mais qui avait répondu aux angoisses qui suscitèrent cette
explosion ?
Une chape de
silence impudique les ensevelit, tapissée par tous les désordres moraux et le
rejet pathologique de tout ce qui jusque là contribuait à la stabilité de toute
société.
Il n'y eut pas de réponse ! Mais le vide silencieux s'emplit du fracas
désordonné de tous les égoïsmes, on rejeta tout interdit.
Dans la minorité des agitateurs, s’infiltrèrent les murmures des sociétés
occultes qui poussèrent à réclamer des avancées substantielles dans la
perspective du paradis humain sur la Terre. Les tenants d'un humanisme sans
Dieu se tenaient aux aguets de toutes les opportunités à seule fin de faire
reculer la culture chrétienne et d'exalter la personne dans tout ce qu'elle a
d'égoïste.
Le pouvoir
culturel se trouva renforcé dans les mains de toutes les gauches et dans les
courants coercitifs des libéralismes religieux si impérieux dans l'Église de
France.
Faute
d'avoir voulu répondre aux interrogations angoissantes de notre génération, on
appâta cette génération par la libération sexuelle, la libération de toutes les
jouissances et se creusa la fausse à purin qui, depuis, ne cesse d'infester la
société dans ce qu'elle a de plus sacrée : l'intelligence de la vie et son
respect, l'accueil de l'enfant, de l'innocence.
Les agitateurs de tout poil ne manquèrent pas et voulurent en bornes exister
dans la nuit qu'ils forgeaient ; certains d'entre eux signèrent des articles,
des ouvrages vantant la liberté de jouer avec l'innocence de l'enfance. On les
retrouve aujourd’hui dans les allées du pouvoir et ne furent jamais inquiétés.
Ont-ils œuvré au soulagement de leur génération ? Il n'est pas certain que les
ânes aient envie d'en rire !
Oui, en tenant compte du développement ci-dessus, on peut dire, avec toute la
nuance nécessaire à la rigueur intellectuelle, que la Révolte de 68 se
transforma en volonté de jouir ! Mais à qui la faute ?
Jean-Paul Sartre qui fit partie des plus grands fautifs, promoteur de la
désespérance, termina sa carrière sur l'un des tonneaux des grilles de l'usine
Renault... Quant à ses jeunes émules, ils s'affranchirent de son aura pour se
projeter au devant de la scène et saisir les commandes de la culture, [Les
nouveaux philosophes ou la dérision et le ridicule de la vie intellectuelle].
Que restera-t-il de leur œuvre ? Des pans entiers de la pensée laissés en
jachère, exclus du soleil par leurs ombres médiocres. Qu’ont-ils proposé après
l’effondrement du communisme ?
Le vide intellectuel de cette agitation fut terrible, il n'y eut aucun
manifeste, le seul document qui sortit fut les reproductions des graffitis
orduriers dégradant les murs de la Sorbonne.
La hiérarchie de l'Église catholique de France fut d'une absence indicible,
enfoncée qu'elle était dans ses propres contradictions. Elle jouissait des
nouveautés que l’après Concile Vatican II semblait à contrario lui offrir en
opportunité sans plus se soucier de la famine spirituelle. Elle ne répondit à aucune des attentes angoissées
de cette génération. Il n'y avait personne au bout du
fil ! Ses aliénations crypto-idéologiques se manifestaient en plein jour avec
ses traînes désespérantes, multipliant les laissés-pour-compte d'une société
sans repaires ni renouvellement d'espérance. Elle se laissa entraîner dans tous
les compromis inimaginables avec l'esprit du monde ouvrant la voie à une
apostasie tranquille.
La deuxième roue révolutionnaire s'accomplissait, la troisième
s'ouvrait sur les espaces abandonnés par ceux-là mêmes qui auraient dû
les défendre de leur vie... L'ordre revint assuré qu'il serait là pour réguler
un désordre plus profond. Les enfers pouvaient danser.
L'avenir pour les générations qui nous suivent est encore plus lourd de
menaces, de désespoirs que l'on fuit en une volonté féroce dans tous les
égoïsmes possibles avec l'apparence de la générosité. Et, c'est ainsi qu'on
voit des gamins manifester contre la réforme scolaire nécessaire parce que des
enseignants, fleuris dans les ombres soixante-huitardes, les manipulent, sans
aucun respect. Leur crainte étant de se retrouver nus devant leur conscience en
présence d'une de ces générations qui leur criera qu'avez-vous fait de notre
sourire ?
Dieu, face à cette volonté de jouir, laisse se produire les chocs pétroliers
qui ébranlent nos économies et commencent à ébranler nos démocraties. Vous avez décidé de vous passer de Dieu,
Dieu le Père a retiré à l'Esprit Saint la mission d'inspirer les gouvernants et
les peuples ; qu'ils aillent au bout de leur orgueil !
Je laisse à Georges Pompidou le soin d'apporter sa part à cet article, en
insérant une partie de son discours qu'il prononça à la Chambre le 14 mai 1968,
car de tous les Présidents de la Cinquième République, il est le plus grand,
tant il fut humble, courageux et riche d'une humanité pleine de bon sens et de
noblesse vraie :
" Mesdames et Messieurs,
Rien ne serait plus illusoire que de croire que les événements que nous venons
de vivre constituent une flambée sans lendemain. Rien ne saurait plus illusoire
également que de croire qu'une solution valable et durable puisse naître du
désordre et de la précipitation. La route est longue et difficile. Il ne sera
pas trop de la collaboration de tous pour atteindre le but. Le Gouvernement,
pour sa part, est prêt à recueillir les avis, à étudier les suggestions, à en
tirer les conséquences pour ses décisions. Mais il demande qu'on veuille bien
mesurer les difficultés de la tâche.
C'est qu'il ne s'agit pas simplement de réformer l'Université. À travers les
étudiants, c'est le problème même de la jeunesse qui est posé, de sa place dans
la société, de ses obligations et de ses droits, de son équilibre moral même. Traditionnellement,
la jeunesse était vouée à la discipline et à l'effort, au nom d'un idéal, d'une
conception morale en tout cas.
La discipline a en grande partie disparu. L'intrusion de la radio et de la
télévision a mis les jeunes dès l'enfance au contact de la vie extérieure.
L'évolution des mœurs a transformé les rapports entre parents et enfants comme
entre maîtres et élèves. Les progrès de la technique et du niveau de vie ont,
pour beaucoup, supprimé le sens de l'effort. Quoi d'étonnant enfin si le besoin
de l'homme de croire à quelque chose, d'avoir solidement ancrés en soi quelques
principes fondamentaux, se trouve contrarié par la remise en cause constante de
tout ce sur quoi l'humanité s'est appuyée pendant des siècles: la famille est
souvent dissoute, ou relâchée, la patrie discutée, souvent niée, Dieu est mort
pour beaucoup et l'Église elle-même s'interroge sur les voies à suivre et
bouleverse ses traditions.
Dans ces conditions, la jeunesse, non pas tant peut-être la jeunesse ouvrière
ou paysanne qui connaît le prix du pain et la rude nécessité de l'effort, mais
qui est plus inquiète que d'autres aussi pour son avenir professionnel, la
jeunesse universitaire en tout cas, se trouve désemparée. Les meilleurs
s'interrogent, cherchent, s'angoissent, réclament un but et des
responsabilités. D'autres, et qui ne sont pas toujours les pires, se tournent
vers la négation, le refus total et le goût de détruire.
"Détruire quoi ?"
Détruire quoi ? Ce qu'ils ont sous la main d'abord, et, pour les étudiants,
c'est l'Université. Et puis la société, non pas la société capitaliste comme le
croit M. Juquin (qu'il demande donc l'avis des étudiants de Varsovie, de Prague
ou même de Moscou), mais la société tout court, la société moderne,
matérialiste et sans âme. (Juquin était un élu communiste)
Je ne vois de précédent dans notre histoire qu'en cette période désespérée que
fut le XVe siècle, où s'effondraient les structures du Moyen Age et où, déjà,
les étudiants se révoltaient en Sorbonne.
À ce stade, ce n'est plus, croyez-moi, le Gouvernement qui est en cause, ni les
institutions, ni même la France. C'est notre civilisation elle-même. Tous
les adultes et tous les responsables, tous ceux qui prétendent guider les
hommes se doivent d'y songer, parents, maîtres, dirigeants professionnels ou
syndicaux, écrivains et journalistes, prêtres et laïcs. Il s'agit de recréer un
cadre de vie accepté de tous, de concilier ordre et liberté, esprit critique et
conviction, civilisation urbaine et personnalité, progrès matériel et sens de
l'effort, libre concurrence et justice, individualisme et solidarité.
Je ne cherche pas, Mesdames et Messieurs, à éviter le débat politique. Nous
aurons l'occasion d'ici peu d'en parler et d'en parler complètement. Mais,
en évoquant rapidement le fond des problèmes qui sont en fin de compte d'ordre
philosophique plus encore que politique ou du moins relèvent de la politique au
sens le plus élevé du terme, je ne crois pas m'éloigner de la question
immédiate, qui est celle de notre jeunesse. Il y a trois jours, au
lendemain d'une nuit d'émeute, j'ai délibérément choisi avec l'accord du
général de Gaulle, l'apaisement et j'ai fait les gestes nécessaires.
Aujourd'hui, je fais appel à la coopération de tous, et d'abord des étudiants,
et je ferai les gestes nécessaires. Notre pays veut la paix. Notre peuple veut
être heureux. Ce n'est que dans le calme et dans la collaboration de tous qu'il
en trouvera la voie. Puisse, cette fois aussi, mon appel être entendu."
L'analyse de Pompidou reste d'une actualité étonnante, sa perspicacité à
comprendre et intérioriser les angoisses de notre génération nous le rend plus
sympathique. Malheureusement son appel ne fut pas entendu.
Dieu suscita
Jean-Paul II le Grand et aujourd'hui Benoît XVI. Ils ont pris la mesure du
drame métaphysique qui saisit notre société et tendent avec un courage inégalé
et une rigueur intellectuelle sans pareil de répondre à toutes les attentes par
une charité jamais prise en défaut. Il
appartient aux intellectuels catholiques de répandre leur enseignement et
d'apporter aux générations d'aujourd'hui, dans ces heures pénibles, les moyens
de leur discernement afin qu'elles puissent décider le meilleur de leur
devenir sur cette terre dans l'espérance renouvelée de leur foi.
N'oublions
pas que tout homme est aimé de Dieu et que cet amour l'appelle à le rencontrer
Lui en qui tout de l'homme se réalise et prend sens.
Puisse l'Esprit Saint nous conforter dans notre mission, nous intellectuels
catholiques: témoigner, sans faiblesse ni concession au monde, de l'amour de
Dieu et de la grandeur indépassable de l'homme, temple vivant de Dieu.
ENTRETIEN IMAGINAIRE ENTRE
PIERRE-CHARLES AUBRIT SAINT POL ET PIERRE DESPRAUGES N°2
P. D. : « - Pourquoi m’avoir sorti de mon repos
éternel ? Pourquoi moi ?
P-C. A. : - Il est vrai que vos choix sur terre étaient
aux antipodes des miens. Vous avez choisi un engagement idéologique de gauche
alors que j’ai une aversion envers toutes les idéologies. Je vous ai appelé, parce qu’avec d’autres de
vos confrères qui avaient construit la télévision française, vous avez toujours
respecté vos invités qu’elle qu’était leur conviction ou leur absence de
conviction. Alors qu’aujourd’hui, bien de vos successeurs se servent de leurs
invités pour exister, ils manifestent à leur égard bien peu de respect heureux,
quand ils ne se transforment pas en commissaires politiques, en mouleurs de la
pensée unique et souvent sans trop de culture.
P. D. : - Vous êtes sévère ! Mais vous avez
raison ! Qu’attendez-vous des médias ?
P-C. A. : - Qu’ils témoignent de la vérité des
événements sans manipulation. Dans un débat, qu’ils s’effacent pour mettre en
valeur leurs invités. Il nous importe peu de connaître leurs convictions, ce
qui nous importe bien plus, c’est de connaître celles de leurs invités.
Certains journalistes mais surtout les animateurs ressemblent à des appariteurs
du vide. Ils sont de parti pris et n’hésitent pas à déstabiliser l’un de leurs
invités si par malheur, il affirme une opinion qui n’est pas dans le formatage,
ils n’hésitent pas à l’humilier. Ce n’est pas ce que j’appelle une attitude
noble. Ils ont une conception mercantile de leur profession.
Les médias ont une responsabilité morale immense. Ils ne
peuvent impunément se réfugier derrière la liberté d’informer et d’expression,
car beaucoup d’entre eux ne sont plus dans l’ordre de la qualité mais dans
celui de la massivité, ce qui induit trop souvent la vulgarité qui ne qualifie
pas seulement le langage mais tout un comportement. La plupart d’entre eux
agissent en prédateurs de l’espoir et de l’intelligence. Le peuple pourrait un
jour se réveiller et les envoyer au bain. Informer, c’est aussi s’engager à
former. Mais aujourd’hui, on est plutôt déformé. Ils ont une part lourde dans
l’absence évidente d’espoir, dans le développement primaire des sentiments
rarement bons in fine. Ils se nourrissent sur le faux terreau des affects
ordinaires et sur lequel les pourritures les moins nobles s’élèvent. Ils n’ont
aucun intérêt pour le peuple, ils en ont perdu toute intelligence du cœur.
P. D. : - Dans notre précédant entretien, vous disiez
que Malraux souffrait d’avoir eu à supporter ses intuitions fulgurantes. Qu’entendiez-vous
par là ?
P-C. A. : - Malraux est l’un des esprits agnostiques qui
fut le plus proche de Dieu. Des esprits droits, athées, peuvent être d’authentiques
esprits religieux. Certains vivent, sans jamais le savoir, une amitié avec Dieu
qu’ils découvriront de l’autre côté.
L’homme avec le divin ne peut établir une relation de dualité,
- le bien, le mal ; le beau, le laid -, car cette relation spécifique
n’est pas à deux temps. Car l’homme comme toute la Création est construit sur
un modèle trinitaire et Dieu est Trinité. La logique cartésienne est ici
impuissante à comprendre et ne peut rien expliquer. L’homme avec le divin
n’établit pas une unique relation d’obéissance pas plus que Dieu ne le fait
avec sa créature, car depuis l’Incarnation de Dieu le Fils, l’amitié de Dieu
pour l’homme et la femme se découvre, tout le genre humain est invité à entrer
comme acteur de volonté et de désir.
P. D. : - Vous croyez vraiment que Dieu veut une
relation d’amitié avec l’homme et la femme plutôt que l’obéissance
absolue !
P-C. A. : - Certainement ! Sinon ma foi serait
vaine ! Le sacrement de l’Eucharistie témoigne et confirme cette part
essentielle de la Révélation chrétienne : le Christ rétablit une relation
d’amitié entre l’homme et Dieu son Père et lui. Ce rétablissement va au-delà
d’une simple filiation adoptive qui est absolument nécessaire mais qui a pour
but cette relation d’amitié. Le Christ est venu nous enseigner comment aimer
son Père des Cieux de la même manière qu’il l’aime en sa qualité de Fils :
Fils divin et fils humain. La Bible est riche de ces exemples qui annoncent le
futur établissement de l’amitié entre l’homme et Dieu : la relation de
Dieu avec Abraham, Moïse et combien d’autres prophètes, c’est une relation qui
n’est certes pas encore de l’amitié mais qui par sa familiarité étonnante est
prophétique du projet de Dieu qui trouve son apothéose dans l’entretien que Jésus a avec Jean le
Baptiste.
L’amour de charité induit nécessairement l’amitié entre les
deux sujets et objets de cet amour. Car si Dieu est l’amour parce qu’il est
Dieu, en envoyant son Fils dans la nature humaine, il se révèle comme sujet de
cet amour qu’il est. C’est une des clefs pour vivre la vertu d’humilité sans
laquelle, on ne peut rejoindre Dieu ni comprendre la kénose de la Sainte
Trinité.
P. D. : - Revenons aux fulgurances de Malraux !
P-C. A. : - Malraux illustre le problème délicat de la
communication avec l’autre. Sa vie intellectuelle fut régulièrement traversée
par des intuitions fortes et violentes qu’il n’a pas pu toujours communiquer,
car il pressentait qu’il ne serait pas compris. Lui-même ne devait pas toujours
pouvoir les expliquer, car s’il pouvait en voir l’importance et les fruits, il
ne pouvait pas parfaitement en comprendre les mécanismes. Dans certains cas, celles-ci
possédaient une substance spirituelle, religieuse et donc nécessairement contenaient
une certaine densité du mystère de la destinée de l’homme.
L’incommunicabilité entre les hommes n’est pas un mince
problème et ne porte pas seulement sur le quotidien des relations. La
dramatique est bien plus lourde quand l’incommunicabilité se double d’un
empêchement à transmettre un savoir, une connaissance qui, par sa nature et sa
densité, dépasse le livre, dépasse momentanément la faculté de l’oralité. L’homme fait alors l’expérience d’une
solitude terrible qui le renvoie abrupto à sa tragique condition de blessé,
blessé par le péché. Chez Malraux, c’est son drame le plus intime, un nœud
gordien qui contribua à le maintenir dans une certaine humilité et l’aura aidé
à faire son salut. Une épreuve
intérieure d’autant plus dure, qu’il ne pouvait pas la dépasser par
l’adoration, par le culte. On comprend que l’art l’est attiré, il trouvait en
lui une sorte d’alter ego. L’art est, par certains côtés, la transcendance de
l’incommunicabilité, Michel-Angelo et Fra-Angélico l’auront admirablement illustré,
le peintre de Lascaux également.
P. D. : - Qu’est-ce que l’art pour vous ?
P-C. A. : - Je ne peux pas facilement répondre à cette
question. Je vais tomber dans le banal. Je crains de dire un lieu commun :
l’art est l’un des plus étonnants révélateurs de la beauté qui est en l’homme
et qui est Dieu. Votre question touche à l’intime de mon être, car le lien
entre l’art et le chrétien contient non seulement la contemplation mais aussi
l’adoration. Un baptisé ne stagne pas au stade aliénant de l’émotion.
L’amour est pour moi beau par nature. Voilà pourquoi, il est juste de dire que la vie est
belle. La beauté suscite l’amour, le désir en est que l’accident mais on peut
aussi dire que l’amour transfigure tout pour que la beauté se révèle.
Je ne peux parler de l’art que par l’expérience que j’en
ai et je ne suis pas certain qu’on rende service aux artistes à vouloir
absolument les comprendre, les disséquer. Je ne crois pas que l’artiste soit à
même de comprendre in fine ce qu’il exprime par le moyen de son art. Il peut
arriver que l’œuvre dépasse ce que l’auteur souhaitait exprimer, car
l’inspiration selon sa force peut suspendre un court instant les facultés du
sujet qui en est touché et l’entraîner dans des zones insoupçonnées de lui-même
et de la Création.
L’art ne s’aborde pas du seul point de vue intellectuel, il
ne se dévoile pas par la seule raison. Non ! Je crois que l’art est d’abord
une expérience intérieure qui touche
l’homme dans le plus intime de son être qui alerte tous ses sens, ce qu’il est
et ce qu’il deviendra.
L’expérience que j’ai de ma rencontre avec l’art date de mon
voyage en tant qu’accompagnateur d’un groupe d’élèves à Florence. C’est à la Galerie des Offices, que je
découvris les Enchaînés ou les Inachevés de Michel-Angelo. Je ne savais pas ce
que l’art pouvait produire dans ma vie, je ne lui voyais pas sa place ni son
rôle mais c’est en me laissant saisir par la beauté de ces sculptures que j’ai
commencé à comprendre la place de l’art dans ma vie, dans mon être … C’est
parce que je fis l’expérience foudroyante de la beauté par les Enchaînés,
statues prévues pour le tombeau de Jules II, que je me laissais nourrir de lui,
porter par lui… L’art me mêlait à sa propre dynamique.
L’art en soi est une réalité de force de transcendance qui nous
invite à la découverte de notre pauvreté intérieure. Il participe aux rites de
la vie et contribue à favoriser l’émergence de ce qu’on est en vérité … Il vous
met sur le chemin très long de l’humilité. L’art participe à la vérité comme toute la
Création, à cette différence toutefois qu’il la transcende partiellement sans
jamais pouvoir la transfigurer, ce qui est de la nature même de Dieu.
L’art et la foi sont les deux montants de la transcendance,
de la transfiguration en Dieu. Ils rendent palpable la grandeur qui nous habite
qui est plus grande que nous. La Dame de Lascaux témoigne tout au tant que les
arts premiers africains et amérindiens ou bien encore que les gravures et
dessins du paléolithique de ce besoin de transcendance et d’immanence qu’on ne
peut dissocier de celui de comprendre et de transmettre. La force de la culture
chrétienne vient de ce qu’elle est naturellement et surnaturellement joyeuse,
gaie, car la foi est libération et l’art qu’elle suscite tend à faire jaillir
le meilleur de l’homme pour mieux le rapprocher du parfait qui est Dieu.
P. D. : - L’écriture vous paraît-elle un art
majeur ?
P-C. A. : - J’ai été très longtemps sans trouver la
réponse. Le premier des arts est une faculté, c’est
l’oralité. Le langage parlé, pour moi, s’impose en tête des arts majeurs. Il
contient tous les autres arts, car ils me paraissent comme des prolongements de
l’oralité, ils viennent l’embellir. En fait, ils sont des moyens secondaires de
la communication, de la transmission, l’oralité étant le premier. L’art de
l’écrit est le dernier des arts majeurs. La poésie en est l’expression la plus
aboutie.
L’écrit fait d’abord appel à la raison, car il a besoin de
toutes les facultés issues de l’intelligence. L’émotion qu’il émet est
davantage en relation avec le sujet traité qu’avec l’art de l’écrit en soi. Un
bel écrit est souvent le produit d’une écriture qui tend à parfaire l’oralité, étant bien entendu qu’il n’y a rien de plus
laid qu’un écrit qui la reproduit abrupto. La mise en musique d’un poème me
semble aussi incongrue que couper d’eau un grand cru, car la musique dominera
toujours le texte, alors que le récitatif d’un poème transmet les sons, les
couleurs, les harmonies, les mouvements, les espaces. C’est différent d’un
chant, dans ce cas là, l’écrit et la musique ne font plus qu’un et aucun domine
l’autre.
L’art de l’écrit est pour moi l’entremet qui ouvre sur toutes
les gourmandises que sont les autres arts majeurs. Il ne supplantera jamais la
peinture, la sculpture, la musique ni l’architecture, il a besoin d’eux pour
s’embellir. Il décrira un paysage mais
n’atteindra jamais le sublime d’une peinture pour le même sujet ou sa
composition musicale. Il est évident que la transmission par l’écrit exige une
qualité d’écriture la plus aboutie ce qui ne peut s’atteindre que par le
dépouillement. S’il est un art majeur, c’est qu’il exige, tout comme les autres
arts de sa catégorie, une ascèse intérieure qui rejoint la nécessaire
contemplation, en vue de la transmission.
Le roman pour le roman est une décadence de l’écrit et une
perversion de l’intelligence, pour qu’il reste majeur, il doit conserver sa
tri-dimension : la hauteur, la largeur et la profondeur. Il ne peut y
parvenir que s’il traite réellement d’une substance qui lui est extérieur. Le
roman moderne témoigne que l’homme est déporté sur son moi.
Il y a tout un pan de l’art contemporain qui réfléchit
parfaitement la décadence de nos sociétés et la perversion de l’intelligence.
C’est un art narcissique, il se contemple dans les marais, dans les
cloaques ; il ne transmet ni la paix ni l’harmonie ni la beauté. Il est
par contre un témoin fidèle de la réalité intérieure de notre époque, un
conduit d’évacuation dans lequel s’entrechoquent toutes les aberrations d’une
culture massive, technique et d’insalubrités morales. Notre époque n’a d’yeux que pour elle-même,
elle n’est plus en appétit de
transcendance, cette génération – au sens biblique – devra descendre dans
l’enfermement le plus hermétique pour réaliser son égarement et hurler à nouveau
vers Dieu.
P.D. : - Vous abordez le problème de la décadence qui
est une notion plus subjective qu’objective du moins, ce côté aléatoire
dépend-il du regard que l’on porte selon les références sur lesquelles on
s’appuie. Toutefois, ce thème de la décadence ne peut être abordé sans une
réflexion préalable sur la vie intellectuelle. Voulez-vous revenir sur votre
conception de l’intellectuel ?
P-C. A. : - L’intellectuel est celui qui se sert de
toutes ses facultés pour appréhender la Création, il cherche à en comprendre la
cause, il identifie ses composants et la raison de son existence.
A mon sens, je n’engage que moi, être un intellectuel, c’est
une vocation, un appel. Car, c’est donner à l’esprit la primauté sur tout autre
chose. A une certaine époque, on donnait le qualificatif de philosophe à ceux
qui portaient un intérêt sur plusieurs matières de la connaissance et dans des
domaines variés. Maintenant, on donne du philosophe à celui qui ne fait que
cela, c’est très réducteur. Qu’elles que soient les études ou comme moi qui
n’ait pas suivi un parcours ordonné, universitaire, la vie intellectuelle est
avant tout une aventure intérieure qui ne peut se vivre que dans la liberté et
n’est soumise qu’à une seule domination légitime : l’autorité de la vérité.
L’intellectuel est libre, il doit se délivrer des courants,
des écoles qui l’ont formé. Il doit entreprendre sa quête seul ; s’il est
chrétien, il doit s’appuyer sur la Providence et tout faire pour être
disponible à la présence de Dieu. L’intellectuel est un élève bien plus qu’un
maître.
II y a deux grands courants pour tracer le cheminement de la
réflexion : partir de l’idée des choses, c’est Platon ou partir de leur
réalité, c’est Aristote. Ces deux courants sont reliés par des liens
transversaux dans lesquels se logent des modes secondaires d’appréhension dus,
en grande partie, aux faiblesses de l’homme. Si vous le permettez, je m’arrêterai
sur ces deux courants majeurs de la pensée. Le platonisme et l‘aristotélisme ont, semble-t-il
depuis la Renaissance, été constamment opposés et souvent comme deux courants
antagonistes, opposition que l’on retrouvera d’une certaine manière entre l’École
franciscaine et l’École thomiste. C’est une opposition trop radicalement posée
pour ne pas être au fond cyniquement arbitraire. Car, si on s’enquière de la
pensée chrétienne, on découvre assez vite que les deux courants sont portés par
les Pères de l’Église et par l’Église elle-même comme plutôt complémentaires.
L’accentuation de l’opposition visant le postulat d’origine de ces deux
pensées est plutôt de nature
psychologique, caractérielle que d’une réalité radicalement opposée. Ce radicalisme
d’opposition est d’une nature idéologique. Alors qu’ils se complètent pour une
recherche en positif et négatif, selon le principe technique de la
photographie, de la compréhension de la Création, c’est ce qui ressort des
textes conciliaires.
L’homme veut comprendre qui il est et donner un sens à son
existence. L’intellectuel est le témoin de son semblable, de son environnement,
de la geste de l’homme. Il est une nécessité, car il contribue à maintenir
l’ordre naturel de la création mais surtout, il participe à la découverte de la
grandeur de l’homme et à sa défense.
L’homme doit comprendre son milieu avec lequel il est confronté,
car de cette confrontation découle sa capacité à se découvrir. L’intellectuel
doit établir les concepts qui se dévoilent au fur et à mesure de sa
compréhension de l’univers. Il lui appartient de mettre des mots, de désigner,
de nommer, car la société de l’homme a besoin de s’ordonner et d’être éclairée.
P.D. : - L’intellectuel est-il un veilleur ?
P-C. A. : - Le veilleur, dans la tradition
hébraïco-chrétienne, est plutôt l’homme religieux, celui qui est aux aguets de
la geste de Dieu qu’il confronte à celle de l’homme. D’une certaine manière, on
peut le dire de l’intellectuel, si on considère qu’il est au service de la
vérité[2].
Mais bien plus qu’un veilleur, il est
surtout un témoin de l’homme et celui qui, en s’appuyant sur la loi naturelle
et la loi morale naturelle, éclaire son prochain, guide son pas. Il contribue à
ce que l’homme garde sa fidélité à l’essentiel en contraignant l’application de
ses découvertes au respect de la loi morale naturelle avec ce souci permanent
que tout repose sur la justice, c’est-à-dire l’équilibre.
On ne peut, pour comprendre la vie intellectuelle, que se
référer aux pères fondateurs de cette mission spécifique et, quoiqu’on en dise,
il faut accepter l’autorité paternelle du foyer civilisateur hellène. Toute la
civilisation occidentale dépend de la dominante hellène sans ignorer la
symbiose que la Grèce établit avec Jérusalem et Rome ni la part parcellaire des
plus anciens foyers de civilisation comme l’Égypte et la Mésopotamie qui sont
les plus anciens bassins de l’écriture.
L’écriture est devenue par la nécessité le support obligé de
la pensée qui se transmet à l’autre. Il y a eu une période où la pensée se
transmettait à des initiés par l’oralité. Ceux qui la recevaient étaient choisis
pour leurs vertus, d’où le concept du mystère à transmettre à une certaine
élite. Mais de la même manière, que tout être vivant tend naturellement à
communiquer la vie qu’il possède, de la même façon celui qui possède un savoir
tend à le transmettre. La transmission du savoir est reliée à la transmission
de la vie.
Le savoir s’est heureusement désacralisé dès lors qu’on dû
faire appel à l’écrit et malgré tous les mystères dont on enveloppa le savoir
écrit. C’est si vrai, qu’encore aujourd’hui, brûler un livre est un geste très
lourd à assumer et, ce sont toujours les intégrismes, les plus inaptes à
l’accès du savoir qui osent le faire. La
terreur a pour auteurs des individus habités par la peur, une peur métaphysique
dont la cause est à rechercher dans les zones les plus lourdes du péché, ce
refus de reconnaître que l’existence est d’une seule et unique volonté d’amour
gratuit. Nous sommes au seuil du mystère d’iniquité.
Dans la Chine médiévale, l’accès au savoir était ouvert à tous
ceux qui en avaient les aptitudes, indifféremment des conditions sociales.
Aller à l’école pour s’instruire était un acte civique. La Chine développa une
symbiose étonnante entre l’art de l’écriture, la calligraphie et la
transmission ou la réception du savoir. Le lettré pouvait gravir les plus
hautes responsabilités, car son savoir était également associé aux vertus
morales et patriotiques. En Chine, le savoir semble être durablement associé à
la sagesse, alors que sous l’influence équilibrée de la culture hellène, on
distingue savoir et sagesse ; un sage pour nous occidentaux n’est pas
nécessairement un lettré.
P. D. : - Si j’ai bien compris votre pensée,
l’intellectuel est le témoin en vérité de la vérité de l’homme et de toute la Création !
P-C. A. : - L’intellectuel est le plus éminent témoin de
la vérité dans l’ordre naturel. Sa mission est de nommer tout ce qui participe
à la vie, d’éclairer les ténèbres, d’apporter les moyens du discernement,
d’aider à l’appréhension des principes d’équilibre, de justice.
Sans une activité intellectuelle, il n’y a pas de
civilisation, il n’y a pas de sociabilisation, il n’y a pas d’humanisation.
C’est la raison pour laquelle, l’accès au savoir est un droit
universel, une exigence morale et religieuse pour la société. C’est une
exigence aussi impérieuse que le respect de la vie. Dieu a toujours suscité
dans toute la diversité de l’humanité des penseurs, des sages qui se sont
sentis appelés à réfléchir pour le bien commun.
L’intellectuel est un homme seul, mais c’est un co-existant
de la condition humaine qu’il porte en lui ; il s’inscrit dans l’illustre
dynastie des serviteurs souffrants. Il accepte d’être haï, rejeté, persécuté. Il
intègre dans sa vie le fait de ne pouvoir transmettre son savoir, il assimile
d’être tout à fait nécessaire et tout aussi inutile … Il est appelé pour servir
l’homme et sa société pas pour être servi. Il aime sans chercher à l’être. De
toutes les activités, l’intellectuel est avec le soldat et le religieux celui
qui na pas à dépendre de l’opinion, car il ne le peut pas tant moralement que spirituellement.
Bien des personnalités reconnues comme intellectuelles ressemblent davantage à
de grands enfants terribles, empêtrés dans leurs jeux de billes et de cubes…
P. D. : - Concevez-vous qu’un intellectuel puisse
s’engager en politique ?
P-C. A. : - C’est une question difficile. Un
intellectuel ne peut être à côté ni indifférent à la vie de la cité. S’il est
purement spéculatif, il en viendra à stériliser sa mission. C’est aussi le
risque pour ceux qui s’engagent dans la politique comme partisan. C’est de
l’enfantillage et du carriérisme populaire voir populiste. Le seul point où il
devrait prendre part au débat politique est de l’ordre de la morale et la
justice, ce n’est plus faire de la politique mais c’est servir le politique. Nous
en reparlerons en abordant l’intellectuel chrétien.
Je ne connais pas d’exemple qu’un intellectuel engagé en
politique n’en soit venu à délaisser l’un pour l’autre. Il prend le risque de
s’enfermer dans une praxis idéologique : Robespierre, Lénine… Georges
Pompidou était un vrai intellectuel. Ses facultés, il les a mises à la
disposition de la cité mais il a suspendu la transmission de la connaissance
pour le politique. Nous savons par son épouse qu’il en souffrait. Il n’avait
plus de temps pour écrire. Il a eu le bon sens de ne pas emmêler les deux mais
de servir de ses acquis intellectuels pour son engagement politique au seul
profit de la cité, du peuple.
Je ne crois pas qu’un intellectuel doive s’engager dans des
options politiciennes, partisanes, de même qu’il n’a pas à s’enfermer dans un
cadre, un carcan idéologique. Je peux comprendre, qu’on ait besoin de
reconnaissance, qu’on supporte difficilement la solitude, qu’on éprouve le
besoin d’être membre d’une communauté identifiable… tout cela est par trop,
trop humain ! Pour autant, la solitude est le lot de l’intellectuel, ce ne
peut être une solitude égoïste, car son prochain ne peut lui être indifférent,
son travail est naturellement pour le profit de la cité, tourné vers le bien
commun. Sa mission est un complément indispensable au gouvernement des hommes
dont il doit se garder. On ne demande pas à un prince d’être un intellectuel et
il vaut mieux éviter de demander à un intellectuel de devenir prince. Un
intellectuel doit être politiquement neutre, s’il veut défendre et instruire
sur les fondements inaliénables de la cité. Il a le devoir d’intervenir dans
des débats moraux, de débats dont les sujets sont primordiaux pour la vie de
l’homme, il est alors dans sa mission. Il doit préserver sa liberté et pouvoir
botter le cul du prince si nécessaire. Un intellectuel engagé en politique de
façon permanente perd la capacité d’appréhender la Création, l’homme dans leur
unité, il perd l’unité de la Création et l’unité de l’homme. Il y a bien Vàclav
Havel mais ce fut dans des conditions exceptionnelles et il sut étouffer l’un
pour le mettre au service du bien commun dans le cadre de son engagement
politique. Il y a eu Malraux mais il
resta libre et son engagement à suivre De Gaulle était scellé par un idéal, par
une certaine idée de la France… Il a su avoir le portefeuille qui réellement
correspondait à ses qualités. C’est l’exception qui confirme la règle.
P. D. : - Pour vous, comment doit se distinguer un intellectuel catholique par rapport à la cité, au monde et par rapport aux autres intellectuels ?
P-C. A. : - Je ne peux répondre directement sans passer
préalablement par son identité spécifique puisque votre question pose le
problème de l’identification qu’accompagne le principe de distinction. En tant
qu’intellectuel catholique, je ne me sens pas d’une nature différente des
autres intellectuels qui n’ont pas mon engagement religieux.
Quelle que soit la religion d’un intellectuel ou son athéisme,
il est soumis à la loi naturelle et à la loi morale naturelle qui, présentement,
est de servir la vérité et d’en témoigner.
C’est une obligation incontournable. Elle fait appel aux catégories de
la pensée et demande l’alliance de la raison avec la foi.
L’intellectuel catholique a une double obligation de témoin
de la vérité ; il témoigne de la Vérité révélée à laquelle, il engage sa
foi, il s’agit en l’espèce pour un
catholique, d’une Personne, Jésus-Christ vrai Dieu et vrai homme. Et il doit témoigner de la vérité temporelle,
objective, concrète. Cette double
obligation l’engage à intervenir plus rigoureusement dans les débats de la
cité. Sa réflexion doit englober les réalités objectives de la Création dont il
fait partie et qu’il doit éclairer des lumières de la Révélation. Ainsi, son
combat pour la dignité de l’homme ne peut être cantonné au seul fait qu’il est
l’animal le plus évolué. Il doit incorporer dans son discours le fait que cet
homme doit voir sa dignité défendue parce qu’il est aimé de Dieu et que ce Dieu
ne veut pas qu’il se laisse aller au désespoir pour ne pas se couper de la
grâce d’immensité afin qu’il puisse
répondre, même après la mort, à l’appel de l’amour de Dieu. Pour un
intellectuel catholique défendre la dignité de l’homme, c’est défendre la
Gloire de Dieu qui siège dans l’homme même si celui-ci n’a pas la même foi. En fait, un intellectuel catholique n’a pas à
chercher à se distinguer, il n’a pas à faire cet effort, il a simplement à être
un intellectuel catholique sans complexe, naturellement et, croyez-moi cela est
suffisant. Un catholique intellectuel n’est pas ici un intellectuel et ailleurs
un catholique, cette séparation est bonne pour les chrétiens libéraux. Non, son
discours doit porter le sceau de la transcendance.
P. D. : - N’y a-t-il pas là le risque de réduire le rôle
de la raison ?
P-C. A. : - Non pas ! Car la Révélation chrétienne
est une révélation incarnée dans le monde, elle doit forcément tenir compte de
cette réalité et d’user en permanence de la raison pour comprendre y compris Dieu.
Le catholique intellectuel distingue nécessairement et par ascèse la raison de
la foi sans pour autant les mettre en confrontation, il les unit dans sa
démarche intellectuelle et dans sa vie de foi.
La Révélation chrétienne est une révélation de la Vérité
incarnée dans la condition humaine dont aucun élément n’a été oublié.
L’Incarnation du Verbe en l’homme Jésus a des conséquences sur l’ensemble de la
Création, car le Verbe qui est la Vérité remet dans la lumière divine toute la réalité
de la Création. Tout ce qui est existe en la Présence de Dieu.
De nos jours, il n’est pas commode d’être un véritable
intellectuel et si par-dessus le marché il est catho alors c’est l’inconfort
permanent… c’est souvent la soupe à la grimace ! On ne peut tenir que par une vie d’union avec
le Christ Jésus, ce qui permet de développer en nous la vertu d’humilité sans
laquelle on deviendrait fou, ce qui ne veut pas dire que je suis humble mais
que je suis disposé à le devenir. Je vais vous faire une confidence, il n’est
pas commode du tout d’être en l’Église de France un catholique intellectuel
surtout s’il est laïc et qu’il se mêle de la vie de l’Église. Ce qui est vrai
pour le monde l’est aussi pour elle.
Un catho intello n’est pas là pour lécher le postérieur des
monsignores, il est au service du Corps mystique du Christ, pour tout le reste
ce n’est que du sot comme disait ma grand-mère maternelle qui n’en manquait
jamais une… et j’ai tout pour moi : je ne suis pas intégriste ni
traditionaliste ni progressiste ni libéralo-plouf, voyez le genre !
Je ne suis qu’un catholique pleinement catholique et à cause de cela profondément libre d’une liberté amoureuse de Jésus. Je suis pour beaucoup d’entre mes frères et sœurs catholiques tout à la fois la peste et le choléra, si vous saviez comme cela me rend libre, libre… et je rigole !
|
LUMEN GENSIUM LE PEUPLE DE DIEU Le Nouveau
Peuple est constitutif de l’Incarnation du Fils de Dieu, du Verbe, dans la
nature humaine. Le Nouveau peuple naît du Christ Jésus. Il naît d’une
humanité qui renaît dans le baptême d’eau et de sang du Serviteur Souffrant,
le Crucifié, Jésus-Christ |
Léonce
Grattepanche
La Nouvelle Alliance et le Peuple nouveau :
Dans
ce second chapitre de Lumen gensium, les pères conciliaires ont eu à cœur de
redéfinir le nouveau peuple élu, non que l’ancien peuple – les Juifs – ait
cessé de l’être. Il convenait pour les pères d’affirmer qu’avec l’Incarnation
du Verbe, la mission du peuple juif avait été accomplie, que cette Nouvelle
Alliance était contractée par le moyen de l’ancien peuple à l’adresse de toute
l’humanité : « J’appellerai tous les hommes à moi. » Si de fait,
nous chrétiens sommes les héritiers spirituels de nos frères aînés dans la foi
au Dieu unique, notre avenir est le Christ, car la Loi de Moïse trouve son
accomplissement en lui, vrai Dieu incarné et vrai homme :
[…]
C’est pourquoi il s’est choisi le peuple d’Israël pour être son peuple avec qui
il a fait alliance et qu’il a progressivement instruit, se manifestant,
lui-même et son dessein, dans l’histoire
de ce peuple et se le consacrant. Tout cela cependant n’était que pour
préparer et figurer l’alliance Nouvelle et parfaite qui serait conclue dans le
Christ, et la révélation plus totale qui serait apportée par le Verbe de Dieu
lui-même, fait chair : « Voici venir des jours, dit le Seigneur, où
je conclurai avec la maison d’Israël et la maison de Juda une Alliance Nouvelle
5…] Je mettrai ma foi on fond de leur être et je l’écrirai dans leur cœur.
Alors je serai leur Dieu et eux seront mon peuple. Tous me connaîtront du plus
petit au plus grand, dit le Seigneur. » (Jér. 31, 31-34)
Le
Nouveau Peuple est constitutif de l’Incarnation du Fils de Dieu, du Verbe, dans
la nature humaine. Le Nouveau peuple naît du Christ Jésus. Il naît d’une
humanité qui renaît dans le baptême d’eau et de sang du Serviteur Souffrant, le
Crucifié, Jésus-Christ :
[…]
Cette Alliance Nouvelle, le Christ l’a instituée : c’est la Nouvelle
Alliance dans son sang (cf. 1 Cor. 11, 25) ; il appelle la foule des
hommes de parmi les Juifs et de parmi les Gentils pour former un tout non selon
la chair mais
dans
l’Esprit et devenir le Nouveau Peuple de Dieu, […] ceux-là deviennent ainsi
finalement « une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un
peuple que Dieu s’est acquis, ceux qui autrefois n’étaient pas un peuple étant
maintenant le peuple de Dieu. » (1 Pierre 2, 9-10)
Cette
« nouvelle race élue », c’est une élection ordonnée au service de
l’amour de charité, elle a sa source dans la Croix de Jésus-Christ. Elle est
liée à la nécessité du Sacrifice dont elle ne peut se distendre, se
désolidariser ; si l’accès
au Salut est à la portée de tous, il n’efface pas la nécessité de vivre en
esprit de sacrifice à l’exemple du doux Maître. On est uni à Jésus dans sa
Joie, sa Souffrance, sa Lumière et sa Gloire pour parfaire la Rédemption du
monde. Le Peuple Nouveau est un peuple dont les citoyens sont co-rédempteurs
les uns envers les autres et envers tous les autres membres de l’humanité. Ils sont collaborateurs de l’œuvre
rédemptrice du Dieu fait homme et nécessairement en union avec Marie,
l’Immaculée qui est la première collaboratrice à cette œuvre de Rédemption, car
en donnant sa chair et son sang pour l’humanité du Verbe, elle devient la Mère
Spirituelle universelle de tous les baptisés : l’Immaculée est
Co-rédemptrice de son fils qui est son Dieu, Créateur et Sauveur, de la même
manière qu’elle en est la co-procréatrice, car la chair et le sang de
Jésus-Christ sont la chair et le sang de Marie. Ce nouveau peuple élu est devenu le peuple
messianique de droit, car en s’associant par le sacrement du baptême à la
Passion et à la Résurrection de Jésus-Christ, Dieu fait homme, il devient
l’héritier de la Promesse de Gloire dont il jouira dans la Présence de Dieu le
Père. Il est peuple messianique puisque son identité est celle du Messie, celle
de son Corps Mystique ; il en est les
membres et il a Le Messie pour Chef :
Ce
peuple messianique a pour chef le Christ, « livré pour nos péchés,
ressuscité pour notre justification. » (Rom. 4,25), possesseur désormais
du Nom qui est au-dessus de tout nom et glorieusement régnant dans les cieux.
La condition de ce peuple, c’est la dignité et la liberté des fils de Dieu,
dans le cœur de qui, comme dans un temple, habite l’Esprit-Saint. Sa loi est
d’aimer comme le Christ lui-même nous a aimés (cf. Jean 13, 34).
Il
y a deux conceptions du peuple sanctifié :
1-
Le peuple
messianique qui englobe ceux qui sont marqués par le sacrement du baptême et
ceux qui vivent de et dans l’amour de charité – un petit nombre – véritablement
messianique.
2-
Le peuple
de Dieu qui se compose des deux premiers et auxquels vient s’ajouter tout le reste
de l’humanité qui est dans la volonté d’amour et créatrice de Dieu et qui
connaîtra son Créateur et Rédempteur de l’autre côté grâce, entre autre, à la
prière et au sacrifice du petit nombre qui vit de l’amour de charité. Le concept de peuple de Dieu s’élargit à tout l’ensemble du genre humain pour autant
que chacun des membres veuille et désire le Salut.
La
grâce, de ce Saint Concile Vatican II, fut d’avoir su se mettre à l’écoute de
l’Esprit-Saint de façon qu’il comprenne la nécessité de recentrer le Corps
Mystique du Christ et le peuple de Dieu sur l’Alliance Nouvelle et
l’épanouissement de la relation d’amitié entre Dieu et les hommes, plutôt que
de demeurer fixé sur un christocentrisme. Certes, celui-ci fut nécessaire et le
demeure mais non pas comme une fin en soi, car c’est en fait un moyen qui
illumine toute la Doctrine chrétienne[3] :
[…]
C’est pourquoi ce peuple messianique, bien qu’il ne comprenne (au sens de
contenir) pas encore effectivement l’universalité des hommes et qu’il garde
souvent les apparences d’un petit troupeau, constitue cependant pour tout
l’ensemble du genre humain le germe le plus fort d’unité, d’espérance et de
salut. Établi par le Christ pour communier à la vie, à la charité et à la
vérité, il est entre ses mains l’instrument de la rédemption de tous les
hommes, au monde entier il est envoyé comme lumière du monde et sel de la terre
(cf. Mat. 5, 13-16).
Le
caractère messianique de l’Église, épouse du Christ Jésus, le Messie, confirme
sa mission universelle qui est de se présenter et se proposer comme le seul
instrument de Salut pour tout le genre humain.
Non que le païen, selon la notion qu’il a du bien et du juste ne puisse faire
son salut, il le fait sans aucun doute au-delà de la vie terrestre, non sans
avoir préalablement reconnu le Christ qui se révèle à lui comme étant l’unique
porte, l’unique Salut : « j’appellerai tous les hommes à
moi. » :
L’ensemble
de ceux qui regardent avec la foi vers Jésus, auteur du salut, principe d’unité
et de paix, Dieu les a appelés, il en a fait l’Église, pour qu’elle soit, aux
yeux de tous et de chacun, le sacrement visible de cette unité salutaire. Destinée
à s’étendre à toutes les parties du monde, elle prend place dans l’histoire
humaine, bien qu’elle soit en même temps transcendante aux limites des peuples
dans le temps et dans l’espace. Marchant à travers les tentations, les
tribulations, […] elle ne défaille pas à la perfection de sa fidélité mais
reste de son Seigneur la digne Épouse, se renouvelant sans cesse sous l’action
de l’Esprit-Saint jusqu’à ce que, par la Croix, elle arrive à la lumière sans
couchant. C. 2. 9
L’Eglise
est bien l’instrument d’amour de charité proposé à chaque homme comme moyen et
passage obligé pour assurer son Salut dans lequel tous et chacun
s’accomplissent sans rien perdre de ce que l’on est en tant que personne et
être.
Le Sacerdoce Commun :
Le
sacerdoce commun à tous les baptisés est l’un des points que les pères
conciliaires ont sorti des ensevelissements de tous les conformismes. C’est un
sujet qui dormait et, il faut reconnaître que son utilisation reste délicate. Bien longtemps après le Concile, on ne
considère intellectuellement et culturellement qu’une seule forme de sacerdoce,
celui qui est ordonné. On n’envisage pas qu’il puisse y en avoir un que l’on
peut qualifier de commun au peuple de baptisés. Entre la réaffirmation du
concept du sacerdoce commun et son assimilation réfléchie dans la vie
quotidienne du baptisé, il y a un manque : il manque une pédagogie
réaliste qui consiste à former le baptisé, à réaliser en lui la vie d’union
avec son Sauveur. C’est un programme
pastoral et pédagogique qui n’est toujours pas pris en compte par les pasteurs,
alors qu’il est l’un des plus précieux joyaux de ce Saint Concile.
Si
le sacerdoce ordonné souffre toujours d’une perception hyper-élitiste dans
certains milieux fixés dans des conservatismes, la cause est à rechercher du
côté du jansénisme et d’une perversion du Concile de Trente à savoir l’hiératisme
de la hiérarchie qui a contribué à l’hypertrophie du christocentrisme au point
qu’il en est devenu une sorte d’idole[4].
A l’opposé, tout aussi radical et erroné, on a
dans les mouvements dits libéraux, une conception réductrice affligeante du
sacerdoce ordonné ; c’est au point
que certains prêtres et évêques donnent l’impression de ne plus connaître
l’identité de leur consécration sacerdotale. C’est une illustration du
relativisme pratique qui, dans sa finalité, peut aboutir à une apostasie
culturelle, pastorale plus ou moins consciente. Ils ne sont plus capables d’identifier dans
leur quotidien leur caractère sacerdotal.
Le
christocentrisme fixé en un absolu contribua à cristalliser une attitude
hiératique de l’Eglise, hiératisme qui se répercuta dans toutes les couches
sociales des laïcs, ce qui, vu de l’extérieur, donna l’image catastrophique de
l’inaccessibilité. Attitude ravageuse dans les couches sociales les plus
humbles qui favorisera l’invasion des idéologies dans les membres du Corps
Mystique du Christ ; cet hiératisme
développa le cléricalisme si souvent odieux, orgueilleux, suffisant et
autoritariste et, c’est par rejet, que des pans entiers de la société ont finit
par se détourner de l’Eglise[5].
Cette
fixation sur le christocentrisme est également le fruit d’une culture
idéologique en relation avec les bouleversements sociaux et politiques.
C’est une culture que l’on peut qualifier de réactionnaire dans son sens le
plus désolant, le plus étranger à l’esprit de l’Évangile. Cet excès rejoint d’assez près le
fondamentalisme musulman dans ce sens qu’il rejette l’amitié avec Dieu pour lui
préférer une soumission d’obéissance particulièrement malsaine, car dans cette
démarche de soumission, il y a le désir de l’irresponsabilité spirituelle et
sociologique. On se soumet à un dieu envers lequel, on espère qu’il prendra
tout ce qu’on ne veut pas ou plus assumer et surtout cette liberté qui pourrait
me faire perdre mon salut. On en vient à
douter de la Miséricorde de Dieu.
Les
intégristes se sont fourvoyés dans une impasse théologique, pastorale et
théologale, leur liturgie est l’habillage de ce fourvoiement, en même temps qu’elle
devient leur caisse de résonance, dans leurs cercles, on peut encore entendre
cette parole : « on nous a enlevé la pierre
angulaire ! » Le Saint Concile Vatican II, pour eux, « a décentré le Christ pour y mettre à
la place l’homme !... » Le
comportement particulièrement coupable des courants progressistes avec leurs entêtements
diaboliques à la désacralisation et leur opposition enfantine à Rome ne
contribua pas à éclairer les courants fondamentalistes, ils les confortèrent
dans leur errance.
L’intégrisme
chrétien est une sorte de névrose, une grave pathologie des différents
orgueils. Leur position anti-conciliaire est davantage liée à une culture
« contre-révolutionnaire » qu’à un véritable souci de salut certes,
c’est leur principal argument de vente mais leurs mécanismes sociologiques,
leurs références culturelles affirment le contraire.
Quant
aux courants progressistes, envers lesquels il faut se garder des amalgames, ils
présentent un réel engagement
idéologique lié à la culture révolutionnaire. Ils sont issus du désastreux et trop fameux « toast d’Alger »
du cardinal La Vigerie qui, pour autant qu’il fut un grand pasteur n’eut pas la
grâce du discernement politique. A cette filiation, il faut bien évidemment
ajouter le courant du modernisme qui aboutit à un véritable cataclysme culturel
et pastoral. La position de ces courants face à la mise en relief de la
théologie de l’Alliance du Concile fut logiquement excessive et infantilisante.
Il faut bien reconnaître que cette
errance doctrinale généra un bouleversement culturel et pastoral peu en rapport
avec les réformes du Saint Concile Vatican II.
Le
sacerdoce commun au peuple des baptisés est scripturaire dans ses fondations,
sa mise à jour correspond au besoin, à la nécessité de sortir du fixisme
christocentrique pour recentrer le Corps
mystique du Christ dans l’Alliance de l’amitié, dans une relation de confiance
et d’amour véritable : la crainte de Dieu devient celle de l’offenser, de
la même manière qu’on veut éviter d’offenser, de peiner une personne aimée et
aimante. Le recentrage de l’Église sur
l’Alliance permet de revenir à une relation de personne à Personne avec la
divinité ; nous ne sommes plus serviteurs mais amis.
Le
christocentrisme n’est rien de moins que le lieu de la théologie
fondamentale ; s’il y a dans le mot fondement l’idée d’immuabilité de la
vérité – ce qui est juste – cela n’implique pas une fixation de la science
théologique [6];
le christocentrisme n’est pas une fin en soi.
C’est le cœur vivant de la science de Dieu ce qui implique qu’elle-même
est vivante et connaît donc une nécessaire adaptation face aux évolutions sociologiques
objectives sans qu’il faille remettre pour autant en question ces mêmes
fondements. Qu’on m’explique comment
adapter la pastorale qui ne tombe pas sous le coup de l’infaillibilité si la
théologie ne l’accompagne pas afin qu’elle demeure bien dans sa mission
d’apporter le Salut au monde ?
Le
Christ Seigneur, grand prêtre pris d’entre les hommes a fait du peuple nouveau
« un royaume, des prêtres pour Dieu son Père » ; Les baptisés,
en effet, par la régénération et l’onction du Saint-Esprit, sont consacrés pour
être une demeure spirituelle et un sacerdoce saint, pour offrir, par toutes les
activités du chrétien, autant de sacrifices spirituels, et proclamer les
merveilles de celui qui des ténèbres les a appelés à son admirable lumière.
C’est pourquoi tous les disciples du Christ, persévérant dans la prière et la
louange de Dieu, doivent s’offrir en victimes vivantes, saintes, agréables à
Dieu, porter témoignage du Christ sur toute la surface de la terre, et rendre raison,
sur toute requête, de l’espérance qui est en eux d’une vie éternelle.
Le
sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministériel ou hiérarchique, bien
qu’il y ait entre eux une différence essentielle et non seulement de degré,
sont cependant ordonnés l’un à l‘autre : l’un à l‘autre, en effet, chacun
selon son mode propre, participent de l’unique sacerdoce du Christ. Celui qui a
reçu le sacerdoce ministériel jouit d’un pouvoir sacré pour former et conduire
le peuple sacerdotal, pour faire, dans le rôle du Christ, le sacrifice
eucharistique et l’offrir à Dieu au nom du peuple tout entier ; les
fidèles eux, de par le sacerdoce royal qui est le leur, concourent à l’offrande
de l’Eucharistie et exerce leur sacerdoce par la réception des sacrements, la
prière et l’action de grâces, le témoignage d’une vie sainte, et par leur
renoncement et leur charité effective. C. 2. 10
Le
sacerdoce commun des fidèles est participation spirituelle et substantielle au
sacerdoce ministériel, tous les deux se donnent la légitimité.
Ce texte et bien d’autres qui suivront condamne sans nuance les dérives
progressistes qui consistent à ôter l’Eucharistie ou du moins à la relativiser
de la vie journalière des fidèles en mettant l’accent sur l’action sociale… A quand une pastorale qui intégrera
réellement la réalité du sacerdoce commun ? Pour cela, il faut instruire
le peuple par des sermons construits sur une véritable pédagogique et surtout,
attiser l’appétit de l’âme pour qu’elle recherche la vie d’union avec
Jésus-Christ. Il faut que dans chaque diocèse il y ait un centre de
formation à la prière intérieure, il faut reprendre l’enseignement des
sacrements dans cette perspective. Il faut enfin donner la place aux laïcs,
toute leur place mais à leur place sans qu’il puisse s’établir de confusion
avec le sacerdoce ordonné. On doit réintroduire le concept du
baptisé-pèlerin dans une pastorale réaliste qui doit d’urgence s’ordonner à la
vie d’union au Christ Jésus.
Le Christ Roi |
"Il ne s'agit pas de rejeter le
christocentrisme pour ce qu'il est mais pour ce qu'on en fit, certainement il
faut le rejeter" "On le pensa malheureusement si fort qu'on en fit une idole, une
exigence intellectuelle déviante qui aboutit à tous les fixismes et, sociologiquement,
se fit l'allié du puritanisme et du jansénisme. " Pierre-Charles Aubrit Saint Pol |
La Tentation du Christocentrisme ou la Peur des
Bienpensants !
En réponse à messieurs les Abbés Bux et Vitiello
Dans
l'article paru sous la signature des Abbés Bux et Vitiello se découvre la
tentation d'un retour au christocentrisme Eucharistie sacrement de la miséricorde
- (E.S.M.) , une tentation qui a sa raison
d'être devant la permanence de certaines erreurs d'orientation théologique et
la difficulté de s'en défaire. Cette
tentation contient, en elle-même une défaillance théologale : un fléchissement
de la vertu d'espérance. On pourrait penser, si on ne considérait pas le
sérieux des auteurs, à une lassitude de l'effort, un retour protecteur de la
facilité.
Le christocentrisme fut en son temps d'une utilité certaine, car il permit le
développement de la christologie et amorça une approche anthropologique
maintenant périmée en partie du fait des découvertes scientifiques. Le
christocentrisme fut à partir du Concile de Trente une attitude intellectuelle
qu'on pensa indispensable pour affronter les courants hérétiques de la Réforme.
On le pensa malheureusement si fort
qu'on en fit une idole, une exigence intellectuelle déviante qui aboutit à tous
les fixismes et, sociologiquement, se fit l'allié du puritanisme et du
jansénisme. Il faudra des figures aussi belles que sainte Thérèse de
l'Enfant Jésus, Léon Blois pour parvenir à ébranler cette forteresse
protectrice de toutes les peurs pathologiques face aux mutations inévitables et
réalistes du monde dans lequel l'Eglise doit poursuivre sa mission.
Souhaiter le retour du christocentrisme,
revient à condamner de fait le Saint Concile Vatican II dont on découvre à
peine la richesse et qui s'illumine par la redécouverte de la théologie de
l'Alliance. Si les courants progressistes en ont profité pour hypertrophier
l'homo-centrisme, cette déviance ne justifie pas un tel retour en arrière
et atrophiant. D'autre part, dans une période délicate pour le Magistère qui
œuvre à corriger dans la charité les excès post-conciliaires. Une telle
proposition est pour le moins maladroite, à moins qu'il ne s'agisse d'un de
coup d'épée dans l'eau pour en mesurer les ondes ...
Il ne s'agit pas de rejeter le
christocentrisme pour ce qu'il est mais pour ce qu'on en fit, certainement il
faut le rejeter. Par ailleurs, il est clair que l'on ne peut ignorer toute
la christologie qui est une nécessité pour le développement de la théologie de
l'Alliance - la Théo-alliance - de la même manière qu'il faut repenser
l'anthropologie toujours dans le même objectif. Nous sommes en présence d'un immense chantier qu'il faut trouver et
discerner par delà les vicissitudes de cette fin après-concile et les
turbulences d'un monde en pleine dérive au sein duquel, il faut continuer de
témoigner.
Ne venons pas obérer les efforts de Benoît XVI pour corriger les excès de tous
genres par des propositions inutiles et à hauts risques.
EUSEBE DE CESAREE |
HISTOIRE DE L’EGLISE Les Églises d’Europe Occidentale L’Occident
était toujours dans la gestation de sa culture, il devait encore chercher en
lui la singularité de son identité spécifique. La synthèse organique entre la
culture gallo-romaine et franque avec l’apport chrétien ne commencera à
émerger réellement qu’avec la dynastie capétienne. Il avait tout à découvrir
en lui-même en s’aidant de la lumière de la Révélation Chrétienne, pourtant
assez vite après les invasions barbares, on voit surgir une Eglise franque
tout à fait singulière mais qui dépend beaucoup de la fiabilité du pouvoir
royal. |
Il était très
difficile de succéder à Charlemagne, car quel qu’ait pu être son génie
d’organisateur et sa prévoyance tout reposait sur sa seule personnalité.
Il incarna à lui tout seul le principe descendant et remontant de tous les
pouvoirs y compris le religieux même si son autorité s’exerça surtout dans
l’organisation et qu’il fut toujours un soutien loyal au Saint Siège.
Les Francs
n’avaient pas encore la maturité culturelle du gouvernement en tant
qu’institution, les élites franques n’avaient pas l’héritage de l’expérience
comme la possédait l’élite de la Rome. Ils ne possédaient pas la maîtrise
administrative ni institutionnelle. D’autre part, les mœurs franques
demeuraient rudes. Il n’existait pas d’institution comme les nôtres qui
permettent à l’Etat de poursuivre sa tâche en cas de vacance du pouvoir, la
notion de corps d’Etat en tant que relais du pouvoir central avait presque
complètement disparue à l’issue des grandes invasions.
L’Occident
était toujours dans la gestation de sa culture, il devait encore chercher en
lui la singularité de son identité spécifique que les invasions avaient
bouleversée. La synthèse organique entre la culture gallo-romaine et franque
avec l’apport chrétien ne commencera à émerger réellement qu’avec la dynastie
capétienne[7].
Il avait tout à découvrir en lui-même en s’aidant de la lumière de la
Révélation Chrétienne, pourtant assez vite après les invasions barbares, on
voit surgir une Eglise franque tout à fait singulière mais qui dépend beaucoup
de la fiabilité du pouvoir royal.
C’est Louis le
Pieux qui succède à son père Charlemagne, il ne possédait en rien les qualités
de son père ; l’empire carolingien amorçait avec lui sa désagrégation.
Louis le Pieux était dépourvu
de génie. Dès lors commença la désagrégation de l’Empire carolingien. Cependant
les goûts et les capacités du successeur de Charlemagne étaient orientés vers
la religion, voire la vie monastique. […] Dans les autres domaines, il
manifesta une piété morbide et auto-destructrice.
Le gouvernement
de l’Eglise franque revint à un groupe d’évêques formés dans les synodes
institués par Charlemagne. Eux et leurs successeurs étaient érudits, ils
étaient le résultat des efforts d’Alcuin et de ses collègues. Bientôt une
figure va les dominer, Hincmar.
Les écoles
fondées par Alcuin permirent une éclosion très riche de la vie intellectuelle,
en dehors d’Hincmar, il y a l’étrange figure de Jean Scot Erigène, Irlandais
d’origine, familier du grec, de la pensée platonicienne et aréopagitique.
L’activité intellectuelle était assez forte pour être à l’origine de deux
controverses théologiques : celle sur la nature de l’Eucharistie –
Présence du Christ sous les saintes espèces - ; et celle qui concerne la
grâce et la prédestination. Elles annoncent les grandes disputes du XII et XIIIe
siècles. Des personnalités vont se distinguer : Pascale Radbert, Raban
Maur, Grotschalk, Florus de Lyon. Parmi les controversistes, on distingue deux
courants :
1- Ceux qui en
tiennent pour saint Augustin sans trop
discerner ses faiblesses.
2- Ceux qui
tout en tenant pour saint Augustin distinguent les faiblesses de sa pensée et
réfléchissent à d’autres solutions. On
retrouvera ces deux courants tout au long de l’histoire de la pensée
chrétienne, courants que l’on peut encore distinguer aujourd’hui.
Du traité de
Verdun à la mort de Charles le Gros en 888, Hincmar de Reims domine nettement
cette période. Il fut le plus remarquable des évêques d’Occident. Né dans une
grande famille, élevé à Saint-Denis, prêtre et conseiller de Charles le Chauve,
il fut élu métropolite de Reims en 849, à l’âge de quarante ans. C’était un
théologien compétent, un remarquable canoniste, par tempérament et nécessité,
il s’affronta avec tous les grands de l’époque y compris avec les papes.
La dissolution
définitive de l’Empire à la mort de Charles le Chauve et la chute du pouvoir
royal en Francie est considérée comme la période la plus noire de l’histoire
médiévale. Chaque dignitaire ou fonctionnaire tenta de s’approprier une part du
pouvoir, les évêques n’étant pas les derniers.
L’autorité se dispersa entre
les mains des ducs féodaux, des cours et des évêques. Dans les monastères les
laïcs se substituèrent aux abbés réguliers. Il s’ensuivit un appauvrissement
des religieux qui voyaient leur source de revenus confisquée par ces abbés commanditaires
laïcs. A cela vint s’ajouter la dévastation par les Vikings de quelques-unes
des régions les plus fertiles, la destruction de nombreuses abbayes, la mort et
l’exil des moines qui en résultèrent. Alors se développa une situation qui dut
laisser présager l’anéantissement complet de la vie monastique et de toute
discipline religieuse organisée.
Ce qui sauva la
civilisation occidentale traditionnelle de l’anéantissement fut la souplesse de
celle-ci en France, elle se distingua comme toujours par sa rapidité de
réaction.
De nouveau,
après un fugace éclat, la culture occidentale chrétienne embryonnaire
retournait dans les profondeurs des monastères retirés, assez souvent éloignés
des centres urbains. Il lui faudra encore attendre le XIe siècle
pour qu’elle émerge de cette longue gestation. Il reviendra à la dynastie
capétienne de porter sur ses épaules ô combien nobles, la responsabilité de
stabiliser les fondations de cette culture et d’en lancer la dynamique. C’est
elle qui initiera les grandes étapes de la civilisation occidentale et c’est
encore sur elle, sur son héritage, malgré la sauvagerie des siècles des
lumières et sa révolution que reposent, encore aujourd’hui, les éléments sains
de notre société moderne dont le déclin est irréversible.
L’Eglise
Anglo-Saxonne de 663 à 1066 :
La convocation
du synode de Whitby en 663 est le point culminant de l’évangélisation de
l’Angleterre ; il sanctionne le principe de l’unité avec le Saint Siège
pour passer à une unité pratique. Cette évolution est l’œuvre de Théodore de
Tarse et de Benoît Biscop.
A la mort de
Théodore de Tarse à Rome, le pape Vitalien nomme Adrien l’africain, moine
érudit d’un monastère napolitain, archevêque de Cantorbéry ; Adrien
décline la nomination et propose Théodore de Cilicie qui résidait à Rome ayant
fuit l’invasion musulmane. C’était un moine savant d’origine grecque. Théodore
accepte à la condition qu’Adrien l’accompagne, le pape accepte. Voici des
personnalités remarquables envoyées pour organiser une Eglise nationale dont
les éléments disparates qui la composent leur sont inconnus. Cette initiative
perspicace était audacieuse, elle s’avérera fructueuse au-delà de toute
espérance. Théodore de Cilicie parvint à organiser cette Eglise, il y fonda des
centres de formation et de recherches qui porteront d’admirables fruits pour la
génération suivante. Il fut aidé en plus d’Adrien par Benoît Biscop qui lui
servit d’interprète. Cette réforme fut soutenue par le collège des évêques déjà
en place et autres clercs, tous d’une haute élévation spirituelle et
d’infatigables missionnaires.
Adrien prit en
main l’abbaye de saint Augustin, il en fit le plus grand centre d’érudition de
la région, on y enseignait les lettres grecques et latines. Biscop ramena de
ses voyages en Europe une somme importante d’ouvrages et de reliques qui lui
permirent de fonder nombre de monastères surtout dans le nord de l’Angleterre.
Théodore mourut en 690, il laisse une Eglise en paix et en ordre. Cette haute
figure s’inscrit dans la grande lignée des successeurs de saint Augustin.
L’Eglise
d’Angleterre devait bientôt se féliciter d’un de ses enfants : le moine
Bède. Il fut l’un des plus érudits de son temps, son rayonnement s’étendit à
toute l’Europe Occidentale. Il fut l’un des historiens des premiers temps de cette
Eglise. Bède s’inscrit dans la lignée des témoins et intellectuels intègres,
sans concession quant à la vérité de son temps. Son œuvre d’historien demeure
importante pour sa rigueur scientifique concernant les grandes et petites
missions d’évangélisation de cette
région. Les successeurs de Bède, Biscop, Adrien et Théodore contribuèrent au
rayonnement de leur Eglise mais aussi de celui de toute l’Europe à laquelle ils
apportèrent une collaboration méritante et indispensable.
L’âge d’or de l’Eglise Anglo-Saxonne
dura à peine plus d’un siècle, depuis l’arrivée de Théodore jusqu’aux premières
incursions des Wikings en Northumbrie. Outre Bède, les saints abbés et les
érudits, l’Angleterre septentrionale produisit de grands artistes.
L’Evangéliaire de Lindisfarne et autres chefs-d’œuvre d’enluminures eurent des
auteurs anglo-saxons contemporains, même s’ils étaient inspirés par des
ouvrages celtes antérieurs. Ce fut aussi à cette époque probablement que furent
exécutées les grandes croix sculptées de Bewcastle, de Dumfries et d’ailleurs,
dont les motifs dérivent d’œuvres plus orientales et classiques, à savoir les
enluminures celtes et la veille poésie anglaise. A la génération suivante,
Egbert, l’élève de Bède, fondateur de l’école et de la célèbre bibliothèque de
York, fut remplacé à son tour par Alcuin. Ce dernier quitta l’Angleterre pour
la cour de Charlemagne, porteur de l’art et du savoir de sa patrie.
Au cours de ce
fameux siècle, l’Eglise d’Angleterre se mit résolument sous l’autorité de Rome
et s’appliqua les observances romaines ce qui renforça l’emprise de l’autorité romaine sur le pays. Il est
dommage que cette nécessaire organisation administrative se fit aux dépends de
l’originalité culturelle des églises autochtones ; il semble que le Saint
Siège ait souvent confondu unité avec uniformité…[8]
Il est tout à
fait mystérieux, à l’aune de l’humain, que Dieu ait permis que cet âge lumineux
de cette Eglise fût très vite obéré par les invasions danoises et celles des
Wikings. On ne peut le comprendre que
dans la lumière des fins dernières, sachant que par-dessus tout Dieu veut le
triomphe de l’humilité et, sans doute fallait-il en passer par ces invasions
pour que fussent évangélisées toutes les contrées de l’Europe qui connaîtrait
son âge d’or, au point que Léon Blois écrira : « l’Europe était alors
qu’une cathédrale que tout baptisé pouvait chevaucher. »
Les invasions et surtout la
présence persistante des hordes de pillards danois pendant la deuxième moitié
du IXe siècle eurent pour effet de réduire l’Eglise – quand
toutefois elle survécut – à ses éléments les plus simples, le prêtre et le
peuple. Dans un texte bien connu, le roi Alfred déplora la destruction complète
de toutes choses précieuses, la disparition de tout savoir et de tout
enseignement. La vie monastique qui était fortement implantée en Northumbrie et
dans Fenland (Est-Anglie), disparut entièrement semble-t-il ; et même en
Angleterre méridionale on vit des monastères réduits à des groupes de clercs,
accompagnés parfois de leur famille. L’Angleterre anglo-saxonne et son Eglise
furent sauvées par le roi Alfred le Grand. Outre des qualités de guerrier et de
chef, Alfred manifesta une piété fervente, et une profonde considération pour
la culture et l’héritage du passé. Par sa réussite politique et par son exemple
personnel, il apparaît comme l’un des plus grands princes du Moyen Age.
Par une habile
politique, le roi Alfred, aidé de son fils Edouard et son petit-fils Athelstan,
réussit à reforger l’unité anglaise, convertit le roi danois Guthrum. De
petites églises, paroisses parvinrent à résister aux invasions et constituèrent
le tissu fragile pour une future renaissance.
Le coup de ces
invasions fut très lourd, la religion fut réduite à sa plus simple
expression ; il n’y avait quasiment plus de liens avec Rome qui ne sembla
plus s’intéresser à ce qui se passait au-delà des Alpes. Au VIIe
siècle l’Eglise catholique romaine d’Angleterre est à comparer à ce qui restait
d’elle lors du règne abominable d’Elisabeth 1er et de la puissance
hérétique de l’Eglise Anglicane.
La résistance
spirituelle dépendait exclusivement du roi. Ce sera aux moines de reconstruire
cette Eglise. Il faudra attendre 940 avec Dunstan qui rétablit l’ancienne
maison de Glastonbury pour que le renouveau prenne racine. Ce sera dans le
rayonnement de Cluny et de Brogne que Dustan, Ethelwold et Oswald le Danois que
fut entreprise la renaissance monastique ; ce mouvement devait devenir
grâce à la sagesse du roi Edgard (959-975), un facteur de la régénération de la
vie ecclésiale. Ce renouveau fut provisoirement interrompu par une nouvelle
invasion danoise.
La nouvelle
invasion permit la conversion des envahisseurs ; à partir de cette période
l’Eglise Anglaise ne connaît plus de grands troubles. La vieille Eglise
Anglaise reste présente au XIe siècle, elle témoigne de ce passé
glorieux et douloureux.
L’un des fruits
de toutes ces épreuves sera que culturellement et dans certains aspects de sa
structure, elle apportera aux rois normands qui règneront sur l’Angleterre les
moyens de résister assez fermement aux prétentions des papes pas toujours bien
éclairés dans le domaine du gouvernement des hommes. Il y avait bien
certainement un inconvénient provenant de sa situation géographique et de son
histoire de résistante, surtout du fait que le roi était devenu l’appui visible
de l’Eglise, les affaires religieuses étaient parfois trop mêlées aux affaires
de l’Etat. Mais cette situation devait trouver son point d’équilibre dans le
relèvement du royaume …
Durant une
certaine période, sans doute jusqu’au XIe siècle, l’Eglise d’Angleterre
se tiendra à l’écart des disputes et controverses au sujet de la lutte de
pouvoir entre les clercs, les nobles, le pape et le roi.
Ainsi au début du règne
d’Edouard le Confesseur, l’Angleterre constituait une sorte de survivance d’un
âge révolu au milieu d’un monde où rois et papes, clercs et laïcs, tous
enfin exprimaient et étendaient leurs
prétentions territoriales. En Angleterre tout cela était encore indécis. Les
églises, particulièrement nombreuses à Londres et dans la partie orientale du
pays, étaient presque toutes des églises privées ; elles étaient parfois
la propriété d’un groupe de personnes. En tant qu’unités administratives, la
paroisse et le diocèse étaient mal définis. L’évêque n’avait à sa disposition
qu’une médiocre organisation administrative. De récentes recherches ont montré
que la discipline et les pratiques canoniques furent mieux observées qu’on ne
l’avait supposé jusqu’à présent ; mais le vent de la réforme grégorienne
n’avait pas encore soufflé sur l’Angleterre. Dans les années qui précédèrent
immédiatement l’arrivée de Guillaume le Conquérant, on ne pouvait savoir si
l’Angleterre deviendrait une province dépendant du continent ou un avant-poste
de la Scandinavie.
La période du
début du Moyen Age que nous traitons en ce moment, fut une période très dure,
très violente… Une sorte de retour à l’Age du Néolithique. Nous ne sommes plus
dans une société policée au sens grec ; dans l’Eglise elle-même, certains
papes inclus, on se comporte comme des barbares. Il manque à cette nouvelle
société la substance civilisatrice de l’antiquité. Cette sombre période est une
sorte de purgatoire terrestre pour l’Eglise ; les orgueils se fracassent
entre eux. Malgré des périodes de regain intellectuel, c’est bien au fond des
monastères que se prépare l’éclosion éblouissante qui commencera à la fin du XIe
siècle pour se finir dans la Renaissance. La nécessité amènera les peuples
d’occident à se policer. Il y aura une conjonction entre la société laïque et
l’Eglise qui va permettre dans une certaine interdépendance de construire une
société civilisée, mettre au monde une culture chrétienne authentique et qui,
aujourd’hui encore nourrit nos sociétés qui retournent insensiblement vers le
barbare. . .
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LA CRISE
ECONOMIQUE… UNE
CHANCE DE CONVERSION… Il en était fini des trente glorieuses. La question qu’on ne se
posa pas, aurait pu être : « comment avons-nous utilisé cette période
d’enrichissement ? » Oh ! Je comprends bien que cette
expansion économique profita à la nation ; les peuples libres ne
manquèrent pas de s’enrichir, d’améliorer leur confort. Tout ceci est tout à
fait légitime… |
Théodulfe
Soplataris
Depuis
le premier choc pétrolier, le monde sait que rien en matière économique et
sociale n’est vraiment acquis. Car si l’économie conserve des bases logiques
invariables, son évolution est fonction de tant de facteurs prévisibles et
beaucoup d’autres non-prévisibles, qu’il faut constamment faire des
adaptations, des réformes, car la
communauté des hommes a des besoins constants et des exigences morales
immuables figées dans la loi morale naturelle.
Le
premier choc pétrolier suscité par le Shah d’Iran à la suite de la crise
israélo-arabe surprit l’Occident dominateur, sûr de lui – il s’arrangera pour le lui faire payer,
c’est à cause de cette vengeance que nous sommes aujourd’hui confrontés à
l’islamisme nationaliste - ; mais ce
premier choc ne suffit pas, il en fallut un second assez rapproché pour qu’on
comprit que nous entrions dans une autre période… Il en était fini des trente
glorieuses. La question qu’on ne se posa pas, aurait pu être : « comment
avons-nous utilisé cette période d’enrichissement ? » Oh ! Je
comprends bien que cette expansion économique profita à la nation ; les
peuples libres ne manquèrent pas de s’enrichir, d’améliorer leur confort. Tout
ceci est tout à fait légitime…
Mais une
question subsidiaire et légitime s’impose : avons-nous rendu grâces à Dieu de
ses bienfaits ?
Il ne manquera pas d’ombres épaisses pour faire entendre ce murmure :
« Est-ce qu’on peut dormir tranquille, vos questions nous
dérangent ? »
Peut-être
pouvions-nous, sans hypocrisie, s’interroger de savoir si notre enrichissement
aura contribué aux autres Etats, ceux qui venaient d’accéder à
l’indépendance ? Nous avons tous
compris, quand les scandales financiers et de corruption des années 80 ont
éclaté : nous avons profité d’eux sans vergogne. Si nous collaborons à
des campagnes contre la famine, pour des questions sanitaires ou d’alphabétisation,
il faut bien reconnaître, au risque d’être accusé d’indécence, que cet argent
donné n’est que le surplus minimaliste tombé des poches. Nul n’ignore plus qu’il soit le produit des sueurs d’un labeur
sous-payé !
L’Occident
et tous les peuples associent l’expansion économique au besoin déviant de jouir
ce qui a pour effet l’hypertrophie de l’individualisme : jouir, jouir tout
de suite ! Se
rajeunir dans le bain de jouvence rempli exclusivement du sang des innocents.
Ces bains publics étant eux-mêmes décorés par toutes les scènes lubriques
possibles que s’accorde cette humanité si assurée de la force de son talon.
Les
puissances économiques dominantes confrontées à ces crises économiques doivent
accepter des remises en cause progressives d’acquis obtenus en période
d’abondance,
remises en cause vigoureusement combattues pour des raisons d’idéologies,
rarement pour cause de principe, un terme résolument désuet pour une société
dépravée et encore moins au nom du bon sens. Certains peuples plus lucides et courageux n’ont pas hésité à faire ces
réformes, ils ont même eu le bon goût de ne pas entrer dans l’Union Européenne
Economique, ils n’en sont pas moins heureux. Le triomphe du bon sens !
Comme nous les envions ! Et surtout, qu’ils n’y entrent jamais ! L’Union Européenne est devenue un leurre
infernal, une gourmandise de damnation… Que vienne vite le peuple qui aura
le courage d’en sortir ! Demandez aux pêcheurs ce qu’ils ont gagné de
l’Europe ? Qui oserait poser une telle question ?
Les
crises économiques n’ont depuis ce second choc pétrolier jamais cessé de se
reproduire d’une manière ou d’une autre : crise financière et pétrolière
pour la toute dernière, doublée d’une crise alimentaire majeure. C’est avec une hypocrisie qui atteint des
sommets, qu’on s’émeut des troubles politiques que la crise alimentaire risque
de générer, elle remettrait en cause les fragiles élaborations démocratiques…
fait moi rire, fait moi rire !
La
démocratie est pour les riches, c’est l’évidence : une marotte
obsessionnelle pour se distraire de l’ennui. Quelle audace[9] d’oser
dire cela, c’est ce qui saute aux yeux !
La
crise économique a cru trouver une sortie comme un retour de l’histoire, on
espéra revoir les trente glorieuses en conséquence de la chute du
communisme en Europe ! Le moins qu’on puisse en dire, c’est que ce n’est
guère folichon ! Tous les peuples veulent leur part, c’est légitime !
Mais l’une des causes de notre incapacité à recréer les conditions d’une
économie en expansion est qu’on rejeta
intégralement tout un système en imposant l’autre qu’on crut à tort triomphant.
Mais notre système occidental ne
triompha que par défaut, car depuis longtemps, il contenait ses maladies, ses
virus et, l’ouverture à l’Est qui se découvrit des appétits féroces de
jouissance, les aggrava. Toute l’humanité est entrée dans le matérialisme
consumériste triomphant sans aucun mode de régulation, hormis le dictat des
banques, des fonds de pension. Le profit
immédiat, massif est devenu le « Fureur » de nos économies, le
vampire de nos protections sociales.
On
observe dans tous les pays occidentaux, que toutes les réformes entreprises ont
étrangement des effets pervers et finissent par se liguer contre les objectifs
visés. Allez savoir pourquoi ? Peut-être
que Dieu ne veut plus d’une société qui s’enrichit en immolant ses enfants au
dieu Moloch ? Mon Dieu quel
scandale d’oser dire cela ! Et ta sœur ! …
Nous
avons actuellement, devant nos yeux l’exposé des perversions d’un capitalisme
néo-libéral et nous n’ignorons rien des perversions des économies étatiques. Il
existe une voie médiane, celle que ne cesse de défendre l’Eglise Catholique
Romaine au moyen de sa doctrine, la seule dont on ne veut pas entendre parler.
Toute
l’humanité se trouve enfermée dans un système matérialiste qui n’offre plus
aucune sortie horizontale, il n’y a plus d’échappatoire sauf à tout détruire. Osera-t-on dire que
nous nous trouvons tous dans un enfermement qui se resserre au fur et à mesure
que l’économie se complexifie et se dégrade ? Chacun veut sa part d’enrichissement sans rien
lâcher vraiment. On veut bien vous aider mais garantissez-nous notre niveau
d’enrichissement ! Nous sommes en
présence d’une machine qui n’a ni âme ni sens moral ni culture de l’homme et
qui ose se targuer d’humanisme. Tout n’est plus que folie désespérante,
tragique.
Le
triomphe du matérialisme est acquis, il atteint des sommets d’iniquité. Des
peuples se nourrissent de galettes de terre, qui s’en indigne ? Cherche-t-on réellement à aider les peuples
incurablement pauvres ou à les détruire afin d’instaurer ce nouvel ordre
mondial ? Mais que sait-on du contenu de ce nouvel ordre ? Une
guerre mondiale coûte trop cher, il y a trop de risques ; les zones considérées comme définitivement
sinistrées sont aidées juste assez pour calmer les indignations sans toutefois
empêcher leur extermination… Sans doute au nom de la démocratie !
La
crise financière, pétrolifère et alimentaire va justifier des jours sombres,
car il n’y a que bien peu d’hommes pour proposer publiquement d’en appeler à Dieu
et c’est bien trop tôt. L’orgueil n’est
pas encore assez triomphant, l’humanité doit désespérer d’elle-même pour en
appeler au ciel.
Cette
crise peut en bien des égards porter des fruits spirituels étonnants !
L’effondrement du niveau de vie, l’impossibilité d’être propriétaire, les
restrictions du confort vont contraindre beaucoup à revenir vers l’essentiel et
certains verront-ils enfin une lumière d’amour et de miséricorde au bout du
tunnel. Cette crise qui s’annonce bien
plus sévère que celle de 1929 peut être l’occasion d’une conversion,
allons-nous passer à côté ?
Déjà,
on peut deviner ce que sera l’après crise qui suscitera sans doute un conflit
armé localisé dans des zones stratégiques au nom de la sécurité, car n’en
doutons pas, elle se doublera d’un regain d’attentats, d’actes terroristes avec
un renouveau bien plus radical de tous les intégrismes. Les enjeux vont porter radicalement sur l’esprit, dans le domaine de la
foi. On aura l’impression d’avoir réglé les problèmes économiques et sociaux et
alors viendra le temps où tous auront à craindre ceux qui peuvent atteindre
l’âme bien plus que le corps. Il faut nous y préparer maintenant.
Marie aux enfants |
J : - Clovis, c’est bien d’aimer
ma mère. C’est mieux de l’aimer comme Je l’aimais au milieu de vous. Tu
aimes ma mère comme tu aimes la tienne quand tu étais enfant. Tu lui faisais
de gros bisous et, tout de suite après, tu faisais une grosse bêtise. Tu te
souviens de ce jour où après l’avoir câlinée, tu envoyas ton ballon dans ses
géraniums. Tu
ne sais rien de l’amour que tu dois à ma mère. |
Pierre Aubrit
IER
LIVRET
… La Mère que je vous donne.
Ier
chant
C : - Je n’ai pas de frère de ce nom.
J : - Vraiment !
J : - Ne crains pas. Ne suis-Je pas ton
Créateur et ton Sauveur ?
C : - C’est peut-être le démon qui me fait
une farce !
C’est peut-être ma digestion !
Il n’y a pourtant personne près de moi, et la
voix que j’entends est presque dans mon oreille, tout à côté !
Ne t’es-Tu pas trompé de personne ?
J : - Clovis, Clovis,
ne crains pas. Je suis ton frère en Marie, ma
mère.
J :
- N’es-tu pas ma créature, ne suis-Je pas mort pour toi !
C : - Oui, Jésus !
Ceux que Tu appelles ne dorment plus. Ils ne pensent plus
qu’à T’aimer. Moi, je dois vivre pour ma famille et l’aimer. Je n’ai guère de
temps pour Toi. Et puis, Tu es exigeant, Tu réclames tout.
J : - Pourquoi pries-tu ma mère en ces
lieux qui protégèrent son apparition tandis que l’humanité entrait dans sa
déshumanisation ?
J : - Tu ne Me verras pas avant d’avoir passé de ce
monde à l’éternité.
Pourquoi pries-tu ma mère ?
C : - C’est une étrange question !
Parce qu’elle est Ta mère et que je l’aime. Elle ne peut que me vouloir du
bien.
J : - Tu dis l’aimer ! Tu ne l’aimes
pourtant pas comme Je le veux.
C : - Je l’aime comme ma mère m’apprit à
l’aimer, comme sa mère le lui apprenait.
J : - Tu es attiré par elle, car elle est
un idéal inaccessible. Tu l’aimes parce que tu vois en elle un secours sûr
auprès de Moi et de mon Père.
Tu as le même amour pour ma mère que pour ta
mère de la Terre.
J : - Clovis, c’est bien d’aimer ma mère. C’est mieux
de l’aimer comme Je l’aimais au milieu de vous.
Tu aimes ma
mère comme tu aimes la tienne quand tu étais enfant. Tu lui faisais de gros
bisous et, tout de suite après, tu faisais une grosse bêtise. Tu te souviens de
ce jour où après l’avoir câlinée, tu envoyas ton ballon dans ses géraniums.
Tu ne sais rien
de l’amour que tu dois à ma mère.
C : - Jésus, que fais-tu de ma vie
privée ? Elle m’appartient et à ceux qui en furent témoins en partie.
Qu’ai-je fait pour que Tu t’intéresses à
moi ?
J : - Ne sais-tu pas que toute la création
est en ma présence ! Que tout de l’homme est également en ma
présence ! Je m’intéresse à tous, car Je les aime tous d’un amour égal.
C : - Pourquoi moi ?
C : - On ne peut pas dire que Tu sois
rassurant ! Avec Toi, ce n’est pas vraiment le confort.
J : - Je vois ! Tu crois que sur ma
Croix, J’étais au confort ?
C : - Non, bien sûr !
Tu sais l’homme, surtout aujourd’hui, il aime
dormir. Il n’aime pas penser. Il aime oublier, s’étourdir.
Je me demande si tu as toujours une bonne
notion du temps.
J : - Oh ! Clovis, c’est vous qui à
force de courir êtes pressés de tout.
C : - C’est bien vrai ! Nous sommes
si pressés de vivre que nous nous hâtons de mourir, si possible en cachette. Tu
comprends, il faut être constamment rassuré.
Nous aimons le mouvement, nous ne savons plus
jouir de la solitude. Nous nous lassons si facilement d’aimer ! Il y a là
de quoi faire tourner le lait de mes chèvres !
J : - C’est que vous avez fait le choix de
la quantité au lieu de la qualité.
Clovis, que fais-tu avant de rendre visite à ta
maman ?
C : - Tu me fais une blague !
Tu poses des questions d’avril !
Je me change. Je me fais propre et selon, je
lui apporte des friandises ou des fleurs.
J : - Qu’as-tu fais quand le maire accepta
de te recevoir ?
C : - Je me fis propre. Je mis mon beau
costume ; c’est qu’il n’est pas facile à amadouer. Pourquoi cette
question ?
J : - Ici Clovis, n’y a-t-il pas plus
grand que ta maman et ton maire ?
J : - Ne crois-tu pas que Je mérite mieux
qu’un beau costume ?
C : - Comment veux-Tu que je m’habille ?
Je ne vais pas venir en queue de pie !
C : - Tu es gourmand !
Il est vrai qu’en Palestine de ton temps, il
n’y avait guère de sucreries pour Toi. Pourquoi veux-Tu que je te donne mes
confiseries ?
C : - Tu as agi en braconnier. Tes
questions sont des pièges. Tu me connais, Tu peux me pardonner là, à
l’instant.
C : - Pourquoi, ne le ferais-Tu pas ?
Tu fais grève ! Tu n’es pas fonctionnaire !
Tu sais tout de moi.
Tu n’as pas besoin que je récite mes péchés
comme on récite une litanie.
C : - Pourquoi veux-Tu que je passe devant
un prêtre ?
J : - C’est à l’Eglise que j’ai remis tout
pouvoir de pardonner, de lier et délier.
C : - Ce n’est pas facile d’aller à
confesse. Se confesser à un homme ! Tu aurais pu nous proposer une autre
façon de se faire pardonner. Tiens, un peu comme à la mode des
protestants ! Eux, ont réglé le problème.
J : - Ils n’ont rien réglé du tout. Et ils
sont coupés de beaucoup de grâces.
Un prêtre c’est un homme, oui ! mais c’est
mon prêtre. Quand tu te confesses au prêtre, c’est à Moi que tu te confesses.
Les hommes ont besoin de se relier entre eux et avec leur Créateur. Il faut que
chacun puisse se reconnaître, reconnaître son visage !
J : - L’autorité que Je donnai à l’Eglise,
je ne la reprends pas. C’est le chemin que tout baptisé doit prendre, car mon
chemin pour venir à vous tu le connais et tu connais celui qui va à Moi et à
mon Père.
J : - Obéis à l’Esprit. Suis le chemin que
Je traçais avec mon sourire et mon sang et tu apprendras à M’aimer.
J : - Je
t’aiderai. Sur toi, ne laisse rien de sale. Tourne-toi vers Marie. Une maman
sait faire la toilette de son enfant.
A demain, sois
en paix Clovis. »
IIeme
Chant
Clovis : - Me voici, Jésus ! Je pensais
que Tu ne reviendrais pas vers moi.
C : - Oui, Jésus ! C’est ce qui est
un peu embarrassant.
C’est M’honorer que d’obéir à l’Eglise selon
son état de vie. Obéir dans ses disciplines : sacramentelle, morale,
spirituelle et théologique. L’obéissance grandit la liberté en l’homme et en
Eglise.
C : - L’obéissance est ce qu’il y a de
plus difficile pour l’homme même de bonne volonté.
J : - C’est la marche obligée pour
développer l’humilité.
J :
- C’est un soin, c’est un aliment qui nourrit la liberté.
C :
- Un sacrement peut-il soigner ?
J : - Lorsque je créais l’homme et la femme, je les créais parfaits, purs de tout péché.
Je voulus qu’ils soient libres d’adhérer à moi ou de me rejeter. Leur choix fut
de rejeter ma proposition de liberté pour la leur, celle que leur proposa
Lucifer. Voilà la cause du péché originel. Et depuis, l’humanité ne cesse de
devoir choisir entre Moi et elle, entre Moi et Lucifer.
C : - Le baptême n’est-il pas une recréation ?
Pourquoi la confession serait-elle un soin ?
J : - Parce qu’une bonne confession remet l’âme dans son
état baptismal. Elle la lave et lui donne toutes les forces nécessaires à se
guérir de ses penchants blessés et blessants.
C : - Tu as réponse à tout ! Jésus, que sont pour
nous les sacrements ?
J : - Tous les sacrements sont lieux de
mon amour divin, lieux privilégiés. Ils furent activés quand mes mains furent
clouées. C’est par mes paumes offertes à sa justice que mon Père caresse chacun
de ses enfants retrouvés, reconnus à travers moi.
Le sacrement de réconciliation est l’expression
de la patience aimante de mon Père. Mon Père ne veut rien de moins que de
réconcilier l’homme avec Lui-même, les hommes entre eux et l’homme avec la
Sainte Trinité.
Tous les sacrements sont les fruits de ma
Passion et de ma Résurrection. Ils sont les lieux où se rejoignent l’amour
trinitaire et l’homme. Ce sont les points de rencontre de deux humilités, celle
de la créature qui, poussée par l’Esprit-Saint, s’élève vers mon cœur et celle
de Dieu poussé par son amour et toujours prêt à pardonner. C’est en quelque
sorte, le renouvellement de mon incarnation et de ma rédemption.
C : - Jésus, ce sacrement de
réconciliation n’est donc pour Toi qu’une souffrance ?
C: - Pourquoi dis-Tu, que tous les sacrements
sont un lieu de rencontre ?
J : - Dans le livre de l’Exode, il est
question de la Tente de la Rencontre, un lieu sacré, privilégié dans lequel Je
me révélais à Moïse et par lequel J’éduquais les Hébreux à l’intelligence du
sacré. Ce lieu, comme le Saint des saints dans le Temple de Jérusalem,
prophétisait la puissance sacramentelle que Je déposerai dans l’Eglise.
Quel que soit le sacrement, il est un lieu de
rencontre entre le pénitent et son Dieu fait Homme. Il fallait que Dieu se fît
Homme pour qu’Il confiât, en un dépôt vivant, sa puissance sacramentelle afin
que chaque homme se prépare à rencontrer son Dieu dans l’éternité.
Au centre de chaque sacrement se trouve un
seuil indicible où se rejoignent le temporel et l’éternel. C’est un lieu où se
rencontrent deux humilités : Dieu fait Homme redescend pour rencontrer
l’homme qui est appelé à devenir comme Dieu. Deux cœurs se reconnaissent sans
ombre, se communient d’humilité.
Clovis, tu es propre aujourd’hui, tâche de le
rester. Ma mère t’a bien lavé. Demande-lui de t’apprendre à rester propre.
C : - Que fait Marie dans le sacrement de
la confession ?
J : - Ce qu’elle mérita de faire dès son
Fiat à sa présence au pied de ma Croix. Dès l’Annonciation ma mère prie avec
son Jésus pour le salut de Clovis. Elle supplie mon Cœur de te pardonner.
J : - C’est une vraie mère. Et, comme toutes
les mamans de la terre, elle apaise la juste colère de Papa et prépare son
enfant à recevoir ses justes réprimandes et son pardon.
Tu comprendras l’éminente mission de Marie,
l’Immaculée. Tu iras à son école, comme Je fus à la sienne.
L’Immaculée est l’espérance promise par Moi à
Adam et Eve et l’annonce de la défaite définitive de Lucifer : « Je
mettrai de l’inimitié entre toi et la femme, entre sa descendance et ta descendance :
celle-ci t’écrasera la tête, et toi, tu la viseras au talon. »
C : - Tu es fidèle à ta parole ! Ne te
lasses-Tu pas de notre infidélité ?
J : - Je ne me lasse de rien.
Mon Père, lui se lassera et ne voudra plus entendre mon intercession. Il ne
regardera plus mon sacrifice et Je ne pourrai plus entendre ma mère. Toute sa
paternité divine s’exprimera dans la plénitude de sa justice. Cette justice
sera juste, on ne devra Lui adresser aucun reproche.
Tu m’exposas dans notre premier entretien tes motifs
d’amour qui fondent ta dévotion envers ma mère. Ils sont naturellement bons. Il
en est un qui est supérieur à tous tes motifs.
J : - Ne sais-tu pas que mes disciples
doivent être parfaits comme le Maître que Je suis ?
J : - La peur vient de ton imperfection dans la
confiance que tu dois avoir dans ton Dieu, Créateur et Sauveur. Pourquoi avoir
peur en celui qui t’aime et qui veut être aimé pour aimer davantage sa créature
à seul fin qu’elle lui devienne semblable ?
La peur est un point exercé par l’Ennemi sur ta
psychologie. Elle est réelle et irréelle.
C : - Comment une chose peut-elle être et
ne pas être ?
J : - Elle est réelle en cela que ce que tu ressens
est vrai, mais elle ne l’est pas, car l’Ennemi agît sur l’imagination, la
partie la plus vulnérable de ta psychologie. En faisant cela, il cherche à
t’isoler de Moi et des autres.
Ton impression de peur est vraie. Mais en fait, tu n’as pas
peur, ce que tu ressens, c’est la peur de l’Ennemi. Je lui ai montré ton âme.
Il sait qu’il va te perdre pour toujours à moins que tu veuilles le rejoindre.
Si tu restes ferme dans ta démarche, tu contribueras à sauver beaucoup d’âmes.
J : - Les âmes privilégiées mon Père les
regarde et l’Ennemi les voit. Mon Père tente Lucifer par elles.
C : - Je n’ai rien demandé. Pourquoi moi ?
J : - Tu es l’héritier d’une lignée d’âmes
pieuses ; tes ascendants ont prié pour ton jour. Mais tu peux refuser à
tout instant.
C : - Je ne veux pas vouloir refuser de te
servir ; comment le pourrais-je ! Tu me découvres ton amour pour moi.
Tu poses ton regard sur moi et Tu m’entraînes dans la lumière de ta mère. Qui
pourrait maintenant te dire non ?
J : - Lucifer ! Et beaucoup d’autres
qui ont eu leur chemin de Damas.
C : - Pourquoi mon salut personnel
contribue-t-il au salut des autres ?
J : - Parce que l’on ne se sauve pas seul.
Si le Salut est en partie dans la volonté, il
ne peut se réaliser sans la grâce et, comme l’homme est solidaire de son
prochain, car tu fais partie de mon corps mystique, ton salut entraînera le
salut de bien d’autres. De même que tu as toujours la possibilité de décider de
ta damnation qui entraînera la damnation d’autres de tes frères.
J : -
C’est perdre définitivement mon amitié. La perdre au point de ne plus vouloir
la désirer. C’est se transformer en ennemi de l’amour pour l’éternité.
C : - Certains enseignent qu’une âme se perd parce que
ton amour n’est pas aussi parfait qu’il ne le semble !
J : - Une proposition de ce genre est un blasphème.
Cela revient à rejeter l’usage de la liberté sur moi, parce que ces âmes là
n’ont rien compris à l’amour. En fait, elles ne s’aiment pas, elles ont peur
d’aimer et de s’aimer elles.
C : - Pourquoi nous avoir donné cette fichue liberté,
si Tu savais qu’on en ferait un mauvais usage ?
J : - Mon Père, L’Esprit-Saint et Moi sommes
parfaitement libres. Nous avons voulu que l’humanité adhère à notre amour, à
notre volonté d’amour librement, que ce soit son choix. Et nous lui avons donné
toute la matière pour choisir. Car, dans notre conseil trinitaire, nous avons
voulu que vous fussiez créés à notre image.
C : - C’est bien joli, mais c’est un cadeau
empoisonné, un cadeau de braconnier.
J : - Oui, Je comprends !
Je vous mets devant la responsabilité de l’acte humain qui
ne peut rien sans ma grâce. Il te suffit de vouloir entreprendre une vie
d’union avec ton Jésus pour ne plus être effrayé ;
toutefois, cette vie d’union n’est possible que par ma mère.
C : - Jésus, que dois-je faire pour suivre ton
exemple, ton enseignement ?
J : - Aime ma mère comme je l’aimais sur la terre et
comme je l’aime au Ciel. Tu apprendras de toi et de moi plus sûrement que tous
les sages réunis de la terre.
C : - Tu vois, Jésus, j’ai raison de te dire que Tu
n’as pas toujours la notion du temps et de l’espace, car si j’ai conscience
d’être sur cette bonne veille terre, c’est que je ne suis pas au ciel. Je ne
peux pas aimer ta mère dès maintenant comme Tu l’aimes au ciel.
J : - Clovis, tu raisonnes faussement.
Aimer ton Dieu, aimer sa mère comme ton Dieu l’aime, c’est
entrer dans le ciel alors que tu es bien présent sur ta bonne veille terre.
C : - Jésus, je crois que je vais avoir la migraine,
pourtant je comprends tout ce que tu me dis et je ne suis pas théologien !
J : - Clovis, que font un homme et une femme quand ils
s’aiment ?
C : - C’est encore une question d’avril ! Tu
joues au braconnier. S’ils s’aiment, ils se marient, ils s’unissent.
J : - Clovis, que se passe-t-il quand une pure amitié
s’établie entre deux personnes ?
J : - Clovis, que se passe-t-il si l’un des deux
délaisse l’autre sans mauvais vouloir ?
J : - Lorsque tu as la possibilité d’aller
à la messe, de communier à mon Corps et à mon Sang et que tu préfères rester
devant ton téléviseur.
C : - O Jésus, Tu as raison. Je suis égoïste,
pardonne-moi !
C : - Comment peux-Tu avoir faim de moi, puisque c’est
moi qui te mange ?
J : - Laisse-moi te manger par mon Corps et te boire
par mon Sang.
Je veux que tu viennes habiter ma solitude pour que je
puisse habiter la tienne. Laisse à ton Dieu le soin de faire sa demeure en toi
et tu auras la tienne en Lui. Mon Père, Moi le Fils et l’Esprit-Saint nous
reposerons en ton cœur que tu nous laisseras modeler à l’identique du
notre.
A demain, sois en paix Clovis. »
IIIeme
Chant
J : - Sais-tu pourquoi Je suis le Fils de
Marie ?
C : - Je crains ne pas le savoir Jésus.
On dit que Tu pouvais choisir un autre mode
pour te révéler. D’autres marinant dans la gnose disent que : Tu serais un
accident cosmique ! Je Te vois mal en météorite.
C : - Jésus, je ne suis savant qu’au maniement de la
charrue ; toutefois, le plus grand bien que j’héritai de mes ascendants
c’est le bon sens ! L’Eglise dit : « que Tu as voulu naître
d’une vierge… », alors je dis comme Elle. Je n’en sais pas d’avantage.
J : - Si Je suis le fils de Marie, c’est
que Je l’ai voulu.
Je suis le Créateur avec mon Père et
l’Esprit-Saint. Je ne proviens ni du hasard ni de la contrainte. Tout ce que Je
crée, tout ce que J’appelle à l’existence est dans mon dessein.
J : - Quand Je décidai de satisfaire à la justice de
mon Père, de sauver l’humanité de l’emprise du péché et du Malin, de toutes les
voies possibles, Je choisis celle de Marie.
J : - Dans ma liberté, Je décidai d’avoir
Marie pour mère.
Je la créais dans cette fin.
Je la fis telle qu’elle est pour qu’elle Me fît
tel que Je suis dans mon humanité.
J : - Je voulus être formé de la substance
de Marie : nourri de son lait, soigné de ses mains, éduqué de son
intelligence, lui être soumis.
Elle est ma mère, Je suis son enfant comme tout
autre enfant de la terre.
C’est d’elle seule, que je voulus tenir mon
humanité.
Je suis tout entier son enfant, car aucun homme
ne la connut, aucun homme sur la terre n’est mon père.
Je suis son enfant, Dieu et Homme, dès mon
Incarnation. Je suis une unique personne : homme tout à fait Homme, Dieu
tout à fait Dieu.
C : - Pourquoi être son enfant puisque Tu es son Dieu
et Créateur ?
Pourquoi être le petit d’une de tes créatures ?
J : - Tu viens de résumer ce qui constitua la
substance intellectuelle et spirituelle sur laquelle les anges eurent à
exprimer librement leur adhésion à Dieu. Et, un tiers des anges ayant à leur
tête Lucifer me refusèrent librement leur allégeance ; ils furent
précipités dans les enfers pour l’éternité.
C : - Mais pourquoi avoir choisi Marie pour répondre
définitivement à leur révolte ?
J : - C’est par amour, que Je voulus être son
enfant ; par amour pour mon Père que Je ferai mieux aimer ; par amour
de ma mère qui Me donnera plus de joie que toutes les créatures réunies ;
par amour pour les hommes pour chacun d’entre eux, par amour pour toi Clovis,
mon frère bien-aimé.
C : - Tu m’aimes vraiment pour moi-même,
Jésus ?
J ; - Je t’aime pour toi-même et
l’humanité que Je vois par toi, comme mon Père M’aime pour Moi-même et toute
l’humanité qu’Il voit en Moi.
C : - Que tout genou fléchisse !
Que tout homme Te croie !
Que tout homme T’adore !
Que tout homme T’espère !
Que tout homme T’aime avec son corps, son âme et son esprit !
Tu es le Béni, le Fils du Dieu vivant.
Le Fils de l’Homme qui reviendra sur la
nuée !
J : - N’as-tu jamais réfléchi sur ce que
m’inspira mon amour pour ma mère ?
C : - Je crains que non, Jésus. Je ne suis
pas théologien. Existe-t-il un meilleur pédagogue que Toi ?
Tu dois savoir qu’entre la pousse des récoltes,
l’élevage des bêtes, l’entretien de la ferme, ma responsabilité d’époux et de
père, je n’ai guère le temps de m’interroger sur des concepts théologiques ou
philosophiques.
Le courant de la vie est d’une banalité cruelle
et étrange. C’est peut être cela le véritable poids du péché originel.
J : - Ma mère fut dans ma pensée à la
création des anges, de l’univers, de la Terre, des vivants et des hommes. Elle
le fut quand Je condamnais Adam et Eve, lorsque Je me révélais aux patriarches
et aux prophètes.
C : - Aucune mère ne connut et ne
connaîtra autant d’attention !
J : - Je suspendis les lois communes qui
atteignent le genre humain pour elle seule. Je la comblai de privilèges.
Je la voulus Immaculée, mère et toujours
vierge.
Je la glorifiai dans son corps avant la
résurrection générale.
Je lui donnais trente ans de ma vie et trois à
l’humanité.
Je la fis participer à mes privilèges pour
l’associer à la mission que mon Père me confia.
Je la fis mériter les mérites que Je m’acquis
pour le Salut du monde et qu’elle soit la Co-Rédemptrice du Rédempteur. Elle
est ma première collaboratrice dans mon œuvre de Rédempteur.
C : - Pourquoi tant d’égards, n’est-elle
pas une créature ?
J : - Marie est le joyau de la Sainte
Trinité offert à l’humanité pour qu’elle vienne nous rejoindre.
Son obéissance irréprochable combla au-dessus
de toute mesure le vide laissé par Lucifer dans sa révolte.
Ma Passion eût été inachevée dans son humanité
si, sur la Croix, Je n’offrais ma mère au genre humain.
Je me devais de M’appauvrir de ma mère avant de
rendre mon âme à mon Père. De même, Je ne retins pas ma condition divine, de
même Je me devais de ne pas retenir ma condition humaine pour revenir à mon
Père, car si Je suis Dieu, Je n’en suis pas moins complètement homme ; en
acceptant la mort, Je me devais d’en accepter toutes ses lois : ma mère,
Marie, l’Immaculée est mon seul bien humain après ma vie légué à toute
l’humanité.
Au ciel, Je la voulus avocate auprès de moi,
pour distribuer les grâces que nous nous méritâmes.
C : - Tu
enseignes qu’au ciel, il n’y a plus de femme ni d’homme mais des esprits purs.
Marie n’est donc plus Ta mère au ciel !
J : - Au ciel, il n’est plus question de
sexualité physique, avec l’apport si beau sur Terre de la sensualité. Une âme
qui fut femme ou homme sur la terre reste femme ou homme au ciel, car elle
conserve son psychisme : une maman reste une maman. Je suis au ciel, le
fils de Marie comme Je le fus sur la terre. Je la comble de ma libéralité pour
tout ce qu’elle souffrit et offrit par amour pour Moi. Ne s’est-elle pas
dépouillée de son unique enfant !
C : - Jésus, comment aimer ta mère de cet amour
filial ?
J : - Médite sur mon amour filial. Ne crains pas ton
insuffisance, car Je t’associe à mon amour pour ma mère dès son Fiat.
A demain, sois en paix Clovis. »
Dérives sataniques... Dérives
liturgiques passées et toujours présentes... EFFONDREMENT DE LA CHARITE... |
Le droit de
remontrance ! Une conversion nécessaire…
Cet article
surprendra beaucoup par son esprit, son contenu et sa forme ; il est
parfaitement conforme à la plus haute tradition ouverte par les épîtres de
saint Paul dans lesquelles, il dénonce publiquement les dérives de telle ou
telle autre communauté. Cette pratique se continua durant les siècles ce qui
permit à l’Eglise de se corriger dans son humanité. Si elle fut abandonnée dans
sa forme initiale cela tient au fait que progressivement l’institution
hiérarchique de l’Eglise, dans la plupart de ses membres, se figea dans un hiératisme
désolant sans doute dû à l’hypertrophie de l’autorité du Saint Siège. Il fut
la cause
d’un cléricalisme fâcheux pour tout le Corps mystique du Christ.
Aujourd’hui, en l’Eglise de France,
malgré les appels répétés et patients de Jean-Paul II le Grand et maintenant de
Benoît XVI, il persiste des comportements regrettables pour les laïcs et la
charité. Aussi,
quand ceux-ci prennent des proportions scandaleuses, il convient de les
dénoncer. Il n’est pas sans intérêt pour ceux qui persévèrent dans la désobéissance
de savoir qu’ils peuvent être mis en pleine lumière, en demeure de s’amender ou
de quitter une charge dont ils profitent tout en se comportant en prédateurs.
Il nous semble également que de
telles dénonciations peuvent encourager nos pasteurs à prendre leurs
responsabilités et il nous paraît urgent que nos évêques comprennent qu’il
faudra en passer par un examen de conscience sur bientôt cinquante années
d’erreurs et de souffrances. Le redressement de l’Eglise de France, sa conversion
ne pourra pas s’établir sans lui. Nous espérons, prions et pleurons pour que
notre Eglise de France reprenne enfin le chemin de l’humilité et de la charité
active qui n’est pas seulement faire l’aumône mais faire paître le petit
troupeau dans la sécurité doctrinale.
Nous laïcs avons le droit et le
devoir de pratiquer la remontrance, car notre Eglise est notre demeure, nous en
sommes membres de plein droit. Nous la voulons belle, humble, pauvre, aimante…
Saura-t-elle trouver en elle ce que sa sœur des Etats-Unis a trouvé, la force
active de sa conversion ?
La profanation, un acte inexcusable, il demande
réparation…
La
profanation du cimetière d'Elne, ancien siège épiscopal de notre diocèse, porte
sur 246 tombes ; elle fut exécutée dans la nuit du samedi 31 mai au dimanche
1er juin. La tradition veut que l'on
quitte le mois de Marie pour entrer dans celui du Sacré Cœur ; y a-t-il là une
simple coïncidence ? On peut en douter.
S'agit-il d'une secte satanique ou de l'acte isolé d'un individu dérivant dans
une société perdue dans sa propre contemplation et satisfaite d'elle-même ? Il
peut aussi être question d'un individu agissant sous influence : la colère d'un
désespéré que personne ne voit ou n'a voulu voir ou bien encore, tout
aussi alarmant, le rôle subjectif d'une secte, voire d'une tierce personne usant d'autorité dans le
cadre de cercles lucifériens. Il peut s’agir d'une manipulation mentale pour
l'obtention d'un pouvoir occulte ou comme gage d'esclavage satanique ? L'exécutant
serait alors une victime non consentante, incapable d'expliquer son geste ni sa
raison, victime qu'il est tout à fait possible d'influencer d'autant plus
facilement si, dans son milieu, il y a une tradition de magie, voire
d'occultisme ordinaire... Dans ces cas-là, les liens familiaux peuvent être
propices à de telles influences sans que le sujet soit consentant ni même
conscient d'être manipulé.
Les manipulations de ce type peuvent se faire par un proche qui va consulter un
voyant, un guérisseur, il suffit que la personne de l'art soit elle-même membre
d'un cercle satanique[10].
Très souvent, les sujets exécuteurs de ces profanations ne montrent pas un
grand niveau intellectuel et, s'il s'agit d'un exécutant solitaire, il est
ainsi plus aisé de le faire passer pour déséquilibré ; on peut être certain,
qu'il s'agit bien dans ce cas là, d'une manipulation coordonnée par une
organisation occulte. Les membres de ce genre de regroupement peuvent réunir un
grand éventail représentatif de la société allant d'autorités élevées au
citoyen le plus ordinaire socialement. Certains y participent par ennui,
d'autres par conviction mais tout le monde veut en tirer un profit ce qui ne
manque pas d'arriver du moins au début.
1- Comment les pouvoir publics, le
législateur peuvent-ils prévenir de tels délits ?
La première des décisions serait d'aggraver les peines encourues pour ce
genre de délit. Une civilisation qui ne s'emploierait pas à défendre l'un
des fondements sacrés de la société, serait-elle culturellement
fondamentalement athée et laïque, se condamnerait irrémédiablement à
disparaître. Pour autant cette affirmation de bon sens et quelque peu
solennelle n'est rien, si on ne s'interroge pas sur les causes objectives qui
favorisent ce genre de comportement.
2- Facteurs aggravants :
a - Il y a toujours eu des cas de
profanation à différentes périodes de notre histoire mais ils furent très
isolés et rarement répétés dans une courte période. Ce que nous constatons,
c'est un parallélisme entre ces actes odieux et l'accélération de
l'effondrement moral, intellectuel et spirituel de nos sociétés : les
lois contre nature, la pratique ordinaire de l'avortement dépénalisé et assumé
par l'impôt, le triomphalisme de l'hédonisme, de l'humanisme matérialiste et
aliénant[11].
b - Le rôle quasi illisible de l'éducation nationale, la pauvreté de
l'enseignement de l'histoire et l'absence d'instruction morale dans cette très
corrompue institution indépendamment du mérite et de la générosité de certains
enseignants. Comment pourrait-il en être autrement puisque la majorité des
enseignants actuels sont ceux de la génération soixante-huitarde ! "Faites
moi rire, pas trop fort, j'ai les lèvres gercées !"
1- La responsabilité de l'Église :
Cette partie doit être abordée et mise sur la table, en pleine lumière, car
toutes les atteintes aux fondements de la société intéressent et concernent l'Eglise
qui demeure l'éducatrice des peuples (Mater et magistra, Jean XXIII). Il arrive
toujours une période où toutes les institutions doivent faire leur examen de
conscience, si elles ne le font pas, les peuples s'en chargent et leurs
manières sont un peu rudes. L'Église quoique de fondation divine n'en est
pas moins également une fondation humaine, si elle a fait son aggiornamento
avec le Saint Concile Vatican II, il est urgent qu'elle l'entreprenne
également pour les applications ou non applications de l'esprit du Concile et
quant à la crise qui le suivit.
Sa Sainteté
le pape Benoît XVI l'a commencé avec le Motu proprio et ses deux dernières
encycliques et autres documents qui laissent augurer une reprise en mains de
toutes les causes objectives et subjectives des désordres et grandes
souffrances. Il n'est pas ici question de toutes les énumérer, nous n’en
retiendrons que trois.
I - L'effondrement
de la foi en l'enfer et l'inintelligence des Fins Dernières :
Depuis le début du XXe siècle, suite à des prédications particulièrement
excessives et parfois hétérodoxes sur les Fins Dernières, le Saint Siège crut
nécessaire d'interdire ce mode de prédication ce qui, par un effet pervers imprévisible,
eut pour conséquence de se désintéresser de l'étude des fins dernières, de
l'Eschatologie. Ce délaissement produisit un abandon non seulement de
l'étude théologique des Fins Dernières mais de son enseignement alors qu'il
fait partie de la Doctrine. Il en résulte aujourd'hui, que bien peu croient
à l'Enfer, au Paradis oui pourquoi pas, on aime l'exotisme, quant au Purgatoire
alors là, "fais moi rire", dit la souris au chat !
On a, non sans raison, insisté sur la relation d'amour avec la Personne de Dieu
mais on fit si bien, que cet amour est devenu une sorte de guimauve pour la
"ducasse" (mot patois qui désigne la fête du quartier avec
manège). On sait « protestantisé » tout bonnement sur
ce point de doctrine ! Certains, comme l'inénarrable Jacques
Duquesne, ne croient plus à l'efficience du Sacrifice de Jésus-Christ,
c'est-à-dire qu'ils remettent en cause les fruits de la Rédemption, son
efficacité !!! Dans ces conditions, il devient difficile de pratiquer une
religion sans en connaître la finalité objective et subjective.
II - Non respect des règles
liturgiques allant parfois jusqu'à la profanation du Corps du Christ et au non
respect du laïc quant à la liberté du choix de la forme pour communier : sur la
langue, dans la main ou sur la langue et à genoux.
La discipline liturgique est définie par le canon et les rubriques, il
n'appartient ni à l'ordinaire ni au célébrant d'en faire ce qu'il veut ;
s'il est responsable de sa messe, elle n'est en rien sa propriété, ce n'est pas
sa chose. Le célébrant agit au Nom du Christ, c'est le Christ qui célèbre
la liturgie par le moyen de son consacré ordonné à ce service.
a) - Est-il acceptable de voir des laïcs aller chercher les Saintes Espèces au
tabernacle à la place d'un diacre ou du célébrant - ce n'est permis qu'en cas
d'extrême urgence - on ne peut dire qu'il y a urgence dans le déroulement
ordinaire de la messe ?
b) - Est-il normal de solliciter un laïc pour donner la communion alors qu'il y
a rarement urgence dans une église ?
La persistance de foyers banalisant la culture de la désacralisation des rites
a une incidence subjective et efficiente quant au développement des
puissances infernales et leurs expansions par le biais des sectes et
groupements lucifériens. C'est là une chose connue pour tout exorciste et
spécialiste de la démonologie. La liturgie est une œuvre qui collabore
étroitement au mystère de la Rédemption, en négliger le respect canonique et
les rubriques constitue un affaiblissement non résiduel de l'œuvre rédemptrice.
Toute exécution de rite fait dans le respect strict de sa discipline est une
contribution efficace au recul des puissances du mal et au triomphe de la
charité. Si nous abordons ce sujet, c'est que par une disposition de la
Divine Providence, il nous fut donné d'assister à des exorcismes venant en
soutien à l'intervention autorisée d'un prêtre exorciste ainsi qu'aux
témoignages que nous avons recueillis sans jamais les avoir sollicités, enfin
nous avons partiellement étudié le sujet.
III - L'effondrement de la charité
dans l'Église :
Nous le savons, l'histoire récente de l'Église en témoigne et l'enseigne,
depuis le Saint Concile Vatican II, de graves crispations se sont faites jour à
cause d'interférences idéologiques qui ont amené de graves atteintes
contre la charité entre frères d'une même foi. Cette situation conflictuelle est à la charge autant des progressistes
que des intégristes et autres conservatismes.
Malgré les efforts courageux et héroïques des papes successifs et quelques
autres pasteurs et prêtres encore plus rares, nous assistons à des atteintes
répétées contre la charité intra-muros. Nous avons pour preuves certains
diocèses qui, pour faire taire des sœurs et frères parce qu'ils sont résolument fidèles au pape
et qu'ils dénoncent les dérives orgueilleuses et les ahurissantes pratiques
relevant de l'apostasie, n'hésitent pas à comploter contre eux allant jusqu'à
envisager leur internement en asile psychiatrique ainsi, dans notre diocèse de
Perpignan-Elne, nous-mêmes fûmes visés par ce genre de complot. Le vicaire du
doyenné de Céret en Pyrénées-Orientales se crut permis de tenter des laïcs,
anciens responsables scouts, pour qu'ils acceptent d'assumer la création d'une
troupe scouts de France à seule fin de détruire la troupe de scouts d'Europe
qui réussit très bien sa mission ; tout
cela parce que ce vicaire improbable n'accepte pas que puisse exister avec
fruits une activité ou organisation qu'il ne peut contrôler à sa guise et qui a
le malheur de ne pas correspondre à ses options idéologiques radicalement
opposées au message évangélique et aux directives très fermes du Saint Siège.
Nous avons été amenés à comprendre
ce qui, en général, motivait de tels comportements : il s’agit souvent de
compenser certaines faiblesses intellectuelles en essayant de s’assurer la
reconnaissance du monde, de préférence des élus, dans le cas d’échec ou de
succès, ils finissent par se prendre une maîtresse ou défroquent. Cette
recherche de reconnaissance peut glisser jusqu’à s’enfermer dans des sociétés
occultes telles que les franc-maçonneries ; on se met sous l’influence du
monde au dépend de la charité en Eglise, blessant sans vergogne le Corps
mystique du Christ. Ces comportements sont soit un abandon de la vie
spirituelle qui a pour objet la recherche de la vie d’union avec Marie, soit
qu’à l’origine, il n’y a jamais eu de vocation (ce qui fut le cas pour saint
Vincent de Pol) et refus obstiné d’accueillir la grâce de conversion, ce qui ne
fut pas le cas de saint Vincent de Pol, il accueillit la grâce de conversion.
Tant que persisteront des attitudes
aussi contraires d'intentions à la charité, les puissances infernales auront un
boulevard dans l'Eglise et dans le monde de plus en plus livré à ses péchés.[12]
Il convient ici de rappeler, qu'on ne fait pas son salut tout seul, sauver son
âme en obéissant aux Commandements de Dieu et de l'Eglise, de part la communion
des saints, entraîne vers le salut d'autres âmes baptisées ou non-baptisées :
"J'appellerai tous les hommes à moi..."; "Galilée des nations en
toi s'est levée une grande lumière..." Nous catholiques devons avoir conscience que, par notre baptême
et notre foi, nous possédons toute la Vérité de la Révélation même si nous
n'appréhendons pas tous les aspects de cette Vérité. Aussi, nous avons une
redoutable responsabilité quant à œuvrer au triomphe de la Charité et à
l'abaissement des forces du mal.
Avons-nous bien conscience qu'ayant beaucoup reçu, nous aurons beaucoup à
donner et beaucoup de comptes à rendre ?
Il vaudrait mieux pour certains
clercs, évêques et laïcs qu'ils se retirent de l'Eglise que d'y persévérer
avec des intentions opposées aux exigences non négociables de la Charité et de
la Vérité. Car à leur mort, trouveront-ils une âme en état de grâce pour les
défendre auprès du Trône céleste ?
Ne serait-il pas temps de reconsidérer les Fins Dernières qui sont l'Oméga de
l'Eglise ?
Père Ludovic de Besse
|
L’ORAISON
DE FOI ET LA THEOLOGIE MYSTIQUE Le mot grec théologie signifie science
de Dieu . Notre raison connaît Dieu par ses propres lumières et en
contemplant les merveilles de la Création. C’est là une théologie ou science
de Dieu naturelle. Nous le connaissons mieux en étudiant l’ensemble des
vérités révélées ; c’est la théologie proprement dite, contenant l’exposé
des dogmes catholiques. |
Chapitre
XII
Le
mot grec théologie signifie science
de Dieu. Notre raison connaît Dieu par ses propres lumières et en
contemplant les merveilles de la Création. C’est là une théologie ou science de
Dieu naturelle. Nous le connaissons mieux en étudiant l’ensemble des vérités
révélées ; c’est la théologie proprement dite, contenant l’exposé des
dogmes catholiques.
Ces
deux théologies peuvent éclairer nos esprits sans produire en nous aucun amour
de Dieu. Les démons les connaissent l’une et l’autre, et les malheureux sont
incapables d’aimer. Beaucoup de pécheurs aussi les ont étudiées sans parvenir à
aimer Dieu. Il n’en est pas de même pour la théologie mystique, ou science
intime de Dieu. Celle-ci arrive à l’esprit par le cœur. Elle est le fruit de
l’amour de Dieu pratiqué dans la contemplation.
A
la différence des deux premières théologies, qui enrichissent l’esprit de
connaissances distinctes, la théologie mystique l’éclaire d’une façon secrète,
mystérieuse. – C’est le sens du mot mystique. – On apprend à connaître Dieu,
non par le raisonnement, mais d’une
manière expérimentale, par le sentiment très vif de sa bonté, de sa
grandeur, de ses perfections infinies.
Si
donc on parle de vérités révélées, perçues d’une manière claire et précise,
l’auteur cité à la fin du chapitre X a mille fois raison. Nous ne conseillons
pas aux professeurs de théologie de préparer leurs cours, en faisant l’oraison
de foi. Peuvent-ils seulement le préparer en faisant leur méditation ?
Chercher dans ce pieux exercice à bien approfondir les vérités religieuses pour
les mieux enseigner, c’est le détourner de son but et le changer en étude. La
méditation, comme l’oraison de foi, doit nous conduire à l’amour. On peut sans
doute la faire comme préparation à l’enseignement de la théologie, à la
prédication, pourvu que ce ne soit pas en forme d’étude, mais en forme de
prière. C’est alors une pratique salutaire, puisqu’on se rapproche de Dieu pour
s’enrichir de sentiments pieux, afin d’écrire sur ces sujets comme saint
Bonaventure et de prêcher à la façon des saints.
Ceci
dit, nous allons monter comment l’oraison de foi procure à l’esprit de
véritables connaissances. Ce sont les
plus précieuses de toutes, car elles aident l’âme efficacement à faire des
progrès dans la vertu. On ne peut pas en dire autant des connaissances
distinctes de la théologie naturelle et de la théologie révélée. Trop souvent,
hélas ! elles profitent surtout à l’amour-propre.
Ce
que nous affirmons est l’enseignement de toute la tradition catholique. Nous
allons le prouver en invoquant le témoignage des saints. Pendant longtemps, le mot
même de théologie a été réservé pour désigner uniquement les connaissances de
Dieu acquises dan la prière. A côté d’elles, les autres valaient peu de choses
et on semblait les dédaigner.
Il
a avait bien des vérités révélées qui n’étaient enseignées aux fidèles qu’après
le baptême. Elles restaient cachées pour les catéchumènes. C’était la loi du
secret, loi qui existait même chez les philosophes. Mais on ne devenait pas
théologien le jour où on apprenait ces vérités cachées à la foule. On le
devenait seulement lorsqu’on connaissait Dieu d’une manière intime et secrète
par la pratique de la contemplation. Ceci résulte clairement de l’affirmation
catégorique de deux saints.
Le
premier, saint Diadoque (VIe siècle), définit le théologien dans les
termes suivants : « Theologus,
id est rerum divinarum contemplator. – Le théologien, c’est-à-dire, celui
qui a l’habitude de contempler les choses divines. »
Saint
Jean Climaque dit à son tour : « Ceux-là ont mérité le nom de
théologiens qui, dans leurs oraisons, sont pénétrés et embrasés d’un feu sacré
et tout divin. »
Comment
l’oraison de foi éclaire-t-elle l’intelligence ? Divers saints vont nous
l’enseigner. Voici d’abord le bienheureux Albert le Grand : « La
science ; dit-il, qui procède des données de la raison, met dans tout leur
jour les vérités qu’elle déduit, mais cette science (mystique) ne procède pas
des données de la raison, elle procède plutôt d’une certaine lumière divine qui n’est pas l’affirmation (nette et précise)
d’une vérité. L’objet saisi par l’âme (c’est-à-dire Dieu lui-même) agit si
fortement sur l’intelligence que l’âme veut à tout prix s’unir à lui. Cet
objet, étant au-dessus de la portée de l’intelligence, ne s’en fait pas
connaître clairement, aussi l’intelligence s’appuie sur quelque chose qui n’est pas déterminé.[13] »
Ecoutons
maintenant saint Jean de la Croix, et admirons la précision de son
enseignement. Il écrit d’abord, dans Le Cantique spirituel, strophe XXVII au
verset : c’est là qu’il m’enseigna
une science très délicieuse[14].
« La
théologie mystique est la connaissance mystérieuse et surnaturelle de Dieu. Les
personnes spirituelles la nomment contemplation.
Elle est d’autant plus délicieuse que l’amour, dont les délices se répandent
partout, est le docteur divin qui l’enseigne. Dieu lui communique cette
intelligence par l’amour avec lequel il se donne. Donc il est infiniment douce
pour l’entendement, parce que c’est une
science et que, sous ce rapport, elle lui appartient ; pour la volonté,
parce qu’elle vient de l’amour, dont le siège réside dans cette
puissance. »
Un
peu plus bas, dans le même cantique, le saint revient sur ce sujet. «
L’âme, dit-il, donne le nom de nuit à la contemplation parce qu’elle est
obscure. On l’appelle encore théologie
mystique, c’est-à-dire sagesse de
Dieu secrète ou cachée. Sans aucun bruit de paroles, sans le secours des sens
du corps ou de l’âme, dans une sorte de silence et de douce tranquillité, en
dehors de tout ce qui est sensible ou naturel, Dieu y éclaire l’âme d’une
manière si secrète, qu’il lui est impossible de comprendre cette opération
mystérieuse. Plusieurs auteurs spirituels la désignent par cette
expression : entendre, en
n’entendant pas. Le travail divin ne se passe pas dans l’entendement que
les philosophes appellent actif, qui, sans l’aide d’aucune de ces formes, sans
aucun travail ni aucun exercice de sa part, se borne à recevoir passivement une connaissance substantielle privée
d’images. » (Strophes XXXIX, verset durant la nuit sereine.[15])
Ajoutons
tout de suite à ce témoignage celui de sainte Thérèse, avec les commentaires de
Bossuet.
« Dans
cette oraison, dit-elle, on entend sans
entendre et on voit sans voir. En
effet, au sortir de là, on se trouve tout comme si on avait vu et entendu.
Pourquoi ? Parce que Dieu nous y a revêtus des effets de sa parole… Il a
infusé dans l’âme toutes les lumières et tous es sentiments qu’il lui a plu,
comme on imprime toute une feuille de papier en un seul coup. » Aussi la
sainte ajoute : « Dans l’obscurité et dans le profond silence de
cette divine école, on apprend plus en l’espace d’un Credo, qu’on en apprendrait en dix années dans l’école des savants.[16] »
Si
les paroles de la sainte s’appliquent surtout à la quiétude surnaturelle et
miraculeuse, elles sont vraies aussi dans la quiétude ordinaire, toute
proportion gardée, car ces deux oraisons mystiques sont de même nature. Elles
ne différent que par leur degré d’union à Dieu, l’union étant incomparablement plus
grande dans la quiétude extraordinaire.
Dans
nos Eclaircissements, nous avons cité
d’autres paroles de saint Jean de la Croix et de sainte Thérèse de Jésus,
affirmant que la contemplation obscure éclaire l’âme et l’enrichit d’une
véritable science. Nous avons fortifié leur autorité par celle de plusieurs
saints qui ont écrit sur la théorie mystique et ont donné le même enseignement.
La place nous manque pour reproduire ici tous les textes[17].
Qu’on nous permette de terminer par une citation de saint Bonaventure. Il écrit dans l’itinérarium mentis ad
Deum :
« Pour
bien entendre les choses intérieures de la spiritualité, ou science mystique,
il faut, aller au désir, non à l’entendement ; au gémissement, non à la
lecture ; à Dieu, non pas à l’homme ; à Jésus époux, non pas aux
docteurs ; aux ténèbres mystiques, non à la lumière éclatante. »
Gerson
a résumé d’un mot toute cette doctrine, quand il a dit : « l’objet de
la théologie mystique est une connaissance
expérimentale de Dieu produite dans l’étreinte de l’amour unitif. [18]»
Ainsi,
tous les mystiques ont reconnu à l’oraison de foi le don d’enrichir l’âme de
véritables connaissances sur Dieu. Ils avaient même adopté là-dessus un axiome
et ils disaient : « On connaît
Dieu beaucoup mieux par la voie négative que par la voie affirmative. ». On
cherche à connaître Dieu par la voie affirmative, quand on affirme sur lui
quelque vérité claire, précise, à propos de ses perfections ou de ses œuvres.
On entre dans la voie négative, si on dépasse ces vérités particulières, en
s’écriant : Dieu est infiniment au-dessus de tout ce que je viens de
voir » ; et l’on se jette alors dans les ténèbres de la loi générale,
afin d’arriver à le mieux connaître.
Saint
Jean de la croix a placé un beau commentaire de cet axiome de la théologie
mystique au commencement du Cantique
spirituel, en expliquant le vers : Où
vous êtes-vous caché ? Il dit : « en jugeant Dieu plus
élevé, plus profond que tout ce que vous pouvez en pénétrer, vous vous
approchez davantage de son Etre infini. Ne vous arrêtez donc à rien de tout ce
que vos puissances peuvent comprendre. Je veux dire : ne cherchez jamais à
vous contenter de ce que vous comprenez de Dieu, mais nourrissez-vous plus-tôt
de ce que vous ne comprenez pas de lui. Ne mettez jamais votre bonheur et vos
délices en ce que vous pouvez entendre ou sentir de lui, mais plutôt en ce que
vous ne pouvez ni sentir ni entendre. C’est
là en vérité le chercher par la foi. Dieu est toujours caché et
inaccessible, et vous devez continuer à le servir ainsi caché dans le secret,
lors même que vous croirez le trouver, le sentir et l’entendre. Gardez-vous
d’agir comme une foule d’ignorants dont les pensées sont si indignes de Dieu.
Ils se le représentent d’autant plus éloigné et plus caché, qu’ils peuvent
moins le sentir, le comprendre ou le goûter. Or, c’est précisément en sens
inverse que se trouve la vérité, puisque moins on comprend, plus on s’approche
de lui. Le Roi-Prophète n’a-t-il pas dit : « Il a placé sa retraite dans es ténèbres ?[19]
S’il en est ainsi, vous devez nécessairement, en approchant de lui, ressentir
l’impression que les ténèbres causent à vos faibles yeux. [20]»
Parce
que la science ainsi acquise reste obscure et ne saurait sa traduire en beaux
discours, quelques lecteurs seront tentés de sourire et traiteront ceci de pure
imagination. Mais les rêveries de l’imagination s’en vont en fûmée, et on ne
saurait traiter de rêverie des idées qui, passant dans la pratique, se changent
en actes vertueux. C’est le cas des vrais mystiques. L’oraison purifie leur jugement
et leur procure une sagesse toute divine qui se manifeste à chaque pas dans
leur conduite. On dirait qu’ils ont reçu l’instinct de ce qui est agréable à
Dieu et de e qui lui déplaît. Est-il une meilleure preuve du progrès de leurs
connaissances, progrès dû à leur contemplation ?
M.
l’abbé Saudreau a fait justement cette remarque. Elle apporte une confirmation
éclatante à l’enseignement des saints. Parlant des âmes arrivées par l’oraison
de foi à l’union divine et à l’état de perfection, il dit : « Parmi
ces âmes, celles-là même qui sont le moins pourvues des sciences humaines, sous
le rapport spirituel ? Qui comprend mieux qu’elles a laideur du péché,
dont elles ont une si vive horreur ; la beauté de la vertu, la gloire de
la pureté, la nécessité du dévouement, le prix des âmes !... Qui a plus
qu’elles le sentiment du néant des créatures ? Elles sont si persuadées de
leurs misères que ‘humilité leur semble toute naturelle. Personne ne dit plus
sincèrement : nous sommes des serviteurs inutiles. Il est clair qu’elles
ont de Dieu des idées très élevées et des lumières plus qu’ordinaires sur les
points importants de la religion.
« Et
ces lumières, comment les ont-elles acquises ? Non pas par l’étude.
D’autres ont plus étudié et sont plus instruits, qui sont loin d’être aussi
touchés des amabilités de Dieu et aussi frappés de ses grandeurs. Non par leurs
réflexions personnelles. D’autres, qui ont réfléchi davantage et possèdent une
plus grande pénétration d’esprit, sont loin d’être aussi éclairés. Du reste, les
idées acquises par le raisonnement et par l’étude peuvent toujours s’exprimer
par le langage humain. Or, quand ils sont frappés de grandes vérités, les
parfaits ne trouvent point de termes qui rendent fidèlement leurs pensées. Les
lumières qu’ils possèdent, plus élevées que celles dont jouit le commun des
hommes, viennent directement de Dieu même. Elles sont le fruit des dons du
Saint-Esprit. [21]»
Les
choses du monde physique échappent à la raison pure, qui les connaît par
l’expérience des sens. La vue nous révèlent les couleurs ; l’ouïe les
sons ; le goût, la saveur, etc. Eh bien ! Dieu a voulu devenir
l’objet de nos sens spirituels. Il est écrit : « Gustate et videte
quoniam suavis est Dominus. – Goûtez et voyez combien le Seigneur est
suave [22]» Il
s’est mis dans l’Eucharistie pour devenir notre aliment, pour être mangé par
nous. Il faut faire cette expérience si on veut le bien connaître. Or, on la
fait dans l’oraison, surtout dans la contemplation. Elle affirme le palais
spirituel sans lequel on ne saurait goûter la saveur du pain eucharistique.
Plus ce goût surnaturel se développe, et plus s’augmente dans l’âme la science
expérimentale de Dieu.
Benoît
XVI aux USA |
LE PERE COMMUN UNIVERSEL A VISITE SES ENFANTS DES ETATS-UNIS D’AMERIQUE (Tu les as confirmés dans la foi, l’espérance et la charité) Pierre-Charles Aubrit Saint Pol |
« L’homme doit reconquérir Dieu,
reconquérir le divin. Il doit se laisser découvrir par Dieu… »
Réalisme historique et sociologique de
l’Eglise…
La visite de Benoît
XVI fut annoncée avec une grande clarté par le Saint Siège. Dans son entretien
accordé aux journalistes dans l’avion, sa Sainteté en redit l’esprit : il
s’agit éminemment d’un voyage spirituel, dans lequel une nouvelle fois, elle
redira comment l’homme est accueilli dans son intégralité, dans tout ce qu’il
est par l’Eglise au Nom de Dieu :
Mon voyage a surtout deux objectifs.
Le premier est la visite à l'Eglise qui est en Amérique, aux Etats-Unis, et
pour un motif particulier: il y a 200 ans, le diocèse de Baltimore a été élevé
au rang de siège métropolitain et dans le même temps sont nés quatre autres
diocèses: New York, Philadelphie, Boston et Louisville. C'est donc un grand
jubilé pour ce noyau de l'Eglise aux Etats-Unis, un moment de réflexion sur le
passé et surtout de réflexion sur l'avenir, sur la manière de répondre aux
grands défis de notre temps, aujourd'hui et dans une perspective d'avenir.
Ces paroles rappellent le réalisme historique et
sociologique dans lequel l’Evangile plante l’Eglise dans la société des hommes.
S’il revient à l’Eglise d’annoncer l’Evangile jusqu’aux confins de la terre et
de l’univers ; c’est l’Evangile qui
procède par son annonce à une sorte d’incarnation de l’Eglise dans toute la société
des hommes et dans tout leur agir. L’annonce de l’Evangile induit qu’elle
entre librement dans le cœur et l’intelligence des hommes et des femmes et,
c’est alors que l’Eglise se trouve plantée dans la vie de l’homme qu’elle va
surélever par le moyen des sacrements dont elle est dépositaire et
distributrice au Non de Jésus-Christ et de la Sainte Trinité.
Des Droits de l’Homme et de la
Paix dans le monde…
Dans la même réponse,
Benoît XVI soulignera l’importance du soixantième anniversaire de la Déclaration
Universelle des Droits de l’Homme qui fonde l’ONU[23],
il rappelle l’intention initiale qui reconnaît à l’homme une grandeur, une
majesté qui le dépasse :
Deuxième objectif: la visite aux
Nations unies, ici aussi pour une raison particulière: 60 ans se sont écoulés
depuis la Déclaration universelle des droits de l'homme. Cette Déclaration est
la base anthropologique, la philosophie fondatrice des Nations unies, le
fondement humain et spirituel sur lequel elles sont bâties. Il s'agit donc
réellement d'un moment de réflexion, le moment de reprendre conscience de cette
étape importante de l'histoire.
L’horreur des deux
guerres mondiales aura eu raison des orgueils nationaux et des idéologies
nationalistes même si, tout récemment l’Europe connut un ressac de cette
idéologie et, si de par le monde, on trouve encore ce genre d’excroissance
engendrée par ses miasmes persistants, c’est
surtout le fait de responsables dépourvus de tout sens moral, des esprits plus
faibles que forts, malades de tout un cortège de précarités intérieures.
Rien n’est jamais gagné en ce monde sur ce problème de la dignité des hommes et
de leurs droits ; l’humanité est mise au défit d’affronter des dérives à
caractères racial et religieux. Il faut
renforcer les moyens de l’ONU, lui donner plus d’indépendance pour mettre au
ban des nations, des régimes relevant de troubles mentaux qui se réfugient
derrière une lecture frelatée de doctrine religieuse pour justifier des
agissements proches de l’animalité.
La force de la
vérité, la paternité éducatrice de l’Eglise…
Le Saint Père
applique à la lettre l’exigence de la vérité (est ce qui est), il y a dans la
réponse qui va suivre deux aspects qui ne furent pas assez soulignés : le pape fera dans sa réponse preuve d’une
rigueur intellectuelle qu’on aimerait trouver chez nos évêques de France –
il accueille les faits pour ce qu’ils sont – certains journalistes seraient
bien avisés d’en faire autant ; mais il est le père commun de l’Eglise, il
porte sur le scandale des abus sexuels un regard et une réflexion de fermeté
parce qu’il est le premier éducateur et, il révèle une compassion radicalement
humaine et transfigurée par une charité qui n’est possible que parce qu’il
accueille la vérité des faits pour ce qu’ils sont :
Le
fait que tout cela ait pu se produire est une grande souffrance pour l'Eglise
aux Etats-Unis, pour l'Eglise en général et pour moi personnellement. Quand je
lis les comptes-rendus de ces événements, j'ai du mal à comprendre comment
certains prêtres ont pu manquer à ce point à la mission d'apporter la guérison,
d'apporter l'amour de Dieu à ces enfants. J'ai honte et nous ferons tout ce qui
sera en notre pouvoir pour faire en sorte que cela ne se renouvelle plus.
Ce sont là des
paroles d’un père, elles corrigent et elles soignent. Il faut ici souligner que
l’Eglise est l’unique institution humaine qui, mise en présence d’un tel drame,
ait agit avec prudence et avec un courage, une lucidité exemplaire. On eût aimé
qu’en France, l’Education Nationale
agisse avec le même courage, la même humilité. On eût aimé de la presse plus de retenue et non cette complaisance
pornographique dans l’exposition de faits si dramatiques. La presse française
trop souvent nombriliste, vaniteuse et indigne.
Les médias ont
beaucoup glosé sur l’un des plus douloureux drames qui illustrent la blessure
de la condition humaine, ils ont essayé de démontrer la culpabilité de l’Eglise. Quel que puisse être le professionnalisme
des experts en la matière, laissez donc à un père catholique qui fut confronté
à cette épouvantable épreuve d’en parler. Pour mon fils, ce n’était pas un
prêtre mais un homme marié, un père enseignant dans un lycée catholique et
lui-même pratiquant, excessivement pratiquant.
a) Pour
qui vit l’Eglise de l’intérieur, il n’y a rien d’étonnant à ce que de
l’extérieur, on perçoit le comportement de la hiérarchie comme un scandale pour
le pire et une incompréhension pour le moins. Le pédophile est souvent un grand pervers doué d’une intelligence
au-delà de la moyenne mais elle est également pervertie. Les prêtres pervers existent, ce sont des personnalités
qui n’ont aucun attrait pour le mariage et qui se convainquent qu’ils ont la
vocation sacerdotale. Ils sont tous habités d’un orgueil de dément parfaitement
dissimulé au regard du commun. Ce n’est que
dans l’usage de l’autorité de leur fonction qu’ils mettent à leur satisfaction,
que se déclare la pratique de leur perversion. Ils usent alors, par un
phénomène d’auto-persuasion dans lequel, ils se persuadent de leur bon droit,
de toutes les possibilités disciplinaires et sacramentelles pour piéger leurs
supérieurs ; il est alors d’une extrême complexité pour elle d’affronter
le criminel. Car n’oublions pas qu’il y a deux impératifs impossibles de
transgresser : le silence de la
confession et le silence commis. Il fallait donc pour régler ce problème, une
série de dispositions canoniquement légales qui permette à cette hiérarchie de
se libérer des piégeurs sans transgresser le secret de la confession et celui
du silence commis.
Le
Magistère, mis devant l’étendue des dégâts qu’on s’était efforcé de lui cacher,
prit des mesures sans pour autant se précipiter par la pression des émotions
et, de telle manière que la charité triomphe. Jean-Paul II se concerta avec le
cardinal Ratzinger et des canonistes réputés ; c’est ainsi que les Eglises nationales purent assumer avec force et courage ce genre d’épreuve
particulièrement lourde.
Il
ne fait aucun doute que, des membres de cette hiérarchie firent preuve de
grandes faiblesses et ont eu beaucoup de mal d’apprécier les souffrances des
victimes. Voici résumé le problème vu de l’intérieur de l’Eglise.
b) Il
y a un autre problème qu’on veut ignorer, alors qu’il est un rouage essentiel pour comprendre les
mécanismes sociaux à l’intérieur de l’Eglise, ils englobent l’ensemble du Corps mystique du Christ.
Très souvent, les plus
fortes résistances à toutes démarches et dispositions contre les pédophiles
viennent soit des parents des victimes, soit d’étrangers à l’affaire qui ne
veulent à aucun prix de publicité sur ces crimes ou pour des raisons purement
financières, pressions venants des administratifs ou d’esprits conservateurs
qui ne veulent pas qu’on égratigne le rayonnement de l’Eglise pour des raisons
de convenances sociales dans le plus grand mépris des victimes.
Ils agissent, la plupart du temps, de telle manière qu’ils en arrivent à faire
naître, dans les familles atteintes, un
sentiment infernal de culpabilité. On peut parler à ce sujet d’une véritable culture
pharisaïque au pire sens du terme. Il
faut en avoir fait l’expérience pour comprendre jusqu’où peuvent aller ces
attitudes à caractère fascisant. Certains passeront par-dessus la volonté
de l’évêque et interviendront auprès du parquet pour minimiser le crime ou
s’ils sont avocats - comme dans mon
épreuve – exercer des pressions sur l’avocat de la victime en mettant l’accent
sur la pauvreté de leur condition sociale. D’autres enfin, par sympathie pour
le pédophile, iront jusqu’à persécuter
l’enfant au point qu’il faudra le déplacer de collège ou lycée ; ce fut
aussi notre cas. Enfin, dans les confins de ces médiocrités successives, il
y a pire : « l’élite sociale », de bons catholiques, peut aller
jusqu’à exercer des pressions auprès des responsables scouts pour amener
l’enfant à partir de la troupe, car il n’est pas convenable d’avoir au sein
d’un organisme socialement élitiste une victime de pédophile. Et pour
parvenir à cette fin, on organise un chahut humiliant … Ce fut vrai pour notre enfant et l’on aura le culot de s’étonner auprès
de nous, qu’il rejette encore actuellement toute pratique religieuse.
Si
je me suis permis ici de m’étendre, c’est pour bien faire comprendre tous les
mécanismes qui peuvent venir empêcher la manifestation de la vérité et les
difficultés rencontrées dans l’Eglise par la hiérarchie et les parents des
victimes.
Vous
comprendrez mieux pourquoi, dans ces affaires douloureuses, la presse qui
est bien au fait de ces problèmes mérite
le mépris sur la manière très déshonnête dont elle les traite habituellement.
Il ne doit y avoir aucun
sanctuaire possible pour ces prédateurs.
Le pape aborda
publiquement le douloureux scandale de la pédophilie que traverse l’Eglise des
USA. On peut considérer, au risque de choquer, que cette Eglise connaît
aujourd’hui sa purification, qu’elle entre dans sa maturité au prix le plus
fort.
Les Eglises d’Europe
ont eu leur passage à cette maturité très souvent au prix du sang ou de
schismes non moins sanglants. Il est heureux que cette Eglise ne connaisse pas
les drames des révolutions idéologiques mais
il était inévitable que Dieu en vienne à se pencher sur elle et l’entraîne dans
son pas de pauvreté. Cette Eglise s’est par trop souvent identifiée à la
puissance de sa nation et en a épousé, sans toujours discerner, des causes très
injustes comme la guerre du Vietnam. Son
assurance s’est trop accolée à la puissance de l’Etat. Dieu aime l’humilité.
Certes, les pratiques
sexuelles contre nature ne peuvent être justifiées par cette nécessaire
maturité ni pauvreté ; pourtant, on associe les déviances sexuelles à
l’orgueil quand celui-ci prédomine au point d’empêcher la charité.
A travers cette épreuve, Dieu appauvrit et rend humble
cette Eglise qui donne l’exemple du courage moral et spirituel.
Cette épreuve
terrible est vécue comme une opportunité de conversion et, il ne fera pas de
doute que celle-ci ne se poursuive et apporte un renouvellement spirituel et
intellectuel à toute l’Eglise. Cette épreuve commence déjà à donner des fruits,
c’est ainsi que nous apprenons que les vocations se multiplient et que de profondes
critiques s’ébauchent englobant tous les aspects. Nous pouvons faire confiance à la culture de pionnier de nos frères des
Etats Unis pour que cette analyse aille jusqu’au bout et que toutes les
conclusions se traduisent par de renouveaux spirituel, pastoral et
intellectuel.
Nous envions cette
Eglise qui sait affronter dans la lumière du Christ Jésus la vérité des
actes qu’elle a posée, peut-on espérer
le même ressaisissement de nos Eglises d’Europe surtout l’Eglise de
France ? Par quelles épreuves nous
faudra-t-il encore passer pour que notre hiérarchie réalise concrètement
l’urgence de sa conversion ?
De la laïcité…
Toujours dans son
entretien avec les journalistes dans l’avion, le Saint Père aborde la question
de la laïcité ; il se félicite de la manière dont les peuples qui
constituent aujourd’hui les Etats Unis sont parvenus à construire un Etat
laïc :
“Il y a une chose que je trouve
fascinante aux États-Unis : c’est que ce pays est né
avec une conception positive de la laïcité. Ce nouveau peuple était
constitué de communautés et de personnes ayant fui des Églises d’état. Elles
voulaient un état laïc pour permettre aux gens de toutes les confessions de
pratiquer leur propre religion. […] Ils étaient laïcs justement par amour de la
religion, de l’authenticité de la religion, qui ne peut être vécue que dans la
liberté. […] Je pense que c’est quelque chose de fondamental et de positif, à
prendre en considération, y compris en Europe“.
Sans commenter ce
sujet que nous avons maintes fois abordé, on se doit ici d’épouser la pensée de
Benoît XVI, surtout lorsqu’on fait des comparaisons avec ce qui se passe en
France.
Comment se peut-il que la laïcité produise en France et
ailleurs en Europe des montées de fièvre encore de nos jours ? Nous
éprouvons un sentiment de honte, considérant que la France fait partie des
vieilles démocraties ! C’est à croire que vieillesse et infantilisme
coexistent et sont comme des vergetures d’idéologies inguérissables et
honteuses.
La laïcité de
l’Europe, surtout en France, demeure une laïcité d’opposition, de constantes
persécutions discrètes, discriminatoires même si aujourd’hui elles semblent
endormies ; la pacification des relations entre les Eglises et l’Etat
Républicain n’existera pas culturellement tant qu’on opposera la liberté
religieuse à la laïcité, alors que laïcité et pratique religieuse devraient
être alliées pour le plus grand bien commun du peuple et de la nation. Mais il est vrai, que le café du commerce
de nos politiques et autres intellectuels « fadasses » s’en
trouverait amoindri : que voulez-vous pour exister, il faut de la
substance !
La Démocratie au
service de la dignité de l’homme et des peuples…
Lors de son
entretient avec le Président Bush, Benoît XVI rappellera les conditions
naturelles pour que la démocratie soit une source d’épanouissement pour les
peuples :
“La démocratie peut
seulement fleurir, ce que vos pères fondateurs savaient bien, lorsque les chefs
politiques et ceux qu’ils représentent sont guidés par la vérité et portent la
sagesse, engendrée par le principe moral, dans les décisions concernant la vie
et le futur de la nation”.
En quelques mots,
Benoît XVI dénude le danger des démocraties actuelles qui n’ont pas su se
garder des idéologies issues d’un humanisme athée, bien plus qu’athée !...
Car avec le renversement produit par Mai
68, il s’agit d’une inintelligence de l’homme, de son auto-négation, un peu
comme s’il avait développé une
culpabilité à être ce qu’il est et, de ce fait, il éprouve de plus en plus de
mal à se réaliser d’abord avec l’observation de la loi morale naturelle et bien
plus encore avec les fondements de la transcendance.
La démocratie semble
se délier de tous liens avec l’homme, une sorte de mécanisme froid, impersonnel
simplement là pour gouverner les peuples… Une dérive, un mal
« culturo-social » d’une extrême dangerosité qui pourrait tout à fait
déboucher, sans coup férir, sur une des plus féroces dictatures qui ne serait
pas nécessairement sanglante mais toucherait davantage l’esprit et l’âme… S’il
convient de combattre les dictatures, on peut se demander si, quelque part,
tant que celles-ci survivront, les principes démocratiques auront quelque chose
à se mettre sous la dent et ce qui retardera d’autant le surgissement de la
bête monstrueuse… La sauvegarde d’un
authentique humanisme pourrait passer par un retrait de regroupement de
personnes par rapport à la cité, sans pour autant rompre les liens de société,
suffisamment distant pour se laisser
réinvestir par les fondamentaux qui, en quelque sorte, « originent » la sociabilité de
l’homme par laquelle il pourra se redéfinir et réapprendre à se reconnaître.
L’homme doit reconquérir Dieu, reconquérir le divin. Il
doit se laisser découvrir par Dieu…
Abraham |
L’apparition
de Mambré et l’annonce de la naissance d’Isaac ou La
Première révélation trinitaire de Dieu « Pour
la plupart des Pères de l’Eglise cette manifestation de Mambré est la
première révélation du Dieu Trine. » |
L’apparition
de Dieu à Abraham aux chênes de Mambré ( Gen. 18, 1-15 ) est un grand mystère
qu’éclaire pourtant l’Evangile qui est l’accomplissement de l’Ancien Testament. On considère, en effet, que la
transfiguration de Jésus qui fait suite à la profession de foi de Pierre (Matt.
16, 13-20) est le pendant de la foi d’Abraham qu’il exprima dans l’acceptation
de la circoncision et qui fut suivie de l’apparition de Mambré.
Yahvé
apparut à Abraham à la chênaie de Mambré, alors qu’il était assis à l’entrée de
la tente en pleine chaleur du jour. Ayant levé les yeux, voilà qu’il vit trois
hommes debout prés de lui.
Essayons
d’imaginer la scène en sachant que l’Ancien Testament est une rédaction
réaliste dans un hébreu archaïque. C’est l’été, le soleil est en son point le
plus haut, personne ne travaille, il fait trop chaud. Toute la tribu est à
l’abri au fond de la tente, attendant que le soleil décline de son zénith.
Abraham en fait tout autant, il en profite pour méditer sur les évènements
antérieurs de ce Dieu qui n’a toujours pas dit son Nom. Il est à la porte de sa
tente comme le veilleur, il sait qu’à cette heure personne ne s’aventure sous
le soleil – le temps n’est pas encore venu où l’on aimera se bronzer au soleil,
question de bon sens ! – On imagine sa stupeur de se trouver soudainement
en présence de trois hommes. Il n’y a pas à y revenir, trois personnages sont
là devant lui qu’il considère selon la loi naturelle comme des hommes, des
humains. Mais ils sont là qui le regardent méditant. Il ne va pas s’interroger
sur leur présence du moins pas tout de suite non, il va immédiatement
s’acquitter des règles de l’hospitalité ; il doit se gourmander de s’être
endormi au point de ne pas avoir assisté à l’arrivée de ces trois personnages
qui ont défié les règles du bon sens : quelle idée de se promener sous
cette chaleur !
Dès
qu’il les vit, il courut, de l’entrée de la tente, à leur rencontre et, se
prosternant à terre, il dit : « Seigneur, si j’ai trouvé grâce à tes
yeux, je t’en prie, ne passe pas loin de ton serviteur.
Il y a une contradiction ; plus haut, le
rédacteur dit qu’ils étaient prés d’Abraham et tout de suite, il dit qu’Abraham
courut à leur rencontre. Abraham devait donc se tenir légèrement en retrait de
la porte de sa tente et les visiteurs au seuil extérieur.
Avant de
prononcer les paroles d’hospitalité, il se prosterne devant eux ; il n’y a
pas de précédent que le signe de l’accueil de l’hôte impose la prosternation,
d’autant qu’Abraham est considéré comme roi, du moins son autorité sur la tribu
est établie. On ne se prosterne pas envers un égal, Abraham ne le fit pas pour
Melchisédech ni pour le roi de Sodome et encore moins envers un étranger
inférieur. Si Abraham se prosterne, c’est-à-dire qu’il met son front au sol,
c’est que dans la lumière de sa foi, il sait que ses visiteurs sont des envoyés
de Dieu, sans doute en a-t-il la certitude en s’approchant d’eux ; on peut
penser que Dieu l’a prévenu d’une grâce.
On sait,
qu’il n’existe pas de pluriel royal en hébreu, il ne se trouve, à l’origine que
dans le bas latin, ce qui signifie que les trois personnes sont des personnes
identiques en tout point. Si donc, il s’adresse à eux en usant de la deuxième
personne, le tu, c’est qu’il a identifié l’unité de ces trois personnes ;
l’emploi qu’il fait du terme « Seigneur » enseigne que soit, il
reconnaît en eux le Dieu de sa foi, soit ces envoyés viennent de la part de
Dieu et c’est alors à ce Dieu qu’il s’adresse pour leur adresser son
invitation, car il sait qu’accueillir un ange, c’est accueillir Dieu.
Abraham
a-t-il une pleine connaissance de la nature trinitaire de Dieu, on ne peut pas
vraiment répondre à cette question, car selon la tradition, c’est seulement
l’Incarnation de Dieu qui permet de comprendre la nature trinitaire de Dieu. On
peut pourtant envisager qu’Abraham comme point de départ de la mise en œuvre de
la Rédemption, ayant été fait Père des nations, que Dieu a très bien pu
lui révéler sa nature trinitaire[24].
On sait, qu’il y eut au XIXe siècle[25],
au sein de la communauté juive, très diverse, un courant qui enseignait la
nature trinitaire de Dieu. On le retrouve embryonnaire chez les juifs
messianiques.
Abraham
revient de son étonnement et commande de les servir.
Qu’on
apporte un peu d’eau ; lavez-vous les pieds, puis étendez-vous sous
l’arbre. Je vais prendre un morceau de pain ; réconfortez votre cœur,
ensuite vous passerez plus loin, puisque vous êtes passé près de votre
serviteur. » Ils dirent : « Fais ainsi que tu as dit. »
Abraham
applique les fondements de l’hospitalité et, pour lui cette visite est
peut-être perçue comme un test quant à la qualité de son hospitalité
coutumière : … vous passerez plus
loin. Il ne se doute pas, qu’il puisse y avoir une raison unique pour lui
quant à cette extravagante visite. Le rédacteur souligne à nouveau
l’identification commune des trois personnes : les trois dirent en même
temps : « Fais ainsi que tu as
dit ». Il n’y a donc pas de préséance entre ces trois visiteurs.
« Abraham
se hâta vers la tente auprès de Sara et dit : « Prends vite trois
séas de fleur de farine, pétris, et fais des galettes. » Puis Abraham
courut au gros bétail, prit un veau tendre et bon et le donna au serviteur, qui
se hâta de l’apprêter. Il prit du caillé, du lait, ainsi que le veau qu’on
avait apprêté, plaça le tout devant eux, et tandis qu’il se tenait près d’eux,
sous l’arbre, ils mangèrent.
Abraham
offre un repas royal, il ne le fit pas pour Melchisédech ! Il y a donc en
sa présence plus grand que le roi de Salem. Observons, qu’il ne mange pas avec
ses visiteurs, il se met à leur disposition pour les servir. Pour Abraham, il
n’y a pas de doute, ses visiteurs sont plus grands que lui, plus grands que le
roi de Salem. Il leur a offert ce qu’il y a de meilleur. C’est une visite et
une relation de qualité hors du commun.
Ils
lui dirent : « Où est Sara, ta femme ? »
A nouveau,
le rédacteur, qui est Moïse, insiste sur le fait que la question est posée par
les trois personnes en même temps ; il y a donc bien entre elles unité de
pensée, de parole, de décision, il y a une identité commune aux trois
personnages. On observera, que l’interrogeant sur Sara, ils la désignent bien
comme étant sa femme, ils ne l’interrogent pas au sujet d’Agar : Sara est
ta femme, elle est associée au mystère de la Promesse. C’est par vous d’eux
unis que nous voulons la réaliser.
Il
dit : « Elle est sous la tente. » Il dit : « Je
reviendrai chez toi à pareille date, et voici que Sara, ta femme, aura un
fils. »
Sara sous la
tente, il peut sembler que pour « les
esprits libérés de notre époque », cette situation apparaisse comme
attentatoire à la dignité de la femme. Mais la femme, chez elle, est
l’excellence de la femme forte, digne de son mari, et l’histoire de Sara la
montrera pour ce qu’elle est : l’image de la femme forte qui sait
s’affirmer quand c’est nécessaire. La femme dans sa maison garde le secret de
son foyer, le secret des grâces de Dieu. Le mari garde sa demeure des dangers
extérieurs, l’épouse défend son foyer des dangers non moins redoutables de
l’intérieur, mission parfaitement illustrée quand Sara chassera Agar de sa
présence. Soulignons à nouveau que les trois personnes parlent d’une seule
voix !
Et
Sara écoutait à l’entrée de la tente, et elle était derrière lui. Or Abraham et
Sara étaient vieux, avancés en âge, et Sara avait cessé d’avoir ce qui arrive
aux femmes.
Une telle
annonce a de quoi dérouter, voir scandaliser, car on peut envisager que de tels
propos, en d’autres circonstances puissent être une forme d’outrage. Ne
sont-ils pas invraisemblables, contraires à la loi de nature ?
Sara rit en elle-même, en disant : « maintenant que je suis
usée, aurai-je du plaisir, alors que mon seigneur est vieux ! »
Il y a dans
la réflexion de Sara, selon la loi morale naturelle que le plaisir sexuel dans
le couple est lié, autant que Dieu le voudra, à la procréation. On ne conçoit pas
qu’on puisse jouir de son corps en se retenant de la génération. Certes, à
cette époque, on ne se souciait guère de nuances, ni de catégories, pour
autant, on ne peut nier que cet élément de la loi morale naturelle participe à
la fondation de la vie.
Yahvé
dit à Abraham : « Pourquoi donc Sara a-t-elle rit, en disant :
Est-ce que vraiment je puis enfanter, alors que moi je suis devenue
vieille ? Y a-t-il rien d’impossible pour Yahvé ?
Yahvé lit
dans les cœurs, il a vu et entendu le rire de Sara et, les trois Personnes
s’affirment pour ce qu’elles sont : Y
a-t-il rien d’impossible pour Yahvé ? La foi d’Abraham ne l’a pas
trompé, il est bien en présence de Dieu, ce Dieu qui ne lui a toujours pas dit
son Nom. Car Yahvé est l’un des noms de Dieu qu’on ne connaîtra qu’avec Moïse,
à partir de sa vocation au Buisson Ardent. Abraham ne connaît pas le Nom de ce
Dieu en trois Personnes qui lui annonce la réalisation de choses humainement
impossibles. Ce Dieu mystérieux est vraiment impossible ! Voilà qu’au crépuscule
de ma vie, j’aurai un enfant de mon sang, c’est, selon la loi naturelle,
inimaginable ! C’est ce que se dit Abraham qui ne s’habitue pas aux
déroutantes paroles de Dieu qui n’a pas de Nom.
A
cette époque, je reviendrai vers toi à pareille date, et Sara aura un
fils. » Sara mentit, en disant : « je n’ai pas ri » ; car
elle avait peur. Mais il dit : « Non ! tu as ri. »
Dieu prend
acte du doute de Sara et du silence d’Abraham, on dirait que c’est Sara qui
prend l’initiative, elle rit ! Dieu leur donne rendez-vous dans un an,
Sara et Abraham auront leur fils.
On imagine
que Sara est si intriguée et incrédule de cette annonce qu’elle s’est avancée
de la tente pour connaître l’auteur de cette annonce impossible ! Et bien
non ! car si cela avait été le cas, elle n’eût pas manqué de se
prosterner, or le narrateur n’en dit rien. Tout s’est fait dans un cœur à cœur,
dans le secret de son foyer.
J’invite le
lecteur à se laisser tirer dans le mystère de Dieu, car on le découvrira par la
suite, la Genèse contient tout de la Révélation et, ce qui suivra ne sera que
le développement de ce qu’elle contient.
LA GUERRE D’ALGERIE |
Je pense,
qu’il conviendrait de rappeler un principe simple : quand on entre dans
une contrée étrangère à notre culture et, qu’on y implante des institutions
pour la gouverner et l’administrer, il faut s’attendre à ce que le peuple
indigène finisse par nourrir des aspirations à l’indépendance. Il finit par
désirer se gouverner lui-même puisqu’on lui en donne les moyens, qu’on lui en
crée l’appétit. |
De La
Colonisation à La Décolonisation
La Pipe Bacchus
JEAN PHILIPPON
MAITRE DE CONFERENCE
A
L'UNIVERSITE OCCIDENTALISTE
ET CHRETIENNE DE PATAGONIE
De L’Indépendance de l’Algérie
Henrik : « -
Mon cher Léon, ton poulet au fromage est une trouvaille qui fera monter notre
taux de cholestérol. Mais quel délice !
Léon :
- Je tiens la recette de ma tante Valentine qui la tenait d’immigrés italiens.
Dans l’antiquité romaine, elle n’eût pas manquée d’être grande prêtresse de
Bacchus. Pour digérer cela, j’ai apporté du genièvre qui est l’ancêtre des
alcools de grains. Avant le whisky, il y avait le genièvre, comme avant les
Anglais, il y avait les Celtes.
Jules :
- Cette tarte meringuée aux pommes n’est pas insignifiante. Si on se tirait une
pipe avec ce genièvre tiède !
Dominique :
- Nous devons clore notre réflexion sur la décolonisation avec l’épisode de la
guerre civile d’indépendance de l’Algérie. Qui commence ?
Augustin :
- Je pense, qu’il conviendrait de rappeler un principe simple : quand on
entre dans une contrée étrangère à notre culture et, qu’on y implante des
institutions pour la gouverner et l’administrer, il faut s’attendre à ce que le
peuple indigène finisse par nourrir des aspirations à l’indépendance. Il finit
par désirer se gouverner lui-même puisqu’on lui en donne les moyens, qu’on lui
en crée l’appétit.
Scoty :
- Quelle qu’ait pu être la situation qui préexistait avant et au début de la
colonisation, on aurait dû ingérer le fait qu’il faudrait un jour leur donner
l’indépendance. Surtout, il n’eût pas fallu faire croire aux colons qu’ils
s’établissaient définitivement.
Thomas :
- Etait-il nécessaire, avant même de demander officiellement l’indépendance, de
commencer par des actes de violence gratuite ? C’est le 1er
novembre 1954 que commencent les violences, toutes les victimes sont des
civils. Le FLN déclara par la suite ne pas avoir voulu la mort des européens
mais de ne vouloir viser que l’élite algérienne francophile ! Quelles
qu’aient été les victimes visées rien ne justifie qu’on s’en prenne à des
civils.
Jules :
- Le FLN s’inspira de la méthode révolutionnaire, celle-là même qui débuta les
évènements de la guerre d’Indochine où les communistes s’en prirent d’abord aux
fonctionnaires civils. Il est possible qu’il n’ait pas prévu de s’en prendre
tout de suite aux civils européens mais ceux qui tuèrent l’Algérien et le
couple d’instituteurs n’ignoraient pas qu’ils auraient à s’en prendre aux
européens par la suite. C’est dans la logique de guerre dès le moment où elle
est décidée. Je crois donc que l’explication donnée par le FLN est des plus
légères ; ceux qui tuèrent les premiers Européens se savaient légitimés
par ceux qui décidèrent le déclenchement des évènements.
Léon :
- En août 1955, les événements du Constantinois qui sont de la seule volonté
d’un homme Zighout
Youcef, témoignèrent de la part des
rebelles d’une sauvagerie qu’on ne
pouvait imaginer après la seconde guerre mondiale. Parmi les victimes, on
découvrit le corps mutilé d’une fillette de quatre ans, était-il nécessaire
d’en arriver là pour obtenir l’indépendance ?
Augustin :
- Oui ! Mais fallait-il que nos politiques fussent aveugles pour ne pas
apprécier à sa juste mesure la détermination des rebelles et leur accorder de
suite ce qu’ils demandaient ? La sauvagerie des assassinats du
Constantinois relève du terrorisme intégriste ; la nature de ces
événements passés est similaire aux actes terroristes intégristes
d’aujourd’hui.
Dominique :
- Et dire que Ben Bella, confia au Président Giscard d’Estaing, qu’il n’était
pas dans leurs intentions de demander l’indépendance ! Nous sommes là en
présence d’une psychologie incapable d’admettre les responsabilités morales de
leurs actes. C’est la raison pour laquelle, ils ne cessent d’avoir un
comportement accusateur envers l’Occident et surtout envers la
France. C’est là l’un des vices les plus
criants de leur culture. La faute est toujours pour l’autre, c’est le résultat du
refus religieux de la charité. Le bien de l’autre n’est rien par rapport à la
communauté.
C’est aussi
la raison qui justifie que le Président Sarkozy refuse toute culpabilité,
refuse tout acte de repentance. En fait, ils se fichent bien de la repentance,
ce qu’ils veulent, c’est se saisir de toutes les occasions pour humilier
l’Occident, pour le soumettre d’une manière ou d’une autre. Ils n’ont pas de
ressort culturel ni religieux pour accepter une relation d’égale à égale :
soit ils sont soumis, soit ils soumettent.
Henrik :
- On s’étonne de la réaction des autorités militaires et civiles face à la
découverte des massacres dans le Constantinois. Dans la culture des militaires
qui revenaient à peine de la guerre d’Indochine et avaient découvert les camps
nazis et, étant culturellement convaincus qu’être en Algérie c’était être en
France, on peut comprendre leurs réactions. Ils se trouvaient en présence d’un
ennemi dépourvu d’humanité. Leur fureur fut à la mesure de leur douleur et leur
écœurement.
Scoty :
- Il est évident qu’on ne peut que regretter la disproportion de leur réaction
mais vue sous cet angle, elle est humaine. Elle s’imposa comme une nécessité
morale et de justice immanente. C’est à ce moment là qu’on peut qualifier les
événements d’Algérie de guerre. Les responsables du FLN devaient bien se douter
que la violence provoquée entraînerait le camp d’en face dans la
violence ; c’est sans doute ce qu’ils espéraient. Mais tant de violence,
ne se justifiait-elle pas, par d’autres objectifs ?
Augustin :
- Entre-temps, les colonels Egyptiens avaient renversé le roi Farouk, ce coup
d’Etat fut le fruit d’une réflexion panarabe née dans les universités du Caire.
Les théoriciens s’allièrent avec le nouveau régime qui s’inspirait de Mustafa Kemal Atatürk.
Le régime nassérien, allié de l’URSS, était d’inspiration socialiste et
nationaliste. On peut donc penser que le FLN fut conseillé par des agents du bloc communiste et les
théoriciens des Frères Musulmans et, nous sommes en pleine guerre froide. Il
n’est donc pas inintelligent de penser que la guerre d’Algérie fut une autre
tentative en vue de déstabiliser l’Occident par la France pour permettre
l’expansion de l’empire communiste.
Jules :
- Si je te comprends bien, la guerre d’Algérie fut également une guerre
idéologique !
Dominique :
- Certainement, si on tient compte que le premier allié du FLN fut le parti
communiste français qui n’hésita pas à faire verser le sang de ses
compatriotes. Ses dirigeants ont vu l’opportunité de renverser le régime et
d’instaurer la dictature du prolétariat. L’idéologie communiste est
l’inhumanité apatride, dissimulée derrière le concept de l’international
communiste, rideau de fumée au seul profit de l’URSS à l’époque.
Léon :
- Il y avait donc une guerre d’indépendance et une guerre sournoisement
révolutionnaire. Est-ce que cela pouvait justifier la torture ?
Thomas :
- Il n’y a rien qui puisse moralement en soit justifier la torture ; pour autant, si par les
renseignements obtenus, on peut sauver des milliers de vies, dans un contexte
de guerre comme celui-ci, on lui trouve une logique non pas morale mais une
logique de guerre.
Ceux qui
déclenchent des conflits doivent savoir que la violence entraînera des hommes
dans des descentes infrahumaines. C’est une faute majeure que d’exposer l’homme
à des tentations de ce type – on le voit bien avec les soldats américains en
Irak -.
Ce qui est
parfaitement inacceptable, c’est de voir le FLN et ses affidés s’indigner de
l’usage de la torture alors qu’ils ont initié cette violence qu’ils en sont la
cause originelle ; et quant aux communistes et autres traîtres à la
France, ils oublient qu’ils soutenaient un régime pour qui la torture se légitimait
par le but révolutionnaire. Jouer les indignés, c’est vraiment interpréter le
rôle des faux-culs. Ces acteurs « Français » devraient être mis
encore aujourd’hui au banc de la nation.
Henrik :
- Les francs-maçons jouèrent-ils un rôle ?
Scoty :
- Bien sûr qu’ils jouèrent leur rôle ! Toujours le même, tout faire pour
amoindrir l’Eglise et les valeurs chrétiennes. Leur rôle nocif commença dès les
débuts du colonialisme organisé ; ce sont eux qui promulguèrent des
orientations empêchant la conversion des musulmans ; ils veillèrent à ce
que les grands fonctionnaires fussent tous des leurs et, c’est ainsi qu’on vit
sur les costumes d’apparat des gouverneurs et autres fonctionnaires le symbole
musulman, le croissant de la lune. Et ce sont les mêmes réseaux qui
organisèrent la corruption et empêchèrent une saine politique coloniale. Ce qui
les intéressait n’était rien d’autre que de s’implanter dans tout l’empire et
de faire en sorte d’y maintenir leurs réseaux après l’indépendance qu’ils
avaient déjà planifiée. Ils ont partie
liée avec la guerre d’indépendance d’Algérie et ont du sang sur les
mains. Je crois qu’ils ont suggéré l’envoi du contingent, ce qui n’était pas
nécessaire. Ils le voulurent, sachant que c’était là le meilleur moyen de
parvenir à ce que les Français de la métropole en viennent à souhaiter la fin
de la guerre et l’abandon de l’Algérie. Les Français étaient las des guerres,
la Seconde Guerre Mondiale, celle d’Indochine surajoutée à celle de Corée et
maintenant celle d’Algérie.
Jules :
- Et là-dessus, est venu De Gaulle ! Il est clair que De Gaulle a vu dans
la guerre d’Algérie le moyen de revenir aux affaires et d’imposer sa conception
de l’Etat. Il s’est convaincu, qu’il serait une fois de plus le sauveur de la
France. L’orgueil provoque de graves démesures intellectuelles !
On sait
qu’il a orchestré le renversement de la situation algéroise pour précipiter son
retour aux commandes. Il l’a fait en mentant, en dissimulant ses intentions
premières.
La politique
a ses règles mais les méthodes utilisées pour parvenir à ses fins dans ce
domaine ont une charge morale indélébile.
Dominique :
- Aurait-il dû annoncer la couleur tout de suite ? Dès le début des
troubles, il savait qu’il faudrait donner l’indépendance. Il a été fin
politique pour atteindre ses objectifs mais ce faisant, il s’est montré cynique
et en bien des points amoral.
La politique
est une chose naturellement sale ; il faut une grande force morale et de
sainteté pour servir le peuple.
Thomas :
- Pour ce qui est de son rôle dans la guerre d’Algérie, il agira en prince de
la Renaissance, il n’hésitera pas à organiser des réseaux illégaux pour arriver
à ses fins.
Il a du sang
sur les mains et, ce qui est pire, du sang qu’il aurait pu éviter. « J’ai le témoignage d’un de ses cousins
religieux cistercien, il rapporte ce fait : De Gaulle vient visiter
l’abbaye lors d’un voyage en France, son cousin lui reproche sa politique
envers l’Algérie et lui dit ce qu’il en sera du sang versé par les Français. De
Gaulle répondit : « aucun problème, le sang sèche au soleil et la
pluie lave la chaussée. » Sont-ce
là des paroles d’un grand homme ?
Le massacre
de la rue d’Isly, l’abandon des Harkis[26]
mais le plus grave, avoir laissé sans protection les colons et harkis alors
qu’ils embarquaient pour la métropole,
ces événements entachent à jamais la grandeur du Général et de son
régime. Il y a une grande différence entre la grandeur d’un homme sur terre et
celle qui l’attend dans l’autre monde ; Dieu se rit des puissants.
Henrik :
- Comment comprendre l’OAS ?
Thomas :
- L’OAS est le résultat conjoint d’une République conservatrice qui vit là le
moyen de se venger de la Libération et,
le mensonge démultiplié de l’Etat qui se joua cyniquement de la sensibilité des
Pieds-noirs qui semblent avoir été majoritairement pour Vichy pendant la
guerre.
De Gaulle
porte ici la responsabilité de n’avoir pas dit tout de suite ses intentions,
alors qu’il avait la légitimité pour cela et la capacité intellectuelle.
Le coup
d’état est moins le fait de vouloir garder l’Algérie dans la France, ce qui
était une utopie, qu’une réaction au mensonge des politiques et surtout ceux
venant de De Gaulle. On ne peut impunément traiter les citoyens par le mépris
et surtout pas se jouer de l’honneur des militaires qui sortent d’une guerre
d’indépendance effroyable et à qui on a là aussi menti.
Fallait-il
pour autant s’organiser en terroristes ? Du point de vu moral, en tenant
compte de l’ensemble des facteurs, cette résistance avait sa légitimité mais
elle ne l’avait pas au regard de l’histoire. L’OAS renforça la matière
idéologique de ce conflit.
Si l’Etat
avait été impartial, il n’eut pas manqué de
poursuivre les salops de Français favorables à l’indépendance
(communistes) qui contribuèrent à verser le sang de nos compatriotes, de même
qu’il eût fallu poursuivre les Français qui, agissant en agents
révolutionnaires, ont contribué et participé aux tortures des soldats Français
en Indochine. La République, depuis son origine, ne cesse de donner l’exemple
de l’amoralisme et c’est le peuple qui trinque.
La
République en France n’a ni vertu ni honneur, elle n’a pas d’âme et n’est pas
de l’ordre de la qualité ; elle n’est pas la République de Rome et encore
celle d’Athènes.
Jules :
- De Gaulle eut un moment donné une vision telle de la France qu’il en oublia
qu’il avait affaire d’abord à un peuple
qui demandait du respect et un lien affectif sensible, ce dont l’Etat est
absolument incapable de donner à cause de son régime républicain surtout en
France où par sa nature, la République est invariablement un pouvoir en
opposition au peuple même vis-à-vis de la majorité qui l’a élu.
Augustin :
- Comment envisager les relations avec l’Algérie ?
Dominique :
- C’est une illusion que de croire que les dirigeants Algériens ont une
quelconque approche amicale ; il
s’agit d’intérêts pragmatiques, dès que les circonstances le leur permettront,
ils basculeront dans le conflit ouvert.
Dès
l’indépendance, les réseaux religieux conçurent et établirent des écoles
coraniques dans lesquelles se distilla des sentiments anti-français,
anti-occidentaux. Les mouvements intégristes ont été formés intellectuellement
chez elles, le reste fut qu’une opportunité de développement entre autre
l’invasion de l’URSS en Afghanistan. Je
ne crois pas à l’opposition de ce gouvernement aux mouvements terroristes
islamiques, le peu de ses actions anti-terroristes ne sont que de la poudre aux
yeux, une dangereuse illusion ; si sa volonté réelle est de lutter contre
eux, ils ont tous les moyens pour y parvenir, dont une excellente connaissance
du terrain.
Nous nous
leurrons au sujet de l’Etat Algérien, il vit toujours dans la logique
idéologique du FLN, c’est un monstre froid incapable d’honneur. On ne doit pas
lui faire confiance. Il est soupçonné d’être à l’origine de la tuerie des
moines de Kabylie et je crois à juste titre.
Scoty :
- Le projet d’union méditerranéenne est une utopie inspirée sans doute par les
maçons qui en rêvent depuis les années 70.
C’est un
projet dangereux qui fera naître des aspirations que l’Europe ne pourra pas
accorder, des frustrations se constitueront qui renforceront des amertumes
nourrissant les intégristes. Il est à espérer que l’Allemagne affirme davantage
son opposition et qu’elle aille plus loin que le simple évidement substantiel
de ce projet. La réussite d’un tel projet impose une Union Européenne forte
appuyée sur un sentiment patriotique réaliste et respecté, rien de ces
conditions n’est réuni. Ce projet n’a pas d’idéal fort, c’est du pragmatisme
conceptualisé sans enracinement réel même si on argumente comme une évidence
stratégique… On va dans l’illusoire …
Augustin :
- Il faut laisser la place aux historiens, un travail qui va demander un siècle
et qui, de la part des Algériens commence
mal, si on en croit la dernière émission à ce sujet. On ne pourra en
faire ressortir la vérité qu’après l’extinction de la dernière génération
impliquée dans ce conflit. Mais ce travail est indispensable et nos politiques
ne doivent pas s’en mêler. La vérité est toujours libératrice.
Il y a un aspect
qu’on n’a pas abordé, c’est celui des intellectuels face à ce conflit : je
pense à Mauriac, Jean Daniel et
d’autres. On peut comprendre qu’ils aient souhaité l’indépendance d’Algérie.
Mais ce qui est inadmissible, c’est qu’ils aient aggravé le conflit entre
Français, allant justifier les porteurs de valise[27].
Jouant les
demoiselles Delongbec contre la guerre coloniale et se contredisant vis-à-vis
d’Israël, ils portent une responsabilité morale : ils ne méritent aucun
respect. Ils ont agit en prédateurs des espoirs du peuple, le chargeant d’une
culpabilité injuste…
Léon :
- Si on s’attaquait à cette seconde tarte meringuée, ce serait là une
conclusion amicale et débonnaire.
Henrik :
- Avec une bonne pipe pour conclure ! »
Ecoute, ton Père parlera à ton cœur
La prochaine visite de notre père
universel, le pape Benoît XVI sera un temps de grâces ! Il faut nous y préparer
par la prière et la pénitence :
La visite du successeur légitime de Pierre est toujours un temps privilégié de
grâces. Depuis le bienheureux pape Jean XXIII qui commença à sortir de Rome,
tous les déplacements de ceux qui lui succédèrent sur le Siège de Pierre furent
toujours une opportunité de conversion et de grâces multiples, furent toujours
nommés comme visites pastorales.
Lorsque des
enfants adultes reçoivent la visite de leurs parents, ils préparent leur
maison, ils préparent leur cœur, ils préparent leurs enfants à recevoir leurs
grands-parents. Préparation dans la joie, dans l'affection, car cette visite
sera l'occasion d'un renouvèlement d'amour où chacun, dans ce lieu d'échange,
se consolidera, se renforcera dans une communion affective et spirituelle. Dans
cette communion avec les anciens, c'est un renouvèlement de la communion avec
tous les ancêtres qui se fera. La communion sponsale se régénérera à la
fine pointe de l'esprit et de l'amour.
Il en sera de
même pour la visite pastorale de Benoît XVI. Il fera communier toute l'Eglise
de France non seulement au Christ dont il est le Vicaire sur la terre mais avec
tous les saints de France connus et inconnus[28]
et dont nous sommes les héritiers spirituels des grâces toujours vivantes mises
à notre disposition pour continuer inlassablement le pèlerinage qui nous mène
au face à face avec Dieu.
Pour cet événement qui est toujours exceptionnel, l'Eglise de France doit se
préparer, se préparer comme une famille, un foyer d'amour et de joie, se
préparer d'un cœur sincère et dans l'humilité, car les grâces seront là, elles
ne manqueront pas.
Le
débat de l'inutile.
Nous devons nous
attendre aux sempiternelles déclarations des « archéo-laïcards » d'une
république qui ne cesse de s'effondrer sur elle-même ; on sera vigilant à leurs
répondre avec fermeté et vérité ce qui, n'en doutons pas, soulagera nos amis
les ânes ... Faisons confiance à l'inénarrable Mr. Mélenchon qui ne manquera
pas de zèle, faute d'avoir du bon sel dans sa vie intellectuelle, il saisira
cette opportunité pour vendre son livre improbable et s'assurer qu'il existe !
Le comptoir du cafetier s'animera ... [29]
Un voyage pastoral, oui ! La visite
du Serviteur des serviteurs ... de la vérité et de l'amour.
Il ne s'agira pas d'une visite politique mais il est certain que du politique,
il sera question au sens ou celui-ci se met au service du bien commun dans la
lumière de la charité. Et si nos politiques faisaient l'effort de se mettre à l'écoute
d'une autorité spirituelle et morale qui ne veut que le bien de l'homme au Nom
d'un Dieu d'amour. Qui pourrait avoir peur du Christ Jésus ?
Espérons, prions pour que notre hiérarchie dans toutes ses composantes écoute
avec une humilité sincère notre Père universel et qu'elle s'ouvre à l'humilité
de Dieu qui ne veut que le salut du peuple de France. Osera-t-elle s'examiner à
la lumière du Christ et, avec l'aide de Benoît XVI, prendre le chemin d'une
conversion, à l'exemple de sa sœur l'Eglise des Etats Unis d'Amériques ou de
celle d'Italie et d'ailleurs ?
"Eglise de France es-tu fidèle à ton baptême ?" [30]
De la grave
question de l’avortement :
Benoît XVI, lors de
sa visite en France, ne pourra pas passer sous silence la question très grave
de l'avortement ; il est certain qu'il rappellera l'exigence non-négociable du
respect de la vie à son origine. Sur ce problème, le Pape ne manquera pas de
courage.
Comment ce rappel au respect de la vie de l'homme, de sa conception à la
fin de sa vie, sera-t-il reçu dans l'épiscopat et dans l'ensemble du corps de
l'Eglise de France ? Cette question qui, n'en doutons pas, sera qualifiée
d'incongrue par une partie impressionnante de catholiques attachés à leur
confort dominical, induit une certaine articulation.
a) Le sujet de l'avortement, en dehors d'associations parfois marginales
du point de vue de l'épiscopat, n'a pas fait l'objet d'une pastorale précise
et, quant au débat philosophique et moral bien peu, en dehors des mouvements
intégristes et traditionnalistes, ont pris le risque de l'impopularité : la
visite de Benoît XVI est l'occasion de reposer le problème dans toutes ses
dimensions, qui dans notre église osera s'en charger avec la force de la vérité
et de la charité ?
b) Un nombre impressionnant de pasteurs, de prêtres et autres laïcs qui
ont sur leur poitrine la Légion d'honneur de divers gouvernements tous
stabilisés par la multiplication de lois contre nature, décoration trempée dans
le sang des enfants avortés, pourront-ils reprendre le débat sur la défense de
la vie ; parviendront-ils à saisir l'opportunité que leur donnera la visite
pontificale ?
c) Et si, l'Eglise de France acceptait sur ce seul point, à l'occasion de
la visite de Benoît XVI, de se ressaisir en commençant par un examen de
conscience ? Ne serait-ce pas là, un point objectif de conversion pour elle,
d'une remise en cause honnête de sa pastorale ? (
ICI )
Traité
de Lisbonne |
De l’Union européenne « La cause qui
me semble majeure à ce rejet est la dissolution imbécile des sentiments
patriotiques, dissolution due à ces soixante-huitards sur le retour qui
voudraient réaliser leurs rêves ineptes et désolants. » « La grandeur
d’une politique et d’une culture c’est de savoir reconnaître ses erreurs et
de les corriger. » Théodulfe Soplataris |
Le Temps de l’Examen de Conscience…
Du projet
de la Constitution :
Le rejet de la
Constitution par la France et la Hollande, Hollande pays au demeurant
particulièrement européen et démocratique, constituait en soi un coup de
semonce vis-à-vis de nos responsables politiques.
On leur reprocha
l’inintelligibilité de cette Constitution et le passage en force de la
politique européenne depuis le traité de Maastricht. On reprocha également une
trop rapide accélération de l’adhésion des pays certes européens mais sortant
tout juste de l’empire du mal « communiste », sans qu’on ait
préalablement créé des institutions régulatrices de ces nouvelles adhésions et
qu’on ait pris soin de sonder les anciens adhérents sur leur solidité, leur
capacité d’adaptation.
Le projet de Constitution nous fut soumis dans le sillage
des effets non-réjouissants de la Monnaie Unique, €uro, qui fut la cause
injuste de la montée vicieuse et inhumaine des prix à la consommation.
On peut comprendre que
les peuples ayant l’opportunité de s’exprimer par voie référendaire l’aient rejetée.
Certains n’hésitèrent
pas à dire que le vote négatif du peuple français souverain exprimait davantage
le rejet du Président Chirac que celui de la Constitution, d’autres dire que
les Français n’avaient pas compris ce projet. Bref, on traita par le mépris la
décision du peuple souverain.
Très peu eurent le
courage d’une analyse précise des raisons de ce rejet. Les partis nationaux aux
positions pas toujours claires et aux discours étranges renforcèrent ce
sentiment de rejet sans apporter un éclairage suffisant sur la question. On
finit d’une manière enfantine et perverse par jeter le discrédit sur le
principe même de la démocratie.
Du
mini-traité de Lisbonne ou le carnaval des faux-culs :
Durant sa campagne,
le candidat Sarkozy, s’engagea à ne pas organiser un autre référendum et à
proposer un mini-traité pour relancer l’Union européenne. On apprit, au moment
de la signature de Lisbonne, que les pressions furent telles que le Président
Sarkozy ne put faire autrement que de s’engager à ne pas faire appel à un
nouveau référendum et, l’on s’aperçut que ce mini-traité relevait davantage des
farces et attrapes. En effet, le traité
ne fut pas modifié substantiellement par rapport à la Constitution, on se
contenta de déplacer des textes majeurs en alinéas, prenant le citoyen européen
pour un con !
A ce point de ce
discours, il y a plusieurs questions :
a) Le Président
Sarkozy a-t-il autant de liberté d’action qu’il le laissa entrevoir durant sa
campagne et les premiers mois de sa présidence ?
b) A-t-il présumé de
ses capacités à convaincre ?
c) Nous a-t-il joué
l’air du bateleur ?
La réponse juste se
trouve sans doute dans un peu des trois ; le politique est trop souvent
chose sale ! Résultat, ce mini-traité n’en est pas un et, qu’elle qu’était
l’intention droite du Prédisent Sarkozy, il nous donna l’illusion de la relance
européenne, les Irlandais ne s’y sont pas laissés prendre.
Mode
pratique :
Fallait-il proposer
au jugement du peuple une constitution ? Il n’est pas dans les usages de
provoquer le peuple dans un référendum pour une constitution ; c’est un
texte trop ardu qui demande des compétences juridiques spécifiques. Le peuple
fait confiance à ses élus… Cet usage de bon sens vaut pour un peuple, peut-il
être appliqué à l’échelle d’un continent ? Normalement on pourrait le
penser. Mais ici la question est : l’Union européenne nécessite-t-elle une
constitution ? Cette question en pose une autre, bien plus sérieuse :
quelle politique européenne pour demain ?
Il est évident qu’un
tel projet engageant la destiné des peuples concernés induit la nécessité de
les consulter pour que cette adhésion soit véritablement un acte de citoyen
européen. Si un peuple le rejette pourquoi culpabiliser ce peuple comme on
vient de le faire avec l’Irlande ? Ces critiques furent d’autant plus
inacceptables dans leur forme que sur le fond qu’elles provenaient d’Etats
démocratiques. Et là, on peut dire que
l’inénarrable Dr. Kouchner ne manqua pas de se distinguer dans la subtilité et
le respect d’autrui, qui pouvait s’en étonner ? De tels commentaires
ne font que renforcer la méfiance envers cette politique européenne dont on
comprend de moins en moins ses objectifs.
Si on veut vraiment
donner à l’Union européenne toute sa puissance démocratique, pourquoi ne pas
organiser une diète au Parlement de Strasbourg ? Il suffirait de convoquer
tous les élus nationaux de chaque pays afin que le même jour, ils aient à
s’exprimer sur ce « nouveau traité ». La symbolique serait grande,
cette diète serait précédée par un débat réel aux chambres, accompagné de
propositions…
On peut se demander
pourquoi un tel projet ne fut pas précédé d’un canevas proposé à la réflexion
des élus nationaux ? Ce traité a été l’élaboration de fonctionnaires
auquel très peu de responsables politiques ont compris !
Les causes
du rejet :
Le premier constat
est que les courants de pensées qui se sont imposés dans la politiques de
l’Union européenne sont ceux des générations auteurs de mai 68 ; n’ayant pu imposer leur dictat
aux peuples par le débat démocratique en interne, ils tentent de l’imposer par
le biais des institutions et de la politique européenne. C’est ce qui explique
l’incohérence des diverses politiques et la tendance dictatoriale à imposer par
tous les moyens plus ou moins subtiles toutes les lois contre nature,
n’hésitant pas à mettre au banc de l’Europe ce des Etats qui oseraient leur
résister. Et bien, l’Irlande a résisté.
Ce petit peuple est grand. Savoir dire non actuellement est digne des tous les
hommages, de tous les respects. Il est à craindre que si les peuples
avaient été interrogés sur ce mini-traité, ils eussent été majoritaires à le
rejeter.
La cause qui me semble majeure à ce rejet est la
dissolution imbécile des sentiments patriotiques, dissolution due à ces
soixante-huitards sur le retour qui voudraient réaliser leurs rêves ineptes et
désolants.
L’Union européenne
apparaît en monstre froid absorbeur des nations et patries, au profit d’une
idéologie culpabilisante basée sur les deux guerres mondiales.
L’Union européenne s’impose comme une fin en soi, alors
qu’elle devrait être ordonnée au service des nations, dans le respect de leur
identité culturelle et leurs traditions. Ce
sentiment de dissolution de l’identité nationale nourri par des esprits
chagrins et sinistres est une des causes subjectives majeures de ce rejet. Il y
a une raison objective, c’est la prétention aberrante de Bruxelles à vouloir
imposer aux nations et peuples, sans respecter leurs convictions morales, leurs
lois contre nature, issues d’une idéologie humaniste décadente, sans Dieu et
sans vertus.
Aussi, plutôt que de
voir s’entêter nos politiques à imposer une Union européenne par la
culpabilisation des peuples, sans jamais se poser la question sur le bien fondé
de leur politique, ils feraient mieux
d’être humbles, d’accepter avec respect la décision de ces peuples qui ont pu
s’exprimer librement.
Tout le monde est
européen, mais de plus en plus la majorité des européens ne veut plus d’une
politique illisible, ne veut plus d’une politique à marche forcée.
La construction de
l’Union européenne n’aura l’adhésion des peuples que si elle accepte de se
réorienter de telle façon que les identités nationales soient affirmées sans
agressivité, affirmées pour elles-mêmes de manière à donner à cette
construction une fondation identitaire forte et non diluée dans un
« machin informe ». On ne
construira rien de sain et de durable sans le respect des nations sans leur
laisser le droit d’affirmer cette identité et, il serait dans ce contexte
dangereux d’encourager la cessation de région à forte identité culturelle.
L’Union européenne
inquiète les peuples et leur fait peur ; ils ne veulent pas qu’on vienne
bousculer leur conscience, l’ordre naturel et historique qui leur a permis
jusqu’à aujourd’hui d’exister.
Il faut jeter à la mer ces soixante-huitards sur le
retour et rhumatisants… Qu’ils se fassent sucrer leurs fraises ailleurs…
On attend de la Présidence française qu’elle fasse preuve
d’humilité et non d’arrogance ; peut-être serait-il nécessaire de changer
de ministre des affaires étrangères, il est trop incertain.
La Présidence française devra renouer avec le bon sens plus que d’esprit
pratique et convaincre de la nécessité de revenir à des principes de bon sens,
revenir à la direction donnée par les pères fondateurs de l’Union européenne.
Le projet de l’Union euro-méditerranéenne apparaît une
utopie dangereuse, une fuite en avant, tant que l’Union européenne n’aura pas
défini des institutions humaines et consolidé les récentes adhésions, et
surtout, tant que le Président Sarkozy n’aura pas mis un terme aux discutions
sur l’adhésion de la Turquie qui ne peut ni ne doit entrer dans l’Union. A
moins qu’on nous prépare à la même farce que le prétendu mini-traité !
La grandeur d’une
politique et d’une culture c’est de savoir reconnaître ses erreurs et de les
corriger.
[1] Je fus témoin du désarroi des mineurs, mes grands-parents maternels vivaient dans la cité de la Sucrerie à Sin le Noble, je reçus le témoignage de mon grand-père et de ses camarades qui furent nombreux à déchirer leur carte syndicale.
[2] La vérité quelle qu’elle soit émane, pour nous chrétiens, d’un principe absolu qui est Dieu, Dieu étant en lui-même, par sa nature, la Vérité.
[3] Le christocentrisme fut nécessaire pour affirmer la divinité du Christ et, c’est à partir de cette construction qu’on peut approfondir toute la théologie pour autant, il n’eût pas fallu en faire un dogme, le sacralisé comme c’est encore le cas pour saint Thomas ou pour le Saint Concile Vatican II.
[4] Cette déviance s’explique par la nature du concile de Trente qui eut pour objet de barrer l’avance de l’hérétique mouvement de la Réforme, puis au fil de l’histoire, sont rayonnement culturel fut, d’une certaine manière dévoyé, pour venir en appoint au pouvoir personnel des anciens régimes. La culture de la hiérarchie catholique encouragea cet hiératisme fâcheux dont le dernier reliquat fut l’épiscopat espagnol qui paya très cher de ne pas avoir entrepris son aggiornamento …
[5] On observe encore de nos jours dans les milieux très conservateurs de pareilles attitudes ; et une fixité qui s’exprime par le refus d’analyse sociologique de ces mouvances rejetant la faute de la crise toujours sur l’autre, incapables de reconsidérer l’histoire à laquelle ils ne cessent de se référer.
[6] Il faut ici préciser, que très souvent durant ces quarante décennies des écoles théologiques crurent bon de publier des articles en les popularisant alors qu’ils n’étaient adresser qu’à des savants sans même en référer à Rome, ce qui dénota une volonté de provocation et un manque de charité envers les membres du Corps Mystique du Christ qui n’est pas nécessairement formé à ces recherches ni à cette science. L’absence de prudence est toujours une fleur d’orgueil.
[7] J’ai conscience d’être un peu sévère, car on ne peut négliger les avancées théologiques ni les efforts d’organisation des pouvoirs ; toutefois on ne peut ignorer non plus la grande difficulté à solidifier une base sociologique saine à cause des mœurs et des coutumes très éloignées pour beaucoup d’entre elles de la culture chrétienne qu’on connaîtra avec les capétiens.
[8] Cette tendance se retrouve à toute les époques de crise ; c’est ainsi que Paul VI uniformisa sa réforme liturgique, abandonnant des traditions liturgiques porteuses de cultures identitaires qui ne s’opposaient pourtant pas à Rome ni à l’unité. Il est probable que le maintient de rites ancestraux certes dépoussiérés aurait contribué à atténuer les effets de la crise post-conciliaire et retenu des catholiques tentés par l’intégrisme ou par la désertion. Le Saint Siège, héritier de l’administration de l’Antique Rome, aura agi avec un dédain coupable envers ces cultures populaires chargées pourtant de tant de richesses pastorales et culturelles. Le gouvernement de l’Eglise durant cette période aura humainement beaucoup failli.
[9] La démocratie est devenue la matière d’un chantage politique et stratégique pour parvenir à un plus grand contrôle des peuples et des Etats ; c’est un mode de gouvernement qui n’est en rien absolu pour la garantie des libertés individuelles et la dignité des personnes. Il n’y a pas incompatibilité rédhibitoire entre un pouvoir autoritaire et les libertés si les institutions intermédiaires jouent leur rôle modérateur et permettent l’expression libre des citoyens. La démocratie est devenue synonyme d’idole à qui on sacrifie enfants à naître et malades incurables au nom de la bien séance sociale …
[10] Il agit alors d'un groupe constitué en vue de rendre un culte à l'un des plus importants démons voire à plusieurs, dans cette démarche c'est, soit pour accroître le pouvoir, la fortune ou plus radicalement pour détruire la vie de quelqu’un, voire pour lutter contre la chrétienté plus précisément contre l'Église Catholique.
[11] Nous avons appris que certains étudiants en médecine ou autre, se proposaient de soutenir une thèse sur les effets de ces lois contrenature, ils furent invités à reconsidérer leur projet et orientés sur un autre sujet ! …
[12] Toutefois, cela n’a rien d’exceptionnel : Judas Iscariote illustre ce genre de comportement intérieur, ce qui fut vrai pour Jésus, l’est tout autant pour l’Eglise jusqu’à la consommation des siècles.
[13] In libr. De myst. Theol.
[14] Œuvres, t. VI. P. 301
[15] Œuvres, t. IV. P. 431-432.
[16] Cité pare père de Caussade, instructions spirituelles sur l’oraison d’après Bossuet. Première partie, dialogue 8.
[17] Eclaircissements sur les Œuvres de saint Jean de la Croix, Paris 1893, p. 41-51
[18] Considérations, 28
[19] Psalm. XVII, 12
[20] Œuvres de st. Jean de la Croix, t. IV, p.32-33
[21] La vie d’union à Dieu, p. 15
[22] Psalm. XXXIII
[23] Il faut rappeler et souligner le rôle éminent de Jacques Maritain qui rejoignit très vite Londres et suggéra au général De Gaulle, l’importance de réfléchir à la rédaction d’un texte universel et fondateur d’un organisme qui reprendrait l’idée de la Société des Nations. Maritain fut l’initiateur de cette réflexion, ce qui est tout à ‘honneur des intellectuels catholiques de France.
[24] Dieu fait ce qu’il veut, il n’a pas à demander l’avis des théologiens, ce que la plupart d’entre eux aimeraient. Dieu se moque des sages selon le monde.
[25] A la fin du XIXe siècle, le grand rabbin de France se convertit au catholicisme et on apprit alors l’existence de documents, de cours, dans lesquels l’enseignement de la trinité y était fait certes, peut-être pas sous la forme de la Révélation chrétienne. On sait que dans certains milieux juifs spirituels, la venue du Messie ne posa pas de problème, ils savaient que ce Jésus serait le Serviteur Souffrant.
[26] Le sort qui fut réservé aux Harkis, pour ceux qui purent regagner la métropole, est le résultat des pressions exercées par tous les partis et sociétés occultes qui travaillèrent à l’Indépendance de l’Algérie ; ils firent tout ce qu’ils purent pour qu’on les oublie, espérant peut-être que de guerre lasse, ils aillent se faire tuer en retournant sur le sol natal ! Leur situation sociale et économique fut le résultat des idéologies. La subite prise de conscience de leur dramatique et indigne situation face au péril des intégrismes, fut l’occasion d’un spectacle indigne autant que surréaliste de la part de ces mêmes partis : les partis du fau-cul et de la médiocrité morale.
[27] A ceux-ci il faut malheureusement rappeler que des prêtres et des séminaristes ont eu aussi transporté des valises. Il est inimaginable qu’un prêtre consacré au service de la paix par la vérité se soit à ce point laissé manipuler. Cela vient des prêtres résistants qui devinrent pour la plupart des aumôniers de l’ACO, ils avaient alors fait des choix idéologiques blasphémateurs et d’apostasie. Ce sont eux qui constituèrent les rouages de la crise post-conciliaire, les pseudo-progressistes, les porteurs d’une inénarrable médiocrité.
[28] Le pape est le lien visible le plus réaliste qui relie l’Eglise de la terre avec l’Eglise du ciel. Par la grâce particulière découlant de l’union hypostatique, liant l’humanité du Christ à sa divinité, le pape est le signe actif de la communion des saints.
[29] La laïcité en France depuis le Siècle des Lumières ne cesse de se nourrir de ses propres haine et sortilèges pathologiques, contre cette France qui s’est construite sur le baptême chrétien de Clovis. Ce sont dans ses bassesses de basse-fosse qu’elle continue de puiser les sels minéraux nécessaires à son existence.
[30] Paroles prononcées par Jean-Paul II le Grand lors de son premier voyage en France ; quel profit notre église a-t-elle eu la volonté d’en tirer ?