LA LETTRE CATHOLIQUE N° 34
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FIERS D’ETRE DE
L’EGLISE CATHOLIQUE APOSTOLIQUE ET ROMAINE
MAI – JUIN
2007 - DIFFUSION GRATUITE - FAITES LA CONNAÎTRE
Le mois de mai est le mois de Marie
« Quand vous allez communier au Corps et au
sang de Jésus, prenez Marie avec vous. Elle vous rendra plus enfant pour
recevoir le don de son Fils Bien-aimé. Elle vous murmura : « Faites
tout ce qu’Il vous dira. »
« Si tu crois, tu verras la
puissance de mon Cœur »
Parole de Jésus
à Marguerite-Marie
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« Soyez attachés à la
dévotion populaire, car Dieu se plait dans les cœurs humbles. »
Le mois de juin est le mois du Sacré Cœur
L’INVERSION
DE L’INTELLIGENCE…
Benoît
XVI appelle à un réveil des consciences
Retour
à la communauté chrétienne… !
Le
Contre-Coup des Invasions Barbares
Ma
soutane n'est pas assez digne...
BENOIT XVI
« La
conscience chrétienne a en effet intérieurement besoin de se nourrir et de se
renforcer avec les motivations multiples et profondes qui militent en faveur du
droit à la vie. »
EDITORIAUX
PIERRE-CHARLES AUBRIT SAINT POL
Le respect de la vie fut, de tous les temps, la première des
préoccupations de l’Eglise, avec le salut. Cette préoccupation amorça un
tournant tragique avec la fin de la Seconde guerre mondiale. Elle révélera que
l’homme est capable de laisser pervertir son intelligence au point de perdre
tout sens moral. Avec l’évolution de la recherche médicale et des sciences
fondamentales, une phase majeure fut atteinte : l’homme s’est donné les
moyens de se saisir de l’arbre de Vie. Cette étape pressentie par Pie XII
devint plus explicite chez Jean XXIII et fut prise à bras le corps par Paul VI.
Le Magistère en a fait sa préoccupation majeure.
Dans notre Lettre N°33 et dans la Lettre
ouverte aux chrétiens à l’occasion des élections, nous nous sommes efforcés
d’éclairer ces problèmes et de maintenir l’état de vigilance. Dans ce numéro,
la décision d’y revenir a été prise en raison de l’urgence, en s’appuyant sur
trois documents magistraux, deux discours de Benoît XVI et Humanae Vitae
de Paul VI.
La Rédaction espère apporter sa
contribution à la compréhension de ces problèmes majeurs qui tracent un
avenir si préoccupant que Jean–Paul II le Grand en parla en ces termes « une
culture de mort ».
Chers lecteurs, à notre place et avec
des moyens de pauvres, nous prenons part à la préoccupation de l’Eglise ;
nous voudrions que notre démarche vous aide à mieux discerner les enjeux de
notre époque pour que, vous aussi, puissiez contribuer au retour du respect du
droit naturel et du droit de Dieu. Il vous revient de prendre votre part de
responsabilités en tant que baptisés et confirmés. Vous n’êtes pas seulement
les témoins de l’Espérance, vous êtes les témoins majeurs du respect de la
vie ; vous êtes les plus armés défenseurs de la dignité et de la grandeur
de l’homme.
Prenez votre part dans la prière, dans la
réflexion, dans les associations, dans le politique ; toutefois sur ce
point ne vous laissez pas enfermer ni abusés par les partis politiques et leurs
appareils. Servir la grandeur et la dignité de l’homme en défendant la vie,
c’est servir Dieu, c’est faire rayonner sa gloire sur cette Terre.
Parents, grands adolescents, jeunes gens
être témoins de la vie, c’est préserver un trésor inestimable, les sourires à
venir de nos descendants. Qu’y a-t-il de plus précieux que la promesse d’un
nouveau sourire ?
« Intellectuels
catholiques, je vous en supplie à genoux, acceptez l’autorité de la Vérité pour
retrouver en toute urgence la liberté d’en être les témoins fermes. Soyez
vigilants, veillez à ne pas devenir les marchands du Temple. »
« Que ton oui soit oui ! Que
ton non soit non ! Tout le reste
vient du Mauvais. » Jésus-Christ, la Vérité Incarnée. »
OU
LA PERMANENCE DU
BLASPHEME
DESCARTES
Descartes
écrivit : « …Je pense donc
je suis… » Il ne s’agit pas d’un propos banal, d’un accident de
l’intelligence. Non, Descartes, en affirmant ce concept signifiait par-là une
rupture : la philosophie cessait d’être au service de la vérité révélée.
Il prétendait mieux comprendre l’homme en se détournant de son Créateur alors
que Dieu n’exclut aucune recherche que l’intelligence de l’homme puisse
appréhender et propose la Vérité qu’Il est pour aider à une juste compréhension
de l’ensemble de la création qu’il doit domestiquer.
La
proposition de Descartes exprime sa volonté de rompre avec les fondements de la
philosophie, il rompait avec la trinité athénienne. La philosophie avec lui
prend pour mesure l’homme ; l’homme devient
la mesure de lui-même. Elle donnera la
substance maligne aux idéologies qui sommeillaient dans les terreaux de la
Réforme.
Descartes se
saisit du concept faux du ‘libre examen’, proposé par Luther et tout le courant
de la Réforme, pour établir cette proposition. De ce fait, après Occam,
Descartes devient le précurseur de la philosophie protestante, une philosophie
aveugle, une lèpre cosmique sur l’intelligence de l’homme.
Dans son « Je pense, donc je suis »,
Descartes fait passer l’essence après l’existence ;
l’être de l’homme, avant la cause de l’homme. Il renverse l’ordre universel. Ce
qui revient à renverser Dieu de son trône et à y asseoir la créature à la place
du Créateur. C’est une démarche de renversement de l’ordre des choses. C’est Lucifer qui retourne combattre Dieu.
L’homme devient sa seule référence, sa propre mesure, le seul objet de
lui-même. C’est la permanence du blasphème.
A cette proposition, s’ajoute la tragique grille cartésienne1 :
l’humanité se trouve enfermée dans un système logique glacial. C’est une
dictature contre la vie intellectuelle telle que la concevaient un Socrate, un
Platon, un Aristote et plus près de nous toute la constellation des Pères de
l’Eglise jusqu’à saint Thomas d’Aquin, Gustave Thibon à Jean-Paul II le Grand…
Cette méthodologie satisfait tous les matérialistes. Elle fournira
les artifices moraux qui justifieront
les génocides idéologiques à commencer par l’innommable révolution de 1789. Son effet rendra pour longtemps
l’homme aveugle de lui-même ; il lui sera –
et c’est toujours le cas – difficile de retrouver une approche unitaire de la
création, de l’homme. Raison pour laquelle, il rejette hors de lui ce qui ne
lui convient pas.
Cette inversion est le socle intellectuel, sur lequel reposent les
recherches scientifiques, médicales et toutes leurs applications.
L’homme matérialiste qui rejette toute révélation de la Vérité,
toute vérité dogmatique, grâce à Descartes, possède la substance intellectuelle
de dédouaner sa conscience en se persuadant que le résultat justifie tout.
L’homme se fait Dieu !
Il me semble bien que c’est à Descartes que nous devons la matière
philosophique qui sous-tend les pseudo
justifications qui vont de la contraception, l’avortement au clonage humain
reproductif et à toutes les autres lois contre nature telles que les unions
homologues et les lois de génocide reprises au nazisme…
Il y a une urgence : abattre Descartes !
L’intelligence doit se convertir, accepter une vérité vivante,
absolue.
L’avenir de l’homme vaut bien Dieu.
Intellectuels catholiques, je vous en supplie à genoux, acceptez
l’autorité de la Vérité pour retrouver en toute urgence la liberté d’en être
les témoins fermes. Soyez vigilants, veillez à ne pas devenir les marchands du Temple :
« Que ton oui soit oui ! Que ton non
soit non ! Tout le reste vient du
Mauvais. » Jésus-Christ, la Vérité Incarnée.
1- Descartes inaugure par
sa méthode les voies du rationalisme athée. En effet, par l’application
du doute systématique, il remet en cause toutes les connaissances objectives
quant à leur réception du vrai ; mais plus
grave, il remet également en cause la Vérité révélée, même si du bout des
lèvres, il ne semble pas dissocier la raison de la foi. Cette position
intellectuelle est remise en cause par son axiome : « Je pense
donc je suis ». Il fait passer l’essence après l’existence, ce qui
revient à nier l’existence de Dieu, à pendre sa place. La grille cartésienne
procède de son Discours de la Méthode, dans sa règle d’évidence :
il conditionne la réception de la vérité d’un objet à la condition qu’il
puisse prouver, démontrer la vérité de l’objet. C’est le principe du
doute. Ce principe fut imposé par ses affidés comme unique principe. Ce fut une
véritable dictature intellectuelle et elle le reste, car elle répondait à
l’acquisition d’objectifs philosophiques et politiques,
mais aussi moraux correspondant à la situation du moment, annonciatrice
du siècle des Lumières: mouvement pré-révolutionnaire.
Dans sa
règle d’analyse, il part de la ‘sous- division de la méthode’: « diviser chacune des difficultés que
j’examinerai en autant de parcelles qu’il se pourrait et qu’il serait requis
pour les mieux résoudre. » Cette proposition va connaître une grande
fortune qui va complexifier l’intelligence de l’homme ; elle sera utilisée
dans les idéologies et les méthodes révolutionnaires contribuant à diviser
l’homme et toute la création intelligible, rendant quasi-impossible une
approche raisonnable dans son unité et les unités de l’ensemble de la création
et surtout l’homme.
Son prima
de la raison repousse en vérité tout principe de révélation : il n’y a pas
de possibilité de vérité révélée puisqu’elle suppose la foi qui apparaît
opposée à la raison. En définitive, Descartes veut effacer d’un trait de plume
toute la Scholastique et en particulier Thomas d’Aquin. Le malheur a voulu
qu’il ne se soit trouvé à l’époque, et malgré l’Ecole Française de
Spiritualité, un renouveau théologique mais, à mon sens, l’opposition radicale
– ne reposant que sur des détails – entre l’Ecole Réaliste de Dum Scot et
Thomas d’Aquin empêcha l’Eglise d’opposer un renouveau théologique qui eût
permis de combattre avec une redoutable efficacité les idéologies. A sa
décharge, les pressions exorbitantes exercées par le pouvoir de Louis XIV, très
entouré par des protestants convertis – qui conservaient une sourde opposition
au Saint Siège – rendirent l’émergence de ce renouveau quasi impossible. Il
faudra attendre la convocation du Premier Concile du Vatican pour que les
prémices d’un renouveau théologique émergent. Malheureusement le mal est
fait ; bien des penseurs catholiques vont
absorber sans précautions les courants des Lumières et préparer le terrain de
la crise du modernisme. C’est là un raccourci un peu rapide, mais exacte sur le
fond.
Voilà pourquoi, au risque d’être rejeté par la communauté
intellectuelle qui donne le la de la vie de la pensée,
j’affirme qu’il faut tout faire pour abattre Descartes afin de revenir sans complexe
aux fondements de la pensée chrétienne sans exclure les découvertes et en
s’imposant de retrouver l’union de la science et de la foi. Pour moi, Descartes
est le grand criminel de la pensée pour l’humanité. En termes plus populaires
et un rien grossier, je dirai : « Descartes, un faux-cul
purulent ! »
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Nous vivons une période
éminemment dangereuse, comme les chevaliers de saint Bernard de Clervaux,
sommes-nous près à tout risquer pour défendre l’homme y compris contre
lui-même, pour défendre la Gloire de Dieu qui est l’homme vivant ?
Chers frères et sœurs,
C’est pour moi une véritable joie de recevoir au cours de cette audience à
laquelle vous êtes venus si nombreux, les membres de l’Académie pontificale
pour la Vie, réunis à l’occasion de leur XIIIème Assemblée générale ; et ceux
qui ont voulu participer au Congrès qui a pour thème : « La conscience
chrétienne en soutien du droit à la vie ». Je salue le cardinal Javier Lozano
Barragán, les archevêques et les évêques présents, mes confrères prêtres, les
rapporteurs du Congrès et vous tous, venus de divers pays. Je salue en
particulier Mgr Elio Sgreccia, président de l’Académie pontificale pour la Vie,
que je remercie pour les paroles aimables qu’il m’a adressées, et pour le
travail qu’il réalise aux côtés du vice-président, du chancelier et des membres
du Conseil de Direction, pour accomplir les tâches délicates et vastes de
l’Académie pontificale.
Le thème que vous avez soumis à l’attention des participants, et par voie de
conséquence également à celle de la communauté ecclésiale et de l’opinion
publique, revêt une grande importance : la conscience chrétienne a en effet
intérieurement besoin de se nourrir et de se renforcer avec les motivations
multiples et profondes qui militent en faveur du droit à la vie. C’est un droit
qui exige le soutien de tous, car il s’agit du droit fondamental parmi tous les
autres droits humains. L’Encyclique Evangelium
Vitae l’affirme avec force : « Malgré les difficultés et les
incertitudes, tout homme sincèrement ouvert à la vérité et au bien peut, avec
la lumière de la raison et sans oublier le travail secret de la grâce, arriver
à reconnaître, dans la loi naturelle inscrite dans les cœurs (cf. Rm 2, 14-15), la valeur
sacrée de la vie humaine depuis son commencement jusqu'à son terme; et il peut
affirmer le droit de tout être humain à voir intégralement respecter ce bien
qui est pour lui primordial. La convivialité humaine et la communauté politique
elle-même se fondent sur la reconnaissance de ce droit » (n. 2). Cette même
Encyclique rappelle que « la défense et la mise en valeur de ce droit doivent
être, de manière particulière, l'œuvre de ceux qui croient au Christ,
conscients de la merveilleuse vérité rappelée par le Concile Vatican II: ‘Par
son Incarnation, le Fils de Dieu s'est en quelque sorte uni lui-même à tout
homme’. (Gaudium et Spes,
22). Dans cet événement de salut, en effet, l'humanité reçoit non seulement la
révélation de l'amour infini de Dieu qui ‘a tant aimé le monde qu'il a donné son
Fils unique’ (Jn 3, 16),
mais aussi celle de la valeur incomparable de toute personne humaine. (ibid.)
Le chrétien est par conséquent continuellement appelé à se mobiliser pour faire
face aux multiples attaques auxquelles est exposé le droit à la vie. Dans ce
domaine, il sait pouvoir compter sur des motivations profondément enracinées
dans la loi naturelle et pouvant donc être partagées par toute personne
possédant une conscience droite. Dans cette perspective, surtout après la
publication de l’Encyclique Evangelium vitae, beaucoup a été fait afin
que les contenus de ces motivations puissent être mieux connus au sein de la
communauté chrétienne et de la société civile, mais il faut reconnaître que les
attaques au droit à la vie dans le monde entier se sont étendues et
multipliées, assumant également de nouvelles formes. Les pressions en faveur de
la légalisation de l’avortement dans les pays de l’Amérique latine et dans les
pays en voie de développement sont toujours plus fortes, également avec le recours
à la libéralisation des nouvelles formes d’avortement chimique sous le prétexte
de la santé reproductive : les politiques de contrôle démographique
s’intensifient même si elles sont désormais reconnues comme pernicieuses
également sur le plan économique et social.
Dans le même temps, dans les pays plus développés grandit l’intérêt pour la
recherche biotechnologique plus pointue, pour instaurer des méthodes
d’eugénisme, subtiles et étendues, jusqu’à la recherche obsessionnelle de «
l’enfant parfait », avec la diffusion de la procréation artificielle et de
diverses formes de diagnostics visant à en assurer la sélection. Une nouvelle
vague d’eugénisme discriminatoire est approuvée au nom du soi-disant bien-être
des individus et, spécialement dans le monde économiquement plus développé,
l’on fait la promotion de lois visant à légaliser l’euthanasie. Tout cela se
déroule alors que, d’un autre côté se multiplient les pressions pour la
légalisation de cohabitations alternatives au mariage et fermées à la procréation
naturelle. Dans ces situations, la conscience, parfois étouffée par les moyens
de pression collective, ne fait pas preuve d’un vigilance suffisante devant la
gravité des questions en jeu, et le pouvoir des plus forts affaiblit et semble
paralyser également les personnes de bonne volonté.
Pour cette raison, l’appel à la conscience et en particulier à la conscience
chrétienne, est encore plus
nécessaire. « La conscience morale, comme dit le Catéchisme de l’Eglise
catholique, est un jugement de la raison par lequel la personne humaine
reconnaît la qualité morale d’un acte concret qu’elle va poser, est en train
d’exécuter ou a accompli. En tout ce qu’il dit et fait, l’homme est tenu de
suivre fidèlement ce qu’il sait être juste et droit ». (n. 1778). Il ressort de
cette définition que la conscience morale doit, pour être en mesure de guider
correctement la conduite humaine, avant tout reposer sur le solide fondement de
la vérité, c’est-à-dire qu’elle doit être éclairée pour reconnaître la
véritable valeur des actions et l’importance des critères d’évaluation, afin de
savoir distinguer entre le bien et le mal, également là où cela n’est pas
favorisé par le climat social, le pluralisme culturel et le chevauchement
d’intérêts.
La formation d’une conscience vraie, parce que fondée sur la vérité, et droite,
parce que déterminée à en suivre les règles, sans contradictions, sans
trahisons et sans compromis, est aujourd’hui une entreprise difficile et
délicate, mais incontournable. Et il s’agit d’une entreprise qui,
malheureusement, se heurte à divers facteurs. Tout d’abord, dans la phase
actuelle de la sécularisation appelée post-moderne et marquée par des formes de
tolérance discutables, non seulement le refus de la tradition chrétienne
grandit, mais l’on se méfie également de la capacité de la raison à percevoir
la vérité, on s’éloigne du goût de la réflexion. Selon certains, pour être
libre, la conscience individuelle devrait même se débarrasser aussi bien des
références aux traditions que des références basées sur la raison. Ainsi la
conscience, qui est un acte de la raison visant à la vérité des choses, cesse
d’être lumière et devient une simple toile de fond sur laquelle la société des
médias projette les images et les impulsions les plus contradictoires.
Il convient de rééduquer au désir de la connaissance de la vérité authentique,
à la défense de la propre liberté de choix face aux comportements de masse et
aux attraits de la propagande, pour nourrir la passion de la beauté morale et
de la clarté de la conscience. Ceci est la tâche délicate des parents et des
éducateurs qui les secondent ; c’est également la tâche de la communauté
chrétienne à l’égard de ses fidèles. Pour ce qui concerne la conscience
chrétienne, sa croissance et ce qui la nourrit, on ne peut se contenter d’un
contact éphémère avec les principales vérités de foi au cours de l’enfance,
mais nous avons besoin d’un chemin qui accompagne les différentes étapes de la
vie, préparant l’esprit et le cœur à accueillir les devoirs fondamentaux sur lesquels
repose aussi bien l’existence de la personne que de la communauté. Il s’agit de
la seule manière de faire comprendre aux jeunes les valeurs de la vie, de
l’amour, du mariage, de la famille. C’est la seule manière de leur faire
apprécier la beauté et la sainteté de l’amour, la joie et la responsabilité
d’être parents et collaborateurs de Dieu en donnant la vie. Sans une formation
continue et adaptée, il devient encore plus difficile d’être capable de porter
un jugement dans les questions posées par la biomédecine en matière de
sexualité, de vie naissante, de procréation, comme dans la manière de traiter
et de soigner les patients et les couches faibles de la société.
Il est certes nécessaire de parler des critères moraux qui concernent ces
questions, avec des professionnels, médecins et juristes, pour les exhorter à
élaborer un jugement de conscience compétent, et, selon le cas, également une
courageuse objection de conscience, mais il est tout aussi urgent de veiller au
processus de formation de la jeunesse et des adultes, au niveau de la base,
pour les familles et les communautés paroissiales. A cet égard, parallèlement à
la formation chrétienne, dont la finalité est la connaissance de la Personne du
Christ, de sa Parole et des Sacrements, dans l’itinéraire de foi des enfants et
des adolescents il convient d’unir de manière cohérente le discours sur les
valeurs morales qui concerne le corps, la sexualité, l’amour humain, la
procréation, le respect pour la vie à tous les stades, dénonçant dans le même temps
avec des motifs valables et précis, les comportements contraires à ces valeurs
fondamentales. Dans ce domaine spécifique l’œuvre des prêtres devra être
secondée de manière opportune par l’engagement des laïcs éducateurs, également
des experts, qui se consacrent à guider les réalités ecclésiales par leur
science éclairée par la foi. Je prie par conséquent le Seigneur afin qu’il
envoie parmi vous, chers frères et sœurs, et parmi ceux qui se consacrent à la
science, à la médecine, au droit, à la politique, des témoins possédant une
conscience vraie et droite, pour défendre et promouvoir la « splendeur de la
vérité » en vue de soutenir le don et le mystère de la vie. Je compte sur votre
aide, très chers professionnels, philosophes, théologiens, scientifiques et
médecins. Dans une société parfois assourdissante et violente, avec votre
qualification culturelle, l’enseignement et l’exemple, vous pouvez contribuer à
réveiller dans de nombreux cœurs la voix éloquente et claire de la conscience.
« L’homme a en réalité une loi inscrite par Dieu dans son cœur – nous a
enseigné le Concile Vatican II – sa dignité est de lui obéir, et c’est elle qui
le jugera » (cf. Gaudium et Spes,
16). Le Concile a offert de sages orientations afin que les laïcs apprennent «
à bien distinguer entre les droits et les devoirs qui leur incombent du fait de
leur appartenance à l'Eglise, et ceux qui leur reviennent en tant que membres
de la société humaine. Ils doivent s'efforcer de les mettre en harmonie les uns
avec les autres, se rappelant que, dans toute chose temporelle, ils doivent se
guider d'après la conscience chrétienne: car aucune activité humaine, même dans
les choses temporelles, ne peut être soustraite à l'autorité de Dieu » (Lumen Gentium,
36). Pour cette même raison, le Concile exhorte les laïcs croyants à accueillir
« ce que les pasteurs, représentants du Christ, auront décidé en tant que
docteurs et chefs de l'Eglise » et d’autre part, précise que « les pasteurs
doivent reconnaître et promouvoir la dignité et la responsabilité des laïcs
dans l'Eglise, utiliser volontiers leurs avis prudents » et conclut que « de
ces rapports familiers entre laïcs et pasteurs, on doit attendre pour l'Eglise
de nombreux et d'heureux résultats » (Lumen gentium, 37).
Lorsque la valeur de la vie humaine est en jeu, cette harmonie entre fonction
magistérielle et engagement des laïcs devient extrêmement importante : la vie
est le premier des biens reçus de Dieu et le fondement de tous les autres ;
garantir le droit à la vie à tous et de manière égale pour tous, est une tâche.
De l’accomplissement de cette tâche dépend l’avenir de l’humanité. D’où
également l’importance de votre rencontre d’étude. Je confie les travaux et les
résultats de cette rencontre à l’intercession de la Vierge Marie, que la
tradition chrétienne salue comme la véritable « Mère de tous les vivants ».
Qu’Elle vous assiste et vous guide ! Avec ce vœu je vous accorde à tous, à vos
familles et collaborateurs, la bénédiction apostolique.
==========
Discours au Congrès
International sur le Droit Naturel
(condensé)
Commentaire de
Pierre-Charles Aubrit Saint Pol
Il ne fait aucun doute que nous vivons une période de développement extraordinaire en ce qui concerne la capacité humaine de déchiffrer les règles et les structures de la matière et la domination de l'homme sur la nature, qui en découle. Nous voyons tous les grands bénéfices de ce progrès, ainsi que les menaces d'une destruction de la nature à cause de la force de nos actions.[…] La capacité de voir les lois de l'être matériel nous rend incapables de voir le message éthique contenu dans l'être, message appelé par la tradition lex naturalis, droit moral naturel. Il s'agit d'un terme qui est devenu aujourd'hui presque incompréhensible pour de nombreuses personnes, à cause d'un concept de nature non plus métaphysique, mais seulement empirique. […]Naturellement, l'égarement frappe en particulier les générations les plus jeunes, qui doivent, dans ce contexte, effectuer des choix fondamentaux pour leur vie. […]C'est précisément à la lumière de ces constatations qu'apparaît, dans toute son urgence, la nécessité de réfléchir sur le thème du droit naturel et de retrouver sa vérité commune à tous les hommes. Ce droit, qu'évoque également l'apôtre Paul (cf. Rm 2, 14-15), est inscrit dans le cœur de l'homme et est, par conséquent, aujourd'hui également, tout simplement accessible. Ce droit a comme principe premier et fondamental celui de «faire le bien et d’ éviter le mal». Il s'agit d'une vérité dont l'évidence s'impose immédiatement à chacun. De ce droit découlent les autres principes plus particuliers qui réglementent le jugement éthique sur les droits et les devoirs de chacun. C'est le cas du principe du respect pour la vie humaine, de sa conception jusqu'à son terme naturel ; ce bien de la vie n'étant pas la propriété de l'homme, mais un don gratuit de Dieu. C'est le cas également du devoir de rechercher la vérité, présupposé nécessaire à toute maturation authentique de la personne. Une autre instance fondamentale du sujet est la liberté. En tenant compte, toutefois, du fait que la liberté humaine est toujours une liberté partagée par les autres, il est clair que l'harmonie des libertés ne peut être trouvée que dans ce qui est commun à tous: la vérité de l'être humain, le message fondamental de l'être même, la lex naturalis précisément. […]A cet égard, le Concile Vatican II a répété de façon opportune que le mariage est une institution «que la loi divine confirme», et donc «en vue du bien des époux, des enfants et aussi de la société, ce lien sacré échappe à la fantaisie de l'homme» (ibid.). Aucune loi faite par les hommes ne peut donc renverser la norme inscrite par le Créateur, sans que la société ne soit dramatiquement blessée dans ce qui constitue son fondement de base même. L'oublier signifierait fragiliser la famille, pénaliser les enfants et rendre précaire l'avenir de la société. Je ressens enfin le devoir de réaffirmer que tout ce qui est réalisable sur le plan scientifique n'est pas pour autant licite sur le plan éthique. La technologie, lorsqu'elle réduit l'être humain à un objet d'expérimentation, finit par abandonner le sujet faible à la volonté du plus fort. Se fier aveuglément à la technologie comme unique garante de progrès, sans offrir dans le même temps un code éthique qui plonge ses racines dans cette même réalité qui est étudiée et développée, reviendrait à porter atteinte à la nature humaine, avec des conséquences dévastatrices pour tous. La contribution des hommes de science est d'une importance primordiale. Outre le progrès de nos capacités de domination sur la nature, les scientifiques doivent également contribuer à nous aider à comprendre en profondeur notre responsabilité envers l'homme et la nature qui lui a été confié.
Commentaire :
Benoît XVI
prend acte de l’évolution toujours positive des sciences et techniques quant au
fond. Il n’y a pas de domaine dans l’ordre du monde créé, de la matière, qui
échappe à l’intelligence du genre humain, tout en sachant que s’il y a une
limite pour elle, cette limite se forgera à l’aune de l’orgueil. C’est notre
vanité qui nous empêche de voir et de comprendre l’essence des choses et leur
unité. Nous oublions la mémoire du péché originel quand bien même notre nature
nous le rappelle ; nous ne voulons plus le reconnaître, nous voulons
l’effacer. La limite de notre compréhension vient de cet événement historique. L’aventure
de la connaissance se gonfle de nous-mêmes, nous sommes en train d’en mourir spirituellement.
Il est
légitime pour l’homme de chercher à comprendre la création, son environnement, qu’il soit proche ou lointain ; toutefois, s’il
ne met pas Dieu au cœur de sa démarche, à cause du péché originel, il sera
tenté de développer un appétit sans fin qui ressemble aux tonneaux des
Danaïdes. C’est un enfer. Tous les domaines de la vie de l’humanité sont
entachés d’une double face et l’une l’est aux ténèbres.
La recherche
légitime de la connaissance exige un authentique esprit de pauvreté, de
mendiant. Hélas, la multiplication des appétits de plus en plus mécanique et de
type animal, nous empêche d’acquérir cet état intérieur, elle nous la font même
repousser.
La mission
de domestiquer la Terre et toute la création est dans la nature de l’homme et
de la femme. Elle est, tout à la fois, naturelle
et surnaturelle : Dieu les bénit et Dieu leur dit :
« Fructifiez et multipliez-vous, remplissez la Terre et soumettez-la ;
dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel et sur tout être
vivant qui rampe sur la Terre. » (Gn. 1, 28) L’homme, la femme, par cette mission
d’origine, sont faits co-régents de la création ; ils sont collaborateurs
de l’acte créateur de Dieu. Ce n’est pas à cause de leurs qualités
propres ; ils n’en ont pas par eux-mêmes, elles leur ont été communiquées
lors de l’infusion de l’âme. Elles procèdent de Dieu. Il leur appartient de les développer ; c’est la parabole des talents.
Ceux qui
rejettent la vie intellectuelle, ceux qui empêchent la démarche de
connaissance, surtout au nom de Dieu, sont dans une errance tragique ; ce
sont des enfouisseurs d’espérance. Ils sont les vrais blasphémateurs.
Le pape
conclut son premier paragraphe par le rappel des responsabilités qu’ont les
scientifiques et tous ceux qui s’engagent sur la voie intellectuelle. L’homme est responsable de lui et de son
prochain y compris envers les générations à venir. Sa responsabilité couvre la
personne et tout ce qui l’environne. Peut-il ne rechercher que sa satisfaction
personnelle ? N’y a-t-il pas urgence à reprendre toute la
métaphysique ? Si la science et la technique sont action de grâce,
peuvent-elles l’être si elles ne sont pas homocentriques, c’est-à-dire ordonnées
à l’homme ? Si le Christ-Jésus est
la mesure de l’homme, c’est que l’homme est la mesure du monde créé ; tel
est, semble-t-il, l’ordre naturel.
Benoît XVI
en arrive au cœur du débat : C'est précisément à la lumière de ces
constatations qu'apparaît dans toute son urgence la nécessité de réfléchir sur
le thème du droit naturel, et de retrouver sa vérité commune à tous les hommes.
Pour retrouver d’urgence le droit naturel, il faut nécessairement sortir de
la logique cartésienne, réapprendre à poser un regard unique et intégral sur
l’homme en tant qu’il est tout à la fois animal et personne à l’image de Dieu.
Sommes-nous encore capables de vérité ? Avons-nous le désir de la
rechercher ou ne nous épuisons-nous pas à refouler ce désir, cet appétit qui est
soupir de l’âme ? Tout laisse croire que nous ne souhaitons pas répondre à
cet appétit puisque nous glissons vertigineusement dans la décadence qui est
sans précédent. L’idée de Dieu nous importune de plus en plus.
Le Saint
Père enracine sa réflexion dans la théologie paulinienne : Lors
donc que ceux des nations qui n’ont pas la Loi pratiquent naturellement ce
qu’ordonne la Loi à eux-mêmes ; ne montrent-ils en effet, inscrite dans
leur cœur, l’œuvre voulue par la Loi, tandis-que leur conscience y ajoute son
témoignage, ainsi que leurs pensées qui tour à tour les accusent ou les
défendent. (Rm. 2, 14-15) Il rappelle que le droit naturel est inscrit
dans le cœur de l’homme, pour le redécouvrir, ne convient-il pas de regarder,
de contempler l’homme dans son unité, l’accueillir intégralement, sans mépris,
dans toute sa vérité. Le regarder dans le regard de Dieu.
Le cœur
ardent du droit naturel est de faire le bien et d’éviter le mal. L’homme
est naturellement apte à discerner entre le mal et le bien, car la personne a
une conscience. La société, dans sa descente infernale, repousse le domaine de
la conscience au cercle privé de la personne ; c’est là un désir risible,
car la société étant faite de plusieurs individus habités d’une conscience se
construit une conscience collective qu’on ne peut ignorer. La société s’abreuve
à un fleuve de sang , celui des enfants à naître et se nourrit sur un sol d’ossements. Elle
proclame que vous êtes libre de faire ce que vous voulez dans la sphère privée,
mais veillez à ne pas la sortir de sa quiétude.
Benoît XVI énumère les trois points du droit naturel :
1- Le respect de la vie de la conception au terme naturel ; il s’agit d’un bien qui n’appartient qu’à
Dieu, l’homme et la femme n’en sont que les dépositaires.
2- Puis vient la recherche de la vérité. C’est une exigence qui procède
de la dignité de la personne. Il est dans la nature humaine de rechercher la
vérité. La vie et la vérité vont de paire, ils vont de concert. La vie se
manifeste dans la vérité de la création.
3- La liberté ne peut être sans la vie, ni sans la vérité.
Le droit
naturel est trinitaire, il se fonde sur la vie, la vérité et la liberté.
L’ignorer revient à nier la vie, la vérité et la liberté. C’est la raison pour
laquelle établir des normes contraires au droit naturel, à la loi naturelle, génère un chaos et
développe une logique de mort, de non-respect des lois de la cité.
Benoît XVI
conclut en revenant sur les problèmes que posent les sciences et techniques.
Elles ne peuvent se soustraire au droit naturel et moins encore à l’éthique.
Le pouvoir
de la science doit être soumis au contrôle du prince ; la science ne peut
exercer son pouvoir que dans le domaine qui est le sien, elle ne doit pas
l’exercer sur le gouvernement de la cité. La science concourt au bien commun,
elle ne peut donc s’opposer au droit naturel. Il n’appartient pas à l’homme de
définir le droit naturel mais de le découvrir à travers la loi naturelle qui se
lit par la contemplation de la création : Du ciel en effet, se
révèle la colère de Dieu contre toute impiété et injustice des hommes qui
retiennent la vérité captive de l’injustice. Car ce que l’on peut connaître de
Dieu est pour eux manifeste : Dieu le leur a manifesté. […] au contraire,
ils sont devenus vains dans leurs raisonnements, et leur cœur inintelligent
s’est obscurci. […] Voilà pourquoi Dieu les a livrés à de honteuses passions.
Leurs femmes, en effet, ont échangé les relations naturelles pour celles qui
sont contre nature, et pareillement les hommes, abandonnant les relations naturelles
avec la femme, se sont enflammés de désir les uns pour les autres, ayant
d’hommes à homme des rapports infâmes, et recevant en leur personne le juste
salaire de leur égarement. (Rm :1,18-27)
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LES ENCYCLIQUES
PAUL VI
DE LA REGULATION DES
NAISSANCES
Commentée par Léonce
Grattepanche
L’encyclique Humanae Vitae paraît dans un contexte sociologique,
économique et idéologique particulier. En Occident,
nous connaissons une expansion économique dite des ‘trente glorieuses’ ;
c’est la dernière décennie. Très peu sont les esprits qui voient arriver les
deux prochains chocs pétroliers.
Les sociétés occidentales vivent une sorte de songe dans lequel se
développe une foison d’appétits de toutes sortes. On profite d’une longue
période de paix et l’on veut jouir de tout. On vient de décréter le plan dit de
Rome : évolution économique zéro ; on
ne sait pas ce que cela veut dire… On y parle aussi de planification de la
population…
Les tensions idéologiques sont très fortes ; il y a la guerre
du Vietnam et une sourde et tragique confrontation entre le bloc libéral et le
bloc communiste. D’aucuns, dans les milieux intellectuels de gauche, vont
jusqu’à aduler le régime de Pékin et d’autres s’apprêtent, dans un aveuglement
orgueilleux, à accorder leur appui aux hordes
inhumaines des Khmers Rouges. Rares sont les intelligences qui
pressentent l’effondrement probable du communisme même s’il y a eu le ‘Printemps
de Prague’ qui sonne la fin d’un des empires du mal.
Les Etats démocratiques viennent de vivre une crise sociologique
majeure, ‘Les évènements de 68’.
Il n’y a rien d’exceptionnel à cette crise estudiantine ; c’est déjà
arrivé dans les siècles passés, toutefois quelque chose d’attendu ne vient
pas : on ne trouve nulle part de publication de manifeste,
rien ! Le seul document intéressant
est une recension ou collection de tous les graffitis des murs de la Sorbonne.
Ils sont orduriers, pornographiques et s’ajoutent à la longue liste de
déprédations et de dépravations. C’est dans cette période que l’on peut lire des articles dans une
certaine presse « branchée » sur l’art de
« s’amuser » avec de jeunes enfants ou sur les bienfaits de la
consommation de drogue.
La société, dans ses fondations légitimes, perd ses principes naturels d’autorité ; toutes les revendications ont droit de cité et la démagogie des politiques, des intellectuels, des éducateurs et d’une certaine hiérarchie religieuse s’épanouit comme une vieille viande lavée au vinaigre, alléchante que par ses apprêts. Les évènements de 67-68 ouvriront sur un abîme où toutes les salissures et mauvaisetés de l’homme apparaissent comme joyaux persans, alors que les pestilences ne cesseront plus de s’en élever.
( Dans une série historique portant sur la vie de Charles
de Gaule, l’un de ses petits-fils fut interpellé : « Que
réclamiez-vous en mai 68 ? La liberté de jouir ! Répondit-il. »
Telle fut sa réponse. Elle résonne toujours en un écho mauvais ; elle
charge le sourire de nos enfants d’une ombre bien cruelle. )
.Nous étions dans notre dix huitième année de notre naissance. Nous
venions d’être témoins des événements de mai soixante-huit. Nous allions sur le
chemin de la vie d’homme en nous éloignant de toutes pratiques religieuses.
Nous tournions le dos au Dieu Créateur et Sauveur. Nous nous laissions aspirer
par les appétits du monde, persuadés, malgré les pincements de notre conscience
et la morsure de l’amertume, que le sens de la vie n’était qu’une question de
consommation.
Le visage des adultes - ceux de la guerre - ne nous indiquait le
chemin d’aucune espérance. Il ébauchait à peine un espoir. Ces générations de malheurs nous couvraient
de leurs angoisses. Ne fallait-il pas que nous devenions des hommes, ne
devions-nous pas affronter la prochaine guerre !
Et voici qu’au-dessus des clameurs folles des soixante-huitards et
de leur écho traînant, gueulant après des appétits immondes, une voix frêle,
remplie d’un courage divin, couvrit les bruits sortant des fosses
septiques : Sa Sainteté le Pape Paul VI proclamait l’insurpassable valeur
de la vie, l’indépassable dignité de l’homme…
Ce Père Commun Universel, lui-même pris dans une tempête infernale
qui matraquait l’Eglise, montrait au monde entier le vrai courage intellectuel,
spirituel et moral en faisant entendre le « NON » à la tragique et
luciférienne libération sexuelle.
Le monde occidental, informé qu’un document relatif à la procréation
était en cours de rédaction, espérait que l’Eglise irait dans le sens du monde.
Le Concile Vatican II n’avait-il pas ouvert l’Eglise au monde ! Du moins,
c’est ce que laissait croire le comportement de la hiérarchie de l’Eglise de
France et d’ailleurs. Le Saint Siège, ne
s’était-il pas informé auprès de membres éminents des sciences humaines ?
Tout semblait entendu. On ne comptait pas sa peine pour s’employer à ce que la
décision du Magistère aille dans le sens du vent. Paul VI, ne donnait-il pas
quelques raisons de le croire ? Ne montrait-il pas un caractère faible
quant au gouvernement des hommes ! Mais voilà, Paul VI ne souffrait
d’aucune flatulence !
Voici qu’Humanae
Vitae est publiée ! Tel un tonnerre
dans un ciel serein, le monde, stupéfait d’une pareille audace, est pris de
rage. Le genre humain est rappelé à sa dignité, à sa vocation. Il est invité à
se mettre en présence de la vie. Oh ! ce n’est pas tant le fait de cette
instruction, mais que celle-ci ose venir mordre les consciences…
Il semble bien que les plus déçus se trouvassent être dans la
hiérarchie et dans un monde inavouable de laïcs
qui espéraient imposer leur la sur le Magistère pour une doctrine
rassurante. Le pape coupait leur élan dans le petit jeu confortable des petites
compromissions. Ne convenait-il pas de séduire le monde et ses esprits ?
Jamais un document de cette importance ne fut à ce point combattu.
On le critique encore, tant il témoigne toujours du courage de ce pape et
contre la lâcheté de ceux qui auraient dû le soutenir.
La hiérarchie ne montra guère de fermeté à faire taire les tenants
du progressisme ‘avancé plouf’. On ira jusqu’à dire que Paul VI l’aurait écrite
sous la pression de telle ou telle mouvance. Nous verrons qu’à sa lecture, rien ne vient porter le moindre crédit à ces
assertions. Des témoignages postérieurs, celui de Guitton, par exemple, ne
laissent aucune ombre à ce sujet ; Paul VI
est bien l’auteur décidé et libre de cette encyclique.
L’opposition, vingt ans plus tard, était encore farouche ; on vit des catholiques avertis être écartés de toute
responsabilité parce qu’ils osaient défendre Humanae Vitae. Certains allèrent
jusqu’à écarter des vocations sacerdotales qui se référaient à cette
encyclique.
Dans son
prolongement qui illustre l’état sociologique de la France et de l’Eglise en
France, voici rappelé un fait historique : l’Assemblée des Evêques de
France qui avait Monseigneur Vilnet à la pastorale de famille, refusa
d’intervenir dans le débat sur l’avortement parce que la France entrait dans la
campagne électorale ! Giscard d’Estaing avait dit : « Si
vous votez pour moi, je dépénaliserai l’avortement… »
Une
mandature s’ouvrait sur une promesse de mort ! La hiérarchie de l’Eglise
de France se tut ! Un déshonneur dont elle aura du mal à se remettre.
Monseigneur Vilnet justifia plus tard ce silence, alors qu’il était Président
de l’assemblée des Evêques, avec un culot digne de l’ironie d’un Léon Blois ou
d’un Bernanos. Il prétexta, qu’une prise de position des évêques pût être
interprétée comme une interférence politique. La hiérarchie de l’église de
France tombait dans une bien grande médiocrité.
Nous allons découvrir le
caractère prophétique de cette encyclique, sa résonance demeure d’une actualité
urgente.
1- La transmission de la vie :
Le très grave devoir de transmettre la vie humaine, qui fait des époux les libres et
responsables collaborateurs du Créateur, a toujours été pour ceux-ci source de grandes joies, accompagnées
cependant parfois de bien des difficultés et des peines.
En tout temps, l’accomplissement de ce devoir a posé
à la conscience des époux de sérieux
problèmes ; mais l’évolution récente de la société a entraîné des
mutations telles , que de nouvelles questions se sont posées ; questions que l’Eglise ne pouvait ignorer, en un
domaine qui touche de si près à la vie et au bonheur des hommes.
Les sciences
et les techniques sont dans l’ordre naturel de l’humanité ; elles sont
conformes à la mission de l’homme qui doit comprendre pour mieux maîtriser la
création, pour élargir l’espace de son bonheur sur la Terre. Rappelons-le,
l’homme et la femme sont appelés au bonheur sur la Terre et au Ciel. L’ordre
naturel, le droit naturel ne sont pas opposables à l’ordre divin et par le
mystère de l’Incarnation du Verbe, ils sont transcendés.
Les questions morales, spirituelles, philosophiques
surgissent en amont et en aval ; ne
convient-il pas de réfléchir jusqu’où peut aller la recherche de la
connaissance sur la création ? Que faut-il faire de ces connaissances, de
ces découvertes et de leurs applications ? Toutes ces questions doivent
être posées dans l’exigence incontournable de la dignité et de la grandeur de
l’homme.
La question qui s’impose à la société et à l’Eglise est de savoir
dans quelle mesure l’usage de la contraception est licite. Est-elle conforme à
la dignité de l’homme et de la femme dans leur vocation et leur mission de couple ? Quelles
incidences l’utilisation contraceptive artificielle peut-elle avoir sur la
santé du corps, sur l’équilibre psychologique, sur la formation morale,
spirituelle et affective de la personne elle-même et sur l’ensemble de la
société ?
L’Eglise a le devoir et la mission d’y répondre et d’apporter son
enseignement au peuple de Dieu et à toute l’humanité.
Certains savants, philosophes et décideurs politiques s’appuient sur
un humanisme atrophié – sans Dieu –, ils voient dans les moyens contraceptifs
un bien être individuel en excluant tout regard sur le couple. Ils considèrent
que l’homme est sa propre mesure qu’il est libre de ses choix moraux et de
tendre au meilleur bien- être. A cette option,
s’ajoute le désir d’avoir la totale maîtrise de son corps par tout moyen.
Une exigence nouvelle surgit aux milieux des affres de la culture
révolutionnaire et dramatise la problématique : la femme n’exige pas
seulement les mêmes droits que l’homme, elle veut une libération sexuelle.
La femme libérée confond, en un seul slogan, un ensemble de données
hétérogènes. Elle veut les mêmes droits que l’homme, les mêmes libertés. Elle
veut être légale de l’homme en tout point jusqu’à l’absurde : la
non-différenciation des sexes, une reconnaissance identique de nature, comme si
le sexe masculin et féminin étaient tout un !
Cette revendication est un renversement des valeurs et des
hiérarchies : la liberté sexuelle va de paire avec la liberté de la femme
– au sens contemporain - aux dépens de l’homme, du couple et de la société tout
entière.
Cette idéologie s’appuie sur une réalité ; il faut reconnaître
qu’il y a eu en Occident une culture excessivement masculine avec des
privilèges exorbitants qui portaient atteinte à la dignité et aux droits de la
femme. Une situation produite par l’inintelligence de la nature humaine et une
aberration religieuse due à une compréhension erronée de l’histoire et du sens
théologique du péché originel. Eve n’est pas plus ni moins coupable qu’Adam. Un
fait historique sur lequel se greffa une culture sociologique au détriment de
la femme. La situation de la femme s’aggrava quand la notion de capitalisme
s’installa dans les mœurs économiques – à partir de la Renaissance -, la robe de mariée
(postérieure) témoignait de la virginité de l’épouse à seule fin d’en garantir
la dote. Longtemps, la future épouse fut confondue avec la fortune financière.
Cette situation antérieure ne justifie pas le renversement actuel. La femme,
l’épouse , paient très cher cette
libération.
I- ASPECTS NOUVEAUX DU PROBLEME ET COMPETENCE DU
MAGISTERE.
Nouvelles données du problème :
2- Les
changements survenus sont effectivement notables et de plusieurs sortes. […]
Beaucoup manifestent la crainte que la population n’augmente plus vite que les
ressources à sa disposition ; il s’ensuit une inquiétude croissante pour
bien des familles et pour des peuples en voie de développement, et grande est
la tentation pour les autorités d’opposer à ce péril des mesures radicales.[…]
On assiste aussi à un changement, tant dans la façon de considérer la personne
de la femme et sa place dans la société, que dans la valeur à attribuer à
l’amour conjugal dans le mariage, comme aussi dans la manière d’apprécier la
signification des actes conjugaux par rapport à cet amour.
Enfin et
surtout, l’homme a accompli d’étonnant progrès dans la maîtrise et
l’organisation rationnelle des forces de la nature, au point qu’il tend à
étendre cette maîtrise à son être lui-même pris dans son ensemble : au corps, à la vie physique, à la vie sociale
et jusqu’aux lois qui règlent la transmission de la vie.
3- Un tel état
de choses fait naître de nouvelles questions. Etant donné les conditions de la vie moderne, étant donnée la signification des relations conjugales pour
l’harmonie entre les époux et pour leur fidélité mutuelle, n’y aurait-il pas lieu de réviser les règles morales jusqu’ici en
vigueur, surtout si l’on considère qu’elles ne peuvent être observées sans des
sacrifices parfois héroïques ? […] On demande encore si, étant donné le
sens accru de responsabilité de l’homme moderne, le moment n’est pas venu pour
lui de confier à sa raison et à sa volonté, plutôt qu’aux rythmes biologiques
de son organisme, le soin de régler la natalité.
Compétence du magistère :
4- De telles
questions exigeaient du Magistère de l’Eglise une réflexion nouvelle et
approfondie sur les principes de la doctrine morale du mariage : doctrine fondée sur la loi naturelle,
éclairée et enrichie par la Révélation divine.
Aucun fidèle
ne voudra nier qu’il appartient au Magistère de l’Eglise d’interpréter aussi la
loi morale naturelle. Il est incontestable, en effet comme l’ont plusieurs fois
déclaré Nos prédécesseurs, que Jésus-Christ, en communiquant à Pierre et aux apôtres sa divine autorité, et en les
envoyant enseigner ses commandements à toutes les nations, les constituait
gardiens et interprètes authentiques de toute la loi morale ; non seulement de la loi évangélique, mais encore de
la loi naturelle, expression elle aussi de la volonté de Dieu, et dont
l’observation fidèle est également nécessaire au salut.
Conformément à
cette mission qui est la sienne, l’Eglise a toujours donné – et avec plus
d’ampleur à l’époque récente – un enseignement cohérent, tant sur la nature du
mariage que sur le juste usage des droits conjugaux et sur les devoirs des
époux.
Y-a-t-il
véritablement une menace sur l’homme du fait de l’augmentation de la
population ? A cette question – qui réapparaît aujourd’hui par les tenants
d’une écologie dogmatique, corrompue par l’idéologie - s’ajoute celle de
l’environnement. Ce facteur comporte des zones suspectes de sur-dramatisation
tant il y a à l’intérieur de cette préoccupation légitime de résonances
idéologiques qui complexifient le sujet et aggravent l’inintelligence actuelle
de l’homme et de son humanité. Il est surprenant que les tenants de l’écologie
soient parmi les plus enragés à défendre et étendre l’avortement et la
promotion de toutes les lois contre nature. On observe également leur
opposition à toute religion et surtout, une sorte de rejet pathologique quant à
l’Eglise Catholique. Comment peut-on prétendre tout à la fois vouloir la
protection de la nature et la mort des enfants à naître ou la mort des malades
en phase terminale ? Sans doute, parce que ces malades-là altèrent les
splendeurs des paysages naturels…
Revenons à la question d’une possible surpopulation.
C’est un
sujet difficile qui ne peut être traité sur le fond ici. Il est possible de
relever des pistes de réflexion. Cette problématique réfléchit une
préoccupation existentielle blessée par le péché originel : la peur du
manque, de ne pas avoir assez ; ce qui
induit le partage équitable des ressources et des biens de production générant
un sentiment d’insécurité primaire. Cette angoisse illustre bien la réalité
métaphysique de la faute originelle.
La question
de la supposée surpopulation fut posée par des experts économistes à l’issue de
la Seconde guerre mondiale et renforcée par une décolonisation très inhumaine
qui mettait les puissances industrielles
en face de leurs responsabilités. En fait, si la question fut posée dans les
termes initiaux de cette période, c’est que la préoccupation première n’était
pas tant la pérennité des richesses que le maintien des pouvoirs dominants dont
on envisageait, ni un partage plus conforme aux lois de la démocratie, ni leur affaiblissement.
La
surpopulation pose la question d’une nouvelle conception quant à la dispersion
des populations sur la surface de la Terre. La population de la Chine est une
préoccupation bien différente de celle de l’Australie ou de la France. La
mondialisation va sans aucun doute contribuer en douceur à son règlement.
Depuis plus de deux mille ans, l’Eglise est au cœur de la mondialisation, elle
en est même l’un des principaux moteurs.
Si on
prenait le pari de faire une totale confiance à Dieu !
Nous
catholiques, savons que l’abandon à Dieu
n’exclut nullement l’usage de la raison, du bon sens. Dieu attend que nous
ayons retrouvé le chemin de l’humilité pour nous apporter son aide. Il ne veut
pas l’homme pour qu’il ait à souffrir de faim.
Cette
préoccupation de la surpopulation, si excessivement dramatisée, pourrait être
le moyen d’user d’une fuite en avant plutôt que de faire face aux exigences
d’une réelle justice économique envers tous les peuples de la Terre.
Face à
l’urgence des problèmes économiques et sociaux, on vote des lois qui
touchent à la liberté du couple, qui s’opposent
au droit naturel ; en Chine, avec l’interdiction d’avoir plus d’un enfant ;
en Inde – sous le gouvernement d’Indira Gandhi – la stérilisation forcée. En
Occident, avec une culture de mort qui culpabilise les familles nombreuses et
multiplie les lois qui déstabilisent le couple. Une culture qui rend la maladie
honteuse, la mort scandaleuse, non- montrable… Une société monstrueuse.
Le mode de
règlement de ces préoccupations actuelles multiplie l’oppression des peurs et
des égoïsmes générant des désespoirs insurmontables. Un mal ne règle jamais un
autre mal.
Les
modifications sociologiques portent sur le couple ;
elles agissent en mode accusateur et désacralisent les fondements de la vie. La
femme, l’homme, le couple et maintenant la famille,
se trouvent enfermés dans des images et des concepts qui tournent le dos à
l’accueil en vérité de l’humain et empêchent sa compréhension dans toute son
unité et sa complexité. L’une des causes majeures de cet handicap est due à la
dictature de la grille cartésienne, une tumeur qu’il faut arracher de nos
raisonnements, de notre vie intellectuelle. Elle nous empêche d’approcher
l’homme et tout ce qui le concerne conjointement dans la contemplation et
l’analyse : la contemplation implique la transcendance, l’analyse la
raison. La raison sans la foi est aussi dangereuse que la foi sans la raison.
Dans sa logique à lui, Descartes crée une grille logique qui s’hypertrophie et
devient un carcan, une sorte de dictature mécanique sur la liberté de
l’intelligence.
L’homme, la femme et, tout ce qui les font être, ne sont plus
accueillis pour ce qu’ils sont en vérité. Ils sont encerclés par des
automatismes irrationnels, mis en accusation systématique – que l’on se
souvienne de cette veille de Noël où Mitterrand, visitant une maternité,
conseilla ‘d’avoir des enfants mais pas trop’ – accusés de ce qu’ils
sont et de ce qu’ils ne sont pas selon les mesures mécaniques artificielles que
s’impose la société travaillée dans son inconscient collectif par des courants
qui méprisent profondément l’homme et toute son humanité : les
conformismes et les prismes idéologiques. C’est là l’ultime aboutissement de la
machine révolutionnaire.
Les responsables
scientifiques, philosophiques, culturels et politiques font de grandes avancées
dans la compréhension de la Création, mais celles-ci, n’étant pas éclairées par
la lumière de Dieu, deviennent des supports pour de dangereuses tentations.
Tentations désespérantes, elles incitent les pouvoirs à tout régenter, à tout
réglementer, y compris l’usage du lit conjugal. Ces pouvoirs sont pris dans le
tragique de leurs peurs. Ils développent un appétit insatiable, celui de se rassurer et de se rassurer encore aux
dépens de l’autre. C’est la raison obscure, ténébreuse qui les font
outre-passer leur mandat naturel s’attaquant aux fondements moraux. Ils n’ont plus que des leurres pour
s’éclairer et guider les peuples.
Nous sommes
confrontés à une mécanique luciférienne…
Paul VI
rappelle l’obligation et la légitimité de l’Eglise à proposer son enseignement
dans tous les débats de la société, car aucun domaine ne saurait échapper à la
présence de Dieu pas même le mal. Tout est en sa présence. Rien ne repose en
dehors de sa main généreuse.
Paul VI
mentionne la commission créée par Jean XXIII en vue d’apporter son aide à la
recherche de réponses appropriées à ces problèmes moraux. Il souligne les
divergences au sein de cette commission et rappelle, avec juste raison et
vérité, la primauté du Vicaire du Christ qui, dans la plénitude de sa mission
et de son mandat, est la seule autorité dans l’Eglise à pouvoir décider des
réponses à données. Dans ce domaine là, l’Evêque de Rome, le successeur de
Pierre, jouit de l’infaillibilité ordinaire.
II- PRINCIPES DOCTRINAUX :
Une vision globale de l’homme :
7- Comme tout autre
problème concernant la vie humaine, le problème de la natalité doit être
considéré, au-delà des perspectives partielles […] dans la lumière d’une vision
intégrale de l’homme et de sa vocation, non seulement naturelle et terrestre,
mais aussi surnaturelle et éternelle.
L’amour conjugal :
8- L’amour conjugal révèle sa vraie nature et sa
vraie noblesse quand on le considère dans sa source suprême, Dieu, qui est
Amour, « le Père de qui toute paternité tire son nom, au ciel et sur la
Terre. »
Le mariage […] c’est une sage institution du
Créateur pour réaliser dans l’humanité son dessein d’amour. Par le moyen de la
donation personnelle réciproque, […], les époux tendent à la communion de leurs
êtres en vue d’un mutuel perfectionnement personnel, pour collaborer avec Dieu
à la génération et à l’éducation de nouvelles vies.
De plus, pour les baptisés, le mariage revêt la
dignité de signe sacramentel de la grâce, en tant qu’il représente l’union du
Christ et de l’Eglise.
Ses caractéristiques :
9- C’est avant
tout un amour pleinement humain, c’est-à-dire à la fois sensible et
spirituel. […] mais aussi et surtout un acte de la volonté libre, destiné à se
maintenir et à grandir à travers les
joies et les douleurs de la vie quotidienne, de sorte que les époux deviennent
un seul cœur et une seule âme et atteignent ensemble leur perfection humaine.
C’est un amour
total, c’est-à-dire une forme
toute spéciale d’amitié personnelle, par laquelle les époux partagent
généreusement toutes choses, sans réserves indues ni calculs égoïstes. Qui aime
vraiment son conjoint ne l’aime pas seulement pour ce qu’il reçoit de lui, mais
pour lui-même, heureux de pouvoir l’enrichir du don de soi.
C’est encore
un amour fidèle et exclusif jusqu’à la mort. […] Fidélité qui peut parfois être
difficile, mais qui est toujours possible et toujours noble et méritoire, nul
ne peut le nier.
C’est un amour
fécond, qui ne s’épuise pas dans la communion entre époux, mais qui est
destiné à se continuer en suscitant de nouvelles vies. « Le mariage et
l’amour conjugal sont ordonnés par leur nature à a procréation et à l’éducation
des enfants. De fait, les enfants sont le don le plus excellent du mariage et ils contribuent grandement au bien des
parents eux-mêmes. »
Il est
important de souligner que Paul VI aborde l’homme dans toute son unité et
intégralité. Il le contemple en tant que créature voulue par Dieu et aimé de
Lui. Il l’étudie avec toutes les catégories propres à la raison. Il n’y a pas
démultiplication du sujet comme dans la grille cartésienne. Il aborde le
problème de la natalité dans l’intégralité de la personne. La natalité en tant
que telle n’est pas un sujet important qui, de toutes les façons, ne peut être
abordé qu’à la lumière de la mission naturelle et surnaturelle du couple :
«
…Croissez et multipliez-vous. […] Répandez-vous sur toute la surface de la
Terre. »
Si la faculté d’aimer est propre à l’homme et à la femme sa source,
sa cause, est en Dieu Trine qui est foyer
d’amour. Dieu voulut l’humanité, à son image, afin qu’elle le rejoigne dans son éternité. Il a en
elle sa complaisance. Il lui donne les moyens d’y parvenir ; le plus beau de ces moyens est cette faculté d’avoir
la volonté d’aimer l’autre, de l’aimer selon les règles de la nature et
surnaturellement. L’amour conjugal est signe de l’amour trinitaire qui est en
Dieu.
L’amour conjugal s’articule sur un mode trinitaire : union des
corps, communion des cœurs et fusion des esprits. Il engage le couple
radicalement dans l’ordre naturel comme dans celui du surnaturel. Il participe
éminemment à l’économie du salut.
Le mariage contracté par deux baptisés prophétise et témoigne du
mariage mystique qu’établit le Christ-Jésus avec l’Eglise son épouse : «
Ce que Dieu a uni que l’homme ne le désunisse pas. »
C’est ce qui amena les Pères de l’Eglise à considérer le foyer
chrétien comme une église domestique, un lieu de grâces, car naturellement
source d’éducation à l’humilité.
Un amour pleinement humain : il est pleinement humain,
car il sollicite la liberté de chacun, aucune force extérieure ne peut y
interférer légitimement – rien n’est plus contraire à la dignité des personnes
que le mariage arrangé -, c’est un engagement aussi profond, aussi radical,
quoique d’une autre nature, que les vœux religieux ou l’engagement
sacerdotal. Le mariage est une vocation
en soi ; elle n’est ni plus digne ni moins
digne que les autres vocations.
C’est un amour fécond, qui ne s’épuise pas dans la communion
entre époux, mais qui est destiné à se continuer en suscitant de nouvelles
vies. Le pape rappelle avec une
grande délicatesse et fermeté, ce que trop
longtemps on occulta dans l’enseignement catéchétique, voir même dans la
préparation au mariage : c’est l’amour dans le couple, entre l’homme et la
femme qui est ordonné au don de la vie, au don de la génération. Il est
important de bien tenir cette catégorie. En aucune façon, l’acte sexuel n’est
en lui-même ordonné au don de la vie, au don de la génération. Certes, l’acte
sexuel est tout à fait essentiel pour le don de la vie, mais sa nature profonde
l’ordonne à l’union des corps et non pas à la génération. C’est une grossière
et dramatique erreur que d’avoir refusé la distinction de ces deux catégories
dans la pédagogie du salut et du couple. Cette confusion fut d’autant plus
dramatique qu’elle subissait le carcan du puritanisme, du jansénisme, du
moralisme. L’erreur venant s’ajouter à ce que l’on enseignait : «
le péché originel portait sur l’acte sexuel. » Avoir enseigné cela est
non pas simplement une erreur, mais une
monstruosité qui plombera l’éducation chrétienne et chargera pour longtemps
d’une croix injuste les couples chrétiens, c’est une faute majeure. On les a
mis dans une situation de culpabilité. ( On ne prendra jamais assez la
mesure de l’hérésie de la Réforme ! Elle sacralisa la morale pour combler
le vide produit par la négation de toute vie mystique. )
Le mariage est aussi le lieu sanctuarisé de l’éducation des enfants.
Il est en droit naturel, le lieu premier pour l’épanouissement de l’enfant.
Nulle autre autorité ne peut agir dans cette mission à moins qu’elle ait été
déléguée comme pour l’école ou que la collectivité,
par le pouvoir judiciaire, soit alors contrainte
de se substituer aux parents défaillants ; mais là encore, c’est toujours
un pouvoir parental délégué.
La paternité responsable :
10- L’amour conjugal exige donc des époux une
conscience de leur mission de « paternité responsable », sur
laquelle, à bon droit, on insiste tant aujourd’hui, et qui doit, elle aussi,
être exactement comprise. […]Par rapport aux processus biologiques, la
paternité responsable signifie connaissance et respect de leurs
fonctions : […] (elle) signifie la
nécessaire maîtrise que la raison et la volonté doivent exercer sur elles. […]
(elle) s’exerce soit par la détermination réfléchie et généreuse de faire
grandir une famille nombreuse, soit par la décision, prise pour de graves
motifs et dans le respect de la loi morale, d’éviter temporairement ou même
pour un temps indéterminé une nouvelle naissance. […] L’exercice responsable de
la paternité implique donc que les conjoints reconnaissent pleinement leurs devoirs envers Dieu, envers
eux-mêmes, envers la famille et envers la société, dans une juste hiérarchie
des valeurs. […], mais ils doivent conformer leur conduite à l’intention
créatrice de Dieu, exprimée dans la nature même du mariage et de ses actes, et
manifestée par l’enseignement constant de l’Eglise.
La paternité
responsable est un concept qui semble faire porter toute la responsabilité de
la procréation sur l’homme, même si son emploi est ici un générique. Paul VI,
dans ce passage, se laisse porter par la culture sociologique ambiante où le
prestige patriarcal reste très fort ; pourtant que ce soit dans la
théologie et les autres sciences comme la sociologie, il est certain que le principe de la procréation doit être
assumé autant par l’homme que par la femme. Il n’y a pas de paternité responsable
sans maternité responsable. Quelle qu’ait été l’intention de l’auteur, cette
partie de l’exposé est unijambiste ! A tort ou à raison, on en ressent une
sorte de mise en accusation du père ! Il n’est pas concevable d’imposer
une vie nouvelle sans qu’il y ait un accord conjoint. Un enfant engage la
conscience du père et de la mère, la conscience du couple. Nous savons que rien
n’est plus éprouvant et douloureux que la venue d’un enfant non désiré ce qui
toutefois ne saurait justifier l’avortement. On sait, qu’il peut y avoir une
entente implicite sur l’accueil des enfants à naître sans qu’il soit nécessaire
de réitérer clairement l’adhésion des deux conjoints. C’est là toute la grâce
et la liberté profonde du mariage chrétien.
Le fait
d’avoir une famille nombreuse, ou pas, ne constitue pas un facteur déterminant pour juger
d’une ‘parentalité responsable’ ;
nous nous trouvons en présence du triple mystère des consciences : celle
du père, de la mère et du couple. Un couple qui n’a qu’un enfant n’est pas en
soi déterminant pour juger de la générosité parentale ; il y a des facteurs psychologiques, sociologiques,
économiques et d’éducation voire d’éducation religieuse. Le jugement est ici
impossible, même s’il est vrai que trop de couples planifient par avance le
nombre d’enfants, à seul fin de préserver un confort moral, matériel et une
plus grande liberté liée au rang social.
Il suffit,
que le pouvoir favorise financièrement les naissances pour que celles-ci se
multiplient. Il y a trop de facteurs, trop de facteurs rationnels et
irrationnels, pour une approche rationnelle de la natalité.
Il est ô combien regrettable que la hiérarchie de l’Eglise de France
n’ait pas cru devoir soutenir des initiatives qui, bien avant le Concile
Vatican II, eussent permis de donner une formation plus approfondie en vue du
mariage chrétien, ce qui aurait favorisé l’éradication des fausses doctrines, des interprétations
sectaires ou moralisatrices à l’excès.
( De l’après concile à maintenant, il subsiste, dans des
mouvements religieux de type Foyers Notre Dame, des courants qui diffusent un
enseignement corrompu, idéologique, radicalement opposé au Magistère. Il faudra
bien un jour en finir avec Babylone !)
Il est un point impératif, le couple chrétien se doit de se
conformer à la loi de Dieu selon l’enseignement de l’Eglise.
Respecter
la nature et les finalités de l’acte matrimonial :
11- Ces actes,
par lesquels les époux s’unissent dans une chaste intimité, et par le moyen
desquels se transmet la vie humaine, sont, comme l’a rappelé le Concile,
« honnêtes et dignes », […] Mais l’Eglise, rappelant les hommes à
l’observation de la loi naturelle, interprétée par sa constante doctrine,
enseigne que tout acte matrimonial doit rester ouvert à la transmission de la
vie.
Deux aspects
indissociables : union et procréation :
12- Cette
doctrine, plusieurs fois exposée par le Magistère, est fondée sur le lien
indissoluble que Dieu a voulu et que l’homme ne peut rompre de son initiative,
entre les deux significations de l’acte
conjugal : union et procréation. […] C’est en sauvegardant ces deux
aspects essentiels, union et procréation, que l’acte conjugal conserve
intégralement le sens de mutuel et véritable amour, et son ordination à la très
haute vocation de l’homme à la paternité.
Il est bien établi dans la pensée du pape que les deux catégories
qui touchent l’articulation du couple sont ici respectées. L’acte sexuel est
bien ordonné à l’union des corps, l’union du couple ; d’autre part, l’amour qui unit
et forme le couple est bien ordonné à la procréation. La procréation ne
se réalise selon le plan divin que si l’amour et l’acte sexuel sont unis
d’intention. Il est juste de rappeler que l’amour et l’union des corps doivent
rester ouverts à la procréation. La pratique de moyens étrangers au corps en
vue d’éviter la procréation est en soi
une fermeture. C’est un acte positivement égoïste qui rompt l’harmonie et
l’union du couple.
( Nous devons ici rappeler que régulièrement le Magistère
condamne la proposition selon laquelle la faute originelle porterait sur l’union
sexuelle de nos premiers parents. Cette proposition engage chaque fois
l’infaillibilité du Magistère. Elle existe toujours dans des milieux rigoristes
assujettis aux courants moralistes qui nourrissent cette erreur doctrinale
majeure. Elle procède généralement d’un besoin irrationnel de justification
primaire, elle doit rassurer. Une disposition psychologique révélatrice d’un
manque d’espérance, d’un affaiblissement dangereux de la foi ; ce qui est
propre aux courants extrémistes qu’ils soient d’une ou de l’autre sensibilité.
)
Le rappel de l’indissolubilité du mariage chrétien et l’exposé
lumineux de ses fondations dans l’ordre de la vérité naturelle et surnaturelle
font comprendre à quel point les dérives actuelles votées par les pouvoirs
politiques concernant des unions contre nature sont de véritables atteintes à
la Gloire de Dieu, mais aussi de dramatiques bombes sociologiques à
retardement.
Nous sommes bien en présence d’une décadence de civilisation sans
précédent. Elle ne peut produire que le délitement des sociétés et encourager
le communautarisme qui pourrait être une solution d’attente face à une crise
que l’on ne peut plus maîtriser humainement.
Fidélité au dessein de Dieu :
13- […]User de
ce don divin en détruisant, fût-ce partiellement, sa signification et sa
finalité, c’est contredire à la nature de l’homme comme de elle de la femme et
de leur rapport le plus intime, c’est donc contredire aussi au plan de Dieu et
à sa volonté. Au contraire user du don de l’amour conjugal en respectant les
lois du processus de la génération, c’est reconnaître que nous ne sommes pas
les maîtres des sources de la vie humaine, mais plutôt les ministres du dessein
établi par le Créateur. […], que l’homme n’a pas sur son corps
en général un pouvoir illimité, de même il ne l’a pas, [..], sur ses
facultés de génération […] « La vie humane est sacrée dès son origine,
elle engage directement l’action créatrice de Dieu. » Jean XXIII
Ce passage est très sévère, il porte vers un idéal absolu qui, pris
comme tel, est tout bonnement inhumain. Pourtant, ni l’Eglise ni Dieu ne sont
des monstres. Ils sont compassion. Revenons au mariage et gardons en tête que
l’amour dans le couple est ordonné à la procréation, que l’acte sexuel est
ordonné à l’union des corps, du couple. Pour autant, les deux sont nécessaires
à la vie communiquée, répandue.
Le mariage chrétien est signe visible d’un don mutuel de personne à
personne. Ce don induit tout de l’autre sans rien retenir de soi. C’est un don
à Dieu au moyen de l’autre auquel on s’unit pour tendre à l’union à Dieu. C’est
à partir de ce sens là du mariage chrétien et de la lumière qui en découle,
qu’il convient d’appréhender l’ordination du couple à la procréation.
On peut comprendre l’angoisse des parents, selon les situations,
devant le défi d’un autre enfant si chaque union était mécaniquement
ordonnée à la vie. La réponse à cette angoisse se trouve dans la générosité qui
ne peut s’étendre en soi que par une vie de prière et au recours régulier des
sacrements.
Pour l’homme et la femme, sur cette Terre, il n’y a rien de
définitif, sauf pour le baptême et le sacerdoce qui sont éternels. Considérons
toute chose comme éphémère, car seul Dieu est un absolu. Il est l’absolu dans
lequel tout s’accomplit dans la perfection absolue, la charité. Le mariage
n’est pas une fin en soi, il est un mode d’appel pour rejoindre Dieu.
L’acceptation de l’idéal du mariage doit être faite par cette
lumière.
Le mariage est un chemin de sainteté aussi noble que la vie
consacrée et il n’est pas inférieur à la vocation sacerdotale, c’est d’une
autre nature. Opposer entre-elles les diverses vocations est un propos de
vieilles filles aigries, radoteuses qui ont laissé leur sourire dans leurs bas
plissés et mérites le coup sabot de l’âne.
Les procédés licites de contraception sont l’abstinence ou le
calendrier de l’ovulation. La décision
doit être concertée dans un climat de grande tendresse et de générosité. La régulation des naissances dans le couple
chrétien nécessite le concours d’un guide spirituel dont il est juste de sonder
la solidité doctrinale.
Par avance, nous demandons pardon au lecteur de quitter la rigueur
intellectuelle pour témoigner de notre propre expérience d’époux :
Le mariage comporte des phases différentes dans le désir sexuel et,
il arrive que le désir ne soit que la recherche d’une satisfaction personnelle,
un appétit égoïste, un besoin irrépressible de se rassurer, de tenir ;
dans ces périodes, il faut redoubler de prières et, il est mieux de réfréner
cet appétit, car il ne répond pas à l’exigence préalable de l’amour. Croyez
notre témoignage pour vrai, il n’est rien que la prière, l’humilité ne puissent
obtenir de Dieu pour le plus grand bien du couple et du foyer.
( Il est une tradition peu connue : dans les sensibilités
religieuses hébraïques, chez les spirituels, les époux sont rarement les
solliciteurs, ils attendent que leurs épouses aillent vers eux, car ils voient
dans cette attitude une inspiration de l’Esprit. ) Ces spirituels, on les
appelle les pauvres de Yahvé. Pourquoi, ne saurions-nous pas nous aussi des
pauvres de Dieu ? Des pauvres si pauvres, qu’ils ne se rassasient jamais
de l’amour de Dieu. Ce n’est que par cette attitude intérieure que l’on peut
certainement refléter la richesse infinie de Dieu au sein même du mariage
chrétien.
Moyens illicites de régulation des naissances :
14- Nous
devons encore une fois déclarer qu’est absolument à exclure, comme moyen licite
de régulation des naissances, l’interruption directe du processus de génération
déjà engagé, et surtout l’avortement directement voulu et procuré, même pour
des raisons thérapeutiques.
Est
pareillement à exclure, comme le Magistère de l’Eglise l’a plusieurs fois
déclaré, la stérilisation directe, qu’elle soit perpétuelle ou temporaire, tant
chez l’homme que chez la femme. ( Paul VI dans le passage suivant rappelle la
condamnation de l’onanisme. ) […] C’est donc une erreur de penser qu’un acte
conjugal rendu volontairement infécond, et par conséquent intrinsèquement
déshonnête, puisse être rendu honnête par l’ensemble d’une vie conjugale
féconde.
On a beaucoup décrié ce passage que l’on qualifia d’inventaire
d’interdits comme-si Paul VI se retenait de toute compassion ; je me
souviens d’une réunion de la pastorale des familles où nous eûmes droit à une
attaque en règle de l’aumônier contre cette encyclique mais surtout contre ce
passage. On avait la nette impression que les responsables s’en trouvaient très
gênés. Ils étaient devenus des artistes dans l’art de l’esquive et faisaient
constamment prévaloir la miséricorde, laissant entendre que tout ceci n’était
guère à retenir et que Dieu pardonnait tout : un Dieu bonasse !
Dans le déroulement de son exposé, il était logique qu’il en vienne
à énumérer ce qu’il ne fallait surtout pas faire, car le pape est un Père
universel, ce qu’il voit pour nous d’abord est un bien supérieur et ce bien
supérieur n’est rien de moins que notre salut. Quel est le papa qui ne résume
pas les interdits à un moment de l’éducation de l’enfant ? C’est une
méthode nécessaire qui permet au sujet de forger son jugement. La perception
des interdits permet au sujet d’exercer l’usage de sa liberté de conscience.
A seule fin de décrédibiliser Paul VI, en jouant sur son
tempérament, on le fit passer pour un monstre froid, pour quelqu’un de
hors-jeu. Une attitude qui ne pouvait venir que d’esprits enfoncés dans une vie
de péchés et enfermés dans une prétention orgueilleuse satisfaisant leur
recherche d’une vérité complaisante.
Licéité des moyens thérapeutiques :
15- L’Eglise,
en revanche, n’estime nullement illicite l’usage des moyens thérapeutiques
vraiment nécessaires pour soigner des maladies de l’organisme, même si on
prévoit qu’il en résultera un empêchement à la procréation, pourvu que cet
empêchement ne soit pas, pour quelque motif que ce soit, directement voulu.
Le bon sens est la signature des vrais intellectuels et la marque
d’une charité enflammée.
Licéité du recours aux périodes infécondes :
16- […] c’est
la prérogative de l’intelligence humaine de maîtriser les énergies offertes par
la nature irrationnelle et de les orienter vers un but conforme au bien de
l’homme. […] Si donc il existe, pour espacer les naissances, de sérieux motifs
dus soit aux conditions physiques ou psychologiques des conjoints, soit à des
circonstances extérieures, l’Eglise enseigne qu’il est alors permis de tenir
compte des rythmes naturels, inhérents aux fonctions de la génération, […]
L’Eglise est conséquente avec elle-même quand elle estime licite le recours aux
périodes infécondes, alors qu’elle condamne comme toujours illicite l’usage des
moyens directement contraires à la fécondation, même inspiré par des raisons
qui peuvent paraître honnêtes et sérieuses. […] dans le premier cas, les
conjoints usent légitimement d’une disposition naturelle ; dans l’autre
cas ils empêchent le déroulement des processus naturels.
Ce passage dément les détracteurs qui ont essayé de faire croire que
Paul VI reliait obligatoirement le rapport sexuel avec la fécondité. C’est
faire silence une fois de plus sur l’ordre des catégories : l’acte sexuel
est ordonné à l’union du couple.
La licéité de la contraception naturelle demande une grande
générosité, un profond respect du conjoint, un état intérieur de sublimation.
C’est bien plus exigeant que la contraception artificielle. Cette proposition
apparaît inacceptable dans une société hypertrophiée par l’individualisme et le
relativisme moral.
Graves conséquences des méthodes de régulation artificielles de la
natalité :
17- Qu’ils
considèrent d’abord quelle voie large et facile ils ouvriraient ainsi à
l’infidélité conjugale et à l’abaissement général de la moralité ! Il n’est pas
besoin de beaucoup d’expérience pour connaître la faiblesse humaine et pour
comprendre que l’es hommes – les jeunes, en particulier, si vulnérable sur ce
point – ont besoin d’encouragement à être fidèles à la loi morale, et qu’il ne
faut pas leur offrir quelque moyen facile pour éluder l’observance. […] que
l’homme, […] ne finisse par perdre le respect de la femme et, sans plus se
soucier de l’équilibre physique et psychologique de celle-ci, n’en vienne à la
considérer comme un simple instrument de jouissance égoïste, et non plus comme
sa compagne respectée et aimée.
Qu’on
réfléchisse aussi à l’arme dangereuse que l’on viendrait à mettre ainsi aux
mains d’autorités publiques peu soucieuses des exigences morales. […] Et ainsi
les hommes, en voulant éviter les difficultés individuelles, familiales ou
sociales que ‘on rencontre dans l’observation de la loi divine, en arriveraient
à laisser à la merci de l’intervention des autorités publiques le secteur le
plus personnel et le plus réservé de l’intimité conjugale.
Si donc on ne
veut pas abandonner à l’arbitraire des hommes la mission d’engendrer la vie, il
faut nécessairement reconnaître des limites infranchissables au pouvoir de
l’homme sur son corps et sur ses fonctions ; limites que nul homme, qu’il soit simple
particulier ou revêtu d’autorité, n’a le droit d’enfreindre.
L’usage généralisé de la contraception artificielle est le résultat
d’un long travail préparatoire des loges maçonniques aidées par des réseaux
dont les médiats. Le député Lucien Neuwirth,
franc-maçon notoire, justifia cette libéralisation de la contraception au
prétexte qu’elle éviterait l’avortement. Cette première étape fut soutenue par
le Planning Familial, association dépendant de la Fondation Rockefeller conçue
pour l’affaiblissement de la culture chrétienne. Au résultat, elle n’était que
la première étape en vue de la libération de l’avortement qui, lui-même, n’était qu’une autre étape en vue de multiplier les
lois attentatoires à la personne humaine que ce soit en génétique ou dans les
dérives contre nature. L’objet de tout ceci étant d’abord l’effondrement de la
culture chrétienne, puis celle de toutes les religions, dans le seul but de
voir régner l’homme raisonnable ! C’est-à-dire le triomphe de la
médiocrité rassurante.
Aujourd’hui, nous savons que l’usage de la contraception médicale
(pilule) est source de cancer et, quel que soit le moyen, nous sommes
maintenant certains que l’emploi d’une contraception artificielle blesse, à la défigurer, la
psychologie de la femme et sa physiologie. Nous avons les confidences d’hommes
qui ne laissent sur ce point aucune ambiguïté ;
la femme qui pratique la contraception artificielle ou qui a subi
un avortement ne vit plus sa sexualité de la même manière. On appelle
cet état « un corps plombé », certains parleront d’un corps mort.
Il ne semble pas erroné d’envisager que la violence faite aux femmes
mais aussi aux hommes, voire aux enfants peut avoir une cause aggravante dans
les pratiques contraceptives et abortives.
L’Eglise garante des authentiques valeurs humaines :
18- On peut
prévoir que cet enseignement ne sera peut-être pas facilement accueilli par
tout le monde : trop de voix -
amplifiées par les moyens modernes de propagande – s’opposent à la voix de
l’Eglise. Celle-ci, à vrai dire, ne s’étonne pas d’être, à la ressemblance de
son divin Fondateur, un « signe de contradiction » ; mais elle
ne cesse pas pour autant de proclamer, avec une humble fermeté, toute la loi
morale, tant naturelle qu’évangélique. Ce n’est pas elle qui a créé cette loi,
elle ne saurait donc en être l’arbitre ; elle en est seulement a
dépositaire et l’interprète, sans jamais pouvoir déclarer licite une chose qui
ne l’est pas à cause de son intime et immuable opposition au vrai bien de
l’homme.
En défendant
la morale conjugale dans son intégralité, l’Eglise sait qu’elle contribue à
l’instauration d’une civilisation vraiment humaine ; elle engage l’homme à
ne pas abdiquer sa responsabilité pour s’en remettre aux moyens
techniques ; elle défend par là même la dignité des époux. Fidèle à
l’enseignement comme à l’exemple du Sauveur, elle se montre l’amie sincère et
désintéressée des hommes, qu’elle veut aider, dès leur cheminement terrestre,
« à participer en fils à la vie du Dieu vivant, Père de tous les
hommes. »
Le pape
rappelle la mission de l’Eglise et qu’elle n’est pas propriétaire ni l’auteur
des lois naturelles ou surnaturelles. Il était très conscient du tollé que
cette encyclique produirait, sans doute ne s’attendait-il pas à être lâché par
ceux qui ont la mission de le soutenir, d’être des points d’appui : sens
du mot cardinal. Nous nous souvenons des déclarations honteuses de certains
représentants du corps enseignant à l’université catholique de Paris et de
quelques vieilles folles de la faculté de Toulouse et de Lille. Des esprits
chargés d’eux-mêmes et contrefaits à la vérité. Véritables prédateurs
d’espérance et de joie.
Ce texte confirme qu’il fut bien et librement de la pensée et de la
décision de Paul VI, pape courage !
Toute cette encyclique manifeste l’amour maternel et paternel de
l’Eglise. Elle révèle un souci permanent de compassion et de bienveillance.
Contre toute accusation, elle ne fait nullement
porter un fardeau que l’homme sujet d’amour de Dieu ne pourrait porter.
Notre amour filial pour l’Eglise nous fait grandir de fierté devant
un texte qui témoigne du plus haut degré du courage spirituel et intellectuel.
Ô quelle abnégation !
Où étaient ceux qui auraient du relier cet admirable
enseignement ?
Où sont-ils maintenant, dans quelle éternité contemplent-ils leurs
actions ?
Permettez-nous l’audace de vous inviter à méditer sur la Sainte
Famille. Elle nous semble être la clef pour affronter toutes les difficultés
que rencontre un foyer chrétien.
Demandons à Marie de nous introduire dans ce sanctuaire sans omettre
d’en appeler à saint Joseph.
Nous trouvons notre nourriture au creuset de cette pauvreté, de cet
authentique esprit de pauvreté. L’homme, quel qu’il soit, ne peut, par lui-même,
apporter de réponses satisfaisantes ; mais si nous nous laissons inviter à
entrer au sanctuaire de la Famille Sainte, il nous sera donné tout ce dont nous
avons besoin et nous découvrirons les merveilles de la doctrine catholique.
Nous la comprendrons de l’intérieur, nous la mangerons comme un aliment. Ne
craignez pas pour votre liberté, elle n’en sera que plus affermie, plus active.
Pour obtenir l’image source de grâces du Sacré Cœur téléphoner
au :09//50/53/02/23
de
Pierre-Charles
Aubrit Saint Pol
LA SAINTE
VIERGE MARIE ENCEINTE
De
DANIEL COULOMB
( santonnier )
Quand vous
allez communier au Corps et au sang de Jésus, prenez Marie avec vous. Elle vous
rendra plus enfant pour recevoir le don de son Fils Bien-aimé. Elle vous
murmura : « Faites tout ce qu’Il vous dira. »
La question pourrait paraître incongrue dans les divers milieux de
la chrétienté et de la catholicité : qui ne sait pas qui est Marie !
On serait fort surpris des réponses des catholiques. On finirait par
croire que Marie est une Grande Inconnue. On se demanderait si elle n’est pas
devenue une sorte d’extra-terrestre à la tête d’une flotte interstellaire,
puisque l’on donne maintenant dans le virtuel.
Il est arrivé, au cours de sessions mariales, d’entendre Marie
d’écrite comme une sorte de poupée Barbie en sucre d’orges et guimauve. Il n’y
a rien là d’excessif.
On nous la présente soit comme une sorte de matrone impassible,
figée dans la pierre ou bien comme une évanescente, un peu comme les jeunes
filles d’Hamilton. Il y a peu, j’entendis un docte prêtre, légèrement diplômé,
affirmer que Marie participerait au jugement final, qu’elle serait associée au
jugement que prononcera son Fils, car son cœur et le sien sont identiques.
Apparemment, si j’en crois ce prêtre, Marie n’est plus une mère, mais une
marchande des quatre saisons en sucrerie et pères fouettards !
D’autres viendront vers vous, le regard austère, sévère et vous
répondront avec une intonation mystérieuse : elle est la mère de Jésus,
elle est la nouvelle Eve. Ce sera juste ! on aura tout dit et, on aura
peut être rien dit, car on n’aura rien compris à Marie.
Dieu est humoriste, prenons garde, il suscitera un enfant qui vous
dira timidement : Marie, c’est la maman du ciel ! Et là, oui, on peut
affirmer que tout est dit, tout est résumé.
Marie naquit de son père Joachin et de sa mère Anne.
Marie naquit selon les lois de la biologie et de la génétique.
Marie est fille de l’humanité, fille d’Adam et Eve. Son héritage
génétique est celui de la lignée d’Aaron et de David, celle de tous les
patriarches post-diluviens et antédiluviens.
Marie fut une femme véritablement femme sur cette Terre. Elle fut
nourrie et élevée comme tout un chacun. Certes comme beaucoup de filles de sont
époque, elle fut élevée au Temple et en sortit pour recevoir Joseph comme
époux.
Marie a un corps comme celui de tout mortel avec les cinq sens dont
elle eut une parfaite maîtrise sur cette Terre par la grâce de prédilection,
prévenance du Père Eternel, ne devait-elle pas accueillir son Fils Unique, le
Verbe, Deuxième Personne de la Trinité.
Son Assomption confirme que son corps chaste et pur est bien un
corps humain. La différence fondamentale entre Marie et le reste de l’humanité
vient de ce qu’elle jouit, par anticipation, de la grâce du salut que nous
méritera son Fils Jésus par sa Passion et sa Résurrection.
Marie est Immaculée. Elle est l’Immaculée.
Marie, après la chute d’Adam et Eve, est la première créature sur
Terre à avoir vécu dans l’Etat de grâce qui prévalait avant la faute.
Marie est notre Maman du Ciel ! : « Près de la
croix de Jésus se tenait sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas,
et Marie la Magdaléenne. Jésus donc, voyant sa mère et, près d’elle, le
disciple qu’il préférait, dit à sa mère : « Femme, voilà ton fils.
« Ensuite il dit au disciple : « Voilà ta mère. » Et, dès
cette heure-là, le disciple la prit chez lui. » (Jn. 19, 25-27)
Jésus par ces paroles confirme ce que recelait sa maternité
divine : être la mère de l’humanité en route pour le salut que son Jésus
venait d’ouvrir. Certes Marie, mère de l’humanité, a une maternité spirituelle
universelle, on serait dans l’erreur de croire que cette maternité s’arrête là.
Marie, en donnant sa chair et son sang à son fils, au Fils de Dieu, n’est pas
devenue simplement la Mère de Dieu, mais comme sa chair fut crucifiée, que son
sang fut versé sur la Croix, elle est devenue pleinement une mère, plus mère
que la mère naturelle de tout fils et fille d’homme.
Sa maternité sur l’humanité est une maternité réelle, intense. C’est
en fils et fille qu’il faut s’adresser à elle avec au tant de réalité que si on
s’adressait à sa mère naturelle. La relation avec Marie, mère de Jésus, est une
relation qui, quoique spirituelle, n’en n’est pas moins réelle, réaliste,
concrète.
Les paroles de Jésus sur la croix la désignant pour mère du genre
humain, répondent au fiat de l’Annonciation et à l’invitation de Marie à
Cana : « Faites tout ce qu’il vous dira. »
Pour un catholique, la relation
de Marie dans sa vie de tous les jours doit être une relation plus
étroite qu’avec sa mère naturelle, plus intime qu’avec son épouse et époux.
Elle veut être présente en toute chose même les plus serviles, car elle assuma
pleinement sa nature humaine, sa condition de créature. Co-Rédemptrice, elle
veut que rien de l’activité de l’homme et de la femme n’échappe à l’économie du
salut. Jésus donne à sa Mère la mission d’aider chacun d’entre nous à entrer
dans la vie d’union avec Lui. Il veut faire de notre âme et de notre corps sa
demeure, une maison de consolation et de joie. Jésus veut que l’on vienne à Lui
par sa Mère.
Dans ce réalisme marial, si votre prière est vraiment celle d’un
enfant à sa mère, soyez certains que vous vous adresserez à Jésus comme un
frère bien-aimé, un frère et une sœur cadet. Vous sentirez combien vous êtes un
fils et une fille pour le Père Eternel. Progressivement, vous entrerez dans le
mystère du Père. La Sainte Trinité fera de vous sa demeure, vous serez sa
complaisance.
Marie en donnant son corps et son sang pour constituer le corps du
Verbe en la personne de Jésus est devenue la Mère de Dieu, elle est devenue
également comme le dit Jean-Paul II : « La Dame eucharistique. »
Car lorsque que le prêtre consacre l’hostie et le vin, ils deviennent chair et
sang de Jésus et donc chair et sang de Marie.
Quand vous allez communier au Corps et au sang de Jésus, emportez
Marie avec vous. Elle vous rendra plus enfant pour recevoir le don de son Fils
Bien-aimé. Elle vous murmura : « Faites tout ce qu’Il vous
dira. »
LES TRESORS DE L’EGLISE
La rédaction décide de
publier des ouvrages passés dans le domaine public, suivant en cela les
conseils d’un ami, Monsieur Belledent, l’une des plus éminentes personnalités
de notre diocèse en matière culturelle et intellectuelle.
Nous voudrions par cet autre
moyen faire découvrir la richesse de la culture religieuse, mystique et
générale qui éclot dans le cadre de la Révélation Chrétienne.
Nous souhaitons contribuer à
faire découvrir ou redécouvrir un patrimoine inégalé que ne cesse de susciter
la culture chrétienne mais aussi plus précisément l’Eglise Catholique
Apostolique et Romaine.
Pour commencer cette
nouvelle démarche, nous avons choisi l’ouvrage du Père Ludovic de Besse ;
il nous semble correspondre au mieux à la demande pressente de Sa Sainteté le Pape Benoît XVI.
Cet ouvrage, admirablement
bien écrit et d’un abord facile, tente de répondre à la question : comment
prier ? « Seigneur, apprends-nous à prier. »
Par le
Père Ludovic de Besse,
capucin.
Selon la
troisième édition, 1903
( Société et Librairie saint François d’Assise & J. Duculot, éditeur)
NOTICE
Le Père
Ludovic de Besse, dans le monde Alphonse Elisée Chaix, naquit en Provence le 17
octobre 1821. il mourut à San Remo en Ligurie le 8 octobre 1910. Il repose au
cimetière de cette ville dans le caveau des Frères Mineurs capucins. Ce fut un
religieux éminent, un prédicateur distingué et apostolique, un directeur d’âmes
prudent, un homme d’œuvres et un économiste, un écrivain abondant et réputé, un
docteur mystique enfin.( Père. Ulbald D’Alençon)
Lettre du
Révérendissime Père Général des Carmes Déchaussés.
Mon Très Révérend et bien cher Père,
Je viens
vous remercier de fond du cœur de la réfection spirituelle que m’a procurée la
lecture de votre excellent livre intitulé : La Science de la Prière. Si
une pareille science, comme Votre révérence le dit, doit être cherchée à
l’école et dans les œuvres des saints qui l’ont d’abord pratiquée, vous ne
pouvez pas manquer votre but en la puisant surtout dans les oeuvres du mystique
docteur Jean de la Croix, de notre séraphique mère sainte Thérèse, de saint
François de Sales, de sainte Jeanne de Chantal, qui sont des maîtres
incontestés en cette science divine.
Mais il n’est pas donné à tout le monde de la puiser à des
sources aussi pures, selon votre juste remarque. Alors, il faut la chercher
cette doctrine des saints, « dans les auteurs qui résument leurs
enseignements, qui les rendent accessibles au commun des lecteurs, en les
présentant avec ordre et avec méthode. »
Si cela est vrai, permettez-moi d’affirmer, mon très Révérend
Père, que votre livre vous range parmi ces auteurs dont vous venez de parler.
Il vous fixe une place honorable à côté de votre illustre confrère italien, le
P. Bernado de Castelvetere. Dans on Directoire ascético-mystique, il nous offre
avec une merveilleuse clarté et simplicité la pratique de cette théorie que
Votre Révérence tire comme lui, avec une pareille simplicité et clarté, des
ouvrages insignes des saints et d’une manière toute spéciale de notre saint
Père Jean de la Croix.
Je ne veux point blesser votre modestie, mon Très révérend Père,
mais, à mon humble avis, votre ouvrage est destiné à faire du bien. Une
doctrine sûre, que vous possédez à fond et que vous exposez clairement, d’une
manière simple et naturelle, fait de ce beau livre un vrai petit trésor e son
genre. Il devrait être entre les mains de toutes les personnes adonnées à l’oraison.
Il devrait surtout être aux mains du clergé qui pourrait y puiser pour
lui-même, avec une extrême facilité, la science théorico-pratique de l’oraison.
Il y trouverait en outre très sûre et éclairée direction pour les âmes appelées
à la perfection par le commerce intime avec Dieu.
Pour finir cette lettre déjà longue, je vous prie, mon Très
Révérend Père, de recevoir mes plus vives félicitations. En même temps je vous
remercie d’avoir si bien parlé de la doctrine mystique de mon Père saint Jean
de la croix. Au dire de l’Aigle de Meaux, il est en mystique ce que l’Ange de
l’école est pour la théologie. Puisse votre livre faire mieux connaître et
aimer la mystique de ce grand saint ! car je crains bien que sa doctrine,
de nos jours, ne soit pas assez comprise. Je crains qu’à force de redouter les
illusions auxquelles sont exposés quelquefois les âmes intérieures, on ne
finisse par les éloigner de ce commerce intime avec Dieu qui de tout temps a
formé les grands saints.
En me recommandant à vos prières, j’ai l’honneur de vous
présenter, mon Très Révérend Père, l’hommage de mon profond respect De Votre
Révérence, le très humble serviteur,
Fr. Rinaldo Marie de Saint Juste, Préposé général des carmes
Déchaussés.
CHAPITRE I
Définition de la
Prière
Le moyen infaillible de mal prier est de
concevoir une idée trop basse de la prière. C’est e cas d’un grand nombre de
chrétiens peu instruit de leur religion. L’égoïsme les domine et les inspire.
Prier est à leurs yeux un devoir désagréable mais nécessaire pour apaiser Dieu.
Ils veulent se le rendre propice, obtenir d’abord de lui les biens de ce monde,
puis enfin les biens de la vie éternelle. Au demeurant, on intervertit les
rôles. On prétend, à l’aide de la prière, forcer le créateur à se faire
l’humble serviteur de sa créature.
Que des idées si grossières entrent dans
l’esprit des païens, on le comprend. Mais les chrétiens ont reçu des
enseignements révélés faits pour élever leur pensée beaucoup plus haut. Quelle
idée doivent-ils avoir de la prière ?
Si l’on s’en tient à la réponse de Notre
Seigneur à ses apôtres quand ils l’interrogèrent sur ce sujet, la prière est
proprement l’exercice des trois vertus théologales : la foi, l’espérance
et la charité. En effet, il a tout réduit au Pater qui commence par ces
demandes : « Que votre nom soit sanctifié ; que votre règne
arrive ; que votre volonté soit faite sur la Terre comme au ciel. » Examinons-les
l’une après l’autre, sans nous occuper des quatre demandes qui suivent. Car ses
dernières découlent des premières et en sont l’application pratique.
Sanctifier le nom de Dieu, c’est connaître
Dieu à la façon des anges ; c’est admirer ses perfections infinies et
s’écrier avec les Séraphins : « Saint, Saint, Saint est e
Seigneur, le Dieu des armées. La Terre entière est pleine de sa gloire. »
(Isaïe, VI, 3) Mais la foi catholique est seule capable de nous élever à
une connaissance si sublime de Dieu et de nous faire proclamer avec les anges
la sainteté de son nom. La prière est donc tout d’abord un exercice de la vertu
de foi.
Elle est ensuite l’exercice de la sainte
espérance et de la pure charité. Nous disons : Que votre règne
arrive ! Il ne s’agit pas d’un règne temporel. Dieu possède
essentiellement ce règne sur les créatures matérielles. Sous ce rapport, il n’y
a rien à lui souhaiter. Le soleil et les astres dans le ciel ; l’air,
l’eau, le feu, les plantes et les animaux de cette Terre ont toujours observé
et observeront jusqu’à la fin des temps les lois que le créateur leur a
données. Quant au gouvernement des hommes, il y a d’abord le gouvernement
temporel. Mais Dieu ne veut pas l’exercer directement ici-bas. « Mon
royaume n’est pas de ce monde », a répondu Jésus à Pilate. (Jean, XVIII,
36) Quel est donc le règne de dieu dont il nous faut souhaiter et demander
l’avènement ? C’est son règne sur nos cœurs, règne tout spirituel qui est
le fruit de la confiance et de l’amour.
Dire à Dieu : Que ton règne
arrive ! équivaut par conséquent à lui dire : Dilatez mon cœur
par le sentiment de votre bonté et remplacez-le envers vous d’une confiance
filiale ; faites-moi apprécier à leur juste valeur les bien-faits dont
vous me comblez… et la reconnaissance débordera de mon âme. Daignez révéler
votre beauté, vos perfections infinies…et je mettrai en vous mes complaisances,
en vous aimant par-dessus toutes les créatures. Oui, établissez en moi votre
règne par l’espérance et par la charité. Devenez le maître de mes sentiments.
Pour rendre agréable à Dieu cette seconde
demande du Pater, il faut désirer sincèrement l’établissement de son
règne sur notre cœur. Et l’on ne saurait
avoir de tel désir, si l’on ne croit pas à la possibilité de ce règne. Non
seulement il faut croire à sa possibilité, mais il faut l’espérer avec certitude.
Cette demande est donc un acte de la vertu d’espérance.
D’autre part, il serait téméraire de tout
attendre de la bonté de Dieu. Il convient de joindre à notre espérance la
résolution de faire ce qui dépend de nous pour l’établissement de ce règne.
Aussi Notre –Seigneur nous fait ajouter aussitôt : Que votre volonté se
fasse comme les anges et les saints l’accomplissement dans le ciel. » C’est
là un acte d’amour, de pure charité. Dieu devient ainsi le maître de toutes nos
actions, après être devenu le maître de notre intelligence et de nos
sentiments.
Quand les Carmélites supplièrent sainte
Thérèse de leur apprendre à faire oraison, elle répondit à leur désir en
écrivant un délicieux traité, un chef d’œuvre de direction spirituelle, Le
Chemin de la Perfection. Eh bien ! tout, dans ce livre, converge vers
l’explication du Pater. On prie, quand on a l’intelligence des demandes placées
par Notre –Seigneur dans l’Oraison dominicale. On ne prie pas ou on prie mal,
si on fait à Dieu des demandes qui ne se rattachent en rien à celles du pater.
Toute prière doit donc se produire dans la foi, dans l’espérance et dans la
charité. C’est ainsi qu’elle peut devenir une prière parfaite.
Pour terminer, voici une définition de la
prière due au Docteur Angélique. Nous la prenons dans saint Alphonse de Ligori
avec les commentaires dont il l’accompagne. Elle est placée en tête d’un
précieux traité de ce saint où sont accumulés mille textes de l’Ecriture et des
saints Pères. Nous irons souvent puiser à cette source. Ce petit livre de saint
Alphonse est intitulé : Du grand moyen de la prière.
« L’Apôtre, dit-il, écrivait à
Timothée : Je vous conjure donc d’avoir soin surtout que l’on fasse des
« obsécrations », des « supplications », des
« demandes », et des « actions de grâces » (Ti. II, 1)
« Le docteur angélique, saint Thomas,
expliquant ce passage ( 2a.2ae Sent.q.83, art.17), dit que la prière est une
élévation de l’âme vers dieu pour en obtenir quelque grâce. Lorsqu’elle a
pour objet des choses déterminées, la prière s’appelle proprement demande ;
lorsque les choses ne sont pas déterminées, par exemple, quand nous
disons : « Mon Dieu, secourez-moi ; in adjutorium meum
intende » ; c’est une supplication. L’obsécration est une
pieuse adjuration ou instance pour obtenir la grâce que l’on désire, comme
lorsque nous disons : Par votre croix et par votre Passion,
délivrez-nous, Seigneur. Enfin, l’action de grâces est le remerciement
que nous faisons pour des bienfaits reçus, et par lequel, dit saint Thomas,
nous méritons d’en recevoir de plus grands : Gratias agentes meremur
accipere potiora. »
Bornons-nous à ces définitions et
poursuivons notre étude.
CHAPITRE II
Nécessité de la
Prière
Tous, nous nous en allons d’un pas rapide
vers la mort. Mais notre âme est immortelle et Dieu l’attend au-delà de la
tombe. Il nous a promis de nous recevoir chez lui et de nous faire participer à
ses joies éternelles, si , avant de quitter la Terre, nous consentons à devenir
ses amis.
Dans quelles conditions pouvons-nous
mériter son amitié ?
La principale est de ne pas l’oublier, mais
de le chercher avec la ferme résolution de croire en lui, de lui obéir et de
l’aimer. Voilà le moyen d’obtenir en ce monde son amitié.
De nos jours, beaucoup d’honnêtes gens, qui
dédaignent de prier, marchent tranquillement vers la mort, en se fint à leurs
vertus naturelles. Ils se flattent d’être accueillis là-haut avec toutes sortes
d’égards et de traités en raison de leurs mérites.
Certes les bonnes actions sont dignes de
récompense, et Dieu, qui est la justice même, n’en laissera aucune sans lui
accorder amplement tout ce qui lui est dû. Mais, eût-on faits des milliers de
bonnes œuvres, si on ne les a pas faites en vue de Dieu, elles ne suffiraient
pas pour mériter son amitié.
Nous avons tous la liberté de choisir nos
amis. Nous ne permettrions à aucun homme de forcer notre porte et de venir
s’asseoir, malgré nous, à notre table,
quand même il serait plein de talents et de vertus. Il faut, au préalable,
qu’il nous soit présenté, qu’il nous plaise et qu’il attende ensuite nos
invitations. Peut-on refuser à Dieu le même droit d’être maître chez lui et de
choisir son monde ?
C’est bon d’avoir des vertus. Mais les
vertus sont des richesses morales comparables aux richesses matérielles. Pour
considérer un riche, il faut voir l’usage qu’il fait de sa fortune. On
l’estime, s’il en use bien, s’il en consacre une partie en bonnes œuvres ;
on le méprise, s’il s’en sert pour corrompre et pour voler.
Si vous êtes honnête pour votre profit,
pour vous complaire en vous-même…vous agissez en égoïste, en orgueilleux. Si
vous pratiquez la vertu comme les pharisiens, pour vous attirer les louanges
des hommes, vous êtes un vaniteux. Jésus-Christ disait de ces gens :
« Ils ont reçu leur récompense » Matth. VI, 2 en
recevant des éloges et ils n’en recevront pas d’autre. Saint Augustin
ajoute : Vani, vanam. Ils sont vains, vaine sera leur récompense.
Vous avez fait du bien sans penser à Dieu,
quand il vous ordonnait de le faire pour lui obéir et pour gagner son
amitié ; comment vous flattez-vous d’en être éternellement récompensé ?…
A coup sûr, ce ne sera pas en devenant le commensal de Jésus-Christ, puisque
vous avez daigné de l’aimer. Retrouverez-vous du moins les affections des
créatures et autres jouissances perdues au moment de la mort ? … Vous
teniez ces biens de la libéralité de
Dieu et vous n’avez pas su l’en remercier ; il serait étrange qu’il
récompensât votre ingratitude, en vous les rendant de nouveau et pour toujours.
Non, il n’y a qu’un moyen d’arriver au
bonheur éternel, c’est d’accomplir le premier et le plus grand de tous les
commandements : « Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout
votre cœur, de tout votre âme, de toutes vos forces et de tout votre
esprit ».Luc X, 27 Or, ce commandement s’accomplit dans la
prière et par la prière.
Pour aimer quelqu’un, il faut le connaître,
le fréquenter… Eh bien ! priez Dieu et par là même vous vous rapprochez de
lui. Saint Paul enseignait cette vérité aux savants de l’Aréopage :
« Quoique Dieu ne soit pas loin de nous, leur disait-il, puisque
nous avons en lui la vie, le mouvement et l’être, cependant nous devons le
chercher avec l’espoir e le toucher ou du moins de le trouver ».Act.XVII,27-28
Nous ne pouvons pas voir Dieu en ce
monde ; mais il fait sentir sa présence aux cœurs droits qui l’invoquent
avec respect, avec confiance et avec amour. En nous ordonnant de l’aimer et de
l’adorer, il a pris l’engagement de nous écouter et de nous exaucer. Quand nous
l’oublions, nous nous éloignons de lui et il s’éloigne de son côté. Au
contraire, pensons à lui ; aussitôt il se rapproche de nous et, dans le
contact intime de la prière, il finit par devenir notre ami… Ainsi entre peu à
peu dans les âmes la pure charité qui les rend dignes des récompenses
éternelles.
Telles sont les raisons de la nécessité de
la prière.
Elle est nécessaire, d’abord pour acquérir
l’amitié de Dieu, si on a perdu la grâce du baptême, en tombant dans le péché
mortel. Si on a conservé cette grâce, elle est nécessaire pour entretenir, pour
fortifier et développer notre intimité avec Dieu par un exercice fréquent des
vertus théologales.
Enfin, elle est nécessaire pour triompher
des tentations qui nous portent au mal et qui viennent de notre nature
corrompue, de la malice du démon ou des scandales du monde. Livrés à
nous-mêmes, nous sommes trop faibles pour résister à ces entraînements. Nous
avons besoin du secours de Dieu et, pour l’obtenir, il faut le lui demander.
Nous venons de le dire : les vertus,
sans la charité, ne sauraient nous rendre les amis de Dieu. Et trop souvent,
pour refuser d’aimer Dieu, on manque de vertu.
C’est la charité qui les procure le mieux en inspirant le désir de
devenir semblable à Dieu, par une conduite irréprochable. « Soyez
parfaits, comme votre Père céleste est parfait »Matth. V, 48, a
dit Jésus-Christ. Le moyen de plaire à Dieu est de tendre pour l’amour de
lui à cette perfection. On y réussit, quand, par des prières assidues et
ferventes, on se procure avec abondance le secours de sa grâce.
Les partisans de l’honnêteté naturelle
s’arrêtent dans les complaisances de leur amour-propre et ne vont pas jusqu’à
l’amour de Dieu. Ils ne sont nullement sûrs de rester debout, si leur vertu est
soumise à de trop fortes épreuves. Et puis, que vaut une honnêteté qui,
respectant les droits des créatures, ne respecte pas les droits du Créateur ?
… Au contraire, celui qui aime Dieu sincèrement est certain, en recourant à la
prière, de vaincre tous ses ennemis. S’il lui arrive de tomber, la prière sera
sa planche de salut. Elle lui permettra de se relever et même de tirer le bien
du mal en profitant de sa chute pour devenir plus humble, plus prudent, plus
attaché à Dieu par la confiance, par l’amour et par un désir ardent de réparer
ses fautes dans l’exercice des bonnes œuvres et de la pénitence.
Ce sont là autant de vérités révélées.
Quelques-unes sont des dogmes de la fi catholique. Elles reposent sur des
textes innombrables de la sainte Ecriture et de la tradition. Nous allons citer
les principaux.
Voici d’abord quelques paroles de Notre
–Seigneur :
« Il faut toujours faire oraison,
sans jamais se lasser. » Luc. XVIII, 1
« Veillez et priez, afin de ne pas
succomber à la tentation. » Mat. XXVI,
41
« Demandez et vous recevrez. »
Jean, XVI, 24
Saint Augustin a dit : « Dieu
veut nous donner ses grâces ; mais il ne les donne qu’à celui qui les
demande. » (Sur le Ps. 102) -
Il dit encore : « Comme notre corps est nourri par les aliments,
l’homme intérieur (c’est à dire l’homme moral, vertueux) est nourri par ses
oraisons. » (De Sal. Doc. ,c. LXXVIII.)
Saint Chrysostome tient le même langage.
(De Orat. D. , 1. I)
Le docte Lessius s’exprime en ces
termes : « C’est un article de foi que la prière est nécessaire
aux adultes pour arriver au salut. » (De just. , 1.II,c.XXXVII, d.3)
D’après saint Alphonse de Ligori, il s’agit
ici, non d’une nécessité de précepte qui admet des exceptions, dans les cas
d’ignorance, d’impossibilité, etc. , mais d’une nécessité de moyen. Les navires
sont des moyens nécessaires pour traverser l’océan ; les ballons, pour
s’élever vers le ciel, etc. Ici, les excuses ne servent de rien. Si vous
refusez de monter en ballon, vous ne vous élèverez jamais dans les airs. De
même si vous négligez de prier, vous n’irez jamais en Paradis.
Saint Alphonse de Ligori conclut en ces
termes : « Tous les bienheureux, hormis les enfants, se sont
sauvés par la prière. Tous les damnés se sont perdus pour n’avoir pas prié.
S’ils eussent prié, ils ne se seraient pas perdus. Leur plus grand désespoir
dans l’enfer est et sera toujours d’avoir pu se sauver avec tant de facilité,
en demandant à Dieu les grâces dont ils avaient besoin, et de n’être plus à
temps de les demander. »
Il
faut donc choisir : ou bien vous vous rapprocherez de Dieu en
priant, vous deviendrez alors son ami, vous serez enrichi de vertus et de
mérites, en proportion de la ferveur de vos prières, et vous irez sûrement au
ciel jouir d’un bonheur éternel. Ou bien vous refuserez de prier, et vous
resterez loin de Dieu. Mais, être loin de Dieu, c’est, sur la Terre, une grande
misère morale, fût-elle voilée sous les plus belles apparences ; et vivre
loin de Dieu après la mort, c’est l’enfer.
Carles Vernet
Nos pères athéniens n’ont pas rêvé la démocratie, ils l’ont voulue
et construite… Ce fut leur contribution intellectuelle à la cité ; ils lui devaient cette concrétisation. Elle
surgissait après des siècles d’un pouvoir absolu qui ne répondait plus aux
nécessités des éclosions de la pensée.
Leur tort
fut de croire qu’ils pouvaient l’exporter. Ils
pensaient que les autres cités avaient suivi une identique évolution et
qu’elles avaient la capacité à faire sien ce nouveau mode de gouvernement.
Fatale erreur ! Ils ne discernèrent pas, qu’ils étaient les prophètes d’un
âge à venir… Ils ensemençaient dans un océan d’incertitudes. Cette expérience
ne pouvait pas s’exporter. Son exportation fut fatale à Athènes. Si les idées
ne meurent jamais, elles ont besoin de
sacrifice. Elles ne se réalisent que si elles entrent dans l’écho sacral des
prophètes tragiques.
On se plait à dire que la démocratie est le pouvoir du peuple, pouvoir
qu’il délègue… On est en droit, pour l’Occident, d’affirmer
que pendant près de huit cents ans la démocratie ne cessa d’être pratiquée. Il
suffit de regarder dans le rétroviseur du bon sens de l’histoire, on
s’apercevra que le pouvoir en France n’a jamais cessé d’être délégué, pour
rejoindre un principe fédératif en une personne…
On découvrira avec effarement
que la période qui précéda la démocratie moderne, est celle qui se coince comme une « pute
malpropre » entre la fin du XVIeme siècle et sa putréfaction
dans le XVIIIeme.
Le pouvoir
absolu ne fut absolu que dans une vision tronquée, mortellement fausse. Il est
vrai que les Bourbon ont atteint, dans le gouvernement des hommes, des sommets
de sottise ; que voulez-vous, ils se sont pris pour Dieu.
Et, ils n’étaient que des nains, sauf un, mais on ne lui permit
pas de devenir un géant, on s’en assura en lui coupant la tête : les
cons !
A dire vrai,
les principes démocratiques de l’ère moderne ont épuisé leur émerveillement,
car leur origine est le résultat d’un effroyable malentendu, un mensonge
permanent… C’est devenu maintenant une grande surface de farces et attrapes.
Une risible maison close, à la lumière tamisée pour éviter de voir le sol
s’ouvrir sur les égouts des vaniteux et des
illusionnistes.
Notre
démocratie actuelle n’a jamais porté à l’espérance. On confondit la liberté
avec la démocratie, comme si ce mode de gouvernement était la garantie du
respect des libertés fondamentales. Quelle bêtise !
La
démocratie s’est imposée comme un mal nécessaire pour devenir un mal radical, vertigineux.
Il y a
quelques semaines, la Hollande déclara
irrecevable le fait que l’on puisse arguer de la liberté de conscience face à
des actes que la loi permet mais qui sont contraires à la conscience
individuelle. La liberté de conscience se trouve bannie dans un pays reconnu
comme étant, avec l’Angleterre, le bastion de la
démocratie…
Dans nos veilles démocraties, on tend à la même chose. Il devient
difficile de dire « non » aux dérives contraires à la loi naturelle,
au droit naturel…
La
démocratie actuelle est atteinte d’abcès purulents qui nourrissent les approchantes dérives
totalitaires…
Les groupes
de pression ont une responsabilité terrifiante, et notre classe politique se signale, face à
eux, par une lâcheté sans fond, indicible.
Notre démocratie est malade, elle ne nous protège plus ni de
l’absurde ni du grotesque tragique, car son origine est mauvaise.
Il ne s’agit pas de démocratie, ni de
dictature, mais d’un combat bien plus au-dessus de tout cela ; il fait
parti intégrante de la grandeur de l’homme et de sa cité… Le combat est un
combat pour la liberté de l’homme, car elle est liée étroitement à sa dignité…
Posons--nous
donc la question sur les fondements moraux, spirituels, culturels de la liberté,
de nos libertés fondamentales, nous retrouverons peut être le chemin d’une
saine démocratie avec un principe d’autorité stable, transparent… Quel que soit
le régime de gouvernement, il n’y a de liberté que dans le respect du droit
naturel, de la loi naturelle et de la morale qui en découle ; cette base
est commune à toute l’humanité.
Il est peut-être trop tard, mais il faut malgré tout relever le
défi, car nous allons très vite vers une dictature qui ne pourra se maintenir
que par le sang des peuples et s’opposera au salut de l’humanité et à toute
transcendance véritable…
Qui osera faire entendre les silences à travers le magma infernal
des conservatismes et des conformismes ?
JEAN PHILOPON
MAITRE DE CONFERENCE
A L’UNIVERSITE OCCIDENTALISTE ET CHRETIENNE DE PATAGONIE
IV
Dominique : « - Nous admîmes la dernière fois
l’existence d’une intelligence supérieure à l’origine de la création. Nous
l’appelâmes Dieu.
Que pouvons-nous dire de Dieu par nos seuls moyens
naturels ?
Que pouvons-nous dire des raisons qui le poussèrent à
créer ?
Jules : - Dominique, tu n’as pas
ton pareil pour rendre la digestion difficile. On te pardonne ! Sur un
feuilleté de filets de truite, marinés au vin blanc et aux herbes, c’est
monstrueux.
Thomas : - Jules, fume ta pipe, tu
t’en remettras. Il est vrai que les questions soulevées nous donnent la fièvre.
Augustin : - Paul de Tarse nous
dit, dans sa lettre aux Hébreux, que toute la création révèle sa gloire,
c’est-à-dire ce qu’Il est.
Henric : - C’est bien gentil, mais
ça ne révèle par grand chose du point de vue philosophique et Paul n’était pas
philosophe. On y reviendra plus tard.
Scoty : - Quelle raison poussa Dieu
à créer ? Peut-être voulait-il faire partager la plénitude de son
amour !
Léon : - Quelle assurance
avons-nous que Dieu nous aime par la seule observation naturelle, qu’Il est
amour ? Sans la Révélation, il est impossible de répondre à ces
questions ; toutefois, la Révélation n’est pas de l’ordre de la
philosophie, c’est de l’ordre de la foi.
Thomas : - Il nous faut revenir à
l’homme. Nous savons que les qualités en lui n’ont pu surgir spontanément, car
à l’origine, avant qu’homme il ne soit, le vivant dont Dieu va se servir pour
le créer n’est qu’un animal, le plus évolué de la chaîne, mais un animal. Or,
en lui-même, l’animal n’a aucune qualité, ce n’est pas une personne. Il n’a pas
d’histoire. Il est de l’ordre de l’instinct, de l’émotion. Il n’a pas
conscience qu’il existe.
Jules : - Alors mes amis, à nous
d’inventorier ce qui nous différencie de l’animal, peut-être nous
approcherons-nous des qualités de Dieu. Soulignons que Dieu est une qualité.
C’est une qualité absolue.
Augustin : - L’homme est sensible,
comme l’animal, il peut souffrir physiquement et comme lui, il a peur, il peut
être terrorisé ; à cette différence, que seul l’homme et la femme
expriment ce sentiment.
Scoty : - Donc ce qui distingue
l’homme de l’animal est le fait qu’il exprime ce qu’il ressent. Il raisonne.
L’animal certes exprime sa souffrance et sa joie, mais il ne peut raisonner sur
elles. Ce que ressent l’animal est une donnée figée qui ne sert à rien.
Dominique : - L’homme crée à partir
de ce qu’il ressent ; il construit son histoire. Dieu, en créant pour l’homme
et créant l’homme pour lui, se donne un cadre historique ; la matière
n’introduit-elle pas le concept d’espace et de temps ? Et pour qu’il y ait
l’histoire, il faut un espace ce qui induit le temps, la durée.
Léon : - Si l’homme raisonne, c’est
qu’il est intelligent, ce qui induit que Dieu est intelligent. L’homme n’a de
l’intelligence que parce qu’une origine intelligente veut qu’il le soit, car
l’animal ne peut désirer ce qu’il ne connaît pas.
Henric : - A voir ce que l’homme
fait de son intelligence, on se demande si Dieu était bien intelligent de la
lui donner ?
Thomas : - Tu frises le
blasphème !
Henric : - C’est possible ! il
faut bien se poser quelques pourquoi et comment.
Dominique : - L’homme est
intelligent, Dieu l’est aussi. L’homme
est capable de sentiments, Dieu également. Dieu, dit-on, veut l’homme semblable
à lui. Dieu aime, donc l’homme doit aimer.
Scoty : - Oui, pour autant cela ne
nous dit pas pourquoi Dieu s’est révélé Créateur. Car enfin, si Dieu est Dieu,
il peut se suffire. Qu’a-t-il besoin d’autre chose, d’un autre quelqu’un ?
Léon : - Nous sommes bloqués !
Jules : - Comment cela,
bloqué !
Léon : - Pouvons-nous expliquer les
raisons de l’acte créateur de Dieu sans tenir compte de la Révélation ? Ne
sommes-nous pas chrétiens !
Dominique : - Que nous dit la
Révélation de Dieu ? Qu’Il est Un et Trine ! Un Dieu en trois personnes égales en
nature, dignité. Elle nous apprend que cette Sainte Trinité est le foyer de charité
par excellence. Un Dieu d’amour !
Thomas : - Si le Dieu Unique est un
foyer d’amour cela révèle que chacune de ces Trois Personnes aime les deux
autres d’un libre mouvement. Dieu est donc un être fondamentalement libre.
Augustin : - Des qualités de Dieu,
l’amour est à la première place. Si donc l’amour est une des perfections de la
Sainte Trinité, cela veut dire que la Vérité est une perfection égale à
l’amour.
Henric : - C’est aller un peu
vite !
Léon : - Non pas ! L’amour
peut-il cohabiter avec le mensonge, le doute ? C’est impossible.
Impossible pour Dieu qui a toutes les perfections. Donc, nécessairement,
l’amour trinitaire est vrai. La Vérité est une perfection co-naturelle à
l’amour.
Scoty : - La Vérité est bien la
Vie ! On va trop vite.
Certes, Dieu est la vie par rapport à
chaque Personne divine. Dieu est la plénitude de l’amour et de la vie,
qu’a-t-il besoin d’un autre semblable ?
Augustin : - Il nous manque un
élément pour poser convenablement la question. L’amour et la vérité sont unis
dans la Trinité et en chaque Personne égale en nature et dignité. Il n’y a en
elle aucune entrave. Elles ne subissent aucune autorité supérieure à elles.
Donc chacune des Personnes est libre, Dieu Unique est libre également. Il y a
donc trois perfections majeures qui définissent le Dieu Unique et les Trois
Personnes qui le composent : l’amour, la vérité et la liberté.
Dominique : - La réponse à la
question : pourquoi Dieu se révèle comme le Créateur est : à cause
d’un amour vrai et libre.
Scoty : - C’est une réponse qui
fonde tout. Dieu veut parce qu’il est libre. Un amour libre, une vérité libre,
une liberté d’aimer, une liberté de vérité.
Augustin : - Cette réponse contient
tout ;
elle recèle toutes les autres réponses.
Dieu est devenu Créateur parce qu’il désire librement se communiquer à
l’extérieur de lui-même par amour. C’est l’amour trinitaire qui, de cette
plénitude, le pousse à ce désir : se communiquer.
Jules : - J’en ai oublié ma bière !
Dominique : - Oui ! nous
allons toutefois trop vite.
Léon : - Comment çà trop
vite !
Dominique : - Nous oublions que les
perfections de Dieu ne sont pas trois mais quatre.
Scoty : - On te sait peu calé en
maths, mais là tu fais un exploit.
Dominique : - Nous savons que Dieu
est un abîme d’humilité, ce qui induit qu’Il est très pauvre. La pauvreté de
Dieu est une perfection absolue. C’est d’elle et d’elle seule que la richesse
de son don se manifeste et témoigne de sa gloire. Il fortifie sa pauvreté par
son humilité.
Augustin : - Bon, c’est parti !
Je vais me tirer d’abord une bonne bière et une nouvelle pipe avec du tabac
bien français, un petit gris.
Henric : - On n’est pas
couché ! Enfin, comment Dieu peut-il être pauvre, d’une pauvreté absolue
et être la source de toute richesse y compris matérielle ?
Jules : - Y-a-t-il un antidote à la
méningite ?
Dominique : - Dans les livres saints, il est dit que
Dieu suscita, appela la création à partir d’un vide, de rien de
pré-existant. S’Il a pu le faire ce
n’est pas seulement parce qu’Il est Dieu, mais bien parce que son humilité
parfaite se nourrit d’une pauvreté tout aussi parfaite.
Augustin : - Il y a un autre fait
qui illustre cette pauvreté : peut-on envisager que Dieu, sans cette
pauvreté, ait pu envoyer son Fils pour y subir une injustice dont la cause
politique est la possession des biens ? Le sacrifice de son Fils, du Verbe
prouve la pauvreté parfaite en Dieu. Le peuple hébreu ne conçoit qu’un Dieu
riche, plein de gloire et de triomphe. C’est cette vision erronée qui les fit
se heurter au Fils de Dieu, Dieu Lui-même, le Serviteur souffrant et
parfaitement pauvre.
Thomas : - Dominique a raison. Dieu
est infiniment un Dieu de pauvreté. N’a-t-il pas donné la liberté à l’homme,
une liberté qui Lui valut d’être rejeté par lui, sujet de son amour de Père. La
prochaine réunion devra porter d’abord sur la pauvreté de Dieu.
Jules : - Je prendrai bien, une
part de ce gâteau de l’amitié. Les noix lui donnent une succulence de riche.
TRIBUNE LIBRE
Théodulfe Soplataris
Le Saint
Père a jeté les fondements d’une réflexion sur le retour à une vie de
communauté chrétienne ; récemment des
articles sur ce sujet sont apparus. L’évolution actuelle de la société et celle
de l’Eglise légitiment cette réflexion.
Il convient toutefois de rappeler que l’Eglise est une institution
ouverte puisque sa mission est d’aller
au devant des autres. La liturgie, la théologie sacramentelle nous
l’enseignent : « Allez porter la bonne Nouvelle à toutes les
nations. » Comment alors concevoir une vie communautaire ?
Le catholique est confronté à une société qui est, soit indifférente
au problème spirituel et religieux soit, elle lui est sourdement hostile. Cette
hostilité est certes le résultat d’un retour au paganisme, mais c’est surtout
la chute vertigineuse de la notion du droit naturel et de la loi naturelle.
De plus en plus de courants occultes, comme la franc-maçonnerie,
inspirent des cultures et des comportements hostiles à la Révélation
Chrétienne, mettant l’accent excessivement sur la liberté de conscience,
l’individualisme. A ceci s’ajoute une intelligence idéologique de la notion de
laïcité qui marginalise la chrétienté et l’Eglise. Tout récemment, des pressions exercèrent sur les politiques pour
empêcher toute contestation quant aux lois qui contreviennent non seulement à
la Révélation Chrétienne mais au droit naturel et à la loi naturelle.
On veut museler l’Eglise faute de pouvoir obtenir son approbation ou
sa collaboration.
L’effondrement des fondements économiques, sociologiques, culturels
et judiciaires crée un sentiment d’insécurité et de désespérance ; il est donc évident que devant la faillite vertigineuse des pouvoirs
publics, il y ait des raisons de rechercher des lieux sécurisants et accueillants pour
la fortification de chacun.
C’est une situation qui sème le trouble parmi les catholiques
fidèles au Magistère et que, se sentant marginalisés, ils réfléchissent à une
nouvelle forme de vie de foi, plus protégée, plus éloignée des problèmes de la
cité, d’une société hostile et pour laquelle il leur apparaît difficile
d’intervenir. A l’évidence, les chrétiens se retrouvent dans une situation
renouant avec les premiers siècles.
Faut-il pour autant s’inspirer des Amihs, repliés sur eux-mêmes,
indifférents aux hommes et femmes qui les entourent ? Ou bien encore
s’inspirer des expériences issues de certaines mouvances du Renouveau avec ses
dérives sectaires?
Nous ne sommes pas dans une configuration de persécution sanglante,
pas encore. Pourquoi donc se cacher, se faire très discrets, c’est incompatible
avec l’engagement baptismal et le sacrement de confirmation ?
Il faut pourtant repenser la vie de la foi intra- muros. Il y a les mouvements de laïcs et
religieux ; il y a surtout la paroisse, la paroisse que l’on peut choisir.
La paroisse est le lieu privilégié pour repenser la vie communautaire en
Eglise. Il faut pour cela un prêtre affirmé dans sa soumission au Magistère,
point d’appui nécessaire pour le rayonnement de la charité dans la paroisse. Il
est donc nécessaire d’adapter une pastorale qui tienne compte de ces évolutions
et de restaurer une véritable vie familiale en elle. On considérera que la
paroisse est en partie ce que l’on est soi-même.
La reconstruction communautaire de la vie de la foi passera par une
réflexion sur un renouveau des solidarités envers les paroissiens, au sein de
la paroisse, avant d’aller s’occuper des autres. Et il ne s’agit pas seulement
d’une solidarité matérielle, mais bien entendu une solidarité qui inclut toutes
les nécessités de la vie, car la paroisse, comme tout le corps de l’Eglise, est
ordonnée au salut de tous et de chacun.
Ce renouveau est nécessaire. La paroisse doit redevenir un lieu de
partage véritable, une scène au quotidien.
Rien ne sera possible sans appliquer les enseignements du Magistère
qui demandent que l’on prenne pour point de départ l’adoration eucharistique et
que tout y retourne en actions de grâces.
Devant ce nouveau défi, la responsabilité de l’évêque et de son
presbytérium est immense, mais pas insurmontable.
Ce n’est qu’en remettant l’Eucharistie au sein de la paroisse que celle-ci
rayonnera et que les équilibres nouveaux entre le clergé, les laïcs et la cité
se retrouveront. IL est urgent d’abandonner toutes les entraves idéologiques
entassées depuis trop longtemps, accepter la soumission à la Vérité et ainsi
retrouvera-t-on les espaces de liberté qui nous manquent pour adapter l’Eglise
et la pastorale aux réalités d’un monde, sans pour autant se refuser à nos
frères et sœurs, sans craindre demain. Le sentiment de peur est incompatible
avec l’exigence évangélique.
De l’Exhortation Apostolique sur l’Eucharistie
La rédaction prépare un
commentaire de ce document pour la prochaine édition. Toutefois, attentive aux
commentaires existants, elle veut intervenir à seule fin de remettre quelques pendules à l’heure.
Le document est avant
tout un enseignement qui s’adresse aux catholiques et à tous les chrétiens qui
reconnaissent dans le Magistère et le Saint- Père une autorité absolue à laquelle un catholique se
soumet ou se défait de son adhésion à l’Eglise.
Ce document a une
autorité universelle ; il ne saurait être rejeté ou ignoré d’aucune instance intra- muros.
Aucune autorité n’est supérieure à ce document qui engage
tout catholique quel que soit son rang à l’appliquer sous peine de se mettre
hors la Communion.
Quant à l’opinion que le
monde peut en avoir, l’Eglise n’en a rien à faire, elle n’est pas là pour le
satisfaire mais pour servir sans rien attendre en dehors du salut de chacun. Et
quant au pseudo-
catholique journaliste au journal le Monde, il convient tout au plus de
l’inviter à aller prendre un purgatif et un bain à Lourdes… Vœux pieux
prononcés pour un sourd !
La rédaction, comme tout
catholique fervent, sera attentive à observer les applications qui découlent de
cette exhortation, surtout en matière liturgique. Il ne serait pas
inintéressant et peut-être amusant d’aller botter quelques postérieurs de
doctes prélats qui refuseraient
d’appliquer ce que recommande ce document. Nous -nous ferions un devoir de leur appliquer un en avant par
derrière. On pourrait les mettre hors jeu, mais il est vrai que ceux-là le sont
depuis longtemps.
Nous ne doutons pas que
les évêques se feront un devoir d’exprimer leur sens de leur paternité en
donnant l’exemple de l’obéissance et en veillant avec courage et zèle à ce que
cette exhortation trouve son application en tout endroit de leur diocèse. On
n’a pas fini de rigoler !
Une autre conséquence : l’affaiblissement des Etats-Unis, son
incroyable surendettement, ce qui accroît la pauvreté des couches sociales
fragiles et depuis peu les classes moyennes.
Qui donc gouverne les Etats-Unis ?
Faudrait-il croire à la réincarnation ? Car comment ne pas
comparer cette situation à celle de l’Egypte au temps de Moïse ! Plus la
situation se dégrade, plus cette administration s’entête, plus son cœur se
durcit, insensible aux drames pour son peuple, insensible au Bien commun universel qui est la sécurité pour tous et
une justice économique.
Quelle sera la Mer Rouge qui
arrêtera les armées de pharaon ?
Tout ne peut être mis sur le dos du terrorisme, ni sur la nécessité des approvisionnements
énergétiques. Qu’y a-t-il qui puisse justifier un tel orgueil, une telle
surdité ?
Pouvons-nous espérer une modification sensible de cette politique si
demain les démocrates sont aux affaires ? Cela n’est pas certain, car les
groupes de pression sont infiltrés dans tous les zones du pouvoir et que la
logique, l’idéologie qui prévaut aux Etats Unis reste inchangée depuis l’après
première guerre mondiale.
Que l’on ne se méprenne pas ! l’effondrement inévitable des Etats
Unis ne profitera à personne dans le long terme ; il est raisonnable de
penser qu’il entraînera un effondrement général des nations, ce qui favorisera
l’émergence d’une politique plus humble où la justice et le bon sens
retrouveront leur première place. Ce bouleversement passera par la conversion
des mentalités, mais aussi des cœurs et des âmes.
Nous allons payer très cher notre tour de Babel !
Nous sommes tous responsables de cette situation, pas tous au même
niveau, mais nous le sommes tous !
Il y a une seule urgence : c’est l’heure de la prière !
Plus rien ne portera de fruits en dehors de la Miséricorde de Dieu
qui a besoin de toute urgence de cœurs humbles et ordonnés selon la volonté
d’amour de Dieu.
L’orgueil
de l’homme est la puissance de son auto-destruction.
Histoire de l’Eglise
Eusèbe de Césarée
Dès la première moitié du 5e siècle et jusqu’au VIe
siècle, l’Europe et l’ensemble de l’Empire Romain vont connaître de grands
bouleversements liés aux invasions barbares, celles-ci comprennent l’invasion
des Huns. Dès les principes d’expansion de Rome au-delà de la botte Italique, les menaces d’invasions vont se faire sentir ;
d’abord sporadiques comme les Celtes, elles se feront plus agressives au fur et
à mesure que se déplacent les frontières de l’Empire. Elles se radicaliseront
au début du 5e siècle, ce qui correspond à l’effondrement de
l’Empire et à sa partition entre l’Orient et l’Occident.
Les invasions barbares jetteront les fondements du monde médiéval et
l’Europe moderne, du moins pour sa partie Occidentale.
Ces invasions généreront de grandes ruines, beaucoup de souffrances,
une sorte de purification de l’Eglise Catholique, une passion qui plongera les
intelligences dans une certaine nuit. Une gestation qui donnera les plus beaux
fruits de la civilisation occidentale et chrétienne.
Sur les marges de l’Empire,
là où le christianisme s’était peut-être moins solidement implanté, mais
surtout parce que les invasions y avaient fait plus de ravages, nous
assistons à un recul momentané, ou du
moins à un effacement presque total de l’Eglise :
si une enquête archéologique minutieuse a permis de retrouver quelques
survivances du christianisme dans ces régions barbarisées, il ne s’agit que de
traces minimes, presque insaisissables : quelques braises couvrant sous la
cendre.
De la Pannonie, l’actuelle Hongrie, du Sud du Danube au Rhin, des
provinces Norique et Rhétie, de la Mer du Nord à la plaine Flamande et en
Grande-Bretagne, il faudra attendre le VIIe siècle et Xe
siècle pour recueillir les fruits d’une nouvelle et vigoureuse évangélisation.
Dans « La Vie de saint Séverin » écrite par Eugippius son
disciple, - document historique exceptionnel – on entrevoit les effets de ces
invasions renforcées par celle d’Attila où se mêlent des hordes de Ruges et
Germains. Il semble que ces invasions s’ordonnent en vagues successives
poursuivies par d’autres menaces et nécessités.
A peine est-on parvenu à
trouver avec eux un modus- vivendi, une sorte de protectorat, qu’apparaissent
d’autres ennemis : les Alamans établis en Rhétie et qui, eux-mêmes
talonnés par les Thuringiens, cherchent à s’étendre vers lest au-delà de
l’Isar, puis de l’Inn. Les Romains se replient, évacuant à l’abri de leurs
protecteurs. Mais ceux-ci à leur tour connaissent des heures sombres :
dissensions dynastiques, échecs d’une tentative d’expansion vers le Sud.
L’Italie est alors aux mains
d’un condottiere germain, Odoacre, - le même qui vient de mettre fin en 476 à
la fiction d’un Empire romain d’Occident - ; il réagit vigoureusement,
anéantit pratiquement les Ruges et pour finir ordonne le transfert massif de la
population romaine qui se réfugie en
Italie, emportant avec elle tous ses biens. Parmi les plus précieux qu’ils
possédaient les moines du couvent établi par saint Séverin n’avaient pas manqué
de recueillir les reliques de leur saint fondateur ; ils finiront par
s’établir aux portes de Naples.
Ces mouvements migratoires à rebours vont se continuer durant tout
le Ve et VIe siècle avec le même phénomène de
translations. La situation est différente à partir de la rive gauche du Rhin et
de la Carinthie. Il semble que ces populations résistèrent mieux ; elles
s’adaptèrent quoique très amoindries. Les Eglises locales continuèrent de vivre
et parvinrent à maintenir les traditions impériales. Cette relative résistance
est due à une évangélisation solide, rayonnement de saint Martin et son
monachisme.
Dans ce contexte d’effondrement de la société romaine où l’Etat
n’était plus guère obéi voire reconnu, des évêques furent appelés à assumer des
responsabilités liées à cet effondrement ; il est à noter qu’on vint les
solliciter ou que les situations s’imposèrent d’elles-mêmes. Il fallait bien
que ce qui restait de l’élite assuma le gouvernement et la défense du peuple.
Très
significatif apparaît le rôle complexe que prête à son héros la biographie déjà
citée de saint Séverin : le prestige qui s’attache à sa personnalité
spirituelle, à ses exploits de thaumaturge, fait de lui l’animateur, le chef
incontesté des Romains du Norique ; la carence de toute autorité d’ordre
temporel fait que ce rôle déborde vite le domaine proprement religieux ;
sans doute il travaille à raffermir la foi, la piété, prêche la charité,
développe le monachisme, - mais il est amené aussi à faire régner l’ordre et la
discipline, voire prendre la direction d’opération de police, plus souvent
encore à négocier avec les chefs barbares, eux aussi, qu’ils fussent païens ou
hérétiques, sensibles à son ascendant. […] Paradoxalement, il arrive que
l’homme de Dieu se fasse chef de guerre : si nous en croyons la biographie
de saint Germain d’Auxerre, - la figure la plus marquante de l’épiscopat
gaulois dans la première moitié du Ve siècle (418-448)-, au cours de
sa mission anti-pélagienne en Grande –Bretagne, saint Germain se serait mis à
la tête des Bretons menacés par un raid conjugué de Saxons et de Celtes venus
d’Ecosse ; il aurait remporté un succès tant par l’habileté de ses mesures
stratégiques que par l’enthousiasme religieux qu’il aurait su insuffler à ses
troupes (bataille de l’Alléluia, Pâques 429 ?).
Les régions où l’implantation romaine ne fut que superficielle, on
constate une quasi disparition de la religion chrétienne ; c’est vrai de l’Afrique du Nord Occidentale. On
assiste à une émigration de ces régions vers le centre de la chrétienté :
tel l’évêque Ruspe qui s’établit à Cagliari en Sardaigne et y fonde un
monastère. Beaucoup se réfugient en Italie et Espagne, d’autres en Provence.
L’apport de ces églises en Europe chrétienne n’est pas négligeable surtout en
Espagne.
Le roi des Wisigoths d’Aquitaine, Euric,
prit des dispositions drastiques envers l’épiscopat qui symbolisait à ses yeux
la résistance contre l’envahisseur qu’il était. Mais il s’agit d’une exception,
la plupart des rois wisigoths furent plutôt tolérants.
On doit souligner une période de persécutions liée aux tenants de
l’Arianisme ; elle put être parfois
violente quoique circonscrite dans un laps de temps très court et mêlée à des
intérêts particuliers.
DU PRINCE
Mérovée
CLOVIS
Chapitre N° 5
CHEF DE TRIBU
Le chef est une fonction et un concept
lié avec celui d’autorité. Il y a un fondement naturel au principe d’autorité.
Il découle de l’observation de la loi et du droit naturel, tous les deux
scellés par la morale naturelle.
Benoît XVI, dans une intervention du 13
février dernier dit : dans le droit naturel il y a un cœur
ardent : faire le bien et se garder du mal. C’est de là que se fonde la
morale naturelle qui est écrite dans le cœur de tout homme, car malgré le péché
originel, la personne reste libre de faire un choix moral dans ses actes.
Dés l’instant où il y a deux personnes,
il y a mise en concurrence des compétences de chacun et chacun des deux prendra
autorité sur l’autre selon sa compétence. Lorsqu’un foyer se construit, il y a
la même affirmation d’autorité même si c’est le père qui est naturellement le
chef de la famille. Le chef exerce une autorité en relation avec les responsabilités
qui lui échoient selon sa mission naturelle.
Le chef-patriarche doit pourvoir aux
besoins alimentaires de sa famille ainsi qu’à sa sécurité. Il ne lui appartient
pas d’éduquer sa descendance plus tard, il devra la former pour assurer la
relève, honorer la mémoire de ses ancêtres, c’est à l’épouse d’éduquer les
enfants.
La famille s’agrandit ; les enfants
fondent leur propre foyer auquel s’agrège une parentalité plus large, c’est la
formation du clan.
Le chef cumulait vraisemblablement la
fonction de prêtre, son statut le portait naturellement à intercéder au nom de
ses descendants. Il lui revenait de sacrifier.
De cette double charge découlait celle
de rendre la justice. La justice avait un rôle essentiel. Elle
rétablissait l’ordre troublé pour maintenir la famille dans la sécurité ainsi
que l’ordre dans la relation avec le sacré. Ce tout n’était pas distingué comme
de nos jours. Désobéir, par le non-respect de la loi, revenait à mettre en
danger la sécurité du clan et celle des dieux. Devenir esclave chez le
vainqueur, c’était perdre sa foi. Il n’y avait plus de foyer, il n’y avait plus
de dieux. La réunion en un seul principe d’autorité des trois pouvoirs avait sa
logique. Il était accepté de tous, car il découlait de la nécessité et du droit
naturel : faire le bien, se garder du mal.
Il faudra attendre le passage du clan à
la tribu pour que par la nécessité due aux charges, aux responsabilités plus
lourdes, on en vienne à distinguer la fonction de chef militaire et politique
de la charge de prêtre. Le prêtre ne fut certainement pas autonome de
suite ; il le devint progressivement quand il eut la charge de transmettre
la tradition et les secrets.
Le concept de chef va demeurer
longtemps selon le principe premier du patriarche, qu’il s’agisse du chef de
famille, du chef de clan et de celui de la tribu, la communauté qu’il guide
voit en lui le père. C’est la raison pour laquelle la descendance demeura si
importante. Elle permettait l’identification sociale du sujet. Elle légitimera
par le principe dynastique l’exercice du pouvoir.
Le chef est au service du bien
commun et sa première urgence est la sécurité en vue d’un bien être matériel.
Longtemps, le chef qui perdait une bataille perdait son pouvoir.
Nous sommes ici, dans l’obligation
de réfléchir à la notion de légitimité.
Nous avons essayé de démontrer que le
principe d’autorité s’enracine dans le droit naturel qui se découvre dans la
contemplation de la loi naturelle. Cette loi révèle les équilibres de la
Création qui doivent se réfléchir dans l’homme, au point qu’ils lui sont
applicables. Pour exemple : en observant l’accouplement d’un mal et d’une
femelle, parce qu’ils ont des organes complémentaires, relève de cette loi
naturelle qui, appliquée à l’homme, se transforme en droit naturel, car l’homme
est la seule créature, de part sa dignité et sa mission - qui est de dominer
l’ensemble de la Création - à devoir choisir entre le bien et le mal.
Seul l’homme débat sur le choix.
L’autorité se révèle dans la loi
naturelle ; ne voit-on pas des animaux constituer des clans et se donner
un chef, établir une hiérarchie comme on peut le constater dans l’observation
zoologique chez les singes ou chez les loups ? Ce principe dans la loi
naturelle est devenu pour l’homme un principe de droit naturel avec une
résonance morale, toujours pour la même raison.
Le concept de légitimité est la réunion
de plusieurs exigences qui, tout en étant enracinées dans le droit naturel,
s’affirment comme une valeur morale et qui, par la grâce des Dix
Commandements, deviendra une exigence pour la Rédemption.
Le mot légitime et son
verbe légitimer apparurent au XIIIe siècle ; ils
viennent du latin tardif : legitimus. Sa racine profonde vient du latin
lex, legis qui, à l’origine, avait sens de loi religieuse ;
puis loi en général. Le concept de loi ne peut être dissocié dans la culture
hébraïco-gréco-latine de celui de justice qui vient de la racine
latine : « jus, juris » qui, à l’origine, désignait une
formule religieuse, elle avait force de loi ; à ceci vient s’ajouter le
concept d’équilibre, mot qui provient de la racine grecque « litra »
et du latin « libra », ces deux racines proviennent d’une racine
pré-indo-européenne : « lidhra. » Ces racines désignent un
instrument de mesure et poids, l’action de mesurer et de peser.
De l’observation de la création,
les anciens apprirent les équilibres, les lois, les justices, car ils
découvrirent des harmonies, ce qui fit dire à Socrate que l’art de la
politique était celui de la justice au sens où celle-ci rendait les équilibres
et veillait à ce qu’aucun d’entre eux ne soit blessé.
Le concept de légitimité qui porte
sur l’exercice du pouvoir procède de la nécessité morale de défendre les
équilibres et de les restaurer pour le plus grand bien de la cité.
Il y a plusieurs causes de légitimité,
il convient de voir quelles sont les nécessités qui la font parvenir au chef ou
au prince. La première légitimité vient de l’obligation que génère le droit
naturel : le père et la mère ont autorité sur les enfants ; ce n’est
pas un droit absolu mais un devoir moral nécessaire. Le chef de clan ou de
tribu reçoit tacitement ou clairement de l’ensemble du clan une autorité dite
de délégation, il a le devoir d’en user pour le meilleur du bien commun. Ces
principes de légitimité vont se trouver consolidés par le fait que le chef va
risquer sa vie pour défendre sa communauté, cette capacité à mettre son corps
entre l’agresseur et elle va très vite renforcer la légitimité du pouvoir. Le
chef valeureux non seulement sera maintenu dans sa charge mais on choisira lors
de sa succession un autre valeureux, car la communauté déterminera le choix
électif du chef en fonction de son courage moral et physique et c’est sans
doute ce qui va amener la séparation radicale des charges ; il y aura le
chef guerrier et le prêtre ou le sorcier. Ils sont unis et chacun a sa place.
Il semble qu’à l’origine la charge du
chef se distingue de la personne. Le chef n’est pas en lui-même important, il
ne l’est que dans la mesure où il assume au mieux sa mission. Le concept de
sacralisation du pouvoir est d’origine orientale, mésopotamienne.
Dans le prochain chapitre nous
aborderons le thème du roi. Le roi est l’expression fédérative des familles,
des clans, des tribus. IL n’est pas le garant de l’unité nationale, mais le principe
de cette unité.
de
Michel
Watel
Article III
La France royale :
Thierry III (673-691) :
Troisième
fils de Clovis II, il fut roi de Neustrie et de Bourgogne, à la mort de
son frère Clotaire III. Il fut renversé presque aussitôt par son frère
Childéric II, qui fut lui-même assassiné. Il retrouva ainsi sa couronne. Il fut
battu par Pépin de Herstal à la bataille de Tertry (687), qui lui laissa
cependant son titre de roi.
Clovis III (691-695):
Roi de Neustrie et de Bourgogne. Roi sans pouvoir.
Childebert III (695-711):
Fils de Thierry III, il succéda, à l’âge de 12 ans, à son frère
Clovis III, mais laissa le pouvoir à Pépin de Herstal, maire du palais.
Dagobert III( 711-715):
Roi sans pouvoir.
Clotaire IV (717-719):
Roi sans pouvoir.
Chilpéric II (715-720):
Roi de Neustrie, il fut battu par Charles Martel, maître de l’Austrasie, en 716 et ne
garda de la royauté que son titre que de pure forme.
Thierry IV (720-737):
Roi des Francs, fils de Dagobert III, il fut placé sur le trône par
Charles Martel, mais ne régna que de nom. Après sa mort, le trône resta vacant
six ans, jusqu’à l’avènement de Childéric III.
INTERRÈGNE:
Chilpéric
III (742-752) :
Il fut le dernier roi des mérovingiens, sans réel pouvoir.
BREVES D’ACTUALITE
Pierre-Charles Aubrit Saint Pol
DE LA GRANDE DISTRIBUTION
La presse
semble découvrir seulement aujourd’hui la machine infernale des superstructures
de la grande distribution !
Il serait peut- être urgent de
reprendre l’air de la « Danse des Canards » pour y mettre un nouveau
texte : La danse des faux
culs !
Qui peut croire que les pouvoirs publics et les médias aient pu être des oies blanches devant la montée en puissance de ce genre de commerce ?
Aujourd’hui,
on s’effarouche devant le projet de remplacer les caissières par des caisses
automatiques, ce qui induit directement la suppression d’emplois. Les syndicats
s’en émeuvent, ils ne veulent pas subir de nouveau l’humiliation de l’affaire
Michelin, - l’entreprise remplaça plusieurs centaines d’emplois par une
machine, - ils n’avaient apparemment rien vu venir ! J’en doute.
L’objet de
ces grandes concentrations est de faire de l’argent pour un nombre restreint de
bénéficiaires ; elles ne s’impliquent guère quant au social et ne réinvestissent
pas leurs bénéfices dans les communes ou départements qu’elles exploitent.
L’Etat, dans cette affaire, est étrangement absent, ainsi que les
grands partis politiques. Sont-ils encore habités par la notion de Bien
commun ?
Les grandes
surfaces sont de vrais prédateurs économiques et sociaux ; elles ont
contribué à l’effondrement des relations sociales croisées qu’entretenait le
petit commerce et elles contribuent à l’expansion du chômage de masse.
Il faut souhaiter leur disparition ! Quant à l’Etat, qu’il
exerce sur elles une contrainte au nom du bien commun, en interdisant l’usage
des caisses automatiques. Il faut également envisager une loi les obligeant à
réinvestir 50 à 75 % des bénéfices nets dans les régions de leur exploitation.
C’est là une décision qui relève de la justice ordinaire pour le Bien commun.
Un peu de courage, Messieurs et
Mesdames de la politique !
Le Politique bien
sur !
« France,
m’aimes-tu ? … Es-tu fidèle à ton baptême ? » Jean-Paul II le Grand à Paris.
De mémoire
de citoyen, je n’ai jamais vu une
campagne présidentielle aussi pauvre aussi médiocre et, le pire, c’est que nous
n’avons même pas eu droit à un candidat farfelu. Non ! rien que des gens
pris au piège du sérieux, si sérieux qu’ils sont une espèce de chevaliers
tristes déambulant dans les couloirs tapissés du sang des enfants à naître où
résonnent des cris silencieux. Chut, ils seraient capables d’en porter le deuil
pour séduire les électeurs.
Ils se la pètent sur la Marche Funèbre de Chopin !
Mes chers concitoyens, quelle médiocrité !
De tous les candidats, Le Pen est le seul qui ait inscrit dans son programme, dès le début, un projet réaliste pro-vie et, sur ce plan, il est le plus proche des exigences du droit naturel et de la loi naturelle.
Vous le savez, la rédaction ne veut pas s’engager en politique
autrement que sur le plan moral et, de ce point de vue là, elle est en
droit de s’exprimer sur les programmes de chaque candidat.
Quant aux autres candidats de la Droite dite républicaine, faut-il
en parler ! Ils nous feraient rire, si les enjeux n’étaient pas aussi
graves. Il faut souligner l’inénarrable Monsieur Philippe de Villiers qui,
trois semaines avant le premier tour, a réintroduit dans son programme la
partie pro-vie qu’il avait refusée d’inscrire à l’issue de son université
d’été. Pourrait-on le prendre au sérieux ? Il me fait penser à une
éolienne, du vent rien que du vent.
Monsieur Sarkozy se découvre subitement l’héritier de la culture
chrétienne, que ne l’a-t-il découvert plus tôt et se manifester dans l’affaire
de la profanation de Notre Dame de Paris ou dans les débats sur la loi de bioéthique ! Pourquoi a-t-il constitué
une commission d’étude pour l’euthanasie et une autre pour l’amélioration des
unions homologues ? Que ne propose-t-il pas une politique pro-vie ?
Il est bien un bateleur !
Pour la Gauche, c’est un désastre !
Elle est la seule à ne pas changer, quel que soit le parti ;
tous sont enfermés dans une logique idéologique affligeante et, ce n’est certes
pas la « Bravitude » rhétorique
de la candidate, sa candeur supposée, Madame Royale, qui y changera quoi
que ce soit. Elle est, au parti socialiste et à
la gauche, ce que fut toujours pour la Droite
Jacques Chirac, une danseuse de salon royal.
Quant à Monsieur Hollande, ses dernières paroles : « "Il
n’y a pas de place pour la religion dans la République telle qu’elle est
souhaitée par les socialistes." De tels propos témoignent d’un
esprit peu formé à l’histoire de France et annoncent l’éventualité d’une
persécution anti-religieuse à venir. Il est certain que le sujet fait preuve
d’une maturité intellectuelle et politique inachevée.
Je déplore
que Mme Laguillier et M. Besancenot en soient toujours à l’âge de la grille
révolutionnaire. Ils semblent méconnaître l’histoire récente des peuples qui
ont connu ou connaissent encore l’idéal de bonheur d’un régime
révolutionnaire ! On peut croire à la sincérité de leurs convictions quant
à la recherche d’une plus grande justice sociale mais rien n’est plus dangereux
que d’enfermer la recherche de la justice dans un carcan idéologique et
matérialiste. Ils savent pourtant que leurs choix politiques et idéologiques
portent naturellement à la dictature.
Faut-il nécessairement s’arc-bouter encore et toujours sur le
supposé conflit des classes sociales ?
Est-il nécessaire d’enfermer le concept de justice dans une guerre
sociale ?
Quand comprendrons-nous que la justice est un droit naturel
universel qui transcende naturellement un peuple et qu’il n’y a de justice possible que dans une
vision d’ensemble de la société ?
Le peuple Français parviendra-t-il jamais à se réconcilier avec
lui-même !
Où est l’homme providentiel ?
Y avons-nous encore droit ?
« France,
m’aimes-tu ? … Es-tu fidèle à ton baptême ? » Jean-Paul II le
Grand à Paris.
« Faire porter la
responsabilité, la culpabilité, sur le seul
droit du port d’arme et de la vente d’arme est une erreur, un raccourci un peut
court. »
Nous devons
tous nous taire et prier devant un tel drame. Les médiats gagneraient en
dignité, s’ils étaient plus sobres dans
la diffusion de ce genre d’événement, mais
c’est peut-être leur demander beaucoup trop. Il n’est pas certain, que le droit de savoir soit aussi absolu qu’on
veuille bien nous le faire croire.
Certains
mettent l’accent sur le droit à la détention d’armes. Il est évident que la
possession d’une arme à feu et une tentation facile, trop facile. Posséder ce
genre d’objet chez soi suggère par avance une intention de tuer, même si le
droit de se défendre semble naturel.
Il est
évident, que la possession d’une arme à feu est moins de l’ordre du sport que
d’un certain besoin de se rassurer et d’affirmer sa virilité, son indépendance.
Il y a une relation suggestive de causalité entre le fait de posséder une arme
à feu et la virilité, la sensualité ; il y a comme un écho de puissance ou
d’impuissance, de domination ou de soumission. Tous les objets qui ont la
symbolique de décider directement de la vie de l’autre ont une symbolique
double, dépendante de l’intention, du libre arbitre.
Il est vrai
que la possession d’une arme est un droit naturel, un droit grégaire. Je
suggère une disposition légale possible :
un dépôt municipal d’armurie. Il s’agirait pour les possesseurs d’armes
à feu de les déposer dans un lieu sécurisé, selon le principe du vestiaire. On
viendrait y déposer l’arme après son utilisation pour la chasse ou le tire
sportif, plutôt que de l’emmener chez
soi. Cette disposition serait obligatoire pour toute arme à feu.
Faire porter la responsabilité, la culpabilité, sur le seul droit du port d’arme et de la vente
d’arme est une erreur, un raccourci un peut court.
Ce genre de
violence interpelle toute la société et de se poser la question : que se
passe-t-il pour que je ne puisse plus contenir mes violences ? Pourquoi,
les membres qui me composent ne trouvent plus en moi l’appui si nécessaire pour
contenir, pour surmonter les désespoirs ?
La réponse
n’est pas simple et dans l’immédiat, il serait inopportun d’y répondre. Ce
sujet de réflexion sera abordé ultérieurement par notre rédaction, nous essaierons
de l’étudier sous tous les angles y compris sous celui de la liturgie.
Il est à
souligner, que c’est à partir de l’après 68 que l’on voit se multiplier ce
genre de tragédie. Nos sociétés se délitent par implosions successives.
Dans les années 1950 à Rome, Jésus confia à une âme privilégiée
ceci : « L’humanité est dans un état pire que celui qu’elle connu
avant le déluge noétique. Et pourtant, Je suis venu à elle ! »
DE LA LAÏCITE…
OU
LE RIDICULE DANS
LE DRAPEAU…
par
Deo Vindice (2007-04-21
Je suis donc allé voter au Consulat d'Atlanta ! Apres avoir placé mon
bulletin dans l’urne, le responsable du bureau de vote m’a demandé si j'étais
prêtre, ce en quoi j’ai répondu par l’affirmative. Après 4 années aux
Etats-Unis, j’ai dû devenir bien naïf, car je m’attendais à ce qu’il me demande
une bénédiction, ou l’adresse de ma paroisse, comme cela arrive très souvent
ici. J’avais oublié que j’étais revenu en France pour un temps. Ce charmant
jeune homme me fit alors savoir qu’aujourd’hui il avait accepté mon vote –
quelle bonté – mais qu’il me serait interdit l’accès aux urnes dans deux
semaines si je revenais habillé de cette façon – j’étais bien évidemment en
soutane !
J’ai demandé s’il existait une loi de la République qui m’interdisait d’aller
voter ainsi vêtu. Il me répondit que non, mais qu’il avait autorité pour
m’interdire l’accès aux urnes, car mon habit était une « atteinte à la dignité
du lieu » ( on croit rêver ! ) et pouvait donc « heurter les personnes
présentes ( on rêve toujours .)
N’étant pas du genre à céder à ce genre de menace, j’ai demandé à Consul qui
m’a reçu avec plus de respect ( quoi que le précédent jeune homme fut tout à
fait correct quant à la forme ! ) Le Consul m’a affirmé que je pourrai venir
voter dans deux semaines en soutane.
Mais je me prépare à toute éventualité. Aussi, je demande, s’il y a des
juristes parmi vous : peut-on empêcher quelqu’un de voter du fait de sa tenue ?
Pour le principe, je ne veux pas lâcher le morceau, et je compte déjà écrire
une lettre officielle au Consulat, estimant avoir été offensé. Qu’en est-il au
niveau de la loi ?
Merci si vous avez des informations à ce sujet ! ( Trouvé dans le Salon Beige )
Commentaire :
Y a-t-il un prix pour la bêtise ? La France ne s’est pas
grandie là ! Mais braves gens, c’est cela l’esprit de tolérance !
Dommage qu’il n’y ait plus de maison pour çà !
de
Zibel
Abdel Hamid
Naissance d’un groupe radical dans le protestantisme.
Les Amish
sont un groupe religieux de protestants
Anabaptistes naît d’une branche Mennonite. Pour mieux s’imprégner des concepts
de ce groupe, il serait judicieux d’expliquer qui sont les Mennonites ?
Les Mennonites sont nés d’un mouvement fondé aux Pays-Bas
par Menno-Simons (1492-1559), d’où l’appellation de Mennonite. Pour des
divergences théologiques avec les Mennonites, un (groupe) a vu le jour grâce
à un évêque Suisse Mennonite Jacob Amman
(1644-1730), ce sont les Amish. Ce chef religieux a pris une position radicale
pour prêcher en faveur du baptême des adultes et en interdisant celui des
enfants. Ses disciples œuvraient pour un protestantisme plus externe que celui
défendu par le Suisse Mennonite Huldreich Zwingli, ils se dissocient du groupe
initial suite de leur désaccord sur le
baptême des enfants (d’où l’expression Anabaptistes). Les deux groupes ont subi
de pleins fouets les persécutions à l’image du protestantisme de façon générale
à cette époque, chose qui les a incité a s’exiler massivement à l’étranger. Vu
la proximité géographique de leur terre natale (le canton de Berne et ses
environs actuels), l’Alsace et plus précisément la commune de Sainte Marie aux
Mines était leur première terre d’accueil, ensuite ce fût le tour de
l’Allemagne, l’Autriche, l’Europe de l’est, la Russie, la Pennsylvanie, l’Ohio
(Etats-Unis), et enfin à Manitoba au (Canada). J’approfondirai la présence des
Amish sur le continent Américain (nord-sud), un peu plus loin.
Cette branche, très conservatrice du mennonisme, a pour seule
référence la Bible qui est l’unique autorité et source qui érige leur vie en
matière de doctrine.
Le mode de vie qu’ils se sont choisi relativement antarctique, ils
règlent leur vie sur la discipline ecclésiastique très stricte de leur leader,
de ce fait ils vivent en autarcie quasi absolue.
Les cérémonies religieuses sont organisées dans les maisons - chez
les Amish il n’a pas d’église - sous l’œil bien veillant d’un
patriarche « diacre », d’un évêque, et de deux ministres.
Le rite du lavage des pieds est observé lors de la célébration de la
Sainte-Cène ce qui vaut l’eucharistie chez les (catholiques), bien que les
Amish ne la considèrent pas comme un sacrement.
Par ailleurs, le mariage est vivement conseillé aux partenaires très
jeunes, parce que toutes relations sexuelles hors mariage sont bannies. Cette
union ne peut se faire qu’entre Amish toute relation étrangère est formellement
interdite et condamnée. A ce stade là des faits le lecteur pourrait se poser la
question que leur comportement relève du
sectarisme ?
Afin de mieux comprendre cette immigration massive vers les deux
Amériques comme je l’ai souligné précédemment, en 1860 pour échapper au service
militaire imposé par le Tsar, ils commencent à partir aux Etats-Unis, en 1874,
ils fondent trois communautés au Dakota, ils sont alors en tout sept cents.
La première guerre mondiale éclate, les Amish refusent de se battre
et émigrent au Canada pour continuer de mener une vie paisible loin de tous les
soucis de l’homme moderne. Leur marginalité est sans égal. Au début du
XX°siècle, les Amish se sont implantés an Argentine en 1925, au Paraguay, au
Brésil, au Mexique, et au Belize.
Le baptême administré aux adultes (17 ans) marque dans la communauté
la soumission à ses règles. Cette soumission implique le refus de porter des
armes de tout genre, les emplois public, de payer les impôts levés à des fins
guerrières et de prêter serment. Ils ne reconnaissent pas les technologies
modernes et préfèrent de vivre en marge de la société moderne.
Le travail agricole
est beaucoup plus valorisant à leurs yeux, car il les occupent toute la journée
et les protège quelque part de toute déviance quelle qu’elle soit. Ces fermiers
se sont adaptés à la façon de vivre des agriculteurs des divers pays d’accueil
pour s’accommoder au rythme du quotidien.
Lorsque les effectifs d’une communauté ont atteint environ deux
cents personnes, on pense à la diviser et à
établir une nouvelle colonie, le processus dure à peu prés vingt ans, pendant
ce temps, la colonie a suffisamment augmenté ses revenus pour pouvoir financer
la scissipartie* à quoi servira
cela ?
E n fait, en achetant de nouvelles terres pour ses membres qui
de viendront des pionniers. Le travail pénible qu’ils occultent contribue à
maintenir l’esprit communautaire chez eux, tout en les préservant d’une
oisiveté qui à la longue pourrait les inciter à des distractions extérieures.
L’organisation politique et sociale de la secte comme l’expose le
sociologue Brayan Wilson dans son livre : les sectes religieuses, (Paris, Hachette 1970), « tout se fait par élection et tirage au sort,
toute distinction est absente du culte ,des repas, des actes de la vie
quotidienne, il n’y a pas de classes sociales, tout appartient à tous ». Le
constat est sans appel, leur vie est régie dans un ordre implacable digne d’un
corps d’armée. Les membres du groupe se connaissent tous personnellement, et
nul ne peut se singulariser par une situation sociale particulière.
Convaincus et réconfortés dans leur idéologie, les Amish sont
davantage exclus du monde extérieur, d’ailleurs la cour suprême Américaine les
a assuré dans le libre exercice de leur culte, ce grand pays reconnaît tous les
courants religieux qu’il considère comme religion à juste titre. Les Amish
arborent un uniforme commun traditionnel noir ainsi un large couvre chef qui
remonte au XVII°siècle pour les hommes. Quant aux femmes, elles portent de
longues et larges robes ou jupes
paysannes et sont coiffées d’une coiffe
qui ressemble très fort à la quichenotte Vendéenne. Entre eux, ils communiquent
dans un ancien Allemand plus connu par le : Plautdiesch (Plattdeutsch
en Allemand), fortement marqué d’influences flamandes et néerlandaises. Cette
langue est appelée le Pennsylvania Dutch
ou (le Néerlandais de la Pennsylvanie
ou encore Pennsylvanish) en Allemand.
Les enfants Amish suivent une scolarité dans des établissements
primaires qui doivent être à proximité de la maison afin qu’ils puissent se
rendrent à pieds, pour les plus âgés, ils sont formés dans des collèges et
lycées à caractère agricoles, afin que ceux-ci reprennent l’exploitation
familiale. Il ne peut échapper au lecteur que les cours sont dispensés par les
membres de la communauté, car toute intrusion étrangère est inconcevable. Quant
à l’enseignement supérieur il est sans intérêt pour eux, dans leur système il
ne correspond à aucun besoin. Ils rejètent tout ce qui a attrait à cette
explosion technologique moderne, d’ailleurs, ils utilisent des voitures à
chevaux (buggy) comme moyen de transport, l’électricité est inexistante, la
bougie ou la lampe à pétrole les remplacent royalement.
Le nombre
des Amish a explosé autour de 140 000 personnes aux Etats-Unis, car la
cour suprême Américaine les a confortés dans l’exercice de leur culte, ce qui
les a encouragés et rassurés à se sédentariser dans cette région du monde.
S’il y a une secte qui a « réussi » sans cesser d’être une
secte, c’est bien la leur. Ils ne se soucient ni d’être compris ni de faire des
adeptes. De leur intérêt à l’être humain, la violence est bannie dans leurs rapports
avec eux, mais pensent que les autres sont sur la voie de la perdition.
Ils présentent très fort les caractères de la secte établie dans un
ordre bien défini. La justification idéologique (le vieil ordre Amish, présente
ses traits jusqu’à la caricature, ce n’est pas un hasard, comme les Huttériens
(mennonites) nom tirés de leur chef spirituel Jacob Hutter). Ils
oeuvrent pour l’exclusivisme, la
conscience de sa singularité, la solidarité communautaire qui sont parmi les
caractéristiques dominantes de ce mouvement.
Pour mieux approfondir les préceptes de cette étude, il m’a semblé
nécessaire de faire le parallèle entre les deux groupes « Ibadite » et « Amish ».
Quelques points communs les réuni. Tous deux se sont dissociés de leur première
communauté pour des divergences théologiques, idéologiques, ils vivent en
communauté de même origine, la ressemblance des mœurs concernant le mariage est
identique. Néanmoins, les « Ibadites »
se sont ouverts au monde extérieur, cela se représente à l’accès au savoir pour
tous surtout pour les garçons, car les filles se limiteront à un minimum de
culture, car elles sont vouées au mariage assez jeunes.
*Scissiparité : mode de
fécondation par séparations successives de parties d’un tout, la partie séparée
et le tout continuant de croître chacun de son côté.
Les Ibadites
Un des groupes dissident de l’islam.
de
Zibel Abdel Hamid
VILLE SAINTE DES IBADITES
A la mort du
prophète Mahomet en 632, le souhait d’une partie des musulmans, leur
préférence, était qu’Ali le dernier calife, cousin, et gendre du prophète -
époux de Fatima Zohra - soit son successeur légal. Chose hélas non réalisable, car le chef de file des
musulmans n’a pas laisser de testament et l’islam est la seule religion
monothéiste qui n’a pas de clergé. Ce compagnon (Ali) n’a jamais laissé
entendre qu’il voulait succéder au prophète, puisqu’il n’avait ni la vocation
ni les compétences pour endosser une
telle responsabilité.
De ce fait, un groupe de
dissidents est né qui a vu le jour au VIIe siècle de notre ère à «Bassorah » en Irak, ils furent
appelés : Les « kharijites » L’assassinat d’Ali en 661 n’apaisa ni les
tensions, ni mis fin à cette dissidence ;
nous assistons au premier chiisme de l’islam. Ce mouvement est divisé en deux
sectes : Les « Cofrites »
et les « Ibadites
», ces derniers s’adonnant à une
propagande intense à travers l’empire musulman. Ils chargent des missionnaires
de prêcher la révolte contre les califes, mais aussi d’observer rigoureusement
la doctrine. Dans l’islam, leur comportement est
similaire à celui des puritains dans le protestantisme. Ces missionnaires
arrivent en Afrique du Nord qui deviennent implantent de vraies colonies
d’émigrés « Kharijites » avec l’intime conviction
de rétablir les bases fondamentales de la religion.
Les « Ourfejoum », tribu du sud tunisien,
se jetèrent sur Kairouan avec l’appui des « Cofrites » (qui les
aidèrent à prendre la ville, mais leurs actes barbares les rendirent
incontrôlables.) Rappelons qu’un célèbre « Kharéjite » vivait
parmi eux : le persan Ibn Rostem qui s’est vu chassé de Tunisie par
l’armée musulmane « Malékite »
d’Egypte en 761 afin d’arrêter l’hérésie
de l’Ifriqiya (Afrique). Ce grand penseur chiite, malgré son exil forcé,
avait fondé la ville de « Tahert »
à proximité de « Tiaret »(sud-ouest)
Algérien actuel et organisa dans la région un état indépendant.
Les hérétiques « Ibadites » marquent leur
différence entre leur vie simple et le luxe déployé par la dynastie
orthodoxe des Aghlabides de Kairouan.
Cette simplicité n’empêcha pas
les « Tahirtis » de Tahert de s’adonner à l’étude des
sciences religieuses ou profanes, à titre d’exemple : l’astronomie qui
fût à l’honneur de leur savoir, le
commerce et l’agriculture étaient assez développés. Des théologiens ainsi que
des laïcs donnèrent à ce nouvel état vie une prospérité matérielle indéniable,
de part sa situation géographique, « Tahert » est en relation avec les sédentaires du Nord, comme
avec les nomades du désert. De ce fait, les « Ibadites » orientaux viennent s’y établir et y introduisent un
certain luxe dans la vie de tous les
jours exemple : l’accès au savoir pour tous.
Le point de départ est
l’ensemble du Maghreb et l’Afrique occidentale musulmane, d’où l’existence
d’une véritable route de la rationalité universaliste qu’il conviendrait
d’étudier étape par étape, comme on étudie la route de la soie.
Au VIIIe siècle de
l’ère chrétienne, en effet deux courants du « Kharijisme » se portent bien : le « Sufrisme » (disparu depuis
plusieurs siècles), et l’ « Ibadisme »
qui subsiste jusqu’à ce jour au Maghreb : au Mzab en Algérie, région
située dans le sud , son chef- lieu la ville de Ghardaïa, à l’île de Djerba, en
Tunisie, à Djebel Nabusa, en Libye, au Sultanat d’Oman et à Zanzibar. Ces deux
courants très démocratiques depuis leur fondation vont être confrontés à la
démocratie clanique.
La présence de ce courant en
Afrique du Nord a permis de fusionner avec une communauté connue sous le nom
des « Imazighens »
(c'est-à-dire les berbères tels qu’ils se nomment eux-mêmes) et qui veut
dire « Homme libre ». Cette alliance assura le triomphe de
l’islam dans cette partie du monde, alors que les premiers occupants musulmans
sunnites orthodoxes, conduits par Okba
Ibn Nafi, vaincu et tué dans une bataille par le chef amazigh Kucila, avait
échoué a convertir les « Imazighens
» par les armes. Quelques missionnaires pacifiques et pauvres ont
profités de cet échec, armés de leur seul savoir - on les désigne
comme porteurs de la science
(hamalet-al-‘ilm) - ; vont répandre les doctrines
dissidentes « Sufrites
» et « Ibadites » »
à travers toute la région ce qui encourage ces berbères de se convertir en
masse à cet islam démocratique parce qu’il les unifie et leur permet ainsi de
résister efficacement aux nouvelles
tentatives de conquêtes des orientaux. Rappelons que l’islamisation des « Imazighens » en masse s’est faite
contre l’occupation Arabe.
Les acquis scientifiques,
techniques de la Grèce antique et de la perse sont reformulés, corrigés,
développés et adaptés par ce courant dissident installé au Maghreb, à Oman en
même temps. La pugnacité des « Ibadites»
leur a ouvert une porte afin de diffuser le savoir jusque là réservé à une
élite comme dans la démocratie restreinte de la société Grecque ou la classe
hiérarchisée de la Perse antique. Ce groupe(les Ibadites), répand sa science à tous avec une volonté de
scolarisation généralisée que l’on retrouvera qu’après la révolution française
dans l’histoire. Le savoir est passé d’une conception initiatique à une
conception universaliste.
Ce qui a encouragé les «Ibadites » de renoncer à la
guerre sainte offensive comme outil de diffusion de leur doctrine et leur
subsister l’acquis du savoir par la méthode de la scolarisation.
Vers la fin du VIIIe
début IXe siècle, cette doctrine dépasse les frontières du Maghreb,
traverse le Sahara et va développer la seule version de l’islam en Afrique
noire qui y sera connue durant plusieurs siècles et sera considérée comme code
unique ce qui aide l’expansion de la diaspora Soninke et Malinke, que les
arabophones appellent « Wangara »
et plus connue aujourd’hui sous le nom de « Dioula ».
EL HADJ Salim Suware a codifié
l’islam Dioula au XV°siècle, en
laissant apparaître dans ses grandes lignes un héritage de l’ « Ibadisme ». L’apparition de cet
islam vecteur de rationalisme universalisé au sud du Sahara est si proche dans
le temps de sa présence au Maghreb,
qu’il est consideré comme le début d’un long acheminement et la somme (Afrique
du Nord, Afrique Occidentale musulmane.
Parmi les pays européens qui ont
subi l’influence de la diffusion de courant religieux :l’Espagne, peuplée
par les « Imazighens »
(qui constituent dés le départ les deux tiers de la population installée dans
ce pays), ce qui met le feu entre les « Imazighens » et les Arabes Orientaux en 742, révolte qui
explique probablement l’arrêt de l’expansion musulmane vers l’Europe du Nord
dont la bataille de Poitiers. Les différents groupes musulmans qui dominaient
l’Espagne « musulmane », étaient divisés entre originaires d’Arabie,
Ommeyades. Les « Imazighens » comprendront
rapidement qu’ils ne peuvent gouverner sans l’appui de l’élément musulman
dominant démographiquement et militairement, c’est-à-dire le califat Ommeyade
de Cordoue. Les « Imazighens » solliciteront
l’aide de l’imamat « Ibadite »
de Tahert au Maghreb, et même au –delà, pendant l’extension de leur dynastie au
début du XIe siècle .
Les nouveaux seigneurs
fraîchement arrivés en Espagne ont apportés un grand soutien aux « Ibadites » radicaux d’Abû Yazid
d’Afrique du Nord lors de leur soulèvement contre les Fatimides de 943-946. De
ce fait, une alliance sans faille s’est nouée entre cette dynastie et ces
nouveaux « porteurs du savoir », ce qui a permis la transition
des connaissances scientifiques et techniques de ces Ibadites (les
mathématiques, l’astronomie, la navigation, l’histoire, et aussi un domaine
dans lequel ils excellent, l’irrigation des terres arides. Pour autant, les
Ommeyades et la majorité des «Imazighens »
d’Espagne n’adhéreront pas à l’ «Ibadisme »,
mais plutôt sunnites malékite, cependant il s’agit d’un malékisme ouvert,
tolérant, comme l’était l’ «Ibadisme »
à ses débuts.
La période de circulation entre
l’Afrique Noire des « Wangara »,
l’Afrique du Nord «Ibadite »
et les Ommeyades d’Espagne a donné le jour à la culture andalouse qui
s’épanouira pendant plusieurs siècles.
Cette apogée se traduit aux
X°,XI°,XII° siècle par le déplacement du pôle scientifique du monde musulman
d’est en ouest, Cordoue et le Caire parallèlement font une montée fulgurante
scientifiquement et dépassent la capitale des Abbassides (Bagdad) bien
qu’au VIII° et IX° siècle l’élite musulmane ait été concentrée
dans celle -ci (voir l’œuvre de Françoise Michaud et Paul
Benoît, « L’intermédiaire arabe , cartes p.158,159, », et Michel
Serres, « Eléments d’histoire des sciences »,Bordas,3°
édition,1994).
Cette voie de la science
musulmane, d’orient en Occident citée par les auteurs indiqués ci-dessus, n’est
pas passée par Tahert ou Djebel Nafusa «Ibadite »,
malgré le nombre considérable de lettrés présents à cet endroit comme l’a noté le grand historien Tadeusz Lewicki qui a
réussi à les répertorier en fonction des chroniques des « Ibadites » eux-mêmes à cette époque
précise. Aucun personnage «Ibadite »
n’a pu bénéficié d’une renommée intellectuelle à l’extérieur de leur courant,
car la démarche effectuée par leur soin était la diffusion du savoir en masse
et non un savoir d’élite, ce qui a encouragé les auteurs des cartes citées à
s’appuyer sur cette thèse lors de leur recensement des savants «Ibadites » (Dictionary of
Scientific Biographies et Encyclopédie
de l’islam).
Néanmoins, le nom collectif
« Saghanogho » en Afrique
Noire et beaucoup plus tardivement celui d’El Hadj Salim Suware se lit dans l’histoire de la philosophie
musulmane, la «falsafa »
qui est la déformation perso-arabe et tirée du grec « filosofia ». Grands nombres de savants musulmans d’Espagne ont
été influencés par Platon et Aristote et leurs sciences parmi eux : le
Persan Ibn Sina (980-1037), de l’espagnol (Aven sina et Avicenna) médecin
universel et philosophe, savant polyglotte, Al Ghazali autre compatriote
d’Avicenne mort en (1111), ce dernier commente et réécrit l’héritage savant
rationaliste gréco-persan des philosophes musulmans antérieurs dans son
ouvrage, (Tahafut al falsafa)
« incohérence » de la philosophie où il répond à Avicenne sur son
résonnement philosophique. (Avicenne
reste le plus brillant représentant de cette élite musulmane en
établissant l’athéisme profond en s’appuyant principalement sur la philosophie
Aristotiènne dans son monumental ouvrage
« Le canon de la
médecine »).
L’impact de la « falsafa » sur la pensée
arabo-islamique et les liens qui lient cette philosophie avec les savants de ce
courant religieux (l’Ibadisme), se
trouvent dans l’immense et considérable
œuvre du premier philosophe Al Kindi, mort probablement en 870 ou 873, fait
partie des philosophes rationalistes qui estiment compatible l’idée que la
philosophie et la révélation puissent faire bon ménage et ne jamais s’opposer
sur le fond. Par ailleurs, il a concilié le principe de la loi religieuse avec
celui de la logique. Parmi les nombreux titres que l’on peut citer de cet
encyclopédiste, scientifique chevronné, outre ses traités philosophiques en
arabe, il s’activa beaucoup au sein de [Bayt
al hikma] ( Maison de la Sagesse)
qui venait d’être installée par le calife Abbasside Al Mamun, il faut retenir
son épître de la raison [Rissalat fi al’aql],thèse soutenue par Jean Jolivet
sous le titre de l’intellect selon Al Kindi aussi (rassail al Kindi) (Epitre
philosophiques d’al kindi). (Voir La Pensée Arabe de Mohammed Arkoun, édition,
puf ; collection Que sais-je ?).
L’Andalousie a baigné dans
l’universalisme « Ibadite »
ainsi que son influence scientifique, ce qui permit à Ibn Rushd (1126-1198) -
plus connue en Europe médiévale sous le nom d’Averroès - de rétablir une
certaine vérité concernant une querelle Gréco-Persane en répondant à Al Ghazali
- dans un ouvrage au titre si hégilien - qu’on a peine à croire qu’il a été
couché de la plume d’un philosophe du XII° siècle ( Tahafut al tahafut - incohérence de l’incohérence). Il
n’y a pas de contradictions entre le discours des élitistes philosophes et la
vision universalisée de la religion, mais qu’il s’agit de deux pôles d’une même
vérité :la révélation coranique lorsqu’elle rentre en contradiction avec
la raison telle qu’elle a été analysée par les philosophes, n’est pas seulement
philosophique, mais aussi une discipline implacable de l’intelligence de
l’homme en quête de vérité, cette même vérité détenue par le prophète qui a
« la science divine ».
C’est bien cette raison
universelle qui s’est constituée en Andalousie comme dissociée de la religion,
alors que chez les «Ibadites »
du Maghreb, la science, (‘ilm) est le socle du savoir religieux
universaliste et l’héritage scientifique et technique profane des Grecs et
Persans, des Imams « Ibadites »
de Tahert, les Rustam sont les descendants d’une des plus célèbres familles Persanes. La
multiplicité des sectes et des écoles ne peut influer sur l’existence des
lettrés qui ont collaboré à la création de la pensée classique malgré la
présence de cette mouvance sectaire et le nombre sans précédent des écoles,
chose qui n’a pas empêché l’explosion de [l’adab] :
la littérature au X° siècle dans toutes ses facettes (historique, linguistique,
géographique, éthique) ce qui constitue l’ensemble des connaissances utilisées
par les citadins cultivés. Celui ci (al
ada), couvre globalement le domaine littéraire contemporain. En fait, il
est le résultat de la civilisation arabe islamique dans les grandes
agglomérations. Son apport est tel que de grands savants religieux, hors de
cette sphère, est devenue leur support, car pour eux et par son biais peuvent
instaurer une limite entre (le pensable et l’impensable).
En 950, la diffusion d’un des
sujets que les « Ibadites »
maîtrisent très bien, est cette littérature philosophique qui a donné naissance
à une tendance laïque, rationaliste et réaliste (voir le livre de Mohammed
Arkoun « Contribution » p.195), on est donc emmené à rechercher dans
la perspective « spatio temporel » la gigantesque culture [d’al adab].
Les connaissances historiques et géographiques ont donné une vision quantitative positive dans l’espace et le temps, qui reste bien sur une perception générale qualitative. Un des fondements sur lequel se sont appuyés les « Ibadites » et est toujours d’actualité : L’univers est une création divine sans défaut dans un classement bien ordonné.
Pierre-Charles Aubrit Saint Pol
Chapelle Notre Dame de Juhègues
En Roussillon – Salanque
La rédaction
vous informe, avec un grand plaisir, de sa décision d’ouvrir une tribune
consacrée à la recherche archéologique et historique.
Cette décision est prise à la suite d’un témoignage fait à l’un de
nos collaborateurs au sujet d’une aventure intellectuelle et intérieure. En
effet, il semble bien que la divine Providence en soit à l’origine.
L’un des acteurs clés fut saisi par une attirance irrésistible pour
un lieu très connu dans le département des Pyrénées Orientales, alors qu’il
venait d’y arrivé sans qu’il ait jamais eu connaissance du site préalablement.
Son coup de foudre pour ce lieu est d’autant plus surprenant que le sujet est
de confession juive et que le site se trouve être le protecteur d’une chapelle
dédiée à Marie. Son importance se révéla très vite et, l’on découvrit qu’il est
riche d’une histoire juive et chrétienne.
C’est donc une aventure intellectuelle, spirituelle et œcuménique
que la rédaction vous invite à suivre dans les numéros à venir.
Ce lieu béni est connu sous le nom de Notre Dame Juhègues, sise sur
la commune de Torreilles, sur le comté de la Salanque en Roussillon, des
Pyrénées Orientales.
La direction de cette tribune se fera sous l’autorité de Monsieur
Joseph Balusen et Monsieur Maurice Tibauprés avec la collaboration de
Mademoiselle Claire-Marie Aubrit Saint Pol, étudiante en histoire et
archéologie.
Ces collaborateurs veilleront sur cette tribune avec la plus grande
rigueur scientifique et intellectuelle. Ils apporteront une approche
nécessairement novatrice. En effet, ceux-ci sont bien résolus à approcher cette
recherche, cette relation en dehors de la grille cartésienne. Ils ne veulent
rejeter aucun aspect, aucun possible, aucun horizon sous le prétexte de
conformisme, de dogmatisme ou au non d’une rationalité désincarnée ou de
convenances idéologiques. Ils aborderont chaque élément séparément mais
toujours avec une vue d’ensemble et dans une disposition aussi rationnelle que
contemplative.
L’histoire ne s’écrit pas en ligne droite, elle est soumise au
raisonnable comme à l’irraisonnable de la geste de l’homme et de la femme.
Nous sommes en présence d’un site de très grande importance qui
réunit deux histoires communes, voir trois… juive, chrétienne et
musulmane. Il fut certainement le lieu d’une première expérience œcuménique qui
eut lieu avant le 9e siècle.
L’ELECTION PRESIDENTIELLE
L’INEXORABLE DECADENCE
Pierre-Charles
Aubrit Saint Pol
« […] car
le peuple veut du blé et des jeux, c’est bien connu. Il aura pour un temps son
blé et ses jeux, le déshonneur, le désespoir seront leur papier cadeau et
leur ruban…[…] Nous sommes enfermés dans
une culture de mort, il n’y a pas d’avenir humain pour une telle société. Dieu
veillera à ce qu’elle boive sa propre coupe jusqu’au bout, jusqu’à en
vomire.[…] Français, vous avez choisi de dormir ! Surtout n’oubliez pas
vos oreillettes, vous n’entendrez pas le cri silencieux de l’enfant à naître
que l’on tue pour votre confort ! »
Les jeux sont maintenant faits, comme
je le redoutais, cette élection marque l’irréversibilité de la décadence ;
il n’y a plus d’horizon pour l’espoir, pour tout catholique, pour tout homme et
toute femme de foi, de prière, il ne reste que l’espérance.
Toute la campagne fut focalisée sur les questions
économiques, sociales, de sécurité et de scolarité ; ce ne fut vraiment
que vers la fin que Monsieur Le Pen tenta faiblement d’aborder les problèmes
liés aux lois radicalement opposées au droit naturel et à la loi naturelle. Les
médiats n’en firent que peu de cas. Et, il faut bien le reconnaître, qu’après
les options très claires de sa fille approuvant l’IVG, le crédit portant sur
son programme pro-vie relevait pour l’électeur d’une sorte d’espoir désespéré
même si son discours sur ce point semblait être celui qui se rapprochait le
plus de l’ordre des choses.
Quant à Monsieur de Villiers,
passons ! Il convient toujours de parler de ce qui existe, l’agitation en
politique est révélatrice de l’inexistence. Ne doutons pas que, dans les
méandres de ses marchandages avec Sarkozy, la Providence n’agisse pour qu’il
s’y engloutisse.
La campagne électorale retrouva son avenue
révolutionnaire, en effet, elle fut de ce point de vue dans une logique
implacable qui contribua à séduire, à mobiliser. Que voulez-vous, le peuple de
France n’aime guère quitter le plancher des veaux, il a besoin de se rassurer.
Malgré l’inconfort de son sommier, il aime y dormir, il y a fait son nid. Ne le
déranger pas, Dieu s’en chargera !
Les enjeux étaient bien plus
sérieux ! On comprend bien que le chômage, la sécurité, le pouvoir d’achat
soient des préoccupations majeures et j’en sais quelque chose. Il faut dire que
les médiats n’ont pas manqué de les dramatiser… On ne vit qu’eux, trois gros
arbres et nul ne prêta ni ne prêtera attention au brin d’herbe qui pousse sur
le mont du Calvaire !
Les médiats ont veillé à ce que l’on
ne débatte pas de la loi de bioéthique de 2004 et ils veillèrent à ce qu’il n’y
ait pas de débat sur l’accumulation des lois contre nature, si attentatoires à
la dignité de l’homme. Et, on décida que le seul problème serait le bien être,
le progrès sans conscience. On s’assura que l’on ne débattrait pas sur les
problèmes de science, non ! On décida que cela ne pouvait intéresser le
peuple, car le peuple veut du blé et des jeux, c’est bien connu. Il aura pour
un temps son blé et ses jeux, le déshonneur, le désespoir seront leur papier
cadeau et leur ruban…
Les positions des deux candidats en
lice sur ces problèmes fondamentaux sont non seulement une approbation mais une
volonté de largesse ; monsieur Sarkozy fera voter l’euthanasie, Royale
également et nous nous dirigeons vers le mariage gay et
l’adoption : « L’amour hétérosexuel n’est pas supérieur à
l’amour homosexuel. » Sarkozy.
Je ne crois pas que l’on puisse
renouveler une société dans l’amoralisme, dans le défi permanent d’opposition
au droit naturel, à la loi naturelle, à Dieu. Quelles que soient les
améliorations petites ou grandes, elles n’auront aucune influence positive à
long terme et on aura beaucoup de chance si elles n’en viennent pas à se
retourner contre les objectifs définis.
Nous sommes enfermés dans une culture
de mort, il n’y a pas d’avenir humain pour une telle société. Dieu veillera à
ce qu’elle boive sa propre coupe jusqu’au bout, jusqu’à en vomire.
Français, vous avez choisi de
dormir ! Surtout n’oubliez pas vos oreillettes, vous n’entendrez pas le
cri silencieux de l’enfant à naître que l’on tue pour votre confort !
Catholiques de France, français et
françaises, hommes et femmes de prière, le six mai, vous aurez la possibilité ultime de vous
ressaisir, de retrouver le chemin du courage et de l’honneur. Allez
voter ! mais ne choisissaient pas, voter blanc ou nul : le bulletin
nul est comptabilisé, il vous suffit de prendre les deux bulletins, de les
déchirer et de les mettre dans l’enveloppe. Réduisez l’assise juridique de
l’élu puisqu’il n’y a plus de légitimité. Mettez votre acte en conformité avec
votre foi.
Il faut conclure, comment
conclurai-je sans préalablement me tourner vers l’épiscopat de mon église de
France ! En dehors de quelques personnalités, l’épiscopat s’est à nouveau
distingué par une large distance, un nouvel article de prudence à mettre dans
la besace des hontes confortables. Comment l’Assemblée des évêques a-t-elle osé
se taire ! Que n’a-t-elle pris à bras le corps le débat moral et fait
entendre sa voix aux quatre vents du cœur du peuple de Dieu sise en
France ? Malheur à toi, Dieu réclamera
contre toi la mesure de tes silences ! Malheur à toi, il fera de tes
médailles le carburant de tes enfers ! Ta place était dans les carrefours,
tu devais à l’exemple des églises sœurs d’Italie, du Portugal, du Brésil, de
Pologne…défendre le sourire promis, les larmes du malade, essuyer la sueur de
la future maman. Dieu ne t’a-t-il pas donné son Suaire pour cela !
O Eglise de France que fais-tu à ton
âme !
MEDITATION DE LA BIBLE
Dde
DESIRE WASSON
LA BIBLE
La Tour de Babel
Le récit de la Tour de Babel est
précédé du chapitre X avec pour titre : « Origine des nations
répandues sur la Terre1. » Il est étonnant que ce récit précède
l’histoire de Babel. Il se peut que Dieu l’ait inspiré pour souligner l’historicité du déluge
et pour sa première conséquence qui fut une seconde humanité lavée des fautes
de la précédent, mais non délivrée du péché originel ni du droit de Lucifer.
L’humanité nouvelle ouvrait son
histoire en accomplissant, non sans avoir désobéi, sa première des missions
naturelles : se répandre sur toute la surface de la Terre.
Tels sont les clans des fils de Noé, selon leur
descendance, d’après leurs nations. C’est à partir d’eux que se séparèrent les
nations sur la Terre après le déluge. (Gen. 10, 32)
L’énumération des générations de Noé jusqu’à Abram est là
pour souligner la continuité de la descendance d’Adam et Eve et le caractère
historique de la Révélation de la geste divine. Cette énumération généalogique
permet de remonter l’ascendance de Jésus, le Verbe Incarné, le Fils de Dieu,
Dieu Lui-même. Elle souligne que Jésus par sa réelle humanité récapitule toute
l’histoire d’Adam et Eve jusqu’à la fin des temps… et la consommation de toute
chose…
Deux lectures sont possibles pour le récit du déluge
Noétique ; il pourrait s’agir d’un déluge universel ayant noyé la Terre ou
d’un déluge localisé en Mésopotamie ; il y a une autre hypothèse : ce
récit réunirait plusieurs évènements de même nature. Quoi qu’il en soit, c’est
au moyen de ces évènements historiques ou cet unique événement historique que
Dieu veut nous enseigner qui nous importe le plus. Nous le savons, le Déluge
annonce le baptême de Jésus-Christ et celui de l’humanité sauvée, il témoigne
que le péché de l’homme peut aller jusqu’à la mise en danger de l’humanité en
s’en prenant au principe de génération.
On peut tout à fait admettre un
déluge universel et envisager le peuplement de la Terre à partir des enfants de
Noé. Dieu n’est pas limité dans sa puissance « rien ne Lui est
impossible. »
Il serait malhonnête de ne pas
rappeler la double tradition pour la rédaction de « l’Ancien
Testament »,
bien qu’il puisse s’agir d’une volonté délibérée d’une même tradition qui usa,
dans certaines occasions, d’un redoublement de récit en un mode d’expression et
stylistique différent ; nous serions alors en présence d’un unique
courant. Dans ce cas, il faut reconsidérer différemment l’approche
scripturaire. L’exégèse est une science délicate qui demande la prudence d’une
authentique humilité, car on sait bien que toute certitude peut être bousculée
par un simple et déroutant petit événement, une petite et humble découverte.
L’authentique savant, l’intellectuel
véritable,
est celui qui ne se ferme à rien. On présente souvent la proposition de deux
courants rédactionnels pour la l’Ancien Testament comme un fait établi et
entendu, est-on si certain d’avoir raison ?
Le récit de la tour de Babel :
Toute la Terre avait un seul langage et les mêmes mots. Or, en
partant du côté de l’orient, les hommes trouvèrent une plaine au pays de Chinéar et ils s’y établirent. Ils se dirent l’un à
l’autre : « Allons ! Faisons des briques et cuisons-les au
feu. » La brique leur tint de pierre et le bitume leur tint lieu de
mortier. Ils dirent : « Allons ! Bâtissons-nous une ville et une
tour dont le sommet soit dans les cieux, et faisons-nous un nom, de peur que
nous ne soyons dispersés à la surface de toute la Terre. »
Yahvé descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient
les fils d’hommes. Yahvé dit : « Voici qu’à eux tous ils sont un seul
peuple et ont un seul langage ; s’ils ont fait cela pour leur début, rien
désormais pour eux ne sera irréalisable
de tout ce qu’ils décideront de faire. Allons ! descendons et là,
brouillons leur langage les uns des
autres. » Et Yahvé les dispersa, de là, à la surface de toute la Terre, et
ils cessèrent de bâtir la ville. Voilà pourquoi on l’appela du nom de
Babel ; car c’est là que Yahvé brouilla le langage de toute la Terre, et
c’est de là que Yahvé les dispersa à la surface de toute la Terre.
( Gen. 11, 1 – 9 ; Bible Osty )
« Toute la Terre avait un seul langage et les mêmes
mots »
« Toute
la Terre »,
il s’agit d’un terme générique qui peut vouloir dire : tout ce que l’homme
de cette époque pouvait connaître et occuper de la surface de la Terre. S’ils
n’avaient qu’une seule langue et possédaient en commun la même connaissance des
mots, on peut envisager que Dieu ait voulu rappeler l’unité originelle de
l’humanité.
L’humanité a dû, une nouvelle fois, contempler sa puissance,
s’en réjouir et tenter de décider de son destin pour elle-même.
« Allons ! Faisons des briques et cuisons-les au
feu. » […] « Allons ! Bâtissons-nous une ville et une tour dont
le sommet soit dans les cieux, et faisons-nous un nom, de peur que nous ne
soyons dispersés à la surface de toute la Terre. »
L’activité humaine est propre à sa
dignité et à sa mission, l’homme contribue à la perfection de la création. Il
n’y a donc rien de choquant à construire une ville et une tour, sauf si l’intention
n’est pas seulement de construire mais de se rendre l’égal de Dieu, voire de l’accaparer pour le
ramener à sa seule volonté ; en quelque sorte Dieu devient un utilitaire
pour le service de l’homme. Nous sommes là devant un péché d’orgueil impressionnant
qui frise le blasphème.
L’objectif de construire une ville
puis une tour se révèle n’être qu’un prétexte pour fixer la population en un
lieu précis ; sans doute y avait-il l’idée de la gouverner plus facilement. Les
travaux fixaient la population ; celle-ci ne pouvait donc pas accomplir sa mission
naturelle qui est de peupler la Terre, de s’y répandre. La désobéissance est
toujours le résultat de l’orgueil, parfois l’orgueil de celui qui commande.
« Voici qu’à eux tous ils sont un seul peuple et ont
un seul langage ; s’ils ont fait cela pour leur début, rien désormais pour
eux ne sera irréalisable de tout ce
qu’ils décideront de faire. Allons ! descendons et là, brouillons leur langage
les uns des autres. »
Dieu constate l’intelligence de
l’homme et sa puissance, Il s’en inquiète. Le sujet développe une intelligence
qui est blessée et qui est surveillée par le Tentateur. Dieu est ‘angoissé’
voilà que l’homme va réaliser tous ses appétits. Il se complaira en lui-même,
il développera le désir de se débarrasser d’un Dieu qui encombre sa conscience.
La décision que Dieu prend de
brouiller le langage est, comme toujours sur le fond, une miséricorde. Car en
effet, l’homme pour subsister devra
entrer en communication avec d’autres foyers de culture et échanger avec eux ; il se heurtera à des
intérêts conflictuels, conflits qu’il ne pourra éviter que dans l’exercice de
l’humilité. Nous sommes toujours au cœur du mystère de l’iniquité et de la
Rédemption : l’homme ne peut s’en élever que dans l’humilité, une démarche
intérieure qui demande toute sa volonté intellectuelle, affective et
spirituelle. A chaque pas de l’homme où l’humilité est absente, Dieu oppose un
événement qui le met en présence et en intelligence de son manque d’humilité,
de son péché. Dieu n’a qu’un souci le salut de sa créature.
« Et Yahvé les dispersa, de là, à la surface de toute la
Terre, et ils cessèrent de bâtir la ville. Voilà pourquoi on l’appela du nom de
Babel ; car c’est là que Yahvé brouilla le langage de toute la Terre, et
c’est de là que Yahvé les dispersa à la surface de toute la Terre. »
Ce passage est particulièrement
intéressant, car il fonde les principes des identités culturelles, des patries.
C’est une fondation qui est tout à la fois sociologique et spirituelle.
Ce que nous devons retenir en tout
premier, c’est que le peuplement de la Terre est devenu effectif par
contrainte. On peut donc en déduire que les nations, les divisions culturelles,
spirituelles, religieuses sont du seul fait de la désobéissance de l’homme qui
se laisse piéger, mordre par son propre orgueil. L’humanité vit une rupture
d’unité originelle dont la seule cause est sa désobéissance, son refus de
répondre à l’ordre de Dieu : « répandez-vous sur toute la surface de
la Terre. »
Dans ce passage se trouvent réunies
toutes les nécessités, qui vont progressivement organiser le gouvernement de la
cité des hommes. Nous y reviendrons quand nous aborderons la période des Juges.
Il y a un aspect qui n’est pas à
négliger, ce récit explique en partie les bribes de la Tradition primordiale que
l’on nomme aussi adamique. On retrouve des morceaux ensevelis de cette
tradition sous un fatras de légendes et qui constituent les fondements des
religions païennes. C’est également la source qui éclaire le fait que des
communautés ont cru, par une foi naturelle en un Dieu unique ; on retrouve de
tels témoignages sur tous les continents et sur plusieurs époques –Cf. le site,
catholiquedu.net.
Nous reviendrons sur cet aspect dans
l’histoire d’Abraham.
(Nous rappelons que la méditation que
nous proposons de l’Ecriture Sainte reste entièrement soumise à l’autorité du
Magistère et que son objet est d’en faciliter sa lecture comme nourriture
spirituelle.)
L’ESCHATOLOGIE
CHAPITRE 8 :
SEPTIÈME JOUR, LE JOUR DU SEIGNEUR
« Aussitôt
après cette tribulation, le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus sa
lumière, les étoiles tomberont du ciel et les puissances des cieux seront
ébranlées. Et alors apparaîtra dans le ciel le signe du Fils de l’homme. Et
alors toutes les races de la terre se frapperont la poitrine. Et l’on verra le
Fils de l’homme venant sur les nuées du ciel, avec grande puissance et grande
gloire. Et il enverra ses anges avec une trompette sonore, pour rassembler ses
élus des quatre vents des extrémités des cieux à leur extrémité.[1] »
Daniel, en parlant de la fin de l’Antéchrist,
écrit: «Il sera brisé sans acte de main.[2] ». Saint Paul
va dans son sens: «Le Seigneur fera
disparaître l’Impie par le souffle de sa bouche, l’anéantira par la
manifestation de sa Venue.[3] »
La durée du monde de
l’Antéchrist
(Chose indécise)
On le voit, ces textes multiples ne laissent pas
de doute. La venue du dernier Antéchrist précédera et annoncera le retour
glorieux du Christ. Le Seigneur affirme avec netteté: “Quand vous verrez cela, redressez-vous et relevez la tête car votre
Rédemption est proche[4]”.
Toute la question est d’interpréter ce mot
«proche ». Combien de temps durera le monde soumis au culte l’Homme à travers
le culte explicite de Lucifer*? Durera-t-il quelques années seulement? Lorsque
la dernière prophétie sera réalisée, combien de temps faudra-t-il précisément
attendre? Pour répondre à ces questions, seuls des principes généraux sont
certains. Dieu laissera durer ce monde sans espérance suffisamment de temps
pour qu’il puisse produire des fruits que l’Antéchrist ne prévoira pas, à
savoir de la souffrance donc de l’humilité et du désir pour le vrai Dieu. Mais
il le fera cesser par son retour glorieux assez vite pour que des élus aient la
vie sauve. « Et si ces jours-là
n’avaient été abrégés, nul n’aurait eu la vie sauve; mais à cause des élus, ils
seront abrégés, ces jours-là.[5]»
D’après le prophète Daniel, la durée du règne de
l’Antéchrist sera courte: “le temps d’une
semaine (temps symbolisant ce que vit une génération humaine), il consolidera une alliance avec un grand
nombre et le temps d’une demi-semaine, il
fera cesser le sacrifice et l’oblation[6]”(donc,
semble-t-il, quelques années).
Ailleurs[7],
il parle de la manière suivante: “A
compter du moment où sera aboli le sacrifice perpétuel et posée l’abomination
de la désolation, 1290 jours. Heureux celui qui atteindra 1335 jours ».
1290 jours représentent la durée du ministère public de Jésus (trois ans et
demi). Ce chiffre signifie non un temps réel (du moins pas nécessairement) mais
une mission. Appliqué à l’Église, ils symbolisent les siècles de son existence
sur terre. Les chrétiens qui ont gardé ou garderont la foi dans leur cœur[8], ont été et seront
appelés à la même mission que le Christ, sauver le monde. Ils seront les
prêtres du monde, c’est-à-dire qu’il leur appartiendra d’offrir à Dieu des
supplications pour l’âme de leurs contemporains éloignés de la vraie Vie.
Heureux donc ceux qui, tout au long de l’histoire de l’Église (déjà près de
2000 ans), ont gardé et garderont intacte leur confiance en Dieu.
Quant aux 1335 jours (1290 jours + 45), ils symbolisent non
seulement les trois années et demi de la vie apostolique de Jésus, mais aussi
le temps très court du sépulcre (3 jours), jusqu’à la Pentecôte (40 jours).
Heureux aussi ceux qui garderont la foi durant les trois jours du sépulcre de
l’Église (3 jours symboliques) et jusqu’au retour glorieux du Christ (après 40
jours symboliques). Ils seront l’Église de la fin du monde de la même manière
que Marie* fut à elle seule toute l’Église pendant les trois jours du sépulcre
et les 40 jours d’errance et de doute avant la Pentecôte.
Concrètement,
tous ces chiffres symboliques ne nous avancent pas beaucoup. Il est impossible
de savoir avec certitude quelle sera la durée exacte du règne de l’Antéchrist
(et peut-être de ses successeurs). Une seule chose est certaine. Dieu n’annonce
plus aucun événement nouveau sur terre hormis la Venue du Christ qui « fera disparaître l’Impie par le souffle
de sa bouche, l’anéantira par la manifestation de sa Venue[9] ». Il n’y aura donc plus cette fois d’autre temps.
J’ai
longtemps hésité à propos de cette durée. Je n’arrive pas à conclure. J’ai
essayé de comparer à ce qui s’était jadis passé, lors de la « fin de
certains mondes particuliers ». Des prophéties anciennes, adressées à l’Égypte
antique, parlaient déjà de « fin du monde ». On m’a rapporté qu’une
inscription hiéroglyphique du temple de Philae dit: «Les temples seront désertés. Les dieux seront oubliés. Les écrits
deviendront obscurs et nul ne pourra plus les déchiffrer. La fin du monde
approche ». La fin du monde, en ce qui concerne l’Égypte antique, ne fut
que la fin d’un monde. 1700 ans après l’assassinat du dernier moine de
Philae, l’humanité est toujours sur terre. Il y a ici une analogie avec la fin
de l’Église et des religions.
En
conséquence, deux opinions peuvent être soutenues.
1- Première hypothèse. Sans trop s’avancer, il est probable
que les hommes qui seront présents sur terre lorsque sera donné le dernier des
signes (la tentative de conquête de l’arbre de vie), seront encore en majorité
vivants lors du retour du Christ. Ce temps d’attente ne durera pas plus que
l’espace d’une génération, selon le sens littéral de cette parole de Jésus[10]: «En vérité je vous le dis, cette génération ne passera pas que tout
cela ne soit arrivé. » Jusqu’alors réalisée de manière cachée, à
travers la succession des morts individuelles, cette parole le sera d’un coup
par le retour glorieux du Christ. Plusieurs arguments étayent cette opinion.
Les prophéties concerneront, cette fois, l’Église universelle et la totalité
des nations* de la terre. Elles seront toutes réalisées. Rien d’autre ne sera
annoncé. Les événements rapportés dans le livre de la Genèse se seront produits
en sens inverse, au sens littéral du
terme. Ainsi, l’Alpha et l’Oméga, la Genèse et l’Apocalypse se seront
rejoints. Déjà de nos jours, les tours de Babel[11] modernes se dressent
dans presque tous les pays comme symbole de leur orgueil; L’unification des
langues[12] est en voie de
réalisation dans l’anglais; Les nations commencent à penser leur disparition au
profit d’un gouvernement mondial[13]; Le rêve d’une
prolongation de la vie humaine tente déjà les généticiens[14]. Il s’agit donc bien du temps des temps, de la fin des fins[15], de même que le livre
de la Genèse raconte le commencement du commencement.
Combien d’années ? Les exemples du passé montrent la
diversité des temps accordés par Dieu aux impostures politiques. Parmi les
divers antichristianismes apocalyptiques, on peut citer l’exil à Babylone du
peuple juif qui dura soixante-dix ans[16]; Le communisme athée
en Russie dura soixante-douze ans; L’exode dans le désert dura quarante années[17]; Hitler tint
l’Allemagne durant douze ans et le monde en guerre durant six ans. Rarement, au
cours de l’histoire, un régime politique monstrueux n’aura duré plus que
le temps d’une vie humaine. Or l’Antéchrist, celui qui accomplira les dernières
prophéties, sera un homme, pas un dieu.
2-
Deuxième hypothèse. Mais il existe une autre hypothèse, peu probable
et peu étayée quoique légitime. Rien n’empêche que l’Antéchrist ait des
successeurs. Ce monde sans autre religion que celle de la collaboration avec
Lucifer peut durer plusieurs siècles. Au risque de décevoir, lorsqu’on regarde
dans l’Écriture sainte la façon dont Dieu utilise le mot « bientôt », on reste hésitant. Un texte de l’apocalypse
est à cet égard significatif[18]: «Ces paroles sont certaines et vraies; le Seigneur Dieu, qui inspire
les prophètes, a envoyé son Ange pour montrer à ses serviteurs ce qui doit
arriver bientôt. Voici que mon retour est proche! Heureux celui qui garde les
paroles prophétiques de ce livre ». Ce texte est lu depuis 2000 ans par des
générations de chrétiens qui sont invités à y croire. De fait, ces paroles se
réalisent puisque les gens meurent vite, donc « bientôt ». C’est le bientôt de Dieu! J’ai expliqué que le
monde de l’Antéchrist, quoique centré sur l’Homme et le culte de la gloire,
n’est pas un monde où l’on se damne davantage que dans les autres époques. La
détresse spirituelle y est source de rédemption, comme au temps de l’Ancien
Testament où Dieu se taisait. Il se peut donc que Dieu laisse faire, qu’il
observe jusqu’où peut aller la folie des habitants de la planète bleue.
Dans
cette hypothèse, que feront-ils, perdus, seuls, comme une tête d’épingle dans
une galaxie de cent-mille années lumière, à la conquête de la gloire[19]? Et Yahvé dit: «Voici que tous font un seul peuple et parlent une seule
langue, et tel est le début de leurs entreprises! Maintenant, aucun dessein ne
sera irréalisable pour eux. » Il se peut donc que Dieu laisse tourner le
monde et observe du Ciel sa folie, comme aux jours de Babel. Ils conquerront de
nouvelles planètes. Ils s’efforceront de sortir du système solaire. Ils
lutteront pour vaincre la mort. Ils pratiqueront le spiritisme avec l’autre
monde. Tout cela se fera dans une perpétuelle et pitoyable guerre intérieure.
Le dieu qui les illuminera sera sans amour… Ce sera un monde de petits vieux,
spirituellement usés, moralement désespérés, ossements desséchés. Mais,
inconsciemment ou consciemment, ils seront assoiffés d’un désir brûlant pour le
vrai Dieu.
(Chose certaine)
Alors, finalement, le Christ apparaîtra. Ce ne
sera pas une simple grâce spirituelle mais une apparition aussi réelle et
visible que celle de Marie à Bernadette de Lourdes. Il se montrera d’un seul
coup aux yeux de chair, exactement de la même façon que le voient ceux qui
meurent de nos jours. Il s’agit du même mystère que celui que j’ai décrit en
racontant la mort individuelle de chacun[21]. Le Christ ne viendra
pas seul mais accompagné du Ciel entier (la Bible appelle cela les nuées du
ciel), des milliers d’anges pour ce jour de fête et de terreur (Dies irae),
des saints du passé et de tous les pays, enveloppés de lumière. Les anges
auront revêtu, pour ce jour, une apparence corporelle qui dévoilera leur esprit
aux mille lumières[22].
En tête, la Vierge Marie, dans son corps
physique glorifié apparaîtra simple.
Plus un être est saint, plus il est simple. On s’écriera de toute part en la
voyant, à l’image des pauvres mots de sainte Bernadette: « Elle a les yeux
bleus ». Ce sera une couleur d’âme, qui ne se décrit pas avec des mots, une
transparence de pureté intérieure où chacun lira qu’elle n’a jamais péché. Tout
le monde verra ce grand spectacle en un seul regard. Quand Dieu veut faire
grand, il en prend les moyens.
Chacun verra le Ciel lui apparaître comme s’il
était seul au monde. “Comme l’éclair, en
effet, part du levant et brille jusqu’au couchant, ainsi en sera-t-il de
l’avènement du fils de l’homme.[23]” Chacun aura son
apparition personnelle et, en même temps, chacun verra qu’il n’est pas le seul.
Les enfants s’extasieront et diront à leurs parents: «Dieu est lumière et amour! Et nous ne le savions pas! »
Chaque homme réagira devant la Révélation de
cette gloire selon les dispositions de son cœur. Les quelques fidèles qui
auront su rester fidèles à leur attente du retour du Christ seront debout, attitude que la Bible réserve à
l’ami. Dans leur joie, ils ne pourront dire autre chose que merci. Leur
sainteté leur sera révélée. Ils comprendront que c’est leur prière qui provoque
cette explosion de gloire. Semblables à Marie, ils en seront
« troublés »[24].
A genoux,
c’est-à-dire repentants, les hommes de bonne volonté, jusque là soumis à
l’Antéchrist, pleureront en disant:
« Nous ne savions pas que tu étais ainsi. Nous croyions, on nous l’avait
dit, que tu n’étais qu’un mauvais esprit, un dieu jaloux de son pouvoir. Pardon
pour nos péchés. Fais de nous ce qu’il te plaira ». Mais, dans l’apparition
de Jésus, ils ne discerneront ni jugement ni condamnation. Nous avons une image
de l’accueil qu’il réserve à tout homme quel qu’il soit à l’heure ultime. Il en
sera en ce jour-là comme de la parabole rapportée par Jésus dans son Évangile[25], “ comme d’un homme qui avait deux fils. Le
plus jeune dit à son père: Père, donne-moi la part d’héritage qui me revient.
Et le père fit le partage de ses biens. Peu de jours après, le plus jeune
partit pour un pays lointain où il gaspilla sa fortune en menant une vie de
désordre. Quand il eut tout dépensé, il commença à se trouver dans la misère.
Il eut faim et décida de retourner chez son père, voulant se présenter à lui
comme le dernier de ses serviteurs. Le voyant arriver de loin, le père
l’aperçut et fut saisi de pitié. Il courut se jeter à son cou et le couvrit de
baisers. Le fils lui dit: Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi. Je ne
mérite plus d’être appelé ton fils (...) Mais le Père dit à ses domestiques:
vite apportez les plus beaux vêtements pour l’habiller et mettez-lui une bague
au doigt et des sandales aux pieds. Allez chercher le veau gras, tuez-le,
mangeons, festoyons car mon fils que voilà était mort et il est revenu à la vie,
il était perdu et il est retrouvé.” Il le prépare par la famine ressentie
sur la terre. Il le fait revenir à lui par le désir qu’il a d’être heureux.
Puis il devance ses paroles, se montre à lui tel qu’il est, et au moindre signe
de repentir, il lui promet la gloire des Noces éternelles. Comment douter de
Dieu à la lecture de textes tels que celui-ci?
Les Juifs[26], face à la
constatation des faits diront: « Jésus, Messie, gloire à toi au plus haut des cieux! » Ils réaliseront ce jour-là
la prophétie de Jésus: «Vous ne me verrez
plus jusqu’à ce que vous disiez: Béni soit celui qui vient au nom du
Seigneur! [27] »
De même, les quelques musulmans fidèles diront avec un étonnement qui les
laissera sans force: « Jésus, Fils de Marie, tu es Dieu. Tu es vraiment mort
sur la croix pour nous! Tu nous proposes ton amitié et la vie éternelle dans la
vision face à face! Nous ne le savions pas. Nous te choisissons tel que tu es,
Jésus. Nous ne serons plus tes serviteurs mais, si tu le veux, nous serons tes
amis ». Ce sera une immense clameur de joie et les peuples, ceux qui auront le
cœur pauvre, se précipiteront vers Jésus, vers les saints du Ciel. On
s’élancera vers lui à la mesure de la soif qu’on en avait éprouvée sans le
savoir ou en le sachant. En un moment, chacune des vies qui peupleront la terre
décidera de son destin pour l’éternité.
Mais, bien sûr, il n’y aura pas que des pauvres
de cœur sur la terre en cette époque. Il y aura aussi beaucoup d’orgueilleux et
parmi eux, l’Antéchrist. En un instant, en raison de la simple apparition du
cœur du Christ, ses constructions n’auront plus de sens. Il en sera fini du
monde créé par lui. L’adoration du dieu arrogant et présomptueux paraîtra vaine
à tous les cœurs justes, c’est-à-dire à la majorité des hommes. Chacun voudra
le vrai Dieu de l’humilité et de l’amour.
L’Antéchrist ne sera pas rejeté, malgré tout le mal spirituel qu’il
aura fait. Il sera visité, lui tout seul comme tous les autres hommes, par
Jésus et il se verra proposer le salut. Il comprendra alors (s’il ne l’avait déjà compris...) que le
Messie était mort pour lui aussi et qu’il serait mort tout de même pour lui
s’il avait été le seul habitant de la terre. Mais l’Antéchrist, sera porté à
refuser. Après s’être battu toute une vie pour la dignité de l’homme libre,
indépendant, debout, en un mot orgueilleux, comment pourra-t-il accepter la
victoire de Jésus, l’Homme humble et aimant (donc plus que jamais libre et
debout) ? Voyant en un instant son oeuvre, son monde séparé du vrai Dieu
détruit de l’intérieur et vidé de ses sujets, il est évident qu’il sera tenté
par son propre péché et par la présence de Satan.
Lucifer, le chef des anges révoltés, exactement comme à l’heure de
la mort individuelle de chacun, recevra l’autorisation de se montrer, de
s’adresser aux hommes. Il leur tiendra ce langage, à tous, dans un dernier
discours intérieur particulièrement séducteur: «N’avez-vous pas été heureux et puissants sur la terre durant toutes ces
années grâce à moi et à mes serviteurs? Allez-vous renoncer maintenant à ce
bonheur, d’un seul coup, parce qu’on vous en propose un autre? Mais ne
comprenez-vous pas ce que veut ce Jésus? Il vous veut humbles et dépendants
alors que vous êtes faits pour la liberté, le pouvoir, la décision autonome du
bien et du mal. Il vous veut aimants alors que vous pouviez jusqu’ici vivre
sans dépendre de personne. Refusez avec moi ce pitoyable paradis! Restez ce que
vous avez toujours été, des hommes debout! »
Ce discours ne séduira que peu d’hommes, à sa grande fureur. Seuls
les orgueilleux capables de maintenir leur choix devant la révélation d’un si
grand amour, le suivront. Le livre de l’Apocalypse commente[28]: «Mais la Bête (l’idéologie de l’orgueil) fut capturée, avec le faux
prophète (l’Antéchrist) -celui qui accomplit au service de la Bête des prodiges
par lesquels il fourvoyait les gens ayant reçu la marque de la Bête et les
adorateurs de son image,- on les jeta tous deux, vivants, dans l’étang de feu,
de soufre embrasé (…) Il maîtrisa le Dragon, l’antique Serpent, -c’est le
Diable, Satan,- et l’enchaîna pour mille années (ici, dans ce sens qui est
le dernier, mille années signifient l’éternité). » Un autre texte de
l’Apocalypse, du même genre, semble indiquer[29] que l’Antéchrist
suit Satan en enfer: « Alors le diable,
leur séducteur, fut jeté dans l’étang de feu et de soufre, y rejoignant la Bête
(c’est-à-dire l’idéologie d’un monde sans vrai Dieu) et le faux prophète (l’Antéchrist), et leur supplice durera jour et nuit, pour les siècles des siècles. ”
Pour Judas, Hitler et d’autres[30] que ces prophéties de
damnation sous-entendent toujours: “s’il ne se convertit pas au dernier
moment.” Il n’en demeure pas moins vrai, comme pour tous les hommes dont j’ai
montré le choix décisif à l’heure de la mort[31], que plus l’orgueil
et l’égoïsme sont importants, plus la conversion est difficile.
La plupart des hommes, après avoir été abreuvés pendant des années
du vide spirituel créé par l’Antéchrist, reconnaîtront n’avoir aimé
qu’eux-mêmes en recherchant les joies sensibles. Ils le reconnaîtront devant le
Christ et devant tous les saints. Ils comprendront la gravité de l’égoïsme qui
se déguise en amour tout en rejetant l’époux qui lasse, les parents âgés qui
meurent seuls, les enfants malvenus. Ils comprendront à la vue du Christ ce
qu’est le vrai amour et seront prêts à prendre tout le temps qu’il faut pour se
purifier. Le livre de l’Apocalypse raconte, à travers les symboles d’une
bataille, ces conversions provoquées par la Venue du Christ[32]: «Tout le reste fut exterminé par l’épée (la
parole de vérité) du Cavalier, qui sort
de sa bouche, et tous les oiseaux (les contemplatifs) se repurent de leurs chairs ». Il y aura en effet au Ciel une
grande joie devant la foule immense du peuple qui se convertira. Ce sera la
joie de la Victoire de l’amour. On verra des prostituées, jusque là adonnées
aux péchés, se convertir et, telle Marie-Madeleine, pleurer en essuyant les
pieds de Jésus avec leurs cheveux[33]. On verra des hommes
d’argent renoncer à leur fortune et, tel le publicain Lévi, arriver les mains
vides devant Jésus. Mais celui qui maintiendra son orgueil jusqu’au bout, celui
là sera perdu.
Après le retour du Christ, le temps sera comme
suspendu. Ceux qui auront choisi de l’aimer vivront ces heures en sa présence
dans une extase perpétuelle. Ils ne pourront détacher leur âme de sa vue. Ils
ne verront pas seulement sa beauté physique mais aussi celle de son cœur. Tous
les symboles utilisés jadis par le Seigneur auprès de sainte Marguerite-Marie
prendront sens. Au même moment, ceux parmi les sauvés qui auront à purifier
quelque chose seront éloignés de sa vue. Cela ne durera qu’un instant mais
pourra leur paraître des heures, des années tant ils aimeront et ne
supporteront pas son absence. Le purgatoire est fait ainsi. Il ne dure sans
doute pas longtemps en temps objectif mais sa durée intérieure peut sembler
aussi longue que des siècles. ”Avez-vous
vu mon Bien-aimé?[34]” Ceux qui auront
refusé le Christ seront aussi sur la terre en ces instants mais ils fuiront.
Ils ne se sauveront pas dans d’autres lieux, le Christ étant présent partout à
la fois devant leur regard. Ils fuiront en eux-mêmes en essayant de détourner
leurs pensées de son regard insoutenable. Ils crieront: «Va-t-en. Ne vois-tu pas que nous ne voulons pas de toi ni d’aucun de
ceux qui sont avec toi. Pourquoi restes-tu ainsi? Veux-tu donc nous torturer ?
» Leur choix de la solitude sera, on le voit à travers ces mots, définitif.
Il est inutile d’insister davantage sur le
retour du Christ car sa venue a déjà amplement été décrite[35]. La mort individuelle
de chacun est exactement, point par point, le même mystère et, à une nuance
près, tout le monde le verra en même temps.
Pour conclure ce chapitre, il faut se reposer la
question fondamentale déjà formulée ci-dessus. Pourquoi Jésus permettra-t-il
avant son retour, que l’apostasie* s’installe jusqu’à supprimer toute trace
extérieure et visible de la présence de Dieu? Nous voyons maintenant comme dans
un grand panorama le bien qui en sortira, beaucoup d’humilité pour la majorité
des hommes, vivant sans espoir de vrai bonheur dans un monde où tout
matériellement dispose au bonheur; une grande espérance pour ceux qui auront
gardé la foi, mais toute pauvre devant l’absence de tout signe extérieur du
retour du Christ; une charité inégalée, enfin, pour les chrétiens de cette
époque. Il en sortira une grande victoire. Avec saint Paul, devant la confusion
du démon définitivement vaincu chacun s’écriera: «La mort a été engloutie dans la victoire; où est-elle, ô mort, ta
victoire? Où est-il, ô mort, ton aiguillon? Mais grâce soit à Dieu, qui nous
donne la victoire par notre seigneur Jésus Christ.[36] »
LA PREUVE SUPRÊME QUE DIEU
NOUS AIME,
C’EST QUE LE CHRIST
REVIENDRA NOUS CHERCHER
ALORS QUE NOUS NE L’ATTENDRONS
PLUS[37].
« Nous ne mourrons pas
tous »
(Chose certaine)
A la fin des temps, le Royaume de Dieu
arrivera à sa plénitude. Après le jugement universel, les justes règneront pour
toujours avec le Christ, glorifiés en corps et en âme, et l’univers lui-même
sera renouvelé: « Alors l’Église sera "consommée dans la gloire
céleste, lorsque, avec le genre humain, tout l’univers lui-même, intimement uni
avec l’homme et atteignant par lui sa destinée, trouvera dans le Christ sa
définitive perfection".» Cette rénovation mystérieuse, qui transformera
l’humanité et le monde, la Sainte Ecriture l’appelle "les cieux nouveaux
et la terre nouvelle". Ce sera la réalisation définitive du dessein de
Dieu de "ramener toutes choses sous un seul Chef, le Christ, les êtres
célestes comme les terrestres".[38]
Le jour du Seigneur, son retour glorieux
visible d’un bout à l’autre de la terre, mettra fin aux naissances et aux
morts. La terre telle qu’elle est n’aura plus ni sens ni utilité, les hommes
ayant tous sans exception fait leur choix pour l’éternité. Saint Paul raconte
ainsi ce qui se produira alors[39]:
“Je vais vous dire un mystère. Nous ne
mourrons pas tous, mais nous serons transformés. En un instant, en un clin
d’œil, au son de la trompette finale, car elle sonnera, la trompette, et les
morts ressusciteront incorruptibles, et nous, les vivants, nous serons
transformés. Il faut en effet que cet être corruptible revête
l’incorruptibilité, que cet être mortel revête l’immortalité.”[40]
Les paroles de saint Paul sont claires.
Si nous sommes présents sur la terre au jour du retour du Christ, nous ne mourrons pas. Nous serons tous,
sans exception, dispensés de la mort et ce sera le premier cadeau de noces de
la part de Dieu. J’ai montré que les dernières générations de l’humanité seront
extrêmement cultivées et intellectualisées, même si elles auront tendance à se
donner à un culte antichristique. Leur sensibilité sera affinée, beaucoup plus
sensible au vide spirituel. C’est pourquoi la mort n’aura plus vraiment
d’utilité. Le règne désespérant de l’Antéchrist et le retour glorieux du Christ
seront des événements si puissants qu’ils suffiront à rendre tous les genoux
chancelants. Les damnés eux-mêmes seront dispensés de mourir, leur choix final
étant parfaitement lucide et définitif.
(Chose certaine)
L’univers sera donc peuplé de deux sortes
d’humains. Les anciens, ceux qui seront déjà passés par la mort, seront
présents. Ils auront accompagné le Christ ou le démon le jour de la Parousie*.
Mais ces personnes-là n’auront pas leur corps de chair. Ils seront face à la dernière
génération de l’humanité, bien en chair.
Avant la résurrection de la chair,
l’homme est privé d’une partie de son être. Il conserve bien sûr la partie
essentielle de son être, son esprit, ses pensées et ses choix profonds. Mais
tout semble indiquer qu’il conserve aussi la partie psychique de son être. Il
voit, il entend. Il garde malgré la disparition de l’organe du cerveau, avec
une acuité très grande, tous les souvenirs sensibles accumulés durant la vie
terrestre et que la vieillesse fait parfois oublier. Cette découverte de la
survie de la vie sensible est récente en Occident. On la doit aux études du
Docteur Raymond Moody sur les personnes victimes d’un arrêt cardiaque[41].
Par contre le corps charnel a disparu. Son absence ampute le mort des sens du
toucher et du goût qui lui sont liés. Ce manque est très peu gênant. Ceux qui
sont déjà au Ciel sont parfaitement heureux. Comment pourrait-il en être
autrement puisqu’ils voient Dieu?
Pourtant Dieu ne nous laissera pas
éternellement amputés d’une partie de nous-mêmes. En cet instant, la trompette sonnera[42], dit saint Paul. Cette trompette symbolise
la voix du Christ. Tout pouvoir lui a été remis par Dieu. L’Esprit Saint qui
repose sur lui est décrit dans la Bible comme une trompette ou un tonnerre à
cause de sa force[43].
C’est à lui qu’appartient, à travers son humanité, de donner un tel
commandement.
Il
donnera un ordre à ses anges. Eux, utilisant leur puissance naturelle sur cette
matière qu’ils façonnent depuis la création du monde, récolteront de la terre
et, à partir de ses éléments, reconstitueront le corps physique complet,
parfait et en pleine jeunesse de tous les morts, les saints comme les damnés.
Ce sera leur corps à eux, reconstitué précisément mais débarrassé de ses
défauts. Les handicapés renaîtront en pleine possession de tous leurs moyens,
les trisomiques ne porteront les stigmates de leur handicap que comme une
gloire de leur âme plus humble. Chaque mort, en un éclair, réintégrera son
propre corps dont elle reconnaîtra chacune des fibres.
Je ne veux pas signifier par là que ce
corps sera fait avec les mêmes éléments matériels qui ont déjà servi durant
notre vie terrestre (atomes et molécules)[44].
L’Église affirme que notre corps de ressuscités sera notre vrai corps physique, aussi palpable et capable de manger que
celui de Jésus après sa résurrection.
La résurrection de la chair fait partie de la foi. A cela, on
pourrait, semble-t-il, objecter le texte de saint Paul dans sa première lettre
aux corinthiens[45]:
« On est semé ici-bas corps psychique,
on ressuscite corps spirituel. S’il y a un corps psychique, il y a aussi un
corps spirituel. » L’interprétation de ce texte pourrait conduire à
affirmer l’apparition d’un corps qui n’est plus fait de matière mais qui, de
fait, est celui d’un pur esprit. Les anges eux-mêmes ne se façonnent-ils pas
parfois des apparences de corps que l’on peut voir et toucher?[46]
Or les Évangiles ne cessent de le rappeler, saint Paul n’a pas voulu dire cela.
Jésus prouve à Thomas dans son apparition qu’il a un vrai corps. “Mets ton doigt dans mon côté, ne soit pas
incrédule, soit croyant.[47]” Avec son autorité infaillible,
l’Église a confirmé qu’il s’agit bien d’une résurrection de la chair, c’est-à-dire des molécules palpables qu’un fantôme ne
possède pas. Il s’agira bien de notre corps physique mais il sera, aussi bien
pour les saints du Ciel que pour les damnés, débarrassé de tous ses défauts.
Ces défauts ne serviront plus à rien puisque notre choix aura été fait. Les
damnés et les saints réintégreront la perfection de leur être, pour que chacun
puisse vivre comme il le désire, loin de Dieu ou près de lui. Déjà au temps du
prophète Daniel, les Juifs savaient que tous les morts sans aucune exception
ressusciteraient un jour: “Une multitude,
ceux qui dorment au pays de la poussière s’éveilleront, les uns pour la vie
éternelle, les autres pour la réprobation et l’horreur éternelle.[48]”
Dieu rendra à chacun son corps, respectant même chez les damnés la liberté qui
les a conduits à choisir l’horreur éternelle d’une vie sans amour[49].
Saint Paul, en parlant d’un corps spirituel, voulait signifier que les saints
comme les damnés réintégreront leur corps
parfaitement soumis et adapté à leur esprit.
Notre corps sera spirituel en ce sens
qu’il obéira tout entier à notre esprit. Les damnés eux-mêmes seront dotés de
cette liberté à une nuance près. Leur esprit sera malade de l’absence de Dieu.
Il brûlera de l’intérieur du feu de ce manque. Ainsi, malgré la présence d’un
corps doté d’incorruptibilité et parfaitement soumis à leur volonté, ils n’en
profiteront pas. Que sert à l’homme d’avoir une santé physique parfaite et un
contrôle de son psychisme s’il n’est pas heureux? Cela se répercutera
d’ailleurs dans leur apparence. Leur corps sera doté d’une grande vitalité mais
leur visage sera sans cesse déformé par les effets de leur égoïsme choisi. Tout
leur malheur viendra de leur esprit orienté vers un choix pervers. Ils ne
penseront qu’à eux-mêmes, à leur obsession tendue vers leur propre réalisation,
mais ils ne pourront réaliser ce but loin de Dieu qui seul aurait pu les
combler. Ils écumeront de colère. Toutes les passions mauvaises seront leur lot
quotidien puisqu’ils chercheront le bonheur,
c’est-à-dire Dieu, tout en refusant la nature et les conditions de ce
bonheur (l’humilité du repentir). C’est une contradiction interne, choix de
leur liberté, que la Bible appelle «l’horreur».
Les humbles, quant à eux, recevront de la
part de Dieu ce même corps, doté de la même perfection. Mais, pour eux, tout
sera surélevé en gloire. Comment pourrait-il en être autrement puisqu’ils
verront Dieu? La Trinité emplira leur esprit, comblant en béatitude tous leurs
désirs. En conséquence, leur sensibilité et leur corps seront plus que soumis
totalement à leur esprit après le miracle de la résurrection. Ils s’en trouveront
glorifiés, c’est-à-dire dotés de pouvoirs venant de Dieu. Des propriétés
nouvelles et inimaginables apparaîtront[50].
Saint Thomas d’Aquin, regardant la façon dont se comportait Jésus après sa
résurrection, les résume en quatre mots, impassibilité (il n’est plus
accessible à la souffrance, à la mort), subtilité (il passe à travers les
portes closes), agilité (il se déplace instantanément) et clarté (son visage
physique révèle parfaitement son esprit)[51].
La Vision béatifique et l’enfer
(Chose certaine)
Lorsque le dernier homme aura achevé de purifier
son amour à travers un purgatoire de solitude[52], tout sera consommé.
Il n’y aura plus que deux « demeures » dans l’autre monde,
c’est-à-dire deux types d’hommes. Ils sont symbolisés dans l’Écriture par le
bon grain et l’ivraie[53]. Il s’agit des
habitants du paradis et de l’enfer. Il ne convient pas d’imaginer cela comme
deux mondes physiquement séparés. L’enfer étant un choix de liberté, respecté
par Dieu, son lieu est le même que celui du paradis. C’est l’univers entier et
ses merveilles. De fait, Dieu donnera aux damnés obstinés en cadeau tout ce
qu’ils désirent. Ils recevront la puissance à laquelle ils aspirent. Ils auront
la possession de l’univers. Ils pourront y faire ce qu’ils veulent selon le choix
de leur liberté. Une seule chose leur sera refusée. La Vision sublime de Celui
qui voulait les épouser. Faut-il donc affirmer que les paroles de l’Écriture
qui les décrivent condamner à un étang de feu[54], sont de vaines
images? Il s’agit au contraire d’une triste réalité, pire encore que la lettre
du texte laisse imaginer. En effet, à cause de leur méchanceté intérieure,
toute cette liberté et puissance se retournera contre eux. Ils ne profiteront
de rien. La vue d’une fleur ou de toutes les merveilles créées par Dieu sera
source d’allégresse pour les saints. Pour les damnés, elle sera une pointe de
plus dans leur cœur envieux. Mais la plus grande souffrance sera pour eux la
vue d’un élu. Ils ne supporteront pas la vue de l’humilité, de l’amour généreux
et de la gloire qu’elle mérite. Ce sera pour eux un objet de rage qui leur
rappellera douloureusement la perte qu’il auront faite. Ils fuiront donc le plus loin possible, dans les recoins les plus
sombres de l’univers. Ils se sépareront à jamais de toute présence vivante et
habiteront les lieux déserts. Ils chercheront le centre des astres, l’obscurité
brûlante de ces étangs de feu[55] où nul saint ne
s’aventure. Plutôt que de céder à l’amour et de se repentir, ils rumineront la
haine pour toujours.
Le monde nouveau
(Chose certaine)
« Quant au cosmos, la Révélation affirme la profonde
communauté de destin du monde matériel et de l’homme: Car la création en
attente aspire à la révélation des fils de Dieu ... avec l’espérance d’être
elle aussi libérée de la servitude de la corruption .... Nous le savons en
effet, toute la création jusqu’à ce jour gémit en travail d’enfantement. Et non
pas elle seule; nous-mêmes qui possédons les prémices de l’Esprit, nous
gémissons nous aussi intérieurement dans l’attente de la rédemption de notre
corps (Romains 8, 19-23).[56] »
Qu’est-ce que le paradis ?[57] «Voir Dieu face à face et ne posséder rien d’autre vaut infiniment plus
que posséder l’univers entier et avoir perdu Dieu[58]. » Pourtant,
Dieu se prépare à offrir à ses amis, en plus de lui-même, un univers entier. Il
ne s’agit pas d’une exagération littéraire. Saint Paul l’a dit, «selon qu’il est écrit, nous annonçons ce que
l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au
cœur de l’homme, tout ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment[59]. » A partir
d’ici, j’aborde les grâces supplémentaires que Dieu a préparées[60]. C’est un travail
très difficile. D’incroyables surprises nous attendent. Nous ignorons encore
presque tout des propriétés cachées de la lourde matière dont nous sommes faits
mais qui se trouvera transfigurée. Parmi ces propriétés, quelques-unes sont
certaines.
Après la résurrection de la chair, l’homme
retrouve la plénitude des facultés physiques, le sens du toucher inclus.
L’Église n’a jamais souscrit à cette foi un peu fondamentaliste des Témoins de
Jéhovah, comme si le lieu du paradis devait être la terre. Ce lieu est bien
trop exigu pour une éternité selon le rêve de Dieu. En toute logique, la
présence de ce corps doit s’accompagner de la recréation d’un univers physique
qui lui corresponde. A l’heure dite, immédiatement après le retour du Christ,
conjointement à la résurrection des morts, il préparera la réalisation de
bienfaits inimaginables jusque dans notre sensibilité et notre corps, jusque
dans le monde physique qu’il transformera, pour que nous puissions admirer
éternellement sa richesse et sa beauté[61].
Nous ne pouvons nous faire une idée de l’énergie
qu’il déploiera pour nous combler. Dieu ressemblera à un fiancé enfin réuni à
sa bien-aimée. Il ne sait que faire pour elle. Il se donne à elle et cela
suffit. Pourtant, il ajoute toutes les folies que l’amour peut imaginer, des
parures somptueuses, des royaumes, des amis, des fleurs, des animaux... Dieu
se comportera de la même façon, comme un prince des contes, à la mesure de sa
toute puissance. Il créera un univers grandiose de telle façon que l’éternité
ne nous suffira pas pour le visiter. A vie éternelle de bonheur, Dieu fait
correspondre un univers infini de beautés.
La destruction de la terre
et de ses scories
(Chose certaine)
Il commencera son oeuvre en détruisant. Saint
Pierre* décrit son action: «Il viendra,
le jour du Seigneur, comme un voleur. En ce jour, les cieux se dissiperont avec
fracas, les éléments embrasés se dissoudront, la terre avec les oeuvres qu’elle
renferme sera consumée[62]”. Comme tous les
textes apocalyptiques, ce texte parle en premier lieu de notre mort
individuelle. Mais il décrit aussi la fin de notre planète. Dieu ne voudra pas
la laisser subsister car elle est souillée tout entière des restes de nos
péchés. Rien ne devra demeurer des immenses cités où l’homme a si rarement vécu
pour son prochain. Personne ne regrettera les cathédrales gothiques[63], qui furent
construites comme toute œuvre humaine dans un mélange de sainteté et d’orgueil,
où l’on priait si mal au temps où Dieu se cachait dans son eucharistie.
Personne ne voudra garder les immenses bibliothèques puisqu’on lira les
sciences à livre ouvert sur le visage de Dieu et dans la science des anges. Il
ne devra rien subsister du monde ancien, pas
pierre sur pierre[64], car le monde nouveau
le remplacera. Même les oeuvres faites par Dieu pour cette terre disparaîtront.
Les textes des Évangiles seront brûlés par le feu dont parle saint Pierre*[65]. Nous n’en aurons plus
besoin. Nous aurons le Christ lui-même, présent devant nos yeux. Les
constructeurs des cathédrales seront à nos côtés, vivants et prêts à construire
plus beau.
Un nouveau monde physique
(Chose certaine mais inimaginable pour le concret)
Après la destruction de la terre, Dieu commencera à façonner un
nouvel univers. Il s’agira d’un univers physique,
tout autant que notre corps, mais adapté à sa nouvelle vie. Il sera donc comme
lui éternel, délivré de toute corruption et génération, dispensé de cette loi
de désagrégation (l’entropie) qui nous tient actuellement. C’est Dieu lui-même
qui, en le soutenant comme il soutiendra notre corps et le dispensera de se
nourrir, le rendra incorruptible. Nous comprendrons à cette heure l’utilité des
milliards de mondes dont nous apercevons la lumière la nuit par temps clair. Il
existe des milliards d’étoiles parce que ces mondes sont préparés pour nous
après notre résurrection. Nous pourrons les visiter et qui sait ce que Dieu y
aura préparé en beauté, nouveauté et féerie? Ces mondes sont-ils habités par
des créatures spirituelles? Rien dans la révélation ne nous permet de
l’affirmer ou de le nier. De grands théologiens ont répondu non à cette
question, affirmant que nous étions le centre du monde. La preuve de ce fait leur
paraissait sauter aux yeux puisque le Verbe de Dieu s’est fait homme
« pour nous ». La réponse est solide au moins en apparence. Mais elle
oublie un détail. Si le Verbe s’est incarné[66], c’est qu’il est
capable de folies d’amour dont personne ne peut soupçonner la limite. Rien ne
l’a empêché de créer des anges et de les conduire à la vision béatifique en un
instant, dès le premier acte de leur amour pour lui. De même qui peut affirmer
en son nom qu’il est certain qu’il n’a pas mis, en chacune des milliards de
galaxies, des êtres dotés de vie spirituelle qu’il destine à être nos
compagnons de bonheur pour toujours? Nous ne pouvons savoir avec certitude
qu’une chose. S’il les a créés, c’est qu’il veut se donner à eux comme à nous
et aux anges, dans le bonheur de sa présence. Comme à nous et aux anges, il ne
demandera qu’une condition, humilité et amour offert en retour.
[1] Matthieu 24, 29-31.
[2] Daniel 8, 25.
[3] 2 Thessaloniciens 2, 8.
[4] Luc 21, 28.
[5] Matthieu 24, 22.
[6] Daniel 9, 27.
[7] Daniel 12, 11.
[8] Il réaliseront ce que Jésus dit de Jean: “ S’il me plaît qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne ” malgré la disparition de l’Église hiérarchique (symbolisée dans le même texte par saint Pierre.
[9] 2 Thessaloniciens 2, 8.
[10] Matthieu 24, 34.
[11] Genèse 11, 4.
[12] Genèse 11, 1.
[13] Genèse 11, 7.
[14] Genèse 6, 3.
[15] Selon l’expression de la Vierge Marie dans son apparition à la Salette.
[16] 2 Chroniques 36, 21.
[17] Exode 16, 35.
[18] Apocalypse 22, 6.
[19] Genèse 11, 6.
[20] Isaïe 2, 11.
[21] Du même auteur, L’heure la mort.
[22] Sur ce pouvoir des anges, voir dans la Bible, Tobie 12, 19.
[23] Matthieu 24, 27. On voit qu’il n’y a aucune confusion possible avec les prodiges de l’Antéchrist, ses techniques d’élévation aériennes.
[24] Luc 1, 29, car l’ange l’avait appelée « pleine de grâce ». Les chrétiens de l’Église du sépulcre seront plein de grâces.
[25] Luc 15, 11 ss.
[26] S’il en reste à cette époque car il est probable qu’ils auront déjà reconnu en masse Jésus comme le Messie. Voir chapitre 7, la conversion d’Israël.
[27] Luc 13, 35.
[28] Apocalypse 19, 20.
[29] Apocalypse 20, 10.
[30] Voir du même auteur, L’heure de la mort, les six péchés
contre l’Esprit Saint. On peut, grâce à la théologie, reconstituer une partie
du destin d’Hitler, juste après son suicide. Il fut lui aussi un Antéchrist. Sa
vie illustre celle du dernier Antéchrist. Lorsque Adolf Hitler s’est suicidé,
il a quitté ce monde en emportant la responsabilité directe de dizaines de
millions de vies humaines détruites dont, en particulier, quelques millions de
femmes, d’enfants coupables d’être nés accompagnés de son mépris. Formellement,
et sans entrer trop rapidement dans sa conscience, Hitler ne semble pas s’être
rendu coupable ici-bas d’un véritable blasphème contre l’Esprit Saint.
Rappelons-le, les conditions requises pour commettre ce péché sont
vertigineuses. Dieu est juste et la moindre ignorance déterminante par rapport
au sens de la vie terrestre est reçue comme une circonstance atténuante. A la
différence de Monseigneur Cauchon, le théologien bourreau de sainte Jeanne
d’Arc, Hitler ignore bien évidemment la théologie et le cœur de Dieu. Il ne
soupçonnait pas un seul instant à quel point il était aimé par les milliards
d’êtres humains et angéliques présents auprès de Dieu. Nul ne peut savoir à
l’avance comment il aurait vécu s’il avait connu le Seigneur de la gloire.
De toute façon, il est certain qu’il fut accueilli à l’heure de sa mort par le déploiement d’un innombrable cortège de saints. Le Ciel entier se mobilisa pour sauver ce grand pécheur. Parmi les âmes présentes brillaient celles de millions de juifs qu’il avait fait exterminer. Il les vit un à un pendant un de ces regards profonds que peut offrir la puissance de Dieu au moment décisif. Toutes ces âmes réunies proposaient leur pardon à Hitler, sans arrière-pensée. C’est ainsi que l’on est au Ciel. Nul ne peut entrer au Ciel sans être ainsi. C’est pourquoi il est certain que les Juifs accueillirent Hitler de cette façon. Il vit le visage de Jésus rayonnant la vérité, mais aussi la douceur et l’humilité. Il vécut de l’intérieur cette parole terrible pour lui de l’Évangile: «Tout ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait ». Le silence accueillant de Dieu à l’instant de la mort est décrit par l’Écriture comme le Jour de la colère (Dies irae). Car il vaudrait mieux affronter la colère de Dieu que son pardon. Mais le démon aussi, avait droit à la parole, comme il convient en cette occasion. Il n’est pas difficile, connaissant les obsessions d’Hitler durant sa vie terrestre, d’en reconstituer la teneur. Satan sait comment parler pour toucher une âme dans l’axe même de sa perversité: “Vois ces juifs, ces tziganes que tu as méprisés avec raison toute ta vie. Regarde leur humiliante attitude de dépendance les uns vis-à-vis des autres. Regarde la royauté qu’ils ont reçue de Dieu. Si tu te convertis maintenant, n’oublie pas que toi, le Guide de millions d’hommes, tu seras plus petit qu’eux pour l’éternité. De Maître que tu étais, tu deviendras inférieur car chacun se fait serviteur de tous dans leur monde. Ne te convertis pas. Reste fidèle à ton combat, sois Roi avec moi, loin de ces gens. » Là se trouve la puissante tentation de l’envie des grâces fraternelles. Elle concerne tout homme qui a été dominant vis-à-vis de son prochain durant sa vie. Il est difficile de renoncer au pouvoir. L’écho de ces paroles fut, on s’en doute, immense dans un cœur tel que le sien. Elles correspondaient à toute sa vie. Nous ne saurons qu’au Ciel quel fut le choix définitif d’Hitler en ce 30 avril 1945. Implora-t-il le pardon de Dieu et de ses frères? Provoqua-t-il au Ciel la plus grande joie? Céda-t-il au contraire à l’envie, selon l’inclination acquise par toute une vie nourrie de haine? L’envie des grâces fraternelles, deuxième péché contre l’Esprit Saint, est sans rémission possible car, commis ainsi dans la lucidité de l’heure à la mort, il est le fait d’une personne qui jamais plus ne reviendra en arrière.
[31] Du même auteur, L’heure de la mort.
[32] Apocalypse 19, 21.
[33] Je parle ici par manière d’allégorie car tout cela se fera plus profondément, par mode de communion d’âme, par une sorte d’intense télépathie des cœurs.
[34] Cantique des cantiques 5, 6 ss.
[35] Du même auteur, L’heure de la mort.
[36] 1 Corinthiens 15, 55.
[37] Voir, d’une autre manière Romains 11, 32 : « Dieu a enfermé tous les hommes dans la désobéissance pour faire à tous miséricorde. »
[38] Catéchisme de l’Église Catholique, n° 1042, 1043. Ce texte, publié en 1992 par le Pape Jean-Paul II est le reflet authentique de la foi catholique. Il a donc une très grande autorité pour la foi.
[39] 1 Corinthiens 15, 5 ss.
[40] En dépit de 1 Thessaloniciens 4, 17, l'enseignement commun de l’Église était autrefois que tous les hommes mourraient (cf. Romains 5, 12. 1 Corinthiens 15, 22) parce que tous sont pécheurs. Cependant, ce courant traditionnel était essentiellement fondé sur une erreur de traduction dans la Vulgate. Saint Jérôme écrivait, à propos du texte de saint Paul: « Je vais vous dire un mystère: nous mourrons tous. » Cette traduction a pu être rectifiée par la suite. Ce texte affirme donc au sens littéral que ceux qui verront le retour du Christ à la fin du monde ne mourront pas. En confrontant cela aux autres textes qui semblent le contredire, nous pensons qu'il convient de dire ceci: ceux qui seront sauvés mourront tous à eux-mêmes, à leur orgueil et à leur égoïsme, mais la dernière génération sera dispensée de la mort physique.
[41] La vie après la vie, docteur Moody, Robert Laffont, 1977,
page 35. Sur la survie, outre les facultés spirituelles, des facultés sensibles
après la mort, voir du même auteur L’heure de la mort, la
recherche philosophique sur la N.D.E.
[42] 1 Corinthiens 15, 52.
[43] 1 Rois 19, 12.
[44] Ce serait ridicule et nous savons que la matière ne cesse de varier au cours de notre existence. On dit même qu’elle se renouvelle tous les sept ans. Ce qui fait qu’un corps humain est le sien, c’est d'abord et fondamentalement son chiffre génétique, porté sur les chromosomes et définitivement fixé dès notre conception. A l'intérieur de ce chiffre, certains défauts ne constituent pas essentiellement notre être physique et peuvent être guéris en nous laissant semblables à nous-mêmes. La pratique traditionnelle du culte des reliques des saints n’a donc plus aujourd’hui le sens matériel d’autrefois. L’intelligence de la foi a progressé sur ce point. C’est pourquoi l’Église autorise l’incinération des cadavres depuis le Concile Vatican II.
[45] 1 Corinthiens 15, 44-49.
[46] Voir le livre de Tobie.
[47] Jean 20, 27.
[48] Daniel 12, 2.
[49] Nous verrons ultérieurement à quoi ressemblera leur enfer de ressuscités.
[50] Certaines propriétés sont miraculeuses en ce sens qu’elles dépassent les lois de la matière. Ainsi, le mouvement instantané est impossible, ainsi que le fait d’être en deux lieux à la fois (bilocation). La puissance de Dieu rendra cela possible, à volonté. Très concrètement, cela signifie qu’il sera possible aux amis de Dieu de se déplacer physiquement de manière instantanée d’un bout à l’autre de l’univers, malgré les distances immenses (milliard d’années lumière). Les damnés ne le pourront pas, s’appuyant non sur la Puissance infinie de Diu mais sur la vigueur limitée de leur âme.
[51] Pour connaître ces quatre propriétés, voir du même auteur, L’heure de la mort.
[52] Voir dans l’ouvrage, L’heure de la mort. Il existe six étapes du purgatoire. Elles ne sont pas obligatoires. Leur but est de rendre totalement humble celui qui aime Dieu. Ce passage sera aussi bref en temps réel qu’il paraîtra long en temps intérieur aux hommes assoiffés de la présence du Christ.
[53] Matthieu 13, 29.
[54] Apocalypse 19, 20.
[55] Apocalypse 19, 20 et des dizaines d’autres références évangéliques.
[56] Catéchisme de l’Église Catholique, n°1046. Ce texte, publié en 1992 par le Pape Jean-Paul II est le reflet authentique de la foi catholique. Il a donc une très grande autorité pour la foi.
[57] Voir, du même auteur, L’heure de la mort.
[58] D’après saint Augustin, Les confessions.
[59] 1 Corinthiens 2, 9.
[60] En plus de la Vision de sa vie Trinité et de la présence de nos frères anges et hommes qui est la grâce essentielle et suffisante.
[61] Comme tout cela est inimaginable, bien des points seront traités au conditionnel. Nous nous trouvons dans l'attitude exacte des enfants le jour de Noël. Ils n’ont pas encore le droit de descendre voir le sapin mais ils soupçonnent, connaissant l'amour et la richesse en inventions de leurs parents, les présents cachés.
[62] 2, Pierre 3, 10. Ce texte, valable pour la fin du monde, est vrai aussi pour chaque civilisation, pour chaque génération. Les plus belles constructions humaines finissent tôt ou tard à l’état de ruine. Des sept merveilles du monde antique, seules les pyramides d’Egypte subsistent, rongées par les caries du temps. Ce fait paraît dramatique. En fait, les constructions de l’homme ont plusieurs inconvénients : Elles sont souvent le fruit de l’orgueil, pas seulement de l’amour désintéressé. Elles sont faites de matière soumise à la corruption. De plus, en comparaison de ce qu’il nous sera possible de faire dans l’autre monde, avec la liberté d’une imagination sans limite et d’une matière sans résistance, tout ce qui est ici-bas est très gris et très laid!
[63] Cette phrase choque. Jésus la tint explicitement à ses disciples qui s’extasiaient de la beauté du Temple de Jérusalem.
[64] Matthieu 24, 2: A l’image du
Temple, pourtant magnifique, de Jérusalem*. Le Cathéchisme de l’Église
Catholique précise 1050 "Car
tous les fruits excellents de notre nature et de notre industrie, que nous
aurons propagés sur terre selon le commandement du Seigneur et dans son Esprit,
nous les retrouverons plus tard, mais purifiés de toute souillure, illuminés,
transfigurés, lorsque le Christ remettra à son Père le royaume éternel et
universel" (GS 39, _ 3; cf. LG 2). Dieu sera alors "tout en
tous" (1 Co 15, 28), dans la vie éternelle: La vie subsistante et vraie,
c'est le Père qui, par le Fils et en l'Esprit Saint, déverse sur tous sans
exception les dons célestes. Grâce à sa miséricorde, nous aussi, hommes, nous
avons reçu la promesse indéfectible de la vie éternelle (S. Cyrille de
Jérusalem, catech. ill. 18, 29
[65] 2 Pierre 2, 7.
[66] Le plus grand parmi les théologiens, saint Thomas d’Aquin, dans son traité de l’Incarnation (Somme théologique, Troisième partie), accepte la possibilité d’autres modes de salut. Selon lui, le Verbe peut même s’incarner « plusieurs fois », dans plusieurs individuations!