LA LETTRE
CATHOLIQUE N° 33
Son site : lescatholiques.free.fr Son mail : lalettrecatholique@yahoo.fr
FIERS D’ETRE DE L’EGLISE CATHOLIQUE APOSTOLIQUE ET ROMAINE
MARS – AVRIL
2007 -
DIFFUSION GRATUITE - FAITES LA CONNAÎTRE
BENOIT XVI
« Mon sentiment est que l'Eglise de France vit
une période charnière, faite de tensions, car l'ère post conciliaire se
referme. Un nouvel âge commence dont Benoît XVI est comme le point de départ,
un peu comme Jean XXIII au début des années soixante. » (Denis Sureau,
Directeur de l’Homme Nouveau. Citation extraite de l’article paru dans le site
ami : Eucharistie Miséricordieuse)
De l’engagement en politique
du chrétien…
Cardinal
Philippe BARBARIN, Archevêque de Lyon.
Pie XII et la persécution
contre les juifs… !
De la révision de la loi de
bioéthique…
Euthanasie :
Christine Boutin s’oppose à Nicolas Sarkozy
Guillaume Peltier, le PACS
et la ruse politique
Faut-il
brûler l’encens à César… ?
DE
LA PERENNISATION DU MODERNISME DANS L’EGLISE…
Mon
expérience de catéchiste avec de jeunes adultes :
De l’engagement en politique
du chrétien…p. 27
EDITORIAUX
P-C. Aubrit Saint Pol
La
citation de M. Sureau me fait revenir sur un thème qu’il m’arrive d’effleurer
au détour d’articles.
Il est temps que la période post-conciliaire se ferme. Il revient à
Benoît XVI de la sceller, puisse-t-il faire appel aux égoutiers pour souder les
plaques d’égouts. Tout fut annoncé dans
le sermon qu’il prononça en sa qualité de doyen du Sacré Collège lors de la
messe inaugurale du conclave. La rigueur et la vigueur de ce discours me firent
douter qu’il succède à Pierre. S’il fut élu par ses pères, c’est qu’il se
trouva des esprits éclairés par la grâce. Ils jugèrent urgent d’entrer de
pleins pieds dans le troisième millénaire.
Il est nécessaire de mettre un point final aux effervescences
indigestes de cette trop longue période. Le Concile Vatican II est appliqué dans toute l’Eglise, les
anachronismes persistants tiennent plus aux hommes crispés sur des positions
obsolètes qu’au Concile lui-même. Les anachronismes doivent disparaître, l’unité
se consolider et l’obéissance au Magistère revenir sans arrières pensées.
Le monde souffre de toutes les urgences. Il lui faut une pastorale
claire, débarrassée de toutes les entraves d’un monde qui se meurt d’un extrême
en bon point de son moi, comme ce roi
cananéen qui mourut d’un coup d’épée qu’engloutit sa propre graisse. Il n’est plus acceptable que toutes sortes de
fixismes continuent d’entraver l’espérance, la foi et la charité. Peut-on être
un simple spectateur devant la stérilisation de l’œuvre du Salut ? Le
Christ nous aurait-il aimé pour rien ?
Pierre fera rentrer l’Eglise
dans l’intériorité afin de la configurer à la volonté de son fondateur. Il
n’est plus temps pour des soirées de la « réunionnite », il n’est
plus temps pour des gesticulations illisibles nuisibles au Corps du Christ.
Que le baptisé saisisse la main paternelle et maternelle de
l’Eglise, rejoigne l’unité, revienne à l’obéissance doctrinale, disciplinaire
et enfin, jette des bases claires pour une pastorale qui pourrait bien
s’enrichir de bon sens et de sainteté.
Que ceux qui rêvent d’une Eglise dans laquelle ils auraient leurs
complaisances, mais qui n’aurait rien à voir avec l’Eglise de Jésus-Christ, que
ceux-ci rentrent dans le rang ou qu’ils s’en aillent.
Le peuple qui couvre la Terre a faim d’espérance, de charité…
Il n’a que faire des discours de coursives qui résonnent
d’intégrisme, de traditionalisme, de conservatisme et de tout un monde
progressiste obèse de discours creux et qui, sans cesse, renouvèlent le
renouvellement dans un prodigieux surplace si nécessaire à leur besoin
insatiable de se rassurer. Ils ne comprennent pas que depuis que le monde est,
rien de rien n’est rassurant sauf l’amour que Dieu propose à l’homme.
Aller, mesdemoiselles De Longbec, revêtez-vous de vos mitaines, vos
mantilles, prenez tendrement dans vos bras décharnés et secs votre petit
caniche.
Aller, je vous prie déguster votre thé et laissez les paysans de
Dieu à leur labeur d’amour… Ne craignez pas, ils ne bousculeront pas votre
retraite.
P.C. AUBRIT SAINT POL
FRANCOIS PORTANT
L’EGLISE
Jérôme
Bourbon du journal Rivarol, n°2793, publie l’entretien qu’il eut avec Mgr
Richard Williamson, doyen du collège des évêques ordonnés par Mgr Lefebvre
contre le Saint Siège, que Jean-Paul II excommunia. Mgr. Marcel Lefebvre mourut
sans aucun repentir et refusa, sur son lit de mort, d’accueillir le cardinal
archevêque de Dakar qui tentait une ultime démarche.
La lecture de cet entretien me fut particulièrement
pénible et douloureuse au point que j’hésitais d’aller jusqu’au bout.
Cet entretien révèle que les partisans schismatiques
de la Fraternité Saint Pie X n’évoluent pas de leur position. Ils sont
statiques, dans un fixisme obsolète qui s’inscrit à faux quant à l’inévitable
adaptation pastorale de l’Eglise. Savent-ils que les portes de l’enfer ne
prévaudront pas sur Elle ? Ils ne changeront pas, leur assurance
s’enracine dans le réfléchissement de leur orgueil : ils ont
raison ! ?
Ils sont habités par un profil
psychologique sectaire. Les soubassements ne sont que les reliquats d’options
politiques et sociologiques qu’il faut aller chercher dans les remous
criminogènes des troubles politiques de la fin du XIXe et de la
première moitié du XXe siècles. Il faut y ajouter l’influence de
Maurasse et de sa vision utilitariste de l’Eglise.
Ce même profil psychologique se retrouve
chez les progressistes, ceux qui sont les plus atteints par le modernisme. Ils
ont compromis l’Evangile, la vérité1 et la pastorale avec des
idéologies toutes aussi néfastes et aliénantes que les ‘lefebvristes’.
Nous sommes en présence d’une
configuration d’extrémismes qui s’annulent mais constitue une force hétérogène
qui diffuse leurs nocivités dans tout le Corps du Christ. Ils portent atteinte
aux vertus théologales, ils entravent la liberté de la charité.
Le contenu de cet entretien ne laisse
aucun doute quant à leur refus de rejoindre la communion. C’est un
refus ! : « Si un moderniste, c’est quelqu’un qui veut
adapter l’Eglise Catholique au monde moderne, certainement Benoît XVI est un
moderniste. » (Mgr Richard Williamson)
Notre pape Benoît XVI a raison de vouloir libérer
l’usage du rite tridentin à toute l’Eglise, et de ne pas attendre d’improbables
accords avec les supérieurs et responsables des courants intégristes. Il faut
rendre possible le retour à l’unité des catholiques pour ceux qui ne demandent
que de pouvoir assister à ce rite.
Il n’y a rien à attendre de ces courants
de droite ou de gauche. Ils ne sont pas habités par la volonté de servir le
Corps du Christ. Ils ne sont plus dans la communion.
Le Saint Siège aura fait tout ce qui est
humainement possible de faire pour facilité le retour à l’unité de tous les
catholiques, mais à moins de renier ce qui est l’essence même de l’Eglise, je
ne crois pas qu’il puisse aller plus loin. Il lui appartient de corriger les
abus et déviances de l’application du Concile Vatican II. Il y aura sans doute
des tentions, des oppositions, qu’importe ! L’Eglise doit continuer son
ascension du Golgotha, ceux qui se refusent à Elle ou veulent La réduire ou La
détruire auront leur couronnement.
La place du baptisé est d’être avec
l’Eglise, au pied de la Croix de son Epoux et, attendre qu’il La place avec Lui
sur la Croix. Refuser d’admettre que l’Eglise est à vivre sa passion pour se
configurer à son Epoux, c’est se mettre en dehors du salut, c’est confondre
l’espoir avec l’espérance.
Il importe peu que l’Eglise soit aimée
d’un grand nombre ou d’un petit, sa mission et de témoigner. Elle n’a pas à se
faire complice de l’esprit du monde qui est l’esprit du blasphème surtout en
autre temps. Elle n’est pas là pour être aimée, ni être servie, mais pour aimer
et servir. Servir en Eglise, c’est servir le Christ, c’est œuvrer au salut de
l’humanité, c’est accepter un authentique esprit de pauvreté.
Il appartient à tout baptiser d’être un
membre sain du Corps du Christ qui a institué l’Eglise et a fait de Pierre le
pontife des pontifes, son Vicaire.
Il ne faut pas s’y tromper, l’un des
points majeurs sur lesquels s’exprimera le pic de cette crise, sera notre
fidélité au successeur légitime de Pierre : « Un seul Dieu, une seule
Foi, une seule Eglise, un seul Chef. »
1 – Vous trouverez dans la
suite de cette lettre un témoignage, il illustre l’un des points fixes de la
crise et du relativisme dans l’Eglise. Il confirme l’inquiétude de JPIer :
« où allons-nous si les évêques eux-mêmes n’ont pas la foi ? »
OU
LE CHOC DE LA REALITE…
MAHOMET
« (L’Islam est) à la fois une religion, une communauté,
une loi et une civilisation. […] Ne sont pas seulement musulmans ceux qui
pratiquent les cinq piliers de l’Islam, mais tous ceux qui appartiennent à cet
ensemble identitaire. » (Extrait d’un entretien du recteur de la
mosquée de Paris, Boubaker, parut dans le Figaro Magasine, du 29 juin 2002)
Nous sommes en présence d’une religion et d’une culture génératrices
toutes les deux d’une idéologie pour laquelle l’humain n’est qu’un individu qui
ne se distingue que par sa communauté qui elle-même ne reconnaît en lui ni la
personne ni la liberté de conscience ni l’usage du libre arbitre.
Il est interdit de changer de religion sous peine de mort, non pas
tant à cause de la religion qu’à cause de la rupture qu’elle provoque avec la
communauté dont chaque musulman est un membre fusionnel, indistinct.
La conversion vers une autre religion est ressentie comme une
blessure, un meurtre qui, pour la communauté musulmane, ne se répare que dans
le sang.1
L’Islam est une religion impersonnelle où seul compte une soumission
à Dieu esclavagiste, radicalement contraire au Dieu d’amour qui se révèle dès
le livre de la Genèse. Un Dieu d’amour qui ne conçoit sa relation avec l’homme
que dans le vif d’une liberté elle-même réfléchissante de la liberté sise dans la Sainte Trinité.
Dans la revue NRH N° 28, revue historique d’une grande qualité par
sa rigueur intellectuelle, on peut y lire un article fort bien fait de Philippe
Conrad. Conrad fait un constat sur l’impossibilité de faire entrer le concept
de laïcité dans l’Islam. Article très bien documenté, fait comprendre la
terrible erreur de jugement du monde non musulman.
« Même si les sociétés musulmanes ont été profondément
transformées par les progrès rapides de la modernité technique, elles ne sont
pas moins engagées dans une phase de réislamisation religieuse et culturelle
qui correspond à un rejet de plus en plus marqué de l’Occident. Un état de fait
qui devrait donner à réfléchir à tous ceux
qui s’interrogent sur la compatibilité de l’islam et des idées
républicaines et laïques. » Conrad.
Certains, comme dans une méthode d’auto-suggestion, se persuadent et
veulent persuader qu’il n’y a pas de confrontation de civilisation avec le
monde musulman et qu’il faut de toute manière l’éviter. Mais la confrontation
existe depuis la création de cette religion. La religion musulmane n’a pu
exister, s’imposer que dans une confrontation sanglante avec l’environnement
immédiat et plus éloigné. Contrairement à ce qu’a dit Chirac qui semble avoir
abandonné toute culture occidentale, l’Europe s’est constituée à cause de sa
confrontation avec l’islam. Si actuellement, la confrontation n’est pas
généralisée, c’est à mon sens par la seule intervention de Dieu. Mais la
confrontation est là et bien là, pour y faire face, il faut se forger dans
l’humilité, la fermeté de la foi. Nous occidentaux ne sommes pas humainement
meilleurs qu’eux, mais nous sommes les gardiens d’un immense trésor qui est ce
que justement l’islam rejette : la liberté de conscience, l’usage du libre
arbitre et la notion de personne. Nous sommes les gardiens d’un diamant à trois
faces qui brille de la lumière de Jérusalem, d’Athènes et de Rome.
Le Dieu des hébreux, le Dieu des chrétiens veut un libre engagement
de l’homme à sa proposition d’amour, à sa Personne. Ce qui implique directement
qu’il accepte que l’homme puisse le rejeter. Dieu est libre. Il veut en
permanence que le genre humain lui soit semblable, soit libre de son choix,
soit libre de son éternité.
Je préfère une civilisation décadente comme celle de maintenant mais
libre de ses choix, qu’une civilisation rayonnante de ‘sagesse’ mais qui nie la
liberté, qui rejette la notion de personne.
En présence d’un tel enjeu, nulle faiblesse n’est permise !
Rien n’est à céder !
Les Etats n’ont d’autres moyens que de s’appuyer sur la loi et la
justice pour obliger les musulmans au respect de la culture et des religions
qu’ils rencontrent en dehors des terres non
musulmanes.
Il est à craindre que les mouvements intégristes ne finissent par
trouver une légitimité culturelle et politique à leur action et qu’ils ne
finissent par entraîner l’ensemble des musulmans dans une outrance identitaire
générant un conflit général et militaire. A moins que le monde occidental, non
musulman, n’opte pour un retrait des territoires islamiques, il me semble
impossible d’éviter un conflit armé. 2
Il est fort dommage que les Etats Unis d’Amérique n’aient pas cru
devoir respecter les lois internationales envers l’Irak, peut être ont-ils vu
avant nous la buttée insurmontable…
1- Confère l’histoire récente du pakistanais converti à la foi
chrétienne, pour lequel on réclama la peine capitale.
2- « Quel que soit l’avenir du kémalisme turc (entendu comme
une politique nationale de modernisation et de laïcisation), on ne peut que
constater qu’après la mise en œuvre impressionnante du programme volontariste
d’un Mustafa Kemal, on n’en voit pas moins s’affirmer un formidable retour
identitaire religieux, qui vaut pour la Turquie comme pour les mondes musulmans
persan arabe ou sud-asiatique. Il semble bien aujourd’hui que les tendances
lourdes, qui s’affirment dans la logue durée historique, sont sur le point
d’avoir raison de la courte parenthèse kémaliste. »Conrad.
« La juxtaposition du capitalisme libéral et le capitalisme
d’Etat (communiste) met en relief que si la propriété est un bien en soi, ce
droit n’est pas absolu, qu’il est soumis au travail. Il est également démontré
que ce conflit peut être surmonté par des dispositions qui permettent
d’introduire une valeur ajoutée au travail par l‘actionnariat des travailleurs
et leur donner accès au pouvoir de décision. Le travail s’en trouverait
revalorisé, la dignité du travailleur en tant que « Personne » s’en
trouverait renforcée.[…] La prévention de la délinquance commence par la
présence d’un parent au foyer. » L. Grattepanche.
Jean-Paul II le Grand
LE TRAVAIL HUMAIN
Encyclique commentée par
Léonce Grattepanche
« Le
Christ de notre foi fut un travailleur. Un travailleur manuel. Cette activité
qu’une certaine Antiquité réservait aux esclaves fut la manière choisie par
Dieu pour dire aux hommes sa proximité. Une « Eglise des pauvres »
dans la peine des hommes et l’espoir d’un monde nouveau, dans un travail
pénible comme dans la joie de la création, partage le dynamisme de la mort et
de la Résurrection de Celui qui agit dans le cœur des hommes – et le progrès du
monde – par a puissance de son Esprit. » ( Gérard Defois)
Commentaire :
C’est à l’occasion, une fois de plus, de l’anniversaire de
l’encyclique Rerum Novarum – quatre-vingt-dixième - que Jean-Paul II rédige son encyclique
sociale. Le contexte de sa publication, peu après son attentat place Saint
Pierre, est particulier. Les sociétés de type libéral sont confrontées à une
grave crise économique, doublée d’une profonde mutation industrielle pour
laquelle elles ne s’étaient guère préparées. Cette double crise – comprenant
les deux chocs pétroliers - entraînera un bouleversement social douloureux.
Elle induira de profondes remises en cause dans le monde syndical et sera un
facteur décisif dans l’effondrement de l’idéologie marxiste.
Jean-Paul II met le travail dans une perspective homocentrique et christocentrique.
C’est par le
travail que l’homme doit se procurer le pain quotidien et contribuer au progrès
continuel des consciences et de la technique, et surtout à l’élévation
constante, culturelle et morale, de la société dans laquelle il vit en
communauté avec ses frères. […] Fait à
l’image, à la ressemblance de dieu lui-même dans l’univers visible et établi
dans celui-ci pour dominer la terre, l’homme est donc dès le commencement
appelé au travail. Le travail est l’une des caractéristiques qui distinguent
l’homme du reste des créatures dont l’activité, liée à la subsistance, ne peut
être appelée travail ; seul l’homme est capable de travail, seul l’homme
l’accomplit et par le fait même remplit
de son travail son existence sur la Terre. Ainsi le travail porte la marque
particulière de l’homme et de l’humanité,
la marque d’une personne qui agit dans une communauté de personnes ; et
cette marque détermine sa qualification intérieure, elle constitue en un
certain sens sa nature même.
Commentaire :
Dans ce passage, le pape rappelle que le travail est un des éléments de droit qui contribuent naturellement et surnaturellement à la dignité de l’homme, à la révélation de son être et à son accomplissement.
N’oublions pas qu’à cette période, nous sommes dans une crise majeure qui a pour conséquence le chômage massif et un accroissement progressif de la pauvreté. Celle-ci finira par toucher la petite et moyenne bourgeoisie ainsi que les fonctionnaires. Nous sommes également confrontés à la fracture en deux blocs radicaux : le socialisme-communisme et le libéralisme plus ou moins tempéré.
INTRODUCTION
Le travail humain
quatre-vingt-dix ans après « Rerum novarum »
A la date du
15 mai de cette année, quatre-vingt-dix ans se sont écoulés depuis la
publication - par le grand Pontife de la
« question sociale », Léon XIII – l’encyclique d’importance décisive
qui commence par les mots « Rerum novarum ».[…] Si, en effet, comme
je l’ai dit dans l’encyclique Rédemptor hominis publiée au début de mon service
sur le siège romain de saint Pierre, l’homme « est la première route et la
route fondamentale de l’Eglise », et cela en vertu du mystère insondable
de la rédemption dans le Christ, il faut alors revenir sans cesse sur cette
route et la suivre toujours de nouveau selon les divers aspects sous lesquels
elle nous révèle toute la richesse et en même temps toute la difficulté de
l’existence humaine sur la Terre. […] S’il est vrai que l’homme se nourrit du
pain gagné par le travail de ses mains, c’est à dire non seulement du pain
quotidien qui maintient son corps en vie, mais aussi du pain de la science et
du progrès, de la civilisation et de la
culture, c’est également une vérité permanente qu’il se nourrit de ce pain en
le gagnant à la sueur de son front, autrement dit par son effort et sa peine
personnels, et aussi au milieu de multiples tensions, conflits et crises qui,
en rapport avec la réalité du travail, bouleversement de la vie de chaque
société et même de toute l’humanité.
[…] Les
facteurs de portée générale sont multiples : l’introduction généralisée de
l’automation dans de nombreux secteurs de la production, l’augmentation du prix
de l’énergie et des matières de base, […]
Il
n’appartient pas à l’Eglise d’analyser scientifiquement les conséquences
possibles de tels changements sur la vie de la société humaine. Mais l’Eglise
estime de son devoir de rappeler toujours la dignité et les droits des
travailleurs, de stigmatiser les conditions dans lesquelles ils sont violés, et
de contribuer pour sa part à orienter ces changements vers un authentique
progrès de l’homme et de la société.
5- Dans le développement
organique de l’action et de l’enseignement social de l’Eglise
Il est certain
que le travail, comme problème de l’homme, se trouve au centre même de la
« question sociale » vers la quelle, pendant les presque cent années
qui se sont écoulées depuis l’encyclique mentionnée ci-dessus, […] Si je désire
concentrer sur le travail les présentes réflexions, je veux le faire […] en
lien organique avec toute la tradition de cet enseignement et de ces
initiatives. En même temps, je le fais selon l’orientation de l’Evangile, afin
de tirer du patrimoine de l’Evangile du vieux et du neuf.
[…] L’analyse
complète de la situation du monde d’aujourd’hui a mis en évidence de manière
encore plus profonde et plus pleine la signification de l’analyse antérieure
des injustices sociales, signification qui doit être aujourd’hui donnée aux
efforts tendant à établir la justice sur la Terre, sans pour autant cacher les
structures injustes mais en sollicitant au contraire leur examen et leur transformation à une échelle plus
universelle.
6- Le problème du travail,
clé de la question sociale
Au milieu de
tous ces processus – qu’il s’agisse du diagnostic e la réalité sociale
objective ou même de l’Enseignement de l’Eglise dans le domaine de la question
sociale complexe et à multiple face -, le problème du travail humain apparaît
naturellement fort souvent. Il est d’une certaine façon une composante fixe
de l’enseignement de l’Eglise comme il l’est de la vie sociale. […] La doctrine
sociale de l’Eglise, en effet, trouve sa source dans l’Ecriture Sainte, à
commencer par le livre de la Genèse,
et particulièrement dans l’Evangile et dans les écrits apostoliques. Elle
faisait partie, dès le début, de l’enseignement de l’Eglise elle-même, de sa
conception de l’homme et de la vie sociale, […] si, dans le présent document,
nous revenons de nouveau sur ce problème, […] le fait que le travail humain est
une clé, et probablement la clé essentielle, de toute la question sociale,
si nous essayons de la voir vraiment du point de vue du bien de l’homme. Et si
la solution – ou plutôt la solution progressive
- de l question sociale, […] doit être cherchée dans un effort pour
« rendre la vie humaine plus humaine », alors précisément la clé
qu’est le travail humain acquiert une importance fondamentale et décisive.
Commentaire :
Jean-Paul II remet le travail dans la perspective de l’homme. Quel
que puisse être l’ampleur des mutations, ceux qui sont chargés de l’amener à
bien doivent avoir à l’esprit et dans le cœur l’intérêt de la personne sans
jamais oser remettre en cause les impératifs de sa dignité. Il affirme - comme
pour ses prédécesseurs - le droit pour l’Eglise d’intervenir dans ce débat
douloureux, car depuis la faute originelle le travail entre de plein droit dans
l’économie du salut. Tout ce que fait l’homme, tout ce qu’il produit intervient
mystérieusement dans son salut et dans celui de l’humanité.
Son choix de la question du travail procède de son historicité
biblique, de la mission qu’a l’homme de dominer la création et du lien mystique
qui relie le travail humain à l’économie du salut.
De même que la personne est au cœur de la création, de même le
travail est la clef de la question sociale et non le prima de l’économie qu’on
veut nous imposer comme une évidence allant de soi.
Jean-Paul II reprend toute la réflexion des pères de l’Eglise, en passant par le Magistère et le Concile Vatican II, pour revenir sur le sujet central de l’univers : l’homme reconnu comme personne.
DU TRAVAIL ET L’HOMME
7-Au livre de la Genèse
L’Eglise est
convaincue que le travail constitue une dimension fondamentale de l’existence
de l’homme sur la Terre. Elle est confirmée dans cette conviction par la prise
en compte de l’ensemble du patrimoine
des multiples sciences consacrées à l’homme : […] toutes semblent témoigner de cette réalité de
façon irréfutable. Toutefois, l’Eglise tire cette conviction avant tout de la
de la source qu’est la parole de Dieu révélée et c’est pourquoi ce qui est une
conviction de l’intelligence acquiert aussi le caractère d’une
conviction de foi. La raison en est que l’Eglise […] croit en l’homme. […]
Se référant à l’homme, elle cherche à exprimer
les desseins éternels et les destins transcendants que le Dieu
vivant, Créateur et Rédempteur, a liés à l’homme. L’Eglise trouve dès les premières pages du livre de la Genèse la
source de sa conviction que le travail constitue une dimension fondamentale de
l’existence humaine sur la Terre. […] L’homme a reçu de son Créateur de
soumettre, de dominer la Terre. En accomplissant ce mandat, l’homme, tout être
humain, reflète l’action même du Créateur de l’univers. […] L’expression » dominer la
terre » a une portée immense. Elle indique toutes les ressources que la
Terre (et indirectement le monde visible) cache en soi et qui, par l’activité
consciente de l’homme, peuvent être découvertes et utilisées à sa convenance.
[…] En
devenant toujours plus maître de la Terre grâce à son travail et en
affermissant, par le travail également, sa domination sur le monde visible,
l’homme reste, dans chaque cas et à chaque phase de ce processus, dans la ligne
du plan originel du Créateur ; et ce plan est nécessairement et
indissolublement lié au fait que l’être humain a été créé, en qualité d’homme
et de femme, « à l’image de Dieu ». […] Tous et chacun, dans une
mesure appropriée et avec un nombre incalculable de modalités, prennent part à
ce gigantesque processus par lequel
l’homme « soumet la terre » au moyen de son travail.
8- Le travail au sens
objectif : la technique
Ce caractère
universel et multiple du processus par lequel l’homme « soumet la
terre » éclaire bien le travail de l’homme, puisque la domination de l’homme sur la Terre se réalise dans le travail et par le travail.
[…] Il peut
sembler que dans le processus industriel c’est la machine qui
« travaille » tandis que l’homme se contente de la surveiller,
rendant possible son fonctionnement et
le soutenant de diverses façons ;
mais il est vrai aussi que,
précisément à cause de cela, le développement établit un point de départ pour reposer
d’une manière nouvelle le problème du travail humain. […] , même à l’époque du « travail » toujours
plus mécanisé, le sujet propre du travail reste l’homme.
Entendue dans
ce cas, non comme une capacité ou une aptitude au travail, mais comme un
ensemble d’instruments dont l’homme se sert dans son travail, la technique
est indubitablement une allée de l’homme. […] C’est un fait, par ailleurs,
qu’en certains cas, cette allée […] peut aussi se transformer en
quasi-adversaire de l’homme, […],
lorsqu’elle supprime ‘emploi de nombreux travailleurs ou lorsque, par
exaltation de la machine, elle réduit l’homme à en être l’esclave.
[…] L’époque récente de l’histoire de l’humanité, et spécialement de certaines sociétés, porte en soi un juste affirmation de la technique comme élément fondamental de progrès économique ; mais en même temps , de cette affirmation ont surgi et surgissent encore continuellement les questions essentielles concernent le travail humain dans ses rapports avec son sujet qui est justement l’homme. Ces questions contiennent un ensemble particulier d’éléments et de tensions de caractère éthique et même éthico-social.
9- Le travail au sens subjectif : l’homme, sujet du travail
[…] Si les
paroles du livre de la Genèse auxquelles nous nous référons dans cette
analyse parlent de façon indirecte du travail au sens objectif, c’est de la
même façon qu’elles parlent aussi du sujet du travail ; mais ce qu’elles
disent est fort éloquent et rempli d’une grande signification. […] C’est en
tant que personne que l’homme est sujet du travail. C’est en tant que personne qu’il travaille,
qu’il accomplit diverses actions appartenant au processus du travail ; et ces actions, indépendamment de leur contenu
objectif, doivent toutes servir à la réalisation de son humanité, à
l’accomplissement de la vocation qui lui est propre en raison de son humanité
même : celle d’être une personne.
[…] le travail
entendu comme processus par lequel l’homme et le genre humain soumettent la
terre ne correspond à ce concept fondamental de la Bible que lorsque, dans tout
ce processus, l’homme se manifeste en même temps et se confirme comme celui qui « domine ». Cette domination, en un certain sens, se
réfère à la dimension subjective plus encore qu’à la dimension objective :
cette dimension conditionne la nature éthique du travail. Il n’y a en effet aucun doute que le travail
humain a une valeur éthique qui, sans moyen terme, reste directement liée au
fait que celui qui l’exécute est une personne, un sujet conscient et libre, c’est à dire un sujet qui décide de
lui-même.
[…] Il en
résulte que le fondement permettant de déterminer la valeur du travail humain
n’est pas avant tout le genre de travail que l’on accomplit mais le fait que
celui qui l’exécute est une personne. Les sources de la dignité du travail
doivent être cherchées surtout, non pas dans sa dimension objective mais dans
sa dimension subjective. […] Cela veut dire seulement que le premier
fondement de la valeur du travail est ‘homme lui-même, son sujet. Ici vient
tout de suite une conclusion très importante de nature éthique : bien
qu’il soit vrai que l’homme est destiné et est appelé au travail, le travail et
avant tout pour l’homme « pour l’homme » et non l’homme « pour
le travail ». […] En fin de compte, le but du travail, de tout travail exécuté par l’homme –fût-ce le
plus humble service, le travail le plus monotone selon l’échelle commune
d’évaluation, voir le plus marginalisant
– reste toujours l’homme lui-même.
10- Une menace contre la
véritable hiérarchie des valeurs
Ces
affirmations essentielles sur le travail ont toujours résulté des richesses de
la vérité chrétienne, […] A l’époque moderne, dès le début de l’ère
industrielle, la vérité chrétienne sur le travail devait s’opposer aux divers
courants de la pensée matérialiste et « économiste ».
[…] Malgré
cela, le danger de traiter le travail comme une « marchandise
sui généris », ou comme une « force » anonyme nécessaire à la
production (on parle même de « force-travail »), existe toujours,
lorsque la manière d’aborder les problèmes économiques est caractérisée par les
principes de l’ « économisme » matérialiste.
[…] Dans tous
les cas de ce genre, dans chaque situation sociale de ce type, survient une
confusion, ou même une inversion de l’ordre établi depuis le commencement par
les paroles du Livre de la genèse : l’homme est alors traité comme un
instrument de production alors que lui – lui seul, quel que soit le travail
qu’il accomplit – devrait être traité comme son sujet efficient, son véritable
artisan et son créateur. […] On sait que
le capitalisme a sa signification historique bien définie en tant que système,
et système économico-social qui s’oppose au « socialisme » ou
« communisme ». […], il convient de reconnaître que l’erreur du
capitalisme primitif peut se répéter partout où l’homme est en quelque sorte
traité de la même façon que l’ensemble des moyens matériels de production, …
11- Solidarité des
travailleurs
[…] Le
développement de la civilisation humaine apporte en ce domaine (le travail) un
enrichissement continuel. En même temps, cependant, on ne peut s’empêcher de
noter que, dans le processus de développement, on voit apparaître de nouvelles
formes de travail, tandis que d’autres disparaissent. […] C’est précisément en
raison de telles anomalies aux répercussions importantes qu’est née, au
siècle dernier, ce qu’on a appelé la question ouvrière, définie parfois comme
« question du prolétariat ». […] L’appel à la solidarité et à
l’action commune, lancé aux hommes du travail, avait sa valeur, une valeur
importante, et sa force persuasive, du point de vue de l’éthique sociale,
surtout lorsqu’il s’agissait du travail sectoriel, monotone, dépersonnalisant
dans les complexes industriels, quand la machine avait tendance à dominer sur
l’homme.
C’était la
réaction contre la dégradation de l’homme comme sujet du travail et contre l’exploitation inouïe qui
l’accompagnait dans le domaine des profits, des conditions de travail et de
prévoyance en faveur de la personne du travailleur. Une telle réaction a uni le monde ouvrier en
un ensemble communautaire caractérisé par une grande solidarité.
Dans le
sillage de l’encyclique Rerum novarum et des nombreux documents du magistère de
l’Eglise qui ont suivi, il faut franchement reconnaître que se justifiait, du
point de vue de la morale sociale, la réaction contre le système d’injustice et
de préjudices qui criait vengeance vers le ciel et qui pesait sur le
travailleur, en affirmant que le travail humain est seulement un instrument de
production, et que le capital est le fondement, le facteur et le but de la
production.
[…] Des
mouvements de solidarité dans le domaine du travail – d’une solidarité qui ne
doit jamais être fermeture au dialogue et à la collaboration avec les autres –
peuvent être nécessaires, même par rapport aux conditions de groupes sociaux qui auparavant n’étaient
pas compris parmi ces mouvements, mais qui subissent, dans les mutations des
systèmes sociaux et des conditions de vie, une « prolétarisation »
effective ou même se trouvent déjà en réalité dans une situation de « prolétariat »
qui, même si on ne la connaît pas encore sous
ce nom, est telle qu’en fait elle le mérite. […]
Aussi faut-il
continuer à s’interroger sur le sujet du travail et sur les conditions dans lesquelles il vit.
Pour réaliser la justice sociale dans les différentes parties du monde, dans
les divers pays, et dans les rapports entre eux, il faut toujours qu’il y ait
de nouveaux mouvements de solidarité des travailleurs et de solidarité avec les travailleurs.
12- Travail et dignité de la
personne
L’intention
fondamentale et primordiale de Dieu par
rapport à l’homme qu’ « il créa… à sa ressemblance, à son
image », n’a pas été rétractée ni effacée, même pas lorsque l’homme, après
avoir rompu l’alliance originelle avec Dieu, entendit les paroles : « A
la sueur de ton front tu mangeras ton pain. » ces paroles se réfèrent à la fatigue parfois pesante qui depuis lors accompagne le travail
humain ; elles ne changent pas pour autant le fait que celui-ci est la
voie conduisant l’homme à réaliser la
« domination » qui lui est
propre sur le monde visible en « soumettant » la Terre. […]
Et pourtant,
avec toute cette fatigue – et peut être à cause d’elle _ le travail est un bien
de l’homme. […] Il n’est pas seulement un bien « utile » ou dont on peut
« jouir », mais il est un bien « digne », c’est à dire
qu’il correspond à la dignité de l’homme, un bien qui exprime cette dignité et qui l’accroît. […] Le
travail est un bien de l’homme – il est bien de son humanité – car, par le
travail, non seulement l’homme
transforme la nature en l’adaptant à
ses propres besoins, mais encore il
se réalise lui-même comme homme et même, en un certain sens, « il
devient plus homme ». […] Tout ceci plaide pour l’obligation morale d’unir
l’ardeur au travail comme vertu à un ordre social du travail, qui permette à l’homme de « devenir plus
homme » dans le travail, et lui évite de s’y dégrader en usant ses forces
physiques (ce qui est inévitable, au moins jusqu’à un certain point), et
surtout en entamant la dignité et la subjectivité qui lui sont propres.
13- Travail et
société : famille, nation
La dimension
personnelle du travail humain étant
ainsi confirmée, on doit en venir à la seconde sphère de valeurs qui lui
est nécessairement unie. Le travail est le fondement sur lequel s’édifie la vie familiale, qui est un droit naturel
et une vocation pour l’homme. […] Le travail est, d’une certaine manière, la
condition qui rend possible la fondation d’une famille, puisque celle-ci exige
les moyens de subsistance que l’homme acquiert normalement par le travail. Le
travail et l’ardeur au travail conditionnent
aussi tout le processus d’éducation dans la famille, précisément pour la raison
que chacun « devient homme »,
entre autres, par le travail, et que ce fait
de devenir homme exprime justement le but principal de tout le processus
éducatif. […]
Dans
l’ensemble, on doit se souvenir et
affirmer que la famille constitue l’un des termes de référence les plus
importants, selon lesquels doit se former l’ordre social et éthique du travail
humain. […] Car la famille est à la fois
une communauté rendue possible par le travail et la première école interne de travail pour tout homme. […]
Le résultat de
tout cela est que l’homme lie son
identité humaine la plus profonde à l’appartenance à sa nation, et qu’il voit aussi dans son travail un moyen
d’accroître le bien commun élaboré avec ses compatriotes, en se rendant compte
ainsi que, par ce moyen, le travail sert à multiplier le patrimoine de toute la
famille humaine, de tous les hommes vivant dans le monde.
Ces trois
sphères conservent de façon permanente leur importance pour le travail
humain dans sa dimension subjective. Cette dimension, c’est-à-dire la
réalité concrète de l’homme au travail, l’emporte sur sa dimension objective.
[…] Si le processus de soumission de la terre, c’est-à-dire le travail sous
l’aspect de la technique, est caractérisé au cours de l’histoire, et
spécialement ces derniers siècles, par un immense développement des moyens de
production, il s’agit là d’un phénomène avantageux et positif, à condition que
la dimension objective du travail ne prenne pas le dessus sur la dimension
subjective, en enlevant à l’homme ou en diminuant sa dignité et ses droits
inaliénables.
Commentaire :
Jamais une réflexion sur le travail n’aura fait
l’objet - avec une précision de joaillier - d’un tel souci d’enracinement
exégétique. A la lecture de ce passage, nous sommes entraînés dans
l’anti-chambre du mystère de Dieu uni à celui de l’homme. L’argumentation de
l’auteur confirme l’enracinement exégétique de la doctrine sociale de l’Eglise
et la dimension salvifique du travail, car seul l’homme travaille.
Le pape aborde les différentes phases de
l’évolution technique du travail. Il le fait avec une acuité surprenante
surtout en ce qui concerne l’industrialisation. Il insiste sur l’apport positif
de cette évolution, sans oublier les effets pervers sur le mode de travail, sur
la relation du travailleur et le résultat de son travail, ainsi que sur les
conséquences économico-sociales : le chômage. Une fois de plus, sa
préoccupation reste l’homme.
Sa pensée révèle une opposition radicale au
cartésianisme. Il propose, à l’en contre de Descartes, une approche et une
vision globale de l’homme même s’il identifie les caractéristiques spécifiques
qui ne peuvent pourtant pas légitimer une approche éclatée de l’homme.
Si le travail a une évidente valeur objective, ne
serait-ce que par l’enrichissement qu’il permet, il n’a pas pour autant une
valeur en soi, parce qu’il n’est pas une fin en lui-même. Sa fin c’est
l’homme ! C’est lui qui donne sa vraie valeur au travail. C’est nécessairement une valeur subjective
puisque cette valeur est liée à la dignité de l‘homme. Nous sommes ici dans
l’ordre de la qualité et non de la quantité. Notion spécifique que les
matérialistes de tout poil n’ont jamais comprise au mieux.1
Il y a chez ce pape une réflexion permanente, une
double interrogation constante : comment redonner à l’homme la plénitude
de sa dignité, comment le délivrer des inféodations « artificielles autant
qu’artificieuses » des idéologies ?
Il lui faut pour cela remettre
l’homme dans tous les lieux de sa vie, dans toutes les manifestations de
la création qu’il doit dominer par vocation ‘es qualité’.
Il révèle bien sa préoccupation de l’homme. Il
garde en mémoire l’expérience sociologique d’une approche matérialiste du
travail, sans pour autant ignorer la pleine mesure des déviances du
libéralisme. Il propose une redéfinition des concepts : travail et
travailleur à la lumière de la Révélation Chrétienne. L’homme est distingué et
distant de la production en tant qu’elle est le fruit et sujet de sa personne
et non confondu avec les outils de la production, tandis qu’il demeure sujet du
travail. On comprend, qu’aucune idéologie ne peut répondre aux attentes de la
personne humaine, car leur vision ou plutôt leur projection qu’elles se font de
l’homme sont attentatoires à sa dignité.
Elles sont aliénatrices.
Après une approche historique des mouvements de
défenses des travailleurs, que Jean-Paul II justifie et approuve, il jette les
bases d’une réflexion sur la mondialisation du travail et des travailleurs. Il
appelle à une solidarité mondialiste dans la recherche toujours renouvelée de
la justice sociale. Il s’appuie sur les textes de ses prédécesseurs :
Pacem in Terris et Popularum progressio.
Le travail est affirmé comme inhérent à la dignité
de l’homme. Il ne devrait pas être un outil d’oppression contre lui.
Il n’y a pas de travail inférieur ni supérieur,
car il y a de fait une solidarité qui tient les uns et les autres dans une
chaîne naturelle de production, de dignité, tous contribuent à dominer la
Terre. Le travail est donc bien parti intégrante de l’économie du salut.
Jean-Paul II élargit la dignité du travail et du
travailleur à la cellule familiale et à la nation. La personne, la famille et
la nation forment un ensemble cohérent égal en dignité qui se forge au moyen
naturel du travail.
C’est pourquoi, l’homme atteint du vice de la
fainéantise, la famille explosée et une nation non solidaire ou oppressive sont
autant d’incohérences et d’injustices qui portent atteinte à la dignité de
l’homme, de la famille, de la nation. Ils deviennent facteurs de décadence,
d’insécurité, de désespérance. Le chômage est sans doute l’injustice, l’agression
la plus honteuse qui soit pour notre époque. L’absence de travail rémunéré
justement est une source et une cause
radicale des dérèglements des sociétés avec leurs lots de délinquances, de
marginalisation sociale.
1- Il est évident pour nous, que s’ils avaient
intégré le concept de qualité, l’errance de leur réflexion n’eut pas maqué
rapidement à faire s’effondrer dans l’œuf tous les mécanismes de leurs pensées
matérialistes et athées.
LE CONFLIT ENTRE LE TRAVAIL
ET
LE CAPITAL DANS LA PHASE
ACTUELLE DE L’HISTOIRE
14- Dimension de ce conflit
L’ébauche de
la problématique fondamentale du travail, telle qu’elle a été esquissée
ci-dessus, de qu’elle se réfère aux premiers textes bibliques, constitue, en un
certain sens, l’armature de l’enseignement de l’Eglise, qui se maintient
inchangé à travers les siècles, dans le contexte des diverses expériences de
l’histoire.[…] Le travail apparaît dans
cette analyse comme une grande réalité, qui exerce son influence fondamentale
sur la formation, au sens humain, du monde confié à l’homme par le Créateur et
sur son humanisation ; il est aussi une réalité, dans le cours normal des
choses, remplit la vie humaine et a une forte incidence sur sa et sur son sens.
Même s’il est associé à la fatigue et à l’effort, le travail ne cesse pas
d’être un bien, en sorte que l’homme se développe en aimant son travail. Ce
caractère du travail humain, tout à fait positif et créateur,
éducatif et méritoire, doit constituer le fondement des estimations et des
décisions qui se prennent aujourd’hui à son égard, […] Il est en effet évident
que e problème capital, toujours du point e vue de l’homme (conflit entre
capital et travail) – problème qui constitue l’une des dimensions fondamentales
de son existence terrestre et de sa vocation -, ne saurait être expliqué
autrement qu’en tenant compte de tout le contexte de la réalité contemporaine.
15- Priorité du travail
En face de
cette réalité contemporaine, […] , on doit avant tout rappeler un principe
toujours enseigné par l’Eglise. C’est le principe de la priorité du
« travail » par rapport au « capital ». Ce principe
concerne directement le processus même de la production dont le travail est
toujours une cause efficiente première, tandis que le « capital »,
comme ensemble des moyens de production, demeure seulement un instrument ou
la cause instrumentale. Ce principe est une vérité évidente qui ressort de
toute l’expérience historique de l’homme. […] Au travail demeure également lié
depuis les origines le problème de la propriété, car, pour faire servir à soi
et aux autres les ressources cachées dans la nature, l’homme a comme unique
moyen son travail. Et afin de pouvoir
faire fructifier ces ressources par son travail, l’homme s’approprie des
petites parties des diverses richesses de la nature : […] Il se
l’approprie par le travail et pour avoir encore du travail. […] En toute phase
du développement de son travail, l’homme rencontre le fait que tout lui est
principalement donné par la « nature », autrement dit, en
définitive, par le Créateur. Au début du travail humain, il y a le mystère de
la création. […] La considération qui vient ensuite sur le même problème doit
nous confirmer dans la conviction de la priorité du travail humain par
rapport à ce que, avec le temps, on a pris l’habitude d’appeler « capital ».
Si en effet, dans le cadre de ce dernier concept, on fait entrer, outre les
ressources de la nature mises à la disposition de l’homme, […], on doit alors constater dès maintenant que cet
ensemble de moyens est le fruit du patrimoine historique du travail humain. […] :
l’expérience est l’intelligence de l’homme. […] Ainsi, tout ce qui sert au
travail, tout ce qui constitue, dans l’état actuel de la technique, son
« instrument « toujours plus perfectionné, est le fruit du travail. […] Il faut souligner et mettre en relief le primat de
l‘‘homme par rapport aux choses. Tout ce qui est contenu dans le concept de
« capital », au sens restreint du terme, est seulement un ensemble de
choses. Comme sujet du travail, et quel
que soit le travail qu’il accomplit, l’homme, et lui seul, est une
personne.
16- « Economisme »
et matérialisme
Avant tout, à
la lumière de cette vérité, on voit clairement qu’on ne saurait séparer le
« capital » du travail, qu’on ne saurait en aucune manière opposer le
travail au capital, […] Le système de travail qui peut être juste, c’est à dire
conforme à l’essence même du problème ou, encore, intrinsèquement vrai et en
même temps moralement légitime, est celui qui, en ses fondements, dépasse
l’antinomie entre travail et capital, en cherchant à se structurer selon le
principe énoncé plus haut de la priorité substantielle et effective du travail,
de l’aspect subjectif du travail humain
et production, et cela quelle que soit la nature des prestations fournies par le
travailleur.
L’antinomie
entre travail et le capital ne trouve sa source ni dans la structure du
processus de production ni dans celle du processus économique en général. Ce processus
révèle en effet une compénétration réciproque entre le travail et ce que
nous sommes habitués à nommer le capital ; il montre leur lien
indissoluble. L’homme, à quelque tâche qu’il soit attelé, relativement
primitive ou, au contraire, ultramoderne, peut aisément se rendre compte de ce
que, par son travail, il hérite d’un double
patrimoine : il hérite d’une
part de ce qui est donné à tous les hommes sous forme de ressources naturelles
et, d’autre part, de tout ce que les autres ont déjà élaboré à partir de ces
ressources, avant tout en développant la technique, c’est-à-dire en réalisant
un ensemble d’instruments de travail toujours plus parfait. Tout en
travaillant, l’homme « hérite du travail d’autrui ». […] Il s’agit là d’une vision cohérente, à
la fois théologique et humaniste. En elle, l’homme apparaît comme le
« patron » des créatures, mises à sa disposition dans le monde
visible. Si, dans le processus du travail, on découvre quelque dépendance, il
s’agit de celle qui lie au donateur de toutes les ressources de la création, et
qui devient à son tour dépendance envers d’autres hommes, envers ceux qui, par
leur travail et leurs initiatives, ont donné à notre propre travail des
possibilités déjà perfectionnées et accrues. […] Mais nous ne pouvons pas
affirmer qu’il soit comme le « sujet » anonyme qui met en position
de dépendante l’homme et son
travail. […] Dans cette façon de penser le problème (opposition entre capital
et travail) , il y avait l’erreur fondamentale que l’ont peut appeler l’erreur
de l’ »économisme » et qui
consiste à considérer le travail humain exclusivement sous le rapport de sa
finalité économique. On peut et on doit
appeler cette erreur fondamentale de la pensée l’erreur du matérialisme en ce sens que l’ »économisme »
comporte, directement ou indirectement, la conviction du primat et de la
supériorité de ce qui est matériel, tandis qu’il place, directement ou
indirectement, ce qui est spirituel et impersonnel (l’agir de l’homme, les
valeurs morales et similaires) dans une position subordonnée à la réalité
matérielle. […] Evidemment, l’antinomie, envisagée ici, entre le travail et le
capital – antinomie dans le care de laquelle le travail a été séparé
du capital et opposé à lui, en un
certain sens de façon ontique, comme s’il était un élément quelconque du
processus économique _ à son origine, non seulement dans la philosophie et les
théories économiques du XVIIIe siècle, […]
17- Travail et propriété
Le processus
historique – qui est ici brièvement présenté – est assurément de sa phase
initiale, mais il continue et tend même à s’étendre dans les rapports entre
nations et continents. […], il ne s’agit pas de concepts abstraits ou de
« forces anonymes » agissant dans la production économique. Derrières
ces concepts, il y a des hommes, des hommes vivants, concrets. […] ainsi donc
s’insère dans l’ensemble de ce difficile processus historique, et de puis le
début, le problème de la propriété. […] Ce principe, rappelé alors par
l’Eglise et qu’elle enseigne toujours, diverge radicalement d’avec le programme
du collectivisme, proclamé par le marxisme et réalisé dans divers pays
du monde au cours décennies qui ont suivi l’encyclique de Léon XIII. Il diffère
encore du programme du capitalisme,
pratiqué par le libéralisme et les systèmes politiques qui se réclament de lui.
[…] La tradition chrétienne n’a jamais soutenu ce droit comme un droit
intangible. Au contraire, elle l’a toujours entendu dans le contexte plus vaste
du droit commun de tous à utiliser les biens de la création entière : le
droit à la propriété privée est subordonné à celui de l’usage commun, à la
destination universelle des biens. […], la propriété s’acquiert avant tout par
le travail t pour servir au travail. Cela concerne de façon particulière la
propriété des moyens de production. […] Ils ne sauraient être possédés
contre le travail, et ne peuvent être non plus possédés pour posséder, parce que l’unique
titre légitime à leur possession – et cela aussi bien sous la forme de la
propriété privée que sous celle de la propriété publique ou collective – est
qu’ils servent au travail, […], on ne peut pas exclure non plus la socialisation, sous les
conditions qui conviennent, de certains moyens de production. (…] De ce point
du vue, demeure inacceptable la position du capitalisme « rigide »,
qui défend le droit exclusif de la propriété privée des moyens de production,
comme un « dogme » intangible e la vie économique. […] On en peut
parler de socialisation que si la
subjectivité de la société est assurée, c’est-à-dire si chacun, du fait de son
travail, a un titre plénier à se considérer en même temps comme co-propriétaire
du grand chantier de travail dans lequel il s’engage avec tous. Une des voies
pour parvenir à cet objectif pourrait être d’associer le travail, dans la
mesure du possible, à la propriété du capital, […]
18- Argument personnaliste
Ainsi, le principe de la priorité du travail sur le capital est un
postulat qui appartient à l’ordre de la morale sociale. Le travail est, en un
certain sens, inséparable du capital, et il ne tolère sous aucune forme
l’antinomie – c’est-à-dire la séparation et d‘opposition par rapport aux moyens
de production – qui, résultant de prémisses uniquement économiques, a pesé sur
la vie humaine au cours des derniers siècles. Lorsque l’homme travaille, en utilisant
l’ensemble des moyens de production, il désire en même temps que les fruits de
son travail soient utiles, à lui et à autrui, et que, dans le processus même du
travail, il puisse apparaître comme co-responsable et co-artisan au poste de
travail qu’il occupe. […] Mais il est dès maintenant nécessaire de souligner,
de manière générale, que l’homme qui travaille désire non seulement recevoir
la rémunération qui lui est due pour son travail, mais aussi qu’on prenne
en considération, dans le processus même de production, la possibilité pour lui
d’avoir conscience que, même s’il travaille dans une propriété
collective, il travaille « à son compte ». […] L’enseignement
de l’Eglise a toujours exprimé la conviction ferme et profonde que le travail
humain ne concerne pas seulement l’économie, mais implique aussi et avant tout
des valeurs personnelles soient pleinement respectées.
Commentaire :
Le pape prend la précaution de dédramatiser le conflit qu’il va
traiter en rappelant les sources exégétiques. Ce rappel lui permet de placer
l’homme au centre du problème. Il y a chez lui un éminent souci pédagogique
sous-tendu par l’exigence spirituelle et morale de voir l’homme être l’objet
naturel et exclusif de toutes les préoccupations de la société en toutes ses
activités.
Jean-Paul II renvoie dos à dos les deux idéologies
absolutistes : socialo-communiste et libéralisme. Il le fait en revenant
sur l’impératif du travail qu’il souligne avec force comme faisant parti
intégrante de l’économie du salut et intimement lié à la dignité de l’homme. Le
travail n’est en rien une punition, sa pénibilité oui et souvent par
contraintes d’appétits qui ne sont pas toujours en adéquation avec les besoins
réels de l’homme et de la femme, ce que nous appelons « la dictature des
appétits artificiels ». Le travail ne peut être considéré comme un objet
aux objectifs de consommation, il est étroitement lié à la personne.
Le pape démontre le non-fondement des théories idéologiques
matérialistes qui initient l’opposition artificiellement créée entre le
travail, le travailleur et le capital. Il origine ces errances dans le siècle
dit « des lumières ». On voit bien que toutes les idéologies ont
toutes leurs sources dans ce siècle fâcheux, fondateur de la culture
révolutionnaire, profondément anti-homme et radicalement anti-Dieu.
La juxtaposition du capitalisme libéral et le capitalisme d’Etat
(communiste) met en relief que si la propriété est un bien en soi, ce droit
n’est pas absolu, qu’il est soumis au travail. Il est également démontré que ce
conflit peut être surmonté par des dispositions qui permettent d’introduire une
valeur ajoutée au travail par l‘actionnariat des travailleurs et leur donner
accès au pouvoir de décision. Le travail s’en trouverait revalorisé, la dignité
du travailleur en tant que « Personne » s’en trouverait renforcée.
Il faut que le travail soit rémunéré de la manière la plus juste, mais il est plus important que les conditions de travail soient telles, que le travailleur est un réel sentiment de collaboration. De collaboration, non seulement dans l’entreprise qui profite de ses talents, mais également de manière plus générale, voir universelle. Le travailleur, quel que soit son labeur, doit se sentir légitiment co-propriétaire du fruit de son travail, cette exigence est constitutive de sa dignité.
DROITS DES TRAVAILLEURS
19- Dans le vaste contexte
des droits de l’homme
Si le travail,
aux divers sens du terme, est une obligation, c’est-à-dire un devoir, il est
aussi en même temps une source de droits pour le travailleur. Ces droits
doivent être examinés dans le vaste contexte de l’ensemble des droits de
l’homme, droits qui lui sont co-naturels et donc beaucoup ont été proclamés
pas diverses instances internationales et sont toujours davantage garantis par
les Etats à leurs citoyens. […] les
droits humains qui découlent du travail rentrent précisément dans l’ensemble plus
large des droits fondamentaux de la personne. […] Le travail est, comme on l’a
dit, une obligation, c’est-à-dire un de voir de l’homme, et ceci à plusieurs titres. L’homme
doit travailler parce que le Créateur le
lui a ordonné, et aussi du fait de son humanité même dont la subsistance et le
développement exige le travail. L’homme doit travailler par égard pour le
prochain, spécialement pour sa famille, mais aussi pour la société à laquelle
il appartient, pour la nation dont il
est fils ou fille, pour toute la famille humaine dont il est membre, étant
héritier du travail des générations qui
l’ont précédé et en même temps co-artisan de l’avenir de ceux qui viendront
après lui dans la suite de l’histoire.
20- Employeur : direct
et indirect
Le concept
d’employeur indirect peut être appliqué à chaque société particulière, et avant
tout à l’Etat. C’est l’Etat qui doit mener une juste politique du travail. On
sait ce pendant que, dans le système actuel des rapports économiques dans le
monde, on constate de multiples liaisons entre les divers Etats, liaisons
qui s’expriment par exemple dans les mouvements d’importation et d’exportation,
[…] Ce système de dépendances réciproques est en lui-même normal ;
cependant, il peut facilement donner
lieu à diverses formes d’exploitations ou d’injustice et avoir ainsi une
influence sur la politique des Etats et, en définitive, sur le travailleur
individuel qui est sujet propre du travail. […] L’employeur direct qui se
trouve dans un tel système de conditionnements (la recherche des plus hauts
profits en sous-payant les matières
premières ou les produits semi-finis) fixe les conditions du travail au-dessus
des exigences objectives des travailleurs, surtout s’il veut lui-même tirer le
profit le plus élevé possible de l’entreprise qu’il dirige… […] Au contraire,
c’est précisément la prise en considération des droits objectifs du
travailleur, quel qu’en soit le type : […] qui doit constituer le critère
adéquat et fondamental de la
formation de toute l’économie, aussi bien à l’échelle de chaque société ou de
chaque Etat qu’à celle de l’ensemble de la politique économique mondiale ainsi
que les systèmes et des rapports internationaux qui en dérivent.
21- Le problème de l’emploi
En considérant
les droits des travailleurs en relation avec cet « employeur
indirect », c’est-à-dire en relation avec l’ensemble des instances qui,
[…] on doit porter son attention avant tout sur […] la question d’avoir un
travail, ou, en d’autres termes, du problème qui consiste à trouver un
emploi adapté à tous les sujets qui en sont capables. Le contraire d’une
situation juste et correcte dans ce domaine est le chômage, […] L’obligation de
prestations en faveur des chômeurs, c’est-à-dire de devoir d’assurer les
subventions indispensables à la subsistance des chômeurs et de leurs familles,
est un devoir qui découle du principe fondamental de l’ordre moral en ce
domaine, c’est-à-dire du principe de l’usage commun des biens ou, pour exprimer
de manière encore plus simple, du droit à la vie et à la subsistance. […] Le
fait de la dépendance réciproque des diverses sociétés et des divers Etats
ainsi que la nécessité de collaborer en divers domaines exigent que, tout en
maintenant les droits souverains des Etats en matière de planification et
d’organisation du travail à l’échelle de chaque société, on agisse en même
temps, en ce secteur important, dans le cadre de la collaboration
internationale et que l’on signe des traités et les accords nécessaires. […] Le progrès
dont on parle doit s’accomplir grâce à l’homme et pour l’homme, et il doit
produire des fruits dans l’homme.
22- Salaire et autres
prestations sociales
[…] Le
problème clé de l’éthique sociale dans ce cas est celui de la juste rémunération du travail accompli. Dans le contexte actuel,
il n’y a pas de manière plus importante
de réaliser la justice dans les rapports entre travailleurs et
employeurs que la rémunération du travail. […]
Sur ce point, nous en arrivons de nouveau au premier principe de tout
l’ordre éthico-social, c’est-à-dire au principe de l’usage commun des biens.
[…] Il découle de là que le juste salaire devient en chaque cas la vérification
concrète de la justice de tout le
système socio-économique et en tout cas de son juste fonctionnement. […] Une
juste rémunération du travail de l’adulte chargé de famille est celle qui sera
suffisante pour fonder et faire vivre dignement sa famille et pour en assurer
l’avenir. Cette rémunération peut être
réalisée soit par l’intermédiaire de ce qu’on appelle le salaire familial, […]
qui est suffisant pour les besoins de la famille sans que son épouse soit obligée de prendre un travail, […] soit
par l’intermédiaire d’autres mesures sociales, telles que les allocations familiales […]
L’expérience confirme qu’il est nécessaire de s’employer en faveur de la revalorisation
sociale des fonctions maternelles, du labeur qui y est lié, et du besoin que les
enfants ont de soins, d’amour et d’affection pour être capables de devenir des
personnes responsables, moralement et religieusement adulte, psychologiquement
équilibrées. […] Qu’elle soit contrainte (la mère) à abandonner ces tâches pour
prendre un emploi rétribué hors de chez elle n’est pas juste du point de vue du
bien de la société et de la famille si cela contredit ou rend difficiles les
buts premiers de la mission maternelle ! […] La vraie promotion de la femme exige que
le travail soit structuré de manière qu’elle ne soit pas obligée de payer sa
promotion par ‘abandon de sa propre spécificité et au détriment de sa famille
dans laquelle elle a, en tant que mère, un rôle irremplaçable.
23- L’importance des
syndicats
Mais les
syndicats diffèrent des corporations sur un point essentiel : les
syndicats modernes ont grandi à partir de la lutte des travailleurs, du monde
du travail et surtout des travailleurs de l’industrie, pour la sauvegarde de
leurs justes droits vis à vis des entrepreneurs et des propriétaires des
moyens de production. Leur tâche consiste dans la défense des intérêts
existentiels des travailleurs dans tous les secteurs où
leurs droits sont en cause. L’expérience historique apprend que les
organisations de ce type sont un élément indispensable de la vie sociale, particulièrement dans les sociétés modernes
industrialisées. […] La doctrine sociale catholique ne pense pas que les
syndicats soient seulement le reflet d’une structure « de classe » de
la société ; elle ne pense pas qu’ils soient les porte-parole d’une lutte
de classe qui gouvernerait inévitablement la vie sociale. […] Cependant, cette
« lutte » doit être comprise comme un engagement normal « en
vue » du juste bien : ici, du bien qui correspond aux besoins et aux
mérites des travailleurs associés selon leurs professions ; mais elle
n’est pas une « lutte contre » les autres. […] La caractéristique
du travail est avant tout d’unir les hommes et c’est en cela que consiste sa
force sociale : la force de
construire une communauté. […] A la lumière de cette structure fondamentale de tout travail – à la lumière du fait que, en
définitive, le « travail » et le « capital » sont les
composantes de la production dans quelque système social que ce soit -, l’union
des hommes pour défendre les droits qui leur reviennent, née des exigences du
travail, demeure un élément créateur d’ordre social et de solidarité, élément dont on ne
saurait faire abstraction. […] Le requêtes syndicales ne peuvent
pas se transformer en une sorte d’ « égoïsme » de
groupe ou de classe, bien qu’elles puissent et doivent tendre à corriger
aussi, eu égard au bien commun de toute la société, tout ce qui est défectueux
dans le système de propriété des moyens de production ou dans leur gestion et
leur usage. La vie sociale et économico-sociale est certainement comme un
système de « vases communicants » et chaque activité sociale qui a
pour but de sauvegarder les droits des groupes particuliers doit s’y adapter.
[…] Les syndicats n’ont pas le caractère
de « partis politiques » qui luttent
pour le pouvoir, et ils ne
devraient jamais non plus être soumis aux décisions des partis politiques ni
avoir des liens trop étroits avec eux. […] En agissant pour les justes droits
de leurs membres, les syndicats ont également recours au procédé de la
« grève », c’est-à-dire de
l’arrêt du travail conçu comme une sorte d’ultimatum adressé aux organismes
compétents et, avant tout aux employeurs. C’est un procédé que la doctrine
sociale catholique reconnaît comme légitime sous certaines conditions et dans
de justes limites. […] L’abus de grève peut conduire à la paralysie de toute la
vie socio-économique. Or cela est contraire aux exigences du bien commun de la société qui correspond également à la
nature bien comprise du travail lui-même.
Commentaire :
Jean-Paul II recentre les droits du travail et du travailleur au
cœur même des droits universels de l’homme. Il rappelle, que le travail est une
obligation morale, elle intègre la substance qui constitue la dignité de la
personne.
En abordant le problème des échanges commerciaux et économiques
internationaux, le pape reprend l’un des thèmes de son début de discours,
notamment, la mondialisation qui est pour lui une évidence de fait. Il insiste
sur la nécessité de veiller à l’équité des ressources afin de combler les
dangereux déséquilibres entre pays riches et pauvres
qui sont souvent détenteurs de la matière première.
Le Saint Père pose une remarquable réflexion sur le problème de
l’emploi qui semble bien être la plaie de notre société post-industrielle. Le
problème vient entre autres de la mainmise des pouvoirs financiers sur l’outil
de production.
Un pouvoir qui est toujours à la recherche d’un plus de profit -
sans aucune réflexion sur les conséquences humaines de cette recherche
« ogresse » du profit -, reportant avec égoïsme et mépris la
responsabilité des conséquences sur le pouvoir politique.
La mainmise du pouvoir financier sur les moyens de production et sur
le travail est une perversion, une effrayante tumeur cancéreuse. Il y a
d’autres facteurs : concepts idéologiques qui ne peuvent pas prendre en compte
l’homme intégral, des enjeux stratégiques qui ne semblent pas se soucier des
déséquilibres de fortune et des projets de société de type élitiste qui ont une
vision de l’homme et de sa société tronquée, mensongère quand elle n’est pas
fondamentalement blasphématrice.
Le chômage est l’injustice la plus grave faite à l’homme après
l’avortement qui en est peut-être le premier facteur, sûrement le second.
La réflexion du pape sur le problème de la rémunération l’amène à
poser le problème de la subsistance du couple et des enfants. Il souligne
l’importance de la présence de la maman ou du papa auprès des enfants pour le
plus grand profit de la société. Il faut insister sur la nécessité de mettre
sur pied une politique familiale digne de ce nom. Il faut envisager, pour
celles ou ceux qui le veulent, un salaire véritable afin de permettre une bonne
éducation des descendants si indispensable à une société harmonieuse et
équilibrée. La prévention de la délinquance commence par la présence d’un
parent au foyer.
La réflexion du saint père sur le rôle du syndicalisme est très
pertinente. Elle est écrite dans un contexte très particulier – la Pologne
lutte contre l’hégémonie du parti au pouvoir -, c’est la création de
« Solidarnosc ». Il fera s’effondrer le communisme. Le pape,
rappelant les racines légitimes du syndicalisme, souhaite la rupture avec les
idéologies liées à la « culture révolutionnaire ». Il est
indispensable que le syndicalisme recentre son action dans une indépendance
farouche envers les partis politiques et le pouvoir. Il importe qu’il soit
davantage une force de proposition que d’opposition. Il doit sortir de cette
attitude qui consiste à vouloir la destruction de l’autre en face. Des enjeux
majeurs demandent une solidarité de fait entre les propriétaires des appareils
de production et les syndicats face
aux défis de la mondialisation et au
pouvoir quasi-illimité des puissances financières. Il est fort regrettable que
la C.G.T. reste figée dans un archaïsme qui rend illisible et inadéquat son
action. On peut dire la même chose, à quelques nuances, des autres syndicats.
L’action de l’Etat est
piégée. Il est trop sollicité par les partenaires sociaux ou il impose
ses décisions dans un mépris total des partenaires comme l’illustra la loi
des 35 heures : une aberration complète tant économiquement que
socialement. C’est une loi qui, à la lumière du bien commun, attaque la valeur
du travail et la dignité du travailleur.
ELEMENTS POUR UNE
SPIRITUALITE DU TRAVAIL
24- Rôle particulier de
l‘Eglise
Etant donné
que le travail dans sa dimension subjective est toujours une action
personnelle, actus personae, il en découle que c’est l’homme tout
entier qui y participe, avec son corps comme avec son esprit, indépendamment du fait qu’il soit un travail manuel
ou intellectuel. C’est également à l’homme entier qu’est adressée la parole du
Dieu vivant, le message évangélique du salut dans lequel on trouve de nombreux
enseignements qui, tels des lumières particulières, concernent le travail humain. Il faut donc bien
assimiler ces enseignements : il faut l’effort intérieur de l’esprit guidé
par la foi, l’espérance et la charité, pour donner au travail de l’homme concret, grâce à ces enseignements,
le sens qu’il a aux yeux de Dieu est par lequel il entre dans l’œuvre du salut
comme un de ses éléments à la fois ordinaires et particulièrement importants.
25- Le travail comme
participation à l’œuvre du Créateur
Comme dit le
Concile Vatican II, « pour les croyants, une chose est certaine :
l’activité humaine, individuelle et collective, le gigantesque effort par
lequel les hommes, tout au long des siècles, s’acharnent à améliorer leurs
conditions de vie, considéré en lui-même, correspond au dessein de Dieu.
L’homme, créé à l’image de Dieu, a en effet reçu la mission de soumettre la
terre et tout ce qu’elle contient, de gouverner le cosmos en sainteté et
justice et, en reconnaissant Dieu comme
Créateur de toutes choses, de lui
référer son être ainsi que l’univers : en sorte que, tout étant soumis à
l’homme, le nom même de Dieu soit glorifié par toute la terre ». […] Cette
description de la création, que nous trouvons déjà dans le premier chapitre de
la Genèse, est en même temps et en un certain sens le premier « évangile du travail ». Elle montre en effet en quoi consiste sa
dignité : elle enseigne que, par son travail, l’homme doit imiter Dieu,
son Créateur, parce qu’il porte en soi – et il est seul à le faire – l’élément
particulier de la ressemblance avec lui. L’homme doit imiter Dieu lorsqu’il
travaille comme lorsqu’il se repose, étant donné que Dieu lui-même a voulu lui
présenter son œuvre créatrice sous la forme du travail et sous celle du
repos. […] Car ces hommes et ces femmes qui, tout en gagnant leur vie et
celle de leur famille, mènent leurs activités de manière à bien servir la
société, sont fondés à voir dans leur
travail un prolongement de l’œuvre du Créateur, un service de leurs frères, un
apport personnel à la réalisation du plan providentiel dans l’histoire ». […] La conscience de participer par le
travail à l’œuvre de la création constitue la motivation la plus profonde pour l’entreprendre dans divers
secteurs : « C’est pourquoi les fidèles – lisons-nous dans la
constitution Lumen gentium – doivent reconnaître la nature profonde de toute la
création, sa valeur et sa finalité qui est la Gloire de Dieu ; … »
26- Le Christ, l’homme de
travail
Cette vérité
d’après laquelle l’homme participe par son travail à l’œuvre de dieu lui-même,
son Créateur, a été particulièrement mise en relief par Jésus-Christ, ce
Jésus dont beaucoup frappés de stupéfaction et disaient : « D’où lui
vient tout cela ? Et quelle est
cette sagesse qui lui a été donnée ?… N’est-ce pas là le
charpentier ? » En effet, Jésus proclamait et surtout mettait d’abord
en pratique l’ »Evangile » […], il s’agissait vraiment de
l’ »évangile du travail » parce que celui qui le proclamait
était lui-même un travailleur, un
artisan comme Joseph de nazareth. […] il
apprécie et il respecte le travail de l’homme ; on peut même dire
davantage : il regarde avec
amour ce travail ainsi que ses
diverses expressions, voyant en chacune une manière particulière de manifester
a ressemblance de l’homme avec Dieu Créateur et Père.
« « De
même qu’elle procède de l’homme, l’activité humaine lui est ordonnée. De fait,
par son action, l’homme ne transforme
pas seulement les choses, il développe ses facultés, il sort de lui-même et se
dépasse. Cette croissance, si elle est
bien comprise, est d’un tout autre prix que l’accumulation de richesses
extérieures… Voici donc la règle de l’activité humaine : qu’elle permette
à l’homme, considéré comme individu ou comme membre de a société, de développer
et de réaliser sa vocation dans toute sa plénitude. » […] « L’homme
vaut plus par ce qu’il est que par ce qu’il a. De même, tout ce que font les hommes pour faire régner
plus de justice, une fraternité plus étendue, un ordre plus humain dans
les rapports sociaux, dépasse en valeur les progrès techniques. Car ceux-ci peuvent bien fournir la base
matérielle de la promotion humaine, mais ils sont tout à fait impuissants, par
eux seuls, à la réaliser. »
(Conc.Vat. II, Gaudium et spes)
27- Le travail humain à la
lumière de la Croix et de la Résurrection du Christ
[…] tout
travail, soit
manuel ou intellectuelle, est inévitablement lié à la peine. […]
« Maudit soit le sol à cause de toi ! Avec peine tu en tireras ta
nourriture tous les jours de ta vie. » (Gn.3, 17) […] « J’ai
considéré toutes les œuvres que mes
mains avaient faites, et toute la peine que j’avais eu à les faire… » (Qo.
2,11) Il n’y a pas un homme sur cette
terre qui ne pourrait faire siennes ces paroles. […] La sueur et la peine que
le travail comporte nécessairement dans la condition présente de l’humanité offrent
au chrétien et à tout homme qui est appelé, lui aussi, à suivre le Christ, la
possibilité de participer dans l’amour à l’œuvre que le Christ est venu
accomplir. Cette œuvre de salut s’est réalisée par la peine du travail en union
avec le Christ crucifié pour nous, l’homme collabore en quelque manière avec le
Fils de Dieu à la rédemption de l’humanité. Il se montre le véritable disciple
de Jésus en portant à son tour la croix chaque jour dans l’activité qui est la
sienne. […], « le Christ, à qui tout pouvoir a été donné au ciel et sur la
terre, […] , il purifie et fortifie ces aspirations généreuses par lesquelles
la famille humaine cherche à rendre sa vie plus humaine et à soumettre à
cette fin la terre entière. » (Con Vat. II, Gaudium et spes)
Dans le
travail de l’homme, le chrétien retrouve une petite part de la croix du Christ
et l’accepte dans l’esprit de rédemption
avec lequel le Christ a accepté sa croix pour nous. […] D’une part, cela
confirme que la croix est indispensable dans la spiritualité du travail ;
mais, d’autre part, un bien nouveau se révèle dans cette croix qu’est la peine,
un bien nouveau qui débute par le travail lui-même, par le travail entendu dans
toute sa profondeur et tous ses aspects, et jamais sans lui. […]
« Cependant, l’attente de la terre nouvelle, loin d’affaiblir en nous le souci de cultiver cette terre, doit plutôt
le réveiller : le corps de la nouvelle famille humaine y grandit, qui
offre déjà quelque ébauche du siècle à venir.
C’est pourquoi, s’il faut soigneusement distinguer le progrès terrestre
de la croissance du règne du Christ, ce progrès a cependant beaucoup
d’importance pour le Royaume de Dieu. » (Con.
Vat. II. Gaudium
et spes)
Commentaire :
Jean-Paul II aborde le sujet de la valeur spirituelle du travail et
sa place dans l’économie du salut. Il le
fait dans la continuation de son exposé, c’est une conclusion.
Cette approche faisait défaut dans l’exposé de la doctrine sociale
de l’Eglise. Elle n’y figurait pas de manière aussi explicite quoiqu’elle ait
été prise en compte dans des familles religieuses récentes comme l’Opus Dei ou
plus ancienne comme l’ordre des bénédictins.
Le pape, par cette approche explicite, met un terme, sur le sujet du
travail, aux déviances idéologiques qui traversent l’Eglise et sèment
incompréhensions, exclusions, et souffrances.
Il enfonce le clou. Le travail fait partie de la Révélation de Dieu
et que Dieu fait de l’homme. Il doit être l’un des moteurs de la
sanctification. Il faut l’ouvrir volontairement à la présence de Dieu. Dieu
doit être invité à entrer dans le travail de chaque homme et de toute la
communauté des hommes. Il ne devrait pas être manipulé à des fins idéologiques
et de pouvoir.
Il n’est pas habituel de recevoir de l’Eglise un enseignement si
précis sur le Christ Travailleur. On n’insiste guères sur cet aspect de la
condition humaine qu’Il assuma. On en parle dans certaines célébrations
liturgiques, mais jamais de façon aussi précise. N’est-il pas inclus dans
toutes les prières eucharistiques ! Rien de l’acte humain n’échappe à la
présence de Dieu.
Dans la pensée du Saint Père, le travail entre bien dans l’économie
du salut. Il ne peut être séparé de la vie de prière, de la vie sacramentelle.
Il n’y a aucune légitimité à ce qu’il soit utilisé par les idéologies, pas plus
qu’il ne devrait être opposé à la richesse ou à la pauvreté. Le travail
est un régulateur de société qui, par sa
nature, contribue à la communion entre les hommes, chacun trouve par lui une
aide à l’épanouissement intégral de l’homme, de toute l’humanité.
CONCLUSION
Nous reconnaissons que, durant tout ce travail d’exposition de la
doctrine sociale de l’Eglise au moyen des encycliques papales, il y a pleine
mesure d’insuffisance. C’est un sujet vaste, exigeant une rigueur
intellectuelle inflexible. Nous avons
pris la mesure de notre insuffisance et nous en rendons grâce à Dieu. Mis
devant l’évidence de notre indigence, nous avons essayé de répondre par
l’humilité, sans prétendre autre chose que de mettre en relief la pensée
de l’Eglise. Nous nous sommes réjouis de
l’unité de sa pensée et nous avons trouvé notre joie dans la contemplation de
la lumière divine qui l’illumine.
Notre joie est atténuée par une sourde douleur : en effet,
comment comprendre qu’en présence d’un tel matériau, il n’y fut pas fait plus
de cas, surtout dans les sociétés industrielles ? Quel est ce prodige
diabolique qui occulta cette pensée et cet enseignement ? Ils auraient
pourtant du permettre de libérer les sociétés du carcan monstrueux des
idéologies. Et de nos jours, alors que la vérité s’est faite jour sur ces
monstres, non sans verser le sang, nous sommes toujours embourbés dans une
dialectique aberrante, incapables de sortir de la praxis révolutionnaire,
incapables de renouveler notre regard sur l’homme sujet d’amour de Dieu et roi
de la création visible.
Nous ne comprenons pas qu’il puisse se trouver encore des prêtres et
autres responsables catholiques enfermés résolument dans les aliénations
idéologiques, alors qu’ils sont ordonnés au service de la Vérité ?
Quel miracle ou quelle mesure de jugement nous arrivera-t-il pour
que nous revenions à la pure lumière de l’Evangile !
DU POLITIQUE…
P.C. Aubrit Saint Pol
« L’Eglise est sur le Golgotha, elle le gravit au quotidien,
elle doit accepter de se convertir au dépouillement intérieur de la Croix. Elle
n’est pas là pour être aimée, mais pour aimer et servir. »
De son vote…
Robert
Shumann de
Gasperi
Adenauer1
Nous portons notre attention à l’énumération des programmes des
candidats et de certains débats. Il y a une constante, le prima de l’économie
sur toute autre considération. Nous assistons à une course cycliste où
l’intérêt n’est pas le désir de la victoire que celui de la prime à l’arrivée.
Ils ont tous la tête dans le guidon, alors qu’il faudrait peut-être bien que de
temps en temps, ils aient le guidon et la route dans la tête comme un Fausto
Coppi.
Nous comprenons bien que l’argent soit nécessaire à la réalisation
de projets touchant l’intérêt général. Toutefois, cette nécessité ne doit pas
servir de prétexte à exercer des contraintes culpabilisantes sur
l’électeur : il n’existe pas en démocratie de vote utile, ni de vote
citoyen. C’est là un genre de pression, une attitude qui ne respecte pas les
fondements démocratiques. Il appartient à chaque citoyen de choisir entre les
programmes, les personnes, les partis, sans autre considération que l’intérêt
général de la nation et du peuple. Tout le reste n’est que contrainte
inacceptable.
Les préoccupations économiques deviennent chez nos hommes politiques
une sorte d’obsession névrotique comme si, dans un écho tragique, résonnaient à
l’infinie les deniers que Judas reçut dans la nuit de sa trahison.
Il ne faut pas que notre jugement soit faussé, handicapé par des
impératifs économiques mis excessivement en exergue. Il y a dans ces élections
des enjeux sérieux, sévères qui orienteront gravement le siècle à venir. Nous
ne pouvons pas engager, nous catholiques, notre vote de façon légère, car nous
courions le risque d’être accusés par l‘histoire et par Dieu de génération
irresponsable et de complicité objective contre la loi naturelle et la loi de Dieu.
On ne peut s’engager derrière des partis politiques et des
personnels qui vivent depuis plus de trente ans sur la loi de l’IVG.
Ils multiplient les lois contre nature. Même le Front National, sur
ce point, ne s’en sort pas ; n’envisage-t-il pas d’organiser un référendum
sur l’avortement ! L’Eglise à ce sujet répète que la mort d’un enfant à
naître ne peut faire l’objet d’un référendum, car nulle autorité politique n’a
reçu mandat de défier les lois naturelles, ni les lois divines.
Il faut se poser plusieurs questions majeures :
1 - Un catholique peut-il demander ou accepter une distinction
honorifique d’institutions et d’un personnel politique qui méprisent les
valeurs chrétiennes ?
2 - N’y a-t-il pas dans le fait de solliciter une distinction, car
pour recevoir la légion d’honneur, il faut la demander ou pour les autres
simplement de la recevoir, une sorte de reconnaissance, de légitimité, une
sorte d’acquiescement, d’approbation de ces dispositions si opposées à la loi
naturelle ?
3 - Ne contribuons-nous pas à renforcer ce relativisme si souvent
dénoncé par le Magistère ?
4 - Ne risquons-nous pas de voir se réduire notre liberté d’action
très sévèrement attaquée par des opposants objectifs et des dispositions
administratives sournoises ?
5 - N’y a-t-il pas urgence à réfléchir sur un nouveau mode d’action,
d’interventions dans la cité ?
6 - Pourquoi faudrait-il continuer de s’engager dans un parti
politique, s’il n’y a pas la place pour que s’exprime la liberté de conscience,
ni faire entendre ses convictions religieuses ?
7 - Y-a-t-il encore de la place pour un catholique dans un
engagement politique partisan ?
On ne peut pas continuer à faire la sourde oreille devant ces évidences.
Notre génération et celles qui nous suivent doivent rompre avec
l’aliénation que produisit le célèbre toast
d’Alger. Il faut en finir avec le carcan de fausse culpabilité après la
guerre 39-45 et ces courants malveillants du modernisme.
L’Eglise de France ne doit plus se compromettre avec aucun parti
politique ni pouvoir, elle n’y a plus sa place. Son souci doit être
exclusivement celui du salut des âmes, de défendre sans faiblesse sa liberté et
celle de tout homme ainsi que la dignité des enfants de Dieu.
La pastorale doit cesser toute relation objective ou subjective avec
les vestiges nauséeux des idéologies. Elle doit réfléchir la liberté
évangélique sans rien concéder aux princes de ce monde, ni à leurs esprits.
Elle doit renouer avec une relation de proximité, revenir au développement de
petites communautés au sein de laquelle se retrouvent une authentique
solidarité, une authentique communion des saints.
L’Eglise est sur le Golgotha, elle le gravit au quotidien, elle doit
accepter de se convertir au dépouillement intérieur de la Croix. Elle n’est pas
là pour être aimée, mais pour aimer et servir.
1- Ces trois personnalités, fondateurs de L’Union Européenne, sont
toutes issues de la doctrine sociale chrétienne. Elles ne se crurent jamais en
droit de défier la loi naturelle ni le droit naturel encore moins la morale
naturelle.
PARLEMENT
Le mariage, c’est l’union
d’un homme et d’une femme
Dans une déclaration commune, des responsables
chrétiens, juif et musulmans de la région lyonnaise attirent l’attention sur
l’institution du mariage comme repère fondateur de l’humanité.
Lyon, le 6
février 2007,
La
question se pose aujourd’hui de savoir si la loi peut autoriser le mariage
de deux personnes du même sexe. Il ne s’agit pas là d’un simple débat de
société, mais d’un choix majeur, sans précédent dans l’histoire de l’humanité.
Ce n’est pas un cadeau à faire aux générations futures.
Il y a
déjà assez de souffrances occasionnées par la
fragilité des liens familiaux, sans parler des maladies qui touchent nos
proches et des deuils. Cette fragilisation est pour beaucoup dans la difficulté
que rencontrent les adultes pour aider les jeunes à construire leur vie.
Comment ceux-ci seront-ils capables d’acquérir une formation solide,
d’affronter leur avenir avec confiance, d’honorer les obligations d’une
profession et de construire dans l’équilibre leur propre famille, si l’on
relativise l’institution du mariage ? Il est capital de ne pas brouiller
ce repère fondateur de l’humanité.
Une
institution aussi essentielle ne peut pas être soumise aux fluctuations des
courants de pensée. Elle se situe bien au delà des différences religieuses ou
des clivages idéologiques. À l’heure où tant d’enseignants constatent la
difficulté croissante des jeunes issus de familles éclatées à suivre
correctement leur scolarité, peut-on vraiment songer à un tel bouleversement
dont les conséquences pourraient être dévastatrices ? L’expérience montre
ce qu’il nous en coûte aujourd’hui d’avoir laissé saccager la nature. N’allons
pas maintenant déstructurer l’humanité, qui est le cœur de toute la
création !
Il y a
mensonge à prétendre qu’il est indifférent pour un enfant de grandir ou non
avec un père et une mère. Les récits fondateurs de l’humanité sont bâtis sur la
différence et la complémentarité de l’homme et de la femme. Les croyants en
voient l’attestation dans les récits de la création que leur transmet la Parole
de Dieu : « Au commencement, Dieu créa l’homme
et la femme ». Ils sont appelés à
s’unir dans le mariage pour donner la vie et la faire grandir. Tel est le socle
originel sur lequel sont fondées nos vies personnelles, nos familles et nos
sociétés. N’oublions pas qu’il est fragile !
Monsieur Azzedine GACI, Président du Conseil régional du culte musulman Rhône-Alpes
Père Athanase ISKOS, Prêtre de l’Église orthodoxe grecque
Monsieur Kamel KABTANE, Recteur de la Mosquée de Lyon
Révérend Chris MARTIN, Ministre de l’Église anglicane
Pasteur Jean-Frédéric PATRZYNSKI, de l’Église luthérienne
Monsieur Richard WERTENSCHLAG, Grand Rabbin de Lyon et de la région Rhône-Alpes
Pasteur John WILSON, de l’Église évangélique baptiste
Monseigneur Norvan ZAKARIAN, Évêque de l’Église arménienne
apostolique
====================
A l'intention de Son éminence Mgr.Barbarin, cardinal- archevêque de
Lyon, patriarche des Gaules.
Eminence,
Je viens vous exprimer ma joie et ma fierté de catholique de France
quant à la publication de votre déclaration co-signée des représentants de
toutes les grandes religions au sujet
des mariages contre nature.
J'espère que cet acte, au sujet duquel s'expriment - pour le bien
commun – les grandes religions et églises chrétiennes, se poursuivra. Il y a
urgence pour les femmes et hommes de prière que des prises de positions
communes soient effectuées sur des sujets qui vont bouleverser les mœurs et la
société dans leurs fondements.
Il y a urgence à ce que tout homme de prière puisse poser son regard
douloureux sur des luminaires fermement affirmés.
Je me permets, Monsieur le cardinal, de porter votre attention sur
un point de logique et de dignité : est-il concevable que les hiérarchies
catholiques continuent d'accepter et de demander des distinctions honorifiques
d'institutions et d'un personnel politique qui tournent radicalement le dos aux
valeurs naturelles et chrétiennes qui fondirent la civilisation occidentale ?
N'y a-t-il pas là une contradiction difficile à défendre ? Car
accepter ces
distinctions
ou les demander comme c'est le cas pour la légion d'honneur, c'est quelque par
se rendre complice ou tout du moins donner une légitimité à ce pouvoir si
éloigné de la morale naturelle et surnaturelle.
Il faut que le témoignage de l'Evangile soit dépourvu de toute
ambiguïté.
Monsieur le Cardinal, je vous prie humblement de bien vouloir
transmettre aux signataires de cette déclaration au combien bienvenue,
l'expression de mon bonheur et mes respects les plus profonds.
Que Dieu, par l'intercession de Notre Dame de Fourvière, vous comble
de bénédictions et qu'il multiplie les fruits de votre pontificat.
Pierre-Charles
Aubrit Saint Pol
HISTOIRE DE L’EGLISE
Eusèbe de Césarée
LE BAPTEME DE JESUS
Le Pélagianisme
Les années 410-412 vivent un tournant décisif pour l’église
d’Afrique comme pour saint Augustin qui vient d’en finir avec les donatistes.
Mais voilà que se lève une nouvelle hérésie, le pélagianisme qui occupera toute
la fin de vie de notre docteur. Il la combattra jusqu’à sa mort en 430 qui
coïncide avec la chute de l’Afrique romaine sous les coups des Vandales.
Un moine, venu de Grande-Bretagne, un certain Pélage, fait parti des
exilés qui fuient la péninsule face à l’invasion d’Alaric qui, en 410, met à
sac Rome.
Pélage est fixé à Rome depuis dix ans, il y jouit d’une bonne
renommée. Il est connu pour sa pensée originale qui influence les milieux de la
noblesse chrétienne renforcée par une vie ascétique exemplaire. Mais
l’originalité de sa pensée suscita très des réserves de la part d’Augustin qui
le lui manifesta par beaucoup de retenu quand il essaya de le voir. Pélage ne
résida pas longtemps en Afrique, il reprit son chemin vers la Palestine.
Il laissa à Carthage l’un de ses plus fervents disciples,
Caelestius. Il entreprit une propagande peu discrète qui lui attira l’attention
d’Aurelius. Chef de l’épiscopat africain, Aurelius le fit condamner par un
concile de Carthage, sans pour autant le convaincre de son erreur. Il partit en
Sicile puis en Asie Mineur continuer son action. Dès lors Augustin entreprendra
ses premières réfutations contre le pélagianisme, ce qui constituera
trente-cinq volumes dont quinze traités sans compter ses sermons et lettres.
Pélage est davantage un moraliste, peu féru de théologie et
indifférent à toute mystique. Il devient la figure emblématique de tous ces
courants où la rigueur morale est plus importante que la charité et
l’espérance. Il peut être considéré comme la figure prophétique des mouvements
de la Réforme – le puritanisme et le jansénisme.
« Devenez
irréprochables et purs, enfants de Dieu sans tâche… » -, idéal rigoureux
fait de renoncement qui, faute de s’épanouir sur le plan de la mystique, se
replie en quelque sorte sur lui-même et aboutit à un puritanisme, par certains
aspects néo-judaïques, tant il insiste sur l’obéissance à a loi divine, _
l’Evangile n’a-t-il pas renchéri en
exigences morales sur l’ancienne loi ?
Ascète lui-même, technicien de l’ascétisme, conscient, peut-être trop
conscient, des progrès qu’il a réalisés, Pélage insiste avant tout sur la
nécessité de la lutte et de l’effort. Théoricien du perfectionnement moral, il
finit par s’intéresser aux moyens plus qu’à la fin et à élaborer une doctrine
conçue moins à partir de Dieu qu’en fonction de l’homme et de la ²²carrière
qu’il a à fournir : d’où son aspect humain, trop humain.
On ne peut que se rendre à l’évidence, les auteurs de la Réforme
n’ont guère inventé ; il leur suffisait
de mettre leurs pas dans ceux de Pélage !!!
Mais, et
c’était là ce qui faisait la gravité du cas, cette morale pratique formulait
explicitement sa propre théorie : […] Un tel
« perfectionnisme », conduisait à insister avant tout sur la
responsabilité, sur le rôle dévolu à la liberté, […], Pélage en arrivait à minimiser à l’extrême, sinon à évacuer totalement la notion de péché
originel…
Pélage en viendra à remettre en cause le baptême des enfants, ce qui
justifiera l’opposition d’Augustin. Il démontrera son erreur, celui-ci finira
par céder sur ce point mais sans grande conviction. Il semble bien que la
pensée de Pélage amorce un retour diffus vers les philosophies païennes,
essentiellement le stoïcisme que l’on retrouvera dans le romantisme et l’un de
ses avatars : Nietzsche et par une sorte de distorsion le nihilisme. En
415, jouant de subtilité et de rond-de- jambe, il se fit innocenter par le concile
provincial de Diospolis, les milieux orientaux étaient étrangers à ces nouveaux
problèmes.
Augustin se démena devant un tel scandale, il obtient de nouvelles
condamnations que confirma le pape Innocent. Profitant d’un changement de
pontificat, il obtient du pape Zosime une seconde réhabilitation par
l’intermédiaire de Caelestius. L’église d’Afrique s’en émeut. Grâce au soutien
de la cours impériale de Varenne, elle obtient un nouveau concile plénier de
toute l’Afrique qui renouvelle solennellement sa condamnation. Le pape mieux
informé revenait sur ses hésitations et réprouvait ces erreurs. L’empereur
Honorius usa de son autorité pour combattre cette hérésie. Les papes suivants
renouvelèrent la condamnation. Pélage se tait et Caelestius est exilé en
Orient, c’est ainsi que la question doctrinale se clôt.
Toutefois, ils ont fait des émules. La crise prend donc une phase
disciplinaire. Un jeune évêque, Julien d’Eclano en Campanie, très intelligent
et redoutable dialecticien, défend Pélage, mais il est finalement condamné y
comprit par le concile d’Ephèse en 431. L’hérésie aura gagné presque tout
l’empire y compris en Grande-Bretagne et, c’est germain d’Auxerre qui ira y
rétablir l’orthodoxie. Mais cette hérésie, comme beaucoup d’autres antérieures,
continuera de se répandre sous le manteau et de manière fort peu honnête.
Il n’est pas
douteux, non plus, que trop souvent le vieil évêque d’Hippone, acculé à une
position défensive, n’ait été amené sous la pression de son implacable
adversaire à raidir sa garde, à durcir sa pensée, à utiliser des formules qui
dépassaient peut-être sa pensée, à
utiliser des formules qui dépassaient peut-être sa conviction profonde et
certainement la foi authentique professée par l’Eglise. Si celle-ci n’a cessé
de vénérer en lui le Docteur de la Grâce, il est vrai aussi qu’elle s’est
toujours tenue en deçà de certaines majorations contenues dans ces traités
antipélagiens ; qu’il y ait eu là
au moins l’amorce d’un péril, l’erreur où s’engagèrent tant de leurs lecteurs
l’atteste, de Gottschalk à Jansénius, en passant par Wycliff, Luther et Baius.
Bizarrement, à cause des positions trop raides d’Augustin, saint
Cassien va prendre la tête d’une dispute née dans le monachisme gallo-romain et
dans ce combat, il glissera sans le vouloir dans les limites dessinées par
Pélage.
C’est un certain Prospère d’Aquitaine, laïc peut-être moine, qui
prendra la défense d’Augustin qu’il qualifie de « d’admirable et
incomparable maître ». De 428 à 434, il ne comptera pas ses efforts pour
le défendre. Il sollicitera l’intervention du pape Célestin qui le fera, mais
en termes mesurés et réprouvant, en termes voilés à peine, les excès du courant
augustinien.
Dans ce courant augustinien se trouva un étrange durcissement du à
des zélateurs trop soucieux d’efficacité et trop chargés d’affection envers le
vieux maître. L’évêque Fauste de Riez en vint à convoquer plusieurs conciles
d’Arles et de Lyon pour les faire condamner. Il s’ensuivit, que dans cette
controverse naquit, de l’autre partie, des positions hétérodoxes qui émurent
toute la chrétienté, comme un excès de fondamentalisme libéral ; il faudra
toute la sainteté et la fermeté de Césaire d’Arles pour ramener l’ordre. Il
était un élève déclaré d’Augustin, il convoqua le concile d’Orange et y fit
condamner les excès de toutes ces controverses.
====================
Pierre-Charles Aubrit Saint
Pol
«
…le temps est venu de défendre Pie XII… » Rabbin Dalin
C’est la publication des mémoires de l’ancien chef des Services
Secrets roumains, le général Ion Mihai Pacepa qui donne l’occasion de revenir
sur l’attitude de ce pape. Il y révèle que la pièce de théâtre « Le
Vicaire » de Rolf Hochhuth fut écrite sur les ordres du KGB afin de
discréditer le pape Pie XII.
L’URSS voulait faire oublier
son alliance avec l’Allemagne nazie, ses massacres qu’elle perpétra en Pologne,
l’intelligence des partis communistes européens avec le pacte
germano-soviétique. Il fallait éviter que l’on s’interroge sur la manière dont
les réseaux de résistance et de renseignements se structurèrent dans l’Europe
dès l’occupation nazie. Ils s’appuyèrent sur les associations catholiques et
tardivement sur les réseaux communistes.
L’URSS s’assura que le doute serait suffisamment fort pour que l’on
ne puisse accorder à l’Eglise aucun crédit en cas où elle révèlerait que toutes
les chancelleries connaissaient parfaitement ce qui se passait en Allemagne
nazie.
Cette campagne de diffamation
arrangeait d’autres sociétés occultes qui avaient leur part de
responsabilités dans les drames de cette guerre, surtout quant au nombre de
victimes juives. Il fallait que la maçonnerie, pour la France, fasse oublier
qu’elle vota les pleins pouvoirs au maréchal Pétain moins une voix et qu’elle
le soutint en ses débuts. De la même manière qu’elle devait faire oublier
qu’elle avait soutenu largement l’accession au pouvoir de Mussolini. Le roi
Victor n’était-il pas lui-même maçon, contre l’avis du Vatican !
« L’Eglise Catholique a été la seule à élever la voix contre
l’assaut mené par Hitler contre la liberté. » Albert Einstein
« …On peut lire dans le Talmud que « celui qui sauve une
seule vie sauve l’humanité ».
Pie XII, plus qu’aucun autre homme d’Etat du XXe, a
accompli cela à l’heure où le destin des
juifs européens était menacé. » Rabbin David G. Dalin
En janvier 1944, le
plan allemand Rabat-Fohn prévoyait d’envoyer la huitième division de SS au
Vatican pour abattre Pie XII en raison de sa position « pro-juive »
Il ose (Pie XII)
appeler les nazis « faux prophètes de l’orgueil de Lucifer »,
les idéologies « possédées par la superstition de la race et de
sang. »
Pie XII a sauvé par
son action discrète 850 000 juifs, ce que Madame Golda Meir savait, elle lui
rendit à plusieurs reprises les hommages les forts.
Pour les juifs
d’Italie sous l’occupation allemande, Pie XII en a fait tant que le grand
rabbin d’Italie Zolli,, bouleversé, s’est mis a étudier le christianisme et
s’est fait baptiser.
Il faut rappeler
que Pie XII adressa une lettre au sujet des enfants juifs, demandant à tous les
clercs et religieux de protéger ces enfants au risque de leur vie et, il
interdit formellement les baptêmes forcés.
« En 1956 un
orchestre de 94 musiciens juifs vint à Rome remercier le Saint Père pour son
action pendant la guerre. Pie XII donna l’ordre à tous les couvents de Rome de
cacher les juifs. Lui-même le fait au Vatican, ainsi que tous les évêques
d’Italie, il donne l’or qui manque pour éviter la déportation dans les
vingt-quatre heures de deux cent mille juifs.
Déjà Pacelli, nonce
à Berlin, atterré par « Mien Kampf », sonne partout et sans cesse
l’alarme. » le Père Daniel-Ange
Actuellement, il
n’y a encore que les journaux communistes en France et en Italie pour continuer
de laisser croire que Pie XII est coupable envers les juifs. Il est vrai que
leur parti est loin d’avoir entrepris un examen de conscience quant à leur
approbation objective de ce qui se passait dans l’empire soviétique. Ils sont
sous l’influence des néostaliniens. N’ont-ils pas couverts par leur silence
honteux les campagnes anti-sémites de Staline. Ils sont loin d’avoir posé des
actes clairs quant à l’histoire tragique et terrifiante de la dictature
communiste, et qu’ils ne nous fasse pas le coup de ne pas confondre Staline avec
la pureté de cet « idéal ». Aucun régime communiste ne peut accéder
au pouvoir sans la violence et ni se maintenir sans la violence aux personnes,
sans la réduction des libertés.
Les loges
maçonniques ont leur part de responsabilités et sont loin d’être immaculées
face à la déportation des juifs. Elles ont soutenu des personnalités politiques
qui n’auraient jamais du avoir la carrière qu’elles eurent, mais bien le
peloton d’exécution, si on en croit les déclarations honteuses de Monsieur
l’Abbé Pierre au moment de l’épuration. Il fut l’un des plus enragés à vouloir
une justice inflexible. Il s’opposa à la grâce des jeunes qui s’étaient laissés
entraînés vers Vichy ou l’ennemi et, il sopposa en des termes dépourvus de
charité de compassion, au rapatriement des corps de nos soldats partis
combattre en Indochine en échange de l’arrêt des poursuites pour avoir combattu
sur le front russe sous l’habit allemand.
Brefs d’Actualité
GERONTE
GOUPYL
Et si le diagnostic prénatal devenait «systématique
pour ma maladie» ? C’est la
question que pose aux Parlementaires français Nicolas Journet, scénariste,
atteint du syndrome de
Marfan. En tant que premier concerné et «en colère», il revient
sur les
auditions parlementaires du 7 février sur la révision de la loi de bioéthique
et en particulier sur le diagnostic prénatal (DPN) ou préimplantatoire
:
"Aujourd'hui on parle de rendre le diagnostic
prénatal systématique pour cette maladie, pour ma maladie".
Cette mesure est censée permettre de mieux suivre
ces enfants dès leur naissance.
"Encore faut-il qu'ils naissent.
Qui expliquera aux parents que maladie génétique et bonheur ne sont pas des
termes antinomiques ?".
Du diagnostic de sa maladie, à l'adolescence,
Nicolas Journet a connu «la honte», «la fuite à l'intérieur
de soi». Au bout du compte, il dit être «très heureux», «bien
plus heureux que beaucoup de génétiquement corrects". En voulant
généraliser le diagnostic prénatal ou préimplantatoire, notre société montre
qu'elle «ne veut plus affronter la mort, ne veut plus du hasard», mais
qu'elle veut au contraire «contrôler son destin».
"Quitte à sombrer dans l'eugénisme,
quitte à renouer avec le nazisme".
En Allemagne, à cause de son histoire, le diagnostic
préimplantatoire est interdit. Jean Rostand l'écrivait déjà :
"Quand l'habitude sera prise d'éliminer les monstres, de moindres tares feront figure de monstruosités. De la suppression de l'horrible à celle de l'indésirable, il n'y a qu'un pas... Cette société nettoyée, assainie, cette société sans déchets, sans bavures, où les normaux et les forts bénéficieraient de toutes les ressources qu'absorbent jusqu'ici les anormaux et les faibles, cette société renouerait avec Sparte et ravirait les disciples de Nietzsche, je ne suis pas sûre qu'elle mériterait encore d'être appelée une société humaine ».
« - Pourquoi, je vous le
demande, a-t-on combattu les nazis ?
« - Pardonnez-moi, il
faut que la sécurité sociale fasse des économies !
« - Ben voyons !
Peut-être bien qu’il faille aussi que la société puisse dormir sagement, en
toute sécurité sur son projet de retraite ! Elle caressera dans le jardin
bien tracé et fleuri ses petits-enfants qu’elle se sera choisis !
« - Et vous voulez voter
pour un de ces prétendants à la présidence et après pour un prétendant
député ?
« - Au chiot !
Votez blanc, frère dans le baptême, frères dans la prière ! Et allez à la
pêche après !
====================
"La souffrance des
personnes en fin de vie est un drame auquel il est impératif de remédier. Elle
est insupportable et personnellement, je ne peux me résoudre à voir des
personnes souffrir au point qu’elles en viennent à demander la mort. Ma
conviction profonde, et des études le révèlent, est que lorsque les
patients en fin de vie sont pris en charge par des unités de soin palliatif,
les demandes d’euthanasie disparaissent presque en totalité.
C’est pourquoi je milite pour le développement de ces unités de soins palliatifs qui me semble LA solution la plus respectueuse pour les personnes en fin de vie. Accompagner une personne en fin de vie dans une unité de soins palliatifs ne se confond évidemment pas avec l’acharnement thérapeutique qui tente de maintenir les personnes artificiellement en vie. L'accompagnement vaudra toujours mieux que de se laisser dominer par la souffrance jusqu’à donner la mort à celui qui ne demande en réalité… qu’à vivre mieux, c’est-à-dire sans douleur." (texte trouvé sur Le Salon Beige)
Cette
information témoigne de la confusion et de l’impossible position à tenir pour
un catholique dans un parti politique. Comment, pour un catholique, sur un
sujet aussi grave qui va déterminer tout un comportement culturel et
sociologique pour les siècles à venir, demeurer dans un parti politique qui
légiférera favorablement sur l’euthanasie ? On sait que sur des sujets de
cette nature, la volonté du chef de l’Etat vaut autorité sur le parti sans
aucun respect pour les positions contraires, il n’est qu’à revoir les débats
sur la loi de bioéthique.
Les
catholiques n’ont plus leur place dans la cour de César… Ils servent de caution
et de facteurs de légitimité, c’est insupportable.
======================
Les contradictions du porte-parole du MPF, qui a affirmé lors d'une émission qu'il n'avait jamais été contre le PACS. Or, à l'époque, Guillaume Peltier avait mis en sous-titre du journal "Vive la vie !" de la JAC (Jeunesse, Action, Chrétienté) "Le journal des jeunes contre le PACS", et il précisait même dans son éditorial "Mobilisons-nous, occupons le terrain (...) avec le JAC, le PACS ne passera pas !". Interrogé sur ce mensonge, Guillaume Peltier a répondu :
"La priorité est-elle d'empêcher le mariage homo en essayant de convaincre une majorité de Français qui sont à 50-50 partagés sur le sujet, ou bien de raconter partout qu'on est pour l'abrogation du PACS, qui est dans la loi depuis 1999, et qui est soutenu (le Pacs) par 80% des Français malheureusement ? Quand nous aurons le pouvoir, ce sera une autre histoire évidemment. Les convictions fortes et la ruse assumée sont les deux fondements d'une bonne politique, disait Richelieu. Non ?" (Le Salon Beige)
Nous avons déjà eu l’occasion
malheureusement de souligner les contradictions de M.Peltier et du MPF. Citer
Richelieu dans des jeux de calculs purement politiciens est assez médiocre,
oser mentir et justifier sa contradiction à seul fin de se faire élire, en
essayant de présenter son changement de veste morale comme une ruse de guerre,
c’est manifester un mépris souverain pour le peuple.
M. Peltier serait-il l’âme
damnée de M. de Villieirs ? La question vaut son poids de déshonneur.
====================
Le Portugal vient de donner son accord, par défaut, pour la
dépénalisation de l’avortement, qui pourrait s’en étonner ?
Nous avons suivi la campagne et nous avons été atterrés de la
manière dont l’Eglise fut attaquée parce qu’elle s’y oppose.
Cette loi est, pour l’humanité, une terrible régression de sa
dignité. Il s’agit de la boîte de Pandore des enfers. Le plus extraordinaire
est qu’elle soit encore présentée comme une avancée dans la dignité de la
femme, alors qu’elle est négatrice de la mère.
Une loi de projet de société !
Le projet d’un humanisme sans âme ni honneur !
Une loi qui consiste à affaiblir les religions et particulièrement
celle du Christ.
Une loi qui désengage la société de ses obligations de servir la
vie.
Il est moins onéreux de tuer dans le sein de sa mère un enfant mal
formé que de le prendre en charge.
Mais pourquoi avoir combattu le nazisme ?
Nous faisons aujourd’hui ce pourquoi nous les avons combattus !
Ne faudrait-il pas poser la question à Madame Simone Veil, elle osa se
recommander de son internement à Dachau lors de la nuit du vote ?
N’a-t-elle rien appris du prix de la vie ?
Dans les circonstances actuelles, il n’est pas souhaitable de prier
pour le redressement économique, culturel et politique de l’Occident. Cette
communauté qui tourne le dos à tout ce qui l’a fait être doit maintenant aller
au bout de son péché, elle doit le consommer jusqu’à la dernière seconde…
Et Dieu fera tonner son NON !
Cette loi est la porte ouverte à toutes les autres lois contre
nature. Elle est la cause de la délinquance et de bien d’autres maux.
Nous amorçons une décadence qui sera sans précédent dans l’histoire,
elle va bien au-delà de l’inexorable mouvement des cycles. C’est toute
l’humanité qui s’y trouve engagée et Dieu laissera l’homme aller jusqu’à l’extrême de son
blasphème. Relisons l’épisode de Noé.
TRIBUNE LIBRE…
Théodulfe
Soplataris
« La crédibilité des pouvoirs démocratiques
dépend du respect qu’ils manifestent quant à l’expression légitime et légale du
peuple. »
« Il n’est pas dans la mission des gouvernants
de dissoudre l’identité des peuples et des patries. »
On entend des trois candidats
issus de l’UMP, du parti Socialiste et de l’UDF, exprimer le désir de passer
outre la volonté du peuple français concernant le projet de constitution
européenne. On parle d’un nouveau référendum, d’un vote des chambres et d’un
nouveau traité.
On justifie ces projets en
essayant de démontrer que l’Europe est en crise à cause du rejet de la France
et de la Hollande.
Il est à l’honneur de ces
Etats d’avoir consulté le peuple sur un projet qui engage son avenir. Si donc
les autres Etats étaient si sûr de leur jugement, pourquoi n’ont-ils pas joué
le jeu de la démocratie ? N’eut-il pas été du plus élémentaire respect des
peuples que de leur demander leur opinion ? Si les intentions des politiques sur ce sujet
étaient aussi droites qu’ils le prétendent, qu’avaient-ils à craindre de leurs
citoyens ?
Jusqu’à ce jour, l’Europe se
construit sans que les peuples aient vraiment leur mot à dire et, ce ne sont
pas les élections à la chambre européenne qui modifient ces pratiques
méprisantes.
Nous avons l’impression, que
le projet d’Union Européenne est une sorte d’espace dans lequel s’engouffrent
toutes les fuites en avant, ce qui permet aux gouvernants de masquer leurs
défaillances. Ce ne sont pas les quelques
améliorations pratiques qui changeront le regard méfiant des citoyens.
Le regard sur l’Europe changera quand les peuples reverront leurs espoirs
légitimes revenir dans la politique, pour le moment ils ne savent guère où
poser ce regard. Il n’est pas dans la mission des gouvernants de dissoudre
l’identité des peuples et des patries.
Depuis quelque temps, nous
entendons et recevons des témoignages qui mettent en cause le comportement du
Conseil de l’Union Européenne et surtout de la Commission. Certains commissaires
s’autorisent à exercer des pressions sur des Etats d’Afrique, d’Amérique
Latine. Ils n’hésitent pas à pratiquer le chantage : on vous aide, si vous
prenez des dispositions libérales en matière de morale et de mœurs (levez
l’interdit sur l’avortement, sur le préservatif, sur les homosexualités.)
Ces attitudes exorbitantes
enlèvent du crédit aux institutions européennes. Elles révèlent que certains de
leurs agents ne sont que des exécutants de projets de sociétés à l’échelle de
l’humanité. D’autres, sans doute maçons, sont allés jusqu’à demander
l’interdiction d’ouverture d’écoles religieuses, surtout chrétiennes, sinon les
aides seraient suspendues.
Alors, on est vraiment en
droit de suspecter nos enragés de l’Union Européenne. L’Union Européenne, un
projet si noble, se transforme en monstre froid, exécuteur de choix
anti-chrétiens et donc anti-hommes. Comment pourrait-on faire confiance à ce
corps si largement infecté ?
L’Union Européenne
deviendrait-elle le cheval de Troie de la déchristianisation à l’échelle du
monde ? Serait-elle aussi à la botte de la maçonnerie ?
KOSOVO
- SERBIE
Bientôt les entretiens sur le
Kosovo reprendront, qu’en va-t-il advenir ?
On entend dire que l’Union
Européenne serait favorable à l’indépendance du Kosovo de quoi se mêle-t-elle,
à moins que ce soit la Commission ?
Allons-nous oublier ce que
nous devons à la Serbie ? N’a-t-elle pas au prix fort contribué deux fois
à la victoire alliée ? Est-elle aussi responsable que cela de ce dernier
conflit des Balkans ?
Si le peuple serbe a un
nationalisme si radical, à qui la faute ?
On a voulu la guerre 14-18
pour détruire l’empire austro-hongrois parce qu’il était le dernier grand
rempart catholique opposé à la culture révolutionnaire. On a détruit cet
empire. Nous en subissons encore les conséquences.
Les Balkans sont redevenus une
poudrière. La main de fer de la dictature communiste donna pour un temps le
change et, à son effondrement, la vérité nous apparut pour ce qu’elle est,
impudique de réalités.
Les démons horribles ont été
agités en sous-mains, on a tiré des ficelles sanglantes pour affaiblir l’Europe
et chacune des parties prenantes fit son lot d’horreurs.
L’éclatement de la Yougoslavie
était inévitable. Les petits Etats qui la constituaient aspiraient à leur
indépendance. Ils eurent tellement à souffrir du gouvernement fédéral. Quoi de
plus naturel que de reconstruire son identité nationale, culturelle et
religieuse. Qui a eu la lucidité d’anticiper ces événements prévisibles ? Il ne
sait trouvé personne !
Très certainement, le
déclencheur de ce conflit inutile fut Milosevic, ce qui ne justifie pas que
l’on continue de punir la Serbie. Le Kosovo ne peut être retiré de la
souveraineté de la Serbie. Nous n’avons pas le droit d’humilier un peuple qui
n’a que trop souffert de démons qu’on réveilla. Ne portons pas atteinte plus
gravement à son honneur, à son intégrité.
Il faut espérer que l’Union
Européenne se retiendra d’une vertigineuse lâcheté. Espérons que la Russie
pèsera de tout son poids pour défendre le peuple serbe.
Conférer au Kosovo
l’indépendance qui ne connut jamais un statut d’Etat souverain serait une faute
également stratégique. Il ne faut pas s’aveugler volontairement, ce dernier
conflit balkanique a permis aux mouvements intégristes musulmans de prendre
pieds en Europe Centrale. Allons-nous par stupidité et lâcheté conforter cette
dangereuse situation ?
Il appartient aux Etats
européens de faire preuve de courage politique et moral, en écartant les Etats
Unis des discussions, en invitant loyalement la Russie au règlement de ce
problème, qui doit être posé sur une déclaration nette : le Kosovo est
indivisible de la nation Serbe et de son territoire. Les prétentions albanaises
derrières lesquelles se trouvent des mouvances arabo-musulmanes inavouables
sont inacceptables. Elles ne reposent sur aucun crédit moral. Il faut donc trouver un règlement
honorable : désarmer la région, l’administrer par une commission européenne
et inventer une structure qui permette à chacun d’y vivre en paix.
Il y a pour l’Europe la
possibilité de marquer définitivement sa personnalité post-après guerre à
l’intérieur de ses frontières et de réparer sa démission morale et politique
dans ce dernier conflit.
Quoi qu’il en soit le Kosovo
est partie intégrante de la nation Serbe et de son territoire, il ne peut lui
être retirer. Retirer le Kosovo de la Serbie serait commettre une faute
politique et morale inexcusable et se préparer des lendemains de douleurs et de
honte.
Le Kosovo est la Serbie.
JEAN PHILOPON
MAITRE DE CONFERENCE A L’UNIVERSITE OCCIDENTALISTE ET CHRETIENNE DE PATAGONIE
III
Thomas : « - Je
trouve cette terrine de porc aux noies vraiment réussie avec ce blanc de
Collioure fruité et sec. Ce me fut un délice !
Augustin : -
L’accompagnement est original, une fricassée de pommes fruits avec du kiwi et
de la poire, le tout déglacé au vinaigre balsamique et miellée ! Jules, tu
es un vrai cordon bleu.
Jules : - C’est de
famille. Ce qui fait la bonne cuisine, c’est moins la recette que la générosité
que l’on y met. En tout, il faut du cœur.
Thomas : - Je mets mon
tabac à votre disposition, c’est de l’irlandais. Il finit bien ce repas.
Henric : Il est temps de
reprendre la discussion. Il était question d’aborder le thème de la liberté.
Dominique : - Henric a
raison. Passons aux saveurs de l’esprit !
Scoty : - Nous convîmes
que l’intelligence ne s’acquérait pas par la seule volonté de l’être.
L’intelligence est un dont. Nous en ignorons la cause ?
Léon : - Elle est
extérieure à l’être humain, c’est une certitude. Ce ne sont pas les instincts
de survie qui en furent la cause. Elle n’était pas un potentiel qui ne
demandait qu’à éclore.
Augustin : - Il y a ici
un abus possible de langage ! Est-il correcte de parler d’instinct chez
l’homme ?
Dominique : C’est peu
probable ! L’instinct est une réaction irréfléchie que meut la nécessité
et l’urgence. C’est irraisonné et irrationnel. Certes, l’homme possède une
certaine irrationalité, elle le relie à son origine animale, elle n’est pas
dominante. Il est plus approprié de parler de réflexe.
Jules : - Le réflexe est
le résultat de l’instinct et de la connaissance. L’animal ne fait pas
d’expérience, il n’a pas de compréhension. L’homme produit des actes d’urgence
qui sont loin d’être aussi irréfléchis qu’on a tendance à l’affirmer.
Henric : On peut les
qualifier de mécanismes acquis de survie. Dans quelle mesure peut-on les
considérer comme reliés à la liberté ?
Thomas : - Nous savons
que l’instinct est de l’ordre de l’animalité ce qui nous empêche de le relier à
la liberté ; il est possible d’affirmer que le réflexe, selon ce qui a été
dit plus haut, soit effectivement de l’ordre de la liberté puisque
l’intelligence y joue un rôle prépondérant.
Augustin : - Il ne peut y
avoir pour vous de liberté sans l’intelligence ?
Léon : - C’est
l’évidence ! Ce qui pose de façon éminente le problème de l’origine de
l’intelligence et de la liberté.
Dominique : - Quel
serait, sur la chaîne de « l’évolution », le moment significatif qui
témoigne de cette liberté ? Est-il possible qu’il s’agisse du moment où
l’humain rendit les honneurs au corps du défunt ?
Augustin : - Tu veux dire
que la tombe révélerait de cette liberté ! C’est assez juste. Car rendre
les honneurs à un défunt demande d’établir un choix, un rite. C’est réellement
une décision de liberté. Donc, l’intelligence et la liberté sont unies par un
facteur x qui touche à l’être de la personne. Seul l’homme honore ses morts.
Scoty : - Le tout est
d’identifier le facteur x. Nous devons revenir au concept de qualité.
La qualité est en opposition à
la quantité, à la masse. Nous avons démontré que la procession de la création
part de la matière vers la qualité.
L’homme est l’expression
achevée de la création, il est une qualité sur cet ensemble. Si l’homme est la
qualité ultime de la création, sachant qu’il est achèvement de l’ordre animal,
mais comme aucun animal n’a pu par lui-même vouloir sortir de sa condition, il
a fallu une intervention extérieure.
Jules : - Ce qui suppose
qu’une qualité supérieure suscita à l’animal une qualité qui lui était
étrangère. Ce qui induit que cette qualité est également étrangère à la qualité
de l’homme, qu’elle lui est supérieure.
Augustin : - Nous savons
que la matière ne désire pas, ne veut pas. Elle ne se donne pas la vie ni la
forme. Or, nous savons que la vie est le fait d’une volonté extérieure aux
vivants de la Terre et que seule la vie peut donner la vie ou la reprendre.
Léon : - Entendue comme
cela, la vie est la plus haute qualité. Elle est l’initiatrice ou la cause de
l’intelligence et de la liberté. Mais alors, quel est le facteur sublime qui
relie le principe de qualité absolue à la qualité relative qu’est
l’homme ? Car, la substance sublime qui a servi pour faire d’un animal un
homme a une cause et un nom.
Dominique : - Les Grecs
de l’antiquité appelaient cette substance sublime âme ou esprit. Elle serait le
siège et la cause de l’intelligence et donc de la liberté. C’est à dire de la
volonté. C’est la raison pour laquelle, les Grecs, les Hébreux, les Chrétiens
et les Bouddhistes considèrent qu’après la mort du corps physique, l’enveloppe
charnelle, la justice de Dieu ou divine s’exprime sur l’âme. Elle doit être
purifiée pour retourner à son origine.
Thomas : - L’âme est
éternelle. C’est elle qui confère à l’être de l’homme sa personne et son
originalité unique quels que soient les héritages culturels, biologiques,
génétiques.
Scoty : - L’âme est la
cause de l’intelligence, de la liberté et de la volonté ! Elle n’est pas
la cause de la vie même si la vie et l’âme ont une cause forcément
commune. L’âme n’est pas de la matière,
elle est pourtant une substance, car sinon comment la justice pourrait-elle
l’accabler ?
Jules : - Si elle peut
supporter l’accablement de la justice, c’est qu’elle referme le siège de la
conscience. Il n’y a que l’homme sur Terre qui a une conscience. C’est une
substance sublime, impalpable, une énergie qui dépasse notre entendement, et
cela est heureux. On ne peut pas la cuisiner.
Scoty : - Elle est bien
bonne celle-là ! Tu ne nous l’avais pas encore faite. Tout ceci ne nous dit pas qu’elle est la
cause de ce merveilleux casse-tête !
Augustin : - Les Grecs,
les Hébreux, les Chrétiens l’appellent Dieu ou les dieux. Socrate ne croyait
pas aux dieux de l’Olympe, il croyait naturellement en un seul Dieu. Les
bouddhistes eux n’ont pas de croyance en un seul Dieu. Ce sont des
philosophes-religieux athées. Un anachronisme de l’intelligence humaine.
Thomas : - Oui mais,
quelle est-elle l’origine de Dieu ?
Léon : - La qualité
ultime n’a pas d’origine, elle est ou
n’est pas.
Jules : - Palerons-nous
de Dieu, la prochaine fois ?
Dominique : - Non, pas
directement ! Nous continuerons de parler de l’homme pour mieux découvrir
Dieu, et Dieu nous fera découvrir l’homme. »
DESIRE WASSON
« Voici
l’histoire de Noé. Noé était un homme juste, irréprochable parmi ceux de sa
génération. Noé engendra trois fils, Sem, Cham et Japhet. Or la Terre s’était
corrompue devant Dieu et la Terre était remplie de violence. Et Dieu vit la
Terre et voici qu’elle était corrompue, car touche chair avait corrompu sa voie
sur Terre. » (Cen. 6, 9-12)
Il y a deux écoles au sujet du mot ‘juste’ : l’une étend son
sens à tout homme qui, ne croyant pas au Dieu de la foi chrétienne, agit dans
le respect de la loi naturelle selon sa culture et s’abstient de faire le mal.
Il pose des actes de justice. L’autre est issue d’un courant plus
rigoriste : le juste est le baptisé qui vit sous le regard de Dieu et
s’efforce d’être irréprochable. Le bon sens ne s’engage pas sur le terrain
d’une confrontation d’école : les deux ont raison. Dans la généalogie de
Jésus, il n’y a que des justes et, aucun n’est baptisé.
Noé est déclaré juste. Il vivait dans la crainte de Dieu, le Dieu de
ses pères, d’Adam et Eve. Lui et toute sa maison vivaient à l’écart d’un monde
qui tournait le dos à Dieu. Ce monde tournait le dos à la loi naturelle, nous
en avons exposé la faute majeure dans la Lettre précédente. Il y avait sans
doute d’autres fautes. L’allusion à la violence laisse entendre que l’on
vénérait de faux dieux, qu’il devait se pratiquer des sacrifices humains et
sans doute des rites sataniques.
Noé devint l’élu de Dieu : celui qui entend la voix divine et
lui répond.
La perversion de la génération de Noé, selon les exégètes sérieux
est à étendre à l’universalité du mal ; toute l’humanité sur la Terre
était pervertie. Le rédacteur du livre de la Genèse – Moïse – veut souligner
que tous les hommes, à toutes les époques et sur toute la surface de la Terre
ont péché en Adam et Eve. L’humanité noénienne est écrasée par le joug de
Lucifer, un joug de droit !
Dieu appelle Noé et sa maison, un petit reste ! Ce thème du
petit reste reviendra régulièrement à mesure du développement de la Révélation.
Il appelle le plus pauvre, le plus démuni, le plus improbable des membres d’une
société sur d’elle, de sa force…
Le déluge est sans doute local. Il y en a eu d’autres, mais celui-ci
est unique en son genre, car il annonce qu’à l’heure de Dieu la Terre
retournera à un chaos parce que les siècles auront été consommés, que la
justice de Dieu aura été prononcée.
«
Fais-toi une arche de bois résineux ; tu feras des cellules dans l’arche
et tu l’enduiras de bitume au-dedans et au dehors. […] Le déluge fut quarante
jours sur la Terre et les eaux montèrent et soulevèrent l’arche et elle fut
élevée au-dessus de la terre. […] Noé bâtit un autel à Yahweh et prit tous les
animaux purs et offrit des holocaustes sur l’autel. Et Yahweh sentit une odeur
agréable, et Yahweh dit en son cœur : Je ne maudirai plus la terre à cause
de l’homme ; car les pensées du cœur de l’homme sont mauvaises dès sa
jeunesse, et je ne frapperai plus tout être vivant comme je l’ai fait ;
désormais, durant tous les jours de la
terre, semence et moisson, froid et chaud, été et hiver, jour et nuit ne
cesseront point. » (Gen. 6, 13 à 8, 22)
Dans ce passage, sont exprimées, par le soucis du détail, une
intention pédagogique ainsi que l’affirmation que l’événement est historique
comme l’est le péché originel. Le
réalisme du récit accentue l’historicité de cet événement.
Dans les versets 20 à 22 Noé fait apparaître l’intercesseur, l’image
du Grand Prêtre. Il rend grâce à Dieu et apaise de ce fait sa colère et, Dieu
se réconcilie avec l’humanité. Il annonce les futurs patriarches qui vont lui
succéder et assumeront la charge d’intercesseur comme Abraham et Moïse.
« Et
vous, soyez féconds et multipliez-vous, soyez nombreux sur la Terre et dominez.
Dieu dit à Noé
et à ses fils qui étaient avec lui : Voici que moi je vais établir mon
alliance avec vous et avec votre postérité après vous, et avec tous les êtres
vivants avec vous, […] J’établirai mon alliance avec vous, et plus aucun chair
ne sera désormais détruite par les eaux
du déluge ; et plus jamais il n’y aura de déluge pour ravager la
terre. Et Dieu dit :
Voici le signe
de l’alliance que moi je mets entre moi et vous, - entre toute bête vivante qui
est avec vous pour les générations à jamais.
J’ai mis mon
arc dans la nuée ; - il servira de signe d’alliance entre moi et entre la
Terre. […]
Et Dieu dit
Noé : voilà le signe de l’alliance que j’établis entre moi et toute chair sur la terre. » (Gen. 9, 7 – 17)
Il y a une donnée quasi générique qui affleure de
l’ensemble du récit. Nous sommes devant une sorte de charte écologique, il n’y
manque rien. Dieu reprend les ordres qu’il donna à Adam et Eve, « dominez
la Terre, répandez- vous sur elle. »
Dieu va maintenant contracter une première
alliance, elle annonce la Rédemption. Elle marque la fidélité de Dieu envers
l’humanité. Il renouvelle sa promesse faite à nos premiers parents.
Les quarante jours de pluie, quarante est un
nombre que l’on retrouvera souvent, il exprime une totalité, une perfection
intérieure.
L’arche est la symbolique de l’humanité qui veut
être sauvée. C’est-à-dire celle qui veut s’unir à son Créateur et Sauveur qui
veut vivre de cette union. C’est aussi la première figure de l’Immaculée
Conception – l’arche par excellence - ; c’est également la figure de
l’Eglise et le Tabernacle qui protègera la Présence Sainte.
Dans ce récit, malgré la fermeté et la sévérité de
Dieu, on découvre sa tendresse de Père. Il manifeste de la compassion devant
l’éprouvante situation de l’homme. On peut considérer que la Rédemption est en
marche. Il faudra un lent développement de la pédagogie divine.
« Les
fils de Noé qui sortirent de l’arche étaient Sem, Cham et Japhet ; Cham,
lui, fut le père de Canaan. Ce sont les trois fils de Noé et c’est d’eux que
vient la population de toute la Terre. […] Cham, père de Canaan, vit la nudité
de son père et le raconta dehors à ses deux frères. Sem et Japhet prirent le
manteau et tous deux l’ayant mis sur leurs épaules allèrent à reculons et
couvrirent le nudité de leur père. […]
et il dit : maudit soit Canaan ! il sera pour ses frères le
serviteur des serviteurs. […]
Noé vécut
après le déluge trois cent cinquante ans.
Tous les jours
de Noé furent de neuf cent cinquante ans, et il mourut. » (Gen. 9, 18 – 29)
Si l’humanité est renouvelée par le déluge, la loi du péché reste,
mais l’homme est remis dans la loi naturelle et dans la liberté de faire le
bien ou de ne pas le faire. L’épisode de la nudité de Noé est un rappel de
cette condition. Le joug de Lucifer pèse toujours. Cham et son fils Canaan
devront fuir la maison de leur père. La tradition veut que Cham soit le
fondateur de l’Egypte, c’est sans doute vrai. L’extraordinaire idolâtrie de
l’antique Egypte et ses pratiques occultes, magiques auraient, selon une
tradition orientale, leurs racines dans la malédiction de Noé : un besoin
obsessionnel de se protéger de la malédiction.
La bénédiction de Noé est prophétique : « Que Dieu
donne de l’espace à Japhet et qu’il habite dans les tentes de
Sem ;… » Sem est le père des sémites, d’où sortiront Abraham et
Jésus. Si les tentes de Sem dominent celles de Japhet, c’est par la grâce. Sem
est le porte-greffe de la Promesse, sa descendance porte déjà le Christ-Jésus.
Voilà pourquoi, on peut considérer que la mise en marche de la
Rédemption commence avec le déluge et l’alliance que Dieu contracte avec Noé.
Histoire de France
Michel Wartelle
Article II
La famille est d’institution divine. La Patrie, ce fut à l’origine
le territoire de la famille, la terre du père. Le mot, Patrie, s’étendit à la
seigneurie et au royaume tout entier. Cette terre était sacrée, puisque bénie de Dieu dés son début,
par le Sacre de Clovis 1er, roi des Francs (482-511).
C’est l’esprit familial, qui présidait aux rapports du Roi et de ses
sujets. Le roi se promenait au milieu de ses sujets librement, comme un père parmi ses enfants.
Le grand roi Saint-Louis rendra la Justice sous un chêne à
Vincennes, chacun pouvant venir lui exposer son affaire et lui demander justice.
Tocqueville dit très justement : « La nation avait pour le
Roi tout à la fois la tendresse qu’on a pour un Père et le respect qu’on ne
doit qu’à Dieu ! ».
La France royale :
Le rayonnement de la Maison de France dans le monde est unique à
travers ses rois, mais aussi à travers
ses Saints. Un rapide coup d’œil sur notre histoire montre que notre pays est
victorieux tant qu’il reste fidèle à ses valeurs premières et châtié sévèrement
quand il y est infidèle.
La Première race de nos
rois :
LES MÉROVINGIENS
Clovis 1er
(466-511) :
Il épouse Sainte Clotilde. Il bat les Alamans à Tolbiac et se fait baptiser
à Reims par Saint Rémi dans la nuit de Noël 496. Le royaume de France est né ce
jour-là. Il fait de Paris la capitale de son royaume, qui s’étend à sa
mort de la Hollande aux Pyrénées et de
l’Atlantique à la Bavière.
Childebert 1er
(511-558) :
Ce fils de Clovis fut roi de Paris de 511 à 558. C’est lui qui a mis fin au
royaume burgonde. Il s’est battu contre les Visigoths et rapporta de Saragosse,
la tunique de St Vincent. L’abbaye de St Germain fut construite pour l’y
abriter en 550. Ce roi brutal avait l’amour des reliques, comme tous les
chrétiens du Royaume.
Clotaire 1er
(497-561) :
Cet autre fils de Clovis 1er fut d’abord roi de Soissons
et de Neustrie (511-561). Il conquit la Thuringe et le royaume des Burgondes
avec ses frères Thierry et Childebert 1er. Meurtrier de ses neveux,
il assassina en 558 son propre fils Chramme. De mœurs dissolues, c’était un
tyran sanguinaire.
Chilpéric 1er
(539-584) :
Il assassina sa femme, Galswinthe, avec sa maîtresse Frédégonde, ce
qui déclencha une lutte à mort avec son frère Sigebert 1er. Vaincu par les
Austrasiens, il fut sauver par la mort de son frère (575). Il périt assassiné,
cependant, durant une chasse à courre.
Clotaire II (584-629) :
Fils de Chilpéric 1er,
il devint roi de Neustrie à l’âge de 4 mois avec sa mère , Frédégonde, pour
régente. Elle défendit son royaume contre Childebert II, roi d’Austrasie. En
613, après la mort de Thierry II, il s’empara de l’Austrasie et devint roi des
Francs. Émergence de l’aristocratie terrienne.
Dagobert 1er (629-639) :
Tout comme son
père Clotaire II, il s’acharna à
restaurer l’unité du royaume franc. Il se fit une réputation de grand
justicier, malgré ses mœurs quelque peu dissolues. Il fut entouré de grands
conseillers, entre autres, Saint Éloi et Saint Ouen. Il fut fondateur de
nombreux monastères.
Clovis II (639- 656) :
Il fut mineur presque pendant
tout son règne, sous la
régence de sa mère, Nanthilde. Sa femme, une aristocrate anglo-saxonne, vendue
en France comme esclave, lui donna 3 fils, Clotaire, Childeric et Theudéric.
Clotaire III
(656-670) :
À la mort de son
père, Clovis II, il reçut la Neustrie et la Bourgogne (657) et régna sous la
tutelle de sa mère, Bathilde, et du maire du palais Ebrouin, lequel finit par
usurper toute l’autorité.
Childéric II (670-673) :
Fils de Clovis II,
il réunit à ses États, La Neustrie et la
Bourgogne, après la chute d’Ébrouin. Il fut assassiné par la noblesse de ces
régions, pour
n’avoir pas tenu
ses promesses. (à suivre…)
DU
PRINCE
MEROVEE
CLOVIS
Chapitre IV
CHEF DE TRIBU
Les Fondements du Pouvoir
Délégué
Nous avons vu dans le chapitre 3 que le fondement de l’autorité, de
toute autorité y compris religieuse, procède naturellement du couple, de la
famille. Cette base naturelle est, en quelque sorte, la réflexion ( miroir ) de
la hiérarchie céleste. Le couple et la famille sont à l’exemple de Dieu
trinitaire.
Ce principe naturel de l’autorité va très vite s’avérer insuffisant.
Nous revenons au récit de la Bible.
Arrêtons-nous au crime de Caïn sur Abel. Nous pensons et croyons que
cet événement est, comme le récit de la faute originelle, historique. On peut
considérer que cet événement illustre la faillite de l’autorité parentale qui
se trouve blessée depuis la faute. C’est une autorité limitée. Elle ne peut
prévenir un fratricide.
Les parents le savent bien, ils font chaque jour l’expérience, assez
souvent douloureuse, des limites de leur autorité. Une expérience qui est une
authentique école d’humilité. Elle n’est donc pas seulement une entrave mais
une vraie pédagogie divine. Nous ne sommes pas mieux que le Maître – Dieu Tout
Puissant - car lui-même ne s’est-il pas limité dans son autorité ? Ne
s’est-il pas donné pour limite la liberté de conscience de sa créature
angélique et humaine ?
Notre mission, si nous la voulons fructueuse, c’est à dire capable
de recevoir les grâces qui seules pourront fructifier dans nos enfants, est
dans l‘acceptation de cette limite, de l‘assumer et de la vivre avec Jésus au
Mont des Oliviers.
Mais voici que cette limite qui aurait du nous permettre de grandir
par le cheminement de l’humilité, de l’esprit de pauvreté, se trouve blessée.
Elle n’est plus pure. Elle est entachée d’un facteur nouveau. Un facteur
psychologique qui sera dévalorisé ou exagéré selon les courants de la
psychanalyse : la peur !
Dans le récit de la chute d’Adam et Eve, on trouve ce versé :
« Et, il dit : « J’ai entendu ton bruit dans le jardin et
j’ai craint… » (Gen. 3, 10. traduction Pirot et Clamer)
Arrêtons-nous sur le mot « PEUR », car dans ce versé, il
ne s’agit pas de la crainte salvatrice de Dieu, mais bien de la peur, mot qui
procède du verbe « CRAINDRE ». Nous sommes en présence d’une fracture
dans l’équilibre de la personne, lieu où se loge le débat entre espérance et
désespérance.
Peur, mot qui provient d’une racine latine « pavor » - «
pavoris » : être frappé d’épouvante ; ce qui donnera
« expovere » : redouter ; « expavidus » :
être saisi d’effroi…
L’origine qui exprime la peur est en fait plus ancienne que la
racine latine, il s’agit du verbe craindre.
Craindre est d’une racine indo-européenne : « ter-,
tre- » : un mouvement pressé, un tremblement, un piétinement. Il
donne la racine latine « tremulare – tremulus – trepidus » :
anxieux. Anxiété rejoint le mot peur, qui est anxieux à peur de quelque chose,
de quelqu’un : « Je tremble pour mon enfant parti à la
guerre ! »
Lucifer impose de droit son joug sur l’humanité à l’instant même où
la faute est consommée. Ce joug produit une inquiétude permanente liée à la
perte de la grâce anté-péché. Ce joug de Lucifer induit une peur qui est comme
une surtaxe sur la peur. C’est sa propre peur ! Elle procède sans doute de
l‘effroi qu’il ressentit dans la chute qu’il se choisit, mais également dans la
contemplation permanente de son échec final et définitif. Il sait qu’un jour,
son pouvoir sera réduit pour l‘éternité à son seul royaume. Un lieu où
s’exprime en permanence le refus volontaire de l’amour.
L’humain ressent cette peur de Lucifer qui vient s’ajouter à la
sienne propre. L’être humain est plongé dans une insécurité intérieure, il n’a
plus une vision juste de sa fin dernière. Il vit aussi une peur physique et
psychologique envers la création qui l’écrase et qui lui est hostile parce
qu’il en a perdu le contrôle, la maîtrise. Il y a une peur métaphysique qui
provient du déchirement que produit la tension d’une âme qui aspire à Dieu qui
a la mémoire du divin et les appétits qui tendent à l’infra-humain.
A cette condition humaine déchue – presque pourrait-on dire
dégénérée par rapport à l’état originel – vient comme en surtaxe de la surtaxe,
la peur de son prochain, la peur de l’autre que bien plus tard on désignera
comme la peur envers celui qui est différent, la peur envers l’inconnu.
« Que me veut-il ? »
L’homme devient étranger à l’homme, il est l’ennemi. Il faut compter
avec ce facteur dans le crime de Caïn sur Abel. Voyant son frère favorisé de
Dieu, ne s’est-il pas de mandé : qui est ce frère ? Je ne le connais
peut-être pas ?
Très vite l’architecture familiale ne suffira plus, car à la peur
viendra s’ajouter la jalousie, l’indépendance. On imagine deux frères voulant
fonder leur clan, leur tribu : Remus et Romulus.
Il faut bientôt protéger le clan : contre les bêtes, pourvoir à
la subsistance et enfin contre d’autres clans. L’homme s’est rapproché de la
bête, il n’est plus qu’appétit !
L’homme et sa communauté vont obéir à un instinct de conservation,
vont subir la loi de la nécessité : il faut survire !
Ne faut-il pas protéger, assurer la génération ?
L’autorité va donc subir une modification progressive. La communauté
va regarder vers celui qui lui semble le mieux assurer ce premier besoin de
sécurité, de survie. La famille ne suffit pas, le clan oui mais c’est parfois
insuffisant ; quoi qu’il en soit, on doit se donner un chef qui aura la
charge d’organiser la protection, la défense. On choisira le plus valeureux,
celui qui sera capable de risquer sa vie pour le bien général.
Ce chef que la communauté va se donner tient son autorité au bout de
son épée victorieuse, il ne peut en être autrement : la victoire ou
l’esclavage ; la victoire ou la mort du chef. L’organisation patriarcale
et familiale demeure le fondement de cette évolution, ce sont les chefs de
clans qui désigneront le Chef, mais le clan n’est rien que l’ensemble des
familles. Si le chef a la responsabilité des victoires, il ne peut guère agir
en dehors qu’avec l’assentiment des chefs de clans puis de tribus. L’évolution
de l‘autorité va se faire lentement toujours selon la nécessité ;
certainement que des esprits visionnaires forceront la main et modifieront
sensiblement ce principe naturel d’autorité.
Nous n’en sommes pas encore là, cette organisation reste
embryonnaire.
CESAR
ARCHIMEDE
ENCENSOIR CESAR AUGUSTE
« Si
la science sans conscience n’est que ruine de l’âme », elle est aussi
ruine d’un peuple, d’une société et d’une civilisation. »
Et si l’homme, dans son
orgueil délirant, s’approchait de l’ultime blasphème !
Des chercheurs, aux Etats Unis, ont récemment découvert une source
saine et intarissable de cellules souche dans la poche fœtale. Cette découverte
rend inutile la prolongation de recherches sur l’embryon à des fins médicales
et elle respecte les fondements de la morale ou si l’on préfère de
l’éthique. Pour nous chrétiens, juifs et
musulmans, nous considérons et affirmons que l’embryon humain est une personne.
Comment expliquer que des chercheurs anglais et français veulent
continuer dans la voie de l’embryon ?
On connaît pourtant l’inutilité et la dangerosité de cette voie.
Il y a peu, des chercheurs anglais annoncèrent leurs intentions de
procéder à des greffes d’embryons humains sur des embryons d’animaux,
pourquoi ?
Il est vrai que les nazis s’étaient engagés sur cette voie,
c’étaient des nazis ! Ces recherches furent continuées clandestinement par
les grandes puissances après la guerre avec la collaboration des chercheurs
anciennement nazis. Nous pensons qu’elles sont bien plus avancées qu’on ne le
dit.
Les découvertes de l’ADN et sur l’ADN furent très vites détournées
de leur objectif initial. On s’efforce d’accélérer la compréhension de la vie,
mais aussi d’en maîtriser les principes. Ce qui induit l’effondrement de toutes
les barrières morales et donc la collaboration du législateur.
Depuis plusieurs mois, des chercheurs français font pression pour
obtenir une libération totale des recherches en génétique et donc sur
l’embryon. C’est un peu se moquer du monde, car la loi dite de bioéthique
française est largement libérale comme il fut expliqué précédemment.
Prochainement, les chambres devraient être saisies pour une remise à
jour de cette loi, comptons sur nos élus pour la libérer totalement, pourquoi
ne le feraient-ils pas ?
Ce qu’il y a de mensonger, c’est que l’éventualité des applications
de cette partie là de la science génétique est nulle quant à la médecine et
pourrait même s’avérer très dangereuse pour la santé, avec la multiplication de
cancers, ce qui ne serait pas le cas pour les cellules souches.
Il y a l’enfant médicament, l’apothéose de l’enfant objet et non plus
sujet, l’extrême de l’atteinte à la dignité que ne saurait justifier le
résultat.
Pourquoi donc s’obstiner sur la recherche de l’embryon ?
Notre ami, Arnaud Dumouch aborde ce sujet dans son ouvrage magistral
« La Fin du Monde » que nous publions dans La Lettre Catholique.
Un nombre de savants dépourvus de toute conscience, - évidés de
toute conscience -, s’appuyant sur une idéologie dangereuse, dissimulant leurs
véritables intentions derrières de prétendues recherches médicales, veulent
percer le mystère sacré de la vie et, en obtenir la maîtrise. Ils veulent se
substituer à Dieu, souhaitant parvenir à créer un homme. Il y a plus grave
encore, ils cherchent à prolonger la vie le plus loin possible. Ils n’excluent
pas d’éliminer la mort. Cette recherche là n’a rien de fantastique, de
science-fiction. Il existe des centres de soins qui ont pour mission de
prolonger la vie et d’étudier des applications
en vue d’éliminer la mort.
Ces chercheurs sont protégés, soutenus par des sociétés occultes qui
multiplient les pressions sur les instances politiques afin d’être autorisés de
tout.
Cette évolution abominable de la science fut prophétisée dans les
livres de la révélation Hébraïque et Chrétienne : « Yahvé Dieu
dit : « Voilà que l’homme est comme l’un de nous pour la connaissance
du bien et du mal ! Et maintenant il ne faudrait pas qu’il avance la main
et qu’il prenne aussi de l’arbre de vie, qu’il en mange et qu’il vive à
jamais. » (Gen. 3, 23)
Lucifer inspire à des esprits remplis d’orgueil et de blasphème de
commettre l’irréparable et, pour le malheur des peuples – surtout le peuple
français – la loi des hommes s’est dédouanée de Dieu et de la morale naturelle,
ce qui donne une vaste étendue à l’influence des enfers.
Aucun des candidats à l’élection présidentielle n’aborde les problèmes de la recherche
génétique et embryonnaire, qui s’y risquerait ? Ce n’est pas du point de
vue électorale très payant ! Et, quelque part, il faut éviter de se mettre
à dos ces sociétés secrètes.
La question se trouve donc une fois de plus posée, faut-il choisir
entre les candidats ? Faut-il, nous chrétiens, hommes et femmes de prière,
brûler l’encens à César ?
Les enjeux de cette campagne présidentielle sont immenses sur le
plan de la morale, ils engagent tout notre devenir, celui de nos descendants.
Avons-nous le droit moral et spirituel de choisir entre ces candidats qui ne
remettent pas en cause les options et orientations d’une société devenue folle
d’orgueil et au combien désespérante ?
Peut-on tout à la fois être des témoins de la Vérité, de la lumière
et de la vie et, accorder une légitimité même relative à des institutions si
radicalement anti-chrétiennes, si contraires à la grandeur et à la dignité de
l’homme ?
Faut-il
brûler l’encens à César… ?
====================
« Il arrive même que des
théologiens soient porteurs d’espérance et pourvoyeurs de joie, car ils se
soumettent avec bonheur au Magistère de l’Eglise. »
Révèrent Père Jean-Michel
Garrigues
"l'engagement des catholiques ne peut céder à aucun
compromis. Sinon, c'est le témoignage de la foi chrétienne dans le monde qui
serait atteint, ainsi que l'unité et la cohérence intérieure des fidèles
eux-mêmes". (Note doctrinale de Ratzinger, 2002)
« Le théologien Jean-Miguel Garrigues, membre de l'Académie théologique pontificale, vient d'accorder un entretien à l'hebdomadaire Famille Chrétienne au sujet du vote des catholiques pour la présidentielle, à la lumière de la Note doctrinale concernant certaines questions sur l'engagement et le comportement des catholiques dans la vie politique rédigée par le cardinal Ratzinger en 2002 (la Note).
JM Garrigues : " La politique est l'art du meilleur possible.(..) Le chrétien ne doit viser le paradis sur terre et doit tolérer le moindre mal !"
Famille Chrétienne : "Pour autant, est-il possible de tout tolérer dans les programmes des candidats ?"
JM Garrigues : " La Note répond évidemment par la négative. Une conscience chrétienne ne peut favoriser par son vote la mise en acte d'une loi ou d'un programme politique dans lequel les contenus fondamentaux de la foi et de la morale sont détruits. Il y a des exigences éthiques fondamentales auxquelles on ne peut renoncer. La Note donne comme exemples, outre l'avortement et l'euthanasie, les menaces contre la famille fondée sur le mariage monogame entre personnes de sexe différent."
FC : " Au final, il reste très peu de candidats compatibles..."
JM Garrigues : " Il faut revenir à la question du moindre mal. Quand une loi comme celle autorisant l'avortement est déjà en vigueur, la Note, à la suite de l'encyclique Evangelium vitae, permet d'apporter son soutien à des propositions législatives encore moralement imparfaites, mais susceptibles d'en limiter de quelque manière la nocivité morale. Les catholiques français peuvent voter pour un programme électoral si celui-ci n'aggrave pas, mais au contraire atténue en quelque domaine, les atteintes à la personne humaine que comporte la législation actuellement en vigueur.(...)"
FC : "Le choix du prochain président sera-t-il forcément un dilemme ?"
JM Garrigues : " Cela pourrait bien être le cas au second tour. Les catholiques risquent de se trouver devant des exigences éthiques aux conséquences redoutables.(...) On peut voter pour un programme moralement imparfait, mais seulement à condition que celui atténue les imperfections éthiques de la législation actuelle. Si tel n'est pas le cas, la Note ne permet pas de voter pour lui seulement parce qu'il semble moralement moins nocif que l'autre ou parce qu'il ne comporte pas comme celui-ci d'autres menaces. En somme, la Note ne permet de choisir le moindre mal que dans une dynamique de redressement éthique par rapport à la situation précédente. Si ce n'est pas, elle laisse les catholiques devant une objection de conscience électorale."
Enfin, JM Garrigues rappelle que la Note, sur les principes fondamentaux de la morale, dit que "l'engagement des catholiques ne peut céder à aucun compromis. Sinon, c'est le témoignage de la foi chrétienne dans le monde qui serait atteint, ainsi que l'unité et la cohérence intérieure des fidèles eux-mêmes". Par ailleurs, le Salon Beige aura l'occasion de revenir sur les concepts d'objection de conscience et de tolérance. »
Philippe Carhon ( Le Salon Beige)
Commentaire :
Pierre-Charles Aubrit Saint Pol
Il arrive même que des
théologiens soient porteurs d’espérance et pourvoyeurs de joie, car ils se
soumettent avec bonheur au Magistère de l’Eglise.
Notre rédaction se trouve
confortée dans sa position quant à la responsabilité du catholique vis à vis
des prochaines élections. Elle trouve dans cet enseignement magistériel la
justification de sa recommandation quant au vote : dans l’état actuel des
programmes. Il est impossible pour un catholique qui fait passer le salut
au-dessus de tout autres obligations de choisir pas même pour le moindre mal.
Pour le moment, il ne se trouve pas de programme qui nous amène à considérer
l’option du moindre mal.
Nous vous le redisons avec
fermeté et par souci de la charité la plus haute : votez blanc !
N’engagez pas votre liberté
dans un choix contraire aux exigences du salut, aux exigences du bien commun.
Quelles que puissent être vos
choix politiques légitimes - ils sont toujours légitimes - vous ne pouvez les
faire prévaloir dans la situation actuelle sur le bien commun, sur l’exigence
du salut.
RENDEZ COMPTE DE LA FOI QUI
EST EN VOUS !
RENDEZ COMPTE DE L’ESPERANCE
QUI EST EN VOUS !
RENDEZ COMPTE DE LA CHARITE
QUI EST EN VOUS ?
VOUS ETES COMPTABLES DU
SOURIRE DE VOS DESCENDANTS !
LA VIE DES MOTS
De la Conscience… !
Le mot
conscience est construit de deux mots : la préposition latine cum qui
signifie avec – adjonction ou réunion –
donne co ; com ; con et science. Science a une racine latine
« scire qui donne savoir » ; « scientia qui signifie science »
dérive de conscientia qui signifie : connaissance partagée, connivence et
claire connaissance qu’on a de soi-même, sentiment intime. Conscience
procède directement du latin « conscientia ».
Ce mot est difficile à expliquer, car s’en approcher entraîne dans
la réflexion métaphysique. Ce mot est à lui seul un concept.
1 - Le Dictionnaire de l’Académie Française nous dit : Sentiment
intime par lequel l’homme se rend témoignage à lui-même de ce qu’il fait de
bien et de mal.
Si cette explication n’est pas inexacte, elle comporte une ambiguïté
dans sa formulation. Elle laisse croire que l’homme serait seul juge de sa
conscience, serait seul juge de sa propre définition du bien et du mal ce que
démentent l’ethnologie, le bon sens et l’observation de la loi naturelle. La
conscience est la prise de conscience de ce que l’homme est et ce qu’il a
d’unique par rapport à l’ensemble de la création visible, quantifiable,
qualifiable.
L’homme est le seul être à avoir conscience de lui-même. L’animal
n’a pas conscience de son existence, il ne conceptualise pas.
Dans cette définition, il se trouve un humanisme exacerbé. Il fait
de l’homme sa propre référence, sa propre mesure. La mesure ne peut s’effectuer
non par un identique mais par une qualité supérieure, pour l’homme une
référence absolue est nécessaire.
Le référant a qualité sur le référencé. Le maître est le référant de
l’élève qui est référencé dans le cadre de l’enseignement du maître.
2 - Le Dictionnaire Littré donne une définition plus complète :
sentiment de soi-même ou mode de la sensibilité générale qui nous permet de
juger de notre existence : c’est ce que les métaphysiciens nomment la
conscience du moi.
La prise de conscience de
soi, c’est la prise de conscience de la vie qui est en nous, dans notre forme.
Elle se manifeste par nos sens qui nous mettent en relation avec ce qui nous
entoure et contribuent à nous faire prendre conscience de notre
originalité : nous sommes nous. Je suis moi et pas un autre.
3 - Le Dictionnaire Philosophique dit : La conscience est le
sentiment intime, immédiat, constant de l’activité du moi dans chacun des
phénomènes de sa vie morale.
Il y a en chaque homme une marque générique. Elle procède du mystère
de la grâce, elle nous aide à nous maintenir homme. Elle nous aide à assumer
cette royauté insurpassable qui se trouve en nous qui nous dépasse et qui nous
sensibilise à la valeur morale de nos actes, non pas dans leur manifestation
extérieure mais dans l’intention que nous y mettons. C’est cette intention qui
fera que deux actes identiques n’auront pas la même résonance morale. Un sourire
venant du cœur peut avoir une valeur infinie, plus importante que l’obole qui
sera faite par ailleurs. La caresse d’une prostitué sur le visage d’un enfant
en pleurs peut avoir une valeur rédemptrice ce que n’aura pas forcément la
sucrerie donnée par un autre, par l’un des parents au même enfant.
Tout de l’être peut-être donné dans un geste apparemment banal.
Dans conscience, il y a connaissance. Connaissance de soi en soi
mais aussi connaissance de soi par relation avec les autres. Cette connaissance
implique une connaissance morale qui a, semble-t-il, sa première cause dans la
mémoire que l’âme possède de la divinité vers laquelle elle tend et d’où elle
procède. Elle fait sentir un appel à la grandeur intérieure, parce que cette
grandeur nous dépasse. Elle ne nous est pas naturelle.
Elle révèle un sacré qui nous est propre et qui en même temps est
étranger à notre nature animale. Il est d’ailleurs et en nous. Nous en sommes
comptables. C’est peut-être cette responsabilité envers ce mystérieux sacré qui
fonde l’assise de notre perception du bien et du mal, notre perception morale
de notre moi. C’est ce qui nous permet peut-être de percevoir dans l’observance
de la loi naturelle les principes moraux nécessaires au maintien de notre
dignité. Et, c’est peut-être également
ce qui nous permet de sentir la présence de Dieu en nous et de comprendre sa
manifestation par la création.
Dans conscience, il y a connaissance, connaissance du bien et du
mal. Il semble qu’une part de cette connaissance est ontologique, elle est
comme surnaturellement acquise. Elle demande toutefois à recevoir une
formation, une éducation qui n’a pas de liens avec le savoir-vivre. Car le
discernement s’éduque, se développe en vue d’une connaissance accrue du bien et
du mal.
Ainsi, être conscient de son moi, c’est avoir conscience de ce que
l’on est et se construire une personnalité capable de choisir entre le bien et
le mal. C’est vrai pour l’individu, ce l’est pour un peuple.
La déchéance d’une personne, la décadence d’un peuple, d’une culture
sont toujours précédés d’un effondrement moral. Un tel effondrement est causé
par le sentiment de puissance, d’invulnérabilité, de satisfaction, c’est
l’orgueil. Nous sommes dans ce cas de figure. Mais il peut s’effondrer chez
l’individu par un accablement de misères, de désespérances ; toutefois
rien n’est définitif, car pour le rendre définitif, il faut poser un acte
libre, l’engager dans une décision radicale, résolue contre Dieu.
Notre effondrement moral fut enclenché par la mécanique révolutionnaire
dès le début, dans le cul de basse-fosse du siècle des lumières. Il est sans
précédent dans l’histoire de l’humanité.
Nous sommes tombés dans un maelström que nous avons forgé par la
succession de nos abandons, de nos compromissions, de nos lâchetés parce que
nous avons chassé Dieu de notre cité et maintenant de nos foyers.
Nous voudrions en sortir par nos propres moyens et sans remettre en
cause nos choix idéologiques. Nous nous sommes convaincus que notre liberté n’a
aucune limite, que le droit est au-dessus de la morale. Quel effroyable
aveuglement !
Nous avons donné en pâture notre garde du cœur. A la potence de
notre orgueil luciférien, nous pendons notre conscience. Elle s’étiole aux
quatre vents, comme la peau de lapin que nous fixions en Flandre en vue de la
séchée et de la vendre au ferrailleur. Comme nos grands-mères flamandes le
disaient : « Ce sont des peaux de lapin ! Une bien grande misère
de sots ! »
Il n’y a que Dieu pour nous sortir de ce pétrin infernal !
LA SOUFFRANCE DE L’EGLISE
OU
LE RELATIVISME INSTALLE DANS
LA HIERARCHIE…
Pierre-Charles Aubrit Saint
Pol
THOMAS, LE TEMOIN DU CORPS
DU CHRIST RESSUCITE
« …si les évêques
eux-mêmes n’ont plus la foi ! » Jean-Paul Ier
Les textes que vous allez lire ci-dessous sont authentiques. Ils ont
fait l’objet d’un article dans le journal Présent.
Je pense, qu’il est instructif de revenir sur cet événement. Il
illustre parfaitement la pérennisation de la crise du modernisme dans l’église
de France. Une crise de la foi, une crise d’obéissance à la Vérité Révélée, au
Magistère. Le plus tragique – car on voudrait s’être trompé - est que cette
affaire éclaire bien ce que j’appelle « les compromis avec l’esprit du
monde ».
Vous verrez dans la réponse que fait personnellement Mgr. Ricard,
l’usage d’une technique d’écriture et du langage que je qualifie ‘de langage de
forfaiture’, un mode d’expression qui vampirise l’honneur d’une
charge « in corpora christi ».
La souffrance que l’on en ressent est tout aussi profonde que celle
ressentie dans l’analyse de l’entretien de Mgr.Willamson. Vous constaterez
qu’il s’agit d’un même profil psychologique. Vous comprendrez pourquoi, il
convient de les rejeter tous les deux et d’avoir en priorité dans notre prière, cette supplication :
« Seigneur Jésus enferme-moi dans ta fidélité, car Toi seul est Le
fidèle. Amen ! »
Lettre du Monsieur Elmlinger, le plaignant.
Montpellier, le 23 octobre
2000
Monseigneur,
Je
fais partie d’une équipe catéchétique présidée par un prêtre, un laïc et quatre
laïcs dont moi-même.
Lors de notre dernière rencontre, nous avons
étudié « L’Evangile de Saint
Jean,(XX - 11- 18)
Mon désaccord a été total avec ce prêtre et
ce président ; aussi votre réponse, pour moi-même et surtout pour les catéchumènes, serait d’une importance
capitale, car il y va de notre foi.
La
Résurrection de Jésus-Christ ne serait pas matérielle, corporelle ;
elle n’aurait d’ailleurs pu être photographiée.
En conséquence, elle n’a pu être constatée que par les yeux
de la foi puisque
Jésus-Christ ne s’était montré qu’à ses
disciples et à la foule des cinq cents frères (Epître de Saint Paul aux
Corinthiens (XV - 1 –9), mais jamais à
ses adversaires, Pilate, par exemple.
Mais pourtant,
dis-je, dans « le Catéchisme de l’Eglise catholique »(§645) il
est dit explicitement : que Jésus, ressuscité , établissait avec ses
disciples des rapports directs à travers le toucher et le partage du repas. Il
les invitait aussi à reconnaître qu’Il n’était pas un esprit et surtout que le
corps ressuscité avec lequel Il se présentait à eux était le même qui avait été
martyrisé et crucifié puisqu’il portait encore les traces de sa Passion.
Certes, continuai-je, ce corps authentique
et réel possédait en même temps les propriétés nouvelles d’un corps glorieux ; certes, la Résurrection
du Christ n’était pas un retour à la vie terrestre comme ce fut le cas pour les
résurrections qu’Il avait accomplies avant Pâques.
Evidemment, le
corps de Jésus participait à la vie divine dans l’état de Sa gloire (§646) si bien que Saint Paul
avait pu dire du Christ qu’Il était l’Homme céleste ( I Co, 15 ; 35-50)
mais Sa Résurrection, insistai-je, avait
été réelle ; quiconque, s’il eut été présent, aurait pu toucher Notre
Seigneur et mettre les mains dans Ses
cicatrices !
Mes arguments, plus exactement, ceux du
« Catéchisme » furent balayés d’un revers de main ; cela ne
m’étonna guère, car dans une précédente séance
il avait été dit que « Le catéchisme de l’Eglise catholique
» n’avait pas une valeur normative
et ce malgré ce qu’en avait dit le Pape
dans la Constitution apostolique « Fidéï depositum (11 octobre
1992) qui promulgua ce Catéchisme pour
l’Eglise universelle.
Je cite :
« Le Catéchisme catholique[ …] est
un exposé de la foi de l’Eglise et de la doctrine catholique[…]. Je le
reconnais comme un instrument valable et autorisé au service de la communion
ecclésiale et comme une norme sûre pour l’enseignement de la foi » Fin de
citation.
Seul le Credo avait une valeur normative me fut-il précisé ; le
« Catéchisme » n’étant que le
recensement des croyances populaires…
Non! fut-il martelé de surcroît, il aurait été
impossible à quiconque, fût-ce à ses disciples, de voir visuellement Jésus
-Christ et de mettre leurs mains dans
Ses cicatrices, car cette résurrection n’était constatable qu ‘avec les
yeux de la foi.
Par ailleurs, il y avait une incohérence
monumentale dans ce récit ; comment un Christ ressuscité matériellement
n’aurait-il pas été reconnu par Marie ou par les autres disciples ?Et
comment aurait-Il pu se trouver au milieu d’eux, dans Le Cénacle, alors que la
pièce était fermée à clé ?
En fait, cette incohérence n’avait été qu’un
montage ; elle avait été voulue par les Evangélistes. Il fallait
signifier à ces gnostiques, les païens
grecs, que le corps n’était pas méprisable et faire comprendre à tous, d’une
façon subliminale (le mot est de moi) qu’une lecture littérale devait être exclue.
Bref, le croyant « libéré »
réaliserait qu’il fallait mettre entre parenthèse ces rajouts didactiques
puisqu’ils ne reflétaient en rien ce qui s’était passé ; il devrait donc
considérer la Résurrection comme un
phénomène seulement perçu par la foi.
Quant à moi, j’ai compris qu’on tenait là,
devant nos catéchumènes, un discours totalement hérétique.
Je vous prie de croire, Monseigneur, à
l’assurance de mes sentiments respectueux.
Luc Elmlinger
Réponse de Monseigneur Ricard alors évêque de Montpellier,
aujourd’hui cardinal-archevêque de Bordeaux et Président de la Conférence des
Evêques de France.
Montpellier le, 25 novembre2000
Cher Monsieur,
Veuillez
excuser le retard avec lequel je réponds à votre lettre du 23 octobre. Mais la
préparation puis la tenue de l’Assemblée Plénière des Evêques à Lourdes m’ont particulièrement
occupé.
Je réponds
maintenant à la difficulté que
vous me soumettez.
Concernant les récits évangéliques
d’apparitions du Christ Ressuscité, il faut tenir deux choses qui résultent de
la lecture des textes :
-Il s’agit bien d’une expérience réelle,
que les apôtre font sur une initiative du Ressuscité (c’est toujours Lui qui se fait reconnaître).
Il ne s’agit ni d’une hallucination, ni d’une vision, ni d’une création
d’esprits exaltés. Ils doivent vaincre leurs résistances et leurs doutes pour
se rendre à l’évidence : c’est bien le Seigneur vivant. Ils le
reconnaissent par les marques de sa Passion. C’est bien le Crucifié qui est le Ressuscité.
-
Mais ce Christ est autre. Il ne s’agit pas du corps
biologique de Jésus qui serait revenu à une vie terrestre. Mais du corps
glorieux du Christ, qui se donne à percevoir aux croyants. L’expérience des disciples
les met en contact avec le monde de la résurrection. C’est cette expérience que
les évangélistes essaient d’évoquer, bien conscients qu’il y a là une expérience qui
échappe en partie aux sens humains. Jean GUITTON, lui-même, nous dit dans son livre
« Jésus » que si Tibère, Tacite, Philon, Pilate ,Josèphe, avaient été
dans la salle où Jésus apparaissait, ils n’auraient ,semble-t-il , rien
aperçu(p. 303).Je vous invite d’ailleurs
à lire ces pages si éclairantes d’un auteur aussi sûr que Jean GUITTON.
Relisez bien
les pages 142 et 143 du Catéchisme de l’Eglise catholique qui abordent avec
précision ce double aspect.
Je me permets
de vous envoyer également les pages du Catéchisme des Evêques de France qui développent la réponse à la question que
vous posez.
Croyez cher
Monsieur, à l’assurance de mes sentiments respectueux.
+ Jean – Pierre Ricard
Commentaire analytique :
Il convient ici de s’arrêter quelque peu sur le mot ‘évêque’, il
vient du mot ‘épiscope’ qui veut dire : celui qui surveille, le
surveillant. En l’occurrence, il s’agit pour l’évêque de surveiller la fidélité
doctrinale, son enseignement, sa compréhension. Etant donné qu’un évêque est
obligatoirement uni à l’Evêque de Rome, il lui appartient d’obéir au Magistère
de l’Eglise, c’est à dire à la Vérité. Vérité qu’il se doit de défendre pour le
salut des âmes dont il a la charge, qu’il s’agisse de son clergé ou de ses
laïcs.
1- Le premier constat que nous faisons quant à la réponse de Mgr.
Ricard est qu’il botte en touche, sans doute une passion non bridée du rugby.
A aucun moment de sa lettre, il ne se trouve une excuse paternelle
quant à l’errance objective de ce prêtre de paroisse pour la souffrance qu’il
inflige à Mr. Elmlinger.
2 – Les différents points relevés par le plaignant ne sont pas
repris, pas plus que l’on ne trouve un mot d’encouragement à persévérer dans la
fidélité doctrinale.
3 –
« Mais ce Christ est autre. Il ne s’agit pas du corps biologique de
Jésus qui serait revenu à une vie terrestre. Mais du corps glorieux du Christ,
qui se donne à percevoir aux croyants. L’expérience des disciples les
met en contact avec le monde de la résurrection. »
a)
La Résurrection du Christ Jésus
change la nature du corps physique toutefois, il se manifeste aux sens des apôtres
de façon parfaitement physique : que l’on se réfère au récit de Thomas.
Cet épisode
historique rejette toute idée d’apparence, toute argumentation opposée au
réalisme de cette résurrection. Thomas fait une expérience physique de la Résurrection,
comme le feront l’ensemble des apôtres au bord du lac Tibériade quand Jésus
partagera le repas fait de poissons.
b)
Les apôtres
reçoivent par Pierre qui se laisse entraîné par Jean - dès que Marie-Madelaine
finit son récit – et que tous les deux courent au tombeau, la foi en la
Résurrection.
Pierre a dit
sa foi en Jésus – sa confession –, Pierre entre seul dans le tombeau, certes
Jean croit tout de suite, mais le bon sens salutaire de Pierre lui dicte d’entrer
dans le tombeau, de voir de ses yeux physiques l’absence du corps. Pierre à son
retour du tombeau apporte la foi de l’Eglise en la réalité physique de la
Résurrection du Christ Jésus. Donc les yeux de la foi en la Résurrection de
Jésus, sauf Thomas absent - il s’est réfugié de peur dans sa famille et ne
reviendra vers les apôtres qu’après la première manifestation du Christ
ressuscité au Cénacle. S’ils n’avaient cru après le témoignage de Pierre et de
Jean, Jésus ne leur serait sans doute pas manifesté, car cela revenait à le
rejeter.
c)
Donc le regard
de la foi ne serait à lui seul expliquer l’expérience sensorielle que les
apôtres et les cinq cents disciples font de la Résurrection du Christ par
contre, il le justifie.
4 – « bien conscients qu’il y
a là une expérience qui échappe en partie aux sens humains »
a) Rien de la
Résurrection du Christ n’échappe aux sens des apôtres, ce qui leur échappe
c’est la nouvelle nature de ce corps glorieux. Ils n’en comprennent pas la
substance. Mais c’est bien la seule chose qui échappe à leur entendement avec
peut-être le comment, le pourquoi ils l’ont compris avant même la Pentecôte.
Conclusion :
La réponse déplorable de Monseigneur Ricard est en elle-même une
épreuve bien cruelle pour quelqu’un qui vient d’être confronté à une apostasie
en règle venant d’un curé de paroisse.
Cette réponse est malheureusement dans la droite ligne de tout ce
que Mgr. Ricard écrira d’important : la lettre invraisemblable au
Président Chirac, le félicitant de s’être opposé au clonage humain reproductif
à l’occasion du vote de la loi de bioéthique. Son intervention soumise et
minimaliste dans le débat sur le Téléthon.
Son éminence est bien dans la tonalité de la pérennisation de la crise du modernisme.
Il illustre parfaitement le relativisme qui sévit dans l’église de France,
quand il ne s’agit pas d’apostasie pratique comme on peut le constater dans
certaines orientations pastorales.
Il est inacceptable que des prêtres puissent être maintenus en
fonction !
On peut légitimement s’interroger sur le mode de recrutement des
évêques !
Quand sera-t-il mis un terme à cette crise ?
Quand on aurons-nous la grâce d’avoir des évêques fidèles et libres
de la liberté évangélique ?
Marie-Julie Jahennie rapporte une prophétie de Notre Seigneur :
« Quand viendra l’épreuve de la purification, il ne restera en France que
cinq évêques fidèles à la foi, à mon vicaire. » Nous nous y
préparons !
Seigneur surabonde de tes grâces le petit troupeau de fidèles que Tu
te prépares. Garde-le auprès de Toi avec l’Eglise sur le Golgotha.
Rends-nous humbles de ton humilité ; rends-nous pauvres de ta
pauvreté ; rends-nous fidèles par ta fidélité. Amen !
Monsieur Elmlinger nous a fait parvenir le détail alléger des
enseignements du curé de cette paroisse et de son équipe de catéchistes. Nous
le joignons aux documents ci-dessus. Il est conseillé de voir son cardiologue
avant de le lire et de se munir d’un bon whisky pour s’en remettre, un chapelet
peut faire l’affaire.
Ce document se passe de tout commentaire, et un évêque, Président de
la Conférence Episcopale a couvert cela !
Composition
de l’équipe :
-Le
président : le prêtre de la paroisse.
-L’animateur,un
laïc .
-Cinq laïcs,
témoins de leur foi, dont moi-même.
Remarques sémantiques :
-Le mot
–catéchisme est rejeté, car le catéchisme ne serait que le recensement des
croyances populaires, on ne doit parler que de catéchèse.
Le
corollaire,c’est que l’on ne doit pas parler de vérités de la foi qui sont
énumérées dans le « Catéchisme », simple compilation de
croyances populaires sans fondement. Si vérités de la foi, il y a ,elles se
trouvent uniquement dans Le Credo.
Une
question surgit alors ; faut-il croire à la Transfiguration dont il
n’est pas fait mention dans Le Credo ?
L’étude
du « Décalogue a d’abord été rejetée ; je n’ai pu
l’imposer qu’en insistant longuement.
Ce rejet du Catéchisme
de l’Eglise Catholique, n’est-ce pas déjà une hérésie ?
Enumérations
des hérésies :
-Les
Evangiles ne seraient en grande partie que des montages, des récupérations
et des faux
-
Les Evangiles seraient
parasités par des allégories et des symboles ; en conséquence, la démythification
s’impose ainsi que de nouvelles traductions pour mieux
atteindre la vérité
-Les « frères de « Jésus »
-
Jésus auraient effectivement des frères, c’est-à-dire nés du même
père et de la même mère ; Marie ne serait donc pas vierge.
-Les pèlerins d’Emmaüs
Ce serait un
montage évident, car ces pèlerins ne pouvaient pas reconnaître
Jésus lors de la bénédiction du pain, puisqu’ils ils n’avaient pas
assisté à La Cène, or le chanoine Crampon apporte la
réponse : « N.S.J.C. avait coutume de prononcer une bénédiction
avant de prendre nourriture, donc ils pouvaient le reconnaître sans y avoir
assisté.
Il
est vrai que notre prêtre préférait à la Bible du chanoine Crampon celle
de Chouraqui.
B Des
récupérations
-Les prophéties
Il n’y
aurait aucune prophétie annonçant J.C.
Ces prophéties, qui n’en étaient pas, n’exprimaient que des sentiments,
des désirs, des espérances ; Jésus-Christ n’aurait donc fait que de la
récupération…
Saint
Paul avait pourtant dit que le Christ était mort conformément aux Ecritures !
C-Des faux
Certaines
paroles du Christ ne seraient que des faux puisqu’on ne les retrouve pas dans
Saint Marc, comme celle-ci : Père pardonne-leur, car ils ne savent pas
ce qu’ils font.
En effet,
selon notre curé, On n’ajoute, mais on ne supprime pas.
D La
démythification s’imposerait donc
La
multiplication des pains, Jonas etc. seraient ou des symboles ou des
allégories ; il faut donc démystifier.
Les
Anges n’existeraient pas.
E De
nouvelles traductions
Il ne
faudrait plus lire dans Les Béatitudes, Bienheureux les pauvres , mais
En avant
La
première phrase de la Genèse, Je suis celui qui suis doit être
abandonnée pour une autre traduction
Conclusion pratique.
La foi
doit s’appuyer sur la raison et l’exégèse
Je conseillerai donc à mes lecteurs qui lisent déjà La
lettre de s’abonner au bulletin de l’Association Jean Carmignac
,Editions F.X Guibert , 3 rue Jean –François Fillon et de lire Les Evangiles
sont des
reportages …
de M.C Ceruti aux Editions Pierre Téqui
On ne commente pas la médiocrité, surtout quand elle prend les
dimensions d’un abîme.
====================
SAINT PIERRE
« Pierre,
tu es pierre et sur cette pierre, Je bâtirai mon Eglise. Et les portes des
enfers ne régneront point sur elle. »
Nous avons lu, de ci de là, des articles qui expriment des
inquiétudes quant à certaines décisions annoncées de Sa Sainteté Benoît XVI qui
n’ont pas été signées et proclamées.
Nul ne peut être dans le discernement du pape. S’il advenait que le
pape retarde indéfiniment certaines décisions ou qu’il les ait abandonnées,
nous ne devons pas nous en inquiéter. Il faut faire confiance au Fondateur de
l’Eglise qui est Jésus, Il n’abandonnera pas son épouse.
Toutefois, si comme il se confirme, que c’est sous l’inacceptable
pression d’une partie de la hiérarchie que ces décisions sont différées ou
annulées, alors la responsabilité retombera sur ceux-là, car leur démarche
n’aura pas été d’une grande honnêteté d’intention. Ils en répondront devant Dieu.
Si, également, comme il se dit ces derniers jours, que des
nominations épiscopales, pour la France, sont le résultat de démarches peu
glorieuses, à des fins malhonnêtes et, trompeuses pour le jugement du pape,
cela aussi retombera sur les instigateurs peu riches en honneur. Ils ne
dédouaneront les récipiendaires de leurs responsabilités quant aux salut des
âmes qui leurs sont confiées.
Dans tous les cas, et nous le savons bien, nous qui voulons vivre de
la fidélité de Jésus, nous sommes dans l’épreuve.
L’Eglise doit être purifiée.
Elle doit être ramenée à une vie plus intérieure. Il faut accepter que
Jésus fasse passer l’humanité de celle-ci dans le crible du chercheur d’or. Il
faut donc regarder et vivre l’Eglise avec confiance et esprit d’abandon.
Le pape est notre père commun universel, nous sommes donc ses
enfants ! Quel enfant bien né ne prierait-il pas pour son père ?
Répondons à la demande de prière de Benoît XVI, prions pour lui.
Nous devons le soutenir dans l’exercice délicat du gouvernement de l’Eglise. Ne
doutons pas qu’il est à cœur la recherche du meilleur bien commun pour les
fidèles et pour le salut du monde.
Et si, pour ce Carême, nous demandions la grâce de convertir notre
regard sur l’Eglise ! Nous pourrions vivre en véritables enfants de l’Eglise,
enfants libres de la liberté de l’Evangile.
Ne craignons pas ! Notre victoire est celle de Jésus-Christ. Ne
sommes-nous pas dans sa main !
L’ESCHATOLOGIE
LE JUGEMENT DERNIER
Le monde de l’Antéchrist
disposera les pécheurs au salut ![1]
(Chose certaine)
La question
du salut des foules qui auront été séduites par l’Antéchrist et se seront
éloignées de Dieu est essentielle. Dieu lui-même, par son silence, aura permis
une telle victoire du culte de l’homme, probablement accompagné du culte
spirituel de l’Ange révolté*. Comment expliquer qu’il pousse si loin sa
permission du mal? Comme le disaient les membres de la secte du Temple solaire,
se serait-t-il dégoûté de ce monde au point d’abandonner les hommes au démon et
à son entreprise de damnation de l’humanité? Désespérés de ce monde, les
membres de cette secte ne cessèrent de se suicider dans les années 1995 pour
rejoindre le Christ. Il ne saurait bien sûr en être ainsi et leur action relève
d’un manque de connaissance de Dieu. Dieu ne permet rien qui ne serve en
définitive au salut des hommes.
L’Écriture
Sainte livre de nombreux textes éclairants. Rappelons quelle sera la vie des
hommes qui auront suivi l’Antéchrist dans son projet de monde sans Dieu. Le
monde dans son ensemble, c’est-à-dire la très grande majorité des hommes, se
retrouvera sur une terre habitable et correctement gérée. On n’y manquera de
rien au plan matériel mais il n’y aura plus de vraie nourriture pour les
âmes. La religion de l’Antéchrist ne proposera pas le vrai Dieu, mais un dieu
digne, solitaire et froid, Lucifer.
Or “l’homme ne vit pas seulement de pain mais de
toute parole qui sort de la bouche de Dieu[2]”. Il y aura donc
une grande famine spirituelle, si terrible dit Jésus, “que si ces jours n’avaient été abrégés, nul n’aurait eu la vie (spirituelle) sauve[3]”.
Devant cette
soif du vrai Dieu et de son amour, il y aura deux réactions. Certains, les plus
faibles, souffriront sans comprendre que c’est l’absence du vrai Dieu qui les
consume. Comment pourra-t-il en être autrement puisque nul prophète ne sera là
pour le leur révéler ! Il y aura en ce temps une multiplication des
angoisses, des névroses et des suicides. On cherchera la lumière mais on ne la
trouvera pas car, ajoute saint Mathieu[4] « Aussitôt après les tribulations, le soleil
s’obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière, les étoiles tomberont du ciel
et les puissances des cieux seront ébranlées ». Ce texte n’a pas en premier
lieu, comme toujours en matière apocalyptique, une signification matérielle. Il
signifie que, du fait de la disparition de l’Église et des grandes religions
qui parlent d’humilité ou d’amour, le soleil de la Vie éternelle aura disparu.
Aucun homme ne sera là pour révéler Jésus, le Prince de cette Sagesse, aux
âmes. La lune (qui reflète les rayons du soleil et les adoucit) n’est autre que
tout ce qui reflète Dieu comme dans une image pour le monde. Jésus dans son
humanité, Marie, les saints vivants ou morts, les religions qui portent quelque
reflet du vrai Dieu... Le fait que la lune ne donne plus sa lumière signifie
donc une disparition de tout ce qui peut être signe de la présence du Dieu
d’humilité et d’amour pour l’homme. Les étoiles qui tombent du ciel
représentent les prédicateurs qui, avant la venue de l’Antéchrist, indiquaient
la route du Ciel mais, après, ne montreront plus que la terre à bâtir.
Faut-il
ajouter à ces terribles épreuves des derniers temps un ébranlement soudain et
effrayant de la nature? Faut-il admettre que la mer mugira matériellement,
poussée par un grave dérèglement du climat? Certains théologiens l’affirmèrent
jadis, en donnant un sens matériel aux textes. Ils annoncèrent même une pluie
matérielle d’étoiles filantes et, pour les semaines qui précéderont le retour
du Christ, la menace d’un astre errant qui se dirigera vers la terre, jetant
dans l’effroi le monde de l’Antéchrist.
Ces
interprétations ne sont pas à mépriser totalement[5] mais elles ne sont pas
nécessaires. Plus la fin du monde approchera, plus leur signification sera spirituelle. Dieu n’aura pas besoin,
dans le monde de l’Antéchrist, de frayeurs matérielles pour disposer les hommes
au salut. Le monde se sera considérablement spiritualisé et les hommes seront
beaucoup plus fragiles psychologiquement que par le passé. Si l’on veut
détacher un solide cultivateur mérovingien de sa terre, il faut lui en montrer
le peu de valeur par la rigueur des saisons et diverses épreuves matérielles (grêles, famine, pillage).
Si l’on veut accomplir un travail de purification sur un jeune citadin attendri
par le confort d’une vie facile, il suffit bien souvent de le laisser face à
ses propres réflexions sur le sens de sa vie. L’humanité sera comblée dans son
corps par toutes les richesses et sécurités mais, dans son âme, elle subira la
souffrance. Dieu verra du Ciel cette
souffrance. Il verra aussi à quel point elle creusera chez les hommes de bonne
volonté une soif du vrai salut celui qui est fondé non sur la puissance mais
sur l’amour. Il en sera heureux. Ainsi, le monde de l’Antéchrist, bien que
prévu pour une toute autre finalité, disposera les peuples au salut d’une
manière unique. “Beaucoup seront
purifiés.”
L’égoïsme qu’il produira sera accompagné d’un tel
désespoir spirituel qu’il provoquera plus de soif de Dieu que de soif de cette
liberté vaine et sans signification donnée par la religion du dernier
Antéchrist[6].
De même,
l’apparition dans le ciel du signe du fils de l’homme n’est pas à prendre
nécessairement (quoique, dans un second sens, pourquoi pas) au sens le plus
matériel, comme si une croix devait se dessiner matériellement dans le ciel.
Cette prophétie se réalisera très concrètement dans l’histoire, selon les
multiples niveaux de sens que j’ai décrit tout au long de ce livre. Mais seuls
les “vautours[7] ”,
c’est-à-dire les contemplatifs, comprendront qu’il s’agit du martyr des
croyants fidèles: “Mes paroles, dit
Jésus, sont esprit et elles sont vie.”
[8]“C’est l’Esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien”. Ainsi, dans
le monde dominé par l’Antéchrist*, tout sera prêt pour le grand spectacle final.
Le cœur des peuples séparés de Dieu mourra de soif spirituelle. Les derniers
croyants mourront d’espérance et d’attente. Ainsi, il devient possible de
comprendre pourquoi Dieu permettra l’apparition et la réussite de l’Antéchrist.
Le
secret de La Salette[9] confirme ces dires, en
appelant pour cette époque les contemplatifs à discerner les signes du dernier
des temps.
« Combattez, enfants de lumière, vous,
petit nombre qui y voyez. Car voici le temps des temps, la fin des fins.»
« Voici le temps. L’abîme s’ouvre.
Voici le roi des rois des ténèbres. Voici la bête avec ses sujets, se disant le
sauveur du monde. Il s’élèvera avec orgueil dans les airs pour aller jusqu’au
Ciel. Il sera étouffé par le souffle de saint Michel Archange. Il
tombera… »
Y aura-t-il des catastrophes
physiques avant le retour du Christ ?
(Chose indécise)
« Aussitôt
après les tribulations de ces jours-là, le soleil s'obscurcira, la lune ne
donnera plus sa lumière, les étoiles tomberont du ciel, et les puissances des
cieux seront ébranlées. Et alors apparaîtra dans le ciel le signe du Fils de
l'homme; et alors toutes les races de la
terre se frapperont la poitrine; et l'on verra le Fils de l'homme venant sur
les nuées du ciel avec puissance et grande gloire. [10]»
Certains textes des Ecritures et en particulier la lettre de
l’Apocalypse ne cessent de décrire sous forme physique (tremblement de terre,
chute d’étoiles etc.) les épreuves de la fin. Tout au long de cet ouvrage, j’ai
voulu montrer à quel point le sens de ces fléaux se spiritualiserait de plus en
plus jusqu’à la fin. Cependant, il convient de nuancer ce point de vue. Le
Christ nous y invite : « Car je vous le dis, en vérité: avant que
ne passent le ciel et la terre, pas un i, pas un point sur l'i, ne passera de
la Loi, que tout ne soit réalisé.[11]»
Rien n’empêche donc (et c’est l’opinion de saint Thomas d’Aquin), que des
terreurs physiques reviennent vers la fin. L’humanité s’imaginera avoir
définitivement vaincu la plupart des aléas de la nature. Elle se sera beaucoup
ramollie. L’apparition d’astéroïdes menaçants, de signes climatiques inédits
pourraient remettre les cœurs dans la voie d’une certaine humilité…
Le dernier signe,
« l’arbre de vie »
(Chose indécise)
L’Antéchrist
et ceux qui le suivront avec l’enthousiasme des débuts s’efforceront de nier la
réalité du feu de l’âme assoiffée du vrai Dieu. Ils auront essayé de le faire
disparaître en donnant aux hommes une religion et une espérance après la mort.
L’Antéchrist fera tout pour supprimer le feu par sa nouvelle religion, ouverte
à l’éternité, du culte de l’Homme divinisé. Mais son succès, étant mensonger,
ne durera que le temps d’un enthousiasme passager. Son nouveau monde craquera
de tous côtés, miné par un mal invisible.
En réalité,
le feu qui brûlera son nouveau monde viendra du plus profond de l’âme humaine.
L’âme de l’homme ne souffre pas seulement de la peur de mourir. Elle se
désespère inconsciemment tant qu’elle ne trouve pas celui qui n’est que Lumière infinie, Amour total, humilité
parfaite[12].
Elle a été créée par le vrai Dieu dans son mystère Trinitaire, Père, Fils et
Saint Esprit. Elle est faite pour lui correspondre comme dans un mystère
d’épousailles parfaites. Le cœur de l’homme est comme un creux fait pour le
plein qu’est Dieu. Lucifer*, malgré la noblesse de sa nature, sa puissance
intellectuelle, son immortalité, n’est qu’un
succédané de Dieu, une pâle imitation. L’adorer ne mène à rien de durable.
Malgré tous ses succès matériels, il n’y peut rien. Il ne peut combler le
creux.
Ce problème
se traduira très concrètement dans le monde de l’Antéchrist par la subsistance
des épidémies de désespoir et de suicide. Alors, il s’efforcera de trouver une
solution. Il s’efforcera d’étourdir l’humanité dans la recherche d’un nouveau
défi pour l’empêcher de trop penser. Il ne manquera plus qu’une œuvre à
réaliser, s’attaquer à la mort[13].
La mort fut imposée par Dieu aux
hommes après le péché originel. Elle devint pour Lui une alliée car, de manière
puissante et égalitaire, elle remettait les riches et les pauvres devant leur
vraie condition. Il est difficile à un homme de mourir et de rester
orgueilleux. Par ce mode, bien des hommes se réformèrent et furent sauvés.
Or, il convient de remarquer que
le livre de la Genèse traite en deux temps la question de la mort. Juste après
le péché originel, Dieu commença par rendre impossible toute forme
d’immortalité sur la terre[14]: «Yahvé Dieu dit: “Voilà que
l’homme est devenu comme l’un de nous, pour connaître le bien et le mal! Qu’il
n’étende pas maintenant la main, ne cueille aussi de l’arbre de vie, n’en mange
et ne vive pour toujours! ” Et Yahvé Dieu le renvoya du jardin d’Eden pour
cultiver le sol d’où il avait été tiré. Il bannit l’homme et il posta devant le
jardin d’Eden les chérubins et la flamme du glaive fulgurant pour garder le
chemin de l’arbre de vie. »
Ce texte indique la limite
ultime qu’assignera Dieu à la puissance et aux réalisations de l’Antéchrist.
Jamais Dieu ne permettra qu’il réussisse à supprimer la mort. Il s’y efforcera,
à force de science et de biologie. Mais la présence des Kérubims, l’ordre supérieur des Anges, portant le nom hébreu de
« lumière de la connaissance » indique une volonté arrêtée de ne pas
laisser faire.
Un autre texte de la Genèse
parle de la mort[15]:
« Lorsque les hommes commencèrent d’être
nombreux sur la face de la terre et que des filles leur furent nées, les fils
de Dieu trouvèrent que les filles des hommes leur convenaient et ils prirent
pour femmes toutes celles qu’il leur plut. Yahvé dit: “Que mon esprit ne soit pas indéfiniment responsable de l’homme,
puisqu’il est chair ; sa vie ne sera que de 120 ans”». Ainsi, d’après la
Bible, alors que les hommes vivaient auparavant 500 ou 600 ans, à la suite d’un
péché mystérieux, Dieu raccourcit considérablement cette durée. J’ai toujours
cru à une interprétation symbolique de ce texte, jusqu’à ce que la génétique se
mette à soupçonner la présence dans l’A.D.N. d’une simple programmation de la
vieillesse par le ralentissement des divisions cellulaires. De nos jours déjà,
la génétique essaye de prolonger chez l’animal les divisions cellulaires qui
sont à la base de la conservation des vivants dans une longue jeunesse. S’il
est impossible de supprimer la mort, il est possible par contre de rallonger
considérablement la durée de la vie.
Dans les décennies qui
précèderont et accompagneront la venue l’Antéchrist*, l’humanité essayera
probablement de forcer la porte de l’arbre de vie dont parle le livre de la
Genèse[16]. L’arbre de Vie voulu
par Dieu pour les hommes est celui de la Vie éternelle dans la vision de Dieu[17]. L’arbre de vie tel
que l’entendra l’Antéchrist sera la vie éternelle et autonome sur terre. Cet
arbre symbolise le paradis terrestre, objet des convoitises des hommes depuis
la chute originelle. Il s’efforcera d’en percer le secret génétique[18]. Le jour où le
gouvernement mondial réussira à faire naître des enfants capables de vivre
plusieurs siècles, le signe de l’Arbre de vie sera donné aux hommes. L’humanité
en sera changée. Si les hommes retrouvent la capacité à vivre longtemps sur
terre, la procréation relèvera de l’État, ainsi que la contraception
obligatoire. La fécondité et la naissance d’un enfant deviendront davantage
affaire de science que d’union amoureuse d’un couple. Cela se fera contre les
volontés les plus explicites de Dieu, lui qui lia jadis fécondité et amour
conjugal, vie courte sur terre et humilité de l’homme. Ce signe est de grande
importance puisqu’il rejoint le fondement même de la révélation biblique sur le
sens de la vie terrestre.
La décision de prolonger la vie
sur terre constituera le dernier tremblement apocalyptique. Ce sera aussi le
dernier des signes sensibles donné à l’humanité. Toute l’Écriture sainte aura
été accomplie. La Genèse et Apocalypse se rejoindront. « Les méchants feront le mal et les méchants ne comprendront pas
». Le jour où ce rêve sera tenté, ce jour-là, on pourra dire: «l’Écriture est accomplie ». Tout ce qui
était annoncé est achevé. La coupe des iniquités est pleine. Le Messie revient[19].
Il est probable que les hommes
sentiront confusément qu’ils ont commis un blasphème direct contre les volontés
de Dieu : « Les nations sur la
terre seront dans l’angoisse, inquiètes du fracas des flots et de la mer. Des
hommes défailliront de frayeur dans l’attente de ce qui menace le monde habité
car les puissances des cieux seront ébranlées.[20] »
[1] Disposer au salut ne veut pas dire donner le
salut : Humilier les cœurs ne signifie pas les unir à Dieu. Mais c’est une
première étape…
[2] Matthieu 4, 4.
[3] Matthieu 24, 22.
[4] Matthieu 24, 22.
[5] L’histoire nous montre qu’elles furent dramatiquement vraies pour bien
des générations de nos ancêtres, sans compter les signes donnés par Dieu sous
formes d’images dans le ciel. On pense au soleil dont l’image tourna et parut
se précipiter sur la terre à Fatima. On pense aussi à ce que rapporte la Bible
dans le deuxième livre des Maccabées 10, 29: « Au fort du combat, apparurent du ciel aux
ennemis, sur des chevaux aux freins d'or, cinq hommes magnifiques qui se mirent
à la tête des Juifs ».
[6] Voilà en résumé le sens de ce livre.
[7] Littéralement, en Matthieu 24, 28: « Où que soit le cadavre, là se rassembleront les vautours». Seuls les mystiques, fils de Marie, pourront contempler les restes de l’Église disparue (les bâtiments désaffectés, les anciens traités théologiques), et comprendre ce qui se joue.
[8] Jean 6, 63.
[9] Apparition reconnue canoniquement par l’Église. Les textes cités ont une certaine autorité dont le degré est rappelé en fin d’ouvrage.
[10] Matthieu 24, 29.
[11] Matthieu 5, 18.
[12] Le philosophe athée Feuerbach a analysé avec justesse le feu profond de l’âme humaine. Pour lui, le Dieu des chrétiens et son amour jusqu’à la mort fut le seul « conte » imaginé au cours de l’histoire et capable de répondre à la nature même de l’inconscient spirituel le plus profond. (Voir L’essence du Christianisme)
[13] La Genèse fait de la mort le mystère le plus ultime, celui que l’homme veut à tout prix vaincre. Genèse 3, 22 Puis Yahvé Dieu dit: « Voilà que l’homme est devenu comme l’un de nous, pour connaître le bien et le mal! Qu’il n’étende pas maintenant la main, ne cueille aussi de l’arbre de vie, n’en mange et ne vive pour toujours! » A la fin du monde, la notion d’arbre de vie (Genèse 3). Ce livre, qu’on prend habituellement comme une œuvre mythique, rejoint l’histoire de manière surprenante.
[14] Genèse 3, 22 et ss.
[15] Genèse 6, 1.
[16] Genèse 3, 24.
[17] Donc dans un autre monde, pas ici-bas, quoi qu’en pensent les Témoins de Jéhovah.
[18] La science génétique est de grande importance dans cette histoire car celui qui la maîtrise possède le pouvoir sur la vie. Pour l’orgueil humain, elle est donc l’une des conquêtes les plus importantes. Mais l’A.D.N. est aussi un texte écrit. Loin d’être produit par le seul hasard, son évolution est provoquée par la plus intelligente des actions. Les logiciels de la vie furent produits comme par des ingénieurs informaticiens, par un ordre d’anges que saint Thomas d’Aquin appelait Vertus. En conséquence, la connaissance des mécanismes génétiques produira deux effets : 1- L’existence d’une Intelligence organisatrice du monde ne pourra plus être niée (voir le texte de Paul VI cité au chapitre 4, troisième étape de l’apostasie). 2- Il sera plus que jamais possible de se révolter contre Dieu grâce au pouvoir sur la vie humaine (clonage, chimères, tout sera imaginable, jusqu’à la limite fixée par rapport à l’immortalité.)
[19] Quant à la tentative de rendre l’homme immortel sur terre, ce prodige ne pourra jamais être réalisé, nous l’avons montré. C’est la limite ultime des permissions de Dieu concernant les réalisations orgueilleuses de la science humaine
[20] Luc 21, 25. Rappelons pour la dernière fois que ce genre de textes semble annoncer au sens premier littéral des évènements futurs. Bien que leur autorité est la plus haute qui soit, ils doivent être utilisés avec prudence car leur sens est souvent, de par la volonté de Dieu, multiple.