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JUILLET – AOUT 2006 DIFFUSION GRATUITE
FAITES LA CONNAITRE
LA
FRANCE ENDEUIL …
Matthias
et Madison sont morts…
« Nos prisons renferment 35% de délinquants et criminels sexuels » – information donnée par le garde des sceaux -. Combien devraient-ils s’y trouver ?
On prétend que ce nombre serait la conséquence de la facilité de
porter plainte, des points de paroles et autres obligations de la loi. Faut-il
réellement accorder de l’importance à cette donnée ? Une question
incongrue ! Un seul délit de cette nature est trop. Une catastrophe.
Quelle est cette société qui ne parvient plus à contenir ses
faiblesses ?
Quelle est cette société qui ne parvient plus à protéger ses
enfants ?
De tous les temps, il y eut ces drames. La mort d’Abel ne fut-elle
pas le premier crime ?
La nature humaine est profondément blessée. Son drame est de ne plus
vouloir ni savoir le reconnaître. Elle ne sait plus avouer ni s’excuser.
L’humanité s’épuise par son aveuglement. Elle se fatigue en
justifications… Elle veut échapper à une culpabilité de l’acte mauvais, du
péché. Elle renvoie sur l’autre sa culpabilité, elle s’invente de faux béliers.
L’impensable s’est reproduit.
On a bavardé sur ces drames, sur le mal, la récidive… De raisonnables
vieilles filles !
On légifère sur le mal, on lui donne un statut juridique. On divorce
comme on déguste une pâtisserie ; on avorte dans le remboursement comme on
éternue ; on s’unit dans le même slip, la même culotte ; l’enfant est
une friandise conventionnelle, un petit jésus de cadi, une denrée de super-marché
– : « les yeux bleus, S.V.P ! »
Au nom d’une liberté ténébreuse liée à un individualisme luciférien,
on se permet tout.
Pourquoi s’étonne-t-on que le pire soit si immense… ?
Nos sociétés ne sont qu’une effroyable offrande à Moloch : que
de sacrifices humains en ces jours sinistres ! Ce n’est plus qu’une
géhenne !
Nous sommes confrontés aux conséquences savamment orchestrées depuis
le siècle des ‘lumières’ du reflux de Dieu, de la loi naturelle, de la morale …
Pourquoi s’étonner de toute cette souffrance ?
Vous riez de ceux qui vous parlent de l’influence grandissante de
Lucifer : vous exigez une explication raisonnable, rassurante,
rationnelle, scientifique. Il n’y en a pas. Vous avez rejeté Dieu. Vous avez
maintenant le triomphe du péché, celui du mal.
On recense par an : 250 000 avortements légaux, il faut
multiplier par trois à cinq les illégaux et, il faut savoir que l’on n’est pas
regardant quant au nombre de semaines : beaucoup de Matthias et de
Madison !
Sur qui pleurez-vous, en vérité ? Sur les terreurs que génère
notre décadence…
A PERDU
SON CLOWN DES MOTS…
MONSIEUR
RAYMOND DEVOS
EST
ENTRE DANS L’ETERNITE
En citoyen du Nord, de nos Flandres, Monsieur Devos était un homme de cœur, un homme généreux, respectueux de l’autre, de son prochain.
Nous ne lui connûmes ni vulgarité ni méchanceté. Il ne descendit pas
dans la mise en vente de son talent aux dépens des autres.
Il nous séduisit par sa capacité à observer notre humanité avec un
recule inégalé. Nous eûmes en lui l’un de nos plus profonds miroirs. Il
réfléchissait l’absurde de nos suffisances tout en nous amenant à en rire.
Sa dextérité à jongler avec
les mots m’aida à entrer dans l’harmonie et le génie de notre langue
maternelle. Il intervint pour beaucoup dans mon amour du Français.
Il fait partie du panthéon de ma destinée. Il ne sut pas qu’il
soulagea bien souvent mon esprit et mon cœur mes détresses.
Monsieur Raymond Devos n’est plus…
Le clown s’en est allé…
Chers lecteurs, l’idée nous est venue de continuer l’étude des encycliques de tous les successeurs de Pierre, depuis Jean XXIII. Si Dieu nous le permet, nous étudierons celles de Pie XII plus tard.
Nous souhaitons contempler l’unité de la pensée de l’Eglise, de son
enseignement. Il nous semble intéressant d’essayer d’entrer dans l’intelligence
du cœur de l’Eglise, d’éclairer sa prévenance maternelle envers tous les
enfants de Dieu pris en otages par l’esprit du monde. Peut-être, puiserons-nous
au détour d’un commentaire, d’une pensée ramassée, la nourriture qui renforcera
notre identité de catholique romain. Nous l’affirmerons tranquillement dans la
clarté de la charité.
Vous observerez que nous usons de la première personne du pluriel.
C’est pour nous le seul moyen d’établir une certaine distance avec le sujet
pour contenir notre sensibilité et rester dans la rigueur intellectuelle. Nous
ne voulons plus nous laisser submerger par des sentiments aussi contraires que
la colère, la polémique, l’indignation émotionnelle.
Certains sujets abordés dans les enseignements pontificaux renvoient
à une actualité douloureuse au sein de l’Eglise de France. Nous ne pouvons plus
rien faire que de souffrir, prier et offrir. On ne peut pas grand chose contre
la médiocrité, ni contre ce qu’il convient de qualifier : de pastorale
défigurée par une apostasie pratique, banalisée.
Nous vous proposons, d’entreprendre un voyage émerveillé dans les
enseignements pontificaux. Nous vous demandons toute votre indulgence pour
l’imperfection inévitable de ce travail. N’est-il pas enseigné que la pauvreté
est une source de richesse ?
A
l’occasion du centenaire de la mort du Saint Curé d’Ars.
Commentaire
de Pierre-Charles Aubrit Saint Pol
La première encyclique de Jean XXIII révèle qu’il avait l’habitude d’un cœur à cœur avec Jésus - le Bon Pasteur – et avec ses prêtres. On comprend, qu’il se voulait très proche d’eux.
Sa grâce sacerdotale fut vécue chez lui comme le levain quotidien de sa vie d’union à Dieu, mariage indéfectible avec l’Epouse qui est l’Eglise. Sa sollicitude envers les prêtres est d’une intensité peu commune tout en la maintenant étroitement liée à sa sollicitude de Pasteur. Il ne se prenait pour le pape, il se souvenait d’être un baptisé devant œuvrer d’abord à son propre salut. Il n’oublia pas qu’il fut prêtre avant d’être pape. On remarquera que la convocation prochaine du concile Vatican II est en filigrane.
Nous ne nous empêchons pas de sourire aux esprits forts qui voyaient en lui un pape de transition.
Dieu a beaucoup d’humour, il lui arrive même de nous faire un pied de nez.
Malgré un style littéraire empesé et dépassé, étrangement protocolaire, cette encyclique n’a rien perdu de son étonnante actualité. Si lors de sa parution tous les prêtres s’en étaient nourris, peut être que le nombre de défroqués eut été moindre, que la crise n’eut pas été si forte et, qu’elle n’aurait pas le prolongement qu’elle connaît…
Dans son introduction, le Bienheureux Jean XXIII insiste sur l’appel si particulier que le baptisé reçoit au cœur du peuple de Dieu : « Peuple de baptisés… » Il marque l’esprit de son encyclique par une citation du dernier discours de Pie XII qu’il ne put prononcer :
Le caractère sacramentel de l’ordre scelle, de la part
de Dieu, un pacte éternel de son amour de prédilection, qui exige en échange de
la créature choisie la sanctification […] Avec humilité et vérité, le clerc
doit s’habituer à nourrir, au sujet de sa personne, une conception bien
différente et bien plus haute que la conception ordinaire du chrétien, même
éminent, il sera un élu parmi le peuple, […] Il ne s’appartient plus, il
n’appartient plus à ses parents et à ses amis, pas même à une patrie déterminée :
la charité universelle sera sa respiration. Ses pensées elles-mêmes, sa
volonté, ses sentiments, ne sont pas les siens, mais sont ceux du Christ qui
est sa vie.
Pie XII, résume l’idéal du sacerdoce.
C’est une proposition exigeante, vigoureuse, humainement impossible à
accomplir, comme le fut la montée au Calvaire de Jésus et sa Crucifixion.
Inhumain sans la grâce !
Que l’homme se donne à Dieu sans retour et tout devient possible,
surtout l’impossible.
Si l’appel au sacerdoce est une vocation immense, indépassable, il
n’en est pas moins vrai que tous les autres états de vie sont des vocations,
des appels. Des appels pris dans un seul et unique appel : contempler Dieu
face à face, lui devenir semblable par une vie d’union au Christ qui n’est
possible que par Marie.
Contrairement à ce qu’enseignent les mouvements intégristes et
traditionalistes, le sacerdoce n’est pas l’unique vocation. Une telle
affirmation procède d’esprits cléricaux, elle induit des attitudes radicalement
opposées à l’Evangile, à l’esprit des béatitudes. Quelque puisse être l’appel
dans l’Appel, aucune vacation n’est médiocre, n’est méprisable, car pour un
baptisé, elles sont toutes marquées par le sceau du Bon Pasteur. Un prêtre
orgueilleux de son état sacerdotal, du prestige de cette élection, est une âme
en grand danger, égarée dans les méandres obscurs d’un pharisaïsme déicide.
Nous ne croyons pas que la vocation au mariage soit à mépriser par
rapport à celle du sacerdoce, d’autant que, c’est le mariage qui explique et
justifie le célibat lié au sacerdoce et celui de la vie religieuse. La vocation
au mariage est immense, elle comporte des périodes parfois bien inhumaines.
Le sacerdoce couronne les états de vie à la manière d’un puisard, il
ne doit pas cesser de donner les grâces pour chacun des enfants de Dieu.
Dieu gratifia l’humanité de plusieurs appels : du néant, il suscita la matière ; de la matière, il appela la vie : végétaux et animaux ; puis de l’animal, il appela l’homme à être et pour cela il le fit semblable à lui.
Il appela l’homme à le connaître ; il appela une tribu à devenir un peuple ; il vint sur Terre prendre la nature humaine pour appeler toute l’humanité à Lui et c’est alors qu’il fit de tous les états de vie une vocation – un instrument de salut – et au dernier repas, il institua l’Eucharistie et appela certains à partager sa mission de Grand Prêtre.
Tous les hommes et les femmes reçoivent un unique appel, une unique vocation accepter son adoption filiale pour contempler Dieu face à face. Aucun appel, aucune vacation si idéale qu’elle soit n’échappe à cet unique et impératif appel au salut.
Si le sacerdoce est au sommet des appels, c’est que l’homme couronne
la création, car il est ordonné au Verbe Incarné. Le prêtre est le lien visible
par lequel la transcendance et l’immanence se rejoignent pour le salut de
l’humanité et de la création.
Jean XXIII met l’accent sur des points particuliers de la vie
sacerdotale confrontée à un monde moderne malade du matérialisme, du
relativisme, atteint par une immoralité croissante :
En effet, en retraçant les traits
de la sainteté du Curé d’Ars, Nous serons conduit à mettre en relief des
aspects de la vie sacerdotale, qui en tout temps sont essentiels, mais qui
prennent de nos jours une telle importance […]
Il rappelle la nécessité d’introduire dans la vie sacerdotale une réelle ascèse à l’exemple du saint Curé d’Ars. Il n’est pas dans sa pensée pour autant d’exiger des prêtes qu’ils imitent en tout point sa vie ascétique.
Il appartient à chacun, selon la vérité de son corps et de sa
personnalité, de choisir une ascèse appropriée sous la vigilance de son
directeur spirituel. Il nous semble que la fidélité à son baptême est une bonne
ascèse, tout le reste est question de générosité, de possibilité. Certaines
pratiques ascétiques ne sont pas nécessairement des moyens sains pour la
sanctification. Pascale est, pour nous, un contre exemple d’ascèse
sanctifiante.
Transcender le quotidien par la pratique des béatitudes, des conseils
évangéliques, nous est un bon programme d’ascèse…
Plus loin, il rappelle que le prêtre séculier n’est pas tenu au
respect des conseils évangéliques, sans pour autant le dégager de la nécessité
de perfection :
Et si, pour atteindre à cette
sainteté de vie, la pratique des conseils évangéliques n’est pas imposée au
prêtre […] n’est
pas imposée au prêtre […], elle s’offre néanmoins […], comme la voie royale de
la sanctification chrétienne.
A l’exemple du Curé d’Ars, il souligne le danger des richesses.
Certes, c’est un vrai danger, il peut ne pas disposer le cœur à une authentique
compassion, il peut ne pas voir les plus démunis et ne pas comprendre.
Nous soulignons qu’une pauvreté non acceptée peut fortement
indisposer les esprits, les handicaper tout autant à s’ouvrir à une charité
sans limite.
Il y a aussi une pauvreté extrême qui, malgré les meilleures
dispositions du prêtre, peut l’éprouver au-delà de toute mesure humainement
acceptable. Il appartient à l’ordinaire de veiller à ce que l’insécurité
matérielle de ses prêtres ne devienne une pierre d’achoppement. Il s’agit là
d’une réflexion débutante sur l’équilibre nécessaire à reformuler dans la vie
du prêtre séculier. Il reprend une citation de Pie XII :
Au milieu d’un monde corrompu où
tout se vend et tout s’achète, le prêtre doit passer exempt de tout égoïsme,
saintement s’éloigner de toute bonne cupidité et de gain terrestre, se donnant
à la recherche des âmes, non de l’argent, de la gloire de Dieu, non de la
sienne.
Et du Curé d’Ars : Combien
ont de l’argent qu’ils tiennent enfermé, tandis que tant de pauvres meurent de
faim !
Le pontife conclue par un témoignage sur les prêtres qui vivent souvent dans des conditions très difficiles, il se réjouit dans leur pauvreté et les honore.
Il désapprouve l’attitude qui consiste à ne pas soutenir les prêtres
sous le prétexte qu’ils devraient vivre les conseils évangéliques ; alors
qu’un nombre important connaissent des conditions matérielles très difficiles.
Nous portons ici notre réflexion sur un aspect possible de la crise
poste conciliaire. A peine un quinzième des catholiques pratiquants donne au
denier du culte et apporte un soutien personnalisé à leur curé. Pourquoi ?
Ce pourrait-il que la cause soit à rechercher dans le comportement du pasteur
et de son évêque ?
Combien de catholiques n’ont-ils pas été blessés par des
comportements sectaires, autoritaristes, imposant des réformes sans souci des
sensibilités de leurs paroissiens, sans explication, sans respect de leur
personne ?
Combien, encore actuellement, ne se sentent pas acceptés par leur église,
leur diocèse parce qu’ils n’ont pas le profil d’une nouvelle orientation
pastorale derrière laquelle se cache des options trop souvent
hétérodoxes ?
La hiérarchie d’un diocèse est, pour plus qu’aucune autre société
humaine, dans l’obligation d’être attentive à ce que chacun puisse se sentir
chez lui dans son église. N’est-il pas urgent de rappeler à certains évêques et
prêtres qu’ils président à la communion des saints ! Ils ont donc à
veiller au triomphe de la charité intra muros.
Pourquoi s’étonne-t-on de la réduction du denier du culte ?
Pourquoi s’étonne-t-on de l’éloignement affectif et déférent des paroissiens
vis à vis du prêtre, du curé, de l’évêque ? Quand comprendra-t-on qu’il
faut arrêter d’humilier le peuple de Dieu ?
Nous trouverions une multitude d’exemples qui illustrent le
dessèchement des bonnes volontés. L’évêque, le curé, le prêtre doivent veiller
à ce que chaque catholique se sente chez lui dans la maison du Christ,
accueilli dans la communauté paroissiale, nul ne doit se sentir exclu.
Que l’Eglise redevienne une maison accueillante et sa table sera
abondante !
Jean XXIII s’étend longuement sur le conseil évangélique de la chasteté. Il s’appuie sur l’exemple du saint Curé d’Ars :
Et toute sa vie, il pratiqua, à
un degré héroïque l’ascèse de la chasteté.
Son exemple sur ce point apparaît
d’une particulière opportunité, […], dans un monde où règne une atmosphère
d’excessive liberté et de sensualité. […] Il faut à tout prix combattre les
périls de l’isolement, d’énoncer les imprudences, écarter les tentations de
l’oisiveté ou les risques de surmenages. […] Cette ascèse nécessaire de la
chasteté, loin d’enfermer le prêtre dans un stérile égoïsme, rend son cœur plus
ouvert et plus disponible à tous les besoins de ses frères. […] Avec Pie XI,
nous la considérons comme la gloire la lus pure du sacerdoce catholique, elle
nous semble « la meilleure réponse au désir du Cœur de Jésus et à ses
desseins sur les âmes sacerdotales. »
La chasteté consentie, offerte est l’un des points
les plus élevés d’une vie d’ascèse. Elle est ce qu’il y a de plus sacrificiel
dans le don de soi que l’on fait à Dieu et aux hommes, car tout être qui
possède la vie tend à la donner. C’est une loi naturelle. Elle s’inscrit
dans tout ce qui témoigne de la vie.
Il faut ici s’arrêter quelque peu : revenons à la notion
culpabilisante de la pratique sexuelle et de la chasteté. Même si avec vigueur
et rigueur, l’Eglise ne cesse de rappeler que la nature du péché originel n’est
en rien liée à la consommation des sens ; pour des raisons de blessure
psychologique et de culture non-aboutie, un mouvement naturel pousse à
considérer le rapport sexuel comme mauvais en soi. Cette situation s’aggrave
avec la très perverse influence du jansénisme et du puritanisme de la Réforme. L’influence
conjointe de ces facteurs associée à celle de la psychanalyse font que l’acte
sexuel continue d’être appréhendé avec suspicion et obscurcit lourdement
l’intelligence de la vie sexuelle et de la chasteté. C’est en partie à cause de
cette obscurité savamment entretenue par des courants conservateurs,
traditionalistes et par une culture laïciste primaire que la chasteté et le
célibat restent incompris et difficiles à vivre surtout pour les prêtres
séculiers. Il en est de même pour la continence dans le couple.
Ce problème est faussement posé, dans la mesure où le conseil
évangélique, l’enseignement du magistère et des pères spirituels rappellent que
la chasteté offerte, acceptée dans des conditions claires, est un acte d’amour
et de liberté. Il n’est en rien le résultat d’un acte moral ou moralisateur. Il
n’est en rien réparateur du péché originel qui ne porte pas sur l’acte sexuel
mais sur un autre choix de liberté que celle proposée par Dieu.
L’offrande de sa vie sexuelle dans le célibat consacré, dans le
sacerdoce ou dans la continence du couple n’a rien à voir avec la morale. C’est
le don de soi à Dieu et à l’être aimé.
Cette offrande, pour le futur religieux, pour le couple, le prêtre
séculier doit être le résultat non seulement d’une longue réflexion, mais
également celle d’une étape dans le développement de l’humilité intérieure. Il
nous semble dangereux d’exiger ou de s’exiger à cette offrande sans se faire
vérifier quant au fondement et motivation d’une telle décision. La chasteté, la
continence ne sont pas une fin en soi. Ce n’est pas une conclusion, mais un
départ d’amour nouveau, plus large, plus universel qui, nécessairement, dépasse
notre moi, notre personne.
Il importe, que cet engagement suive une préparation où l’accent sera
mis sur la vie intérieure, dans laquelle on s’efforcera d’aider le postulant à
construire et à se construire par une vie d’union à Jésus-Christ qui passe par
une vie d’union à Marie.
Il est urgent que l’Eglise prenne un soin attentif à la formation
spécifique des directeurs spirituels surtout pour notre génération confrontée à
un néo-paganisme agressif et au
délabrement de la morale naturelle.
La difficulté de vivre les conseils évangéliques tient davantage au
manque d’humilité, à l’acceptation de ses pauvretés intérieures, qu’aux
tentations du monde.
La chasteté sans humilité est un fléau d’orgueil pour l’âme et pour
l’entourage aussi dangereux que la menace atomique.
L’humilité, l’esprit de pauvreté sont la clef pour vivre en vérité
les vertus et les conseils évangéliques. Ils disposent les cœurs à l’amour de
Dieu et du prochain. Ils sont les parures de gloire pour tous les états de vie.
Préoccupons-nous de développer l’humilité, l’esprit de pauvreté et tout le
reste, tel le principe de la chasse d’eau, suivra en son temps.
Il peut arriver que Dieu permette, pour tous les états de vie, des
faiblesses charnelles qui n’engagent que leurs auteurs et circonscrits à leur
seule personne, pour les maintenir et développer en ces âmes l’humilité et
autres vertus qui sans cette faiblesse ne seraient jamais acquises.
Nous constatons, dans les cas de graves perversions sexuelles, hormis
les blessures subies antérieurement, une constante chez leurs auteurs,
l’absence radicale d’humilité. Il n’est qu’à analyser leur relation avec le
pouvoir ou l’autorité qu’ils détiennent ou veulent détenir pour comprendre
l’enfer que ces orgueilleux vivent.
Une ascèse orgueilleuse est tout aussi dangereuse que s’installer
dans la concupiscence, dans les deux il n’y a pas lutte, c’est l’orgueil qui
triomphe. Il s’agit de deux figures emblématiques satisfaites d’elles-mêmes.
La vie sacerdotale séculière devrait faire l’objet d’une réflexion
quant à son adaptation. Le monde est ce qu’il est et deviendra de plus en plus
dur. Il supportera de moins en moins les témoins d’un Dieu de vérité et
d’amour. Sans modifier radicalement le sacerdoce séculier, peut être serait-il
opportun d’envisager une vie plus communautaire qui, tout en respectant
l’indépendance, produit un environnement plus sécurisant, plus protecteur. Peut-on laisser seul un homme dans un monde
qui lui est de plus en plus hostile ? Il serait peut-être important de
réfléchir sur une vie paroissiale plus familiale qui protège son curé, le soutient et qui se laisse guider par lui sans
confusion des rôles.
L’Eglise Catholique d’Occident, poussée par un mouvement venu du
peuple de Dieu et, parmi les plus humbles, décida du célibat des prêtres
séculiers et des évêques. Il s’agit d’une décision prise dans une optique
purement spirituelle qui n’est nullement liée à un énoncé dogmatique. C’est un
choix disciplinaire. Le prêtre représente l’Eglise épouse du Christ, on ne peut
avoir qu’une seule épouse.
Cette disposition n’est imposée qu’aux candidats qui pensent avoir la
vocation sacerdotale ou religieuse ; elle fait partie d’un schéma de vie
qu’on accepte intégralement ou que l’on rejette. C’est un célibat difficile à
vivre, car le sujet est souvent confronté à une lourde solitude. Le célibat est
humainement quasi insupportable, il implique que le postulant suive une
préparation forte dans une recherche de vie d’union à Dieu.
La question du mariage des prêtres revient sans cesse par ceux qui,
n’ayant pas persévéré dans une vie d’union, dans une discipline intérieure,
fermés à la compassion maternelle de l’Eglise, accusent celle-ci de ses
exigences. A grand renfort de scandales savamment orchestrés par les médias peu
délicats et peu bienveillants, ils cherchent à la culpabiliser et se défaussent
sur elle. Sans nier les difficultés d’une solitude acceptée à l’origine, il est
indigne et déshonorant d’exposer cette vie de rupture en un défit d’orgueil si
gravement offensant pour l’Eglise et le peuple de Dieu.
Jean XXIII rappelle la nécessité de l’obéissance. Elle est une vertu
et un conseil évangélique qui a sa source dans la désobéissance originelle de
nos Premiers Parents et dans l’obéissance absolue du Christ-Jésus sur le Bois
de la Croix. Il est plus difficile d’obéir que de vivre sa chasteté.
L’obéissance pour elle-même n’a aucun sens ; certains la vivent
selon les principes évangéliques pour autant elle ne peut être ni une fuite de
la conscience pour les uns, ni le moyen fatal d’assouvir un besoin de puissance
pour les autres. L’obéissance exigée à un prêtre séculier n’a pas de
comparaison avec celle des religieux. Un prêtre peut légitimement contester un
ordre de son supérieur si celui-ci est contraire aux orientations et
instructions de Rome ou s’il s’oppose à cette part inaliénable de la conscience
ce qui est aussi vrai pour le religieux.
Si les prêtres avaient eu la force morale de s’opposer à des
applications sauvages poste-conciliaires et dépourvues de charité plutôt que
fuir dans une obéissance lâche, bien des souffrances auraient été évitées.
Si l’obéissance est un conseil évangélique redoutable, étroitement
lié à celui de La Passion, l’usage de l’autorité est bien plus redoutable. Nous
avons assisté à bien des abus : au séminaire, dans notre diocèse.
L’exercice de l’autorité demande une profonde humilité, une grande charité,
c’est l’exercice le plus redoutable :
Nous aimons proposer cette
vigoureuse obéissance (Curé d’Ars) aux prêtres, dans la confiance qu’ils
comprendront toute la grandeur et acquerront le goût spirituel. […] Nous ne
voulons pas insister davantage sur ce point, mais nous préférons exhorter nos
fils prêtres à développer en eux-mêmes le sens filial de leur appartenance à
l’Eglise, notre Mère.
Très souvent, les supérieurs les plus autoritaires, autoritaristes
sont des prêtres forts peu obéissants, ayant une vie intérieure proche de
l’inexistence.
Jean XXIII aborde la prière qui doit être au cœur de la vie
sacerdotale :
Homme de pénitence, saint
Jean-Marie Viannay avait également compris que « le prêtre avant tout doit
être l’homme de prière » […] Aux prêtres de ce siècle, volontiers
sensibles à l’efficacité de l’action et facilement tenté même par un dangereux
activisme, combien salutaire est ce modèle de prière assidue dans une vie
entièrement levée aux besoins des âmes. […]
Nous voudrions, Vénérables
Frères, que tous les prêtres de vos diocèses se laissent convaincre, par le
témoignage du saint Curé d’Ars, de la nécessité d’être des hommes d’oraison et
de la possibilité de l’être, quelle que soit la surcharge parfois extrême des
travaux de leur ministère.
La prière dans la vie de tout baptisé est au cœur de la vie du
sacrement baptismal. Elle est une exigence logique pour tous ceux qui prennent
conscience de ce que recouvre la réception du baptême.
La prière est une sollicitation de l’Esprit en l’homme, c’est Dieu
qui, en l’homme, l’origine. Dieu, les Trois Personnes de la Trinité, n’ont
aucune raison de prier puisque Dieu étant Dieu n’a pas besoin de la grâce de la
foi, n’a pas à croire en Lui-même, il est. C’est l’être par excellence.
Il est dans l’ordre que la créature supplie son Créateur, comme il
est dans la même logique qu’elle lui rende grâce d’être à la vie.
La première prière d’action de grâce fut le sourire émerveillé de nos
premiers parents à la vie consciente, la seconde fut quand Dieu fit avancer
l’ordre animal aux pieds d’Adam et Eve et que ceux-ci leur imposèrent un nom.
Cet événement scellait la primauté du genre humain sur l’ensemble de la
création : l’homme, la femme couronnement de toute la création, eux-mêmes
ordonnés à l’Incarnation du Verbe, Fils de Dieu.
Jésus-Christ, Fils de Dieu et fils de l’homme enseigna la prière,
lui-même, en raison de sa nature humaine, se contraignit à la Prière, pour être
dès la Terre, l’Intercesseur au près de son Père.
Le salut de l’homme dépend de sa volonté à admettre que tout est de
la main de Dieu. Cette acceptation est la base qui permet au ferment de
l’humilité de lever. Le priant, le suppliant, l’orante sont des attitudes qui
répondent à l’attente de Dieu. C’est pourquoi l’homme religieux est le bien le
plus précieux qui soit pour l’humanité. Une prière du cœur, pétrie d’amour de
charité, de bienveillance, est d’une puissance infinie, supérieure à toutes les
colères à toutes les forces physiques d’une humanité dévoyée.
Le prêtre ne peut que prier. Il est le Christ au milieu de sa
communauté. Il ne peut qu’imiter son Seigneur, car il est ‘in persona christi’
et le moins qu’il puisse, c’est d’intercéder auprès du Christ-Sauveur pour le
petit troupeau dont il a la charge.
C’est à la manière de dire la messe que l’on sait si un prêtre a une
vie intérieure. La messe est un miroir qui ne trompe pas.
Le prêtre a mission de commémorer la Passion du Christ-Jésus, sa vie
sacerdotale est donc ordonnée au Saint Sacrifice, origine de sa journée et
aboutissement de celle-ci.
Si le prêtre n’est pas l’orante par excellence qui le sera ?
Et pourtant, il y a des prêtres qui continuent d’enseigner que la foi
est essentiellement dans ‘l’action’ – l’action sociale – un activisme délavé,
délabré. De tels prêtres et évêques s’exposent à un effondrement intérieur, ils
deviennent des fonctionnaires avec cette dramatique que l’humain et le divin se
rétrécissent conjointement…
L’encyclique : Dieu est Amour, de Benoît XVI, répond très
heureusement à cette question. Rien ne peut justifier la ‘non-vie’ intérieure
d’un prêtre ; un prêtre en surcharge de travail, en dehors de sa charge
ministérielle directe, est en danger et doit revoir l’organisation de son
travail, il ne doit pas hésiter à déléguer ce qui peut l’être :
Il y a plus. C’est toute la
sanctification personnelle du prêtre qui doit se modeler sur le sacrifice qu’il
célèbre, selon l’invitation du Pontifical Romain : « Considérez
l’action que vous accomplissez, imitez le sacrifice que vous offrez. » […]
Le prêtre ne se contentera pas de célébrer le sacrifice eucharistique, mais il devra
vivre d’une manière très profonde. »
C’est cette haute doctrine que
l’Eglise a en vue quand elle invite ses ministres à une vie d’ascèse et leur
recommande de célébrer avec une profonde piété le sacrifie eucharistique. […]
D’un cœur paternel, nous demandons
à nos chers prêtres de s’examiner régulièrement sur la façon dont ils célèbrent
les saints mystères et, surtout sur les dispositions spirituelles avec
lesquelles ils montent à l’autel et sur les fruits s’appliquent à en retirer.
De cette célébration dépend la fécondité de l’apostolat du prêtre et de toute la paroisse. Il faut noter que le respect strict des canons liturgiques et des dispositions disciplinaires est nécessaire ; quelles que soient les réformes, ce que l’Eglise lie est lié au ciel. Nul n’est habilité, de son chef, à modifier le canon et les règles liturgiques. S’il est un domaine réservé au prêtre, c’est bien celui de la liturgie et des sacrements. Il est très regrettable que certains croient devoir déléguer dans un domaine où le laïc doit rester au seuil des mystères. Bien des problèmes dans l’Eglise Occidentale viennent de la confusion des domaines ce qui engendre une désacralisation et nourrit un relativisme dangereux, témoigne d’une désunion de fait entre la paroisse et le Saint Siège. Bien des prêtres, évêques et laïcs engagent leur salut dans ce domaine.
De la fécondité pastorale du prêtre.
Que le prêtre cependant se convainc, - écrivait Pie
XII – que son ministère, si important, sera d’autant plus fécond qu’il sera
lui-même plus étroitement uni au Christ et qu’il sera guidé dans l’action par
l’esprit du Christ : « sans moi vous ne pouvez rien. »
Mon ami, confiait le Curé d’Ars à un confrère, vous ne
savez ce que c’est que de passer d’une cure au tribunal de Dieu.
A l’exemple des apôtres de tous les temps, il voyait
dans la Croix le grand moyen surnaturel de coopérer au salut des âmes qui lui
étaient confiées.
Que chacun, selon la prudence surnaturelle qui doit
toujours régler nos actions, apprécie sa propre conduite vis à vis du peuple
confié à sa sollicitude pastorale. […] le sort de beaucoup d’âmes est lié à son
zèle pastoral et à l’exemple de sa vie.
En tout cas, chaque prêtre a le devoir d’acquérir et
d’entretenir les connaissances générales et la culture théologique proportionnée
à ses aptitudes et à ses fonctions. […] car il est d’une souveraine importance
que le clergé soit partout et en tout temps fidèle à son devoir d’enseigner.
A l’exemple du saint Curé d’Ars, les pasteurs d’âmes
auront à cœur de se consacrer, avec compétence et dévouement, à ce ministère si
grave, car c’est là que finalement la miséricorde divine triomphe de la malice
des hommes et que le pécheur est réconcilié avec son dieu.
Nous laïcs souhaitons retrouver dans nos paroisses, nos sacristies, nos sanctuaires le rayonnement d’une pastorale lisiblement enracinée dans l’intégralité de la Révélation, délivrée de toutes les infestations idéologiques, dégagée des encerclements de l’esprit du monde. Nous voulons des prêtres biens dans leur peau, identifiables au Bon Pasteur, guidant fermement et paisiblement l’identité si spécifique et si grande du chrétien, ce porteur d’espérance.
Pour y parvenir, dans ces temps si cruels, si obscures, il ne nous semble pas trouver d’autre chemin que celui que nous ouvrit le ciel, l’Immaculée Conception. Bien des difficultés présentes seraient surmontées si chacun des baptisés, en tous les états de vie, faisait appel à Elle, si enfin on voulait bien réintégrer dans son cœur, en vue du cœur à cœur avec Dieu, ces paroles : « Mère, voici ton fils. Fils, voici ta Mère. » « Faites tout ce qu’il vous dira. »
LA TRIBUNE LIBRE
Théodulfe Soplataris
L’impuissance de l’Acte Humain…
Du Da Vinci Code, le film ou le livre, je n’en ai rien lu ni vu. J’ai suivi les conseils du Saint Siège, ils me suffisent.
Pourquoi perde son temps, troubler son esprit avec ce qui n’est qu’une affaire d’argent ?
Son auteur aura induit bien des controverses, des peurs, des indignations, des réactions aussi maladroites qu’excessives et peu honorables.
Certes, il y avait les médias et leur extraordinaire médiocrité, leur indigence intellectuelle, leur zèle à détruire ou tenter de détruire un peu plus la mémoire de Dieu, en insinuant des données qu’ils savent fausses mais bien utiles à leur existence. Faut-il en dire davantage… Laissons le rire de l’âne couvrir le ridicule.
Non, ce dont je veux vous entretenir et qui me fit beaucoup de mal, c’est de voir brûler un exemplaire de ce Da Vinci Code.
Il y a des gestes que l’histoire interdit, quand on a un peu de sens moral. Il fallait arrêter ces énergumènes, les enfermer dans un local pour qu’ils regardent à en vomir les documents relatifs aux atteintes contre l’homme par les idéologies nazies, fascistes, communistes… Peut-être auraient-ils pris la mesure de leur geste abominable et sa charge honteuse ?
Ce fut une scène inacceptable, inexcusable. Arrivera-t-on un jour à abattre Carthage, à abattre la bêtise ?
J’ai participé à une prière publique réparatrice au sujet du film La Dernière Tentation Du Christ ; j’ai été indigné, douloureux pour le Je Vous Salue Marie. Ces deux films sont objectivement et résolument anti-chrétiens. Ils sont objectivement blasphématoires. Jacques Lang, ministre de la culture de Mitterrand, envisageait de financer le film La Dernière Tentation Du Christ avec l’argent public. Quelle joie, quelle opportunité pour lui de régler des comptes de conscience. En a-t-il une de conscience ?
Dans ce cas présent, il fallait se contenter de la position du Magistère. Ce sont des réactions pleines de bonne volonté, mais grotesques, disproportionnées : on existe comme on peut… Et l’on prie publiquement sans charité…
Tout ce qui est excès est nul, mais le nul est un rien maudit… L’impuissance risible de l’acte humain, le geste du serviteur toujours trop zélé.
LE FOIN DE LA POLITIQUE
LA DERISION DE L’ANE
La cinquième république statufia un grand homme, Charles de Gaulle ; donna un homme de cœur et de bon sens : Georges Pompidou.
Dans une sorte de deuil sans terme, elle ne produit plus qu’une coulée de médiocrité informe, d’inexistants.
Depuis la mort de Georges Pompidou, le peuple de France ne sait plus guère se trouver des repères d’espoir. Le collège politique ne sait plus voir ni entendre le peuple qu’il prétend gouverner. O bien sûr, il y a des accrocs évènementiels qui lui permettent de donner le change, de reluire les dorures ! Nous suffoquons dans une nébuleuse agitée, soutenue par un magma de médiocrité à l’impressionnant volume.
L’acte du politique se rythme par l’apparition des scandales. Le peuple de France vit une cascade d’humiliations, son honneur est répétitivement blessé.
Nos élus, nos hommes de pouvoir, n’ont plus de respect pour le mandat qu’ils reçoivent directement du peuple ou par délégation. Ils n’ont même plus le sens de l’Etat.
Un nouveau scandale éclate, il implique des ministres et le Président, le pouvoir est discrédité. On se rit de la France ! Pas une once de démission.
Antérieurement, d’autres scandales éclatent et voici que les personnalités impliquées reviennent sur la scène politique et se proposent de présider aux destinées du peuple…
Qui mange le foin ? Il ne reste que le rire de l’âne !
L’HISTOIRE DE L’EGLISE
Eusèbe de Césarée
Monophysites et
Néo-chalcédoniens
Les cinquièmes et sixièmes siècles sont les écrins de la paternité spirituelle, culturelle et politique de toutes les ruptures de la communion dans l’Eglise, hormis la Réforme.
Ils auront été les berceaux de tous les intégrismes, des intransigeances, personne ne sut en apprendre la leçon. C’est la nature humaine…
L’opposition anti-chalcédonienne génère le monophysisme :
Il convient de préciser le contenu dogmatique de ce
terme (monophysisme) qui, pour être traditionnellement attaché à l’opposition
anti-chalcédonienne, n’en est pas moins largement impropre. La position
doctrinale assumée par Sévère […], est en effet très loin de l’hérésie franche
et brutale que ce terme laisserait imaginer. […] Sévère et les siens repoussent
avec horreur le Tome du pape Léon, la définition de Chalcédoine et leurs précisions
sur les deux natures, les considérant comme suspectes de nestorianisme, les assimilant purement et simplement à
celui-ci. La contrepartie positive
s’exprime avant tout par un attachement passionné, littéral, intégral, à
l’enseignement de saint Cyrille : obstinément attaché à son vocabulaire,
les sévériens continuent à assimiler la « nature » à l’hypostase et à
la personne. […], leur pensée se développe à partir d’une contemplation du
Verbe éternel ; c’est toujours sur Lui, sur sa divinité qu’on médite,
lorsqu’on médite, lorsqu’on passe de la Trinité à l’Incarnation, du Fils de
Dieu à Jésus-Christ ; de celui-ci on exalte avant tout l’unité, les deux
natures ne s’y distinguant qu’en vertu d’une distinction logique, non réelle.
[…] Dès lors l’hérésie, si hérésie il y a, se réduit à
une tendance, dangereuse en soi encore que soigneusement contrôlée, son contenu
matériel se limitant à un résidu minime.
Non sans étonnement ni regret, l’historien découvre que dans ces longues et
âpres querelles qui ont déchiré l’Eglise, l’hérésie en tant que telle a pesé
d’un poids moins lourd que l’attachement passionné à la volonté propre, que
l’esprit de parti et d’obstination dans le schisme.
Le monophysisme consiste en la négation de la nature humaine de Jésus, tout en croyant à la réalité de l’Incarnation.
Il s’agit surtout d’un malentendu humain : on n’a pas supporté l’esprit conciliant du Concile de Chalcédoine. (Confère lettre précédente)
Sévère d’Antioche est l’instigateur de la crise. A-t-il mesuré toutes les conséquences de sa position ? L’orgueil aveugle !
Sévère est un homme d’action, un polémiste, un intellectuel rigoureux. Il lui manquait l’humilité.
Pendant son exil dans le désert égyptien 518 – 528, il construit sa pensée théologique. Après un répit, soutenu par Théodora, il est de nouveau exilé en Egypte où il terminera sa vie 536 – 538. Il aura donné une doctrine au monophysite et fixé la théologie qui perdure de nos jours.
En Egypte, le monophysisme est triomphant. La majorité de l’Eglise Egyptienne est conquise, au point que Constantinople renonce à envoyer un évêque fidèle à Chalcédoine :
[…] n’étant plus contenu par la nécessité de combattre
l’ennemi du dehors, le parti s’émiette, à Alexandrie du moins, par suite de la
prolifération de doctrines rivales : c’est là un des aspects de la
floraison culturelle si brillante dont Alexandrie est le théâtre au VIe
siècle, et que caractérise en particulier, sur le plan philosophique, une
rénovation de l’aristotélisme, surtout dialectique et logique. La compétence
toute nouvelle acquise dans ce domaine trouve à s’employer sur le plan de la
théologie, dans cette grande ville, foyer intense d’hellénisme installé en
marge du pays copte : nous retrouvons, dans ces discussions ardentes,
poussées à l’extrême limite de la subtilité, la tradition disputeuse des
philosophies hellénistiques. Le milieu monophysite s’y décompose en une série
de sectes et de sous-sectes : on en a catalogué une vingtaine.
Les catholiques, les fidèles de Chalcédoine, se battent sur deux fronts : se coupent radicalement du nestorianisme et s’approprient la pensée de saint Cyrille pour mieux contrer les monophysites :
En présence d’une telle situation, on comprend que, du
côté catholique, théologiens et hommes politiques se soient interrogés sur les
voies et moyens qui permettraient d’en finir ; l’unité imposée du dehors,
telle que l’avait tentée l’Hénotique n’avait fait qu’accroître la
confusion : la solution ne pouvait se chercher que sur le plan dogmatique.
D’où une tendance à se rapprocher le plus possible de la position farouchement
tenue par les dissidents, à s’avancer à leur rencontre, cela d’autant plus que,
ainsi qu’on l’avait vu pour Sévère d’Antioche, la distance qui les séparait de
l’orthodoxie bien comprise se réduisait le plus souvent à peu de chose.
Rome assume et défend sans faiblesse Chalcédoine malgré des tentatives de religieux orientaux essayant de concilier les deux tendances par des formules molles. Le pape Hermidas (520) tient bon.
La querelle entre chalcédoniens et monophysites est localisée dans l’Eglise Orientale. L’Eglise Latine n’est pas touchée.
L’empereur Justinien initie une politique d’union, il convoque une conférence contradictoire entre orthodoxes et sévèriens, rien y fait. L’empereur-théologien entre dans le débat, il va imposer ses volontés au pape Jean II.
En 543-547 ? Justinien promulgue un nouveau texte monophysite et plonge toute l’Eglise dans la souffrance. Rome s’oppose à cette démarche considérée à juste titre comme confuse. L’empereur fait enlever le pape Vigile, le séquestre et le torture moralement. Le pape est âgé et malade, il finit par céder, car épuisé :
Sincère ou forcée, plénière ou partielle,
l’approbation donnée au Ve concile par le pape Vigile puis, après sa
mort (juin 555), par son successeur, ce même Pélage qui jusqu’à son avènement
s’était montré un éloquent et courageux défenseur des Trois Chapitres, entraîna
dans l’immédiat, nous le verrons, de graves déchirements à l’intérieur des
églises latines. En orient, sur le plan doctrinal, l’apport réalisé par cette
affaire des Trois Chapitres était au total assez mince : le péril
nestorien, contre lequel on affectait de se prémunir avec tant de soin, n’était
pas le danger le plus immédiat qui menaçait la santé de la théologie grecque ;
le caractère un peu trop exclusif de l’approbation donnée à la tradition issue
de saint Cyrille engageait la pensée orientale dans une voie qui devait se
révéler semée d’embûches. : à trop insister sur la divinité du Verbe
incarné, la pleine humanité de celui-ci risquait de n’être plus mis en valeur,
sinon même de perdre son intégrité ; ce que révèleront bien les hérésies
nouvelles qui se manifesteront au début du VIIe siècle :
monoénergisme, monothélisme, et les durs combats qu’elles susciteront.
Sur le plan juridique, l’immense effort déployé avec
tant d’obstination par Justinien se révéla parfaitement stérile : du
moment qu’on accordait pas aux monophysites la condamnation expresse du concile
de Chalcédoine, et ils étaient bien décidés à ne pas se contenter de moins, il
fallait perdre tout espoir de les réunir à l’Eglise catholique. Justinien s’en
aperçut bientôt et reprit à leur égard sa politique de persécution et de
terreur policière.
La crise du monophysisme est dramatiquement dommageable sur le plan humain plus que sur celui de la doctrine comme il a été démontré.
L’un des premiers constats à faire, c’est qu’il ne faut jamais que le politique vienne à se mêler de la vie interne de l’Eglise, même avec la meilleure volonté…
Le deuxième constat, c’est la part terrible qu’aura eu l’orgueil humain et la soif de pouvoir que cela recouvre. Il n’y a pas à si tromper, pour certains fauteurs, ils voulaient de sujets devenir rois. L’Eglise était leur chose, leur propriété.
Le troisième constat est d’ordre psychologique : les schismatiques accusent les autres d’être la cause de leur rupture avec la communion.
Nous voici devant un schéma trinitaire tragique, que l’on reverra dans d’autres drames à venir.
Il est une chose certaine, cette désunion affaiblira considérablement les églises de l’Orient, elles ne sauront comment se défendre contre la conversion sanglante et forcée à l’Islam. C’est à ce point, que l’on pourrait se demander si l’Islam n'est pas, pour les chrétiens, ce que furent pour les hébreux, les philistins ?
Il est évident, que là où l’orgueil prend le dessus de l’acte humain, il reste peut de place pour la charité, pour l’amour…
LA VIE DES MOTS
Pierre-Charles Aubrit Saint Pol
DROITE – GAUCHE
En cette période près-électorale, on entend surgir du fin fond des ombres sanglantes des concepts lessivés, éculés, ravaudés, saccagés, ridiculisés : droite ! gauche !
Si j’étais Jacques Faisan, j’aimerai dire avec son génie : « Demi-tour droite à gauche, demi-tour gauche à droite ! Rester sur place, c’est la meilleure façon de ne pas avancer… »
Je n’ai pas son génie humoristique, ni son talent de dessinateur !
Je vous propose de me suivre dans un voyage à l’intérieur de ces mots, de leurs racines. C’est pénétrer dans une forêt vierge. On y découvre des trésors surprenants. Ils arrivent même à nous faire rire.
Vous voulez rire ! Rions donc ensemble, entre nous ! Car, voyez-vous, le ridicule ne tue plus, mais on peut le contenir par l’humour, même l’arrêter par le franc éclat de rire sans qu’il soit pour autant maçonné.
LA DROITE
Le mot droit vient de la racine indo-européenne « reg » qui donne « ROI » - celui qui dirige en droite ligne - ; en sanscrit « raja » le roi ; en germanique-anglais « right » en allemand « recht » - droit - ; en latin « rex, regis » - celui qui dirige – « le roi. » Par extension : celui qui sert de règle ! Amusant, non ! Ce qui donna rectitude, un mot terrible pour notre personnel politique. Rien de plus risible, quand l’un d’entre eux commence par « en vérité ! » Un rêve ou un cauchemar !
Droit est un adjectif qui apparaît dans le langage vernaculaire au XIe siècle : « celui qui est sans déviation », son substantif donne : « ce qui est permis », ce qui implicitement induit que celui qui permet qui indique le droit est aussi celui qui interdit. Au Moyen-Age, il y avait un nombre considérable de crétins (analphabètes), mais c’est extraordinaire la richesse et la puissance de leur bon sens. Redonnez-nous des crétins de cette envergure… « Silence, dans les rangs. »
Raja qui signifie roi mais qui donna aussi en italo-celtique et indo-iranien raja signifiant alors : la « règle droite » - regula – la règle de conduite ; par extension donna regere, rectus, « diriger » d’où regio, -onis, qui à l’origine a pour sens : « lignes droites, limites tracées dans le ciel par les augures. »
Etre de droite, c’est être droit dans sa vie, dans la vie en générale. C’est maintenir, défendre ce qui est droit. C’est défendre l’ordre droit, la loi naturelle de qui procède la morale naturelle. Etre de droite ce n’est pas une certaine idée de la société, c’est une idée respectueuse des valeurs naturelles et surnaturelles, car le surnaturel donne sens aux valeurs naturelles, il les transcende. Un homme ou une femme de droite sans religion, c’est une soupe sans légumes.
Un homme de droite ne peut être adhérent à une idéologie, car être droit c’est accepter la vérité pour ce qu’elle est. Or, l’idéologie, c’est la refuser et imposer à l’autre l’idée qu’on a de la société ou de l’homme sans considération pour la vérité. (le nazisme et le fascisme c’est improprement qu’on les qualifie de droite.)
Celui qui est de droite est obligatoirement pour la vérité, la justice, pour la défense de la dignité de l’homme, car il accueille l’homme en tout ce qu’il est et en tout ce qu’il a… Etre de droite, ce n’est pas défendre le capital, le riche, le patron ; c’est défendre une vie économique dans laquelle tous ont la place qu’ils méritent et, où le mérite est exalté, car il est la force morale naturelle de tout homme et femme.
Etre de droite, c’est une vie qui génère une culture exigeante qui ne peut s’embarrasser de conformisme qui a envers l’argent le même intérêt qu’a le fermier pour sa bêche, un simple outil et certainement pas une fin en soi. La femme ou l’homme de droite ne peut être bourgeois. Un bourgeois est un bourgeois, il n’est ni de droite ni de gauche, il est bourgeois… Il est selon le vent de son portefeuille, c’est une personne qui aime sa sécurité… Il n’y a pas de sécurité possible pour l’homme de droite. Il est droit donc il relève tous les défis, il accepte d’être dérangé, d’être bousculé, d’être à tous… Le bourgeois n’est pas de droite ni de gauche, il est de tout ce qui le rassure, il n’a aucune valeur fixe sauf celle qui le sécurise. C’est un homme d’ordre mais l’ordre chez lui est un vague concept très mou… C’est petit un bourgeois, il n’aime pas ce qui est grand… L’homme de droite tend à la grandeur, c’est son mouvement naturel.
LA GAUCHE
Gauche vient de gauchir au XIIIe siècle qui a pour sens « se déformer », il se forme par l’ancien français « gauchi ‘fouler’ et walkan », mot franc, et donna en anglais « to walk » et d’un autre mot de l’ancien français « guenchir » du mot franc « wenkjan », faire des détours, vaciller.
« Gauchir » donna aussi ‘de travers, maladroit’, il donnera « gaucherie » au XVIIIe siècle, substitué à « senestre » qui signifie sinistre, du XVIe siècle ; le XVIIIe siècle le modifie en gauche – sens populaire – (substantif féminin) qui sous l’influence anglaise donna « gauchiste. »
Le mot « gauche » est entré dans notre culture sociale très tardivement, au sens d’opposition à droite, il vient du XVIe siècle « sinistre. » C’est sans doute une prophétie…
La gauche a pour sens philosophique « force de renversement », la révolution. Cette fondation qui naît sournoisement dans la culture des courants de la Réforme n’a d’autre signification objective que le renversement de ce qui est droit. Le renversement de la loi naturelle et de la morale qui en émane. Ce qui aboutit au rejet de la transcendance, au rejet de Dieu. On renverse l’ordre naturel pour mieux renverser l’ordre divin et chasser Dieu du cœur de l’homme et si possible de sa mémoire.
Après la phase idéologique, toujours accompagnée d’un « anti-Dieu et anti-religieux » sa substance intellectuelle ne pouvait se porter que sur le renversement complet des ordres naturels et de tout ce qui s’y rapporte et fatalement de l’ordre divin. Elle parvint contre toute attente à entretenir une laïcité idéologique et maintenant néo-messianique. Le grand tournant de ce qui est comme la dernière étape de son œuvre révolutionnaire fut la crise de 1968.
Il est évident que la présence de la gauche dans le paysage social et politique des démocraties dépend de l’achèvement du renversement de la loi naturelle. C’est pourquoi la gauche reste la tête de l’œuvre révolutionnaire.
Et la droite ?
C’est la « droite » qui en France aura le plus fait pour le renversement des ordres naturels et divins.
Cette droite-là, est-elle la droite ? NON. Elle est le réceptacle de la grande et moyenne bourgeoisie qui garde la main sur les leviers économiques et qui, pour la maintenir observe le sens du vent…
Pour la démocratie en France, on peut actuellement considérer l’UMP, l’UDF et, depuis quelque dix ans, mais surtout depuis le deuxième mandat de Chirac, le FN, comme alliés objectifs de la gauche. Nous sommes dans une logique inchangée depuis le XVIIe siècle, la permanence de l’œuvre révolutionnaire, d’abord spéculative et depuis 1789 opérative.
Pour illustrer le propos, on vient d’apprendre que Sarkozy, après un dîner pris avec Mauresmo et son amante, a demandé à certains membres de l’UMP d’étudier un projet de loi pour autoriser le mariage gay.
Que je sache, aujourd’hui, Sarkozy est un homme de droite ? Mais il fut l’élève de Balladur qui, au premier tour des présidentielles contre Chirac et Jospin a dit : « quoique catholique, si j’avais été député, j’aurai voté la loi de l’IVG, car c’est une loi de liberté ! » Fermer le ban !
Le bon sens du peuple français complètement désorienté lui fait pressentir une vérité de corruption : « il n’y a plus de différence entre la droite et la gauche. » Ce qu’il ne comprend pas, c’est que cette situation existe à l’origine de l’œuvre révolutionnaire.
Nous sommes dans la dernière roue de la révolution, aucune volonté humaine ne peut l’arrêter. Il faut attendre le bang de Dieu.
Un chrétien, mis en présence de ces partis, n’a plus à choisir entre deux maux, entre deux malédictions, il peut en conscience voter blanc.
APPEL DE 70 INTELLECTUELS AUX
MUSULMANS DE FRANCE
Pierre-Charles Aubrit Saint Pol
A l’occasion de la sortie du livre « l’Islam en France » qui est de l’initiative de deux chercheurs du CNRS : Zarka et Fleury, en collaboration avec l’écrivain Taussig, ceux-ci ont accordé un entretien à Thierry Portes du Figaro.
Portes présente cet ouvrage comme un outil de référence pour la défense des valeurs républicaines que les intégristes islamiques mettent à mal.
Les auteurs de ce livre, au nombre de soixante-dix, appellent les musulmans à exercer un esprit critique :
L’islam ne peut devenir républicain qu’à la double
condition qu’il intègre l’esprit critique jusque dans le champ du sacré et
qu’il rejette les structures sociales inégalitaires auxquelles il est pourtant
lié. ( Zarka )
Les églises chrétiennes : orthodoxes et catholique ne peuvent s’inféoder à aucune praxie politique, surtout pas pour l’Eglise Catholique Romaine. Une église ne peut devenir républicaine, ni monarchiste pas plus qu’elle ne devrait se laisser infecter par telle ou telle idéologie.
La Vérité évangélique est la Vérité Incarnée. Elle ne procède pas d’une praxie, elle est révélée. Elle n’est et ne peut être soumise au vouloir de l’homme, à aucun vouloir humain fut-il autoritaire.
Il y a une exception : les courants de la Réforme. Ces sectes, car elles ne peuvent être considérées comme des églises, ont inspiré, collaboré à l’émergence d’autres praxies politiques, voir à des cultures révolutionnaires. Elles sont, par leur histoire et leur nature, associées au pouvoir politique et institutionnel. ( Lors de la révolution de 1789, les protestants ont vu dans tous ces évènements la réalisation de leur projet politique.) Citation venant des autorités protestantes.
Il faut noter que le judaïsme, selon les récents propos du Grand Rabbin de France, contribua à l’émergence de la République et de la démocratie et chaque année les juifs prient pour la République : comment peut-on prier pour une praxie de gouvernement !
Pour la religion musulmane et, de manière plus aiguë pour les islamistes, il ne saurait y avoir séparations des pouvoirs civiles et religieux. Car, et c’est là tout le drame, nous sommes en présence d’une religion qui n’est pas révélée, qui procède par un principe absolu d’autorité, générateur d’un concept abominable : celui de l’esclave de Dieu, le soumis. Ce concept quasi pathologique génère le refus de reconnaître dans l’humain autre chose qu’un individu, ce qui amène le rejet de toute liberté de conscience, le rejet de la notion de personne, de l’être de la personne. Nous sommes en présence d’une religion aliénante. Elle génère une paranoïa plus ou moins active selon les situations politiques et sociales qui l’entourent ainsi qu’une peur qu’elle tend à projeter sur les autres. Elle ne peut ni ne veut être respectueuse de l’autre et surtout pas tolérante.
Il est impossible pour une société majoritairement musulmane de correspondre à un schéma politique occidental. Il est dans sa nature profonde d’imposer son propre schéma social et politique dans les sociétés occidentales. Comme il a été cité plus haut, nous sommes en présence d’un mur culturel et religieux. La confrontation de fait est là :
Elle avait paru exorbitante (la critique), pour le
judaïsme et le christianisme qui y ont été pourtant soumis. (Zarka)
Zarka pense au catholicisme, plus loin il développe son opinion, qualifiant les mouvements de la Réforme de salutaires.
Le magistère catholique ne s’est pas soumis à une critique en lien avec les ‘valeurs’ républicaines qui sont toujours à démontrer. L’Eglise, par les conciles et les synodes, adapte sa méthode en vue de sa mission, elle tient compte des réalités du temps.
User du terme « soumission à une auto-critique » en vue de coller à la praxie républicaine révèle un orgueil proche d’une certaine démence et témoigne une étrange inculture et incompréhension de l’Eglise Catholique Romaine.
Il semble, pour ces auteurs, qu’il s’agisse d’une vision du religieux bien plus pernicieuse qu’il n’y paraît. Leur réflexion reprend un thème condamné, une sorte d’utopie macabre. Ils rejoignent les concepteurs du mouvement appelé ‘Sillon’ – dont était membre François Mauriac -, dans lequel des catholiques rêvaient de faire de l’Eglise une alliée de la culture révolutionnaire, républicaine. Dans la mouvance du courant moderniste – le très malheureux toast d’Alger et, après la guerre et le Concile, avivé par les désastreux courants : Theillard de Chardin, les idéologies socialistes et communistes, on assista à une nouvelle tentative qui devait aboutir à la condamnation justifiée des courants de la théologie dite « de libération. »
L’Eglise est au service de Dieu et de l’Homme par l’Evangile qu’elle enseigne à temps et contre temps. Elle ne peut se soumettre à rien qui soit extérieur ou opposé à sa mission. Elle ne peut s’apostasier. Des esprits chagrins ne cessent de travailler à ce projet. Ils veulent, ils espèrent par ce biais se rassurer quant à leur position vis à vis du monde. Quelle pose remarquable que d’avoir une jambe dans l’Eglise et l’autre avec l’esprit du monde ! Une ère de complaisance, d’esprit en paix où la vérité ne serait que toute relative… Cette période se vivra, car il faut que toute chose s’accomplisse, mais qui sera l’Eglise, pas ceux qui auront travaillé à cette apostasie.
Dieu ne permettra pas que son Epouse soit soumise à une volonté qui ne soit pas la sienne. Il viendra un jour où elle sera rejetée socialement de tous. Il ne restera qu’un petit nombre, qu’importe, elle sera toujours l’Eglise et, ce sera la pleine mesure de justice :
Nous défendons les valeurs de la démocratie, des
valeurs […] universelles. (Zarka)
Depuis quand la démocratie est-elle génératrice de valeurs, elle n’en est nullement la matrice : la liberté, le respect de l’autre, la séparation des pouvoirs, sont des valeurs inhérentes à la dignité de l’homme, donc à la dignité de l’humanité, l’Eglise les a toujours défendues. La démocratie est un mode de gouvernement qui favorise leur exhaussement, est-il le seul ? Elle est actuellement si pervertie, si pernicieuse.
L’urgence est-il de défendre la démocratie ? Ne serait-il pas plus urgent de défendre la liberté de conscience, la notion de personne, de l’être de la personne, ainsi qu’une réelle liberté d’expression si malmenée en Occident par des médias et des intellectuels de convenance tout à la fois orgueilleux et lâches ? :
D'emblée
il nous est apparu que la France ne comprenait pas ce qu'elle était en train de
vivre. Comme si la réalité lui était incompréhensible ! Pourtant l'islam, dès son origine, est une religion de conquête.
Et cet esprit n'a pas disparu. Il prend aujourd'hui la forme de l'islamisme.
(Zarka)
Il y a longtemps que l’on sait que
la religion musulmane est une religion de conquête, sa symbolique est le sabre.
Elle n’a que deux possibilités, soumettre ou se soumettre. ‘L’infidèle’ qui
séjourne en terre d’Islam ne peut prétendre à un statut équivalent au musulman.
Lors de l’un de ses voyages en
France, Hassan II, au cours d’un entretien, affirma que c’était une erreur
d’envisager une possible intégration, à moins que le musulman cesse de
l’être :
Ne nous y trompons pas :
l’objectif est de passer d’une minorité oppressive à une minorité tyrannique,
c’est à dire au stade où celle-ci peut dicter sa loi au plus grand nombre, à la
nation tout entière. (Zarka)
L’islam ne se reformera pas de
l’intérieur. […] Il existe bien des réformateurs de l’islam, mais ils sont tous
exilés en Occident. […] Le travail de réforme ne peut être conduit que par des
musulmans. Il faut des hommes, des femmes qui aient le courage de mettre leur
vie en jeu pour le savoir et la vérité, […] (Zarka)
J’ignorai qu’il fut possible de
dissocier la Vérité du Savoir ! Rechercher et trouver la Vérité, c’est
acquérir le savoir. La connaissance ne saurait échapper à l’exigence de la
vérité, car la vérité en est sa finalité et, posséder la vérité c’est
connaître.
Si l’islam ne peut être réformer de
l’intérieur, ce qui semble évident, comment peut-on attendre de réformateurs
musulmans qu’ils travaillent de l’extérieur à cette réforme ?
On ne peut attendre des musulmans
qu’ils réforment leur religion. C’est un peut demander à des prisonniers de
droits communs, à des criminels, de réformer la loi.
Nos trois intellectuels à l’origine
de ce manifeste sont très engagés dans un concept idéologique de la laïcité,
une laïcité néo-messianique. Leur effort est très louable, il ne peut pourtant
être reçu. Il ne nous paraît pas que ce genre d’esprit soit le plus approprié
pour aborder un tel problème. Leur démarche sous-tend un principe très
autoritaire, comme tout ce que génère une idéologie. Ils sont dans l’espoir,
c’est légitime, mais hors de propos.
Le religieux ne peut s’aborder que
dans l’espérance.
Il y a un autre aspect qui n’est pas
assez développé : l’Etat de droit. Que le musulman ait la liberté de
culte, très bien, mais qu’il se soumette sans restriction au droit du pays sur
lequel il vit et, qu’il respecte, faute de la comprendre, la culture, la
civilisation du peuple qui l’accueille. Il appartient à l’Etat, aux
institutions de faire respecter la loi et de veiller à défendre la culture du
peuple.
Il est inacceptable que des lycéens
de confession musulmane empêchent un professeur d’enseigner tel ou tel auteur,
telle matière. La loi doit s’appliquer en tout lieu du territoire.
La France doit rompre radicalement
avec une laïcité qui demeure profondément anti-religieuse, profondément
idéologique. C’est le gros handicap ! Elle ne pourra décrisper le débat
que si elle-même se détend en la matière ; sur ce point, il est urgent
qu’elle passe à l’âge adulte. Que le bon sens et le courage triomphent !
Dans cet entretien, ce qui est
significatif, c’est qu’il n’est à aucun moment question de la compréhension
qu’à l’islam de l’homme.
L’islam reconnaît-il l’homme comme
une personne ? Non.
L’islam reconnaît-il la liberté de
conscience ? Non.
L’islam considère l’humain comme un
individu indissociable de sa communauté et lui interdit d’en sortir.
Voilà ce qui définit une aliénation
religieuse, une aliénation de type idéologique : l’humain objet, sujet et
non pas malheureusement sujet, roi.
Or, Dieu a voulu l’homme si grand
qu’il lui a permis de le rejeter. Voilà la pierre angulaire de la culture
occidentale, pour elle, il faut réapprendre à dire : « NON »
En résumé, il est remarquable que
seules les religions puissent se parler entre elles. Aidons-les à se
rencontrer. Les églises orthodoxes et catholique ont une grâce particulière.
Elles seules peuvent mettre la discussion avec le monde musulman dans la
perspective du salut. Elles ne doivent pas cesser leur effort, même si le point
de rupture est vite atteint.
Dans ce débat, il n’y a pas la place
pour les idéologies, ce n’est pas la place des politiques.
Laissons les hommes de prière se
parler et qu’eux-mêmes n’oublient pas la part inaliénable qui revient à Dieu.
Pierre-Charles Aubrit Saint Pol
De
l’impossible aveu…
« Ils entendirent le bruit
[des pas] de Yahvé Dieu qui se promenait dans le jardin, à la brise du jour, et
ils se cachèrent, l’homme et sa femme, de devant Yahvé Dieu, parmi les arbres
du jardin. Yahvé Dieu appela l’homme et lui dit : « Où
es-tu ? » Il dit : « J’ai entendu le bruit [de tes pas]
dans le jardin et j’ai eu peur parce que je suis nu et je me suis caché. »
Il dit : « Qui t’a appris que tu étais nu ? aurais-tu
mangé de l’arbre dont je t’avais ordonné de ne pas manger ? » L’homme
dit : « C’est la femme que tu as placée près de moi qui m’a donné de
l’arbre, et j’ai mangé. » Yahvé dit à la femme : « Qu’as-tu
fait là ? » La femme dit : « C’est le serpent qui m’a
dupée, et j’ai mangé. » (Gen. III, 8 – 13)
« Ils entendirent le bruit
[des pas] de Yahvé Dieu qui se promenait dans le jardin, à la brise du jour, et
il se cachèrent, l’homme et sa femme, de devant Yahvé Dieu, parmi les arbres du
jardin. »
Adam et Eve n’ont plus de nom,
ils sont l’homme et la femme. Leur faute n’est pas encore avouée, reconnue. Ils
ne sont plus reconnus, pas plus qu’ils ne parviennent à se reconnaître. Ils
sont dans l’obscurité de leur faute. Que sont-ils devenus ? Qui
sont-ils ?
Un homme qui n’a pas avoué sa
faute, même si cette faute est inconnue de la société, a-t-il encore une
identité reconnue ? Ne vit-il pas dans l’ombre, dans les ténèbres de sa
faute, de sa mauvaise action ? Sait-il qui il est, ce qu’il est
devenu ? Tant qu’il ne sera pas passer par l’aveu libératoire, il sera une
ombre errante. C’est la trame romanesque et dramatique de « Crimes et Châtiments
de Dostoïevski. »
Dans nos sociétés modernes, il
est un phénomène, celui d’avouer sa vie contre nature. Il ne s’agit pas pour
autant d’un aveu libératoire qui appelle le pardon, la guérison de l’âme et de
tout l’être. C’est un aveu d’orgueil, le défi aux hommes et à Dieu :
voyez, je vis comme cela et j’en suis fier, non pas fier mais
orgueilleux ! parce que j’ai tant étouffé ma conscience que maintenant
elle ne se fait plus entendre. Je dors bien. Tragique !
L’homme et la femme s’effrayèrent
parce que le bruit du pas de Dieu ne résonnait plus comme un quotidien
désirable. Sa tonalité mordait leur conscience ou la construisait. Dieu voulut
que son pas amorce le début de la Rédemption, qu’il les aida à l’aveu.
Il vient à eux à la brise du
jour, en fin d’après midi. Très souvent chez les petits-enfants jusqu’à
l’adolescence, on peut constater un changement de comportement au coucher du
soleil. Les mamans appellent cette zone : les angoisses vespérales. Comme
si, du très fond des inconscients et des âges surgissait le souvenir de ce
drame cosmique, la faute originelle.
Ils se cachèrent. Ici le verbe
cacher a pour sens : cacher sa faute, se cacher en elle, être enfermé en
elle. Ils ont conscience d’avoir commis un acte désastreux, mais ils ne vont
pas vers Dieu pour s’en faire pardonner, ils se cachent de Lui. Leur
connaissance de Dieu s’est bien estompée. Certains exégètes y voient
l’expression d’un remords. Je ne le crois pas à cause du dialogue qui va suivre
avec Dieu. Ils pourraient bien se cacher pour dissimuler leur nouvel état de
vie qui surgit brutalement, résultat immédiat de la faute. Ils ne voient plus
dans une vérité contemplative, illuminative. C’est la vérité de leur état animal qui s’impose,
vérité brutale. L’insoutenable vérité crue et cruelle de la condition de
l’homme déchu, « l’animalo-humain » qui s’impose comme une mesure
réduite. – Il est des femmes, des hommes qui sont membres de sociétés secrètes.
C’est un grand dommage, car être de ces secrets là est quelque chose de très
sale. Toute société secrète est de part sa nature attentatoire à la dignité de
l’être, de la personne. C’est une démarche implicitement de mensonge. – Les
sociétés secrètes sont des lieux malins et du Malin.
Ils se cachent parmi les arbres
du jardin, - ils ne se prenaient pas pour des arbres, les « écolos
verts-rouges » n’étaient pas encore là -. Ils se cachaient derrières. On
se cache toujours derrière quelque chose ou quelqu’un. – Certains se cachent,
même derrière le derrière de l’autre, on ne sait plus alors derrière qui est
caché le derrière qui le cache, le tout est de ne pas faire un à n’avant ;
se pose le problème de la face cachée ! –
Se cacher, c’est entrer dans
l’obscurité, nuit mauvaise, ténèbres. Fuir la vérité, fuir la lumière. Refuser
de se mettre en présence de la vérité, d’être en vérité. On peut cacher une
mauvaise action pour en commettre d’autres. La faute d’Adam et Eve fut d’avoir
fait choix d’une autre liberté que celle que Dieu proposait et dans laquelle il
n’avait rien à y faire. Ne peut-on concevoir que Satan les incita à se cacher
en vue de commettre d’autres actes conformes à cette liberté fautive ? Ne
venaient-ils pas de reproduire la faute de Lucifer : « Non, je ne
servirai pas. »
Certains exégètes considèrent que
l’épisode de la ceinture de feuilles de figuier exprime le sentiment nouveau de
pudeur et donc de culpabilité et de remords. Lucifer ne prit garde de cet
incident. S’ils s’étaient mis cette ceinture pour retrouver un rien de leur
état originel ? Cette sauvegarde exprime peut être un sursaut de respect
d’eux-mêmes. Geste qui les retint d’aller vers une destruction satanique,
luciférienne. Ce geste permit peut-être à Dieu de les maintenir dans son projet
initial ? Dieu eût pu les faire mourir et susciter une nouvelle génération,
comme il le suggéra à Moïse.
« Yahvé Dieu appela l’homme et lui dit : « Où
es-tu ? » Il dit : « J’ai entendu le bruit [de tes pas]
dans le jardin et j’ai eu peur parce que je suis nu et je me suis caché. »
Dieu appela du néant la matière, de la matière il appela la forme à
qui il donna vie. Et de la matière formée et vivante, il appela l’homme à la
vie de l’être. Il appelle le premier homme à sortir des ombres végétales, des
ténèbres afin de le remettre dans la lumière, dans la lumière de sa conscience.
Dieu appelle ! Combien répondent présent ? La constante de
Dieu vis à vis de l’homme, selon la Révélation chrétienne, est qu’il appelle
l’homme mais jamais ne le contraint :
« Dieu, certes, appelle
l’homme à Le servir en esprit et vérité ; si cet appel oblige l’homme en
conscience, il ne le contraint pas. […] Cela est apparut au plus haut point
dans le Christ Jésus. » ( Caté. De l’Eg. Catho. N° 160)
« Avec ceux qui L’aiment,
Dieu collabore en tout pour leur bien. […] Ceux qu’Il a prédestinés, Il les a
appelés. Ceux qu’IL a appelés, Il les a aussi glorifiés. » (Caté. De l’Eg. Catho. N°
2012 – Rm 8, 28-30)
Dieu appelle l’homme et
la femme, car il les maintient dans son projet. Ils seront sauvés.
Il semble que la peur chez l’humain soit intimement liée à la faute
originelle. C’est la confirmation de la rupture bien réelle avec l’amitié de
Dieu. L’homme est sans la grâce. Sa nature s’oppose à tout ce qui est
Dieu : je ne suis plus digne de ton amitié, je fuis ta face. C’est là non
pas un sentiment de remords, mais plutôt la réaction d’un orgueil blessé, qui
tend à se désespérer. – Je ne suis plus de toi, laisse-moi, quitte-moi –.
Le constat de la nudité va plus loin encore : l’homme et la
femme sont dépouillés de la présence de Dieu. Ils sont nus parce que déchus de
leur condition. La nudité est ici déchéance.
La nudité de Jésus dans sa Passion prouve au combien Il prit sur lui
nos péchés, notre condition historique de pécheurs. Les nazis, comme tous les
régimes amoraux, mettaient leurs victimes nues pour mieux les humiliées, ils
les faisaient descendre au rang de l’animal. La nudité du corps, même dans une
intention droite, est toujours ressentie comme une humiliation.
La poursuite du dialogue va plus loin qu’une simple enquête. C’est un
interrogatoire pédagogique, que Dieu établit. Il veut les amener à l’aveu sans
lequel le pardon n’est pas possible.
A la première question l’homme ne sait pas répondre : « Il
dit : « Qui t’a appris que tu étais nu ? Aurais-tu mangé
de l’arbre dont je t’avais ordonné de ne pas manger ? » L’homme
dit : « C’est la femme que tu as placée près de moi qui m’a donné de
l’arbre, et j’ai mangé. » Yahvé dit à la femme : « Qu’as-tu
fait là ? » La femme dit : « C’est le serpent qui m’a
dupée, et j’ai mangé. »
Le poids et les ravages de la faute sont présents. Sans la grâce
l’homme peut-il faire l’aveu de ses fautes ? Dieu va l’aider, il pose une
deuxième question. Il va chercher l’aveu. C’est peut-être ce passage qui montre
les ravages de la faute. Ce n’est pas seulement un homme déchu, mais ravagé.
Le droit de Lucifer se fait sentir. La faute originelle est une
offense à Dieu, elle est aussi une auto-mutilation. Par elle, l’humanité tend à
la déstructuration. Elle n’est plus capable de faire la vérité.
L’homme et la femme vont implicitement avouer leur faute mais de la
plus sinistre de manières : ils accusent ! Ils rejettent la
responsabilité de leur acte sur l’autre, l’homme sur la femme, la femme sur le
serpent !
Selon le dictionnaire étymologique, le verbe « accuser »
procède du verbe « incriminer » qui lui-même provient du mot
« criminel – crime » qui viennent
de la racine indo-européenne « krei-« qui signifie cribler,
attester. Celui qui accuse se
‘ressource’ avec celui qui tue.
Nous sommes dans la logique criminogène du mensonge : j’ai fait
cela mais je n’en suis pas responsable, c’est l’autre ou je suis responsable
mais je n’en suis pas coupable. C’est le mensonge dans tout son horreur.
L’accusation de l’homme contre la femme et de la femme contre le
serpent illustre la division à l’intérieure de l’être et de l’humanité. C’est
la naissance de l’individualisme des temps modernes.
Judas accusera Jésus de l’avoir poussé à le trahir pour ne pas avoir
voulu être le roi qu’il espérait.
Luther accusa l’Eglise de son manque de maîtrise de sa sensualité.
Tous les deux se pendirent.
Il en est de-même pour notre époque qui accuse d’intolérance, de
persécution ceux qui aujourd’hui respectent la loi naturelle et la morale qui
en émane. C’est leur culpabilité qu’ils nous renvoient ; Ils reproduisent
en permanence l’accusation de Lucifer qui n’est rien qu’un mensonge, donc
l’Assassin :
« L’éducation de la
conscience est une tâche de toute la vie. Dès les premières années, elle
éveille l’enfant à la connaissance et à la pratique de la loi intérieure
reconnue par la conscience morale. Une éducation prudente enseigne la
vertu ; elle préserve ou guérit de la peur, de l’égoïsme ou de l’orgueil,
des ressentiments de la culpabilité et des mouvements de complaisance, nés de
la faiblesse et des fautes humaines. L’éducation de la conscience garantit la
liberté et engendre la paix du cœur. » (Caté. De l’Egl. Catho. N° 1784)
« Le mensonge est
condamnable dans sa nature. Il est une profanation de la parole qui a pour
tâche de communiquer à d’autre la vérité connue. Le propos délibéré d’induire
le prochain en erreur par les propos contraires à la vérité constitue un
manquement à la justice et à la charité.
[…] (idem : N° 2485)
La
faute originelle est un événement historique, il est la condition humaine éclairée
par la foi, l’espérance et la charité, par la Vérité qui s’est livrée.
L’ESCHATOLOGIE
ARNAUD DUMOUCH
La Fin du Monde… (suite)
Jésus disait à la foule: “Quand vous voyez un
nuage monter au couchant, vous dites aussitôt qu’il va pleuvoir, et c’est ce
qui arrive. Et quand vous voyez souffler le vent du sud, vous dites qu’il fera
très chaud, et cela arrive. Esprits faux! l’aspect de la terre et du ciel, vous
savez le juger, mais le temps où nous sommes, pourquoi ne savez-vous pas le
juger?[1]”
Avant
de rapporter qui sera le dernier Antéchrist* et quelle sera son oeuvre, il
convient de regarder les signes qui précéderont sa venue. Il sera l’épreuve
ultime de l’Église. Il sera aussi l’épreuve ultime de toutes les religions: « il s’élèvera au-dessus de tout ce qui porte
le nom de Dieu »[2].
Dieu n’abandonnera pas par surprise l’humanité à une telle lutte. Des
avertissements puissants seront donnés au monde entier pour qu’il se prépare à
ne pas succomber aux tentations.
Quand
viendra l’Antéchrist de la fin du monde? En premier lieu, on doit affirmer que
l’Antéchrist ne viendra pas avant que le monde ne soit parfaitement disposé à
le recevoir. Il est évident que, s’il était né au XIIème siècle, il
n’aurait pu avoir que peu d’influence sur une société imprégnée de religion.
C’est donc qu’une longue préparation sera opérée par le maître de ces oeuvres,
Satan lui-même. Ainsi, pour que puisse apparaître avec succès une civilisation
mondiale explicitement ennemie de Dieu,
il faudra d’abord qu’ait existé une humanité sans Dieu. C’est ce qu’on appelle l’apostasie*. Cela ne se fera ni
plus vite ni plus lentement que ne le permettent les lois sociologiques qui
gouvernent l’évolution des mentalités. Lucifer sait patienter, telle l’ivraie
qui pousse à son rythme dans les champs. En ce début du troisième millénaire,
quoiqu’en disent les prophètes alarmistes, le monde n’est pas encore prêt.
Certes l’Occident a rejeté en grande partie le christianisme pour vivre
d’humanisme mais l’Occident n’est pas le monde. De grandes nations africaines
restent profondément chrétiennes ou musulmanes. L’Amérique du Sud aime le
Christ. L’Inde est presque restée imperméable aux athéismes et demeure
profondément religieuse. Tous ces pays et bien d’autres sont puissamment
spirituels, selon leurs formes diverses de croyance et ne sont pas prêts à se
soumettre au diktat mondial d’une
philosophie humaniste sans Dieu. Un long travail de sape reste à accomplir.
C’est d’ailleurs ce travail d’apostasie qui sera l’un des signes les plus sûrs
de la proximité de la venue du règne de l’Antéchrist.
Nous
avons raconté au chapitre précédant comment le christianisme avait été attaqué
à la fois de l’intérieur et de l’extérieur depuis plusieurs siècles. Ce fut
même la première religion à subir ces assauts car seule sa spiritualité et sa
maturité extrêmes pouvaient produire par réaction des philosophies sans Dieu.
L’islam*, quant à lui, sera attaqué d’une autre manière qu’il nous faut essayer
de découvrir. La crise de cette religion semble en effet être l’instrument qui
conduira au rejet des religions dans leur ensemble.
(Selon la tradition musulmane…
Au lecteur d’en juger)
J’ai
montré au chapitre 3 l’origine mystérieuse de l’islam. Cette religion, non
voulue explicitement par Dieu mais plutôt par la volonté des hommes, fut bénie*
après sa naissance au point de devenir la deuxième en nombre. Ainsi se
réalisait la promesse faite à Abraham que son fils Ismaël donnerait un peuple
nombreux[4].
L’islam est une religion dont les deux valeurs morales fondamentales, prêchées
à Médine, sont l’humilité et la miséricorde. Mais l’islam eut des défauts de
jeunesse d’ailleurs prophétisés par Dieu, à savoir une farouche autonomie (il sera un onagre d’homme!), une grande
agressivité guerrière (il aura un arc[5]),
son sans-gêne (il s’établira à la face de
tous ses frères, c’est-à-dire à la place même des autres religions), sa
capacité à exaspérer tous les hommes (sa
main sera contre tous, la main de tous contre lui). Celui qui fréquente
l’islam de l’extérieur se rend compte très vite de la réalité de ces défauts.
Or ces défauts humains sont quasi inséparables de l’islam en tant que religion.
Mahomet a fondé l’islam de telle manière qu’il est non seulement une manière
d’adorer avec humilité le Dieu d’Abraham, mais aussi un système politique
guerrier[6].
C’est une réalité qui ne manquera pas d’être utilisée à l’approche de la fin du
monde par le démon tentateur. En effet, Satan tente les communautés humaines
par là où il le peut. Il ne fait souvent qu’exagérer une qualité, la
transformant en défaut. Ainsi, tenté par Satan, le christianisme de la liberté
des enfants de Dieu devient, on l’a vu plusieurs fois au cours de l’histoire,
le culte du libertinage individuel. De même, s’il faut corrompre l’islam et sa
guerre aux règles chevaleresques, ce ne pourra être qu’en le transformant en un
hideux massacreur de veuves et d’orphelins.
Comment
se produira la lutte de l’Antichristianisme contre l’islam? Avant de se pencher
au plan sociologique sur ce sujet pour discerner ce qui se réalisera
probablement dans l’avenir, il est intéressant de lire ce que croient les
musulmans eux-mêmes. Rappelons que très souvent, l’histoire a montré que les
religions ou les peuples recevaient de la part de Dieu la révélation
prophétique véridique de leur avenir[7].
Explicitement,
dans le Coran, le Prophète Mahomet annonce, de manière semblable aux chrétiens,
la venue de l’Antéchrist et sa lutte contre les musulmans. Les signes de l’Heure
dans la théologie musulmane sont les suivants[8]:
«Nous croyons aux signes de l’Heure (qui
sont): la sortie de l’Antéchrist, la descente de Jésus fils de Marie du ciel,
nous croyons au lever du soleil du côté de l’occident (lieu habituel de son
coucher), à la sortie de la bête du lieu (de son refuge) ».
Parmi
les signes majeurs de l’Heure, on peut retenir[9].
- Le
lever du soleil du côté de l’occident (lorsque la puissance et le pouvoir
appartiendront à l’Occident)
- La
fumée (lorsque la confusion se fera dans les esprits musulmans entre le vrai et
le faux)
- Le
Mahdi* (venue d’un grand prophète islamique) ;
-
L’apparition de la bête (qui sera un piège pour les croyants, séduisant les
mauvais musulmans en prêchant le faux) ;
-
L’Antéchrist (celui qui s’exaltera contre la religion. Le prophète pleurait
quand il évoquait sa venue) ;
- La
grande guerre contre l’islam (Gog et Magog) ;
-
L’apostasie des foules musulmanes ;
- Le
retour de Jésus fils de Marie*, et la restauration de l’islam pour l’éternité.
Une dernière
prophétie de Mahomet est importante à citer. Elle semble donner la clef des
autres: “ L’islam a commencé
étranger. Il finira étranger.” Le sens en paraît évident. Il s’agit de
l’annonce explicite d’une diminution de puissance, d’un cheminement de la
religion islamique vers la pauvreté, la petitesse et la faiblesse. Cette
prophétie ressemble fort à celle qui s’applique au christianisme[10].
Comment est-il possible que l’islam, si puissant aujourd’hui, connaisse une
telle diminution?
En
islam, il n’existe pas de magistère papal, apte à donner, comme dans le
catholicisme, l’interprétation authentique des textes de l’Écriture Sainte.
C’est pourquoi, un peu à la manière des protestants, chaque musulman est invité
à interpréter les textes. Lorsqu’il s’agit de textes apocalyptiques, on trouve
donc à peu près la même diversité de conception, depuis la plus féroce à la
plus mystique. Pourtant, parmi toutes les interprétions, deux principales
s’opposent de nos jours, celle des guerriers fanatiques et celle (trop rares)
des musulmans spirituels pour qui la miséricorde et l’humilité plaisent à Dieu.
Cette interprétation des spirituels semble la plus authentique. Il convient
d’en rapporter le scénario.
« Tout commencera par la venue du Mahdi. Dieu
enverra un grand imam dont la mission consistera à préparer le peuple musulman
à l’épreuve. Au sens étymologique, le Mahdi signifie « celui qui
est bien guidé ». Le mot dérive d’un verbe "Hada" qui signifie
guider. Le prophète Mahomet s’est servi de ce mot dans son sens littéral quand
il dit: "je vous recommande ma tradition et la tradition de mes califes
orthodoxes et bien guidés après moi." En pratique, dans le vocabulaire
religieux, le Mahdi désigne «un homme de la famille du Prophète[11]
qui viendra à la fin des temps, remplira la terre de justice et d’équité après
qu’elle eût été remplie d’injustice et d’iniquité. Mais la
prédication du Mahdi sera accompagnée de celle d’une bête qui sera un piège.
Elle sera suscitée par Dieu pour éprouver la foi de ceux qui sont réellement fidèles,
afin de les distinguer de ceux qui n’aiment Dieu que pour un motif de gloire
politique terrestre. En effet, celui qui suivra la bête séduisante, loin de
suivre la voie de Dieu, s’en éloignera. »
Aussi les musulmans spirituels
pensent-ils de plus en plus que la Bête est
déjà venue. Elle est pour eux Ibn Abdul Wahhab (1703-1792), le fondateur du
totalitarisme islamique. Il est né à Uyaynah, dans la région de l’Arabie
appelée Nejd, où est actuellement située la ville de Ryad, dont le prophète
lui-même avait prédit que de ce lieu pourrait naître désordre et corruption[12].
Depuis les commencements de l’enseignement de Wahhab, vers la fin du XVIIIème
siècle, son culte est associé aux massacres de tous ceux qui s’opposaient à
lui. L’ayatollah Khomeney est probablement son alter ego puisqu’il réalisa pour la première fois de manière
puissante et politique, dans le sang de ses ennemis, ce que rêvait Wahhab.
« Vers cette même époque paraîtra l’Antéchrist (en arabe, le
Djalal). Par ses mensonges, c’est lui qui rendra conscient le monde non
musulman du danger mortel que représente tout l’islam pour le monde entier. Il
sera juif. Il aura la caractéristique physique d’être borgne. Il attirera
beaucoup de musulmans à lui car il donnera à boire et à manger. Les
musulmans seront tentés de le suivre et de renoncer à leur foi. Ses
critiques contre l’islam seront écoutées dans le monde. Il ne fera pas dans la
nuance. Il ne distinguera pas le bon musulman du mauvais. La raison de
cette confusion sera l’action violente, les assassinats perpétrés par des
membres pervertis parmi les musulmans. Le Prophète Mahomet dit que ces pervers
seront de nationalité arabe. Quatre femmes qui fréquentaient le Mahomet
rapportent qu’il a dit: "Malheur aux Arabes[13]!"
Les compagnons questionnèrent alors: "Dieu nous détruira-t-il, alors que
parmi nous il y aura des bienfaisants?" - Oui, c’est parce qu’en vous se
multiplieront les péchés (fornication, violence et autres)"»
L’éminent Cheikh Al Qardaoui
pense que nous sommes en période de Djalal,
car l’être humain ne regarde plus que d’un œil. C’est la vision matérialiste du
monde qui, effectivement, séduit et conduit au rejet de la religion une part de
la jeunesse musulmane. L’Antéchrist serait déjà né. D’autre part, le monde
actuel a tendance à distinguer de moins en moins les musulmans fidèles de leur
caricature fanatique. La confusion est en marche et la méfiance monte. A
l’approche de l’an 2000 de l’ère chrétienne, banale année 1421 de l’ère
musulmane, une inquiétude sourde envahit la communauté musulmane. En effet, les
prophéties se mettent en place, une à une. La situation de la jeunesse est
inquiétante. Partout dans le monde, l’Arabie Saoudite paye la construction de
mosquées et installe des imams qui prêchent l’islam violent et fanatique du Wahhabisme.
L’écrivain Bengalais Zeeshan Ali a décrit la situation de manière touchante:
«Les Musulmans du Bangladesh vivant aux U.S.A., sont de bons musulmans. Mais,
du fait d’un manque d’instruction, ils ne se rendent pas compte lorsque leurs
croyances sont détournées par les imams Wahhabites*. Or, aux U.S.A., 80% des
mosquées sont financées et animées par l’Arabie Saoudite[14].
Ces mosquées sont sous le contrôle des imams Wahhabites, qui prêchent
l’extrémisme aux jeunes. Ils les poussent à accuser leurs propres pères
d’hérésie, de péchés et d’incroyance. » "Malheur aux Arabes ! [15]"
« Après un temps où la violence se radicalisera de part et
d’autre commencera la grande guerre contre l’islam, la bataille finale que le
Prophète appelle ‘Gog et Magog*’. Le monde entier, accompagné des démons, se
liguera contre le peuple musulman, mené par l’Antéchrist. Le passage coranique
parlant de la guerre se réfère à un épisode biblique, lié à une prophétie
d’Ézéchiel[16].
L’Apocalypse 20, 7-9 en fait le symbole de la guerre finale: " Les
mille ans écoulés, Satan, relâché de sa prison, s’en ira séduire les nations
des quatre coins de la terre, Gog et Magog, et les rassembler pour la guerre,
aussi nombreux que le sable de la mer; ils monteront sur toute l’étendue du
pays, puis ils investiront le camp des saints, la Cité bien-aimée. Mais un feu
descendra du ciel et les dévorera. " Le premier signe de sa
venue sera le suivant. Il réussira à susciter une réunion des armées du monde
entier sur le territoire même de la terre sainte, l’Arabie. »
On comprend le tremblement
apocalyptique qui saisit en 1991 (guerre du Golfe), les musulmans du monde
entier, quelle que soit leur confession, lorsque ce signe se réalisa à l’appel
même d’un Arabe, le roi d’Arabie Saoudite. Selon certains théologiens
musulmans, dont Acha’Raoui, cette guerre sera menée par l’Occident matérialiste
et dominateur. Sa puissance sera inouïe.
« La guerre se terminera mal pour l’islam, au moins dans sa
dimension politique. Le Prophète Mahomet annonce explicitement qu’un feu naîtra
à Aden (au Yémen), qui chassera les habitants. Les royaumes musulmans seront
détruits. Pire, la destruction ira jusqu’à l’inouï. Tous les lieux saints de
l’islam seront anéantis : la Kaaba de La Mecque*, la
ville sainte de Médine seront détruites. La ville de Jérusalem*, troisième lieu
saint, sera perdue. Devant une telle ruine politique, un tremblement
saisira la communauté musulmane dans son ensemble. Les foules traumatisées par
ce qui leur paraîtra être un abandon de Dieu, renonceront en masse à la
religion. Le Prophète annonce pour la fin du monde ce grand mouvement
d’apostasie. Le vice se répandra partout. »
Cette destruction de l’islam politique, cet
appauvrissement de l’islam religieux provoquera la réalisation de la prophétie
de Mahomet citée plus haut : “ L’islam a commencé
étranger. Il finira étranger.” Un Hadith (une confidence reçue de Mahomet lui-même) de Muslim
rapporte que malgré ces épreuves, il subsistera toujours, jusqu’à la fin du
monde un petit reste de croyants. Ils seront de fidèles musulmans comme au
temps béni* de Médine. « Il y aura
toujours une partie de ma communauté qui combattra ouvertement dans la voie de
la vérité jusqu’à la fin des temps. »
« Ainsi taillée par Dieu,
la communauté musulmane, loin de disparaître, connaîtra un renouveau intérieur
unique. Elle sera faible en nombre mais les quelques musulmans
qui resteront seront fidèles, humbles et priants. Selon le Prophète, les
musulmans fidèles mangeront (seront nourri) par le dikrh, le Rappel d’Allah, la
prière récitée cinq fois par jour. « Soubhannallah! Hamdoulillah!
Allahouakbar! » Aux yeux de Dieu, ce sera la victoire réelle de l’islam
car l’age d’or du commencement réapparaîtra. Rendus politiquement minoritaires,
les musulmans seront semblables à ceux de Médine. A cette époque, la seule épée
était la foi en Dieu. »
Alors viendra la fin du monde.
Issa (Jésus) le fils Maryama (Marie) descendra du Ciel. D’après Abou-Horaïra, le Prophète a dit: "L’heure dernière ne viendra pas tant que le fils de Marie* ne
sera pas descendu parmi vous en qualité d’arbitre équitable. Il brisera la
croix, il mettra à mort le porc, il supprimera le tribut. Alors l’argent sera
si abondant que personne ne voudra plus l’accepter». Hadith*.
Ainsi est annoncé explicitement
le retour de Issa-Jésus, fils de
Marie. Face à sa venue, tous les êtres humains seront croyants et une
prosternation vaudra mieux que le monde et ce qu’il contient. Issa (Jésus),
apparaîtra au minaret blanc de la Mosquée de Omeyyades à Damas, et tuera Djalal*, l’Antéchrist, près de Ramallah,
aujourd’hui, en Palestine. Les négateurs qui sentiront l’odeur de Jésus
mourront. « Le Commandeur des
croyants lui dira: vient diriger notre prière et Issa répondra: non continue à
diriger la prière car vous êtes de la communauté de Mahomet chacun peut
présider la prière de l’autre. »
Ces évènements peuvent-ils
vraiment se produire ? Qu’on me permette de donner ici mon avis personnel,
à travers l’observation sociologique de l’islam actuel et l’observation du
passé. Les mêmes causes produisant souvent les mêmes effets, il est en effet
possible de se servir de l’histoire des Juifs contre les Romains pour deviner
l’avenir.
Sur le mémorial des martyrs de
la résistance contre le nazisme, à Lyon, une épitaphe proclame: « L’homme qui ne se souvient pas de
l’histoire se condamne à la revivre. » Si les hommes pouvaient se
souvenir de toute l’histoire, cette
phrase prendrait sens[17].
En effet, une guerre s’est jadis produite dont on ne peut manquer de remarquer
qu’elle ressemble fort à ce qui est en train de se préparer pour l’islam. Il
s’agit de la guerre religieuse des Juifs contre les Romains au premier siècle
de notre ère. Flavius Josèphe était général de l’armée juive. Après sa capture
par les Romains, il mit par écrit ses souvenirs, avec la précision d’un témoin
de l’intérieur. Son livre s’intitule La
guerre des Juifs. Le premier intérêt de son ouvrage est qu’en le
lisant, hormis les armes utilisées, on se croirait dans l’actualité. Rien ne
semble avoir changé. Les mentalités sont les mêmes. Les années qui précédèrent
la guerre des Juifs contre les Romains, ressemblent aux nôtres depuis 1979. Un
phénomène semblable se produit dans l’islam. Une secte musulmane, appelée Wahhabite* et dont le siège est l’Arabie
Saoudite reproduit l’erreur des Juifs en l’appliquant aux prophéties reçues de
Mahomet.
Les révoltes juives contre Rome
furent sporadiques dès la fin du premier siècle avant Jésus-Christ. La guerre
elle-même ne commença qu’en 66 après Jésus Christ et aboutit en l’an 70 à la
ruine totale de toute vie nationale et politique juive. Cette guerre couva donc
un siècle avant d’éclater. Le général romain Titus prit Jérusalem* et fit raser
ce qui restait du Temple. Un tiers, exactement un tiers des Juifs présents dans
le monde à cette époque périt durant le conflit (un million cent mille
victimes). Ce fut la plus terrible bataille de l’Antiquité et elle réalisa pour
la seconde fois après la guerre Babylonienne de Nabuchodonosor (début du VIème
siècle av. J.C.) une prophétie de Moïse [18]:
« Lorsque tu n’auras pas servi Yahvé ton Dieu dans la joie et le
bonheur que donne l’abondance de toutes choses, Yahvé suscitera contre toi une
nation lointaine, comme l’aigle qui prend son essor. Ce sera une nation au
visage dur. Elle t’assiégera dans toutes tes villes, jusqu’à ce que soient
tombées tes murailles les mieux fortifiées. Tu mangeras la chair de tes fils et
de tes filles dans cette détresse où ton ennemi te réduira. Vous ne resterez
que peu d’hommes, vous qui étiez aussi nombreux que les étoiles du ciel. Parce
que tu n’auras pas obéi à la voix de Yahvé ton Dieu, Yahvé te dispersera parmi
tous les peuples, d’un bout du monde à l’autre; Parmi ces nations, il n’y aura
pas de repos pour la plante de tes pieds, mais là Yahvé te donnera un cœur
tremblant, des yeux éteints, un souffle court. »
La
cause de cette guerre fut, selon Flavius Josèphe, une prophétie mal comprise. Les Juifs avaient en effet reçu dans la Bible
des textes concernant la venue du Messie et la fin du monde. Mais ils pouvaient
signifier deux choses. Certains juifs appelés zélotes, minoritaires en nombre
mais très actifs, croyaient fermement que le Messie serait un militaire
puissant qui imposerait sa loi au monde entier: « En ce jour-là, Israël* triomphera. Les rois des nations
serviront Israël! Ils lui apporteront leurs richesses. La nation qui ne te
servira pas périra. Les richesses du Liban viendront chez toi. Ils
s’approcheront de toi, humblement, les fils de tes oppresseurs, ils se
prosterneront à tes pieds, tous ceux qui te méprisaient. [19] »
D’autres juifs, les anawims, pensaient que le Messie serait
un homme humble et pauvre qui prendrait sur lui les péchés du monde entier pour
ouvrir aux hommes le paradis de Dieu: «Sur
lui reposera l’Esprit de Yahvé. Son inspiration est dans la crainte de Yahvé.
Il jugera mais non sur l’apparence. Il n’élèvera pas la voie. Il sera humble,
monté sur un ânon, le petit d’une ânesse. Il jugera les faibles avec justice,
il rendra une sentence équitable pour les humbles du pays. [20]»
Or, l’histoire l’a montré par
la suite, ce sont les Juifs spirituels qui avaient raison. Pourtant, Dieu
laissa agir les zélotes. Leur révolte contre les Romains couva pendant près
d’un siècle. Au début, dans les vingt années qui précédèrent l’ère chrétienne,
ils étaient peu nombreux. Ils passaient de maison en maison, les yeux
exorbités, répandant leur message de folie : « Il faut commencer la guerre contre les envahisseurs romains, par
tous les moyens. Dieu sera avec nous. C’est écrit dans les prophéties. Ils ne
peuvent gagner. Au moment voulu, si nous croyons en lui, il nous les livrera.
Il combattra pour nous. Notre peuple est appelé à régner sur le monde
entier ! » Le peuple dans sa majorité se méfiait de ces fous.
Mais il ne fut pas assez spirituel pour lutter fermement contre eux. Leurs
paroles trouvaient un écho dans leur orgueil national humilié par l’occupation.
Les zélotes voulaient à tout prix une guerre. Pour l’obtenir, étant faibles,
ils commencèrent par la pratique de l’assassinat terroriste. Les sicaires se
mêlaient à la foule pour poignarder dans le dos des sentinelles romaines, pour
tuer les Juifs collaborateurs. L’un d’eux a laissé son nom. Il s’appelait
Barrabas.
En 66 après Jésus-Christ, une
dernière provocation réussit. Les zélotes du Temple de Jérusalem* refusèrent
d’offrir de l’encens pour l’empereur de Rome. Cette provocation ne fut pas
tolérée par Néron qui envoya son meilleur général, Vespasien, à la tête des
légions. La foi des zélotes était totale et rien ne réussit à l’ébranler.
Attendant chaque jour le miracle de Dieu, ils réussirent à enfermer une foule
immense dans Jérusalem* afin qu’elle participe au combat final. Ils montrèrent
alors leur perversité en transformant le Temple saint en coupe-gorge, y
assassinant sans vergogne ceux parmi le peuple qui leur paraissait manquer de
ferveur fanatique. Lorsque le peuple fut exterminé, le Temple rasé, leur foi ne
faiblit pas. Là où ils purent se réfugier, ils continuèrent d’organiser des embuscades,
jusqu’au suicide. Plus la situation était désespérée, plus leur certitude de la
proximité de l’intervention divine augmentait. En fin de compte, tout ceci
aboutit à la ruine totale pour 1900 ans de tout judaïsme politique. L’Empire
romain interdit cette religion rebelle et dispersa le peuple hors de Palestine.
Les Juifs devinrent errants à travers le monde, persécutés et faibles. Leur
État ne fut recréé qu’en 1948.
Flavius Josèphe donne une
explication théologique de cette folie des fanatiques. Ils furent aveuglés par un esprit venant de Dieu, dit-il. Ils
crurent en une série de prophéties messianiques que Dieu rendit volontairement
ambiguës[21].
Dieu voulut en un certain sens cet aveuglement, afin de les sauver dans la vie
éternelle. Pourtant, raconte Josèphe, il les avertit par des signes nombreux[22].
Son moyen est toujours le même, comme pour toutes les puissances terrestres. Il
livre l’homme à son orgueil. L’aveuglement produit l’échec ; L’échec
conduit à l’humiliation puis à la réflexion ; Enfin naît un commencement
d’humilité. La sagesse de Dieu sur tout ce qui vit en ce monde est résumée par
la Vierge Marie* : « Dieu
renverse les puissants de leur trône, il élève les humbles».
Celui
qui connaît l’islam de l’intérieur est frappé de voir à quel point un scénario
semblable se profile. A l’heure où j’écris ces lignes, les acteurs semblent
être en place. Cette fois, ce n’est pas un peuple de trois millions d’âmes qui
est en jeu mais le sort d’un milliard de musulmans face au reste du monde. Les
musulmans spirituels sont tout aussi rares qu’au temps de Jésus étaient rares
les pauvres de Yahvé (les Anawims).
Les zélotes juifs trouvent leur équivalent actuel chez les Wahhabites* arabes,
les gardiens de la Révolution iranienne, les Talibans afghans, les G.I.A.
algériens etc. Ces gens sont minoritaires mais violents et actifs. Ils
blasphèment sans cesse l’islam par leurs crimes horribles mais sont persuadés
que tuer certaines femmes et certains enfants, même musulmans, sert la cause d’Allah.
La grande majorité des musulmans est, comme à l’époque de la guerre des Juifs,
dans l’expectative, balançant entre une haine revancharde envers l’Occident
impérialiste et la crainte de l’évidente folie fanatique des islamistes. Ils ne
sont donc pas réellement aptes à saisir le danger mortel que représente pour
eux la minorité fanatique.
Enfin,
il semble que tout cela vienne de Dieu car les prophéties reçues à travers
Mahomet sur la fin du monde ressemblent à celles des Juifs au temps de Néron.
Elles sont tout autant ambiguës. On peut les interpréter de deux façons
opposées et nul pape musulman ne viendra dire quelle est la vraie.
Pour
les rares musulmans spirituels, l’islam va bientôt régner sur le monde car, par
l’action purificatrice de Dieu, il va être rendu humble, pauvre et fervent. Au nom d’Allah le miséricordieux, Dieu se
plaît à ce qui est humble et miséricordieux. Au contraire, pour les
musulmans islamistes, voici venir la grande guerre de l’islam. Elle aboutira à
la soumission de la terre entière au pouvoir politique de l’islam (de leur
islam sinistre). Voici le scénario de la fin du monde tel que l’ont reconstruit
les islamistes fanatiques, en prenant ici et là ce qui les arrangeait dans les
prophéties de Mahomet. « Tout
commencera effectivement par la venue du Mahdi*. Vers la fin des temps, Allah
suscitera la venue d’un grand imam, couramment appelé ‘Mahdi’ par le Prophète
Mahomet. Par sa prédication, il renouvellera de l’intérieur le zèle des
musulmans. Ils retourneront à la Mosquée et reprendront leur zèle pour la
guerre sainte. »
Selon
eux, il est évident que le Mahdi est
déjà venu. Il ne peut être que de Ibn Abdul Wahhab (1703-1792)[23],
le fondateur de la spiritualité de la guerre sainte en Arabie Saoudite. Au XIXème
siècle, le fondateur du royaume Saoudien, Ibn Saoud, institua le Wahhabisme
comme croyance officielle. Il peut aussi s’agir de l’ayatollah chiite Khomeney
qui prit le pouvoir en Iran chiite en 1979. Il suscita un espoir immense. Il
humilia les deux Satans, U.S.A. et France. Il stimula par son exemple dans
l’islam du monde entier le zèle pour la guerre sainte.
« Après la venue du Mahdi apparaîtra
l’Antéchrist (le Djalal). Il sera juif et haïra l’islam. Par ses paroles
menteuses, il réussira à réunir une coalition militaire du monde entier contre
l’Umma (la communauté musulmane). Le signe du début de la grande guerre contre
l’islam sera visible par tous. Les armées de l’Antéchrist se réuniront sur la
terre sainte elle-même, la terre de l’Arabie. Des Arabes pervers, des traîtres,
coopéreront à ce blasphème. Ce sera une armée immense. Face à elle, les forces
musulmanes seront faibles. On ne leur donnera aucune chance de gagner. Mais
Allah sera avec les musulmans. Alors, au dernier moment, quand tout semblera
perdu, Il interviendra lui-même au cours du massacre qu’on appellera Gog et
Magog*. Les textes saints le disent explicitement, la défaite de l’occident
sera totale [24]:
‘‘Et toi, fils d’homme, prophétise contre Gog. Tu diras: Ainsi parle le
Seigneur Yahvé. Je me déclare contre toi, Gog, prince, chef de Méshek et de
Tubal. Je te ferai faire demi-tour, je te conduirai, je te ferai monter de
l’extrême Nord et je t’amènerai contre les montagnes saintes de mon peuple. Je
briserai ton arc dans ta main gauche et je ferai tomber tes flèches de ta main
droite. Tu tomberas sur les montagnes d’Israël, toi, toutes tes troupes et les
peuples qui sont avec toi. Je te donne en pâture aux oiseaux de proie de toute
espèce et aux bêtes sauvages: Tu tomberas en plein champ, car moi, j’ai parlé,
oracle du Seigneur.’’ On mettra sept mois à enterrer leurs cadavres[25]. Alors
commencera le règne de l’islam sur le monde entier. Jésus, le Messie
apparaîtra. Il brisera le christianisme. Les non-croyants seront soumis à
Allah. Ceux qui refuseront seront retranchés de la terre.»
A la
lecture de ces prophéties, on comprend la grande colère et l’espoir
eschatologique de musulmans arabes fervents comme Oussama Bin Laden quand ils
virent, pendant la guerre du golfe de 1991, les armées Occidentales s’installer
en Arabie Saoudite, à la demande du roi lui-même. Ils comprirent que l’heure de
la grande guerre était arrivée. Ils y virent la réalisation du signe des temps.
Ils déclarèrent une Fatwa[26]
de malédiction sans merci à la royauté arabe saoudienne qui s’était rendue coupable
du blasphème suprême en appelant les armées chrétiennes sur le territoire
saint: « Malheur aux arabes!» dirent-ils
en se référant à une prophétie de Mahomet pour la fin du monde. Depuis cette
époque, de la même manière que les zélotes juifs au temps de l’Empire romain,
les islamistes fanatiques ont décidé qu’ils obtiendraient par tous les moyens
leur guerre contre l’Occident. Ils sont prêts, s’il le faut, à multiplier les
attentats et les provocations pendant un siècle. Ils auront leur guerre puisqu’elle
leur paraît nécessaire. Sans elle, l’islam ne pourra obtenir d’Allah la
domination sur le monde entier.
A notre
époque, les prémices de cette guerre sont tous là. On se demande qui pourra
empêcher les évènements de se produire. La haine s’est trop répandue pour être
arrêtée sans que le sang soit versé. Depuis les années 1980, une partie de
l’islam est tentée par le fanatisme[27].
Toute une jeunesse musulmane croit servir Dieu en entraînant le maximum de gens
dans un désir de revanche, dans une guerre sainte et sans pitié contre tout ce
qui n’est pas cette forme exaltée et politique de la religion. La haine et le
désir de vengeance ne sont pas seulement affaire de zèle religieux. L’islam est
blessé dans son orgueil politique et cherche revanche. L’Occident l’a colonisé
pendant deux siècles. La science des pays chrétiens et la puissance financière
qui en sort sont une constante provocation à l’islam réduit au
sous-développement. La perte de la Palestine, terre considérée comme à jamais
musulmane, ne passe pas. Tout cela exacerbe la haine, de manière finalement
assez semblable à celle de la jeunesse allemande de 1933. Une partie visible et
remuante de l’islam veut la guerre. Incapable de s’armer, elle médite des plans
d’attentats. Le rêve le plus grand de milliers de jeunes consiste à mourir
martyre en tuant des Juifs ou des occidentaux. Dans certains pays, on s’attaque
aux chrétiens, aux juifs aux musulmans modérés. On tue, au hasard d’une
rencontre en confessant le nom d’Allah. Le sang est désiré. Des rêves d’attentats
nucléaires hantent les nuits fiévreuses des fanatiques.
(Chose
indécise)
De deux
choses l’une.
Soit la violence éclate et produit une grande
guerre pour les Occidentaux, juifs et chrétiens. Dans cette hypothèse, la
partie combattante de l’islam risque bien de périr écrasée par la guerre
qu’elle aura elle-même voulue[28].
« Qui prend l’épée périt par l’épée [29] ».
Il se peut que le rêve de la bombe atomique islamiste soit un jour réalisé.
Si elle est utilisée comme ils en rêvent, contre Tell Aviv, New York ou Paris,
il est certain que les armes occidentales seront plus fortes. Une réplique
rapide et déterminée écrasera toute cette haine accumulée, comme cela se
produisit à Hiroshima pour les kamikazes shintoïstes japonais.
Soit le monde et les musulmans modérés, dans
un éclair de lucidité, arrivent à contenir la haine des islamistes. Dans les
deux cas, comme tout ce qui est démesuré, le fanatisme déjà visible provoquera
dans les générations musulmanes à venir et dans le monde entier un rejet
dégoûté de tout ce qui porte le nom d’Allah. C’est une loi universelle de la
sociologie. Tout ce qui est excessif provoque l’excès inverse, tôt ou tard.
Qu’on se rappelle le phénomène somme toute analogue connu par l’Allemagne dans
la première moitié du XXème siècle. Les excès revanchards et
fanatiques des nazis eurent l’effet suivant dans la génération de leur fils:
gauchisme, écologisme et pacifisme. De même, il est probable que les
ruminations haineuses et obsessionnelles des pères islamistes finiront par
produire dans les fils un désir avide de plaisirs et de richesses à
l’Occidentale... loin de cet Allah aux mains rouges de sang. A ce moment-là,
l’islam ne résistera ni à ses fautes passées ni surtout à la fragilité de ses
bases théologiques: «Le Coran est,
paraît-il, dicté mot à mot par Dieu, dira-t-on de toute part; Dieu n’est-il pas
bien ignorant pour faire de telles erreurs scientifiques ?» Le
christianisme fit à la Renaissance sa révolution exégétique. Il le put car il
ne considéra jamais la Bible comme dictée par Dieu. L’islam ne pourra suivre,
semble-t-il un tel chemin. L’islam ayant été considérablement affaibli[30],
il sera possible à l’Antéchrist de s’attaquer à sa survie même.
Mais
l’histoire particulière de la crise de l’islam aura à coup sûr, dans les deux
cas, une répercussion sur les religions dans leur ensemble. Toutes les religions
auront à en subir le contrecoup, «tout ce qui porte le nom de Dieu.[31]» Il est
probable que la loi du balancier décrite dans l’histoire par Hegel se produira.
Il est
possible d’imaginer, sans trop de risque d’erreur, pour de simples raisons
sociologiques, un scénario tel que celui-ci, en trois âges :
1-
Après ces trop prévisibles malheurs à venir du fait d’une partie de l’islam en
crise fanatique, le monde occidental réfléchira sur ses erreurs. Il est
possible qu’il fasse l’autocritique de son matérialisme grossier, la
grossièreté de son culte du phallus au temps des années SIDA. Il y aura
probablement un retour au religieux dans le sens noble du terme. Nos verrons
que d’autres conséquences plus politiques pourraient sortir de ces malheurs
comme la fin de l’organisation du monde sous forme de nations[32],
une Jérusalem entièrement juive, selon la fameuse prophétie de Jésus[33].
2-
Quelques décennies plus tard, se lèvera une nouvelle génération à qui on aura
raconté les grands malheurs dus à cette guerre religieuse. Par réaction aux
récits de ces horreurs, il se pourrait qu’elle réagisse à la manière d’un
nouveau mai 68, semblable au plan religieux à celui qui fit rejeter avec
violence la notion de patrie[34].
On ne voudra plus entendre parler d’aucune religion. On sera allergique à tout
ce qui évoque la vie après la mort, le paradis. On se souviendra que c’est au
nom de tels concepts que les martyrs d’Allah se faisaient sauter avec leurs
victimes au temps des kamikazes. Ainsi pourrait se réaliser la prophétie de
saint Paul : « Auparavant doit
venir l’apostasie… »
3-
Sera-ce la fin de l’histoire ? Une telle affirmation méconnaît l’âme
humaine. Elle est fondamentalement religieuse en ce sens qu’elle ne peut, à
l’image des animaux, se passer des réponses aux pourquoi. C’est pourquoi
on peut prévoir que, deux ou trois générations plus tard, il se lèvera encore
une autre jeunesse. Elle n’aura pas connu la guerre de religion. Elle aura été
élevée dans le rejet de toute religion qualifiée de fanatisme. Elle aura des
questions sur le sens de la vie, des angoisses. Il n’y aura plus de réponses
possibles, les grandes traditions spirituelles ayant disparu. Alors, il est
probable que tous les obstacles auront disparu pour qu’apparaissent des sectes
religieuses nouvelles, inconnues jusqu’alors. Tous les avertissements auront
disparu devant celui qui tire les décors du monde. L’ange déchu pourra enfin
révéler au monde sa religion de la liberté. Ainsi pourrait se réaliser la suite
de la prophétie de saint Paul : « Il doit se révéler, l’Homme impie, l’être perdu, l’Adversaire, celui qui
s’élève au-dessus de tout ce qui porte le nom de Dieu ou reçoit un culte,
allant jusqu’à s’asseoir en personne dans le sanctuaire de Dieu, se produisant
lui-même comme Dieu. Vous vous rappelez, n’est-ce pas, que quand j’étais encore
auprès de vous je vous disais cela(...).… » Loin d’être la fin de
l’histoire, tout cela annonce d’autres errances, d’autres malheurs et
tâtonnements.
(Chose certaine)
Le peuple juif est à mettre à part. Il mériterait
à lui seul tout un chapitre tant son destin est particulier. Choisi par Dieu
depuis 4000 ans, il reste signe jusqu’à aujourd’hui pour toutes les nations*.
C’est une charge bien lourde à porter qui lui a valu au cours de son histoire
les plus grandes grâces et les plus grands malheurs. D’après saint Paul, Dieu voulut la subsistance d’Israël* par une
de ses volontés mystérieuses. « Il
fait miséricorde à qui il veut et il endurcit qui il veut». Saint Paul
aurait pu ajouter “jusqu’au moment qu’il
veut” car il est certain que les Juifs voient[35]
qui est Jésus et le reconnaissent comme Messie au moment de la mort individuelle
de chacun. Au Ciel, il n’y a plus un seul juif (c’est-à-dire un homme qui
attend la venue du Messie). Il n’y a plus que des hommes face au Messie.
Il
fallait que le judaïsme subsiste sur la terre. Israël* devait demeurer pour les
nations un signe grandiose annonçant le retour du Christ et la fin du monde.
C’est ce que veut signifier saint Paul en écrivant: “ Que sera la conversion d’Israël (au Christ) sinon une résurrection
d’entre les morts?[36]”.
On peut même dire qu’Israël est et sera l’un des signes les plus importants
donnés au monde de la fin de toutes choses et de la signification de cette fin.
Le
Seigneur, dans les Évangiles et dans l’épître de saint Paul aux Romains, donne
cinq prophéties concernant l’avenir de ce peuple et le retour du Christ:
1- Il
annonce que le Temple de Jérusalem* sera détruit[37]:
“ En vérité, je vous le dis, il ne
restera pas ici pierre sur pierre qui ne soit jetée». Et le Temple sera
remplacé par un temple consacré aux idoles: “Vous verrez l’Abomination de la désolation installée dans le Temple
saint.”
2- En
second lieu, le Seigneur annonce que le peuple juif sera déporté parmi toutes
les nations[38]:
«Il y aura une grande détresse sur la
terre et colère contre ce peuple. Ils tomberont sous le tranchant du glaive et
ils seront emmenés captifs dans toutes les nations.”
3- En
troisième lieu, il y aura des malheurs et des massacres perpétrés contre ce
peuple[39]:
“Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur
moi. Pleurez plutôt sur vous et sur vos enfants! Car voici venir des jours où
l’on dira: Heureuses les femmes stériles, les entrailles qui n’ont pas enfanté,
et les seins qui n’ont pas nourri! Alors, on se mettra à dire aux montagnes:
Tombez sur nous! Et aux collines, couvrez-nous.”
4- En
quatrième lieu, ce peuple reviendra dans la terre d’Israël et prendra de
nouveau possession de la ville sainte[40]:
« Jérusalem sera foulée par les
païens jusqu’à ce que soit accompli le temps des nations ». Le retour du
peuple d’Israël dans sa terre marquera donc la fin du temps accordé aux païens
pour inaugurer un temps de grâce accordé à Israël[41].
5-
Enfin Jésus annonce[42]:
“Vous ne me verrez plus jusqu’à ce
qu’arrive le jour où vous direz: Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur”.
Saint Paul confirme la réalité de ce dernier signe qui accompagnera immédiatement
le retour du Christ dans sa gloire: Israël se convertira et reconnaîtra Jésus
comme étant le Messie[43].
“Leur mise à l’écart de l’Alliance fut
une réconciliation pour le monde. Que sera leur admission sinon une
résurrection d’entre ses morts ». Ces deux textes semblent lier intimement
le retour du Christ et la conversion d’Israël. Cela signifie-t-il que le jour
où ils accepteront le Messie, celui-ci se montrera à eux de nouveau ou
l’inverse? Toute la question, au plan du signe des temps, est ici.
Une
chose peut par contre être affirmée sans risque. Ces cinq prophéties seront,
d’une façon grandiose, signes du retour du Christ car elles ne se réaliseront
pas seulement d’une manière perpétuelle comme on l’a dit des guerres et des
tremblements de terre mais d’une manière matérielle,
historique, à une date fixée par Dieu, de la même façon que celles qui sont
déjà réalisées. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder les trois
prophéties déjà réalisées. Elles seront donc tout à fait adaptées au regard de
tous les hommes, même des non spirituels.
1-
Ainsi, vit-on en 70 après Jésus Christ le général romain Titus raser
complètement le Temple de Jérusalem*. Il réalisa sans le savoir la première des
prophéties, 40 ans (chiffre bilique de l’épreuve) après la mort de Jésus.
2-
Puis, en 135, à la suite d’une deuxième révolte juive, le reste de la
population fut déporté. L’Empereur romain fonda une nouvelle ville à la place
des ruines de Jérusalem, Aelia Capitolina.
Sur le lieu du Temple, il construisit un temple dédié à Jupiter. Pour les
Juifs, “ l’Abomination de la
désolation ” dont parle le prophète Daniel 9, 27 était dans le Temple
saint.
3- Les
malheurs et les persécutions ne cessèrent de s’abattre sur les communautés
juives dispersées, jusqu’aux massacres de millions de juifs à Auschwitz. Là, un
tiers des Juifs furent exterminé (6 millions sur 18 millions). Ce chiffre
n’avait donc pas un sens uniquement symbolique dans la Bible[44].
4-
Enfin, en 1948, la création du nouvel État d’Israël en Palestine marque une nouvelle
étape, celle de la quatrième prophétie. Elle n’est pas encore pleinement
réalisée puisque Jérusalem n’est pas redevenue une ville entièrement juive. Si
on en suit la lettre, il est certain qu’un jour, Jérusalem sera entièrement
juive. “Jérusalem sera foulée par les
païens jusqu’à ce que soit accompli le temps des nations.”
Ce retour dans la terre de
Palestine, réalisé il y a à peine cinquante ans, est un avertissement très
explicite de la proximité des événements de la fin. Jérusalem est encore divisé.
Des nations (musulmanes et chrétiennes) foulent le sol de Jérusalem-Est. Les
musulmans entrent dans une haine exaltée d’Israël. Ils se promettent de les
détruire et de les jeter à la mer. Un tel combat est dramatique car,
semble-t-il, perdu d’avance. Gamaliel[45]
disait en effet aux juifs de son temps à propos de la jeune Église chrétienne: « Laissez ces gens tranquilles. Si leur
succès vient de Dieu, vous ne pourrez rien contre eux. Si ils viennent des
hommes, ils disparaîtront d’eux-mêmes ». Les musulmans devraient tenir
compte de ce conseil en ce qui concerne le jeune État juif. Après la ruine et
les défaites successives qui marquent leur histoire depuis 1948, ils devraient
imiter la sagesse du président égyptien Sadate qui fit la paix avec Israël.
De fait, il semble que c’est
impossible. Sadate est qualifié de « Traître » et il fut assassiné.
Ils ne peuvent comprendre car leur foi leur dicte que la Palestine est à jamais
terre d’islam*. Cet aveuglement leur vient de Dieu. Il les égare[46]
ici-bas pour mieux les sauver dans l’au-delà. Il faut que leur orgueil soit
abaissé, comme il l’a été pour les chrétiens et les Juifs. Si l’on suit leurs
propres prophéties telles que nous les avons rapportées précédemment, cette
obstination aboutira probablement à leur ruine politique totale et, par là, à
la profonde découverte de leurs propres limites. Ce sera un douloureux chemin
d’humilité. Ils perdront définitivement leur gloire politique mondiale. Ils
perdront certainement Jérusalem*.
Le jour
où Jérusalem deviendra entièrement juive, où l’esplanade des Mosquées deviendra
le mont du Temple, alors sera réalisée la quatrième prophétie. Si l’on suit la
lettre de la prophétie de Jésus, il est probable que de manière concomitante se
terminera l’organisation nationale du monde. On instaurera un gouvernement
mondial « pour que jamais plus il ne puisse y avoir de guerre ». Au
départ, ce mondialisme se fondera sur des valeurs de tolérance et de respect du
spirituel. Nous verrons plus en détail[47]
comment il tournera en quelques décennies en un humanisme explicitement
antireligieux.
A propos de la Jérusalem
redevenue juive, il convient d’aborder un dernier signe, celui du cœur de cette
ville, le Mont du Temple, appelé par les musulmans « esplanade des
mosquées. Une prophétie du deuxième livre des Maccabées[48],
mérite d’être ici rapportée. « Il y avait dans cet écrit que, juste
avant l’attaque des babyloniens contre Jérusalem, averti par un oracle, le
prophète Jérémie se fit accompagner par la tente et l’arche d’Alliance de Dieu.
Il se rendit à la montagne où Moïse, étant monté, contempla l’héritage de Dieu.
Arrivé là, Jérémie trouva une habitation en forme de grotte et il y introduisit
la tente, l’arche, l’autel des parfums, puis il en obstrua l’entrée.
Quelques-uns de ses compagnons, étant venus ensuite pour marquer le chemin par
des signes, ne purent le retrouver. Ce qu’apprenant, Jérémie leur fit des
reproches: "Ce lieu sera inconnu, dit-il, jusqu’à ce que Dieu ait opéré le
rassemblement de son peuple et lui ait fait miséricorde. Alors le Seigneur
manifestera de nouveau ces objets, la gloire du Seigneur apparaîtra ainsi que
la Nuée, comme elle se montra au temps de Moïse et quand Salomon pria pour que
le saint lieu fût glorieusement consacré." » Depuis cette époque,
on le comprend, une tradition court dans le peuple juif : Avant la
manifestation du Messie, le Temple sera rebâti, plus beau que jadis, pour
recevoir le Tabernacle saint et son contenu : le bâton du grand prêtre
Aaron, la manne et les tables de la loi. Lorsque les chrétiens les entendaient
parler de leur espérance, ils l’interprétaient en pensant à leur future
conversion. Ils se disaient que le troisième Temple ne serait pas fait de main
d’homme mais qu’il annonçait le jour où ils adoreraient Dieu en esprit et
vérité. Cette interprétation ne semble pas, tout en n’étant pas exclue, être la
plus judicieuse[49].
Le texte du livre des Maccabées ne parle pas d’un temple spirituel mais de
l’arche d’alliance que Moïse avait fait façonner. Il convient donc d’être
attentif. Lorsque l’arche d’alliance reparaîtra, ce sera un grand signe donné à
l’humanité de la proximité de la venue du Messie.
Seule
une prophétie restera à réaliser, celle de la conversion d’Israël au Christ.
Nous en parlerons plus loin, en traitant des moments qui précéderont juste la
fin.
Ce
début du XXIème siècle voit s’accumuler la réalisation de prophéties
de l’Écriture: les temps se rapprochent...
AVERTISSEMENT
La
rédaction à la demande de l’auteur de l’article ci-dessous a accepté avec joie
et honneur de le publier. Son auteur, Madame Zined Abdel Hamid est Docteur d’État en Sociologie
et Histoires des Religions.
La
rédaction apprécie beaucoup ce travail intellectuel d’une haute qualité, elle a
décidé de publier du même auteur d’autres articles.
Cette
exceptionnelle décision vient aussi de la difficulté pour Madame Zined de
trouver à publier qui est le résultat du bien-pensant actuel et pour tout dire
d’une évidente lâcheté intellectuelle.
La
rédaction tient à préciser que le contenu de cet article n’engage que son
auteur.
INFLUENCE DU ZOROASTRISME SUR L'ISLAM
PAR
L'ENTREMISE DU JUDAÏSME
La nature éclectique et hétérogène de l'islam est connue depuis
longtemps. Mahomet n'était pas un penseur original. Il n'a pas découvert de
nouvelles règles d'éthique: il s'est simplement contenté de puiser dans le
milieu culturel baignant la péninsule arabique durant les premiers siècle de
l’ère judéo-chrétienne. Nombre de commentateurs musulmans ont reconnu que
Mahomet avait incorporé dans l'islam des croyances et des rites païens, en
particulier dans les cérémonies du grand pèlerinage et les rituels d’adoration
de la Kaaba. Malgré cela, les musulmans croient encore aujourd'hui que leur foi
vient directement du ciel, que Dieu [Allah] lui-même, par l'intermédiaire de
[l'ange] Gabriel, a dicté le Coran[50]
à Mahomet. Ils considèrent comme éternel, écrit au ciel, reposant comme il est,
là, sur la Table gardée (sourates LXXXV v.21,
VI v.19 et XCVII), ce qui est dans la pratique un assemblage de
témoignages et d’archives - rédigées sur des supports aussi divers que des
omoplates de gazelles gravées ou des tessons de poteries - recueillies sur une
période de deux siècles, dont il existe une dizaine de versions parfois très
différentes tant à leurs contenus. Allah est pour eux la source de l'islam :
essayer de trouver une origine humaine à n'importe laquelle de ses composantes
est vain, dénué de sens et, bien sûr, totalement blasphématoire.
Et
pourtant…
Mahomet savait pertinemment que l'islam, culte dont il s’était fait
le prophète, n'était pas une religion neuve et que les révélations contenues
dans le Coran ne faisaient que confirmer des écritures « saintes » qui
existaient depuis des millénaires. Il a d’ailleurs toujours proclamé
l'affiliation de l'islam aux autres grandes religions judéo-chrétiennes comme
l'explique le Hongrois Ignaz Goldziher (1850-1921) dans «Le dogme et la loi de
l'islam1» :
Les plus importantes étapes de
l'histoire de l'islam furent caractérisées par l'assimilation d'influences
étrangères [...] Mahomet, son fondateur, ne proclamait pas d'idée nouvelle. Il
n'enrichissait pas les conceptions antérieures sur les relations entre l'homme
et le transcendantal ou l'infini.[...] Le message du prophète arabe fut
une composition éclectique d'idées religieuses et de règles. Ces idées lui
furent inspirées par des contacts avec des juifs, des chrétiens, et d'autres
encore qui l'avaient profondément impressionné.
Analyse reprise et développée par
l’Iranien Ali Dashti[51]
(1901-1984) dans un livre[52]
rédigé en 1937 reprenant des écrits[53]
remontant à 1280 du médecin juif de Bagdad Sa’ad ben Mansur, plus
connu sous le nom d’ibn Kammuna
(1215-1285), critiquant les trois grandes religions monothéistes et dont nous
parle le bibliothécaire Ibn al-Fuwati (1213-1294) dans ses chroniques[54]
« [Les histoires que contient le Coran » :
Elles
sont reprises telles quelles, ou avec
seulement des modifications mineures, des traditions juives ou chrétiennes tant
ce n’est pas du zoroastrisme, que Mahomet a recueillies auprès des rabbins et
des moines qu’il a rencontrés au cours de ses pérégrinations en Syrie, et de la
mémoire conservée par les descendants des peuples de ‘Aad et de Thamud[55]. […] Dans le
domaine de l’éducation morale, le Coran ne peut pas être considéré comme
miraculeux. Mahomet répète des principes que l’humanité avait déjà élaborés en
d’autres lieux et en d’autres siècles. Confucius, Bouddha, Zoroastre[56],
Socrate, Moïse et Jésus avaient dit des choses semblables. […] La
plupart des rites et des obligations religieuses de l’islam ne sont que le
prolongement des pratiques juives inspirées du zoroastrisme que les Arabes
païens avaient adoptées [57].
Ainsi, par exemple, l'institution
musulmane des cinq prières quotidiennes a une origine zoroastrienne, reprise et
adaptée dans un premier temps par les Juifs dans le cadre de leurs usages
cultuels. Au début, Mahomet n'institua que deux prières quotidiennes. Mais,
comme cela est raconté dans le Coran, une troisième prière, celle du matin, fut
ajoutée, puis la prière du soir et finalement celle du milieu, toutes trois
correspondant au prières juives shakharith,
mikado et rabiot, qui sont inspirées de pratiques zoroastriennes. Les
musulmans qui ne souhaitaient pas être surpassés en dévotion par les adeptes
des autres religions abrahamiques et plus particulièrement les Juifs,
adoptèrent simplement leurs coutumes, en « faisant plus » pour
affirmer leur supériorité. C’est à partir de ce moment que les musulmans
rendront cinq fois par jour hommage à leur Dieu, à l'imitation des cinq gahs (prières) des Zoroastriens. Dans ce
sens, Goldziher fut probablement le premier orientaliste islamologue de
renom à prendre au sérieux l'hypothèse d'une « imprégnation »
zoroastrique de l'islam par l'entremise du judaïsme.
L'importance historique du zoroastrisme
réside dans l'influence significative qu'il a exercé sur l'Occident, en
particulier sur la religion juive après la sortie d'Egypte ainsi que sur les
religions hellénistiques à mystères telles que le culte de Mithra, sur le
gnosticisme[58]
et ultérieurement sur l'islam, dans lequel on retrouve trace des idées
zoroastriennes à la fois dans la déviance chiite et dans l'eschatologie[59]
populaire. Cette analyse est combattue par de nombreux penseurs
islamistes car, sans doute, les théologiens musulmans craignent-ils - inconsciemment ?
- que si une analyse scientifique, historique ou simplement purement
archéologique faisait remonter les enseignements du Coran à une source humaine
uniquement terrestre, alors l'édifice tout entier de l'islam s'écroulerait.
Mais, comme Ernest Renan avait l'habitude de dire :
Les religions sont des faits; elles doivent être discutées comme des faits et soumises aux lois de la critique historique.
Pour paraphraser une autre remarque de Renan, l'étude critique des
origines de l'islam ne produira des résultats historiques probants que
lorsqu'elle sera menée dans un esprit purement laïc par des personnes
soustraites à l'influence dogmatique de la théologie, ceci étant d’ailleurs
valable pour tous les cultes. Dans ce sens, il est nécessaire d'admettre le
fait que la religion musulmane est fortement imprégnée de judaïsme quand elle
ne doit pas certaines de ses particularités aux emprunts de cette dernière à
fait au zoroastrisme. Ceci apparaissant autant dans les travaux d'Ignaz
Goldziher et d'Henri Corbin3 sur
l'influence de ce culte[60]
sur le judaïsme que dans ceux d'orientalistes comme Julius Wellhausen, Théodore
Noldeke, Christin Snouck Hurgronje et Robertson Smith sur le sabéisme4 et l'Arabie pré-islamique ou ceux
d'Arthur Jeffery sur le vocabulaire étranger[61]
dans le Coran. Ces différentes approches se combinent pour nous faire adhérer à
la conclusion formulée par le pasteur et orientaliste américain Samuel Zwemer
en 1916 dans son ouvrage «The disintegration of Islam»[62]
: que l'islam :
N'est pas une invention, mais
une concoction; rien n'y est neuf si ce n'est le génie de Mahomet qui mélange
de vieux ingrédients pour en faire une nouvelle panacée aux maux de l'humanité
et qui l'impose à la pointe de l'épée.
La lecture de cet ouvrage permet de mieux comprendre les travaux de
Claude Gilliot, professeur d'études arabes et d'islamologie a 1'Université de
Provence dont un ouvrage[63]
: « Exégèse, langue et théologie en islam – L'exégèse coranique de
Tabari », consacré - en autre - aux « apports » extérieurs dans
les textes sacrés musulmans. Ainsi, dans le Coran, pour déchiffrer la vraie
signification d’un mot, apparemment arabe mais incohérent dans son contexte, il
apparaît nécessaire de le retraduire en syro-araméen pour déduire le contenu
sémantique de la racine syro-araméenne afin d’en avoir le sens le mieux adapte
au contexte coranique.
Ainsi, bon nombre d'expressions réputées obscures et à propos
desquelles personne n'avait encore levé un coin du voile s’expliquent et les
interactions d’autres groupes culturo-cultuels apparaissent[64] !
La moisson est abondante. En de nombreux endroits, il apparaît qu'il y a
derrière le vocable ou le passage étudié une « variante » – disons
une « origine » syro-araméenne, c'est-à-dire syriaque. On peut
prendre pour exemple cette crux
interpretum qu'est la sourate CVIII (dite Al Kawthar :
l'Abondance) : « En vérité, Nous
t'avons donne 1'Abondance. Prie
donc en l'honneur de ton Seigneur et sacrifie ! En vérité, celui qui te hait se trouve être le Déshérité ».
Ce qui n’a guère de sens. Les exégètes musulmans, eux, manifestent leur
embarras : la rime et le sens du « mystère » aidant, ils y
voient pourtant une merveille. Finalement, la majorité d'entre eux considèrent
qu'Al-Kawthar est le nom d'un fleuve du paradis ! Dans la lecture
syro-araméenne cela devient: « Nous
t'avons donné [la vertu] de la persévérance. Prie donc ton Seigneur et persiste
[dans la prière]. Ton adversaire [Satan] est [alors] le vaincu. » A
l'origine de cette courte sourate se trouve une liturgie syriaque, à l’origine
de la Première Epître de saint Pierre (V, 8-9) d'après le texte de la pshitta [traduction syriaque de la
Bible] et qui est aussi la lecture de l'office des complies dans le bréviaire
romain. Mais au départ, c’est le texte partiel d’un hymne zoroastrien encore
utilisé par des tenants de ce culte de nos jours. Comme nous pouvons le
constater en étudiant les travaux du
Français Roger Lescot, spécialiste dans les années qui suivront la fin de la
Première guerre mondiale du Yézidisme5,
groupe cultuel zoroastrien qui a survécu jusqu’à aujourd’hui et dont les
pratiques sacerdotales ont marqué toutes les religions abrahamiques, ainsi que
ceux du Belge Franz Cumont, auteur à la fin du XIX° siècle d’une magistrale
étude consacrée au Mithraïsme[65] :
Textes et monuments figurés relatifs aux
mystères de Mithra[66].
Au temps de la puissance
helléniste, le nom de Zoroastre était utilisé constamment par les philosophes
grecs en tant que symbole de connaissance. Beaucoup d’entre eux ont même
utilisé le couvert de l’autorité de Zoroastre pour faire admettre leurs travaux
scientifiques ou philosophiques. Pythagore se disait son élève et
Aristote affirmait que son maître Platon tirait de lui toutes ses
connaissances. Pratiquement tous les grands philosophes grecs étaient présumés
avoir étudié à l’école de Zoroastre comme l’explique Jacques
Duchesne-Guillemain5. Les
Perses administraient les affaires du monde6
et propageaient la pensée de Zoroastre7.
L’éclatement de l’Empire perse au III° siècle av. J.-C. ne réduira en rien ne
mettra pas un terme à cet état de chose car les Perses ont a ce moment diffusé
dans l’ensemble de leur aire d’expansion ainsi qu’au sein de leurs peuples
vassaux - de façon complètement inédite pour l’époque - les idées les plus
tolérantes et les plus humanistes, en contraste total avec la barbarie qui
précédera leur règne. On leur doit la première déclaration des droits de
l’homme qui fut rédigée au VIe siècle av..J.-C., sous Cyrus, premier
roi des Perses. Selon cette charte, découverte au XIXe siècle en
Mésopotamie, gravée en ancien persan sur un prisme d’argile et conservée
aujourd’hui au British Museum, les peuples de l’empire jouissaient d’une
liberté totale de croyance, de langue et de coutumes : « J’ai accordé à tous les hommes la liberté
d’adorer leurs propres dieux et ordonné que personne n’ait le droit de les
maltraiter pour cela. J’ai ordonné qu’aucune maison ne soit détruite.
J’ai garanti la paix, la tranquillité à tous les hommes. J’ai reconnu le droit
de chacun à vivre en paix dans le pays de son choix… »9 . C’est à cette période que le
Temple de Jérusalem, détruit au VIIe siècle av. J.-C. par le
Babylonien Nabuchodonosor, fut rebâti par Cyrus et ses successeurs, et que les
juifs déportés en Babylonie purent regagner leur pays. Cyrus entra ainsi dans
la Bible. Les prophètes hébreux, tels que Isaïe, Ezéchiel, Daniel et Jérémie
l’appelèrent le Sauveur et l’Envoyé de Dieu11. La libération du peuple juif par
Cyrus, la reconstruction du temple de Jérusalem par Darius et le rassemblement
des traditions de la Torah par Artaxerxès - les trois rois zoroastriens de la
Perse – ainsi que le retour massif des juifs de leur captivité babylonienne,
ont entraîné une remise en question des anciennes lois juives. Les prophètes
d’Israël ont alors fait pénétrer, avec un grand lyrisme, la vision
zoroastrienne de l’existence dans les Nouvelles Lois12. D’où l’apparition des concepts hébraïques de la
Genèse, d’Adam et Eve, du Déluge qui existent dans le zoroastrisme, reprenant
de très anciens mythes mésopotamiens.
Si on étudie les bases théologiques du Yézidisme[67],
religion trois fois millénaire, on s’aperçoit qu’il existe de grandes
similitudes - en particulier dans les Ecritures hébraïques primitives - avec
les pratiques pré-abrahamiques. Un Yézidi doit respecter trois principes
essentiels : il doit connaître les prières, ne pas mentir et tâcher d’être tout
au long de sa vie un homme honnête. Existe également l’obligation d’un
pèlerinage dans un temple à Lalisê, ville actuellement située dans le nord de l’Irak.
Il doit aussi vouer sa vie à la communauté. Les yézidis prient trois fois par
jour, le visage tourné vers le soleil, qui représente Dieu par l’entremise de
Zoroastre. Les défunts sont enterrés face l’astre du jour, de préférence dans
leur pays natal. Matinées d’un vernis hébraïque conceptualisateur, nous avons
là les grandes lignes du mahométanisme si on fait abstraction de son paganisme
récurrent. Un héritage difficile à accepter pour les « successeurs »
de Mahomet et qui expliquerait peut être le pourquoi de la hargne avec laquelle
les occupants Arabes islamisés de la Perse, durant les deux siècles que durera
leur présence, détruisirent toutes les archives écrites du zoroastrisme comme
le décrit dans ses chroniques l’historien arabe Ibn Khaldoum : « Pendant six mois, des centaines de milliers
de livres brûlés chauffaient le réservoir d’eau des bains publics ».
Ceci ouvre d’ailleurs une parenthèse intéressante : En quelle langue le
Coran a-t-il été rédigé primitivement ? Car, comme il a été précisé précédemment,
les particularités linguistiques du Coran posent des problèmes de traduction à
de nombreux chercheurs et entrent mal dans le système de la langue arabe[68].
Au vue des connaissances historiques actuelles et de récents travaux
archéologiques l'origine de la langue « coranique » se trouverait
dans un dialecte – disons plutôt une « koinè
[langue commune] vernaculaire » – de l'Arabie occidentale marqué par
l'influence de l’hébreux et du syriaque - donc de l'araméen - qui à sa plus
grande période d’expansion linguistique sera un des principaux vecteur de
diffusion du zoroastrisme.
Or, nous savons d’après les écrits d’Al-Balkhi[69]
que Zayd ibn Thabit, un des scribes de Mahomet, que ce dernier considérait
comme son fils adoptif, parlait l’hébreu ainsi que l’araméen et avait lui-même
beaucoup voyagé dans tout le Moyen-Orient de l’époque.
Ce qui sera également le cas de Mahomet qui, suite à la mort précoce
de son père, accompagna son oncle Abou Talib en Syrie durant sa jeunesse.
Commerçant de profession, ce dernier fréquentait nombre de Juifs et de Yézidis
dans ce pays et nous pouvons donc en déduire une grande affinité culturelle.
Comme le précise John Hinnels qui a écrit[70]
sur «L'image zoroastrienne du sauveur et son influence sur le Nouveau
Testament ».
Cette « imprégnation » culturo-cultuelle semble avoir
également touché le jeune Mahomet, entre autre dans les mystères du judaïsme.
Dans le même temps, les juifs s’avéraient nombreux dans les environs de la Mecque,
ce nœud commercial important et prospère au VIIe siècle ou à Médine.
De fait, avant leur extermination par Mahomet, les juifs représentaient trois
clans sur onze dans cette cité, ce qui illustre une importante présence
hébraïque à cette époque dans l’Arabie méridionale[71].
Une situation qui entraînait de facto
une certaine « cohabitation » entre les religions.
Et, incontestablement, la première
impression que ressent un lecteur du Coran ayant une connaissance globale des
différents cultes abrahamiques, de leurs origines historiques et du terreau
religieux sur lequel ils se sont bâtis, c'est que Mahomet a reçu le matériau de
sa foi et de ses pratiques religieuses principalement des juifs du Hedjaz. Sur
presque toutes les pages on trouve soit des épisodes de l'histoire hébraïque,
soit des légendes familières aux juifs, soit des détails de la Loi et des
usages rabbiniques, ou encore des arguments qui disent que l'islam est la foi
d'Abraham[72]
et de Moïse. Pour Samuel Zwemer d'ailleurs« L'islam n'est ni plus ni moins que
du judaïsme, plus la nature apostolique de Mahomet.» Ce qui n'est pas
surprenant, car si au XIX° siècle quelques éminents chercheurs, tels que
Noldeke et Wellhausen, se rangent à la tradition musulmane pour dire que
Mahomet était analphabète, plus récemment d'autres orientalistes, comme par
exemple Torrey et Sprenger, se sont eux déclarés être convaincus du contraire.
Il semble en effet peu probable, si l'on considère son origine sociale, que
Mahomet n'ait pas reçu une quelconque éducation. Il venait d'une famille
respectable et il est impensable qu'une riche veuve ait pu lui confier la
gestion de ses biens s'il avait été inccapable de lire ou écrire. Au demeurant,
il est vrai que Mahomet ne voulait pas paraître comme un homme de grande culture
biblique car cela aurait jeté des doutes sur l'origine purement divine de ses
révélations. Où et quand Mahomet a-t-il donc acquis ses connaissances de
l'histoire, des lois et des traditions juives ? Deux passages importants du
Coran laissent entendre qu'il aurait eu un professeur juif, probablement un
rabbin sinon un kabbaliste[73].
Dans la sourate XXV.5, les incroyants lui reprochent de prêter foi à de
vieilles histoires qui lui ont été rapportées par un tiers. Mahomet ne renie
pas son professeur terrestre[74],
mais il insiste sur l'origine divine de son inspiration. Dans la sourate
XVI.105, l'ange de la révélation nous dit : «Nous savons très bien qu'ils
disent : c'est seulement un homme mortel qui l'a enseigné. Mais la langue de
celui à qui ils font référence est étrangère, bien que cette langue soit du
pure arabe !» Enfin Torrey prétend comme d’autres spécialistes de l’islam que
ce mentor aurait pu être un juif babylonien tout en précisant qu’il aurait pu
avoir eu des références théologiques plus anciennes. Pour étayer cette
hypothèse, relevons que dans Die Reigionen Irans, Widengren montre l'influence
du zoroastrisme induit dans l'Ancien Testament en corollation avec la
relégation des Juifs à Babylone. Morton Smith a peut-être été le premier à
mettre en évidence les similitudes qui existent entre Isaïe 40-48 et les hymnes
zoroastriens connus sous le titre de Gathats, surtout Gatha 44.3-5. Dans chacun
de ces textes, Dieu a créé la lumière et les ténèbres. De son côté, John
Hinnels a écrit sur : «L'image zoroastrienne du sauveur et son influence
sur le Nouveau Testament»5. Cette
influence s'est exercée à l'occasion des contacts entre Juifs et Parthes du
deuxième siècle av. J.-C. jusqu'au milieu du premier siècle ap. J.-C. Et de
fait l'islam semble avoir été par l'entremise du judaïsme directement influencé
par le zoroastrisme. Pour ces raisons, un parallèle entre le zoroastrisme6 et le judaïsme ne manque pas d'intérêt
: ainsi, au second millénaire avant J.-C., Ahura Mazda, Dieu des Perses,
omniscient, omniprésent et éternel, doué d'un pouvoir créatif, lequel s'exerce
au travers du médium du Spenta Mainyu (l'Esprit Saint) et qui gouverne
l'univers par l'intermédiaire d'anges et d'archanges, présente les plus grandes
similitudes avec YHWH (Iahvé). Le pouvoir d'Ohrmazd est entravé par son
adversaire, Ahriman, dont l'empire, comme celui de Satan, sera détruit à la fin
du monde. Il existe par ailleurs des ressemblances frappantes dans leurs
enseignements eschatologiques - la doctrine d'un monde reconstitué, un royaume parfait,
la venue d'un messie, la résurrection des morts et la vie éternelle. Toutes
deux sont des religions révélées : dans l'une Ahura Mazda fait part de sa
révélation et formule ses commandements
[à Zarathoustra] sur la Montagne des Deux Communions tandis que dans
l'autre YHWH tient un discours similaire à Moïse sur le Mont Sinaï. Qui plus
est, les lois [zoroastriennes] de purification, plus particulièrement celles
observées pour enlever la souillure contractée au contact de la mort ou des
objets impurs, sont données dans l'Avestan Vendidad d'une façon presque aussi
élaborée que dans le code du Lévitique. Les six jours de la création dans la
Genèse font écho aux six périodes de la Création mentionnées dans les écritures
zoroastriennes. Dans ce sens, nous pouvons constater que pour chaque religion,
l'humanité descend d'un couple unique. Mashya (l'homme) et Mashyana (la femme)
sont les Adam et Eve du culte zoroastrien. Dans la Bible un déluge détruit
l'humanité sauf un seul homme vertueux et sa famille. Dans l'Avesta, un hiver
dépeuple la terre sauf le Vara (l'enceinte de l'Yima bénie). Dans chaque cas la
Terre est repeuplée par les plus beaux couples de chaque espèce et le monde est
divisé plus tard en trois royaumes. Les trois fils de Thraetaona (le successeur
de Yima), Airya, Sairima et Tura sont les héritiers dans le récit persan et
Sem, Cham et Japhet dans le récit hébraïque. Le judaïsme fut également
grandement influencé par le zoroastrisme pour tout ce qui concerne les anges7, la démonologie[75] et
aussi la doctrine de la résurrection8.
Concepts que nous retrouvons – avec une dose plus ou moins importante de
paganisme – dans le Coran, parfois mot pour mot si on recherche le sens des
termes en araméen ou en hébreux le parsemant :
Il est troublant de constater combien les
aspects géographiques, linguistiques et culturels constituent les pierres
angulaires d’une religion. En effet, cette dernière est essentiellement fondée
sur les hommes qui la construisent, la déconstruisent, la nourrissent le cas
échéant d’apports nouveaux au fil des textes, au fil du temps. De ce point de
vue, l’identité d’une religion est à peu prés impossible à définir, sinon, en
termes de comparaison de l’une à l’autre, d’apports nouveaux, de
variantes…l’influence du zoroastrisme sur l’Islam via la religion juive,
illustre notamment cette problématique.
[1] Luc 12, 54-56.
[2] 2 Thessaloniciens, 2, 5.
[3] Voir du même auteur La grande guerre de l’islam.
[4] Genèse 16, 10.
[5] Genèse 21, 20.
[6] Voir la foi des musulmans
concernant la guerre sainte, mode principal de leur extension. Voir La Voie du musulman, Aboubaker
Djaber Eldjazaïri (Aslim éditions 1986, France), « catéchisme sunnite
officiel ».
A-
Institution: L’objectif principal du djihad est d’affronter les mécréants et les
belligérants. B- Différentes sortes de djihad ; C- Le but du djihad:
Toute sorte de djihad tend à proscrire toute autre adoration que celle de Dieu,
l’Unique, à se dresser contre la violence et le mal, à sauvegarder la vie, les
biens et l’équité, à généraliser le bien et à répandre la vertu. Dieu dit: —
Combattez les afin que plus aucun croyant ne soit tenté d’abjurer et que le
culte tout entier soit rendu à Dieu. (8 -
Le Butin - 39) ; D- Mérite du djihad: Le mérite du djihad et de la
mort en martyr pour la Cause de Dieu est exprimé en termes nets dans les
annonces véridiques divines et dans les hadith authentiques du Prophète.
[7] Je rapportais précédemment la prophétie des Incas qui les livra pieds et mains liés aux conquistadors violent et… évangélisateurs. Des centaines d’autres exemples pourraient être rapportés, non seulement dans la Bible mais dans l’histoire récente. En 1940, lorsque Hitler décida de son nid d’aigle la date définitive de l’invasion de la Russie, il se fit dans l’atmosphère une agitation étonnante. Le ciel était rouge feu et le vent soufflait en tempête tandis que des nuages aux formes déchirées passaient dans le ciel. Une femme présente s’écria : « Mauvais présage. Beaucoup de sang et de malheur ». Hitler fut fortement impressionné. (Document U.S., La chaîne histoire, « Hitler, homme et Mythe ».
La tradition du bouddhisme khmer gardait la prophétie suivante : « Quand le ciel rougira comme le feuillage du banian, de l’orient à l’occident, que chacun fuit le pays car la guerre et le malheur arrivent ». Or un couché de soleil de ce type se produisit peu avant la prise de pouvoir du criminel marxiste Pol Pot qui, en quelques années, causa la mort d’un million de cambodgiens. Une étude approfondie de ce genre de présages ou de prophéties mériterait d’être faite, avec les vérifications critiques d’usage. Les prophéties d’une puissante religion comme l’islam méritent d’autant plus d’être étudiées en détail.
[8] Voir La mort et le jugement dernier selon les enseignements de l’islam, Fdal Haja, Rayhane éditions, Paris 1991, p. 53ss
[9] Il existe d’autres signes, mineurs.
[10] Voir chapitre 7, le temps du sépulcre, le signe de Jonas.
[11] Tirmizzi dans « ce qu’on rapporte du Mahdi » note qu’il teint de Ibn Mass’oud ce Hadith* « un homme de ma famille viendra, son nom correspondra à mon nom ».
[12] Les Musulmans anti-Wahhabites appèlent le Wahhabisme "fitna an Najdiyyah", le malheur venant de Nejd.
[13] Il s’agit des habitants musulmans de l’Arabie vers la fin du monde.
[14] Selon Hisham al-Kabbani, né au Liban et vivant actuellement aux U.S.A.
[15] Ces textes paraissent clairs? Ils sont en fait ambigus et ne provoquent pas la paix des débats en islam. Chacun voit « l’Arabe pervers » annoncé selon ce qui l’arrange. Pour le terroriste Oussama Bin Laden, c’est la royauté de l’Arabie Saoudite qui a accompli l’horreur en introduisant les armées étrangères sur la terre sainte. Pour la famille royale arabe, les pervers sont les terroristes arabes puisqu’ils répandent le sang des femmes et des enfants par toute la terre… Pour la majorité des musulmans Sunnites, ce sont tous les arabes à cause de leur sectarisme Wahhabite* (voir plus loin).
[16] Ezéchiel 39, 9-11. Il s’agit de l’annonce d’une grande guerre qui verra la défaite des impies.
[17] Elle ne parle pas seulement du danger du retour du nazisme. Cette phrase est universelle.
[18] Deutéronome 28, 47-66. Cette prophétie a été réalisée une troisième fois par Hitler dont, est-ce une simple coïncidence, l’étendard était aussi l’aigle.
[19] Isaïe 60, 10-13.
[20] Isaïe 11, 1-5.
[21] L’ambiguïté de Dieu vient d’abord de la psychologie trop humaine… de l’homme. Lorsque Dieu parle de « gloire, de victoire, de salut », il entend souvent « vie éternelle, donc humilité et son chemin, crucifixion et humiliation ». Seul un croyant lui-même passé au feu purificateur de Dieu finit par s’habituer à son style et à ne plus lire « succès mondain, gloire terrestre ».
[22] Josèphe raconte (La Guerre des Juifs contre les Romains, livre 6, 31): « Quelques années avant la guerre, il se leva un pauvre homme, qui était prêtre. Il se mit à prophétiser par toute la Judée en disant simplement: « Voix du côté de l’orient! Voix du côté de l’Occident! Voix du côté des quatre vents! Voix contre Jérusalem et contre le Temple! Voix contre les nouveaux mariés et les nouvelles mariées, voix contre tout le peuple! » Il parlait ainsi, toujours, sans injurier ceux qui le battaient, ni remercier ceux qui lui donnaient à manger. Toutes ses paroles se réduisaient à un triste présage, et il les proférait d’une voix plus forte dans les jours de fête. Il continua d’en user ainsi durant sept ans cinq mois sans aucune intermission et sans que sa voix ne fût ni affaiblie ni enrouée. Quand Jérusalem fut assiégée, on vit l’effet de ses prédictions et, faisant alors le tour des murailles de la ville, il se mit encore à crier: « Malheur, malheur sur la ville, malheur sur le peuple, malheur sur le Temple », à quoi ayant ajouté « Malheur sur moi », une pierre lancée par une machine le renversa par terre, et il rendit l’esprit en proférant ces mêmes mots. »
[23] Un troublant rapprochement des dates s’impose. Le Wahhabisme est la plus terrible attaque satanique contre l’islam depuis l’Hégire*. Il prend la religion par sa qualité d’honneur militaire et la transforme en un fanatisme exterminateur. Au même moment, le christianisme subissait une attaque au défaut de sa cuirasse (il libère l’homme) avec la Révolution française et le culte de l’homme divinisé…
[24] D’après la longue prophétie d’Ezéchiel, 39, 1 ss.
[25] Ezéchiel 39, 12: « On les enterrera afin de purifier le pays pendant sept mois. »
[26] Avis religieux adressé aux musulmans, quoique n’engageant que celui qui la prononce. Comme chez les Protestants, chaque musulman est imam. N’ayant pas de magistère papal, les fatwa islamiques n’ont de valeur que pour ceux qui reconnaissent l’autorité de l’imam émetteur. Depuis la révolution islamique d’Iran, le terme fatwa a pris le sens malheureux d’appel à l’exécution sommaire.
[27] Création en 1979 en Iran d’une république islamique sectaire.
[28] Nous ajoutons cette note le 11 septembre 2001. Ce livre était déjà écrit en 1996 (Voir Nihil Obstat). Mais devant moi défile à la télévision, en boucle, l’attaque suicide du World Trade Center aux U.S.A. Les deux tours viennent de s’écrouler après avoir été percutées par deux avions gros porteurs chargés de passagers détournés par des combattants de l’islam. Les commentateurs parlent de « nouveau Pearl Arbor ». Ils n’ont pas tort. Le monde entre sans doute, après la guerre froide, dans une quatrième guerre mondiale. L’ennemi ne viendra pas d’abord des nations musulmanes mais de cette mouvance particulière des combattants de l’islam qui agit en s’appuyant sur les textes de sa foi. La présence de ces textes est dramatique. Elle plongera beaucoup de musulmans dans la guerre Sainte. La victoire du monde coalisé ne fait pas de doute, mais à quel prix? Le Pakistan possède l’arme nucléaire. Lorsque la guerre sera gagnée, il est probable que naîtra une nouvelle génération qui, devenue adulte 20 ans plus tard, rejettera dans un nouveau mai 68 la religion et celui qui en porte le nom: Dieu. C’est une étape nouvelle mais essentielle dans la réalisation des prophéties.
[29] Matthieu 26, 52.
[30] Nous disions que cette époque n'est pas pour aujourd'hui. C'est donc que le temps de l’Antéchrist n'est pas encore pour cette année. Mais il peut venir vite, en quelques générations d'autant plus que les moyens modernes de communication précipitent l’évolution des mœurs. Les enfants bouddhistes d'Orient se forment en ce moment avec la télévision occidentale tout entière imbibée du message de l’homme sans Dieu.
[31] 2 Thessaloniciens 2, 4.
[32] « Qu’on le veuille ou non, l’heure est venue de devenir citoyen du monde ou de voir périr toute civilisation. » Citation d’un discours aux enseignants, du ministre français de l’Instruction publique, 1918.
[33] En Luc 21, 24 : « Jérusalem sera foulée par les païens jusqu’à ce que soit accompli le temps des nations ».
[34] Dans les années 70, des jeunes aux cheveux longs se tenaient non loin d’un monument au mort. On fêtait l’Armistice du 11 novembre et des anciens combattants des deux guerres mondiales saluaient le drapeau français. Des cris fusèrent : « fascistes ! – Mais nous avons combattu le fascisme, leur fut-il répondu. – Peu importe, vous êtes à mettre dans le même sac patriotique. » Cette anecdote illustre ce que peut être la réaction d’une génération, non par on intelligence, mais par sa sensibilité.
[35] Ils voient de leurs yeux, dirait Job. Voir, à propos de la survie des facultés sensibles après la mort, du même auteur, L’heure de la mort.
[36] Romains 11, 15.
[37] Matthieu 24, 15.
[38] Luc 21, 24.
[39] Luc 23, 28.
[40] Luc 21, 24.
[41] Romains 11, 25.
[42] Luc 13, 35.
[43] Romains 11, 15.
[44] Voir par exemple Apocalypse 9, 15. Ce chiffre d’un tiers, appliqué au malheur, est cité 14 fois dans ce livre.
[45] Actes 5, 34.
[46] A l’image du pharaon devant Moïse: « Car Dieu renverse les puissants de leur trône et relève les humbles », dit la Vierge Marie dans son Magnificat.
[47] Chapitres 6 et 7.
[48] Ce livre a été reconnu canoniquement par l’Église catholique mais certaines confessions chrétiennes le rejettent. Voir Maccabées 2, 4-8.
[49] Bien sûr, chacune des prophéties concernant les Juifs a, outre une réalisation matérielle, une signification spirituelle. La destruction du temple de Jérusalem* marque l’entrée dans un nouveau temps qui est celui de la Nouvelle Alliance où Dieu n’est plus adoré sur une montagne ou dans un temple mais au fond des cœurs. Dans un sens symbolique, cette destruction préfigure et annonce celle de notre corps par la mort et celle du nouveau temple qu’est l’Église dans un sacrifice final qui précédera la glorification du monde. La déportation d’Israël ne doit pas être considérée comme une punition pour l’acte commis par ceux qui ont tué Jésus car ce péché leur a été imputé personnellement lors de leur jugement particulier. Cette dispersion est donnée aux nations comme un signe qui manifeste les conséquences auxquelles aboutit tout péché. Ce peuple de prophètes montre sans le vouloir qu’en péchant, nous sommes dispersés à tous vents loin de Dieu et de nos frères. Il en est de même pour les persécutions. Elles sont un témoignage des conséquences terribles du péché qui tue la vie de l’âme d’une manière analogue à la barbarie des persécuteurs lorsqu’ils massacrent des enfants innocents. Le peuple juif persécuté est le signe de la fin du monde où se manifestera la haine implacable du démon pour toute vie de l’âme.
[50] Le terme Coran [en arabe qur'ân] signifie récitation. Il est
emprunté au syriaque et se traduit dans cette langue par « récitation à
vois haute ». C'est vers la fin de l’existence de Mahomet que ce terme
prit le sens définitif d ' «Ecriture» (alternant souvent avec le
vocable Kitab [texte écrit, lire]). Concernant le terme Coran en
lui-même, il diverses transcription fut malencontreusement transcrit
jusqu'au XVIII° siècle en : Alcoran, Alkoran, El Koran,
etc... d'où, en français, l'orthographie de Coran encore usitée de nos jours.
Il désigne l'ensemble des révélations transmises par Mahomet transcrite après
sa mort, constituant ainsi une des bases fondamentales de la doctrine
musulmane. Le terme quara'â" [lire, réciter] apparaît
souvent dans le texte du Coran et, en particulier, dans un verset considéré
comme le plus ancien (s. XCVI, v.1) où Mahomet reçoit de Dieu l'ordre
suivant : « Récite au nom du Seigneur qui créa ». Les premières
révélations se situeraient vers 612. Elles durèrent vingt ans, avec des
interruptions plus ou moins longues, pour s'achever à la date de sa mort,
le 13 rabî I de l'an 11 de l'Hégire (8 juin 632). Le Coran comprend des
chapitres appelés sourates (de l'arabe sura ) composés de versets (aya
).Du vivant de Mahomet les messages révélés étaient transmis par le bouche à
oreille. Après l'installation de Mahomet à Médine, on commença à les noter, de
manière très épisodique, sur des supports variés. Selon la tradition, le Coran
initial (un corpus des notes prises et conservées par les premiers
adeptes) aurait vu le jour vers la fin du califat d'Abou Bakr, aux environs de
634. Un des scribes de Mahomet : Zayd Ibn Thabit aurait procédé à une
compilation des paroles de celui-ci. L'établissement d'une version officielle (Vulgate)
survint sous le califat de Uthman (644-656). Le Coran comprend 114 sourates de
longueur variable, divisées en versets dont le nombre varie de 3 à 287.
Les sourates les plus longues se trouvent au début du livre et les plus brèves
à la fin. Le classement ne correspond pas à l'ordre chronologique supposé de la
prédication, aussi certains exégètes musulmans ont cherché à reconstituer
l'ordre chronologique des sourates en distinguant les sourates mekkoises et les
sourates médinoises.
1 Goldziher Ignaz, Le dogme et la loi de l'islam. Histoire du développement dogmatique et juridique de la religion musulmane. Trad. de Felix Arin. Geuthner Editeur, p. 17. Paris. 1958.
[51] Mort sous la torture à la prison de Téhéran, où il avait été incarcéré sur l’ordre personnel de l’ayatollah Khomeiny en 1984, à l’âge de 83 ans, en raison de ses œuvres littéraires jugées apostasiques.
[52] Twenty-Three Years : A study of the prophetic career of
Mohammed. Londres, 1985.
[53] The Arabic Treatise on
the Immortality of the Soul by Sa'd ibn Mansur ibn Kammuna, facsimile
reproduction of the only known manuscript... with a bibliographical note by
Leon Nemoy, ed. L. Nemoy, New Haven, CT: Yale
University Library, 1944. Repris par L. Nemoy : Ibn Kammuna’s Treatise on the Immortality of the Soul', in
S. Löwinger, A. Scheiber and J. Somogyi (eds) Ignace Goldziher Memorial
Volume, Jerusalem: Rubin Mass, 1958, part II, 83-99.
[54] al-Hawadith al-jami'ah fi
al-mi'at al-sabi'ah,
de Kamal al-Din 'Abd al-Razzaq ibn al-Marwazi
al-Fuwati al-Baghdadi (1244-1323).
[55] ‘Aad et Thamud sont deux peuples mentionnés dans le Coran et dans de nombreuses légendes préislamiques dont on a perdu toute trace.
[56] Le zoroastrisme ou encore mazdéisme (dérivé du mot mazda, qui veut dire sage en avestique), désigne la religion des Perses à partir du second millénaire avant J.-C., appelé ainsi par rapport à Zarathoustra ou Zoroastre (dans la tradition grecque) qui est considéré comme un de ses fondateurs. Les dates de naissance et de mort de ce dernier sont incertaines et oscillent entre le XVII° et le VI° siècle av. J.-C. Les plus probables situent sa vie entre 650 et 580 avant J.-C. Zoroastre, ou Zarathoustra (en avestique Zaraθuštra ), qui signifie «le conducteur de chameaux», serait né au milieu du VII° siècle av. J.-C., dans une famille sacerdotale de la région montagneuse de Hérat aux confins de l'Afghanistan. Selon d'autres sources, il aurait vu le jour dans l'ouest de l'Iran, aux alentours du lac Urmia et ce ne serait que plus tard qu'il aurait migré vers une zone située au nord d'Hérat et de Balkh pour rejoindre le roi Goshtasp. On connaît quelques bribes de sa vie à travers les hymnes gathiques de l'Avesta , rédigés dans une langue indo-iranienne archaïque, l'avestique, vieille d'entre 2500 à 3000 ans. Celle-ci se montre très proche des textes védiques indiens du Rig Veda , où l'on retrouve le même type de grammaire que dans le livre saint de Zoroastre. Voir Paul du Breuil, Le zoroastrisme, Presses universitaires de France, coll. que sais-je ?, Paris, 1982 et Histoire de la religion et de la philosophie zoroastrienne, Monaco, Editions du Rocher, 1984.
[57] Twenty-Three Years, op. ct., p. 56.
[58] Gnosticisme, du grec gnôsis, connaissance. On entend par là l'ensemble des doctrines philosophiques et religieuses, basées sur une prétendue connaissance supérieure et mystérieuse.
[59] Doctrines portant sur la fin du monde.
3 De cet auteur, on pourra consulter avec
intérêt son Histoire de la philosophie islamique. Gallimard. Point Folio. Paris. 1986.
[60] Les Zoroastres ne sont pas des «adorateurs du feu», comme les appelleront les envahisseurs musulmans de la Perse au VII° siècle. Leur adoration s'adresse à Ahura-Mazdâ (le Seigneur Grand Sage), à Mithra (dieu du soleil), à Anahita (déesse principalement de la fécondité), et à bien d'autres dieux. Le feu, pour les zoroastres, est une manifestation éminente de l'omniprésence divine, et à ce titre il doit être préservé de tout contact impur, en particulier des corps en décomposition. Les morts sont exposés dans les dakhma («sépultures», qu'un journaliste britannique a appelées «tours du silence»), où ils sont dévorés par les vautours. L'eau aussi fait l'objet d'une profonde vénération : encore aujourd'hui, certaines sources en Inde et en Iran sont considérées comme sacrées.
4 Le sabéisme est le culte des astres.
[61]Plus récemment on peut se reporter à la polémique créée par la divulgation des travaux d’un universitaire allemand sur le fait qu’outre de nombreux termes en hébreux une partie du Coran serait rédigé en syriaque, un dérivé de l’araméen. Christoph Luxenberg, Die Syro-Aramaische Lesart des Koran [Une lecture syrio-araméenne du Coran], Das Arabishe Buch, Berlin, 2000.
[62]The
Disintegration of Islam, Fleming H. Revell Ltd., New York,
1916. On pourra également consulter avec intérêt du même auteur : The
Origin of Religion. Cokesbury
Press,Nashville (Tenn.), 1935.
[63] Vrin, 1990.
[64] Voir à ce sujet : A Challenge to Islam for Reformation – The
Rediscovery and Reliable Reconstruction of a Comprehensive Pre-Islamic
Christian Hymnal Hidden in the Koran under Earliest Islamic Reinterpretations,
de Günter Lüling, Motilal Banarsidass Publishers, Delhi, 2003.
5 Roger Lescot, Enquête sur les Yézidis de Syrie et du Djebel Sinjâr, Institut Français de Damas, 1936, 280 p., réédition Librairie du Liban, Beyrouth, 1975.
[65] Deux volumes, Bruxelles, 1896. Réédités par les Presses universitaires, Louvain, 1934.
[66]Au
premier siècle de l’ère chrétienne, une « branche occidentale » du
Yéaidisme : le Mithraïsme, deviendra la religion « officielle »
de l’Empire romain et ce jusqu’à environ 400, où elle sera supplantée par le
Christianisme. J.
Duchesne-Guillemin : The Western
response to Zarathustra, MacMillan publication, Oxford, 1958.
5 Voir entre autres sur ce sujet
divers ouvrages de J. Duchesne-Guillemin : The Western Response to Zarathustra , Oxford press, Oxford
1958, M Afnan : Zoroaster’s
Influence on Greek Thought, Penguin book, New York 1965 et J.A.Farrell : The Influence of Zarathustra and
Zoroastrianism on Western Culture, Smith et Langson Editors, Sydney 1977.
6 A partir du V° siècle av.J.-C., les Perses ont constitué le premier empire universel de l’Histoire, comprenant quarante- six nations, dont la Grèce, l’Egypte et l’Inde. L’Orient et l’Occident étaient pratiquement unifiés et cela allait durer plus de deux cents ans.
7 Voir Gerard Israel : Cyrus le Grand, Fondateur de l’empire Perse,Paris, Fayard, 1987, réédité en 1997, R. Ghirshman : Les Perses,Paris, Gallimard, 1967, et pour mémoire Platon : Les Lois, III 693, 694, sinon Xenophon, Cyropedie, Paris,Flammarion, 1967.
9 A ce sujet, on pourra utilement consulter W. Eilers : le texte cunéiforme du cylindre de Cyrus, Acta Iranica, tome II, 1974 et I.Quiles : Analyse des principes énoncés dans le Cylindre de Cyrus, Acta Iranica, TomeI, 1973 G.Israel : Cyrus le Grand, op.cit. pp268-269.
11 Voir E. Yamauchi : Persia and Bible, Social edition, NewYork 1990 et G Israel : Cyrus le Grand, op. ct. pp.267-271 ainsi que R.de Vaux : Les décrets de Cyrus et de Darius sur la reconstruction du Temple, Gallimard, Paris, 1937.
12 G. Israel : Cyrus le Grand, op.cit, pp.270-295.
[67] Celui-ci semble s’être structuré vers - 900/800 av. J.-C., c'est-à-dire à l’époque où les Hébreux « s’inventeront » une histoire « officielle », ce que de nos jours on dénomme l’Ancien Testament. Voir à ce sujet : La Bible dévoilée, Les nouvelles révélations de l'archéologie, Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman, Bayard, 2002
[68] Il faut savoir que l'écriture arabe n'était pas pourvue initialement des points diacritiques dont sont maintenant marquées certaines consonnes de son alphabet pour fixer la valeur exacte des signes consonantiques qui prêtent à confusion. Ainsi, le même ductus [tracé] consonantique pouvait se lire b, t, th [interdentale], n ou î long , d ou dh [spirante interdentale], t emphatisé ou z emphatisé, ` (fricative laryngale) ou gh (r grasseyé de Paris),; f ou q (occlusive glottale), etc. De plus, les voyelles brèves n'étaient pas écrites, et les longues ne l'étaient pas toujours. L'écriture était figurée par un simple support consonantique que, le plus souvent, on ne pouvait lire que si I'on connaissait déjà le texte. Des vingt-huit lettres de I'alphabet arabe, seules sept ne sont pas ambiguës. Dans les plus anciens fragments du Coran, les lettres ambiguës constituent plus de la moitie du texte. Le codex othmanien – ou réputé tel – du Coran n'était pourvu ni des voyelles ni des points diacritiques sur le ~ace consonantique. Cette lacune fut comblée – plus tard.
[69] Abou-Zeid Ahmed ben Sahl alias Al-Balkhi (850-934. Voyageur, philosophe et écrivain géographe du Xe siècle . Formé aussi bien à l'astronomie, à l'astrologie, à la médecine, à la philosophie qu'à la théologie, il est surtout connu pour sa contribution à la géographie, au travers de son Livre de la disposition des pays [Kitab Taqwim albuldan], paru en 920. On y trouve, sous la forme d'un atlas de 20 cartes, une description de la Terre connue (et plus spécialement du monde musulman), dont le canevas porte l'héritage des Grecs
[70] Zoroastrian and Parsi Studies. Selected Works of John R. Hinnells,
Ashgate Publishing Ltd, Aldershot 2000.
[71] Historiquement, de nombreux témoignages indiquent que les juifs jouaient un rôle important dans la vie commerciale de Médine. Nous savons que les tribus juives étaient assez riches pour posséder des terres et des plantations et qu'elles formaient l'essentiel de la main d'œuvre qualifiée et des commerçants de la cité. D'autres communautés s'étaient établies dans les villes du nord de l'Arabie, comme à Khaibar, Taima et Fadak. R.A. Torrey pense que les juifs étaient présents à Taima au sixième siècle avant le Christ. En tout cas, leur présence dans cette région est attestée sans le moindre doute possible au début de l'ère chrétienne. D'autres migrations eurent lieu après la destruction de Jérusalem en 70. Ils exerçaient une influence considérable dans le sud de l'Arabie comme en témoignent les nombreuses inscriptions religieuses qu'ils ont laissées. On peut enfin citer la légende de Dhu Nuwas, un roi Himyarite qui s'était converti au judaïsme.
[72] Ibrahim al-Khalil : Nom du Prophète Abraham pour les musulmans. Patriarche de l'islam comme du judaïsme, fondateur de la Kaaba, Al-Khalil signifie « l'ami rapproché » (de Dieu). Le Coran (s.3, v. 60) explique qu'Ibrahim n'était ni juif ni chrétien : Il était pieux et soumis à Dieu [hanif] et il « n'associait rien à Dieu ».
[73] La Cabale ou Kabbale, est une théologie d’inspiration hébraïque dont le fond était le dogme de l'émanation divine et une explication allégorique des Écritures. C’est également une théurgie par laquelle on prétendait soumettre à la volonté humaine les puissances surnaturelles en prononçant certains mots, et opérer avec leur secours toutes sortes de miracles. La Cabala [de Cabbala, tradition] est en quelque sorte l'antithèse de la philosophie rationaliste: Autant celle-ci tend à diminuer la part du surnaturel, autant celle-là tend à l'exagérer, à en scruter les profondeurs et à l'introduire partout, même dans la pratique journalière. Les origines lointaines de cette théosophie mystique se relient en philosophie aux spéculations de l'école d’Alexandrie. Dans la Bible elle a pour points d'attache le tableau de la création et la vision d'Ezéchiel [Merkaba]. Cette doctrine, que l'on fait remonter à l'époque de la captivité des Juifs à Babylone, se trouve principalement exposée dans l'Yetzira, attribué au rabbin Akiba, et dans le Zohar, attribué à son disciple Ben-Yokaï. A ce sujet on peut consulter avec intérêt la philosophia Cabbalistica de Freys, Kœnigsbe., 1838, et la Kabbale ou philosophie religieuse des Hébreux, de M. A. Franck, Paris, 1843.
[74] Outre ses professeurs, Mahomet a appris par
l'observation directe, en visitant le quartier juif des villes où il se
rendait, en assistant aux cérémonies juives. Dans tous les cas, les Arabes qui
étaient entrés en contact avec des communautés juives connaissaient déjà leurs
coutumes. La poésie pré-islamique y fait d'ailleurs abondamment référence. Les
premières sourates du Coran montrent que Mahomet était très favorablement
impressionné par les Juifs et par leur religion et qu'il fit tout son possible
pour leur faire plaisir en adoptant leurs pratiques religieuses (par exemple en
choisissant dans un premier temps la direction de Jérusalem pour la prière) et
en essayant de les convaincre qu'il ne faisait que perpétuer la vielle
tradition des Prophètes.
5Notons dans la doctrine zoroastrienne la notion dualiste d'un dieu bon (en persan Ormuzd) et d'un dieu mauvais (Ahriman). Ormuzd est tout-puissant, mais, jusqu'à la consommation des siècles, son pouvoir est entravé par l'action d'Ahriman, le génie du mal. La lutte qui oppose ces deux principes durera autant que l'humanité elle-même et se terminera avec le triomphe définitif d'Ahura-Mazdâ et la disparition ou, mieux, la transformation, d'Ahriman par la réintégration de la dualité dans l'unité divine. Les méchants auront entre-temps expié leurs méfaits dans les épreuves de la réincarnation ou dans les tourments de l'enfer et ils renaîtront comme les bons avec un corps glorieux.
6 Les Zoroastres ne sont pas des «adorateurs du feu», comme les appelleront les envahisseurs musulmans. Leur adoration s'adresse à Ahura-Mazdâ (le Seigneur Grand Sage), à Mithra (dieu du soleil), à Anahita (déesse principalement de la fécondité), et à bien d'autres dieux. Le feu, pour les Zoroastres, est une manifestation éminente de l'omniprésence divine, et à ce titre il doit être préservé de tout contact impur, en particulier des corps en décomposition. Les morts sont exposés dans les dakhma («sépultures», qu'un journaliste britannique a appelées «tours du silence»), où ils sont dévorés par les vautours. L'eau aussi fait l'objet d'une profonde vénération: encore aujourd'hui, certaines sources en Inde et en Iran sont considérées comme sacrées.
7 Mentionnons brièvement la hiérarchie d'archanges et d'anges qui selon l'Avesta constitue l'armature invisible. Au sommet, se placent les saints immortels, au nombre de sept, appelés Amshaspends, lesquels correspondent à la manifestation informelle de l'Univers. Viennent ensuite différentes catégories de Yazata,les anges exécuteurs, qui correspondent aux entités du monde subtil parmi lesquelles figure le Feu, principe purificateur et véhicule de l'âme dans son ascension spirituelle. Parmi les catégories de Yazata nous retiendrons celle des Favrasis. Ceux-ci sont décrits comme étant les mânes des défunts, auxquels il faut rendre un culte les dix derniers jours de l'année et qui, tout en restant cachés, sont des génies bienfaisants en communion réelle avec l'humanité. Ce sont également des anges tutélaires ayant pour mission de protéger toute âme humaine et de recueillir le fruit de ses actes vertueux, accomplis sous leur inspiration et dont dépend leur existence.
[75] L’histoire de la personnification du mal
sous forme de démons, diables, esprits et entités malignes peut être retracée à
travers l’histoire de la pensée religieuse. Bien que le terme
« démon » ait acquis une connotation négative, le mot grec classique daimon
[esprit] d’où il dérive à travers le latin médiéval était utilisé pour
n’importe quel esprit bénéfique ou maléfique [agathos daimon], héros déifié, semi-dieu ou esprit des ancêtres qui
intercède entre le royaume transcendant et le royaume temporel. Au fil du
temps, ces démons ont progressivement été regardé comme maléfiques. Durant la
période gréco-romaine tardive, le terme daimona
était appliqué spécifiquement pour les mauvais esprits, dont le travail
principal était de frustrer, maltraiter et tenter les humains vers le péché. En
effet, la systématisation stoïcienne de la démonologie platonicienne, qui
interprète daimona comme existant
entre les dieux et l’humanité, est reflétée dans I Enoch 15 et II Enoch
29:5 où les anges déchus sont décris comme planant dans l’air inférieur. Ce fut
cette interprétation du terme daimona
qui fut adoptée dans la Septante, le Nouveau Testament et par l’Eglise
primitive.
8 La religion zoroastrienne est un culte eschatologique: à la fin des temps se produira une conflagration universelle et le monde sera envahi par un fleuve de feu, puis viendra la résurrection de tous les humains et l'annihilation des forces du mal. Le manichéisme, le priscillianisme et l'hérésie albigeoise présentent des analogies avec le mazdéisme