LA LETTRE CATHOLIQUE N° 28

 

SOYEZ FIERS D’ETRE DE L’EGLISE CATHOLIQUE APOSTOLIQUE ET ROMAINE

 

MAI-JUIN 2006  DIFFUSION GRATUITE  FAITES LA CONNAITRE

 

 

BENOIT XVI

 

SOMMAIRE

 

Editorial : Aller à Rome, de P.C. Aubrit Saint Pol

L’encyclique de Benoît XVI, commentaire de P.C.Aubrit Saint Pol

L’Histoire de l’Eglise : du concile de Ephèse au concile de Chalcédoine, de Eusèbe de Césarée

Tribune Libre : La mort de Milosevic, de Théodulfe Soplataris

                                De la morale en politique

La Vie des mots : De la Justice… Vérité et Justice P.C.Aubrit Saint Pol

Méditation de la Bible : La Genèse – la faute originelle, (suite) P.C.Aubrit St.Pol

Sainte Thérèse de Lisieux : Une femme… du Père Lethel

L’exchat

L’Eschatologie : la Fin du Monde, de Arnaud Dumouch

 

 

 

ALLER A ROME… !

 

 

L’Eglise m’apparut longtemps attirante et redoutable jusqu’à ma conversion. Elle m’était un mystère inquiétant et désirable. Elle incarnait pour moi l’une des autorités des adultes, un monde qui me répugnait. Les adultes étaient pour moi un univers incompréhensible, insaisissable sur lequel je ne pouvais compter. C’était une source d’insécurité et çà le reste. L’adulte ne semble plus avoir la mémoire vive et vivifiante de sa jeunesse, l’orgueil qu’il transpire m’apparaît aujourd’hui encore une menace monstrueuse sortie des marais insalubres.

 

Dieu a beaucoup d’humour. Il est un redoutable pédagogue. Il me pausa au cœur de l’Eglise dès les premières heures de ma conversion, dans son mystère maternel. Une mère immolée. J’entrais dans sa passion au sein du corps sacerdotal. Rien ne fut épargné. Etrange aventure : grâces brûlantes ! Elles eurent la puissance de m’enraciner dans mon identité d’homme, de chrétien romain. Elles forgèrent ma liberté intérieure. Aujourd’hui elle me les fait regarder en souriant. Je reçus la grâce de fidélité forgée aux feux des enfers : exclusion, mépris, incompréhension, humiliation. J’en ignore toujours la raison. J’en rends grâces à Dieu, car rien du peu que je suis devenu, ne l’eût été sans elles.

 

Mon retour à Rome !

 

Je la visitais la première fois il y a 28 ans, à l’occasion d’un pèlerinage. Je découvrais le cœur de l’Eglise…

 

L’invitation de me rendre à Rome me surprit, je doutais de sa réalité. Je ne m’en sentais guère digne. Dieu pouvait ne pas le vouloir. Il susciterait un évènement qui m’empêcherait de m’y rendre.

Les dernières semaines qui précédèrent ce voyage devinrent un espace-temps d’épreuves intérieures et extérieures. Je restais incrédule…

 

On ne se rend pas à Rome comme on se rend à Madrid ou à Paris.

 

Remus et Romulus tracèrent de leur sang fraternel le destin de Rome. Scipion réclame la destruction de Carthage. Jules César pleure sur la gloire d’Alexandre. Cicéron discourt sur la République. Auguste recense les sujets de l’Empire et Bethléem devient capitale de l’espérance. Saint Pierre remet son pas dans celui de Jésus. Saint Paul fait cliqueter ses chaînes et réprimande Corinthe. Constantin entre dans Rome, la liberté de l’Eglise est proclamée.

 

« Jerusalem, Athènes, Rome ! O mères patries ! De vous, je suis  votre héritier !

O cités de lumières, de passion et de sang !

De votre lait, nectar de la Providence, l’anonyme humain découvre sa personne, l’être de sa personne. Sa liberté de conscience se dévoile ! Ne la laissez pas s’éloigner de nous ! Que votre sein ne se tarisse jamais ! Que les ténèbres barbares n’engloutissent pas ce joyau ! Clamez vers les cieux cléments votre douleur d’enfantement ! »

 

L’avion survole la cité glorieuse. C’est une bien-aimée parée de gemmes, un embrasement de scintillances sur le velours de la nuit noire. Les bijoutiers florentins ont quitté leur Ponte Veccio : les diamants conversent avec les topazes, les rubis avec les saphirs, les émeraudes avec les corallines. Les rubans de nacre, d’ivoire les suspendent en rivières pour contes merveilleux.

 

J’attendais Rome ! Rome m’attendait !

Elle attend toujours ! Elle n’y peut rien, elle se donne à tous.

 

Mon hôte me découvrit Rome dans sa nuit. La ville sainte ne dort pas. Elle vit ! Elle aime ! Son peuple l’anime de foule en foule. Il débarque des films de Pasolini, Fellini… Rome sourit ! Une vitrine de l’humanité telle que nous la décrivent les auteurs  à l’aube de son esprit : aimante, pécheresse, généreuse de vie, une ville vraie. Elle prie !

 

Rome ville ouverte ! Tu ne retiens rien pour toi. Ton peuple rayonne d’une joie de vivre.

On devient vite romain. Je suis romain.

 

Le lendemain, je fis connaissance avec la communauté qui m’accueillait. Elle est simple, humble, levée par une authentique spiritualité mariale. Elle est d’abord humaine. Elle est riche d’une grâce très précieuse, elle est anti-cléricale. Elle a suffisamment de pauvreté pour ne pas rechercher le pouvoir. C’est un lieu de fraîcheur, de charité.

 

Dans l’après-midi, je visitais Notre Dame des Trois Fontaines : Marie y serait apparue à un anarchiste italien, en 1947. Il projetait d’assassiner Pie XII et écrivait des textes contre l’Immaculée Conception. Dans le déroulement de cet évènement, elle lui aurait révélé qu’elle se trouvait assise au cœur de la Sainte Trinité.

Je gagnai le lieu vénérable où saint Paul fut décapité. L’histoire de son martyr raconte que sa tête fit trois rebonds et pour chacun d’entre eux une fontaine jaillit.

 

Le soir, je rencontrais une famille éprouvée, leur enfant de 15 ans est paralysé. Elle  ne communique plus que par le regard. Peu de prêtres viennent la visiter. J’assistais à la célébration dominicale. Cette famille m’accueillit comme un ami de toujours. J’ai reçu un haut témoignage de spiritualité, d’humilité et de charité. J’ai quitté cette maison réconforté, en paix. Elle est un grand canal de grâces.

 

Le lendemain, nous prîmes le métro pour Saint Pierre, j’eus une messe privative près du Tombeau. Je priais sur les papes de ma vie : de Pie XII à qui je demandai pardon pour les outrages et les calomnies dont il est régulièrement l’objet, surtout en France. Je priai sur les suivants jusqu’à Jean-Paul II le Grand. Je revisitais la basilique sans grand enthousiasme. Je n’aime pas cette construction, elle exprime l’orgueil humain. Elle est une incongruité. L’Eglise d’aujourd’hui n’en est pas responsable. Elle en est victime… Mais elle fut l’occasion, pour le génie de l’homme, de s’exprimer. On peut affirmer qu’il s’y dépassa. Elle en est l’écrin. Elle permet d’abriter l’Eglise Universelle. C’est un bien inaliénable qu’il faut préserver. Il n’y aurait rien d’étonnant à ce qu’un jour, elle subisse le sort du Temple de Jérusalem. Dieu attire son épouse vers son Golgotha…

 

Nous prîmes notre petit déjeuner avec des séminaristes français de passage à Rome. Il faut réfléchir à leur formation humaine. Il serait sans doute souhaitable qu’ils aient une expérience de la vie économique, sociale, qu’on ne les prenne plus au berceau. Nous voulons des prêtres au tempérament bien trempé, des hommes virils, des mecs.

 

Je visitais le Latran. Je vénérais l’autel papal millénaire. Je priais sur le tombeau de sainte Cécile, je m’émerveillais de la crypte.

 

Je revins de mon séjour romain avec une intelligence plus affinée de l’Eglise, une liberté intérieure renforcée et tranquille.

 

Je rends grâces à Dieu d’être catholique. Mon appartenance à cette Eglise est partie intégrante de ce que je suis. Elle est une part de ma fierté, elle contribue à nourrir mon honneur.

Pierre-Charles Aubrit Saint Pol

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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L’ENCYCLIQUE DE BENOÎT XVI

 

DIEU ET AMOUR

 

Une encyclique est un évènement majeur dans l’Eglise et pour le monde surtout si elle inaugure un pontificat. Elle précise l’orientation pastorale du Vicaire du Christ. Elle est l’occasion d’un enseignement doctrinal sur un thème particulier. Le thème de cette encyclique est l’Amour.

 

L’encyclique se partage en deux parties, schéma que nous suivrons pour une meilleure compréhension :

 

- La première partie considère l’amour que l’homme et la femme se doivent mutuellement. Benoît XVI n’en omet aucun aspect. Il aborde l’amour de Dieu envers l’homme et celui de l’homme envers son Dieu. Il s’arrête sur le sens des mots et leur maltraitance actuelle.

 

- La seconde partie considère la pratique concrète de l’amour de charité. Il rappelle, qu’il n’y a pas de charité possible sans une assiduité à la vie sacramentelle, sans l’adoration. Il recommande de se garder du parasitisme idéologique qui dénature le geste d’amour de charité, car l’agapè a pour objet premier la gloire de Dieu : « Aimer Dieu pour mieux aimer l’homme pour que l’homme aime Dieu. »

 

Nous vous invitons à nourrir votre foi et votre prière de la lecture de cette encyclique. Elle est importante pour notre époque. Le Pasteur des pasteurs oriente une pastorale de l’amour, un cœur à cœur avec Dieu et l’homme avec son prochain. Il faut croire à cette importance puisque les médias français n’en ont guère parlée.

 

Nous soulignons un passage de la préface rédigée par Monsieur le cardinal Ricard, archevêque de Bordeaux. Nous ne sommes pas peu étonnés de lire :

 

« Il revient donc à l’Eglise d’organiser la charité et de veiller à ce que celle-ci, grâce à la prière et la vie sacramentelle, reste bien enraciné en Dieu. »

 

C’est une dénonciation de l’intrusion des idéologies dans la pastorale et dans les théologies. Elles ôtent toute valeur spirituelle aux œuvres de charité. Elles les dénaturent. Elles transforment un acte de pur amour en un instrument dialectique. Elles nourrissent culture de révolte, de colère, de haine sociale.

Les idéologies piègent l’idéal de justice qu’elles retournent invariablement contre ceux qui y aspirent légitimement.

 

Nous espérons que cette dénonciation de fait, n’est pas un simple propos de convenance. Elle devrait être suivie d’effets substantiels sur les orientations pastorales. Il ne devrait plus y avoir la moindre complicité ni confusion entre l’Evangile et les praxies idéologiques.

 

L’Unité de l’Amour dans la Création et dans l’Histoire du Salut :

 

Benoît XVI, docile à l’Esprit Saint, ouvre son pontificat sur un appel à l’amour. L’amour que l’on doit à Dieu et à l’homme, car pour un chrétien tout homme est un frère, toute femme est une sœur.

Il aborde ce thème sous ses différents angles : l’eros, l’agapè. Il remet chacun de ces termes dans la lumière de la loi naturelle et dans celle du divin Foyer d’Amour.

 

Du plus lointain de la Révélation, l’amour de charité, c'est-à-dire : « Aimer comme Dieu aime » est le primat de l’Eglise, il l’est également pour tout baptisé :

 

« Quand les cœurs s’empliront d’amour, je reviendrai vers vous sur la nuée. » Parole de Jésus à une âme privilégiée.

 

Il souligne, dans son introduction,  qu’être chrétien pour Dieu et le prochain est l’accomplissement de la Révélation hébraïque. Le cœur de cette Révélation est l’amour de Dieu pour l’homme, l’amour de l’homme pour Dieu et pour le prochain.

 

On ne peut aimer Dieu et ignorer son prochain :

 

«  […], l’amour n’est plus seulement un commandement, mais il est la réponse au don de l’amour par lequel Dieu vient à notre rencontre. »

 

Le Saint Père, dans le développement de son discours aux paragraphes 2, 3, 4, pose le problème du vocabulaire, du sens des mots. Il fait un constat sévère et précis sur la compréhension que peut avoir l’esprit du monde du mot « amour ».

 

La charge du péché originel, les pratiques peccamineuses en général, le poids des cultures parfois aliénantes donnent à ce mot et aux concepts qu’il induit des lignes de forces contradictoires. Elles peuvent dresser l’homme contre la femme, l’individu contre lui-même. Elles le dressent même contre Dieu.

 

En cette période de décadence intellectuelle, morale, spirituelle et des désordres affectifs, la masse écrasante des solitudes tragiques, il convient que les serviteurs de la charité, ces témoins de l’Espérance, s’imposent beaucoup de prudence et de rigueur dans le maniement des termes « eros, agapè » et des concepts qui en procèdent :

 

« Le terme « amour » est devenu aujourd’hui un des mots les plus utilisés et aussi des plus galvaudés, un mot auquel nous donnons des acceptions totalement différentes. »

 

Dans la chrétienté, des tendances fâcheuses se sont installées, souvent par défaillance ou lâcheté, de propos délibérés. Elles s’attaquent à la vie intellectuelle, la dénigrent, car elles opposent l’amour à la raison, à la vie de l’esprit. L’amour, pour ces esprits chagrins, est un fleuve de certitudes qui n’est rien d’autre qu’un vomissement d’affectivités malencontreuses aux conséquences désastreuses. Elles blessent la charité. Il n’y a rien que l’on puisse faire si ce n’est leur opposer la richesse patristique, la sainte doctrine et une bonne pinte de bon sens.

 

Le sourd dénigrement de l’activité intellectuelle, une rassurante indifférence : « surtout ne pas déranger ! » illustrent notre décadence. Il est urgent d’en sortir.

 

L’intellectuel chrétien est au service de la vérité. Il en est le témoin privilégié. Il témoigne de la vérité objective de l’acte humain et de son environnement. C’est à cette condition, qu’il peut envisager la construction de concepts en vue de maintenir son prochain dans la lumière naturelle et surnaturelle.

 

Le Saint Père, dans le paragraphe 5, analyse et dénoue avec clarté et fermeté, les dérives de l’amour. Il condamne les dérives moralistes et hérétiques :

 

« Si l’homme aspire à être  seulement esprit et qu’il veut refuser la chair comme étant simplement un héritage animal, alors le corps et l’esprit perdent leur dignité. Et si, d’autre part, il renie l’esprit et considère dans la matière, le corps, comme la réalité exclusive, il perd également sa grandeur. […] C’est seulement parce que les deux se fondent véritablement en une unité que l’homme devient pleinement lui-même. C’est uniquement de cette façon que l’amour – eros - peut mûrir, jusqu’à parvenir à sa vraie grandeur. »

 

Dans les paragraphes 6 à 8, il met en relief l’eros en tant qu’amour charnel et l’agapè. L’agapè est l’amour d’un cœur à cœur, homme et femme, homme et Dieu, Dieu et le prochain pour parvenir à l’unité fusionnelle des deux, unité réparatrice :

 

« L’amour comprend la totalité de l’existence dans toutes ses dimensions, y compris celle du temps. Il ne pourrait en être autrement, puisque sa promesse (Jésus) vise à faire du définitif ; l’amour vise à l’éternité. Oui, l’amour est « extase » […], comme exode permanent allant du je enfermé sur le lui-même vers sa libération dans le don de soi et précisément ainsi vers la découverte de Dieu. »

 

Il démontre plus loin, qu’il n’y a pas opposition entre eros et agapè.

 

Il faut ici développer un point que le Saint Père omet.

C’est un grand bonheur de lire, sous la plume du Vicaire du Christ, qu’il ne se trouve pas d’opposition entre eros et agapè et que les deux sont égaux en dignité.

 

Nous abordons l’amour sous l’angle de la morale :

 

Il convient d’avoir en mémoire deux erreurs fatales pour la chrétienté occidentale. Elle est victime de deux assauts frontaux extrêmement pervers. Il s’agit du ‘Puritanisme’ de la Réforme et du ‘Jansénisme’. Ces  deux hérésies génèrent un moralisme radical nécessité par le rejet de la vie mystique.

Ces deux tendances sont une hypertrophie de la morale proposée comme objet quasi ultime de la vie chrétienne. Elle en fait un absolu. Ce moralisme vide l’acte de charité de sa substance d’amour et le transforme en geste formaliste qu’il fait dépendre de la morale. – Souvenons-nous de la scène suivante dans le film « Autant en emporte le vent » : la tenancière d’une maison close n’ose pas faire un don directement pour les nécessiteux, car elle sait qu’on le lui refusera. Elle confie son obole à la seule personne qui incarne justement la compassion, la charité.

 

Les milieux  sociaux du XIXeme et XXeme mettent la qualité morale de la personne qui porte ce geste au-dessus de la qualité du geste en lui-même. – La morale est ici si absolue et si figée qu’elle se transforme en convenance sociale. C’est le dernier sommet de la montagne d’orgueil avant l’effondrement de la morale que nous connaissons aujourd’hui.

 

Nous assistons au retour de ce moralisme dans certains milieux, il s’accompagne d’un ‘néo-socio-fixiste’. Des cercles socio-concentriques dans l’Eglise se reconstituent sur cet axe. Leurs membres issus de couches sociales diverses considèrent l’Eglise comme une garantie sociale, un lieu de protection contre les déséquilibres actuels. C’est une erreur. L’Eglise est la voie garantie du salut, elle n’est pas une forteresse sociologique contre le monde. Elle n’est pas une utilité sociale comme peut l’être la loi humaine. L’Eglise ne peut être mise sur le même pied conceptuel que celui de la morale, les fins sont différentes. Elle ne peut se laisser enfermer. La morale est à l’Eglise ce que le marteau est au forgeron. La morale n’est pas une fin en soi, ce n’est pas un absolu.

 

Nous devons considérer les vestiges putrides du ‘Puritanisme et du Jansénisme’ avec la plus grande sévérité et défiance. Au tribunal de l’histoire, ils sont condamnés pour crimes contre l’humanité.

 

La morale ne  remplace pas le cœur à cœur avec Dieu, le cœur à cœur entre l’homme et la femme. Elle lui est inférieure.

Elle ne concerne pas les anges mais le genre humain qui, de toute la création, est le seul à s’être auto-blessé, auto-mutilé.

Elle n’est qu’une béquille nécessaire mais certainement pas un absolu.

La morale ne doit pas être rejetée pour autant, surtout pas sous le prétexte erroné, qu’elle serait la résultante de conventions sociales et par conséquent contraire à la liberté.

Les Dix Commandements ne peuvent pas être annulés par aucune volonté. Ils sont les deux montants de l’échelle qui permet l’ascension vers Dieu.

La morale est la résultante conjointe de l’observation de la loi naturelle et  de l’aveu de faiblesse de la nature humaine. Elle est nécessaire au maintien de la dignité de l’homme et de la femme. C’est pourquoi les anciens, tel que Socrate, l’appelaient :

 

« La loi universelle du bien ».

 

Elle permet à l’homme de se maintenir dans sa dignité de prince de la création. La Révélation judéo-chrétienne lui donne une transcendance qui la transforme parce qu’elle est ordonnée à l’agapè.  Elle devient un instrument de liberté.

 

Si le Christ-Jésus n’était venu que pour la restauration morale de son temps, si la foi chrétienne n’était rien qu’un code moral, alors Marie- Madeleine ne se fut jamais convertie et le Bon Larron n’eut pas fait son salut sur sa croix.

Il y a un ordre supérieur à la morale et elle lui est soumise, c’est  l’amour de charité, l’agapè. C’est ce qui fit dire à Jésus :

 

« Les prostituées vous précéderont dans le royaume de mon Père, car elles ont beaucoup aimé. »

 

Dans le cœur de certains pécheurs, il s’y trouve une source rafraîchissante que l’on trouve moins facilement chez les justes : « l’humilité ».

Un catholique ne devrait plus avoir besoin de la morale, car son baptême l’engage à rechercher l’amitié de Dieu. C’est cette recherche qui aboutit à l’union transformante et le garantit contre les dérives, car sa volonté devient celle de Dieu :

 

«  Soyez saints comme votre Père qui est dans les cieux. »

 

Plus loin, Benoît XVI démontre qu’il n’y a pas d’opposition entre l’eros et l’agapè :

 

« En réalité, eros et agapè – amour ascendant et descendant – ne se laissent jamais séparer complètement l’un de l’autre. […] même si essentiellement l’eros est surtout sensuel, ascendant – […] lorsqu’il s’approche en suite de l’autre, il se préoccupera toujours de l’autre, il se donnera et il désirera « être pour » l’autre. Celui qui veut donner de l’amour doit lui aussi recevoir comme un don. »

 

On pourrait ajouter que, au-delà de la problématique des sentiments partagés ou non, il y a une autre difficulté sous-jacente, celle d’accepter d’être aimer pour soi sans aucun mérite.

 Ce n’est pas là un moindre problème ! Il peut être une tentation désespérante dans la relation interpersonnelle, ainsi que l’acception de la Révélation. Montherlant semble l’avoir étudié avec génie dans « Le Maître de Santiago », c’est une des faces de l’orgueil désespéré.

 

Les paragraphes 6 à 8 sont, avec mesure et clarté, une réponse définitive à la démarche désespérante de Freud :

 

« Oui, monsieur, l’amour est source de toute guérison ! »

 

Dans les paragraphes 9 et 10, le pape insiste sur la nouveauté qu’apporte la Révélation biblique à l’amour. L’homme n’est plus condamné à un amour relatif, réduit. Voici que Dieu se révèle un Dieu personnel, un Dieu d’amour. Un Dieu qui est l’amour. Il aime la personne pour elle-même :

 

« L’amour passionné de Dieu pour son peuple – pour l’homme – est en même temps un amour qui pardonne. Il est si grand qu’il retourne Dieu contre lui-même, son amour contre sa justice. […] Dieu aime tellement l’homme que, en se faisant homme lui-même, il le suit jusqu’à la mort et le réconcilie de cette manière – justice et amour -. […] oui, il existe une unification de l’homme avec Dieu – tel est le rêve originaire de l’homme. « Celui qui s’unit au Seigneur n’est avec lui qu’un seul esprit. » (1. Co. 6, 17) 

 

Au paragraphe 11, Benoît XVI reprend l’enseignement de la patristique : le mariage entre un homme et une femme est l’image du lieu d’amour entre Dieu et Israël, entre Dieu et l’Eglise. Ce qui reprend la condamnation explicite de l’union entre deux personnes de même sexe.

Dieu, par sa Révélation, transcende la loi naturelle.

 

Ceux qui sciemment rompent l’ordre naturel, rompent l’ordre surnaturel. Ils se coupent de la grâce d’union à Dieu et de la grâce sanctifiante. Ils dressent leur péché comme on dresse son poing. Ils tendent à en faire une institution légitime, c’est cela le scandale du péché, celui dont il est fort difficile d’en revenir. Ils se mettent hors de la cité des hommes et celle de Dieu :

 

« A l’image du Dieu du monothéisme, correspond le mariage monogamique. Le mariage fondé sur un amour exclusivement et définitif devient l’icône de la relation de Dieu avec son peuple et réciproquement : la façon dont Dieu aime devient la mesure de l’amour humain. Ce lien étroit entre eros et mariage dans la Bible ne trouve  pratiquement pas de parallèle en dehors de la littérature biblique. »

 

Dans les paragraphes 12 à 18, Benoît XVI développe le thème de l’amour de Dieu incarné en Jésus-Christ, Jésus-Christ amour :

 

« La véritable nouveauté du N.T. ne consiste pas en des idées nouvelles, mais dans la figure même du christ qui donne chair et sang aux concepts – un réalisme inouï. »

 

Dieu, en Jésus, met en acte sensible, visible, l’amour Trinitaire dans l’homme et la femme :

 

« Dans sa mort sur la Croix s’accomplit le retournement de Dieu contre lui-même, dans lequel il se donne pour relever l’homme et le sauver – tel est l’amour dans sa forma la plus radicale. »

 

Il poursuit son développement sur l’offrande de Dieu dans le sacrement le plus vertigineux qui soit : l’Eucharistie qui est réellement et véritablement agapè de Dieu :

 

« A cet acte d’offrande, Jésus a donné une présence durable par l’institution de l’Eucharistie au cours de la Dernière Cène. Il anticipe sa mort et sa résurrection en se donnant déjà lui-même, en cette heure-là, à ses disciples, dans le pain et dans le  vin, son corps et son sang comme nouvelle manne. […] L’image du mariage entre Dieu et Israël devient réalité d’une façon proprement inconcevable : ce qui consistait à se tenir devant Dieu devient maintenant, à travers la participation à l’offrande de Jésus, participation à son corps et son sang, devient union. »

 

Caritas, l’exercice de l’amour de la part de l’Eglise en tant que « communauté d’amour » :

 

Benoît XVI conclue sa première partie sur l’amour du prochain.

L’Eucharistie est sacrement d’union parce que sacrement d’amour. Il renvoie à l’amour du prochain qui est l’une des conditions majeures de salut :

 

« L’union avec le Christ est en même temps union avec tous ceux auxquels il se donne. Je ne peux avoir le Christ pour moi seul ; je ne peux lui appartenir qu’en union avec tous ceux qui sont devenus ou qui deviendront siens. […] L’amour pour Dieu et l’amour pour le prochain sont maintenant vraiment unis : le Dieu incarné nous attire à lui. A partir de là, on comprend comment agapè est alors  devenue aussi un nom de l’Eucharistie : dans cette dernière, l’agapè de Dieu vient à nous corporellement pour continuer son œuvre en nous et à travers nous. »

 

Il conclut en insistant sur le lien qu’il y a entre ce sacrement d’Amour et l’exigence de l’amour du prochain, un amour concret :

 

« Une Eucharistie qui ne se traduit pas en une pratique concrète de l’amour est en elle-même tronquée. […] Celui qui a besoin de moi et que je peux aider, celui-là est mon prochain. […] L’amour de Dieu et l’amour du prochain se fondent l’un à l’autre : dans le plus petit, nous rencontrons Dieu. […] On doit plutôt interpréter le verset johannique dans le sens où aimer son prochain est aussi une route pour rencontrer Dieu, et où fermer les yeux sur son prochain rend aveugle aussi devant Dieu. »

 

Le pape, par son insistance heureuse sur la relation entre le sacrement de l’Eucharistie et l’amour du prochain, exclue radicalement et, dans une logique qui établie les fondements d’un humanisme chrétien, toutes les interférences idéologiques. Il en exclue toutes les praxies qui rejettent Dieu au profit d’une humanité sans espérance et l’homme au  profit d’un dieu aliénant, un dieu de mépris…

Dieu est le premier à nous aimer. C’est à la recherche de cet amour qu’il nous faut nous engager pour pouvoir aimer selon Dieu : amour de charité, agapè.

Le lieu d’amour qui se forme entre Dieu et l’homme est une communauté de volonté et de pensée : vouloir comme Dieu, penser comme Dieu… N’avoir qu’un unique vouloir, qu’une unique pensée…

 

On ne peut aimer Dieu sans aimer son prochain en vérité et, on ne peut aimer son prochain sans préalablement aimer Dieu qui est la Vérité.

 

Dans cette seconde partie, Benoît XVI reprend toute la réflexion patristique sur l’amour de charité envers l’humanité nécessiteuse. Il rappelle que, dans cette concrétisation de l’amour, l’Eglise ne cesse d’initier dès ses premières heures.

L’acte de secours matériel, moral pour qu’il soit bien d’amour et de présence divine, doit respecter le receveur, exclure sans faiblesse toute interférence idéologique. On ne peut aimer son prochain selon Dieu et s’allier à une praxie qui exclut Dieu de l’amour que l’on exprime envers son prochain.

 

Nous soulignons le lien éminent qui relie l’amour de Dieu, l’amour du prochain à tout le développement réactualisé récemment de la doctrine sociale de l’Eglise.

 

Le développement de cette seconde partie de l’encyclique a une valeur égale à la première. Le pape nous donne l’essence qui préside à l’élaboration de la doctrine sociale de l’Eglise, celle que l’esprit du monde rejette, rejet que l’on trouve dans les réseaux déplorables au sein de l’Eglise.

 

Nous voudrions convaincre nos lecteurs de la nécessité dans laquelle nous nous trouvons, nous chrétiens romains, de renouveler, de convertir nos intelligences, notre activité intellectuelle.

 

Nous, intellectuels, avons le devoir, l’obligation de nous donner les moyens de contribuer à la délivrance des esprits enfermés dans la culture révolutionnaire, dans les filets de rêves tragiques. Nous devons œuvrer au retour d’un humanisme chrétien, pour le développement social du Christ Total.

 

Nous nous permettons d’insister, nous vous recommandons la lecture assidue de cette encyclique. Elle est une nourriture substantielle de l’âme et de l’intelligence. C’est un document majeur.

 

Dans sa conclusion, à partir du paragraphe 41, le Saint Père reprend tout le développement de son discours pour le déposer dans les mains de l’Immaculée. Après qu’il a développé sa pensée en serrant au plus près le christocentrisme. Il va vers l’Immaculée parce qu’il sait que le Christ renvoie à sa Mère, car la mission du Christ est par sa filiation maternelle également celle de Marie. L’Immaculée n’est que par le Christ, mais le Christ ne veut être dans son humanité que de Marie sa Mère :

 

« Marie, la Vierge, la Mère, nous montre ce qu’est l’amour et d’où il tire son origine, sa force toujours renouvelée. C’est à elle que nous confions l’Eglise, sa mission au service de l’Amour. »

 

« Sainte Marie, Mère de Dieu,

tu as donné au monde la vraie lumière,

Jésus, ton Fils – Fils de Dieu.

Tu t’es abandonnée complètement

à l’appel de Dieu

et tu es devenue ainsi la source

de la bonté qui jaillit de Lui.

Montre-nous Jésus. Guide-nous vers Lui.

Enseigne-nous à Le connaître et L’aimer,

afin que nous puissions, nous aussi,

devenir capables d’un amour vrai

et être sources d’eau vive

au milieu d’un monde assoiffé. » 

 

Demandez à l’Immaculée de vous aider à vivre la grâce d’union avec Elle, pour pouvoir la vivre grâce à Elle avec son Fils.

 

Pierre-Charles Aubrit Saint Pol

 

 

 

P.S : Nous déplorons que la transcription en français de cette encyclique soit d’un niveau très moyen, à mon sens.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LE CONCILE DE VATICAN II

 

HISTOIRE DE L’EGLISE

 

 

DU CONCILE D’EPHESE 431

AU

CONCILE DE CHALCEDOINE 451

à

L’OPPOSITION ANTI-CHALCEDOINE

 

(Nous tirons les données historiques de l’Histoire de l’Eglise de l’ouvrage magistral portant titre : « Nouvelle Histoire de l’Eglise » éd. Seuil 1963 sous la direction collégiale de :

 L. J.ROGIER,R.AUBERT,M.D. KNOWLES)

 

 

Le comportement de Nestorius, évêque de Constantinople, déclencha des réactions enchaîne. Constantinople se passionne pour la théologie, elle fait partie de la culture commune au peuple. Ne nous étonnons pas si les prêches de Nestorius embrasent le peuple et le clergé. Rome, mal informé, ne réalise pas tout de suite l’ampleur de ce qui se passe.

 

Saint Cyrille d’Alexandrie s’opposa à lui avec ardeur, d’autant plus qu’un conflit passionnel s’est installé entre Constantinople et Alexandrie :

 

« Il serait artificiel, comme on l’a fait trop souvent, de dresser Alexandrie en face d’Antioche comme deux traditions doctrinales parallèles et continues pendant des générations ou des siècles. […] ; c’est maintenant avec Cyrille qu’apparaît une théologie proprement alexandrine : pour être plus récente leur opposition n’en sera pas moins radicale. » (ch. III eme)

 

La crise nestorienne permet à Cyrille de développer sa pensée. Elle s’ordonne autour du mystère de l’Incarnation et, il fait de la seconde Personne de la Trinité son sujet d’étude. Il élabore la théologie ‘christologique-théocentrique’. Le Christ est le Verbe divin qui prit la condition humaine pour notre salut :

 

« Car si Notre Seigneur Jésus-Christ est Dieu, comment la Vierge sainte qui l’a enfanté se serait-elle pas Mère de Dieu, la Théotokos ? »

 

Saint Cyrille est obsédé par la défense de la divinité du Christ, c’est ce qui motiva l’Eglise à le déclarer docteur de l’Incarnation. La crise nestorienne est si brutale qu’il fait feu de tout bois pour la réduire. Ses prédécesseurs ne lui laissèrent pas une matière consistante sur le sujet ; il utilise saint Athanase, mais aussi les paragraphes appolinaristes. Cyrille utilisera en premier la formule : « union hypostatique », elle deviendra le thème dominant de sa pensée :

 

« Il reste que ce thème de l’unité indissoluble entre le Dieu et l’homme dans l’Incarnation est bien caractéristique et dominant chez lui. »    

 

Il veilla comme le Bon Pasteur à prémunir son église contre cette hérésie. Il correspond avec Nestorius et la cour de Constantinople. Il s’appuie sur Pulchérie, la sœur de l’empereur Théodose II. Il intensifie ses relations avec Rome. Le pape Célestin reçoit le dossier complet traduit en latin, il convoque un synode romain qui condamne Nestorius le 11 août 430 et le menace de destitution.

Cyrille rédige un document où il expose sa doctrine qu’accompagnent 12 anathématismes. Antioche se heurte au style abrupt de Cyrille par principe, même s’il commence à s’opposer à Nestorius qui en profite pour se dresser contre Rome. Finalement et malgré une intense correspondance, la convocation d’un concile s’impose. Théodose II convoque le troisième concile œcuménique d’Ephèse.

Cyrille, informé des hésitations des évêques syriens et ciliciens dont est issu Nestorius, convoque le concile le 22 juin 431 sans attendre ni les orientaux ni les légats romains qui arrivent  avec 15 jours de retard. Nestorius refusera de se rendre au concile, il est condamné et déposé. Rome confirme la déposition. Des évêques orientaux protestèrent et déposèrent à leur tour Cyrille. Les pères du concile déposèrent Jean d’Antioche et ses amis en réponse :

 

« La confusion allait croissant du fait des interventions en sens divers des fonctionnaires impériaux commis auprès du concile, puis l’empereur lui-même, qui ne pouvait manquer de se saisir de l’affaire et à qui d’ailleurs les deux partis firent appel. Situation paradoxale : pendant quelques semaines Nestorius d’un côté, Cyrille te Memnon de l’autre, considérés également comme déposés, furent mis aux arrêts et gardés à vue. Les négociations se poursuivant, les intrigues redoublent, accompagnées, comme il était normal en ce temps là, de tentatives de corruption auprès des personnages influents à la cour. »

 

La foule s’émeut de l’affaire, des émeutes éclatent, tous se passionnent pour les débats théologiques. L’empereur est obligé de congédier le concile. Seul, Nestorius reste déposé, il se retire dans un couvent près d’Antioche. Il continuera d’entretenir de l’effervescence et sera relégué au fond du désert égyptien, il y mourra vers 450.

 

L’empereur reprend ses efforts pour la réconciliation avec l’aide du pape Xyste III. Il envoie un fonctionnaire tenter de réconcilier Jean d’Antioche et Cyrille. Il y parvient non sans mal, mais dans ce contexte la grandeur d’âme de ces deux évêques se révèle. La réconciliation est confirmée par un échange de correspondance où chacun reprend le Credo unique :

 

« Que les cieux se réjouissent et que la terre tressaille d’allégresse (Ps. 96,11), le mur qui nous séparait est maintenant abattu (Eph. 2, 14) ».

 

Ces documents sont une synthèse des deux théologies en présence.

 

Les grands témoins de la première querelle nestorienne meurent. Il ne reste que Pulchérie qui monte sur le trône et s’associe à Marcien.

Entre 447 – 448, les querelles christologiques se raniment à cause du moine Eutychès, anti-nestorien. Il manifeste son opposition au compromis. Il se fait le porte-parole des évêques orientaux fidèles à Cyrille et à sa théologie.

Les positions radicales de Eutychès font naître les premiers éléments d’une nouvelle hérésie : le monophysisme. Il prend radicalement le contre-pieds de Nestorius avec un tel extrémisme qu’il en vient à nier la nature humaine. Il rejeta la formule d’Ephèse :

 

«[…] consubstantiel à son Père selon la divinité, consubstantiel à nous selon l’humanité ». 

 

C’est Eusèbe de Dorylée qui accuse Eutychès devant l’évêque de Constantinople. C’est un synode qui le condamne le 22 novembre 448, mais avec l’appui de ses amis, Eutychès fait appel et obtient la convocation d’un concile œcuménique.

Le pape Léon se saisit rapidement et sur le fond de cette affaire. Il prend position et adresse à Constantinople un document le « Tome à Flavien » dans lequel il démontre l’erreur monophysite. On s’en servira pour la définition du dogme christologique.

 

A la suite de la mort de Théodose II, un concile œcuménique est convoqué à Chalcédoine, près de Constantinople. Il se tient du 8 octobre au premier novembre 451. La crise ne se terminera pas là.

Ce concile ouvrit une longue période de crise, plus d’un siècle. On en retrouve encore certains vestiges. Une opposition s’organise contre ce concile, ce qui explique que des églises se couperont de la communion. Elles refusent toujours de reconnaître l’autorité de ce concile. Dans toute cette crise, il y a eu beaucoup trop de facteurs humains, trop humains…

Les tenants du monophysisme se répandent et fond basculer l’Egypte et une grande partie  des églises d’Orient.

On doit aux crises nestoriennes et monophysites d’avoir fait un travail d’approfondissement sur Marie, la Vierge Mère, la Théodokose et sur le christo-centrisme.

 

Devant tant d’orgueil intellectuel dans l’Eglise, Dieu permettra l’émergence artificieuse, mensongère de l’Islam, de l’Islam conquérant… On retrouve ces grands courants hérétiques en résonance dans l’Islam et sa culture. L’Islam est à la chrétienté ce que furent les philistins aux hébreux, un fouet contre l’orgueil… Eusèbe de Césarée.

 

 

 

 

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LA MORT DE MILOSEVIC

 

OU

 

L’HISTOIRE INCOMPRISE DE L’EUROPE

 

 

La guerre civile Serbo-Yougoslave se trouvait au carrefour du passé et de l’avenir de l’Europe.

Il nous faut regarder l’histoire pour espérer comprendre sur quelles assises le nationalisme serbe s’est levé, voir au-delà des ambitions personnelles. Comprendre les raisons des nationalismes des Balkans et la tentative de guerre islamique quelles en furent leurs raisons profondes.

Cette région d’Europe fut, pendant plus de cinquante ans, sous la dictature communiste, asservie à l’empire de l’ancienne URSS. La substance intellectuelle et affective du bloc communiste nourrissait une culture patriotique si excessive qu’elle se pervertit et se transforma en un nationalisme potentiellement explosif, il devenait un exutoire pour toutes les déceptions et amertumes.

A la chute de l’empire communiste, les anciens Etats satellites s’affirmèrent, retrouvèrent leur identité, ils trouvèrent l’occasion de se réapproprier leur passé, un présent très immédiat, espérant définir un nouvel avenir. Ils se saisissaient de ce qui leur était le plus proche, ils tombèrent dans le nationalisme.  Des esprits ouverts surent raison gardée, ils eurent la sagesse de ne pas remettre en cause les frontières issues de la seconde guerre mondiale.

 

La culture nationaliste est née dans les courants du romantisme, issu directement des ‘lumières’ et des mémoires de Sainte Hélène – une idéologie sortie tout droit d’un esprit malade d’orgueil qui a la paternité des guerres de 1870 à celle de 39-45 -  une hypertrophie de la culture révolutionnaire.

La Fédération Yougoslave aura été, avec le sionisme et le nationalisme nazi, l’expression la plus radicale du nationalisme en tant qu’idéologie. Elles  prouvent, qu’on ne construit rien de vivant et de juste avec une praxie idéologique quelle qu’en soit sa nature. 

 

Milosevic fut le batare maudit de la conjonction extrême des deux plus monstrueuses idéologies que l’humanité ait eues à porter : le nazisme et le communisme. Il incarna un nationalisme ethnique, racial et identitaire ce qu’aucun pays de l’Europe n’eut imaginer revivre…

 

Il serait injuste d’accuser l’Occident d’en être la cause directe ou indirecte. Aucune puissance occidentale, pas même les Etats-Unis, ne souhaitait reproduire un tel drame ni à en être témoin. La seule puissance qui put souhaiter une pareille crise, pour affaiblir l’Occident, pouvait être la Russie, mais plus encore la Chine. On ne comprendra son rôle que dans plusieurs décennies. Il est certain que l’ambassade de Chine à Belgrade joua un rôle occulte dans cette affaire et que son bombardement ne fut pas un accident. C’est bien comme cela qu’il fut comprit.

 

Milosevic était l’un de ces personnages de l’histoire qui, quoique  vivant, ne naissent jamais. C’était un grand paranoïaque, évidé de toute substance morale, d’une grande pauvreté culturelle, malin plus qu’intelligent, un esprit luciférien comme tous ses devanciers dictateurs, prédateurs d’espoir et d’espérance. Son ambition était claire, il voulait le pouvoir. Il rêvait peut être de fonder une dynastie, d’entrer dans l’histoire comme celui qui aurait restauré l’identité serbe et élargie les frontières. L’idée d’une grande Serbie comme d’une grande Allemagne ou encore d’une grande Russie ou d’un grand Israël est perverse, diabolique. Rien n’est grand au dépend de la vie d’autrui.

 

La guerre civile Serbo-Yougoslave reste une tache dans l’histoire moderne de l’Europe. Elle révéla une Europe ravagée par la culture révolutionnaire, par une culture anti-chrétienne et néo-païenne. Les grands pays ne surent pas intervenir avec courage et la lucidité. Seule la clairvoyance de Jean-Paul II permettait une compréhension juste des événements. Il aura été celui qui, dès le début, a dit : « NON ! » Elle est inexcusable. Elle réveilla des appétits maudits. Des hommes tombèrent dans les régions de l’infra-humain à cause d’elle .

 

La mort de Milosevic n’est opportune pour personne, ni pour le mort. Il est mort d’avoir voulu échapper à son destin. Il refusait d’assumer ses gestes criminels. Son orgueil ne lui permettait pas de voir dans ce procès et toute la procédure l’occasion de sa rédemption. Il se crut que son destin le mettrait au-dessus de la loi commune. Il aura été là aussi dans la continuité des monstres de l’humanité. Ce n’était plus un homme, mais l’hypertrophie du surhomme de Nietzsche, l’infernale médiocrité…

 

De la mort de Milosevic, il résulte une justice inaboutie. Les victimes, mais plus encore le peuple serbe, avaient besoin de ce procès. Ils avaient besoin que  la vérité fût établie.

 

L’attitude du pouvoir Russe est étonnante. Moscou a peut-être vu là une possibilité d’instrumentaliser Milosevic pour créer un nationalisme pan-slave.

 

L’intervention des Etats-Unis se justifiait, elle mit à jour l’impuissance politique et morale de l’Europe Unie.

 

Quelles leçons devrions-nous retirer de cette guerre civile ?

 

1er – L’institution du Tribunal International est salutaire. Elle est la seule instance qui, par l’élaboration d’un droit international établi sur les bases du Tribunal de Nuremberg, peut favoriser l’émergence d’une conscience morale des patries. La Cours Internationale devra toujours avoir en tête l’intérêt de la personne humaine qui est le fondement de sa légitimité. Elle donne l’impulsion pour la sauvegarde du bien commun universel. On peut regretter son manque de rapidité, son manque d’efficacité, elle en est qu’à son début.

Si un Etat veut rayonner aude-là de sa puissance physique, il doit adhérer et soutenir cette Cours Internationale. Si personne ne peut ni ne doit échapper à la loi et à la justice, il doit en être de même pour les Etats. Il ne s’agit plus ici de considérations politiques, mais de considérations morales, de crédibilité. Si le politique retrouve une nouvelle légitimité, ce sera par un retour à la morale publique et individuelle qu’il y parviendra. La loi et la justice universelle doivent s’imposer à toute la Terre sans aucune exception.

 

2eme – La guerre civile Serbo-Yougoslave pose le problème de l’identité patriotique et du sentiment qui s’y rattache.

 

Qu’il s’agisse des politiques onusiennes, pan-européennes, pan-asiatiques ou mondialistes, elles doivent respecter les identités patriotiques des Etats nations et celles des régions, surtout celles qui ont une langue propre et très souvent une histoire dense. Elles doivent leur permettre de s’exprimer, de s’affirmer paisiblement, de se faire respecter.

C’est à ce prix intellectuel, moral et spirituel que le nationalisme reculera.

 

C’est une des données qu’il faut introduire dans l’analyse du triomphe du ‘NON’ au projet de constitution européenne.

 

On ne peut que s’indigner des propos méprisants qu’eut le Président de la commission européenne, Monsieur Baroso, au sujet de la sauvegarde des intérêts économiques patriotiques. Attitude qui donne raison aux tenants du NON. Elle est irrespectueuse de la volonté des peuples et des patries. Elle nuit à la culture démocratique.

On ne doit pas cesser notre vigilance, car sous ce mépris, s’ourdit la volonté de construire l’union européenne au-dessus de celle des peuples et des patries. Or, à moins d’imposer un régime européen autoritaire voir une dictature, la construction de l’unité ne pourra se faire solidement sans le respect et l’affirmation des identités patriotiques spécifiques. Ce sont les patries et les patriotes qui donneront in fine la légitimité à cette union et au pouvoir qui en émanera.

Les peuples doivent pouvoir se réfléchir, retrouver leur identité dans les institutions européennes. Il ne faut plus construire cette union au seul niveau des Etats. Dans le cas contraire, il n’y aurait rien d’invraisemblable, surtout après le NON massif à la constitution, que des peuples exigent de leur pouvoir politique le retrait de leur patrie d’un projet dans lequel ils ne se reconnaîtront pas.

Les années de notre avenir ne sont pas nombreuses dans lesquelles le sort des peuples va se jouer. Nous intellectuels avons l’obligation et l’urgence de toujours témoigner de la vérité et d’éclairer de notre mieux le pas de l’homme… C’est là notre mission ! A cause de cela, nous ne pouvons avoir aucune complaisance envers les puissants qui nous gouvernent et nous ne devons plus être d’aucun parti politique…

 

Cette position est une exigence de rigueur intellectuelle, de rigueur morale surtout pour les intellectuels catholiques. Le maintien du cœur de la culture judéo-chrétienne ne dépend déjà plus du politique, mais de la défense des valeurs morales basiques à toute l’humanité et de notre témoignage de l’espérance qui nous habite. Théodulfe Soplataris

 

 

LA VIE DES MOTS

 

DE LA JUSTICE…

 

Vérité… et Justice…

 

 

 

Le mot ‘VERITE’ a une racine indo-européenne ‘wer-‘ qui donna en latin ‘verus’- (vrai) d’où ‘verax,- acis et veridicus « qui dit la vérité » ; en bas latin ‘verificare «  ce qui est présenté comme vrai ». En franc ‘warjan’ « garantie la vérité de quelque chose ». Véridique provient de ‘veridicus qui pourrait avoir donné ‘verdict’, mot anglais, pouvant avoir pour sens « la sanction de la vérité ».

Le mot ‘justice’ a une racine latine : ‘jus, juris’ qui à l’origine concernait une formule religieuse qui avait force de loi. C’est pourquoi le mot ‘droit’ se rattache au latin ‘jurare’ qui signifie « prononcer une formule rituelle ». Plus tard au XII eme siècle on verra apparaître le mot latin ‘justuce’ qui signifie ce qui est ‘juste’, il sera précédé au XIeme par ‘justitia’ qui donnera ‘justice’. Le sen du mot ‘juste’ était compris pour ce qui est ‘équitable’ et ‘exact’. Par extension, on relie les termes ‘équitable et exact’ à ce qui est vrai, ce qui procède de l’établissement de la vérité. (Dict. Etymo. Du Français, de J. Picoche) 

 

Dans toutes les cultures, mais surtout dans la culture judéo-chrétienne, les concepts de justice et de vérité sont liés. On ne conçoit pas une justice sans vérité et on ne saurait soustraire les concepts ‘juste et injuste’ de celui de la vérité.

 

Vous me permettrez, avec une joie malicieuse, de revenir sur le sens chrétien du mot ‘VERITE’. Dire la vérité, se mettre au service de la vérité, c’est vivre et faire vivre.

 

La vérité est un mot porteur de vie depuis que le Christ-Jésus se manifesta sur la terre d’Israël, et qu’il s’affirma être :

«[…] la Vérité et la Vie ».

 

La vie est donc source de la vérité et la vérité se sustente à la vie. Elles sont si liées qu’elles se manifestèrent unanimement dans le Messie – un Homme tout à fait homme, un Dieu tout à fait Dieu - et ce Tout insondable en une seule et même Personne. Un vertige n’est-ce pas ! Un vertige d’Amour !

 

Si la vie produit la vérité parce qu’elle ne se manifeste que dans la lumière - selon les lois de la physique moléculaire, nous savons que la lumière produit la vie – la vérité témoigne de la vie et, parce qu’elle en témoigne, elle libère tout homme. Elle le rend libre. L’homme qui fait la vérité, qui en témoigne, est le plus libre qui soit.

 

L’homme juste est celui qui dit la vérité, il la sert. En théologie, on enseigne que : celui qui vit justement, le justifié, est celui qui adhère au salut proposé part l’Eglise au Nom du Sauveur qui s’est voulu le justiciable pour le genre humain afin de satisfaire à la justice de son Père.

D’une manière générale, un juste vit justement, c’est à dire  selon la perception qu’il a de la vérité. La vérité est liée à l’homme en tant qu’elle contribue à le produire.

 

Le Christ-Jésus lie le Prince du mensonge à l’homicide. Le meurtrier est un menteur et un menteur est un meurtrier. Certes, tous les menteurs ne commettent pas un meurtre physique, mais il est  certain qu’ils se coupent du salut. Ils prennent le risque de se couper de la lumière. Ils seront saisis dans l’état de conscience qui sera le leur pour une éternité de non-vie. Le mensonge est lié à la mort en toute justice…

 

Considérons la notion de juste au sens où ce mot qualifie ce qui est exact et équitable.

Nous revenons, par le terme exact, au concept de vérité ; ce qui est exact et non seulement précis mais également vrai. Nous voyons une perspective s’ouvrir sur la justice en tant qu’elle est ontologiquement associée à l’acte juste ou injuste de l’homme. La justice est bien au service de la vérité, elle lui est ordonnée.

 

La justice ne se donne que dans la mesure ou elle procède à la manifestation de la vérité, ce qui souligne le lien intangible qui lie la vérité à la justice. Le jugement équitable procède de la mise en relief de la vérité des actes qui, une fois établie, appelle le prononcé d’une sanction, ce qui lui permet de remettre l’homme dans la lumière.

Homme sujet de la vérité !

 

Quel est le principe dont procède l’autorité de la justice ?

Comment est-elle devenue institution ?

Quel est son rôle pour la personne et pour sa société ?

 

Le droit public et le droit privé sont l’émanation du droit familial… Le patriarche – celui qui engendre la famille – jouissait naturellement, c’est à dire selon la loi naturelle, d’une autorité incluant l’organisation interne de la famille, de la vie religieuse et de sa protection. Il était naturel, qu’au titre de sa charge, il exerça celle de rendre la justice. Ce pouvoir lui était reconnu et procédait tacitement ou par sanction cérémoniaire de l’ensemble des membres de la famille. Ce domaine de la justice familiale, lié par la nécessité du bien commun, connut une expansion naturelle quand, de la famille, on passa au clan, du clan à la tribu puis au peuple et du peuple au droit des nations.

 

La justice parce qu’elle est au service de la vérité, est au service de la vie. La justice ne juge que l’être doué d’intelligence, capable de conscience : l’épisode de la guerre 14-18 où un général français fait passer en cour martiale un chat pour intelligence avec l’ennemi, parce qu’il allait d’un camp à l’autre, relève du royaume d’Ubu. Le crétinisme existe même sous des étoiles. Un philosophe est rarement général…

 

Il est conforme à l’évolution des sociétés et des cultures que la justice s’érige en institution. Elle acquière le statut de corps vivant de la société.

Dieu lui-même, dans le terrible et tragique dialogue entre Jésus et Pilate,  reconnaît à l’homme et à ses institutions la légitimité de juger son semblable :

 

« Lors donc que Pilate entendit cette parole, il eut encore plus peur et il entra de nouveau dans le prétoire. Et il dit à Jésus : « D’où es-tu, toi ? » Mais Jésus ne lui fit aucune réponse. Pilate lui dit donc : « Tu ne parles pas…à moi ! Ne sais-tu pas que j’ai pouvoir pour te relâcher et que j’ai pourvoir pour te crucifier ? » Jésus répondit : « Tu n’aurais aucun pouvoir contre moi, s’il ne t’avait été donné d’en haut ; voilà pourquoi celui qui m’a livré à toi a un plus grand péché. »(Jean. 19, 8 – 11)

 

Jésus dit cela à un homme qui s’apprête à prononcer un jugement inique. Ce dialogue va au-delà de la reconnaissance quant à la légitimité que l’homme a de juger son semblable. Il reconnaît implicitement que la justice peut se tromper en toute bonne fois. Il admet, que la justice des hommes soit faillible et, en acceptant sa condamnation, il assume l’intégralité de la justice des hommes. Il l’assume si bien, qu’il en fait l’un des instruments de la Rédemption. Le Christ prend tout de la condition humaine. Il l’a crucifiée avec lui sur la Croix.

La justice collabore à la Rédemption, non par un acte religieux, mais simplement par sa recherche naturelle de la vérité. Elle devient un moyen pédagogique et thérapeutique. Sa recherche de la vérité, l’obligation qu’elle a de la manifester, le prononcer de la sentence et son application lui confèrent un rôle éminent dans la société. Elle ne se contente pas d’obliger à la réparation, elle restitue le visage, l’identité de la victime comme du coupable. Elle rétablit chacun d’entre eux dans sa dignité de personne. Tous peuvent entreprendre un chemin de guérison intérieur et social, du moins le devraient-ils !

 

Il y a une étape délicate dans l’établissement de la vérité, elle commence dès les premiers instants de l’enquête : comment amener l’auteur d’un crime ou d’un délit à avouer, à reconnaître qu’il en est l’auteur, le reconnaître dans la crudité de la lumière ? Tant que le suspect, reconnu coupable, refusera de prononcer ses aveux, il ne pourra pas se mettre sur le chemin de la guérison. Il ne sera que partiellement reconnu par la société des hommes. En principe, un criminel qui avoue son crime dans le cadre clos du sacrement de la réconciliation, ne peut être pardonné au nom de Dieu que sous la condition qu’il se rende à la justice des hommes, car Dieu lui-même voulut sauver le genre humain en passant par leur justice.

 

L’institution judiciaire fait partie des corps d’Etat qui ont la mission de réfléchir (miroir) l’identité de l’homme et de la femme. Dans un peuple, tous les membres doivent se retrouver dans leurs institutions. Elles forgent l’identité du citoyen autant qu’elles en sont l’expression, elles fortifient leurs espoirs.

Le pouvoir du prince, quelque puisse être son mode d’accession, reste le même indépendamment des époques. Qu’il s’agisse du schéma patriarcal – le roi – ou de la démocratie – le peuple – leur légitimité qui est supérieure à la légalité, elle procède du besoin du peuple d’être guidé, protéger de l’intérieur et de l’extérieur. C’est une nécessité qui induit que le prince serve la justice, qu’il soit non seulement juste, mais éminemment soucieux du bien commun.

La mission supérieure du prince est de veiller à la justice, ce qui implique non seulement qu’elle soit rendue avec équité, mais que les lois soient également équitables et applicables.

 

Dans le prince, le peuple retrouve l’ensemble de ses institutions, il les réfléchit autant qu’il en est le garant. C’est pourquoi, l’idée de séparer radicalement l’institution judiciaire de l’exécutif est non seulement irrecevable, mais dangereuse. Une telle obsession relève du fantasme, de l’idéologie. Il ne peut y avoir rupture organique entre cette institution et l’exécutif. Aux Etats-Unis, c’est l’exécutif qui nomme les membres de la Cour Suprême. Si l’on vient à supprimer le lien organique entre la justice et l‘exécutif, on crée un vide dans le concept de la légitimité et dans le lien substantiel qui relie le peuple aux institutions. Les pouvoirs exécutif et législatif seront de moins en moins perçus, un sentiment d’illégitimité s’en ressentira. Il produira une déstabilisation des micros organismes qui lient les diversités sociologiques de la société. Nous courrions le risque d’une anarchie mortifère. A de telles demandes, le rire de l’âne est une réponse suffisante.

 

De nos jours, l’institution judiciaire est très fragilisée par deux éléments majeurs :

 

1-                      L’infestation corrosive de l’idéologie marxiste, matérialiste qui ne reçoit la personne que dans son animalité et qui tend à imposer une praxie de gouvernement de type marxiste. La justice est l’un des derniers lieux dans lequel s’est réfugiée la culture révolutionnaire la plus archaïque ainsi que dans l’administration fiscale. Il en est de même pour l’enseignement. Ces trois institutions sont des bastions idéologiquement sur- infectés en permanence.

 

2-                      La multiplication des lois dites ‘contre nature’, c’est à dire celles qui s’opposent radicalement aux lois inspirées de l’observation naturelle, au point de provoquer un renversement de celles révélées par la nature. Ce n’est pas tout ! On est allé jusqu’à faire voter des amendements pour contraindre l’institution judiciaire à sanctionner ceux qui oseraient manifester leur désaccord pour telle ou telle loi. La justice n’est plus alors équitable mais instrument de répression politique, idéologique puisqu’elle contraint les consciences.

 

Cette situation a pour résultat la naissance diffuse peu ou pas encore intellectuellement et sociologiquement exprimée du sentiment d’une occultation de la légitimité des institutions et surtout celle de la justice. C’est une situation nouvelle et dramatiquement bien avancée dans le subconscient des couches sociales fragiles. C’est à n’en pas douter l’un des facteurs majeurs d’une situation pré-insurrectionnelle dans les zones fragilisées, pétries d’un sentiment d’abandon.

 

La France connaît une déstabilisation institutionnelle, accompagnée d’une évidente décadence morale, intellectuelle et religieuse. Nous vivons objectivement un effondrement, une implosion qui aboutira à une guerre civile.

 

L’institution judiciaire a besoin de réformes, mais il est évident que si on n’abroge pas les lois contre nature, ces réformes, aussi légitimes qu’elles soient, n’apporteront qu’une réponse momentanée et superficielle et n’empêcheront pas son effondrement.

 

L’effarante affaire du procès d’Outreau est révélatrice non seulement d’un disfonctionnement mais également de ce malaise et de sa sur infection idéologique. Dans une situation saine, il eut été peu vraisemblable que ce juge d’instruction accéda à cette charge et, un tel aveuglement, dans la chaîne des décisions judiciaires, eut été peu probable…  Pierre-Charles Aubrit Saint Pol

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LA MORALE

 

 

DE LA MORALE PUBLIQUE

 

DE LA MORALE EN POLITIQUE

 

 

L’effondrement d’une société et de ses institutions se manifeste par un recul de la morale publique et politique. Il se discerne moins par de gros scandales que par une succession de petits détails. IL est des cas où le comportement de personnes publiques concernées par les scandales est révélateur de ce recul de la morale publique, du sens de l’honneur et du respect que l’on doit au peuple.

 

Prenons le cas, au hasard, de l’affaire du sang contaminé :

Des personnalités de premier plant ont été, à juste tire, prévenues dans cette affaire et innocentées. Bien, elles furent reconnues non-coupables ! Elles avaient pourtant la responsabilité morale des services incriminés, au vu de l’énormité du scandale, on s’attendait à ce qu’elles  se retirent de la vie publique et politique. S’eût été là un signe de dignité et de respect du peuple, il n’en fut rien. Ce qui nous paraît être le plus douloureux, fut que le peuple ne s’en indigna pas, qu’il ne réagit pas ! Son absence de réaction vient de ce que lui-même consente implicitement et se rende complice de cet effondrement moral, de ce qu’il convient d’appeler la décadence. Il y eut bien d’autres scandales impliquant des hommes politiques aucun d’entre eux n’envisagea de se retirer… Ce n’est pas ce qui est le plus douloureux ! C’est là une attitude propre à la République qui ne se survit que par l’immoralité, la magouille et une incapacité pathologique à l’honneur, au respect de la parole donnée. N’a-t-elle pas pour seul berceau, les lupanars de la maison d’Orléans et comme seul terreau les caniveaux de Paris ! Non, ce qui nous préoccupe et  nous peine, c’est que l’on puisse retrouver, dans les communes, des répliques de cette immoralité, de ce déshonneur.

La décadence est si établie, si irrémédiable que les liens naturels entre les pouvoirs et le peuple, hormis le temps des élections, sont de plus en ténus quasi invisibles. On en arrive à une rupture d’intelligence entre les responsables nationaux et locaux et le peuple dont émane leur mandat. Ils ne savent plus entendre, ni comprendre ni supporter l’expression de la souffrance du peuple.

 

L’affaire du CPE et celle de la loi des trente-cinq heures sont révélatrices de cette rupture avec le peuple. On peut dire la même chose pour le comportement des syndicats et des corps intermédiaires. Le retrait de la morale publique et politique corrode tout et un grand nombre.

Au sujet du CPE, il y a sans doute la volonté de bien faire, mais son expression et sa mise en marche porte témoignage de cette rupture et dévoile sans conteste le délitement de l’Etat.

Cette loi aura été amenée sans respect du peuple, sans que l’on se donne d’entendre non pas seulement les cris des banlieues, mais le silence écrasant de la majorité du peuple. Là encore la question se pose : comment se peut-il que le Premier Ministre n’ait pas encore démissionné ?

Où est le respect que l’on doit au peuple ?

 

Ce n’est plus une question politique mais bien un problème de morale publique et politique et, peut être aussi, de bonne éducation ? Ce n’est pas parce que vous êtes au pouvoir que vous n’avez plus d’obligation au respect du peuple ! Sauf pour le jeune enfant, il arrive un moment où l’on ne peut vouloir le bien de l’autre contre sa volonté, on ne peut l’y amener que si on accepte de l’entendre, de lui tendre la main, de mettre en appétit sa bonne volonté.

La situation des peuples occidentaux est très fragile, les jeunes générations poste-soixante-huitardes n’ont guère plus de repères et tout est fait, comme une machine infernale, pour qu’ils ne les regardent pas. On n’est plus capable de les tenir dans l’espoir le plus élémentaire.

Ne convenait-il pas de les informer sur un projet qui les concerne ?  N’avaient-ils pas besoin de se sentir aimés, respectés ?

Vous exposez la jeunesse aux pires tentations. Vous la faites vieillir avant qu’elle ait joui de ses jeunes années.

Est-ce la place de la jeunesse, de nos enfants, d’être dans la rue pour défendre leur avenir qu’ils croient menacé, qu’ils n’arrivent plus à lire.

Dans cette affaire, il ne faut pas s’y tromper, les syndicats ont une part de responsabilité majeure. Aujourd’hui, ils essaient de se redorer en utilisant nos enfants, mais ne nous n’en laissons pas conter. Depuis la fin des années 6O, ils n’ont aucune proposition d’avenir, leurs actions tournent toujours sur le niveau de vie. Leur discours est d’un archaïsme affolant, d’une pauvreté abyssale.

Notre jeunesse prend le chemin de l’humilité, elle va faire l’expérience de l’esprit de pauvreté. C’est la seule voie qui lui reste, tout autre choix n’est qu’une ronde infernale. Elle porte en elle la mesure de son avenir et celle de la justice, inéluctable passerelle, envers les générations qui auront fait choix de se détourner de Dieu. Ces générations qui ont œuvré pour une culture, une société de mort.

 

Nous parents soyons proches d’eux, soyons avec eux dans leurs angoisses, dans leurs colères, surtout ne les abandonnons pas. C’est auprès d’eux que nous retrouverons la richesse que nous avons perdue à cause de nos abandons, nos petites lâchetés. Ce n’est pas tant leurs cris que leurs silences qu’il nous faut entendre et accepter.

Nous ne devons pas oublier que nous sommes garants de l’avenir de leur sourire… Théodulfe Soplataris 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

MEDITATION DE LA BIBLE

 

LA TENTATION (suite)

 

« La femme dit au serpent : « Nous pouvons manger du fruit des arbres du jardin, mais du fruit de l’arbre qu est au milieu du jardin, Dieu a dit : « vous n’en mangerez pas et vous n’y toucherez pas ; sinon vous mourrez. » Le serpent dit à la femme :  « Pas du tout ! vous ne mourrez pas ; mais Dieu sait que le jour où vous en mangerez, vos yeux se dessilleront et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. »  ( Gen. 3, 2-6)

 

Le verset précédent nous enseigne que c’est à la femme plutôt qu’à l’homme que Lucifer s’adresse. Pourquoi ce choix ?

 

Dieu exposa sa décision de créer la race des hommes pour s’y incarner, une race au-dessus des anges par la grâce, inférieure par nature. Il révéla quel serait l’instrument de son incarnation : ce serait une femme ! Une femme crée spécialement pour cette mission. 

 

Lors de sa chute, Lucifer se souvint de cette femme à venir, il pressentit qu’elle serait la clef de sa défaite définitive. Lucifer lors de la naissance de Marie, ne sut pas qui elle était réellement, comme pour Jésus. Son propre orgueil l’aveugla :

 

« Anne s’agenouilla devant le reliquaire. Elle avait de chaque côté l’une des femmes, et la troisième derrière elle. Comme elle disait un nouveau cantique,   tout à coup une lumière surnaturelle remplit la chambre et se concentra tout au tour d’Anne. Les femmes se jetèrent la face contre terre. La lumière l’enveloppa sous la forme du buisson ardent de Moïse ; bientôt elle y disparut tout entière. Puis cette lumière sembla rentrer en elle, et j’aperçus alors dans les bras de sa mère la petite Marie, dont la tête était entourée d’une auréole. » (Visions de Catherine Emmerich ch.XII)

 

« La nuit arrive, avancée par la tempête qui est d’une extraordinaire violence. Torrents d’eau, vent, éclairs, tout à la fois sauf la grêle qui est allé s’abattre ailleurs.

Un des garçons remarque cette violence et déclare : « On dirait que Satan est sorti de l’enfer avec tous les diables. Regarde, ces nuées noires ! Sens l’odeur souffre répandu dans l’air, ces sifflements sinistres, ces cris de lamentation de malédiction. Si c’est lui, il est furieux ce soir ! »

L’autre garçon rit et répond : « Une grande proie lui aura échappé ou bien Michel l’a frappé d’un coup de foudre de Dieu et il en a les cornes et la queue tranchée et brûlées » […] La tempête tombe tout d’un coup, après un dernier coup de foudre si violent qu’il lance contre le mur les trois hommes ; et sur le devant de la maison, dans le sol du jardin, il en reste le souvenir un trou noir et fumant. » (Naissance de Marie, Maria Valtorta.)

 

S’il savait qui était cette petite Marie, aurait-il pu la détruire ? C’était fort peu probable. Marie, exempte de tout péché par la grâce de son Créateur, n’avait rien à craindre de Lucifer, son droit ne s’appliquait pas sur elle.

 

L’Incarnation se réaliserait au moyen d’une femme. L’attention de Lucifer se porta sur Eve. La femme, par la singularité de sa mission naturelle qui est de donner la vie et à cause de la mission spécifique de Marie Mère de Dieu, se trouve intimement et mystérieusement liée à la Rédemption du monde. Elle jouit de grâces particulières qui l’exposent plus radicalement aux puissances des ténèbres.

Lucifer est attiré par la femme, subjugué par l’interdit qui le terrifie, qu’il voudrait saisir.

Il y a un parallèle mystique entre l’accroissement du nombre de femmes battues, bafouées, la dégradation de la femme, sa maternité mortifère, son rôle inversé, son déséquilibre psycho-sociologique et l’influence croissante de Marie en tant qu’Immaculée Conception qui œuvre au retour de son Fils. S’attaquer à l’image de la femme, à sa maternité, c’est s’en prendre à L’Immaculée.

 

Dans ce verset, il y a l’instauration d’un dialogue ! Qu’a-t-il bien pu se passer pour que Eve dialogue avec Lucifer ?

 

Savait-elle que ce serpent était Lucifer ?

 

Si nous considérons que les premiers parents sont responsables et coupables de la faute originelle et, selon la Révélation, nous n’avons pas à en douter. Alors, c’est qu’ils avaient été informés sur l’ange déchut et sa malignité.  Pour qu’il y eut faute et responsabilité, Dieu les en avait dûment instruits. 

 

Que penser de ce dialogue ?

 

Adam et Eve avaient toutes les lumières nécessaires à leur vie, ils vivaient un état de sainteté. Ils avaient les moyens de dire « Non » à Lucifer. Il est possible, qu’ils se soient cru immunisés, protégés par leur état de vie. L’explication se trouve peut-être à la lumière de la psychologie humaine.

 

Les maîtres spirituels nous enseignent, qu’il n’est pas bon de dialoguer au cœur même d’une tentation : « on ne discute pas avec le mal ! »

Consentir à la sollicitude du mal, c’est le hisser à la qualité du bien, lui donner une substance qu’il n’a pas.

Ce dialogue, initié par Lucifer, aiguise l’appétit intellectuel, – la gourmandise sensuelle n’est que le terne reflet d’un état de gourmandise bien plus profond qui est de l’ordre de l’esprit, - Il y a quelques flatteries à se laisser charmer par le mal ; on se dit qu’on l’intéresse personnellement et que l’on le repoussera.

La nature du péché originel se précise, elle est de l’ordre spirituel. Il se décide dans l’ordre de l’esprit, de l’âme.

Le vrai mensonge de Lucifer n’est pas de dire un bon gros mensonge mais d’altérer la perception que l’on a du vrai. L’homme est immortel dans son esprit et dans son âme, son corps n’est mortel jusqu’à partir de la faute ; l’âme peut être de nouveau informée par Dieu et revêtir un corps nouveau, glorieux.

Lucifer sait que la vocation de l’homme est de contempler Dieu, de devenir semblable à lui. Sur le fond, il dit vrai. Sa dialectique est déformante. Eve se laisse séduire. Elle regarde avec un esprit envieux, gourmand.

Le péché originel est installé dans l’esprit : Eve se laisse séduire.

Adam qui vivait dans le même état de grâce que Eve pourquoi n’est-il pas intervenu dès le premier mouvement pour protéger sa femme ? Parce qu’il se laissa attirer par le spectaculaire, le merveilleux. Il ressentit quelque orgueil à observer l’intérêt que cette étrange créature portait à sa femme. Adam se laissa séduire par l’ange déchu.

La responsabilité d’Adam est peut-être double : il fauta contre Dieu, également contre Eve en ne la protégeant pas !

La première partie du péché originel n’est-elle pas d’abord une faute contre la charité par imprudence ? Sur le fond de l’affaire, tous les deux ont une égale responsabilité, mais l’attitude d’Adam put avoir déterminé plus qu’il n’y semble celle de Eve. Si Eve lève le bras pour saisir le fruit défendu, Adam soutient ce bras rapine par sa passivité :

 

« La femme vit que l’arbre était bon à manger, qu’il était agréable aux yeux, et qu’il était, cet arbre, désirable pour acquérir l’intelligence. Elle prit de son fruit et en mangea, elle en donna aussi à son mari qui était avec elle, et il mangea. Alors se dessillèrent leurs, à tous deux, et ils connurent qu’ils étaient nus ; et cousant des feuilles de figuier, ils se firent des pagnes. » (Gen. 3, 6-7)

 

La femme expérimente d’abord l’appétit intellectuel, spirituel, puis attirée par l’interdit et ce qu’il peut y avoir derrière, elle ne résiste pas à cette mise en bouche : elle cueille le fruit et en mange.

La tentation est de nature spirituelle et intellectuelle : elle fait choix de se saisir de la liberté que lui accorde Dieu pour s’affranchir de Lui. Elle retourne vers elle cette liberté et l’oppose contre celui qui en est l’origine.

 

Adam et Eve décident de vivre leur destin pour eux seuls, c’est à dire contre Dieu. ( C’est à cet instant que le droit de Lucifer sur la génération de l’homme s’établit. )

 

Leurs yeux s’ouvrirent : ils perdirent leur innocence :

 

(Dans ce péché, l’homme s’est préféré lui-même à Dieu, et par la même, il a méprisé Dieu : il a fait choix de soi-même contre Dieu, contre les exigences de son état de créature et dès lors contre son propre bien. Créé dans un état de sainteté, l’homme était destiné à être pleinement « divinisé » par Dieu dans la gloire. Par la séduction du diable, il a voulu « être comme Dieu », mais « sans Dieu, et avant Dieu, et non pas selon Dieu ». (Caté. de l’Eg. Cath.n°398)

 

Leur état de grâce disparut. Ils furent coupés immédiatement de l’amitié avec Dieu. Ils tombèrent dans un état de vie plus proche de l’animalité. Dès lors, ils ne jouissaient plus que de la grâce d’immensité qui fait que toute vie demeure dans la création, indistinctement.

Le fait qu’ils se soient confectionné un pagne de feuilles de figuier, sanctionne cette chute, mais peut aussi se comprendre comme la première expression de leur culpabilité, effrayés qu’ils furent de se retrouver dans un état de vie qui ne fut plus ce qu’ils vivaient quelques instants avant. Ils prirent la mesure de leur offense à Dieu, leur Créateur.

 

Ils n’eurent plus la maîtrise de leur animalité. Tous les appétits de leur chair, de leur esprit s’exposèrent au Satan (le tentateur). Le droit de Lucifer s’établit à cet instant sur le genre humain.

 

A ce stade précis du récit du Péché Originel se pose la question de la liberté.

Dieu prit le même risque deux fois, avec les anges et avec les hommes. Nous avons déjà abordé ce sujet dans des essais antérieurs.

La liberté est un sujet majeur de réflexion pour tout intellectuel et elle ne cesse pas de l’être pour l’intellectuel catholique malgré la somme de tous les ouvrages qui l’ont traité. C’est un sujet immense qui ouvre sur un mystère vertigineux que la Révélation chrétienne aborde sous le nominatif « La Pauvreté de Dieu ».

 

C’est dans la contemplation de la pauvreté de Dieu - qui offre son Fils, son Unique que l’on peut commencer à aborder la réflexion sur la liberté de l’homme, sur celle des anges et sur celle de Dieu. Sans cet événement humainement incompréhensible, tant il est contraire à notre condition, tant il dépasse tout entendement, nous ne pouvons rien comprendre de la liberté de l’homme, de sa grandeur. Toutes les idéologies, toutes les philosophies qui ont voulu tragiquement imposer une vision hors Dieu furent toutes génératrices de drames plus monstrueux les uns des autres.

 

La liberté de l’homme est pour nous – sous réserve de l’enseignement de l’Eglise – le véritable, l’unique drame de l’humain.

L’histoire de l’humanité s’ouvre sur l’usage de la liberté de conscience, cette faculté dramatique de devoir choisir à chaque instant entre le bien et le mal, entre Dieu et l’Autre ou  soi-même.

L’histoire de l’humanité s’est ouverte par un terrible « NON ».

L’histoire de l’humanité se conclura par un « OUI » qui se donna dans l’exécution silencieuse de la volonté de Dieu le Père, il se clamera par l’immense foule des fidèles au Jour du Jugement :

 

« C’est pourquoi en entrant dans le monde,{ le Christ} dit : Sacrifice et offrande tu n’en as pas voulu, mais tu m’as façonné un corps ; holocaustes et sacrifices pour le péché, tu ne les a pas agréés ; alors j’ai dit : Voici, je viens – dans le rouleau du Livre il est écrit de moi – pour faire, Ô Dieu, ta volonté. » (Heb. 10, 5-7)

« Et j’entendis comme une voix de foule nombreuse, et comme une voix de grandes eaux, et comme une voix de puissants tonnerres qui disaient : « Alléluia ! Car il est entré dans son règne, le Seigneur notre Dieu, le Tout-Puissant.

Réjouissons-nous, et exultons, et donnons-lui la gloire ; car elle est venue, la noce de l’Agneau, et sa Femme s’est apprêtée, et lui a été donné de se vêtir d’un lin fin, splendide, pur » - et ce lin fin, ce sont les œuvres de justice des saints ». (Apoc. 19, 6-8)

 

Dans ce même mouvement de réflexion et de contemplation, nous pensons que cette liberté, cette faculté de choisir Dieu comme accomplissement de sa vie est la preuve intellectuelle, spirituelle et réaliste de la présence de Dieu dans notre humanité. Il ne s’agit pas que d’une conclusion de la foi, mais également d’une conclusion de la raison. La liberté de conscience est pour nous la preuve majeure de l’existence de Dieu, en tant qu’origine de tout ce qui existe et vie :

 

« Dieu a créé l’homme à son image et l’a constitué dans son amitié. Créature spirituelle, l’homme ne peut vivre cette amitié que sur le mode de la libre soumission à Dieu. C’est ce qu’exprime la défense faite à l’homme de manger de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, « car du jour où tu en mangeras, tu mourras »(Gn. 2, 17). «L’arbre de la connaissance du bien et  du mal »(Gn. 2, 17) évoque symboliquement la limite infranchissable que l’homme, en tant que créature, doit librement reconnaître et respecter avec confiance ; l’homme dépend du Créateur ; il est soumis aux lois de la création et aux normes morales qui règlent l’usage de la liberté.) (Caté. De l’Egl. Catho. N°396)

 

Dieu veut de l’ange et de l’homme qu’il adhère librement à sa Personne, à son amour, à sa volonté. La capacité que toute créature intelligente a de dire : « Non » à son Créateur honore Dieu.

 

La grandeur de l’homme se fertilise dans la pauvreté de Dieu, la grandeur de Dieu s’illumine dans la pauvreté de l’homme. Tous les deux ne sont plus autre chose qu’une offrande l’un pour l’autre et qu’importe si Dieu est le premier à s’offrir. La recherche de l’union transformante n’est rien d’autre que l’union des deux pauvretés… Léonce Grattepanche.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Thérèse de Lisieux:

Une femme qui aime de tout son cœur,

comme épouse et mère, enfant et sœurs

 

frère François-Marie Léthel ocd

 

Rome, le 25 janvier 2006

 

 

A partir de l'Evangile, Thérèse prend la défense des femmes, en face d'une pénible misogynie cléricale qu'elle a pu expérimenter pendant son pèlerinage à Rome: "Je ne puis encore comprendre pourquoi les femmes sont si facilement excommuniées en Italie, à chaque instant on nous disait : “ N'entrez pas ici... N'entrez pas là, vous seriez excommuniées !... ” Ah ! les pauvres femmes, comme elles sont méprisées !... Cependant elles aiment le Bon Dieu en bien plus grand nombre que les hommes et pendant la Passion de Notre-Seigneur, les femmes eurent plus de courage que les apôtres, puisqu'elles bravèrent les insultes des soldats et osèrent essuyer la Face adorable de Jésus... C'est sans doute pour cela qu'Il permet que le mépris soit leur partage sur la terre, puisqu'Il l'a choisi pour Lui-même... Au Ciel, Il saura bien montrer que ses pensées ne sont pas celles des hommes, car alors les dernières seront les premières" (Ms A, 66v). Thérèse prend place parmi ces femmes de l'Evangile, caractérisées par leur Amour pour Jésus et leur courage. Elle-même va rejoindre, près de la Croix, Marie la Vierge Immaculée, Marie-Madeleine, la pécheresse pardonnée, et toute les saintes femmes qui au long de l'histoire de l'Eglise s'attacheront à Jésus avec la même amoureuse et courageuse fidélité (pensons à Jeanne d'Arc, particulièrement chère à Thérèse).

       Il importe en effet de retrouver le vrai visage de Thérèse comme une femme adulte, responsable et engagée, car une insistance excessive et unilatérale sur "l'enfance spirituelle" a souvent déformé ce visage au point de donner l'impression que Thérèse était toujours restée une enfant et n'était jamais devenue une femme.     Or Thérèse est une des plus belles fleurs de notre humanité, merveilleusement épanouie dans toutes les dimensions les plus profondes de sa féminité. Par ses photos, nous connaissons la beauté de son visage, et par ses écrits nous connaissons la beauté de son cœur, la beauté d'un cœur humain, d'un cœur féminin pleinement réalisé dans l'Amour. On connaît ses expressions sur le sens de sa vie de sa vocation, de sa mission: "Vivre d'Amour",  "Ma vocation c'est l'Amour", "Aimer Jésus et le faire aimer", "Jésus est mon unique Amour". Nous connaissons ses derniers mots, adressés à Jésus dans son dernier souffle: "Mon Dieu je vous aime!"

 

 

Le symbole de la lyre et de ses quatre cordes :

 

       Alors que Catherine de Sienne, Docteur de l'Eglise, est théologienne du Corps, Thérèse est théologienne du Cœur.  Elle nous dit la plus profonde vérité sur le cœur humain, sur le cœur féminin,  grâce à un symbole qu'elle emploie souvent dans ses écrits, le symbole de la lyre et de ses cordes: « Tu fais vibrer de ta lyre les cordes/ Et cette lyre, ô Jésus, c’est mon cœur !» (PN 48/5). La lyre est un instrument de musique à quatre cordes (comme le violon), et l'étude attentive des textes permet d'identifier clairement ces cordes qui sont les quatre dimensions essentielles de l'amour dans le cœur de la femme: l'amour sponsal et l'amour maternel, l'amour filial et l'amour fraternel.  Thérèse aime "de tout son cœur" de femme, comme épouse et mère, enfant et sœur. Son expérience illustre une vérité anthropologique universelle: ces "quatre cordes" sont présentes dans le cœur de toute femme. De la même manière, tout homme a un cœur d'époux et de père, d'enfant et de frère. Ces "quatre cordes" caractérisent l'être humain, créé homme et femme, chair et esprit, dans des relations d'Amour qui sont l'image et la ressemblance de Dieu-Amour, communion éternelle des Trois Personnes. Ces cordes ont été blessées par le péché, elles sont "désaccordées",  mais elles ne peuvent  jamais être détruites. Par son Amour, Jésus les sauve en les "réaccordant".  Cette symbolique musicale est une des clefs de la doctrine de Thérèse. Ses écrits sont "un chant d'Amour", le témoignage d'une femme qui aime de tout son cœur, qui embrasse toute la réalité de Dieu et de l'Homme dans l'unique Amour de Jésus, cet Amour virginal qui est la plus belle synthèse du divin et de l'humain. Cette expression si juste, si belle et si puissante d'un cœur humain pleinement réalisé dans l'amour trouve un écho très profond dans tout autre cœur humain qui l'accueille. C'est sûrement là une des raisons profondes du rayonnement de Thérèse au-delà de toutes les frontières culturelles ou religieuses.

       Thérèse a eu de saints parents, qui devraient être prochainement béatifiés ensemble. Ils ont été pour elle un exemple de  sainteté vécue dans le mariage. Elle-même deviendra un exemple de sainteté dans la virginité consacrée. Mais ce sont bien les mêmes "cordes" du cœur que l'Amour de Jésus fait vibrer dans ces deux vocations différentes.

       Essayons de retracer très rapidement les grandes étapes de l'itinéraire spirituel de Thérèse comme femme, dans ce développement dynamique des "quatre cordes" de son cœur: Epouse et mère, enfant et sœur.

 

 

Epouse et mère :

 

       Le grand tournant de sa vie a lieu a Noël 1886, lorsqu'elle atteint l'âge de 14 ans. Auparavant elle était "dans les langes de l'enfance", prisonnière d'un certain infantilisme qui la faisait pleurer à tout instant. Selon ses propres paroles, sa "complète conversion" de Noël la fait "sortir de l'enfance" et commencer "une course de géant" (Ms A, 44v-45r)  qui va durer une dizaine d'année, jusqu'à sa mort. Que s'est-il passé? L'enfant est devenue une femme, déjà "épouse de Jésus et mère des âmes", avant son entrée au Carmel. Son amour pour Jésus devient l'amour passionné de la toute jeune épouse: "Je voulais aimer, aimer Jésus avec passion" (Ms A, 47v), et il se prolonge et s'épanouit aussitôt dans l'amour maternel; c'est alors que Thérèse reçoit de Jésus celui qu'elle appelle "mon premier enfant":  le criminel Pranzini  (Ms A, 46v). 

       Au Carmel,  Thérèse va vivre toujours plus profondément cet Amour d'épouse et de mère. Dans l'éducation de son cœur d'épouse,  la Parole de Dieu (le Cantique des Cantiques) et saint Jean de la Croix (le Cantique Spirituel) vont avoir un rôle déterminant. On le voit particulièrement dans ses Lettres à Céline.  Sa Profession religieuse, le 8 septembre 1890, est un véritable mariage par lequel elle devient pour toujours l'épouse de Jésus: "Quelle belle fête que la nativité de  Marie pour devenir l'épouse de Jésus! C'était la petite Ste Vierge d'un jour qui offrait sa petite fleur au petit Jésus" (Ms A, 77r). Ce jour-là, Thérèse a écrit une très belle prière (Pr 2) qui est comme le commentaire des premiers mots: "O Jésus, mon divin Epoux..."  Bien loin d'être du sentimentalisme, l'amour sponsal de Jésus signifie l'absolue fidélité à l'alliance, la radicalité évangélique exprimée par St Jean de la Croix avec les mots "Tout" et "Rien". Jésus époux signifie "Jésus seul": "Que je ne cherche et ne trouve jamais que toi seul, que les créatures ne soient rien pour moi et que je ne sois rien pour elles mais toi Jésus sois tout".  Une des caractéristiques essentielles de l'amour sponsal, c'est d'être exclusif, sans partage. Ici tout "partage" est infidélité! Pourtant cet amour jaloux n'est nullement une fermeture du cœur. Au contraire! En aimant Jésus, le cœur humain s'agrandit à l'infini, aux dimensions de son Cœur de Rédempteur. Et c'est ainsi que dans la même prière, Thérèse demande à son Epoux le don de l'Amour Infini, elle lui demande d'être toute petite, et finalement elle lui demande le salut de tous les hommes.

       Dans ses écrits, notre sainte exprime avec une admirable clarté la signification sponsale du célibat et de la virginité, lorsque cette "corde sponsale" du cœur humain est consacrée et réservée à l'unique amour de Jésus. Elle le dit à ses sœurs, mais aussi à son frère spirituel le séminariste Maurice Bellière:  "Votre âme n'est-elle pas la fiancée de l'Agneau divin et ne deviendra-t-elle pas bientôt son épouse, le jour béni de votre ordination au Sous-Diaconat?" (c'est-à-dire au moment de l'engagement définitif dans le célibat; LT 220). En parlant à un homme,  Thérèse reprend l'expression de saint Jean de la Croix: "l'âme" comme épouse. Aujourd'hui, on dirait plutôt la personne.  L'Amour sponsal de Jésus s'exprime donc par le vœu de chasteté: "Par elle je deviens, ô bonheur indicible/ L'épouse de Jésus" (PN 48/3). 

       Cet amour sponsal est l'âme de la prière, qui est un incessant "cœur à cœur" entre l'épouse et son Epoux: "Je pense que le Cœur de mon Epoux est à moi seul comme le mien est à Lui seul et je lui parle dans la solitude de ce délicieux cœur à cœur en attendant de le contempler un jour face à face" (LT 122).  Et encore: "A des amants, il faut la solitude/ Un cœur à coeur qui dure nuit et jour" (PN17/3).  

       Mais surtout, l'union virginale entre l'Epoux et l'épouse se réalise pleinement dans la communion eucharistique, que Thérèse ne craint pas d'exprimer comme un "baiser" et une "fusion" (dans le récit de sa première communion,  Ms A, 35r).  Dans le même sens, elle écrit: "Mon Ciel, il est caché dans la petite Hostie/ Où Jésus, mon Epoux, se voile par amour/ A ce Foyer Divin je vais puiser la vie/ Et là mon Doux Sauveur m'écoute nuit et jour/  Oh! quel heureux instant lorsque dans ta tendresse/ Tu viens, mon Bien-Aimé, me transformer en toi/  Cette union d'amour, cette ineffable ivresse/ Voilà mon Ciel à moi!..." (PN 32/3).  

       Par rapport à Pranzini, Thérèse était devenue mère grâce à la fécondité rédemptrice du Sang de Jésus. Elle le redit de façon très belle dans sa grande poésie: Jésus, mon Bien-Aimé, Rappelle-toi! (PN 24): "Rappelle-toi que ta rosée féconde/ Virginisant les corolles des fleurs/ Les a rendues capables dès ce monde/ De t'enfanter un grand nombre de cœurs/ Je suis vierge, ô Jésus! cependant quel mystère! / En m'unissant à toi des âmes je suis mère" (str 22). On ne saurait mieux exprimer le mystère de la maternité virginale comme fruit de la Rédemption!

       C'est bien sûr avec Marie, la Vierge-Mère, que Thérèse découvre toute la mystérieuse beauté  d'un "cœur de mère", de son propre "cœur de mère".  Elle l'exprime de façon sublime dans sa pièce de théâtre sur la Fuite en Egypte (RP 6), à travers un dialogue entre Marie, la mère de Jésus, et Susanna, la mère de Dimas, le futur "bon larron" de l'Evangile. Ce dialogue culmine dans les paroles que Marie adresse finalement à Susanna: "Ayez confiance en la miséricorde infinie du Bon Dieu ; elle est assez grande pour effacer les plus grands crimes lorsqu'elle trouve un cœur de mère qui met en elle toute sa confiance. Jésus ne désire pas la mort du pécheur, mais qu'il se convertisse et qu'il vive éternellement. Cet enfant qui, sans effort, vient de guérir votre fils de la lèpre, le guérira un jour d'une lèpre bien plus dangereuse... Alors, un simple bain ne suffira plus, il faudra que Dimas soit lavé dans le sang du Rédempteur... Jésus mourra pour donner la vie à Dimas et celui-ci entrera le même jour que le Fils de Dieu dans son royaume Céleste" (10r). Ces paroles que Thérèse attribue à Marie correspondent exactement à ce qu'elle avait vécu par rapport à Pranzini, avec la même confiance absolue d'un "cœur de mère" en "la Miséricorde Infinie de Jésus" pour le salut du fils pécheur, sauvé par le Sang du Rédempteur!

 

Enfant et sœur :

 

       Le cœur où Jésus désire se reposer, "c'est un cœur d'enfant, un cœur d'épouse" (LT 144).  Libérée de toute forme d'infantilisme, l'épouse de Jésus n'a cependant pas perdu ce "cœur d'enfant". Au contraire, plus Thérèse devient épouse et mère, plus aussi elle devient enfant!  Remis à sa juste place, le thème de l'enfance est évidemment un des grands thèmes thérésiens, bien attesté dans ses écrits. Il exprime la totale confiance et l'abandon: "C'est l'abandon du petit enfant qui s'endort sans crainte dans les bras de son Père" (Ms B, 1r).  L'enfance est l'expression privilégiée de la "corde filiale", de l'amour filial envers la Personne du Père, mais aussi envers la Mère qui est Marie. Le grand refrain de la dernière poésie: Pourquoi je t'aime, ô Marie!  (PN 54) est "Je t'aime/ Je suis ton enfant!".  Thérèse utilise particulièrement ce symbole de l'enfance dans ses derniers écrits (Manuscrit C et Lettres à Maurice Bellière), comme un des principaux symboles de sa "petite voie de confiance et d'amour". Mais ce développement de son "cœur d'enfant" ne diminue en aucune manière le développement des deux autres dimensions d'épouse et de mère. Le Manuscrit C s'achève avec un splendide commentaire d'une parole de l'épouse du Cantique des Cantiques: "Attire-moi, nous courrons" (Ct 1,3; Ms C, 34r-37r). Alors, l'épouse de Jésus peut s'approprier de la façon la plus audacieuse tout le mystère de son Amour Filial pour le Père, tel qu'il l'exprime dans sa grande prière sacerdotale (Jn 17).

       C'est également dans cette dernière année de sa vie que Thérèse découvre pleinement l'amour fraternel: "Cette année... le Bon Dieu m'a fait la grâce de comprendre ce que c'est que la charité, avant le comprenais, il est vrai, mais d'une manière imparfaite" (Ms C, 11v).  Les pages qui suivent montrent qu'il s'agit précisément de la charité fraternelle, vécue dans sa relation avec ses sœurs, et aussi avec ses deux frères spirituels.  Thérèse prend alors pleinement conscience de la "corde fraternelle" de son cœur, et elle devient véritablement "sœur universelle", non seulement pour les plus proches, mais aussi pour les plus éloignés. Au début du même Manuscrit C, dans le bouleversant récit de son épreuve contre la foi,  notre sainte exprime sa certitude de devenir tout particulièrement la sœur des athées du monde moderne.  Dans sa souffrance,  elle devient fraternellement proche d'eux. Assise à leur table, elle les appelle "ses frères!" Le Manuscrit C est sans doute le plus beau traité de l'Amour fraternel!

       Ainsi, toute la vie de Thérèse nous apparaît comme la pleine réalisation de sa vocation: "Ma vocation, c'est l'Amour!".   Telle est la vocation de tout être humain à la sainteté, c'est à dire à la plénitude de l'Amour, en aimant de tout son cœur Dieu et le prochain.  Aimer de tout son cœur, pour la femme, c'est aimer comme épouse et mère, enfant et sœur; pour l'homme c'est aimer comme époux et père, enfant et frère, que ce soit dans la vocation du mariage ou celle du célibat.  Ces "quatre cordes" du cœur sont essentielles, également importantes, aucune ne doit être refusée, mais il faut apprendre à les connaître, à les faire vibrer, à les accorder, sous l'action de l'Esprit-Saint, Esprit d'Amour, avec l'aide maternelle de Marie.

 

 

 

 

 

 

 

LA FIN DU MONDE

 

L’EXCHATOLOGIE

TROISIÈME ÉTAPE.

La révélation de l’Adversaire

 

 

« Alors l’Impie se révélera, et le Seigneur le fera disparaître par le souffle de sa bouche, l’anéantira par la manifestation de sa Venue.[1] »

 

On peut citer à titre d’application de ce texte un extrait du secret de La Salette[2]:

 

« En l’année 1864, Lucifer* et un grand nombre de démons seront détachés de l’enfer. Ils aboliront la foi peu à peu et même dans les personnes consacrées à Dieu. Ils les aveugleront de telle manière, qu’à moins d’une grâce particulière ces personnes prendront l’esprit de ces mauvais anges. Plusieurs maisons religieuses perdront entièrement la foi et perdront beaucoup d’âmes. Les mauvais livres abonderont sur la terre et les esprits des ténèbres répandront partout un relâchement universel pour tout ce qui regarde le service de Dieu. Ils auront un très grand pouvoir sur la nature. Il y aura des Églises pour servir ces esprits. Des personnes seront transportées d’un lieu à un autre par ces esprits mauvais, et même des prêtres, parce qu’ils ne se seront pas conduits par le bon esprit de l’Évangile, qui est un esprit d’humilité, de charité et de zèle pour la gloire de Dieu. On ferra ressusciter en apparence des morts et des justes. Il y aura en tous lieux des prodiges extraordinaires, parce que la vraie foi s’est éteinte et que la fausse lumière éclaire le monde. »

 

L’existence de Dieu étant explicitement reconnue, verra-t-on l’humanité entière se révolter consciemment contre lui, contre son désir de l’humilité et de l’amour ? C’est de cela qu’il s’agit ici.

Saint Paul[3] affirme qu’avant le retour du Christ, une dernière étape dans la voie l’apostasie* doit se réaliser. Il est très difficile de la décrire et d’en parler tant elle paraît de nos jours improbable et inimaginable. Nous n’en sommes visiblement pas rendus là. Pourtant, il convient de faire effort. Ce qui est incroyable aujourd’hui peut être normal demain. Aucun homme du XVIIème siècle, aussi lucide soit-il, ne pourrait croire à un livre parlant du XXème siècle et de ses divers Antéchrists aux centaines de millions de morts. L’apparition de la Salette fut d’ailleurs tenue en suspicion par le clergé malgré la reconnaissance officielle de l’Église parce qu’elle décrivait de telles horreurs.

Les paroles de saint Paul ne se réaliseront pas seulement de manière imagée:

 

«Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point.[4]»

 

Les divers égoïsmes et les orgueils de tous les temps n’en sont que des préfigurations. Ces prophéties se réaliseront historiquement et à la lettre. Saint Paul précise sa pensée. Pour lui, à la fin du monde, ce qui est caché sous l’iniquité actuellement en chemin se révèlera à tous en plein jour.

 

Or qui est le maître d’œuvre de tout si ce n’est Satan, l’ange révolté? C’est lui qui organise l’histoire au-delà de son apparente anarchie. L’ordre qu’il y cache s’unifie dans un principe, une haine pour l’humilité et l’amour. Logiquement, on peut affirmer que le péché ultime de la fin du monde consistera en une reconnaissance mondiale de Lucifer* dans sa révolte contre Dieu. Il ne peut y avoir pire péché dans l’humanité puisque, pour la première fois, il est lucide. Lorsque l’heure sera venue, lorsque les religions anciennes auront disparu laissant un vide et une soif spirituels dans le cœur des hommes, un dernier Antéchrist proposera au monde une religion nouvelle parlant de Vie éternelle. Il s’agira de la religion de l’Ange de Lumière, Lucifer.

 

Ce qu’est « le mystère de l’iniquité »

(Chose certaine)

 

Il faut d’abord se souvenir avec précision de l’histoire des anges et de l’origine des démons, ces anges devenus mauvais. Leur révolte constitue ce que saint Paul appelle « le mystère de l’iniquité », à la racine de tout mal. C’est elle, nous le verrons, qui doit se révéler et être proposée de manière explicite à l’humanité vers la fin du monde. Je le raconte ici de manière imagée, en utilisant à la façon humaine l’artifice d’un dialogue entre Dieu et les anges. Il s’agit bien sûr d’une façon simple d’exposer les choses. Que le lecteur ne se trompe pas. Le monde des purs esprits n’utilise pas de mots. Les anges n’ont jamais eu de corps. Ils sont de purs esprits. Il est très difficile de comprendre vraiment ce que peut être, et comment peut vivre une personne qui n’a pas de corps[5].

 

Au premier instant de leur création, création qui précéda celle des hommes, tous les anges étaient bons. Le plus grand d’entre eux, Lucifer par la beauté de son être était le chef-d’œuvre de Dieu. Les autres anges n’en éprouvaient pas de jalousie. Bien au contraire, en contemplant sa perfection, ils se faisaient une idée de l’infinie grandeur du Dieu caché qui venait de les créer. Tous les anges aimaient Dieu, affirme saint Thomas d’Aquin. Ils n’avaient que reconnaissance pour ce qu’ils venaient de recevoir de sa main, l’existence, la vie, la beauté. Ce spectacle de la création leur faisait crier d’une seule voix:

 

« Gloire à Dieu au plus haut des Cieux ».

 

S’ils l’aimaient, ils ne pouvaient par contre le connaître, sinon de loin. Même pour le plus intelligent des anges, Dieu reste le Mystère par excellence. L’intelligence des esprits célestes a beau être de loin supérieure à la nôtre, elle reste limitée. Comment un vase fini (l’ange) pourrait-il contenir l’Infini (Dieu)? Ils se contentaient donc de connaître Dieu à travers les effets de sa puissance. En se regardant eux-mêmes, en regardant les autres anges, ils voyaient comme dans un miroir le reflet lointain du Créateur. Cette vie paisible et contemplative leur plaisait. Le monde aurait pu rester ainsi pour l’éternité.

 

Pourtant, alors que la création était encore toute nouvelle, Dieu « parla ». Il s’agit d’une pensée, d’une révélation transmise directement dans l’intelligence de chaque ange. Pour mieux manifester la Bonne Nouvelle qu’il annonça aux anges, on peut la décomposer en trois paroles distinctes.

1- Dieu dit:

 

« Je vous ai créés pour que vous me voyiez face à face ».

 

Cette première révélation est bouleversante pour un ange, bien plus que pour un homme car l’ange a la capacité d’en saisir immédiatement toute la portée. Voir Dieu face à face signifie pour eux l’impensable. Il leur était impossible d’espérer par eux-mêmes un tel bonheur. Ils savaient bien plus que nous l’infinie profondeur du mystère divin et la limite de leurs capacités intellectuelles. Voir Dieu face à face, cela signifie comprendre son Mystère avec le regard même dont Dieu se comprend. Or une telle chose est impossible. Pourtant, les multitudes d’anges avaient bien entendu. Ils crurent donc, ils adhérèrent à cette parole de Dieu, malgré son caractère impensable, sachant que rien n’est impossible à Dieu. Lucifer le premier crut. Avec lui, les chérubins, les séraphins et tous les ordres célestes désirèrent voir se réaliser cette promesse. Cette adhésion s’appelle la foi. Mais déjà, en ce premier instant, Dieu savait que Lucifer croyait pour un autre motif que le petit archange Michel.

 

2- Dieu parla encore:

 

«Je suis doux et humble de cœur. Nul ne peut me voir face à face s’il n’est tout amour et toute humilité. »

 

Les anges savaient, par leur contemplation naturelle, que Dieu ne pouvait les avoir créés que par amour. Mais ils découvrent avec stupeur en cet instant que Dieu est amour. Leur contemplation naturelle les invitait plutôt à admirer en premier lieu l’intelligence du Créateur, sa lumière. Le monde angélique leur paraissait davantage beauté que bonté. Par sa parole, Dieu les invita à bouleverser entièrement leurs conceptions habituelles. Quand Dieu affirme qu’il est amour avant tout, quand le Tout-puissant révèle qu’il se considère comme le serviteur de tous (humilité), il manifeste que la perfection naturelle des Chérubins n’est rien à ses yeux comparée à l’amour. Son ordre de préférence n’est pas celui que donne la noblesse mais celui que donne le cœur. Il leur demande une conversion totale. Devenir amour est la condition nécessaire pour toute entrée dans la vision béatifique.

 

Là se situe l’épreuve terrible pour les anges: renoncer à eux-mêmes. C’est déjà difficile pour un être humain qui est chaque jour confronté à ses imperfections. Cela l’est beaucoup plus pour un pur esprit, image parfaite de la perfection de Dieu. L’orgueil est un défaut plus proche des anges que des hommes. Cette abnégation, nous l’avons dit, est indispensable car la vie proposée est surnaturelle.

3- Une troisième parole fut prononcée :

 

«Après vous, je vais créer de petits êtres liés à un corps de chair. Homme et femme, je les ferais. Ils auront des enfants. Vous deviendrez pour eux anges gardiens. Conduisez-les à moi.[6] »

 

 Cette révélation était extrêmement concrète, si concrète qu’elle avait le pouvoir de discerner qui parmi les anges était humble de qui ne l’était pas. La Bible dit[7]: « Dieu sépara la lumière des ténèbres ». Cette simple phrase nous montre qu’il se produisit une rupture entre la présomption des uns et l’amour des autres. C’est le contenu de cette révélation première qui provoqua ce premier drame de la création, le mystère premier de l’iniquité. En effet, dans l’instant qui suivit, un de ces instants célestes qui mesure la pensée des anges, une voix cria “ je ne servirai pas ”[8]. Le plus beau de tous, Lucifer, avait parlé, devenant pour toujours le Satan. Lucifer est le plus grand des anges, c’est-à-dire le plus puissant au point de vue intel­lectuel, le plus proche de Dieu par sa perfection spirituelle. Lucifer respecte Dieu. Il serait aberrant d’affirmer que les anges veulent du mal à leur Créateur à qui savent tout devoir. Le problème de Lucifer est qu’il voyait en lui le sommet de tout l’univers devant qui tout genou fléchit. Il avait surtout dès cet instant premier le sens de sa dignité à lui, Lucifer, de sa place de chef de tous les anges. L’ordre premier, instauré par Dieu au début de la création et fondé sur la puissance spirituelle, lui donnait la première place, qui lui convenait tout à fait. Lucifer n’était pas contre la création des êtres humains, ces esprits limités et chétifs liés à des corps ma­tériels à condition, toutefois, qu’ils soient dans la hiérarchie des êtres de l’u­nivers, c’est-à-dire au-dessous des anges, juste au-dessus des animaux.

 

Mais il comprenait qu’il en serait autrement. L’ordre qui plaisait à Dieu n’était pas en fin de compte celui que confèrent les ti­tres de noblesse intellectuelle, mais celui que confère l’humilité, la petitesse et surtout la capacité d’aimer. Or, dans cet ordre là, l’homme et la femme étaient des créatures mieux bâties pour triompher. Un ange qui est une intelligence pure, aime dans la mesure où il a com­pris que quelque chose est digne d’être aimé. Aimer, pour lui, signifie « vouloir s’unir à ce qu’il a compris être un bien ». L’homme, au contraire, avec son intelligence limitée, a la capacité d’aimer sans même comprendre. Il peut aimer son Dieu dans une foi et une confiance aveugle. Dans ce qu’il a de meilleur en lui, l’homme peut aimer un ami jusqu’à donner sa vie pour lui, donc au-delà de ce qui est logique. C’est cette manière d’ai­mer qui plaît au Tout-puissant au point que, plus il trouve en face de lui un être semblable, plus il se donne à lui et l’établit haut dans la hiérarchie des êtres.

 

Lucifer scrutait, en pensée, la nature humaine. Il y discernait l’homme avec sa psychologie portée à comprendre le monde, à le transformer, et la femme avec sa psychologie davantage portée à comprendre avec son cœur. Plus que l’homme, la femme l’obsédait. Le projet de Dieu lui apparut alors en pleine lumière, avec ses conséquences terribles pour son orgueil. Lui, Lucifer, et tous les esprits célestes avec lui, les Chérubins, les Séraphins et les Trônes, les Dominations, les Vertus, les Puissances, les Principautés, les Archanges et les Anges, étaient appelés par Dieu à s’abaisser à servir ces êtres de boue et d’os, à les protéger et les conduire durant un séjour terrestre, pour qu’ils deviennent, en fin de compte, plus grands qu’eux. Alors, Lucifer fut saisi d’envie. Plus que pour l’homme, il fut pris d’une hostilité pour la femme et il proclama à la face du ciel: “ Je ne servirai pas.” Il devint, en un instant, d’une manière parfaitement lucide, le héraut de la défense des "droits" de Dieu et de la défense de la place hiérarchique des anges. Il proclama sa révolte.

 

Lucifer étant le plus spirituel des anges, il eut par ses arguments une influence terrible sur le reste du Ciel. La Bible dit que le dragon rouge feu (couleur symbolisant la colère) balaya le tiers des étoiles du ciel[9]. Ce nombre n’est pas à prendre nécessairement au sens propre mais il manifeste tout de même que les démons sont nombreux (le tiers des anges). Son influence vint sans doute de la nobles­se de ses arguments. Il prétendit n’agir ainsi que pour le bien de Dieu. Son argument aurait eu encore plus de poids si, comme le pensent certains théologiens, les anges avaient connu dès le début le projet de l’incarnation du Fils de Dieu en Jésus Christ. Un tel projet ne peut être que scandaleux aux yeux des esprits purs.

 

Lucifer était-il vraiment le défenseur des droits de Dieu? Son amour pour lui était-il la vraie raison de sa révolte? Beaucoup d’anges ne s’y laissèrent pas prendre (les deux tiers si l’on prend les textes à la lettre). L’Apocalypse parle ainsi:

 

«  Alors une bataille s’engagea dans le ciel: Michel et ses anges combattirent le dragon. Et le dragon riposta, appuyé par ses anges, mais ils eurent le dessous et furent chassés du Ciel[10]. »

 

Ce combat ne se fit pas avec des épées d’acier mais avec le glaive de la vérité. Un simple archange, c’est-à-dire un esprit des hiérarchies inférieures fut le premier à dénoncer le mensonge de Satan:

 

«  Ce n’est pas pour Dieu que tu luttes mais pour toi. Si tu aimais vraiment Dieu tu obéirais à sa volonté. Ce qui t’importe, c’est de rester le premier. C’est l’orgueil qui t’a aveuglé. Mais qui est comme Dieu[11]! »

 

Michel, par cette parole de vérité entraîna à sa suite ceux que Lucifer ne put séduire.

 

La Bible ne cesse de confirmer cet orgueil primitif de Lucifer, qu’il sut si bien camoufler en grandeur de sentiment. Isaïe, parlant de lui, déclare:

 

«  Comment es-tu tombé du ciel, étoile du matin, fils de l’aurore? Comment as-tu été jeté sur la terre, vainqueur des nations? Toi qui avais dit en ton cœur: j’escaladerai les Cieux, au-dessus des étoiles de Dieu j’élèverai mon trône. Je m’égalerai au très haut ».[12]

 

Quant à Jésus, il n’hésite pas à affirmer que Satan fut menteur dès l’origine[13]. Il fut le prince du mensonge. En effet, il n’y a pas de plus grand mensonge que d’appeler bien ce qui est mal.

 

Que sont devenus les anges depuis l’éclat de leur création et la chute de certains d’entre eux? Ils furent divisés en deux groupes selon le choix qu’ils firent de servir ou de lutter contre le projet de Dieu. Les anges bons furent immédiatement introduits dans la vision de Dieu et, depuis ce jour comme aujourd’hui, ils ne la quittent jamais. Les anges mauvais se séparèrent de Dieu et Jésus affirma que leur rupture ne cesserait jamais. Lucifer et ses anges sont damnés pour l’éternité. Certains chrétiens pensent que l’éternité de l’enfer est contradictoire avec la bonté de Dieu. Ils pensent que Dieu pardonnera un jour son péché à Lucifer et le prendra auprès de lui. Ils parlent ainsi car ils comprennent mal le mystère de leur choix, à savoir d’une manière terrestre et trop humaine. L’homme tant qu’il est sur la terre peut tou­jours revenir sur ses fautes. Dieu le reçoit alors et lui pardonne. L’ange, quant à lui, est trop intelligent pour être soumis à ces revirements. Quand un ange choisit, il sait ce qu’il choisit. En un instant, il pèse le pour et le contre et son intelligence, comme une lame tranchante, ne laisse rien dans le vague. Lucifer et ses anges savaient ce qu’était l’enfer, ce vide de Dieu. L’enfer ne leur a pas paru un mal si terrible face à la perte de cet autre bien qu’ils mirent à la place suprême dans leur cœur: la première place. Dieu aurait beau pardonner infiniment à Lucifer, celui ci répondrait indéfiniment “ j’ai raison.”

Voici le combat qui est caché sous la dénomination « mystère de l’iniquité ». Ses conséquences sur notre humanité sont aisées à déduire.

 

Satan, celui qui rampe sur la terre

 

Que font les démons maintenant? La Bible affirme “ qu’ils furent précipités sur la terre ”[14]. Cette phrase mystérieuse signifie que leur unique obsession, l’objet de toute leur activité, c’est l’humanité. Les démons, logiques avec leur choix originel, désirent détruire l’homme, surtout au plan spirituel. Leur ennemi premier est tout ce qui rappelle, de près ou de loin l’humilité ou l’amour généreux (d’où sa haine particulière pour la nature féminine orientée par la maternité). S’ils pouvaient arriver à faire que l’homme, ce soit disant chef d’œuvre, se joigne lucidement à leur révolte, leur victoire leur semblerait complète[15]. Ils espèrent, de cette manière, démontrer à Dieu son erreur grossière, la stupidité de ses plans. Ils souhaiteraient obtenir le rétablissement de l’ancien ordre qui leur plaisait, l’ordre de la noblesse fondée sur des droits de nature. Ils croient pouvoir arriver à faire fléchir Dieu, à le faire revenir sur son histoire d’humilité et d’amour.

 

Dieu laissa à Lucifer devenu Satan (celui qui divise et tente l’homme) et à ses démons une certaine latitude pour agir de manière parfois très concrète auprès des hommes. Dans sa limpidité, Dieu savait que les propositions fallacieuses, les tentations, permettraient à ceux qui l’aiment de le choisir plus librement. Les démons et leurs roueries devinrent donc, sans même le soupçonner, les serviteurs du plan de Dieu pour la vie éternelle des hommes.

 

Dès le commencement, dès la création d’Adam et Ève, ils agirent dans ce but. A cette époque, Satan apparut de manière visible et proposa de manière claire le mystère de l’iniquité : « Choisissez vous-mêmes ce qui est le bien et le mal. Vous ne mourrez pas mais vos yeux s’ouvriront et vous deviendrez comme des dieux. C’est de cela que Dieu a peur ! [16] »

Depuis le péché originel et jusqu’à nos jours, les démons se sont fait en apparence plus discrets. Ils passent leur temps à tenter les hommes, se cachant dans leur psychologie, se fondant avec leur cerveau. Ils le tentent par ses pulsions charnelles (vanités, richesses et plaisirs), car ils comprennent que la voie qui conduit au rejet de l’humilité et de l’amour commence par des péchés moins graves mais plus immédiats pour les humains. Comme ils passent leur temps à s’occuper de péchés charnels, les démons qui sont des créatures spirituelles, sont dits par la Bible rampants sur la terre[17].

Lucifer, celui qui est debout

 

Mais il semble être annoncé que vers la fin du monde, Satan redeviendra devant les hommes ce qu’il est, à savoir Lucifer, un être spirituel que seul intéresse le péché spirituel… Toute cette histoire devient essentielle si on le comprend. Vers la fin du monde, il est annoncé que ce qui était clair aux temps d’Adam et Ève sera de nouveau visible dans l’humanité. Selon saint Paul[18], Lucifer l’Adversaire se révèlera, se produisant lui-même comme Dieu, à travers l’action d’un dernier Antéchrist, pour que l’humanité le suive lucidement. La Genèse rejoindra l’Apocalypse, de manière visible pour tous.

 

Cela est-il imaginable ? Pour répondre à cette question, il convient de se souvenir qu’un culte explicite de Lucifer existe depuis toujours. De nos jours, il est certes marginal mais il prend deux formes intéressantes à décrire. Les grandes religions n’ont cessé de lutter contre lui sans jamais aboutir tout à fait.

 

Les satanistes sont, à la différence des Lucifériens, des philosophes et non des croyants. Leur culte est purement symbolique[19]. Ils ne croient pas en l’existence réelle des démons mais admirent la mythologie chrétienne de leur révolte. En fait, tout cela est pour eux un instrument provocateur pour inciter au culte de l’Homme (666*). C’est une philosophie de la chair et de l’esprit humain. L’individualisme et l’intelligence y sont prédominants. Le satanisme a été formalisé et structuré. Le Docteur Anton Szandor Lavey créa aux États Unis The Church of Satan. Il déclara l’année 1966 an 1 de l’ère satanique. En 1969 parut la Bible satanique qui aujourd’hui se vend à des milliers d’exemplaires à travers le monde et ce dans différentes traductions.

 

Les Lucifériens sont au contraire de véritables croyants. Il ne s’agit plus chez eux de simple philosophie mais d’une religion de Satan. Les lucifériens sont très spirituels puisqu’ils prétendent connaître et adhérer explicitement à la révolte de l’Ange déchu. Ils croient en son existence et le vénèrent comme leur Dieu.

     Selon eux, Dieu existe. Il est le créateur du Ciel et de la terre, des anges et des hommes.

     Le paradis consiste à voir Dieu face à face et, par là même, à posséder la plénitude de la connaissance et de la puissance divine.

     Mais Dieu se rendit responsable d’une faute impardonnable. Originellement, il avait créé le monde selon un ordre parfait. L’esprit le plus intelligent régnait sur les autres. Le paradis était dû par nature aux anges en premier, puis aux hommes en fonction de leur intelligence puisqu’ils avaient été créés pour cela.

     Or Dieu se repentit de son œuvre et décida de mesurer le don de sa gloire et de sa puissance à l’humilité et à la capacité d’aimer. Lucifer fut le premier à protester et à manifester à Dieu, lucidement, à quel point il se fourvoyait. Il le fit pour l’honneur du Créateur Tout-Puissant, ne voulant pas se résoudre à l’auto mutilation de sa toute-Puissance.

     Les lucifériens vénèrent Lucifer, comme un maître spirituel. Ils font de son combat le leur. Ils espèrent participer à sa puissance en l’aidant dans sa révolte.

     Les rituels qui accompagnent cette religion sont pacifiques (pas de sorcellerie ni de sacrifices). Ils sont le fait d’hommes libres et fiers, de collaborateurs de l’Ange révolté, conscients de la justesse de leur exigence.

     Le signe le plus répandu chez les lucifériens est sans contredit le symbole de Baphomet (bouc) et le Pentagramme inversé. Ils renversent les symboles chrétiens car ils croient en la possibilité d’un antichristianisme parfait. Ils se donnent comme métaphysique et comme valeurs morales l’inverse même de ce qu’enseigne cette religion.

 

Au plan moral, leurs convictions sont celles de Lucifer au jardin d’Eden.

     Être maître de sa connaissance et son choix personnel de ce qui est bien et mal, pour être comme Dieu.

     Mettre en premier dans sa vie le développement de ses capacités de connaissance et de maîtrise de soi, afin de vaincre les faiblesses imposées à la nature humaine après le péché originel.

     Accéder à la maîtrise de l’arbre de vie (par la science biologique), pour vaincre le dernier ennemi imposé par Dieu, la nécessité de mourir.

     Se tenir droit devant les adversités et la mort. Ne jamais baisser sa garde dans une demande de pardon ou de pitié, même face à la séduction du Christ à l’heure de la mort.

     Uni à Lucifer à l’heure de la mort, exiger de Dieu le don de la Vision béatifique comme un droit et un mérite de nature pour tout esprit.

 

En attendant l’entrée dans la vie éternelle, les lucifériens encouragent leurs adeptes à la recherche du bien-être individuel, intelligemment géré.

     Profiter de la vie, ne se priver de rien. Faire ce dont on a envie, suivre ses instincts, sans en abuser. Ils n’apprécient pas l’homme esclave de ses pulsions car sa libre révolte s’en trouve diminuée.

     Vivre dans la liberté. Explorer avec enthousiasme les plaisirs de la vie.

     Le suicide est désapprouvé car la vie est passagère, donc précieuse.

 

Le luciférisme rappelle les premiers chapitres de l’humanité dans le livre de la Genèse. A la fin du monde, il est probable que le dernier antichristianisme ressemblera à cela, mais de manière universelle et mondiale. Au plan théologique, il s’agira donc du plus grand antichristianisme imaginable. En effet, il ajoutera aux autres une parfaite lucidité de l’enjeu. Il n’y aura plus l’excuse de l’ignorance (athéisme). L’humanité le suivra en sachant que Dieu existe. Les hommes spirituels comprendront alors à quel point les divers antichristianismes précédents n’étaient que des étapes, nécessaires car préparatoires et ordonnées vers cette religion ultime. Il y a en effet une lecture luciférienne du sens de l’histoire qui tend, d’orgueil en orgueil, vers cet orgueil de plus en plus mûr et responsable.

 

Est-il possible qu’un culte de Lucifer devienne religion mondiale ?

(Chose probable)

 

L’humanité dans son ensemble peut-elle aller jusque là? Au plan des prophéties, il semble ne pas y avoir de doute. Nous l’avons vu, l’Écriture parle souvent, de manière explicite, d’une telle unanimité dans le rejet de Dieu. Elle ne parle pas seulement d’un rejet de Dieu compte tenu des effets de son action (ou de son inaction). Elle parle d’un rejet de Dieu en lui-même. Faut-il voir dans un texte comme celui de saint Paul une exagération apocalyptique? Ce serait une exception. La réalité a plutôt tendance à dépasser en gravité les écrits prophétiques.

 

Au plan d’une connaissance philosophique des sociétés humaines, rien ne s’oppose à une telle extrémité, à condition de préciser ceci. Chaque être humain est capable de liberté. Mais les conditionnements sociologiques limitent cette liberté. Il n’existe pas sur terre d’unanimité totale ni pour le mal ni pour le bien. Il est inimaginable que tous les membres d’une communauté humaine choisissent comme un seul homme telle ou telle philosophie. Le Nazisme, même après sa grandiose réussite contre la France (1940), eut toujours des opposants cachés mais lucides. De même, le fait de lutter contre Dieu de manière libre et consciente, c’est-à-dire en sachant qu’il existe et ce qu’il veut, ne peut manquer de paraître à quelques-uns comme ce que c’est, une folie vertigineuse.

 

L’humanité dans son ensemble constitue une structure où chaque individu peut être conditionné et entraîné vers des actions qu’il ne ferait pas seul. Dans certaines conditions, comme prise de folie, une communauté peut prendre un tel ascendant sur les individus, qu’elle semble les entraîner inéluctablement dans la direction de l’ensemble. Jean-Paul II appelait ce mécanisme « une structure du péché ». Il employait cette expression dans l’analyse sociologique du nazisme en Allemagne. Chaque allemand, pris individuellement se serait sans doute révolté à l’idée de l’extermination par la guerre de millions d’hommes innocents. Pourtant, le peuple tout entier (apparemment en tout cas), parut entraîné dans un enthousiasme communicatif (désir de revanche nationale, misère matérielle et morale, charisme de son guide, applaudit l’idée d’une guerre.

 

Il semble que ce même mécanisme permette d’expliquer certains comportements ultimes et limites de l’humanité tels qu’ils sont annoncés pour la fin du monde. Ces événements sont terribles au plan spirituel. Le culte explicite de Lucifer dans sa révolte première peut ressembler fortement au blasphème contre l’Esprit Saint tel que nous l’avons défini[20].

 

Pourtant, il ne faut pas confondre. Une apparence de blasphème contre l’Esprit n’est pas nécessairement sa réalité. Il peut arriver qu’un groupe d’homme se mette à rejeter Dieu tout en sachant qu’il existe, mais sans savoir, à cause de l’entraînement d’une folie collective, ce qu’il fait vraiment. “ Père, pardonne leur, ils ne savent pas ce qu’ils font[21] ”, disait Jésus à propos de ce peuple qui avait vu ses miracles, l’acclamait… avant de rire devant sa mort.

 

L’observation des comportements humains dans les sociétés occidentales donne une certaine idée de ce que sera l’orgueil collectif de la fin. Je voudrais donner quelques exemples capables d’illustrer la possibilité d’une révolte contre le bien et le vrai, même explicitement connus. Une humanité peut être tellement attachée à sa liberté qu’elle rejette l’idée même de Dieu, pour ne pas subir ses règles morales.

A Fatima[22]* en 1917, la Vierge apparut. Quelques enfants prétendirent la voir. Elle leur parla ainsi:

 

«Mon fils va donner à l’humanité un signe grandiose qui sera visible pour tous.[23] »

 

Pour celui qui sait interpréter ce genre de textes apocalyptiques, le sens premier est facile à découvrir. Le ciel symbolise l’intelligence et le cœur humain. Ce qui est annoncé n’est autre qu’une série de signes donnés à l’intelligence, des signes évidents, des preuves[24] de l’existence de Dieu et de sa révélation.

 

Or, durant l’été 1917, ce signe se produisit matériellement. A grand renfort de publicité journalistique, une nouvelle parvint au monde entier depuis le Portugal. Devant cent mille personnes dont beaucoup, dignitaires notoires de la Franc-maçonnerie*, étaient venues pour se moquer, le soleil s’était mis à danser. Le miracle avait duré plus d’un quart d’heure. On comprend l’importance de cette annonce. Une hallucination collective peut frapper un peuple de croyants fanatisés. Mais les observateurs rationalistes et avertis y échappent toujours. Un tel signe prouvait alors en un certain sens l’existence d’une présence mystique à Fatima.

 

Mais, dans cette histoire et pour ce qui concerne notre sujet, l’essentiel n’est pas là. En effet, on aurait pu espérer, de la part d’une humanité en quête du sens de la vie, un début de questionnement intéressé. “ Cela est-il vrai? Y a-t-il eu contre enquête de la part d’équipes scientifiques différentes? ” Au lieu de cela, la réaction de ceux qui font l’opinion du monde fut un black out total. Aucune revue scientifique ne prit la peine de publier une étude critique du phénomène ou sa contre vérification. Tout cela passa par pertes et profits. Une sorte de consensus sembla régner dans les organes officiels de recherche:

 

«Cela ne mérite même pas vérification. Cela n’a pas eu lieu parce que cela n’est pas possible».

 

Pas possible? Parce que Dieu n’existe évidemment pas? Jésus disait: «Même si un mort ressuscitait, ils ne croiraient pas[25] ». Ils ne croient pas parce qu’il leur est pénible de croire et d’en tirer les conséquences. Mieux vaut ne pas se poser de questions plutôt que de perdre la liberté de faire sa volonté. En l’occurrence, la volonté du monde occidental de l’époque était de gagner une guerre dérisoire, quitte à massacrer toute une génération.

 

Un autre exemple de ‘black out’ volontaire de ceux qui font l’opinion mérite d’être cité. Il concerne la question de l’origine du monde et les apports de la science à cette question philosophique. Le pape Paul VI était un excellent philosophe. Il s’intéressait beaucoup aux progrès des sciences de la vie. Il était admiratif devant la structure intelligente et extrêmement complexe du monde minéral et vivant. Il se rendait compte que chaque découverte nouvelle manifestait avec davantage de force l’action organisatrice d’une Intelligence supérieure. En 1968, il prononça le discours suivant[26] :

 

« La science ramènera l’homme à Dieu. Un célèbre savant a dit: plus j’étudie la matière, plus je découvre l’esprit. Celui qui scrute la matière voit qu’il existe des lois. Ce monde qui semblait opaque et inerte est une merveille et le pape pense que ce sera précisément la science qui ramènera à Dieu les masses, les hommes modernes, la jeunesse, elle qui semblait les en éloigner. Lorsqu’il sera devenu sage et vraiment intelligent, le monde dira « je dois tirer la leçon de ce que je vois. Ce n’est pas moi qui ai créé tout cela. Le monde a été créé par quelqu’un qui a répandu sa sagesse sur toute chose». C’est donc la science elle-même qui oblige à être religieux et celui qui est intelligent doit se mettre à genoux et dire: Dieu est là». Le scientifique Einstein avait déjà fait ce cheminement[27] : «Je désire savoir comment Dieu a créé le monde. Je m’intéresse à la pensée de Dieu, le reste, tel ou tel phénomène, est détail. »

 

Lorsqu’on fait beaucoup de science, on se rend compte que l’hypothèse philosophique de l’existence d’un Créateur est loin d’être inintelligente. Plus que cela, la probabilité pour qu’un simple vivant unicellulaire apparaisse par hasard est calculable[28]. Elle ne laisse aucun doute. Que le hasard seul soit à l’origine de la vie est une théorie aussi aberrante que l’apparition, par un phénomène d’entassement dû au hasard d’atomes et de molécules, d’un super-ordinateur moderne. Une Intelligence est nécessairement intervenue. Il est certain, pour toute personne qui réfléchi à ce qu’est l’A.D.N., que la génétique va permettre dans les années à venir de résoudre le problème de l’évolution. C’est la lecture et la comparaison de l’A.D.N. des espèces proches qui dévoilera que, loin d’être due au hasard, il y a là-dessous l’ingénierie d’une formidable intelligence. En France, une telle hypothèse philosophique ne mérite même pas d’être seulement évoquée. Elle est politiquement exclue car incorrecte. Nous avons là l’image, à l’échelle d’un pays, du mécanisme sociologique qui sera peut-être pratiqué de manière universelle vers la fin du monde. En tout état de cause, la France montre que la voie d’un aveuglement volontaire entretenu par ses élites est un phénomène sociologique possible.

 

L’humanité est donc capable de tout parce qu’elle est un troupeau qui suit majoritairement le berger qui domine son époque. Il suffit que les conditions sociologiques soit favorables et la pire aberration peu être majoritairement crûe avec enthousiasme. Il n’est donc absolument pas exclu que, lorsque le christianisme et les religions auront été suffisamment affaiblis, un prédicateur s’adresse au monde et lui révèle l’existence d’une révolte initiale, celle de Lucifer* et de ses anges. Au moment où j’écris, une paix mondiale explicitement luciférienne n’est pas prête de s’imposer au monde. Les grandes religions sont encore trop présentes. En sera-t-il de même dans cent ou deux cents ans?    Arnaud Dumouch


 



[1] 2 Thessaloniciens 2, 8. Ce texte de saint Paul, dans son sens littéral, n’est pas symbolique et valable pour chaque époque. Il le présente comme la prophétie des évènements qui précèderont le retour du Christ à la fin des fins.

[2] Apparition reconnue canoniquement par l’Église. Les textes cités ont une certaine autorité dont le degré est rappelé en fin d’ouvrage.

[3] En 2 Thessaloniciens, 2.

[4] Matthieu 24, 35.

[5] Aussi, tout au long de cet ouvrage, j’ai pris le parti de parler d’eux en termes anthropomorphiques. Il s’agit bien sûr d’un langage analogique.

[6] Certains théologiens sont allés plus loin encore. Ils ont cru lire dans la Bible que Dieu était allé jusqu’à révéler aux anges que naîtrait un jour une femme dont le cœur serait pur, l’humilité absolue, le don d'elle-même total au point que Dieu l’élèverait au-dessus de tout et en ferait leur reine. Dieu a-t-il révélé dès cet instant la naissance future de la Vierge Marie? Une chose par contre est certaine: ils ont compris dès cet instant le projet de Dieu, faire d'eux les serviteurs et les guides spirituels de leurs futurs frères cadets. Anges gardiens, mandatés selon un ordre hiérarchique parfait au service des hommes, voilà quelle serait leur mission jusqu'à ce que le dernier homme ait terminé sa vie terrestre.

[7] Genèse 1.

[8] Jérémie 2, 20.

[9] Apocalypse 12, 4.

[10] Apocalypse 12, 7.

[11] « Qui est comme Dieu », c’est-à-dire, en hébreux, Mikaël. Le fait que Michel soit un simple archange fut la première humiliation du Chérubin Lucifer. Révolté contre Die, il n’est même plus intelligent.

[12] Isaïe 14, 12.

[13] Jean 8, 44.

[14] Apocalypse 12.

[15] Le démon ne désire pas premièrement que l’homme s’autodétruise dans un holocauste nucléaire. Le meurtre du corps ne l’intéresse qu’à cause de sa racine, le péché de l’âme. Son but premier est spirituel. Il veut que le maximum d’humains, devenu égoïste et orgueilleux, choisisse avec lui l’enfer, librement.

[16] Traduction libre de Genèse 3, 5.

[17] Genèse 3, 14. Eux, des êtres spirituels indifférents par nature au sexe, à l’argent, et à la vanité du regard des autres, vautrent leur action sur l’homme dans de telles propositions.

[18] 2 Thessaloniciens 2, 1-12.

[19] Informations données par Denis VLIEGHE et Vincent ROSSOME, mai 2001.

[20] Voir du même auteur, L’heure de la mort, l’enfer. Le seul péché qui conduit en enfer, parce qu’il est un rejet parfaitement libre, lucide et maîtrisé. Voir du même auteur, L’heure de la mort, les six péchés contre l’Esprit Saint.

[21] Jean 23, 34.

[22] Une apparition reconnue canoniquement. Deux des voyants sont déjà béatifiés. Sa réalité est donc attestée par l’Église avec une certaine autorité dont le degré est rappelé en fin d’ouvrage.

[23] Il est évident que toutes ces révélations privées*, même celles qui sont reconnues par l’Église, ne peuvent être mises au même niveau que l’Écriture Sainte. Pourtant, il serait présomptueux de les négliger. Elles révèlent à l’homme la manière concrète dont se réalise ce qui est annoncé par l’Écriture dans l’histoire.

[24] Au sens non scientifique du terme mais dans un sens très réaliste. Il s’agit des trois secrets de Fatima, concernant la seconde guerre mondiale, la guerre froide puis le martyre du Pape.

[25] Luc 16, 31.

[26] Paul VI, 1968, Documentation Catholique n° 603.

[27] Recueil de textes, Piveteau, ''L'évolution", encyclopédie universitaire, p. 10.

[28] Le scientifique Salet estimait à 10300 le nombre d’atomes qui composent l’univers dans son ensemble et à une chance sur 10 [puissance 5 milliards] la probabilité pour qu’un vivant apparaisse par hasard. Son calcul reposait sur le nombre incroyable et la précision des bases qui composent l’A.D.N. de tout vivant autonome, même le plus simple. Il disait que ce chiffre rendait impossible l’apparition par hasard de la vie. « Il y a autant de chance pour que le premier vivant soit apparu par hasard que de voir un singe dactylographe écrire en tapant au hasard, un ouvrage de 100 000 pages. »