SOYEZ FIERS D’ETRE DE L’EGLISE CATHOLIQUE APOSTOLIQUE ROMAINE

 

 

 

TU ES PETRUS

BENOIT XVI

 

 

 

LA LETTRE CATHOLIQUE N°25

 

DECEMBRE 2005 SON SITE : les catholiques.free.fr   DIFFUSION GRATUITE – FAITES LA CONNAITRE

 

 

 

 

TOUT A DIEU PAR L’IMMACULEE

 

SAINT ET JOYEUX NOEL

 

 

« VOICI QUE JE VIENS FAIRE TA VOLONTE »

 

SOMMAIRE

 

 

 

EDITORIAL : De l’Art de l’Intégrité dans la Vie Intellectuelle… P.C. Aubrit Saint Pol

L’HISTOIRE DE L’EGLISE : Le Christianisme dans son Temps, Eusèbe de Césarée

DOCTRINE SOCIALE : Les Banlieues, Sully

LA VIE EN EGLISE : Le Filet de l’Oiseleur ?

                                                 : Nous Sommes dans l’Attente de Noël… P.C. Aubrit Saint Pol

ECRITS DES PERES APOSTOLIQUES : « Epitre » de Clément de Rome, suite.

TRIBUNE LIBRE : Du Tremblement de Terre au Pakistan

                                      L’alcoolisme… ça suffit… !

                                      Affaire d’Outreau

                                      La Solidarité des Chrétiens et des gens de bon sens… Théodulfe Soplataris

MEDITATION DE LA BIBLE : La Genèse, La Création du Monde n°3, Léonce Grattepanche.

L’ESCHATOLOGIE : D’Arnaud Dumouch

DOCTRINE ET ESPERANCE : « Première Question : Dieu… » suite, P.C. Aubrit Saint Pol

LA TRIBUNE DU CANIGOU : Les Mots… et Les Maux…

 

 

 

 

 

 

 

EDITORIAL

De

P.C. AUBRIT SAINT POL

 

DEMENTI

 

De l’Art de l’Intégrité dans la Vie Intellectuelle

 

SAINT THOMAS D’AQUIN

 

 

Si ce qui est recommandé aux autres, n’est pas appliqué à soi même c’est mensonge ; si on fait porter aux autres une charge qu’on ne porte pas soi même, on est menteur.

 

Il est difficile de ne pas faire confiance, c’est mon cas. Je fais toujours confiance, car faire confiance à son vis-à-vis, jusqu’à preuve du contraire, c’est lui donner une chance. Quoiqu’il puisse m’en coûter, c’est une attitude que je conserverai, elle est conforme à la vie de charité que l’on doit à son prochain, elle est l’expression d’un profond respect. Tant pis si ce prochain ne le comprend pas ou qu’il en abuse ; je sais ce qu’il en est de ne pas donner une chance à l’autre, ne serait-ce qu’une chance d’écoute.

Comment pourrait-on ne pas faire confiance à une personne qui est au service de la vérité, qui y est exposée ?

 

Il n’est pas aisé de déceler chez un ami les fragilités de sa personnalité surtout que l’affection qu’on lui porte nous répugne à y accorder une attention soutenue.

 

Dans la Lettre Catholique n°22 de septembre 2005, j’ai diffusé l’information suivante : « des célébrants prêtres et évêques auraient pratiqué certains sacrements en imposant le nombre 666 au lieu du signe de la Croix », cette information n’était pas fondée. La personne qui me la donna vit ce qu’elle voulait voir et non ce qui était à voir. Elle insista pour que je la publie. Malheureusement, j’appris de sources certaines mais trop tard, qu’elle souffre d’une sorte d’obsession : elle s’est convaincue de l’existence d’un complot universel mené par des sociétés occultes… Les sociétés occultes existent, mais quant à leur donner cette importance, cela est très excessif.

 

Je viens donc présenter mes excuses à nos amis lecteurs et à toute l’Eglise pour mettre laissé tromper et de les avoir trompés, troublés, quoique de bonne foi. J’en exprime mon plus profond regret.

 

Je me suis laissé capter par cette idée de complot universel, ce fut le cas pour les tours jumelles du 11 septembre. Il y a dans cette rumeur, rumeur-propagande de conspiration, une sorte de confort moral qui atténue la cruelle évidence de la folie des hommes ordinaires et de leur haine qu’induit un souci, une tentation de tout vouloir expliquer et comprendre rationnellement, le besoin de se rassurer. C’est une lourde erreur. S’il y a bien des hommes et des femmes associés pour affaiblir l’Eglise et, réduire, rabaisser la dignité de l’humanité, il ne faut pas oublier que derrière cela, il y a le démon et ses anges déchus ; mais tout s’arrête ou se poursuit au seuil de la liberté de l’homme, ce qui est inhérent au péché.

 

C’est perdre sa paix, gâcher sa vie spirituelle, sa vie intellectuelle, troubler sa vie affective que de se laisser distraire par ces chatoiements du rêve, de l’illusion, ce sont souvent là les premiers paliers du mensonge …

 

Appliquons-nous à étendre le bien, l’amour ; n’expliquons pas le mal, c’est lui donner une importance qu’il n’a pas. Appliquons nous à la charité, dénonçons les causes de tant de souffrances et, sauf exception, ne disséquons pas le mal, c’est lui faire un honneur qu’il ne mérite pas.

 

Mes chers amis lecteurs, je vous renouvelle mes excuses pour ces fausses informations et que mon aveu d’erreur aide à mieux comprendre la difficulté de la vie intellectuelle et la nécessité dans laquelle on se trouve de s’exposer toujours à la lumière de Dieu, d’accueillir sans relâche la grâce de conversion…

 

Cette affaire est pour moi une épreuve intellectuelle comme spirituelle, elle n’enlève rien de l’affection que je porte à la personne qui en est la cause, car je suis tout autant responsable, puisque j’ai moi aussi manqué de prudence et de rigueur.

 

Que votre prière m’aide à faire de cette souffrance une puissance de purification et d’humilité. On dit que l’orgueil meurt un quart d’heure après la mort, pour nous intellectuels, obtenez de Dieu qu’il meure un quart d’heure avant de mettre nos pensées en mots.

 

Priez pour moi et pour tous ceux qui ont pris le chemin de servir la vérité par la voie intellectuelle, c’est l’une des voies les plus dangereuses pour notre salut.

 

Puisse l’Immaculée déverser dans tout ce que nous sommes et surtout dans toute notre pauvreté l’abondance de cet amour maternel. Pierre-Charles Aubrit Saint Pol

 

 

 

 

 

 

L’HISTOIRE DE L’EGLISE

 

De

 

EUSEBE DE CESAREE

 

 

Le Christianisme dans son Temps

 

 

CONCILE VATICAN II

 

 

 

Le rayonnement du christianisme en dehors du mouvement religieux.

 

Il ne fait aucun doute que l’Etat de l’Empire Romain se soit pensé en Etat chrétien et qu’il ait voulu être chrétien. Tous les symboles de l’Empire le confirment, surtout la monnaie où figure le monogramme du Christ. L’Etat de l’Empire Romain déclare et proclame le christianisme, sous sa forme catholique, religion d’Etat ; il fait rédiger le code Théodorien de 429-439, comme pour confirmer son détachement du paganisme, dans ce code se trouvent 150 décisions concernant la défense de l’orthodoxie.

 

Le calendrier chrétien règle la vie quotidienne, on institue dès 325 le dimanche jour férié. Les empereurs modifient profondément le droit romain. On abolit les lois de contraintes contre les célibataires qui dataient d’Auguste. On restreint le divorce, on accroît la sévérité contre l’adultère et le rapt. On réforme la condition servile ainsi que celle des prisons. Mais il est compris que la christianisation de la culture populaire, des comportements, sera longue quelle que soit la volonté des souverains. En 374, il sera interdit de tuer un enfant, mais l’abandon d’enfant ne sera pas réprimé.

 

Dès le 4eme siècle l’Eglise doit assumer son succès de masse et s’impliquer dans le gouvernement de la cité. En 314, le concile d’Arles prévoit d’excommunier les déserteurs.

 

Dans la même période, on constate la fracture, l’opposition inévitable entre la cité de Dieu et la cité des hommes et, qu’il ne peut y avoir sur Terre une cité idéale, que la vouloir établir est un immense péché d’orgueil… La cité idéale se trouve dans le cœur de l’homme et de la femme qui recherchent la vie d’union avec leur Créateur et leur Sauveur.

 

Ce siècle verra se creuser progressivement les fondements de la doctrine sociale de l’Eglise : en effet, les pasteurs interviendront pour atténuer les effets destructeurs et ravageurs d’un pouvoir absolu. Saint Ambroise, à la suite du massacre des 7000 séditieux d’Antioche, ordonnera et obtiendra la pénitence publique de l’empereur Théodose. Mais il ne sera pas toujours possible d’empêcher la cruauté d’un tel régime qui pratique, à outrance, la torture envers tous ceux qui sont soupçonnés de comploter.

 

L’Eglise de l’époque ne peut empêcher l’émergence de structures féodales qui s’établissent aux dépends du petit peuple. L’Eglise pour cette période obtient la réduction des excès mais il lui est très difficile de réformer les fondements qui sont la cause de ces injustices, car en même temps que le pouvoir central se durcit, les grands propriétaires ont une plus grande autonomie. Nous sommes dans la décadence de l’empire.

 

C’est en 400, que l’on verra un concile espagnol menacer d’excommunication celui qui vole un clerc ou un pauvre.

Dans un même mouvement, l’Eglise commence à fonder des instituts charitables. C’est une révolution des mœurs, une innovation bouleversante ; le monde païen n’avait jamais connu ce genre d’institution, car le respect religieux de la personne lui était complètement inconnu.

 

Saint Paulin le Nole qualifie les pauvres de patrons de nos âmes. En 372, saint Basile fonde un complexe comprenant une église, un monastère, un hospice et un hôpital avec un personnel qualifié. C’est l’église d’Alexandrie qui donne le ton et l’élan.

Mais ce n’est que dans la cité médiévale que le christianisme social, religieux, spirituel s’épanouira. La chrétienté entreprend un long travail de conversion des fondements de la société.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

DOCTRINE SOCIALE

 

De

 

SULLY

 

LES BANLIEUES

 

COLERE DES BANLIEUES

 

« … nous constatons un apaisement, on n’a brûlé que quatre-vingt voitures… », journal télévisé.

 

Il ne faut pas s’étonner des violences dans les banlieues, surtout de celles du mois de novembre. Etonnons-nous qu’elles n’aient pas commencé plus tôt et qu’elles ne soient pas plus violentes…

On a tout dit sur cette révolte, guerre des banlieues… !

On a manifestement dit beaucoup, mais pour rien du tout… !

On s’est tu beaucoup…

 

Dans les banlieues se concentrent tous les maux de notre peuple de France. Tout y est réuni, il n’y manque rien…

Mais il y a surtout une effroyable absence, personne n’a posé le problème de la culture et, s’il fut quelque peu posé, il le fut mal.

Les émigrés d’origine arabo-musulmane n’ont pas compris, n’ont pas fait l’effort de comprendre ou non tout simplement pas pu comprendre notre société française et notre civilisation occidentale ; ils n’en n’ont compris que les travers, que les vices.

Pourquoi ? Certainement parce que l’on ne réfléchit pas assez sur les fondements de leur propre culture qui intègre une religion spécifique dont la nature est antinomique par rapport à notre culture.

 

On a très mal agi envers eux, on ne s’est pas donné la peine d’expliquer les fondements de notre civilisation et culture, ce qu’il faudrait faire en termes très simples dès le début, dès le primaire. Il ne s’agit pas de mettre en avant les valeurs de la république pour autant qu’elle en ait jamais eu, pour eux c’est incompréhensible…Car nous ne sommes jamais donné la peine de comprendre le noyau dur de leur culture. Que disent-ils de l’homme et de la femme ? Que disent-ils de la liberté de conscience ? Que disent-ils de la personne qui se trouve dans chaque individu de la race humaine ? Que disent-ils de l’être de la personne ?

 

Et nous, nous avons peur de leur dire ce que nous disons de l’homme, car il nous faut filtrer avec des concepts à caractère religieux, d’une culture religieuse naturellement opposée à la leur…

 

Alors, qu’allons-nous faire ? Si nous ne faisons rien, nous n’échapperons pas à un conflit civil de nature culturelle et religieuse… La vie politique n’est pas un rêve et nos hommes politiques ont perdu toute innocence. C’est un défi de l’intelligence autant que du cœur ! Où sont les intellectuels qui accepteront d’aider les politiques à relever ce défi ?

 

Pour aggraver les choses, il y a le climat international qui n’aide pas ; la guerre d’Irak déstabilise le monde entier, aucune communauté musulmane n’est épargnée et l’ensemble développe une sorte de paranoïa ; pourtant nous ne pouvons faire l’impasse sur cette question, ce n’est pas une exigence politique, c’est une exigence morale.

 

Mais dans l’expression de ces troubles il y a aussi et surtout un facteur qui progresse de manière insidieuse et inquiétante : le peuple et particulièrement les immigrés, ressentent, sans toujours se l’expliquer, un effondrement de la légitimité du politique et des institutions.  L’histoire de la profanation de Notre Dame de Paris n’est pas anodine, quel est ce peuple qui ne fait pas respecter ses sanctuaires, ses lieux de prière et de paix ? Quel est ce peuple qui élit un personnel politique sur la promesse de dépénaliser l’avortement, qui autorise le mal, qui légifère sur des pratiques qui sont objectivement contre la loi naturelle, qu’elle est donc cette étrange démocratie ? Nous ne voulons pas cela pour nos enfants…! 

Ces lois, ces politiques déshonnêtes accroissent les peurs, les inquiétudes pour un avenir dont ils ne voient aucun horizon. Cette peur est perçue par les autres, ceux qui ont le pouvoir économique et social et, inexplicablement ils ont peur de la peur de l’autre et, eux aussi ont un sentiment d’injustice qui se double d’un avenir bouché, incertain.

 

On aura beau multiplier les dispositions sociales et économiques, on pourra rénover tous les quartiers, tant que l’on aura pas relevé tous ces défis avec courage et vérité, on aura rien réglé et demain sera fait de quoi… ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LA VIE EN EGLISE…

 

De

 

P.C. AUBRIT SAINT POL

 

 

NOTRE DAME DE PARIS

 

Le Filet de l’Oiseleur ?

 

 

 

FILET DE L’OISELEUR

 

Le verset 8 du psaume 91 qui est repris dans les rituels d’exorcisme, fait allusion au procédé des chasseurs d’oiseaux ; ils tendent un filet s’aidant des arbres, ils le dissimulent par des leurres.

 

Lucifer est le prince du mensonge, il est aussi celui de l’illusion. En cette période, il utilise les médias comme supports, tandis que des esprits égarés, souvent très intelligents et charmeurs, se prêtent comme arbres et, l’ennemi tend ses filets.

 

Des arbres, il y en a de toutes les essences, certains transpirent l’obsession du complot universel et, ces arbres là sont souvent de grands manipulateurs. Faute de pouvoir les arracher, car ils sont plantés dans les champs cultivés, il faut alors s’en éloigner tout comme de l’ombre qu’ils projettent.

 

Les rumeurs, ces murmures de cloches fêlées, ont cette capacité d’avoir une note juste pour toute une harmonie fausse et pour voix de fausset. Ces rumeurs surviennent souvent dans le sillage d’évènements monstrueux, inhumains, alors il faut à tout prix, une explication rationnelle, raisonnable, rassurante ; il faut se rassurer !

 

Ces arbres de rumeurs agissent en amplificateurs, pour certains, à leur insu, simplement naïfs, trop confiants, on les convainc à diffuser les informations à grands renforts d’arguments construits sur la vérité étirée d’un détail, mais il s’avère que ces arguments ne sont rien que l’ombre portée de l’évènement, pas l’évènement en soi.

 

J’ai malheureusement été de ceux qui se sont laissés abuser parce que l’on ne peut pas envisager qu’un serviteur de l‘Evangile puisse vous mentir, puisse vous capter et vous entraîner dans sa paranoïa. Ainsi, ai-je traité de l’attentat du 11 septembre, des attentats de Londres, de certains aspects de la question européenne et de plusieurs points de la loi de bioéthique, en outre on me persuada avec forces arguments que le responsable de la Fondation Jérôme Lejeune était franc-maçon, ce qui s’est avéré faux. Croyez-moi, il était bien difficile de ne pas se laisser convaincre tant les arguments étaient enveloppés d’une dramaturgie digne de Shakespeare.

 

Comment en finir avec cette corruption si spécifique de l’esprit ?

 

Il faut garder dans son cœur l’espérance, surtout quand le drame est démesuré, puisque Dieu triomphe de tout. Il faut cultiver une profonde dévotion en l’Immaculée, car elle une très bonne pédagogue, elle saura toujours nous montrer la voie la plus humble.

 

Permettez-moi cette confidence, cette épreuve ne me fut pas mince, mais j’en sors libéré. C’est une leçon de pauvreté, de pauvreté intellectuelle et spirituelle…

 

Il existe sans doute des esprits désolés qui complotent, on le sait, certains d’entre eux prennent leur conseil directement auprès des forces ténébreuses… Mais qu’importe, le danger de perdre son salut pour nous n’est pas là, puisqu’à moins de renoncer volontairement à notre liberté, c’est toujours dans le choix de l’usage que l’on fait de sa conscience, que réside la forme de notre éternité.

 

Il ne faut pas donner prise aux attraits comploteurs, on offense la charité…On nourrit toutes sortes de sectarismes, de racismes, d’irrespects, on prolonge les actes inhumains. Le monde est ce qu’il est, acceptons le pour ce qu’il est et, servons nos frères et sœurs sans chercher la première place.

 

Nous catholiques, nous devons accepter les multiples manifestations de la Croix dans toute la diversité de l’humanité, sans en fuir aucune parce que certaines d’entre elles seraient moins raisonnables que d’autres…

 

La Croix n’est pas raisonnable, Dieu n’est pas rassurant, l’être humain non plus, c’est ce qui fait tout l’intérêt de vivre… Pierre-Charles Aubrit Saint Pol

 

 

 

 

Nous Sommes dans l’Attente de Noël…

 

 

 

MITRE ET CROSSE

 

 

 

Nous sommes entrés dans l’Avent, laissant derrière nous une année de nourriture sur l’Eucharistie avec son synode.

Avons-nous conscience de la grâce d’avoir des diacres, des prêtres, des évêques et un pontife ?

Sommes-nous assez priant, assez adorant pour accueillir comme il se doit ce don de Dieu ?

Ces hommes ont tout quitté pour suivre le Christ-Jésus dans son désir de faire la volonté de son Père : « Voici, Père que je viens faire ta volonté… » Oh ! Ce n’est pas évident de voir dans un homme, ce diacre, ce prêtre et cet évêque ; il ne faut pas s’en étonner. Rappelons-nous les apôtres au moment de l’arrestation de Jésus, à par Jean, Marie et les femmes, qui reconnaissait encore en ce Nazaréen, en cet enfant de la crèche, Dieu incarné ?

 

Posons un regard de foi sur notre hiérarchie, ayons la volonté de l’aimer, plus que de la critiquer, la juger, car par eux c’est l’Eglise qu’on se doit d’aimer comme son Epoux l’aime, le don de l’amour, l’amour du don…

Certes, il y a des membres qui compromettent le message évangélique avec l’esprit du monde, mais ne sont-ils pas plutôt à plaindre ? Ceux-là ne les regardez plus, ne les mesurez plus, que sont-ils en regard du bien qui se fait ? Quel est le poids de leur infidélité en présence du sourire d’un enfant ? Une crotte, pas même bonne pour la fumure.

Laissons-nous grandir par l’amour, il nous portera, il nous défendra. C’est la seule mesure qui fasse effondrer les murailles de l’orgueil et combler les douves des mauvaisetés. Nous ne sommes pas coupables de la conscience de l’autre ni responsables…

Réjouissons-nous en Dieu pour le don qu’il nous fait de l’Eglise. Et, laissons à Dieu la part qui lui revient.

Quant à nous, prions, offrons, servons et taisons- nous quand il le faut ! N’accusons plus, ce n’est pas notre rôle, ne faisons pas obstacle à l’amour de charité.

 

Soyons unis d’amour avec nos diacres, nos prêtres, nos évêques et notre Pape. Ils sont eux, mais aussi nous et, s’il manque chez eux de saints, c’est peut être que nous manquons également de sainteté.

Soyons d’un unique courant, d’une unique tradition, servons la charité.

L’Eglise doit répondre à des défis considérables, la communion nous est nécessaire.

Chantons Noël ! Chantons Dieu !

Ne soyons pas les porte-voix du bruit.

Devenons les porteurs de l’amour, il ne fait pas de bruit…

 

 

 

 

 

TRIBUNE LIBRE

 

Théodulfe Soplataris

 

 

Du Tremblement de Terre au Pakistan

 

 

En présence d’une catastrophe humanitaire, il est normal que la solidarité internationale joue son rôle, mais cette solidarité est le fruit du travail des peuples, il semble donc légitime de poser quelques questions.

 

Comment se peut-il qu’un pays comme le Pakistan puisse se lancer dans la course aux armements atomiques et être incapable de subvenir aux besoins les plus élémentaires et alimentaires d’une province sinistrée ?

Ne fallait-il pas en priorité investir dans les infrastructures routières et dans la construction de centres de secours capables de résister à des tremblements de terre ?

 

Comment concilier la course aux armements atomiques et la misère de ces régions désolées ?

Le choix des responsables politiques de programmer la recherche d’armes de destruction massive est incompatible avec l’état d’incurie de ce pays et de grande pauvreté.

Y-avait-il nécessité pour ce pays de se procurer de telles armes, à moins de rêver un islam expansionniste ? Ce choix est une faute morale.

Pourquoi s’étonner alors de la lenteur des secours financiers ? Il y a une lassitude à toujours taper les mêmes et, faudra-t-il toujours que les pays prévoyants payent pour des gouvernements imprévoyants, prévaricateurs de leur peuple ?

 

Qu’on aide ce pays oui, mais à la condition qu’il mette fin progressivement à une politique qui offense le bon sens et la justice la plus élémentaire que l’on doit à un peuple !

 

Après tout, n’oublions pas que le gouvernement Pakistanais n’a pas eu une politique très honnête quant au peuple Afghan, il est largement responsable de la dictature des Talibans ; pas plus qu’il ne semble se préoccuper de protéger les minorités religieuses.

Oui, aidons ce peuple, mais pas à fonds perdus, surtout aux dépens des pakistanais.

 

P.S.

Nous avons appris que les autorités pakistanaises expulsent de leur maison les chrétiens de la région du Cachemire (sans dédommagement ni relogement) pour y reloger les victimes du tremblement de terre à seul fin de faire des économies sur une communauté très pauvre, très vulnérable, alors que l’Etat possède des terrains et du bâti qui pourraient facilement aider les victimes… Information donnée par Monseigneur Lobo, évêque d’Islamabad. Dans ces conditions, il faut suspendre toutes les aides.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’alcoolisme… ça suffit… !

 

 

 

Tout dans la création est dangereux si on en abuse, tout abus produit une dépendance. Il y a des dépendances directes comme les drogues, l’alcool crée une dépendance mais pas directement, nous dirons par accoutumance excessive.

Selon une logique déracinée de la réalité, il faudrait restreindre au maximum la vente d’alcool et accabler le produit de « consommation dangereuse si abus !»

 

Depuis quand la matière est-elle coupable de l’abus qu’en fait l’homme ?

Parce que j’ai été alcoolique, je veux qu’on ralentisse à tout prix la vente des vins et des alcools. Que l’on pénalise le vigneron et les autres qu’importe, je rejette sur eux le fait que je fus un alcoolique, ce qui n’est pas vraiment de ma faute, les vins et les alcools n’ont pas à exister, c’est la faute de l’autre si j’ai aimé me pocharder… !

 

 

 

Non si vous avez été alcoolique c’est que vous l’avez voulu ou que vous n’avez pas su ni voulu l’éviter ou encore vous êtes victime d’un atavisme familial. Mais n’accusez pas le fournisseur d’en être la cause. Ne réduisez pas votre dignité, vous êtes un homme libre, agissez en homme libre et, ayez la décence de ne pas accuser l’autre d’être la cause de votre vice.

 

Que le gouvernement cadre les ventes de vins et alcools par des lois et règlements cela est conforme à sa mission, mais que l’on cesse de ne vouloir qu’une seule tête, que l’on cesse d’aseptiser la société. Cela suffit !

 

Dans un contexte social comme celui dans lequel nous vivons, pourquoi veut-on qu’il n’y ait pas de gens qui soient tentés d’oublier, de s’évader…

Proposons leur donc une civilisation de vie et de joie, et non de mort et d’enfermement.

 

Vous ne voulez pas que la jeunesse s’alcoolise redonnez lui à espérer, à aimer, à s’aimer, à affronter l’avenir… Quel chemin d’avenir lui proposez-vous, celui que vous tracez avec les enfants avortés ?

La société s’est sciemment appauvrie de sourire, elle n’en récolte que les larmes. Elle a fait un choix, qu’elle l’assume !

 

Que les alcooliques anonymes le restent, qu’ils continuent d’œuvrer pour aider les dépendants… Si on revenait à une vie de prière, ce serait là une belle ivresse, celle de l’Esprit Saint, une ivresse d’amour !

 

 

 

Affaire d’Outreau

 

 

JUSTICE

 

 

 

 

Quel drame ! Quelle souffrance ! Quelle humiliation pour la justice !

 

Tout démontre l’infondé des accusations, la faillite d’une instruction menée sans humanité, dépourvue de respect de l’autre, une instruction sans honneur. Un juge incompétent, ne jouissant pas d’un équilibre suffisant pour assumer l’autorité de sa charge. Un cas typique d’autisme du pouvoir !

Il est certain qu’il n’a pas agi seul et, que, c’est tout l’appareil judiciaire qui a dérapé.

 

Il faut se poser les questions du comment et du pourquoi… ? 

 

 

La question qui se pose est de savoir pourquoi la hiérarchie a maintenu en fonction un juge qui, dès le procès de Saint Omer, apparaît dans une position fautive ? Pourquoi, au nom de quel principe, est-elle allée le nommer dans le contre-terrorisme et l’avoir récompensé pour son travail, alors qu’on connaissait sa carence dans cette malheureuse affaire d’Outreau ? C’est une situation qui ajoute au sentiment d’humiliation.

 

On doit repenser le statut du juge, il doit pouvoir être poursuivi pour ses fautes. Il ne doit pas être un fonctionnaire différent des autres. C’est d’abord un citoyen qui a à rendre des comptes sur les actes qu’il pose quel qu’en soit le cadre. Nul n’est au-dessus de la justice, pas même la justice.

 

Il faut que toutes les responsabilités de cette dérive soient établies et que les principaux décideurs soient sanctionnés. Il importe, que ce juge soit immédiatement suspendu, par respect pour le corps judiciaire et pour le peuple qui ne demande qu’à refaire confiance en sa justice.

 

L’intervention du Procureur Général de la République de Paris fut nécessaire, elle a redonné un peu d’humanité et d’humilité à un service d’Etat trop sûr de lui et arrogant.

 

 

La Solidarité des Chrétiens

et

des gens de bon sens…

 

 

MADRID

 

 

 

Dans les Espagnes, le 15 novembre, a eu lieu une manifestation protestataire contre la politique de ce gouvernement qui semble avoir perdu tout sens moral, c’est la marque d’un Occident décadent, vidé de sa conscience morale. Cette politique porte atteinte aux libertés fondamentales des familles.

 

Ce gouvernement, inspiré par les loges maçonniques, fait œuvre de révolution dans la droite ligne de 1789.

 

A cette occasion, on a pu constater une mobilisation considérable d’associations et un soutien actif des associations européennes.

 

Ce qui témoigne d’une prise de conscience d’enjeux qui s’internationalisent.

Il faut plus de solidarité entre les associations qui défendent les fondements de toute société humaine, luttant contre les déferlantes idéologiques anti-chrétiennes et négatrices de la grandeur indépassable de l’homme.

 

Que les gouvernements prennent garde de ne pas mépriser la voix des peuples unis d’Europe, vous avez voulu une Europe politique et économique unie au-dessus de la tête des peuples, cette tête pourrait bien se redresser et  faire entendre sévèrement  son : « ça suffit ! »

 

Un front uni d’honneur et de dignité européens, cela aurait de la gueule… Chiche qu’on l’organise !

 

 

 

 

 

 

 

 

MEDITATION DE LA BIBLE

 

De

 

Léonce Grattepanche

 

 

Le Filet de l’Oiseleur ?

 

 

BIBLE

 

 

 

La Genèse : la création du monde n°3

 

 

Le Cinquième jour :

 

« Et Dieu dit : « Que les eaux fourmillent d’un fourmillement d’êtres vivants et que les oiseaux volent sur la Terre et sur le firmament du ciel. », (et cela fut ainsi). Et Dieu vit que cela était bon. » (Verset 20.)

 

Dieu crée le règne animal après avoir créé le règne végétal. Ne fallait-il pas que le règne animal puisse se nourrir ?

 

Et ce fut les oiseaux et les poissons. La description que Dieu inspire à Moïse suppose-t-elle que les oiseaux aient souhaité nager pour rejoindre la lumière que reflète la vague ? Et pareillement pour les poissons qui auraient décidé de voler. Nous sommes loin du petit poisson et du petit oiseau qui s’aimaient d’amour tendre…

 

 

« Et Dieu créa les grands monstres marins et tous les êtres vivants qui rampent dont fourmillèrent les eaux selon leur espèce et tous les volatiles selon leur espèce. Et Dieu vit que cela était bon. » (Verset 21)

 

Il en est de même pour les monstres marins et les volatiles. L’acte créateur est éminemment autoritaire, les espèces sont dès l’origine, ce qu’il a voulu qu’elles soient.

Le récit a un rythme exprimé, marqué par : « Et Dieu vit que cela était bon. » Cette insertion, inspirée par Dieu a Moïse, peut vouloir dire que ce sont là les étapes séparées l’une de l’autre de la création, sans lien biologique entre elles.

 

« Et Dieu les bénit, disant : « Soyez féconds, et multipliez-vous, et remplissez les eaux dans les mers, et que les oiseaux se multiplient sur la terre. » Et il y eut un soir et il y eut un matin, cinquième jour. » (Verset : 22,23)

 

On pose la question de savoir qui de l’œuf ou de la poule fut créé en premier ? La réponse est donnée par Dieu, ainsi que par l’observation zoologique basique. En général, un petit d’animal ne peut vivre sans sa génitrice, il a besoin que l’on s’occupe de lui. Et, il y a la parole de bénédiction de Dieu, il ordonne de croître et de multiplier, ce qui suppose qu’il s’adresse à des adultes, des vivants susceptibles de procréer.

Il faut l’admettre, Dieu a un solide bon sens. On pourrait même entendre un diplodocus en rire… !

 

Bien sur la question anté-préhistorique se pose, c'est-à-dire ceux qui furent créés avant l’homme, avant son histoire. Il faut observer que ces animaux-là ne font pas partie de l’histoire de l’homme. Leur existence, pour aussi réelle qu’elle soit, n’a qu’une importance utilitaire, biologique, c'est-à-dire : fertiliser le sol en vue de permettre à la Terre de nourrir un jour les autres vivants. On peut s’intéresser à ces animaux, mais leur intérêt n’a que peu d’incidence sur l’homme, ils ne sont pas en prise avec son histoire.

Ils ne peuvent être utilisés pour expliquer la théorie de l’évolution qui, avec les avancées scientifiques, ne cesse de s’enfoncer dans la confusion.

 

On peut envisager une autre possibilité, mais ce n’est là qu’une proposition, une théorie, donc aucune certitude : envisageons que Dieu ait pris l’ADN de ces animaux anté-préhistoriques et qu’il l’ait modifié pour donner les animaux qui se sont intégrés dans notre histoire ?

Une chose est certaine, la dictature intellectuelle qui consiste à présenter les théories de l’évolution comme un dogme impérieux est d’une profonde malhonnêteté, elle est contraire à tous les principes fondateurs de la vie intellectuelle.

 

« Alors Dieu dit : « Que la Terre fasse sortir des êtres vivants selon leur espèce, du bétail, des reptiles et des bêtes sauvages selon leur espèce », et cela fut ainsi. Et Dieu fit les bêtes sauvages selon leur espèce, et le bétail selon leur espèce, et tout ce qui rampe sur la Terre selon leur espèce. Et Dieu vit que cela était bon. » Versets : 24,25.

 

Ces deux premiers versets du sixième jour sont le récit de l’achèvement de la création du règne animal, mais il y a là une variante : Dieu informe la couche sédimentaire de la Terre de donner des vivants, des êtres. Dieu s’apprête à terminer son acte créateur.

Avant la venue de l’homme, Dieu lui prépare un univers où les animaux feront partie intégrante de son histoire, même si ceux-ci n’ont pas d’histoire. Les animaux anté-préhistoriques ne sont plus, l’homme va avoir besoin des nouveaux animaux qu’il devra dominer et asservir parce que c’est ça sa vocation de nature. Plus le temps de l’homme approche, plus on avance en qualité.

 

Si Dieu insiste tant sur le rythme imposé à la création, c’est qu’il veut peut être nous enseigner qu’il n’y a pas évolution des espèces, qu’elles ne changent pas de nature. Les recherches sur l’ADN et toute la génétique nous le confirment, pour qu’il y ait changement de nature, il faut une intervention extérieure sur l’ADN.

Les espèces vivantes sont ce qu’elles sont depuis leur création, depuis que Dieu par l’ADN les a informées.

 

En sachant que l’animal ne possède pas la faculté du choix de conscience qu’il n’a pas de liberté, car il ne peut conceptualiser. Il n’a pas reçu le don de la personne, il ne peut ni vouloir ni désirer devenir quelqu’un d’autre.

Affirmer qu’un mastodonte ait pu décider de devenir une baleine pour pouvoir ‘revenir à l’eau’, afin d’expliquer l’origine de la baleine, il y a de quoi rire d’un c’est assez derrière un cachalot…

 

Dieu est l’auteur de tout ce qui existe, de tout ce qui est. Il est même la fortune du bon sens…

 

Avant d’aborder la création de l’homme, contemplons la création qui l’environne. Dieu déploya un univers matériel et de vivants d’une remarquable beauté, d’une harmonie inimaginable. C’est un écrin merveilleux qui va accueillir l’homme, car la création est ordonnée pour lui.

 

En ces temps si barbares, si sales, si meurtriers, si infrahumains, demandons la grâce de retrouver le chemin de la contemplation, celle qui nous fait nous émerveiller sur un brin d’herbe, une pâquerette, un caillou. C’est peut être là que se trouve la grâce qui peut renouveler notre sourire !

 

Dans la prochaine lettre nous aborderons la création de l’homme. Dans cette perspective, arrêtons-nous sur une notion qui nous fuit de plus en plus dans notre société de surabondance et de pauvreté : le don… !

Le cœur du récit de la création a plusieurs éléments d’émerveillement, mais le don est celui qui l’illumine le plus, une illumination qui élève l’homme.

 

Don vient du verbe donner qui a une racine indo-européenne : « do- » qui signifie transmettre la possession de ; en grec : « didonaï » ; en latin : « dos, dotis, d’où dotare (doter et pouvoir) ; donum « don » d’où donare : « faire un don ». Cette racine est la même pour pardonner qui signifie : « concéder, accorder, être miséricordieux. » (Dict. Etymo. Jacqueline Picoche)

 

On observe que le nom commun « don » est le fait de l’acte de donner.

Dieu possède toutes les perfections, ses perfections sont ce qu’il est, elles sont donc action. Aussi, en posant son acte créateur, il manifeste ce qu’il est, don. Tout le récit de la création est la manifestation du don qu’il est lui-même.

Dieu crée du néant de là où rien n’existe ni est.

Crée-t-il à partir de sa richesse ? Non, car pour quoi Jésus- Christ qui est Dieu, enseignerait-il la pauvreté ?

Parce que le don de Dieu, don véritable, procède d’une absolue pauvreté, si bien que posséder pour soi est quelque part une situation prévaricatrice, mais posséder pour le don c’est habiter dans la pauvreté de Dieu génératrice de toutes les richesses. C’est pourquoi tout donner, c’est s’enrichir, tout perdre c’est tout recevoir.

 

Laissons-nous entrer dans la contemplation du don de Dieu, recevons dans l’allégresse son geste d’amour- donneur ! Voyez, avec le cœur, sa pauvreté : le magma qui prend forme, l’eau qui vivifie, la violette qui enchante l’ombre du frêne, l’oiseau qui chante l’attente… Le don de Dieu est une invitation à se donner, à rendre ce que nous sommes…

La bénédiction est un échange dont l’écho est action de grâce…

 

 

L’ESCHATOLOGIE (suite)

 

De

 

Arnaud Dumouch

 

 

FIN DU MONDE

 

PREMIÈRE ÉTAPE (suite): Discréditer ce qui porte le nom de Dieu sur terre (à partir du XVIIIème)

 

Saint Paul exprime ce fait dans sa deuxième lettre aux Thessaloniciens[1]:

 

«Vous savez ce qui retient aujourd’hui l’apostasie* et l’Homme impie, de façon qu’il ne se révèle qu’à son moment. Dès maintenant oui, le mystère de l’impiété est à l’œuvre. Mais que seulement celui qui le retient soit d’abord écarté. Alors l’impie se révélera ».

 

De quoi parle saint Paul ? Quelle est cette réalité qui « retient l’apparition de l’apostasie et de l’Homme impie ? » C'est, répond saint Thomas D’Aquin[2], l'union et la soumission à l'Église Romaine, siège et centre de la foi catholique. Tant que la société demeurera fidèle et soumise à l'empire spirituel romain, transformation de l'ancien empire temporel romain, l'Antéchrist ne pourra point paraître. Telle est la barrière, tel est l'obstacle à l’Antéchrist politique ici-bas, sur terre.

Précisons sa pensée. Au Ciel, l’obstacle qui empêche la deuxième étape de l’apostasie, la prédication d’un nouvel Évangile capable de séduire le monde entier, est le Christ. C’est lui qui retient là-haut les démons ou les laisse agir. Rien ne se fait sans sa permission[3]. Lorsque, selon l’Apocalypse 13, 7, un mauvais esprit est libéré de l’enfer pour un temps, le christ ne vise qu’une chose : la formation d’une génération à l’humilité, par là même où elle pèche. Le démon, quant à lui, vise la perdition des hommes et ne se réjouit pas que Dieu sache transformer en bien son action criminelle.

Mais au plan terrestre, cette réalité qui « retient » n’est autre que toute communauté religieuse ou tout homme qui « qui porte le nom de Dieu »[4]. Mais, par dessus tout, à côté de cet obstacle, il y aussi un gardien, chargé de veiller, chargé de le maintenir ; et ce Gardien, c'est le Pape, Vicaire de Jésus-Christ. Tant que le Gardien sera reconnu, respecté, obéi, l'obstacle subsistera, la société demeurera fidèle à l'empire spirituel romain et à la fois catholique. Mais si ce Gardien, le Pape, vient à être méconnu, mis de côté, rejeté, l'obstacle disparaissant bientôt avec lui, l'Antéchrist sera libre de paraître[5].

Pour expliquer la réalité de ce rôle protecteur de l’Eglise, il suffit d’être très concret et d’observer les réalités politiques. A chaque époque, les peuples ont une envie terrible de suivre le courant dominant de l’idéologie à la mode. Les adultes de 1550 avaient en majorité envie de tuer ou de convertir les hérétiques car le « démon » de l’air du temps, libéré de l’enfer, était le culte idolâtrique de la puissance d’une société unifiée autour d’une religion. Il s’agissait d’un démon de l’orgueil politique. Aujourd’hui, ce démon a été attaché en enfer et un autre l’a remplacé : le goût du plaisir, poussé jusqu’aux pires actes d’irresponsabilité. C’est un démon d’égoïsme.

Qui a pu, historiquement, mettre un certain frein aux conséquences de ces idéologies dominantes sinon une parole, toujours méprisée mais terriblement insécurisante pour les serviteurs du mal ? Au temps des guerres de religion, les papes furent souvent au-dessous de tout. Alors Dieu suscitait des saints qui dévoilaient aux violents l’état de leur âme (François de Sales, Pierre Canisius etc.). De nos jours, pourquoi la voix du vieux pape Jean-Paul II fut-elle haïe, surtout quand il parlait de la fidélité conjugale et de respect de l’enfant à naître ? N’avait-elle pas le pouvoir terrible de brûler les âmes à l’endroit exact du péché ? On peut dire que, dans les années-luxure, cet homme eut un grand pouvoir pour retenir certains excès de l’Homme impie. Mais il ne fut pas seul. Il y eut aussi l’Église orthodoxe, certains fidèles et pasteurs protestants de sensibilité spirituelle, les nations musulmanes et, partout, des hommes de bonne volonté.

Ainsi, au cours de l’histoire, toute voix qui rappelle qu’il y aura un jugement où chacun sera pesé selon la droiture du cœur, porte le nom de Dieu. Au sommet de tout, il convient de mettre l’Église en tant qu’elle est sainte, c’est-à-dire en tant qu’elle rappelle la primauté des deux commandements de l’amour (Dieu et le prochain) et leur fondement spirituel, l’humilité. Quand ses fidèles et ses autorités sont ce qu’ils doivent être, l’Église est le plus puissant des obstacles mondiaux à l’apparition de l’antichristianisme car c’est elle qui possède la plus profonde révélation sur la nature exacte du bien pour lequel l’âme humaine a été créée. Mais d’autres religions s’en approchent et constituent, dans leur partie lumineuse, un objet de la haine de Satan. L’islam réalise ce travail par la présence de fidèles qui gardent dans leur pratique l’ordre voulu par leur Prophète, à savoir 1- la prière soumise à Dieu, 2- la miséricorde envers le prochain et 3- l’humilité. Il en est de même, affirme le Concile Vatican II, pour toute tradition religieuse dans la mesure où ses membres cherchent dans les ombres et sous des images un Dieu qu’ils ignorent. « En effet, tout ce qui, chez eux, peut se trouver de bon et de vrai, l’Eglise le considère comme une préparation évangélique et comme un don de Celui qui illumine tout homme pour que, finalement, il reçoive la vie.[6] »

Voilà ce que saint Paul entend quand il parle d’un obstacle qui retient le mystère de l’iniquité. Tant qu’il subsistera de manière visible dans le monde de la politique ou des médias une voix crédible capable de dénoncer au nom du vrai Dieu l’idéologie dominante du temps, rien de ce que rêve Satan ne pourra se faire de manière totale. C’est pourquoi, dans cette première étape de son travail de sape, Satan vise à discréditer toute parole qui porte le nom de Dieu et, par-dessus tout, celle de l’Église catholique. Voilà pourquoi, sans cesse, les péchés, les compromissions des chrétiens du passé sont rappelés, grossis par les ennemis de l’humilité et de l’amour. L’Église doit en ressortir défigurée, caricaturée sous cet unique point de vue. Le jour où elle ne pourra plus parler sans être grotesque, 80% du travail aura été fait. Mais, je le montrerai, 100% du travail sera accompli lorsque toute parole venant de Dieu aura été empêchée. En effet, même haïes publiquement et combattues, ces voix gardent un pouvoir puissant sur la conscience humaine. Les médias actuels ont beau déformer les paroles de Jean-Paul II, ce qui parvient de lumière aux braves gens suffit à jeter le doute. Le cœur de l’homme a été fait pour Dieu. Il porte la marque profonde de tout ce qui est humble et amour. C’est le visage du Christ et de son Évangile.

 

DEUXIÈME ÉTAPE: les nouveaux évangiles (à partir du XVIIIème)

 

Après la faute des guerres de religions, l’Évangile et ce qui le porte, le christianisme, furent en partie discrédités. Un vide fut alors ouvert dans les élites des nations occidentales, un vide portant sur le sens ultime de la vie, sur l’espoir d’un bonheur à venir. La nature humaine a horreur de ce genre de vide. Ainsi, une place put être comblée par une nouvelle espérance. C’est l’objet de cette deuxième étape. Nous verrons que Satan, qui est caché sous cette histoire, s’est joué du cœur de l’homme qu’il connaît bien. Il l’a fait en plusieurs générations, jusqu’à nos jours, et son travail n’est pas terminé. Historiquement, il a d’abord fait miroiter à l’humanité ce qu’il sait être sa plus profonde aspiration (après, bien sûr, sa soif du vrai Dieu d’amour et d’humilité) : la liberté. Ce fut l’époque des lumières et des quelques années-lumières de la Révolution française. Mais tout cela n’a duré que le temps d’un rêve. C’est pourquoi, dans un second temps, l’esprit mauvais a ballotté les générations humaines d’espoir en espoir à travers le culte successif des sept péchés capitaux (à partir de 1830).

 

Au XVIIIème siècle, les idées des Lumières

 

Lorsqu’elles apparurent, les idées des Lumières furent ressenties par les élites bourgeoises comme un nouvel Évangile, c’est-à-dire une bonne nouvelle annonçant un bonheur futur et possible. On y parle de l’homme et de sa dignité dont l’origine n’a pas de rapport avec le dogme. On y annonce la possibilité d’un monde équilibré et heureux, quoique séparé de l’obscurantisme ancien. Ces idées avaient été déjà largement inventées par les philosophes grecs de l’Antiquité. Elles ne trouvèrent aucune prise dans les hommes du Moyen-Age parce qu’ils trouvaient leur dignité et liberté dans le vrai Évangile d’amour. Après le siècle des guerres de religion, le message du Christ n’avait plus ce pouvoir. Voilà pourquoi l’influence des philosophes fut réelle. Leurs idées aboutirent à la fin du monde ancien.

La Révolution française fut leur première conséquence dans le monde concret. Elle fut la première tentative pour établir un monde sans christianisme. Elle ne fut pas une révolution athée ou dirigée directement contre Dieu (voir les étapes suivantes) mais plutôt contre l’Église et ses dogmes imposés. Ce qui était reproché à l’Église, c’était de prêcher un Dieu comme on prêche une prison, où les mots d’obéissance et de soumission devenaient obsessionnels. La Révolution voulut donner au peuple le Dieu unique, libéré du dogme liberticide, car découvert par les forces naturelles de la pensée. Robespierre tenta d’instaurer un culte de liberté à l’Être suprême. Le 20 Prairial an II, il prononça le discours suivant: “ L’Être suprême a créé l’univers pour publier sa puissance. Il a créé les hommes pour s’aider et s’aimer mutuellement, et pour arriver au bonheur par la route de la vertu. L’auteur de la nature avait lié tous les mortels par une chaîne immense d’amour et de félicité. Périssent les tyrans qui ont osé la briser ». L’une de ses premières actions fut de supprimer les vœux de religion. Il prêcha bien un autre Évangile, déiste et ouvert au bien de l’homme. Le culte de Dieu à travers la nature fut l’idée d’un Robespierre convaincu de bien agir pour le bonheur du peuple.

Mais, dans un regard de sagesse chrétienne, on peut dire que cet homme fut aussi un instrument vite dépassé par Satan qui dirigeait patiemment et intelligemment la lutte contre l’Évangile de Jésus. Ainsi, celui qui avait supprimé la peine de mort fit-il faire voter, au nom de la liberté, les années-terreur.

 

A partir de la moitié du XIXème siècle, les sept idéologies athées

                 

« L'ange me dit : Les sept têtes sont sept montagnes sur lesquelles la femme est assise : ce sont aussi sept rois (ou sept empires), dont cinq sont tombés ; l'un existe encore, et l'autre n'est pas encore venu ; et, quand il sera venu, il faut qu'il demeure peu.[7] »

 

Pour Satan, les hommes et les idéologies ne sont que des instruments et il n’hésite pas à susciter des systèmes contradictoires entre eux du moment qu’ils s’éloignent de plus en plus du christianisme humble et charitable. Tous les anti-christianismes lui servent, depuis le puritanisme qui en durcissant les chrétiens, rend laid le visage de l’Église, jusqu’au capitalisme libéral dont il ne fut même pas à l’origine, la convoitise des hommes d’affaire suffisant à l’expliquer. La Révolution française est une étape importante. « Peu importe l’échec de Robespierre, pensaient les jeunes générations qui naquirent après l’aventure napoléonienne. Il revient aux générations suivantes de réussir son idéal. »

Alors les élites intellectuelles se mirent à repenser le nouveau monde libéré de l’obscurantisme. Il fallait un but concret à l’humanité, apte à lui donner le bonheur. La première trouvaille fut la gloire militaire (épopée napoléonienne), puis juste après sa chute, la première d’une longue série d’idoles, l’argent.

L’humanité s’est alors donnée successivement, l’une après l’autre, aux plus stupides tentatives visant à établir le bonheur sur terre. Chaque génération, portée par ses élites les plus remuantes, s’est sacrifiée corps et âme à son idole dominante, allant jusqu’à persécuter toute personnes qui osait parler de ses excès. A partir de 1830, vont être adorés, jusqu’à la folie, six des sept péchés capitaux : l’argent (1830-1870), l’orgueil national (1870-1918), l’envie (1917-1989), la colère nationale (1918-1945), la gourmandise (1945-1968), la luxure (1968-)[8]. Il manque au moment où j’écris la paresse pour que la liste soit complète.

Nous allons montrer à quel point cette histoire fut horrible. Elle surclassa en nombre de victimes tout ce qu’on peut imaginer. C’est d’ailleurs vers cette époque (1830) que la Vierge Marie se mit à apparaître en un cycle qui semble ne pas être achevé. A Paris, rue du Bac[9], une petite religieuse qui devint par la suite sainte Catherine Labouré reçut la révélation pour les chrétiens d’une médaille. La Vierge promit de protéger celui qui la porterait avec foi. Sur son recto, une femme y était représentée, sur son verso, douze étoiles… Ce jour-là se réalisa matériellement une prophétie donnée au chapitre 12 de l’Apocalypse:

 

«Un signe grandiose apparut au ciel: une Femme! le soleil l’enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête. Elle est enceinte et crie dans les douleurs et le travail de l’enfantement. Puis un second signe apparut au ciel: un énorme Dragon rouge-feu, à sept têtes et dix cornes, chaque tête surmontée d’un diadème».

 

L’humanité et l’Église, symbolisées par la femme, entraient en effet dans une ère unique de folie, celle d’une série de « philosophies » toutes plus primaires les unes que les autres et qui allaient conduire les intellectuels déboussolés à tuer des centaines de millions de leurs frères. Je montrerai comment, malgré la splendide dignité des papes, à cause de la compromission d’une partie des chrétiens, l’Église en est sortie encore davantage discréditée.

 

Pour cela, rappelons en quelques traits cette triste énumération. Elle peut être décrite à travers trois dieux sanguinaires, trois Molochs, l’argent la gloire et les plaisirs.

1- Le premier Moloch fut l’argent et ses deux serviteurs, l’avarice et l’envie. Vers 1830, le monde occidental entrait dans la révolution industrielle. Aussitôt, il parut évident dans les délibérations des loges humanistes, plutôt composées d’hommes influents et d’entrepreneurs, que la richesse était le secret du bonheur. « Ne peut-on pas, avec de l’argent, supprimer toute misère matérielle sur terre ? » L’idée se répandit donc en Europe que la liberté de créer des industries, puisqu’elle enrichirait les capitalistes, finirait par enrichir le peuple. Il y a une certaine vérité dans cette conception. Mais là où tout devint fou, c’est que cette vérité devint l’unique dogme, la résumé de toute sagesse. On se donna corps et âme à elle, sans aucune limite, jusqu’à l’inimaginable. Le libéralisme pur était né. Il est aujourd’hui totalement mort en Occident. Il est modéré comme il se doit par des lois sociales. De fait, c’est l’avarice qui portait cette pensée. La logique des lois du marché que rien ne vient tempérer provoqua une misère incroyable dans le monde ouvrier transformé en horde d’esclaves. Malheureusement, beaucoup parmi les membres du clergé bénirent cette nouvelle philosophie. On la canonisa même en disant aux ouvriers: «Vous souffrez maintenant mais vous serez heureux dans l’au-delà ». Cette première compromission ne sera pas la dernière. A chaque fois, nous le verrons, sans doute par ce « qu’il convient de s’incarner dans son époque », certains pasteurs de terrain renonceront à être prophète. Leur erreur s’explique-t-elle par une peur de se mettre à dos les puissants de ce monde, donc d’être persécutés ? Pourtant, Jésus avait prévenu[10]: « Heureux êtes-vous, quand les hommes vous haïront, quand ils vous frapperont d’exclusion et qu’ils insulteront et proscriront votre nom comme infâme, à cause du Fils de l’homme. Réjouissez-vous ce jour-là et tressaillez d’allégresse, car voici que votre récompense sera grande dans le ciel. C’est de cette manière, en effet, que leurs pères traitaient les prophètes. Malheur, lorsque tous les hommes diront du bien de vous! C’est de cette manière, en effet, que leurs pères traitaient les faux prophètes. » 

Karl Marx réagit violemment à cette injustice en proclamant la haine obligatoire du patron. Il fit de l’envie un devoir révolutionnaire, pour combattre et éliminer cette race d’exploiteurs. Il dénonça la religion comme complice, opium du peuple. Il prêcha la révolution violente et fit miroiter un futur paradis sur terre dans l’égalité des revenus. Après la seconde guerre mondiale, le marxisme devint une mode. Les intellectuels, la jeunesse estudiantine, beaucoup d’évêques adhérèrent. « Comment peut-il sortir du mal d’un projet généreux et combatif de justice sociale, d’égalité et de partage? ». Le plus grand cerveau qu’ait connu l’humanité s’appelait Staline, puis Mao.

Heureusement, à partir de cette époque, les papes sauveront tous l’honneur. Quelques voix individuelles commencèrent à sentir la monstruosité de ces deux pensées. Mais elles furent souvent dénoncées comme archaïques et Moyenâgeuses. L’exemple des divers papes qui se succédèrent à Rome est significatif. Dès 1880, le Pape Léon XIII proclama l’injustice du capitalisme pur et le danger mortel que représentait la réaction marxiste. Il accepta l’énergie du capitalisme, à condition qu’elle soit tempérée par deux contre-forces. Il demanda la création de syndicats ouvriers. Il demanda aux États de tempérer par des lois les abus du marché. Son encyclique « Rerum Novarum » enthousiasma une partie du clergé. Mais les milieux catholiques bourgeois parlèrent d’un Pape rouge. « Il n’est pas moderne. Il ne comprend rien à l’économie. Qu’il s’occupe de religion et non de politique ». A sa suite, l’un de ses successeurs, Pie XII, montra que, malgré son apparence généreuse, le communisme est « intrinsèquement pervers et criminel ». Une partie du clergé le traita de pape fascisant. Cette accusation est restée collée à sa mémoire.

On ne connaît pas le nombre des millions de morts qu’usa l’esclavage capitaliste (sans doute plus de cent millions). En ce début de XXIème siècle, on sait que le communisme fit cent millions de morts. On ne peut pas penser la somme des souffrances dont elles ont été la cause. Pourtant, chacune de ces deux pensées, fut présentée à leur époque comme ce que l’homme avait fait de plus beau et de plus moderne. Ceux qui affirmèrent cela du stalinisme, du Maoïsme sont encore vivants. Ils sont souvent âgés mais mourront sans lucidité: «Ce n’est pas le marxisme qui a tué. C’était une idée généreuse. Ce sont les dirigeant marxistes qui étaient mauvais ». Pour le tribunal de l’histoire, ces deux pensées apparaissent dans leur monstruosité. Elles n’ont rien de moderne. Elles sentent la mort comme les deux « péchés capitaux » qui les portèrent, avarice et envie.

Ces deux idéologies, fondées sur la divinisation de la richesse matérielle, furent le premier Moloch imaginé pour remplacer le sens religieux du monde. Le Ciel est intervenu pour annoncer les crimes marxistes. Le deuxième secret de Fatima*[11], révélé par la Vierge Marie au Portugal en 1917, annonce cette période et donne le sens profond de la guerre froide (1945-1989). La recette que propose la Vierge à l’humanité pour sauver le monde semble sans rapport avec l’énormité des crimes commis. Elle demande simplement une consécration…

 

Pour empêcher cette guerre, je viendrais demander la consécration de la Russie à mon cœur immaculé et la communion expiatrice tous les premiers samedis du mois. Si ma demande est exaucée, la Russie se convertira et il y aura la paix. Sinon, elle diffusera dans le monde ses erreurs, provoquant des guerres et entraînant la persécution contre l’Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père souffrira beaucoup et plusieurs nations seront anéanties. A la fin, mon cœur immaculé triomphera. Le Saint-Père me consacrera la Russie qui se convertira et une période de paix sera accordée au monde. Le Portugal conservera toujours le dogme de la foi. »

 

b) Le deuxième Moloch est le culte de la patrie et ses deux serviteurs, orgueil et colère.

Le premier secret de Fatima*, révélés par la Vierge Marie au Portugal en 1917, annonce la seconde guerre mondiale. La Vierge dit aux enfants:

 

« Vous avez vu l’enfer, où vont les âmes des pauvres pécheurs. Pour les sauver, Dieu veut instaurer dans le monde la dévotion à mon cœur Immaculé. Si elles font comme je vous dis, beaucoup d’âmes seront sauvées et la paix règnera. La guerre prendra fin[12]. Mais si l’on ne cesse pas d’offenser Dieu, une autre, bien pire, se déclenchera sous le règne de Pie XI. Lorsque vous verrez une nuit éclairée d’une lumière inconnue, sachez que c’est le signe suprême que Dieu vous donnera pour vous faire savoir qu’il va punir le monde pour les crimes qu’il a commis[13]. Cette punition sera la guerre, la faim et la persécution contre l’Église et le Saint-Père. »

 

Dès les années 1870, les loges humanistes changèrent d’orientation. On prit conscience que le peuple a besoin d’un idéal supérieur à l’argent, apte à rivaliser avec les religions pour le tenir dans la vertu. Ce nouveau dieu s’appellera Patrie. A cette époque, les livres des écoles catholiques comme des écoles libres exaltent l’amour du pays. En France, l’Allemagne est stigmatisée (perte de l’Alsace-Lorraine). En Allemagne, on chante déjà « Deutschland über Alles ». La première guerre mondiale éclate dans ce climat d’héroïsme. Peu de jeunes contestèrent le sens du devoir, du sacrifice de soi et de l’honneur que permet cette guerre. Ils partirent avec l’orgueil de la patrie sur le front. La boue des tranchées, les morts par millions briseront une première fois cet élan. En 1914, une seule voix discordante osa s’élever. Jean Jaurès n’acheva pas sa prophétie de mort. Il fut assassiné. En 1917, le pape Benoît XV se fit à son tour prophète, dès le début du conflit. Quand l’empereur François-Joseph lui demanda de bénir ses armées, il répondit : « Je bénis la paix ! » En août 1914, il se déclare « frappé d’horreur devant le spectacle de cette guerre où ruisselle le sang chrétien… Qui dirait que ces peuples descendent des mêmes ancêtres et font partie de la même société humaine ? Qui les imaginerait frères, fils d’un Père unique qui est aux cieux ? ». Tout au long du conflit, il parle de « l’horrible boucherie ». il répète, suscitant l’irritation de la majorité (donc aussi des catholiques) : « L’Europe se suicide…, l’Europe se déshonore… » Après son initiative de paix négociée du 1er août 1917 (aujourd’hui, les principes énoncés sont ceux de l’O.N.U.), il est violemment critiqué par les deux partis. Monseigneur Tissier, évêque de Châlons-sur-Marne, se fait porte-parole de la majorité : « Le triomphe coûtera encore bien du sang, mais chaque goutte qui tombe lave davantage la France, chaque flot qui coule la pousse vers Dieu ». A Cologne, le cardinal von Hartmann va dans le même sens : « Dieu a été, il est avec nos héroïques soldats… C’est avec Dieu qu’ils sont partis pour la guerre. » En chaire de Notre Dame de Paris, le père dominicain Sertilanges répondit: « Très Saint-Père, nous ne pouvons pas pour l’instant retenir vos paroles de paix. Nos ennemis sont demeurés puissants. Vos reproches les on fait renoncer aux principes anti-chrétiens qui les guidaient. Nous les vaincrons. » Il n’était pas moderne à cette époque d’affirmer que la patrie ne vaut pas le massacre d’une génération. C’est moderne de nos jours. Le pape Benoît XV mourut incompris. Il sauva l’honneur de l’Église. Il n’est pourtant toujours pas reconnu pour cela.

Avec la deuxième guerre mondiale, c’est la colère qui entraîna les peuples germaniques humiliés. Hitler vociféra vengeance. Comment était-on moderne en 1941? La Wehrmacht et son matériel flambant neuf, la jeunesse sportive de ses soldats représentaient la modernité.

 Le culte divinisé des patries, ce faux Dieu, a réussi à faire 70 millions de morts en deux guerres mondiales. A cette époque de grande confusion, il fallait être doté d’un fort jugement pour discerner le bien du mal. Face au nazisme, l’attitude des fidèles chrétiens fut en majorité faite d’expectative méfiante et de résistance discrète mais efficace. On ne fit pas exploser des trains. On cacha des enfants juifs poursuivis. Le Magistère de Rome donna dès 1938 tout ce qu’il faut pour discerner. Pie XI publia la seule encyclique en langue allemande « mit brennender Sorge ». Rédigée par son successeur, le futur Pie XII, elle y dénonce le Nazisme, les persécutions des chrétiens résistants, leur déportation en camp de concentration. Ailleurs, l’antisémitisme est de nouveau condamné puisque tous les chrétiens sont « spirituellement des Juifs ». En même temps, il publia une autre encyclique contre le communisme. Ces deux idéologies y apparaissent comme ce qu’elles sont, deux monstres prêts à dévorer les hommes. L’attitude des clergés catholiques, protestants et orthodoxes fut en général faite de dignité et d’aide très concrète aux persécutés. Des milliers d’arbres des justes poussent dans le mémorial de Yad Vachem à Jérusalem. Golda Meir, Premier Ministre israélienne en 1948, remercia le pape : « De toutes les institutions européennes durant la seconde guerre mondiale, une seule sauva efficacement les Juifs : l’Église catholique ». La personne de Pie XII en particulier et le clergé catholique dans son ensemble fut remercié. En France, les petites familles catholiques ou protestantes arrivèrent par leur action discrète à sauver 80% des enfants juifs. Pourtant, à l’époque où j’écris, la pensée dominante a réécris l’histoire en identifiant l’action des chrétiens à celle de l’État français de Vichy. L’Église, paraît-il, aurait livré en masse les Juifs aux Nazis: « …Que seulement celui qui le retient soit d’abord écarté. Alors l’impie se révélera » [14].

 

c) Le troisième Moloch, les plaisirs et ses trois serviteurs, gourmandise, luxure et paresse. Après la seconde guerre mondiale, le monde prit conscience de la monstruosité de la pensée qui venait de s’écrouler avec la découverte d’Auschwitz. Nul ne pouvait imaginer jusqu’où était allée l’horreur. Les loges humanistes cherchèrent une nouvelle finalité capable d’aboutir au monde parfait rêvé. Unanimement, les peuples sortis de la guerre la trouvèrent dans une valeur cette fois apparemment infaillible: «le bonheur se trouve dans la prospérité retrouvée, par le fruit de son travail et la consommation ». Peut-il sortir du mal d’un tel bonheur librement recherché ? La génération qui eut vingt ans en 1945 raisonna de la manière suivante: «Nous avons manqué de tout. Nous n’imposerons pas cela à nos enfants ». L’alpha et l’Oméga de l’éducation devint souvent : « Que mes enfants ne manquent de rien. » Cette génération inventa la société de consommation. Elle se délecta dans la gourmandise enfin retrouvée. La croissance économique était là. L’idéologie de la société de consommation anesthésia toute résistance spirituelle. Elle plongea une génération et leurs enfants dans un culte de la matière dont il est très difficile de se désengluer. Les premiers suicides de jeunes, « parce que la vie n’a pas de sens » apparaissent après cette époque.

 

Leurs enfants eurent 20 ans en 1968. C’était une génération qui avait été matériellement gâtée, tout en étant maintenue dans une discipline éducative. Elle avait fréquenté par habitude culturelle les leçons de catéchisme où elle avait reçu des restes moraux du christianisme. Après les traumatismes des deux guerres mondiales dont elle portait la conscience médiatisée, dans une réaction adolescente, une minorité remuante de la jeunesse s’empara en mai 68 d’un nouvel idéal de bonheur avec fougue. Cette minorité entraîna la majorité et créa pour quarante ans une nouvelle pensée dominante. Elle exalta sans nuance des valeurs opposées à celles qui provoquèrent les deux guerres, liberté au lieu « d’Obéissance », plaisirs au lieu de « sacrifice », droits au lieu de « Devoir », individu et mondialisme au lieu de « Patrie », sexe au lieu de mariage etc. Des slogans devinrent sagesse: «Il est interdit d’interdire », « Jouir sans entraves ». La religion chrétienne fut rejetée avec tout le fatras d’une éducation bourgeoise et aliénante. Le comportement du pape Pie XII pendant la guerre fut réinterprété. On s’interrogea sur son silence. On compta comme négligeable ses actions concrètes pour le salut des Juifs. Partout, on entendait : « Si j’avais été le pape, je serais sorti du Vatican en portant l’étoile jaune. J’aurais fait un discours solennel. Les Nazis auraient eu peur de se mettre à dos des millions de catholiques. Pie XII se fit nazi par haine du communisme. »

Six péchés capitaux ont été successivement adorés de 1830 à aujourd’hui. Celui qui est contemporain s’appelle la luxure[15]. Il ne s’agit pas d’une luxure au sens exclusivement sexuel, même si elle obsède la génération-préservatif. Il s’agit plutôt de cette luxure symbolique qui consiste à tout sacrifier à son bonheur individuel. « Il n’y a pas de troisième Moloch », affirme-ton avec satisfaction en ce début de XXIème siècle. Et si ce troisième Moloch s’appelait jouissance ? Au nom de quoi en effet voit-on de nos jours une immense épidémie de destruction de ce qui est le plus sacré, la famille ? N’est-ce pas au nom du bonheur individuel devenu Dieu, au nom de l’équilibre de sa vie, de son plan de carrière ou de ses loisirs? Le dernier prophète de la Bible serait très actuel s’il criait de nouveau : « Yahvé est témoin entre toi et la femme de ta jeunesse que tu as trahie, bien qu’elle fût ta compagne et la femme de ton alliance. Respect donc à tes enfants, et la femme de ta jeunesse, ne la trahis point![16]»

 

Comment juger la génération qui à partir des années 60, fit le prêt à penser ? Jamais on ne vit se lever génération plus contradictoire. Mais le sommet de ses crimes n’est pas intellectuel. Il est bien réel, au moins pour celui qui croit en la vie après la mort. Cette génération poussa son culte du bonheur immédiat jusqu’à s’attaquer au plus innocent des êtres, l’enfant à naître. Par ses lois sur l’avortement, qu’elle justifia par la recherche de la liberté et du bonheur des femmes, elle prit le risque insensé de parier sur la non-existence de l’âme humaine, envoyant à la mort plus de cent millions d’innocents. Faut-il citer pour elle ce passage peu connu de Jésus de Nazareth: « Cette génération est mauvaise. Elle proclame :’’Si nous avions vécu à la place de nos pères, jamais nous n’aurions tué les résistants.’’ Et elle leur construit des magnifiques tombeaux. Génération pervertie ! En agissant ainsi, elle se condamne elle-même. Elle dépasse la mesure de ses pères. »

 

Cet antichristianisme de la luxure disparaîtra comme les autres. A l’heure où j’écris, des voix s’élèvent pour remettre en question sa folie et ses excès. On ne peut affirmer plus de 50 ans de suite sans finir par être critiqué que le summum de la libération de la femme, c’est son choix d’avorter. L’image qui restera de la société du XXème siècle finissant est sans doute le préservatif géant et rose dressé sur l’obélisque de la place de la concorde à Paris... Pour les Égyptiens anciens, un obélisque était un rayon pétrifié de la Lumière divine ! Par ses excès, l’idéologie grossière de la luxure est dans la lignée des autres et, comme les autres, elle durera un temps avant de révéler sa perversité.

 

L’étrange complicité d’une partie du clergé ; la fidélité de Pierre

 

En 1846, à la Salette[17], Mélanie reçut de la Vierge un étrange secret qu’elle ne révéla que bien plus tard au pape Pie IX. Le 19 septembre 1846, la Vierge lui dit, et c’est le début de son secret:

 

« Mélanie, ce que je vais vous dire maintenant ne sera pas toujours secret. Vous pourrez le publier en 1858.

Les prêtres, ministres de mon Fils, les prêtres par leur mauvaise vie, par leurs irrévérences et leur impiété à célébrer les saints mystères, par l’amour de l’argent, l’amour des honneurs et des plaisirs, les prêtres sont devenus des cloaques d’impureté. Oui, les prêtres demandent vengeance et la vengeance est suspendue sur leur tête. Malheur aux prêtres, et aux personnes consacrées à Dieu, lesquelles par leurs infidélités et leur mauvaise vie, crucifient de nouveau mon Fils. Les péchés des personnes consacrées à Dieu crient vers le ciel et appellent la vengeance, et voilà que la vengeance est à leurs portes, car il ne se trouve plus personne pour implorer miséricorde et pardon pour le peuple. Il n’y a plus d’âmes généreuses, il n’y a plus personne digne d’offrir la Victime sans tâche à l’Eternel en faveur du monde. Dieu va frapper d’une manière sans exemple. Dieu va épuiser sa colère, et personne ne pourra se soustraire à tant de maux réunis. Les chefs, conducteurs du peuple de Dieu ont négligé la prière et la pénitence, et le démon a obscurci leurs intelligences. Ils sont devenus ces étoiles errantes que le vieux diable traînera avec sa queue pour les faire périr. Dieu permettra au vieux serpent de mettre les divisions parmi les régnants, dans toutes les sociétés et dans toutes les familles. »

 

Ce secret fut longtemps déclaré suspect et rejeté à cause de la dureté des prophéties qu’il contient. Il est vrai qu’en 1850, la majorité du clergé était de bonne qualité. Pourtant, l’étude de ces époques jusqu’à aujourd’hui montre un étrange défaut. A l’exception du magistère romain, la majorité du clergé semble émoussé. Son jugement évangélique sur le péché dominant de l’époque semble perpétuellement anesthésié. A chaque fois, on constate une complicité intellectuelle avec l’idéologie qui de la pensée unique. Au pire, elle est approuvée en chaire, au mieux, un silence pesant règne. Les pasteurs de terrain ont-ils du mal à affronter la réaction scandalisée de la majorité de leurs fidèles, eux-mêmes fils de leur temps ? Est-ce une bonne façon d’être pasteur selon Jésus[18] : « Car celui qui aura rougi de moi et de mes paroles dans cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l'homme aussi rougira de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père avec les saints anges. »

Pour comprendre ce fait, sans bien sûr accuser tous les prêtres, il suffit de se pencher sur notre époque. Être prophète, n’est-ce pas agir selon cette parole de Jésus[19]: « Heureux êtes-vous quand on vous insultera à cause de moi. C’est bien ainsi qu’on a persécuté les prophètes, vos devanciers. » Pour être prophète en notre époque, pour mettre en danger son ministère sacerdotal, que faut-il dénoncer ? Un prêtre qui dénonce en chaire le nazisme risque-t-il sa vie ? Ceux qui l’ont fait en 1942 furent prophètes. Que risque-t-on si l’on dénonce aujourd’hui en chaire les crimes de Lénine ? En 1970, on risquait de perdre son ministère. Aujourd’hui, le grand drame de l’Occident est l’avortement. Jean-Paul II parle d’un génocide[20]. On ne peut pas dire qu’il existe une complicité active dans le clergé pour encourager l’avortement. Le problème se situe ailleurs. Il s’agit d’un silence. Pour mieux comprendre le scandale évangélique que constitue l’absence d’une simple explication théologique, sans passion, de ce drame qui concerne Dieu, il peut être utile de se référer aux années 1940 en France. Nul ne pourra trouver une quelconque complicité, dans la hiérarchie catholique, face aux lois de Vichy. Mais, visiblement, sans anachronisme, dans une simple confrontation à l’Évangile, l’absence de réaction du clergé face à ces lois jusqu’en 1942, gêne. N’y a-t-il pas une certaine faute quand celui qui a mission de parler se tait ? Tout cela est-il vraiment justifié par l’évocation des règles de paix civile, par un doute sur l’efficacité de la parole ?

A partir des années 1960, et d’une manière sourde aujourd’hui, la révolte s’est mise au grand jour contre les mises en gardes des papes successifs. C’est l’époque de la tolérance et de la libération sexuelle (âge de la luxure). On n’a à la bouche que les mots de liberté, d’épanouissement personnel. La contraception artificielle permet pour la première fois de séparer totalement le plaisir sexuel de la fécondité et même de l’amour. Le pape Paul VI, seul contre la majorité des catholiques, mit en garde: «Une telle séparation n’est pas voulue par Dieu. Attention à cette nouvelle forme d’égoïsme. »[21] Ses paroles furent ouvertement brocardées ou simplement relativisées par une majorité du clergé et même des fidèles. A partir de cette époque, la position de Paul VI ou de Jean-Paul II en matière d’amour et de fidélité conjugale est déformée publiquement, présentée comme odieuse, liberticide et ouvertement rejetée. Des supérieurs de Séminaires renvoient des séminaristes surpris à prier le chapelet. Le prêtre est formé à être un animateur social. C’est aussi l’âge du grand espoir marxiste auquel adhèrent beaucoup d’évêques de manière plus ou moins explicite. Après le Concile Vatican II, des bataillons de prêtres et de religieux défroquent. On se libère du poids opprimant des vœux. Le secret de la Salette prend alors tout son sens. Il suffit de changer 1865 par 1965: « Dans l’année 1865, on verra l’abomination de la désolation dans les lieux saints. Dans les couvents, les fleurs de l’Église seront putréfiées et le démon se rendra comme le roi des cœurs. Que ceux qui sont à la tête des communautés religieuses se tiennent en garde pour les personnes qu’ils doivent recevoir, parce que le démon usera de toute sa malice pour introduire dans les ordres religieux des personnes adonnées au péché, car les désordres et l’amour des plaisirs charnels seront répandus par toute la terre. »

Au contraire, les papes successifs furent à la hauteur. Ils parlèrent, sans soucis d’être politiquement correct. Ils ne cessèrent, à partir de Pie IX, de mettre en garde contre le danger du temps. Ils le faisaient au moment où le danger était là et non cinquante ans plus tard. Ce fait incontestable est la réalisation d’un rêve fait vers 1880 par saint Jean Bosco: « Je vis la barque de l’Église qui était agitée par un ouragan inouï. Elle allait sombrer mais celui qui s’agrippait à la robe de saint Pierre était sauvé… » A chaque fois, en chaire, bien des prêtres ignorèrent ou relativisèrent ces avis. Capitalisme, marxisme, nationalisme, hédonisme, libération sexuelle ont été tour à tour la philosophie d’une partie visible du clergé qui prêche[22]. A chaque fois, la parole de Pierre fit grincer l’intelligence de cette majorité. Cinquante ans plus tard, ce qui avait été source de tant de scandale devenait une évidence, sans qu’une reconnaissance publique soit rendue au prophète. A chaque fois au contraire, le Magistère de Rome et l’Église tout entière en ressortaient plus critiqués. Au moment où j’écris, des voix se font entendre, y compris dans le clergé catholique, pour remplacer l’insupportable Magistère de Rome par une assemblée élue. On supporte de moins en moins sa parole à contretemps. Par le remplacement du gouvernement théocratique de l’Église par une démocratie populaire, on pense pouvoir enfin la moderniser et l’adapter à son époque. Il s’agit des premiers signes d’une nouvelle étape de la lente marche de l’apostasie* de la foi chrétienne. « jusqu’à ce que soit achevé l’écrasement de la force du Peuple Saint… »[23]

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

DOCTRINE ET ESPERANCE :

 

De

 

P.C. Aubrit Saint Pol

 

 

 

 

 

 

« Première Question : Dieu… » suite

 

 

 

La révélation que Dieu commence sur lui-même a deux périodes bien distinctes : la première est d’avant l’écriture, mais qui nous est révélée par l’écriture et la seconde qui est transcrite par l’écriture. Même si nous devons la connaissance de la première période à l’inspiration* que Dieu fait à Moïse et en suite à Josué, elle n’en est pas moins bien distincte de la seconde ; elle témoigne que Dieu aime l’homme et qu’il ne fut jamais bien loin de lui.

 

 

D’Adam à Moïse Dieu s’adresse à des personnes privées pour des missions discrètes et des promesses d’avenir. La mission des serviteurs est circonscrite à la famille, à la tribu, même si à posteriori on comprend qu’elles avaient un rayonnement plus universel. Elles n’ont, qu’à de rares exceptions, une implication directe sur la conversion des peuples environnants. Les élus de Dieu travaillent pour le futur, c’est un ensemencement en vue de la Rédemption. Il faut souligner que Dieu n’a cessé de se révéler à des personnes privées ; qu’il s’agisse d’Adam et Eve aux apôtres, toutes reçurent la Révélation en qualité de personne privée. Il faut donc faire attention à ne pas systématiquement rejeter les révélations privées depuis la mort du dernier apôtre, même si elles n’ajoutent rien à la Révélation, elles peuvent l’éclairer et être utiles pour les décisions pastorales à l’époque concernée, elles sont souvent un exemple de pédagogie céleste. (Il est heureux que Dieu n’ait pas à demander l’autorisation de se manifester à nos théologiens, il y aurait, sans aucun doute, surcharge de rhumatisme.)

 * L’Eglise enseigne que tous les livres de la Révélation, Ancien et Nouveau Testament, sont inspirés et non dictés.

 

 

 

 

La vocation de Moïse :

 

« « Moïse fait paître les moutons de Jéthro, son beau-père, prêtre de Madian. […] L’ange du Seigneur lui apparut en flamme de feu du milieu du buisson ; […] : « Moïse, Moïse » Et celui-ci répondit : me voici.» […] Moïse dit à Dieu : « Voici que moi je vais aller vers les enfants d’Israël et je leur dirai : le Dieu de vos pères m’envoie vers vous ; et s’ils me demandent : quel est son nom ? que leur répondrai-je ? » Dieu dit alors à Moïse : « Je suis celui qui suit » (Exode3, 1-14)

 

Moïse n’est pas seulement le premier prophète des hébreux, en ce sens qu’il est issu d’un peuple véritable, alors que d’Abraham à lui, il s’agissait d’individus à la tête d’une famille où d’un clan. L’appellation « hébreu » n’apparaît qu’en relation avec le constat où la famille, le clan, la tribu devient un peuple à part entière que l’on distingue des autres, mot d’origine copte signifiant l’homme rouge. En Moïse, nous sommes bien en présence du premier prophète dont le message a une double vocation : il s’adresse d’abord au peuple hébreu et au monde. Moïse annonce déjà le Christ et, le Christ éclaire la mission de Moïse.

 

Tout ce que l’on sait du Dieu unique, nous le savons par Moïse. Il ne fait pas que faire passer le peuple d’une rive à l’autre, il prépare, dès le moment de sa vocation, le passage de l’humanité des ténèbres à la vraie Lumière.

 

La révélation par le canal hébraïque commence d’une bien étrange manière qui n’a rien à voir avec la grande théophanie du Sinaï. Elle est étonnamment discrète et, pour nous catholiques, elle surprend par sa simplicité et par sa familiarité.

1- Le buisson ardent annonce la présence réelle de Dieu dans le Saint Sacrement de l’autel, il annonce également le Cœur Ardent d’Amour de Jésus-Christ. Le chapitre 3 de l’Exode prophétise l’Eglise, le salut.

2- Le buisson ardent bouleverse tous les concepts religieux que pouvaient développer les peuples païens et, il rappelle aux baptisés qui l’oublie souvent, l’étonnante intimité de Dieu avec l’homme. En effet, comment pouvait-on imaginer qu’un homme interpelle Dieu : « Dis-moi ton Nom, comment t’appelles-tu ? » C’est un peu comme si un cerf demandait au roi le petit nom dont l’affuble sa mère. « Comment t’appelles-tu Dieu ?

                                « Je suis celui qui suit. »

Dieu appelle Moïse : « Moïse, Moïse ». Dieu n’appelle pas Moïse comme il a appelé Abraham, car à cet appel nominatif va suivre la révélation du Nom de Dieu. Aussi, quand Dieu appelle Moïse ce n’est pas seulement lui qu’il appelle, mais à travers lui c’est toute l’humanité qui est appelée. C’est un événement considérable, car Dieu reconnaît implicitement l’humanité pour ce qu’elle est, il la remet en quelque sorte dans sa mémoire, il se souvient d’elle. On ne décline son identité qu’à son semblable, il la reconnaît comme sienne, car par cet appel nominatif de Moïse son relèvement commence. C’est l’une des raisons principales qui fait que la Révélation peut maintenant s’écrire.

 

Le dialogue entre Dieu et Moïse est si humain qu’il a quelque chose de surréaliste. Dieu parle à l’homme à égalité de personne. Qui, à cette époque, en cette période, peut humainement envisager une relation de ce type avec Dieu ; nous sommes bien en présence d’une Révélation qui dépasse l’entendement humain. Dieu a déchiré le voile, il se rapproche de l’homme.

Dans ce dialogue, Dieu décline son identité et affirme ce qu’il est, surtout ce qu’il n’est pas.

« Je suis celui qui suit », il affirme qu’il est l’être, l’être par excellence. En fait, il est le seul Etre, en dehors de toute contrainte de temps et d’espace. Il est avant que tout existe et que tout être soi. Dieu affirme qu’il est la cause et le vouloir de toute vie. Tout ce qui suivra jusqu’à la mort du dernier apôtre sera le développement de son Nom, béni soit-il. Ce Nom qui contient tout y compris le notre : « Dès le sein de ma mère tu m’as vu, tu m’as connu. » Dieu est Dieu !

 

Dieu est donc quelqu’un qui a un NOM, béni soit-il. Dieu est une personne qui parle à une autre personne : l’homme, l’humanité. C’est quelqu’un de compatissant, de bienveillant. Si ce Dieu me parle comme à un égal, alors c’est un Dieu humble, un Dieu pauvre. Ce Dieu n’est pas l’un des dieux, c’est Dieu.

Oui, Dieu est Dieu, c’est l’unique.

 

 

LA TRIBUNE DU CANIGOU

 

De

 

Raymond Lull

 

 

 

 

Les Mots… et Les Maux…

 

Maître Anier : «- Vous semblez bien soucieux, que faites-vous avec ce dictionnaire ?

 

Maître Ane : - Je vois que vous possédez l’art du maniement des mots. Savez-vous pour quelle raison dit-on : « une parole mesurée ? »

 

Maître Anier : - Sans doute, parce qu’elle est réfléchie.

 

Maître Ane : - Pas seulement, mon doux ami. La tradition veut que la parole soit supérieure à l’écrit, car elle est l’écho de la pensée. Et, la pensée est l’écho du cœur, carrefour des affections : amour, haine.

 

Maître Anier : - Ainsi donc la parole est sacrale, plus que sacrée. Mais quel est le rôle de ce dictionnaire ?

 

Maître Renard : - C’est une bonne question !

 

Maître Anier : - Je ne vous avez pas vu, que faisiez- vous dans ces buissons ?

 

Maître Renard : - Je me soulageais. Je reviens de la région parisienne, hormis les violences, j’ai entendu tomber des mots. Et, en voulant les sentir, m’interrogeant sur leur matière, ils se sont laissés aspirer. Ils étaient indigestes.

 

Maître Ane : - Indigestes, dites-vous ?

 

Maître Renard : - Ils m’ont constipé : racaille, voyous, karcher, … globalement positive…

 

Maître Anier : - Leur lourdeur vient de ceux qui les emploient.

 

Maître Ane : - Ce n’est pas pareil, s’ils vous viennent d’un ministre ou d’un simple citoyen. Rien n’est mieux que de respecter toujours l’autre, même le pire des salops, c’est lui rappeler sa dignité.

 

Maître Renard : - On n’insulte pas un blessé, surtout quand sa colère n’est rien qu’une surcharge de souffrances.

 

Maître Ane : - Il arrive que la souffrance soit plus forte que la conscience qu’on a de ses actes. La répression de la révolte n’est légitime que si, dans le même mouvement, on en recherche la cause.

 

Maître Anier : - Paris a raisonné de mots, mais les maux sont toujours là ! Nos politiques aussi.

 

Maître Ane : - Ils ont le mot lourd, comme leur sommeil. Ils sont armés et non fléchés…

 

Maître Renard : - Il faudrait imposer aux politiques une formation de dentellière. Ainsi, à force de voir à travers les mailles, ils finiraient par y voir clair.

 

Maître Ane : - Pensez-vous ! Et les aiguilles ? Ils seraient capables d’enfiler les mots en forme de chevron, ils nous feraient un immense U pour inutile et buse…

Il y a de quoi ne plus jamais refermer la chasse.

 

 

 

 

 

 

 



[1] 2 Thessaloniciens 2, 6-8.

[2] Bern. a Piconio, Epist. B. Pauli triplex expost. : II Epist. ad Thess., II, 3.

[3] Anne-Catherine Emmerich (citée à titre de simple témoignage, sans qu’il lui soit attribué d’autorité), une stigmatisée du XIXème siècle, eut la vision de notre époque qui lui semble être l’une des pires depuis le commencement de l’humanité. « J’appris que Lucifer doit être déchaîné pour un temps cinquante ou soixante ans avant l’an 2000, si je ne me trompe. Quelques démons doivent être déchaînés de temps en temps pour punir et tenter le monde. Je crois que quelques-uns l’ont été de nos jours (elle parle vers 1820), d’autre le seront bientôt après. » (Visions d’Anne-Catherine Emmerich sur la vie de Jésus, Tome 3, Téqui, page 372).

[4] D’après saint Paul 2 Thessaloniciens, 2, 4.

[5] Voir Saint. Thomas d’Aquin, Opusc., LXVIII, De Antichr., édit. Parmæ, 1864. t.XVII p. 439.

[6] Lumen Gentium 16.

[7] Apocalypse 17, 9-10.

[8] Anne-Catherine Emmerich (citée à titre de simple témoignage, sans qu’il lui soit attribué d’autorité)* vit ce dernier antichristianisme sous la forme de la fameuse prostituée de l’Apocalypse : « Je me trouvais dans la maison des noces et je vis un bruyant cortège matrimonial arriver dans plusieurs carrosses.La fiancée qui avait près d’elle plusieurs hommes et femmes était une personne de grande taille, à l’air effronté et avec une parure de courtisane. Elle avait sur la tête une couronne, sur la poitrine beaucoup de bijoux, trois chaînes et trois agrafes de clinquant auxquelles étaient suspendues une quantité d’instruments, de figures représentant des écrevisses, des crapauds, des sauterelles, et aussi de petites cornes, des anneaux, des sifflets etc. » (Vie d’Anne-Catherine Emmerich, Téqui, 1950, Tome 2, p. 398).

[9] Apparition reconnue officiellement par l’autorité de l’Église. Son message a donc une certaine autorité sur l’espérance des catholiques, a un degré précisé en fin d’ouvrage.

[10] Luc 6, 22.

[11] De telles apparitions, reconnues canoniquement par l’Église, ont une valeur essentielle, non pour ajouter un dogme à la foi, mais pour révéler du nouveau quant à l’espérance, c’est-à-dire à l’action de Dieu sur telle génération. Leur rôle en théologie est expliqué dans la troisième partie.

[12] La première guerre mondiale.

[13] Ce signe a été donné en automne 1938.

[14] 2 Thessaloniciens 2, 6-8.

[15] Il manque la paresse. A l’heure où j’écris ce livre, on peut penser qu’elle sera une étape incontournable. Les jeunes du début du XXIème siècle rêvent de gagner plus d’argent tout en travaillant moins. Le climat général de cette génération n’est plus la révolution comme chez leurs aînés de mai 68 mais la fragilité et le manque d’énergie. Tout cela pourrait conduire à la pauvreté matérielle.

[16] Malachie 2, 15.

[17] Apparition reconnue par l’Église. Elle eut lieu dans les Alpes, auprès de deux enfants bergers, Mélanie et Maximin. Rappelons que ce texte reçoit, du fait de sa reconnaissance canonique, une certaine autorité qui ne concerne pas la foi mais la manière dont le plan du salut est appliqué à chaque époque (l’espérance).

[18] Marc 8, 38.

[19] Matthieu 5, 11.

[20] Un massacre des innocents comme jamais au cours de l’histoire, et l’absence totale d’une simple explication de la douleur de Pierre sur ce sujet: on ne parle pas de l’âme de ces enfants, de leur destin après leur mort. Il semble que le clergé a admis qu’il n’y a pas pour eux de vie après la mort, qu’ils ne sont que des pré-humains.

[21] Anne-Catherine Emmerich (citée à titre de simple témoignage, sans qu’il lui soit attribué d’autorité) parle sans cesse dans ses visions de la fidélité du Saint-Père et de la complicité d’une grande partie du clergé. Ses descriptions surprendront par leur actualité ceux qui connaissent la crise théologique dans l’Église catholique depuis le Concile Vatican II. Elle écrit vers 1820 : « On gardait le silence sur la croix, sur le sacrifice et la satisfaction, sur le mérite et le péché, où les faits et les miracles et les mystères de l’histoire de notre rédemption devaient céder la place à de creuses théories de la révélation où l’homme-Dieu, pour être supporté, ne devait plus être présenté que comme l’ami des hommes, des enfants et des pécheurs, où sa vie n’avait de valeur que comme enseignement, sa passion comme exemple de vertu, sa mort comme charité sans objet. Le manque total de doctrine devait être voilé sous un langage naïf à la portée de toutes les intelligences. » (Vie d’Anne-Catherine Emmerich, Téqui, 1950, Tome I, p. 415).

[22] Anne-Catherine Emmerich (citée à titre de simple témoignage, sans qu’il lui soit attribué d’autorité), une célèbre stigmatisée du XIXème siècle, eut la vision de ce comportement perpétuel du clergé à la remorque de l’idée dominante du temps : « Je vois chez tous, même chez les meilleurs d’entre eux, un orgueil effrayant, mais chez aucun l’humilité, la simplicité et l’obéissance. Ils sont terriblement fiers de la séparation dans laquelle ils vivent. Ils parlent de foi, de lumière, de christianisme vivant. Mais ils méprisent et outragent la sainte Église dans laquelle il faut chercher la vie. Dans leur présomption, ils prétendent mieux comprendre toute chose que les chefs de l’Église et même que les saints docteurs. » (Vie d’Anne-Catherine Emmerich, Téqui, 1950, Tome I, p. 536).

[23] Daniel 12, 7.