SUPPLEMENT DE LA LETTRE CATHOLIQUE

 

 

 

 

IM MEMORIAM

 

L’ABBE PIERRE EST MORT…

 

 

 

 

On n’oubliera pas le bien que ce prêtre aura fait dans ce monde d’injustices où la pauvreté atteint le degré absolu du scandale. Il fut la voix des sans voix. Il fut un prêtre qui engagea tout son humanité dans le service des plus pauvres.

Son œuvre humaniste demeurera dans la mémoire universelle de l’homme.

 

L’abbé Pierre n’en aura pas moins été l’une des figures de proue des courants modernistes. Il s’inscrivit dans les courants issus de la résistance où certains prêtres se laissèrent happer par des options humanistes, philosophiques radicalement opposées à l’Evangile et au Magistère de l’Eglise.

Nous savons, qu’après la libération issue de la seconde guerre mondiale, - parce que les évêques ne se rallièrent pas à la Résistance, - que ces courants permirent au général De Gaulle et à son entourage d’influencer l’église de France en affaiblissant son élite, en soutenant les courants contestataires. L’abbé Pierre ne fut pas une moindre figure dans cette action.

 

La fondation Emmaüs, fondation exclusivement laïque, est certainement un bien humain en soi, mais pour autant, venant d’un prêtre, pourquoi ne pas l’avoir associée à la pastorale, à l’apostolat ? Quelle raison motiva-t-elle, chez un prêtre, une œuvre dépourvue de toute transcendance, sans lien éminent avec l’excellence de la Charité comme l’enseigne Benoît XVI dans sa première encyclique ? Pourquoi l’avoir séparée si radicalement du salut des âmes ? Certes, il ne cacha pas qu’il était prêtre, et après ?

Sur ce point, Sœur Emmanuelle, la chiffonnière du Caire, le rejoint. Comment se peut-il que des hommes, des femmes volontairement consacrés à Dieu au sein de L’Eglise Catholique, agissent en excluant l’Eglise ? Comment est-il possible qu’ils aillent à l’encontre des enseignements du Magistère ? Etait-il de leur mission d’encourager la contraception, de défendre l’avortement, de s’inscrire contre des pans entiers de la morale fondamentale, de remettre en cause la discipline ecclésiale ?

L’abbé Pierre sera aussi celui qui contribua à rendre opaque l’intelligence de l’Eglise. Il fut un facteur qui La fragilisa en France et dans le monde.

On ne peut passer sous silence l’intégralité des actes d’un homme aussi illustre soit-il. La vérité est ou n’est pas.

Quel besoin, quelle nécessité l’engagea-t-il à devenir une image, un symbole de la république ? Qu’ont-ils donc ces prêtres, ces religieux à s’enfermer dans une praxis politique, à compromettre l’Evangile,  handicaper la pastorale, réduire la liberté des enfants de Dieu ?

 

Comment en ces moments de tristesse ne pas penser à Mère Térésa de Calcutta ? Cette sainte fut, à l’exemple de saint François d’Assise, de Monsieur Vincent, un acteur profondément soucieux d’abord du salut des hommes et des femmes. Cette primauté d’action lui permit de renouveler l’accueil et l’intelligence de la pauvreté comme signe éminent de la pauvreté de Dieu d’où Il puise son infinie richesse. Aucune de ces figures ne conçut de séparer le secours au pauvre du souci de son salut. Ils ne conçurent non plus de distendre l’Eglise de leur action et de leur fondation.  Pour eux, secourir le pauvre, combattre l’injustice, porter au plus au niveau le souci du salut des âmes était indissociable, car profondément unis dans le flux permanent du Cœur de Dieu. Pourquoi l’humain ne devrait-il ne plus être perçu dans son unité mais compartimenté, segmenté comme un objet ordinaire économico-social. Une chose impersonnelle ! « Abat Descartes ! »

 

Il est dommage que les options hétérodoxes de l’abbé Pierre n’aient pas permis de délivrer la société de ses aliénations idéologiques.

 

Déjà, les pourvoyeurs de la laïcité hystérique veulent s’accaparer l’image de l’abbé Pierre ! N’est-il pas finalement si rassurant ? N’avait-il pas compris la modernité ?

 

Il ne fait aucun doute que l’abbé Pierre mérite les hommages pour le bien qu’humainement il fit. Qu’en sera-t-il dans le grand livre d’éternité ? Qu’en sera-t-il de sa pérennité ? Elle est si humaine !